HENRY DUNANT
UN SOUVENIR DE SOLFERINO
Henry Dunant
Deutsche Illustrierte Zeitung 49 (1895)Extrait des pages 102 - 103:
N'y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés, en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés pour une pareille oeuvre?
Puisqu'il faut renoncer aux voeux et aux espérances des membres de la Société des Amis de la paix, aux rêves de l'abbé de St-Pierre et aux nobles inspirations d'un comte de Sellon;
Puisque l'on peut répéter avec un grand penseur que "les hommes en sont venus à ce point de s'entre-tuer sans se haïr, et que le comble de la gloire et le plus beau de tous les arts est de s'exterminer les uns les autres";
Puisque l'on est arrivé à déclarer que "la guerre est divine", comme l'affirme le comte Joseph de Maistre;
Puisque l'on invente tous les jours de nouveaux et terribles moyens de destruction avec une persévérance digne d'un meilleur but, et que les inventeurs de ces engins meurtriers sont applaudis et encouragés dans la plupart des grands Etats de l'Europe, où l'on arme à qui mieux mieux;
Puisque enfin la situation des esprits en Europe, sans mentionner d'autres indices encore, peut faire prévoir des guerres qui semblent inévitables dans un avenir plus ou moins éloigné;
Pourquoi ne profiterait-on pas d'un temps de tranquillité relative et de calme pour étudier et chercher à résoudre une question d'une importance si haute et si universelle, au double point de vue de l'humanité et du christianisme?* * *
Avec notre sincère reconnaissance envers Monsieur Alain Jacquesson, Directeur de la Bibliothèque publique et universitaire, Genève, pour l'autorisation d'accès aux documents.