Bouche vermeille au doux sourire, Bouche au parler délicieux. Bouche qu'on ne sçauroit décrire, Bouche d'un tour si gracieux.
Bouche que tout le monde admire,
Bouche d'une si douce haleine,
Bouche la merveille des bouches, |
Bouche à qui convient laide offrande, Bouche pernicieux museau. Bouche livide, palle & grande. Bouche où s'échappa le ciseau.
Bouche qui boit son vin sans eau.
Bouche qui ne sent guere bon.
Bouche, te voit-on sans frémir? |
Beaux yeux dont l'atteinte profonde Trouble des coeurs incessamment Le doux repos qui ne se fonde Que sur un si doux mouvement.
De tout ce qu'on dit en aimant,
Beaux yeux qui sur les coeurs avez
Beaux yeux, divin charme des sens, |
Petits yeux ridez par le coin, Qu'est-il de pis sous l'Hemisphere? Trop heureux qui vous voit de loin, De prés c'est une triste affaire.
Il n'y faut tendresse ni soin,
Celle à qui sont de pareils yeux,
Elle veut plaire neanmoins, |
Beau sein déja presque remply, Bien qu'il ne commence qu'à poindre, Tetons qui ne font pas un ply, Et qui n'ont garde de se joindre.
De jeunesse ouvrage accomply,
Sein par qui les Dieux sont tentez,
Il garentit ce qu'il promet, |
Pendantes & longues mamelles Où les perles ni l'oripeau N'imposent à pas un chapeau, Molles & tremblantes jumelles.
Tetasses de grosses femelles
De vieille vache aride pis.
Sein d'où s'exhale par les airs |
Taille à charmer qui l'examine. Taille autour de qui sans dessein Des amours vole un tendre essein. A la beauté joignant la mine.
Taille de personne divine
Taille riche pleine d'apas,
Heureux qui vous resistera. |
Taille de chetive étenduë Qu'icy pourtant nous étalons. Courte, quoiqu'empruntée & duë A la hauteur de ses talons.
Taille rarement attenduë
Taille en de ces mal-adroites
Soit qu'elles soient maigres ou grasses, |
Mains d'une blancheur nette & pure, Qui font tout avec agrément ; Et touchent les coeurs proprement Sans se souiller d'aucune ordure.
Bras d'une divine structure
Mains qu'on ne sçauroit trop priser ;
Belles jusques au bout des doigts, |
Mains de servante qui s'entend A bien travailler au ménage, Vous n'avez rien de ragoûtant, Pour le plus simple badinage.
Tel à qui de tels bras on tend,
Mains où de noblesse on ne voit,
Bras menus, fragiles rozeaux, |
Pendant ce froid cuisant vous me comblez de joye De me vouloir ainsi parer de sa rigueur Et quand je suis sans Bois, m'en promettre une Voye C'est une douce voye à me gagner le coeur.
Quoique je ne possede encor qu'en esperance
Je sçay que l'acceptant ma honte est évidente,
Un amour effectif en mon ame préside
Pour un si grand bien-fait dont je m'efforce d'être
A tous autres objets je feray banqueroute,
Qu'auprès de vos tisons d'une veine ampoullée
Tenez-moy donc parole, & vous donnez la peine |
Vous n'êtes pas trop laide & nature un peu chiche
Vous a traitée honnêtement.
Mais avec tout cela, si vous n'étiez point riche,
Où trouveriez-vous un amant?
Vos yeux au gré des miens, ont une foible amorce,
Et ne versent qu'un jour obscur ;
Je pense toutefois qu'ils ont beaucoup de force,
Mais c'est que je suis un peu dur.
Que sçait-on si jamais vous n'allumez de flâmes,
Et ne plaisez à d'autres goûts ;
Cependant je m'accorde avec toutes les femmes,
Et je tiens mon coeur contre vous.
Vôtre bouche en riant fait que mon nez rechigne
Du noir desordre de vos dents,
Sans que je leur impute une vapeur maligne
Qui vient peut-être du dedans.
J'aime sur vôtre front cette guerriere audace
Où l'on voit l'amour en courroux,
Et ce poil tout brûlé vous sert de bonne grace,
Puisqu'il vous sert sans être à vous.
Parmy vos agrémens nature desavouë
Une fi gluante splendeur ;
Et ce rouge acheté, qui dessus vôtre jouë
Fait l'office de la pudeur.
Vous n'avez bras ni mains, teint, ou lévres vermeilles,
De gorge il ne s'en parle point ;
On se mocque chez vous de ces riches merveilles,
Et de jeunesse & d'embonpoint.
Aussi tant de beauté n'est pas un avantage
Qui serve d'un grand ornement ;
Si vous êtes pas belle, au moins êtes-vous sage,
Ou la serez incessamment.
Une belle se damne, on la presse, on l'enflâme,
On fait contre elle cent efforts :
Afin de vous sauver, le Ciel a mis vôtre ame
En sureté dans vôtre corps.
Ce sera pour vos biens si l'on vous importune ;
Et si quelqu'un vous aime un jour,
Afin de le blesser il faut que la fortune
Dérobe des traits à l'amour.
Si le coeur vous en dit, & si vôtre ame goûte
Les appas d'un si doux peché,
Achetez un galand ; quelque cher qu'il vous coûte,
Vous aurez toûjours bon marché.
Vous le verrez tout bas demandant son salaire,
Soûpirer d'un ton obligeant :
Quelque chetif qu'il soit, s'il travaille à vous plaire,
Il gagnera bien son argent.
Qu'il sera malheureux s'il faut qu'il se propose
D'acquerir l'esprit par le corps!
L'amour qu'on vous témoigne est une étrange chose,
Quand le respect en est dehors.
Quelques voeux qu'en secret un amoureux vous offre,
Encore qu'il vous presse bien,
Prenez garde à la bourse, & fermez vôtre coffre,
Aprés cela ne craignez rien.
Vous moquez-vous, Iris, d'abandonner le monde, Dieu le veut, dites-vous, & conduit-là vos pas. Vous plaît-il qu'en deux mots à cela je réponde? Et moi je vous soûtiens que Dieu ne le veut pas.
Il veut qu'un bel ouvrage éclatant icy-bas,
Vous croyez que du monde on ne va guere à Dieu :
Je vous prouve une chose & vous me la niez : |
Quoy vous vous mariez, douce et tendre mignonne, Et ne l'avez encore été ; Je ne voy rien du tout dessus vôtre personne Qui ne prêche la chasteté.
Pour de l'âge, on sçait bien que vous n'en manquez guere ;
Vous éloignant d'icy les beautez de la Reine,
Celuy qui vous épouse en témoignant sa flâme,
Comme vous n'êtes plus qu'une vieille relique,
Qui se lie avec vous espere un prompt veuvage
Vous seriez bien sa Mere, & la Foy conjugale
Les plus intemperez de vôtre bonne grace
Souffrez ce petit mot, sans traiter de Satyre |
Vous verrez dans cinq mois finir vôtre langueur : Mais Dieux! quand finira celle que dans mon coeur Ont causé vos beaux yeux & vôtre tyrannie? Je seray dignement d'amour récompensé Quand ma peine sera finie Par où la vôtre a commencé. |
Ne croyez pas que la vengeance M'anime jamais contre vous, Vous ne m'avez point fait d'offense Qui puisse irriter mon courroux. En vain vous craignez que ma plume Pour adoucir mon amertume, Vous fasse quelque mauvais tour. Philis, n'en soyez plus en peine, Quand on n'a point senty d'amour, On ne sçauroit sentir de haine. |
Que ta Mere prend de soucy, De nous venir chercher icy! Cette jalouse en son absence Craint sans doute pour ta vertu : O ma chere, que n'es-tu Aussi folle qu'elle pense! |
Job de mille tourments atteint, Vous rendra sa douleur connuë ; Et raisonnablement il craint Que vous n'en soyez point émuë.
Vous verrez sa misere nuë ;
Bien qu'il eût d'extrêmes souffrances,
Il souffrit des maux incroyables ; |
Je ne dis mot & je fais bonne Et mauvais jeu, depuis le triste Qu'on me rendit inhabile à l' Des Chats galans moy la fleur la plus
Ainsi se plaint Moricaut, &
C'étoit un brave, & ce n'est plus qu'un
Pour les plaisirs il avoit un |
mine
rumine
sot : talent
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