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P. Colau : Derniers efforts du jésuitisme expirant : ses infamies, ses crimes et ses complots, définition de ce qu'on appelle la congrégation, du danger qu'il y aurait si une liberté mal entendue empêchait qu'on réprimat ses nouvelles tentatives (1830).
COLAU, Pierre (1763-183..) : Derniers efforts du jésuitisme expirant : ses infamies, ses crimes et ses complots, définition de ce qu'on appelle la congrégation, du danger qu'il y aurait si une liberté mal entendue empêchait qu'on réprimat ses nouvelles tentatives.- Paris : Chez J. L. Bellemain, 96 passage du Caire, 1830.-[8] p. ; 20 cm.
Numérisation et relecture : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (08.III.2008)
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
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Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : R150 br).
 
Derniers efforts du jésuitisme expirant :
ses infamies, ses crimes et ses complots,
définition de ce qu'on appelle la congrégation,
du danger qu'il y aurait si une liberté mal entendue empêchait
qu'on réprimat ses nouvelles tentatives
par
Pierre Colau

~ * ~

Derniers efforts du jésuitisme expirant (page de titre)

~ * ~

Quand le jésuitisme, un moment comprimé par la mémorable victoire de juillet, se rassure en comptant sur les nombreux appuis qui lui restent encore dans les diverses branches de l'administration ; quand il s'agite et relève, audacieusement sa tête ; quand les méprisables auteurs de ses journaux laissent outrager dans leurs colonnes les hommes dont le patriotisme est le plus désintéressé et le plus pur (voire même le Roi des Français) ; quand à l'abri dés couleurs nationales, il prend toutes les formes et se reglisse dans tous les rangs pour agiter et séduire les masses au nom de leurs intérêts les plus chers, il est bon de mettre celles-ci en garde contre ses insinuations perfides, en leur, rappelant les infamies, les crimes et les complots de cet hydre toujours renaissant.

L'ordre des Jésuites,, connu sous le nom de Compagnie ou Société de Jésus, fut fondé en 1521 par Ignace de Loyola, Espagnol visionnaire et fanatique, qui, après avoir passé les vingt-neuf premières années de sa vie au métrer de la guerre et aux amusemens de la galanterie, se retira au Mont-Ferrat en Catalogne, où il se consacra au service de la mère de Dieu, et prit le titre de Chevalier de Jésus-Christ et de la Vierge Marie. Il parvint d’abord à réunir dix compagnons, et obtint du pape Paul III, en 1538, la bulle qui approuve son institut.

Au voeu d'obéissance fait au pape et à un général représentant Jésus-Christ sur la terre, les Jésuites, joignirent ceux de pauvreté et de chasteté, qu'ils ont observe jusqu'à ce jour comme on sait.

A peine la société, fut-elle formée, qu'on la vit riche, nombreuse et puissante. En un moment elle exista en Espagne, en Portugal, en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, au Nord, au Midi, en Afrique, en Amérique, à la Chine, au Japon, partout également ambitieuse, redoutable et turbulente ; partout s’affranchissant des lois, portant son caractère d'indépendance et le conservant, marchant comme si elle se sentait destinée à commander à l'univers.

Le géneral de l’ordre réside à Rome, où les pères provinciaux lui adressent leurs rapports de tous les points du globe, et reçoivent directement de lui leurs instructions.

Soumis au despotisme le plus excessif dans leurs maisons, les Jésuites en sont les fauteurs les plus abjects dans l'état. Ils prêchent aux sujets une obéissance sans réserve pour leurs souverains, aux rois l'indépendance des lois et l'obéissance aveugle au pape, à qui ils accordent l'infaillibilité et la domination universelle. C'est quand les rois veulent se soustraire à cette obéissance aveugle au pape, qu'ils les déclarent tyrans, ennemis de l'Eglise, et les dévouent aux poignards en déliant les peuples du serment de fidélité. Au surplus, ces hommes astucieux sont parvenus souvent à diriger la conscience des rois ; et c'est par ce moyen qu'ils ont acquis une influence si dangereuse, et sont devenus véritablement, à certaines époques, les dominateurs des nations.

Un autre moyen toujours employé avec succès par lés Jésuites, est celui d'accommoder leur morale à toutes les circonstances, de sorte qu'elle parait tantôt sévère et tantôt très relâchée, se modifiant toujours, d'après leur intérêt. Au surplus, nous allons en donner un échantillon en publiant quelques-unes de leurs maximes :

On trouve dans les écrits des PP. Discatille, Tambourin et Casnedi, qu’il est permis à un fils de se réjouir de la mort de son père, quand ce dernier lui laisse de grands biens. Le P. Taberna enseigne que quand on est porté à la fornication par une violence irrésistible, la fornication ne peut pas être imputée à crime.

Selon lé P. Fegeli, que le séducteur d'une vierge qui consent à la séduction, n'est tenu qu'à faire pénitence, parce qu'une fille à la libre disposition de sa personne, et que ses parens ne peuvent, sous aucun prétexte, l'empêcher de la prêter à qui lui plaît.

Le P. Emmanuel Sa établit en principe qu'une femme, et même un homme, peut louer sa personne, demander et recevoir le prix d’un tel marché ; qu'une fille honnête, ou une femme d'une extraction noble, peut attacher à ses faveurs le prix qui lui convient.

Le P. J. Marin pense qu'une fille enceinte pourrait sans crime se faire avorter dans le cas où ce serait le moyen unique et nécessaire pour cacher sa grossesse, et éviter l'infamie.

Le P. Escobar fait habilement la distinction d’une promesse qui oblige et d'une promesse qui n'oblige pas (1). Il dit qu'il est permis de tuer un homme quand son existence nuit à nos intérêts et qu'il s'agit de conserver notre fortune.
  
Le P. Bauny dit que la soustraction journalière et continuelle d'un objet de peu de valeur ne constitue point ce qu'on appelle un vol, et n'est pas un péché.
  
Le P. Emmanuel Sa et le P. Gordon soutiennent que l'on peut en sûreté de conscience prendre en cachette à quelqu'un ce que l'on suppose qu'il vous aurait donné si on le lui avait demandé.

Enfin tous ces bons PP. soutiennent que les plus grands crimes peuvent s'expier par des aumônes, des dons à l'Eglise et des fondations pieuses. On voit qu’au moyen de cela les riches scélérats peuvent dormir tranquilles.

Plus de soixante docteurs Jésuites, parmi lesquels on compte les PP. Emmanuel Sa, Delrio, André Philopator, Bellarmin, Grégoire de Valence, Varade, Odun, Commolet, Guignard, Pigenat, Mariana, Azor, Garnier, Heissius, Serrarius, Suarez, permettaient au peuple de se constituer juge de la légitimité de son roi, de le déposséder, de le faire mourir.
  
Le jésuite Commolet, en 1593, provoquait dans tous ses sermons l'assassinat de Henri III. Après que cet assassinat fut exécuté, il déclara en chaire que l’assassin Jacques Clément était placé dans le ciel au rang des bienheureux.

Nous allons donner un léger aperçu des crimes des Jésuites depuis la fondation de leur ordre, et des causes qui les ont fait chasser de tant de royaumes et d'empires.

En 1547, Robadilla, un des compagnons d'Ignace, est chassé des états d'Allemagne pour avoir écrit contre l'interim d'Augsbourg.

En 1560, Gonzalès Silveria est supplicié au Monomotapa comme espion du Portugal et de sa société.

En 1578, ce qu'il y a de Jésuites dans Anvers en est banni pour s'être refusé à la pacification de Gand.

En 1581, Campian Skerwin et Briant sont mis à mort pour avoir conspiré contre la reine Elisabeth d'Angleterre. Dans le cours du règne de cette grande reine, cinq conspirations sont tramées contre sa vie par les Jésuites : ils en tramèrent dix-sept contre Henri IV.

En 1589, Henri III est assassiné, par un moine Jacobin ; mais ce moine, comme on l’a vu plus haut, fut poussé à ce crime par les prédications des Jésuites.

La même année, Molina publie ses pernicieuses rêveries sur la Concordance de la grâce et du libre arbitre.

En 1593, Barrière est armé d'un poignard contre le meilleur des rois par le jésuite Varade.

En 1594, les Jésuites sont chassés de France comme complices du parricide de Jean Châtel.

En 1595, leur père Girard est pendu à la Grève pour des écrits apologétiques de l'assassinat de Henri IV.

En 1598, ils corrompent un scélérat, lui administrent son Dieu d'une main, lui présentent un poignard de l'autre, lui montrent la couronne éternelle descendant du ciel sur sa tête, l'envoient assassiner Maurice de Nassau, et se font chasser des états de Hollande.
  
En 1604, la clémence du cardinal Frédéric Boromée leschasse du collège de Bréda pour des crimes qui auraient dû les conduire au bûcher.

En 1605, Oldecorn et Garnet, auteurs de la conspiration des poudres, sont abandonnés au supplice.

En 1606, rebelles aux décrets du sénat de Venise, on est obligé de les chasser de cette ville et de cet état.

En 1610, Ravaillac assassine Henri IV. Les Jésuites restent sous le soupçon d'avoir dirigé sa main, et, comme s'ils en étaient jaloux, et que leur dessein fût de porter la terreur dans le sein dés monarques, la même année, Mariana publia avec son Institution du prince, l'Apologie du meurtre des rois.

En 1618, les Jésuites sont chassés de Bohême, comme perturbateurs du repos public, gens soulevant les sujets coutre leurs magistrats, infectant les esprits de la doctrine dangereuse de l’infaillibilité et de la puissance universelle du pape, et semant, par toutes sortes de voies, la discorde entre les membres de l'état.

En 1619, ils sont bannis de Moravie pour les mêmes causes.

En 1631, leurs cabales soulèvent le Japon, et la terre est trempée, dans toute l'étendue de l'empire, du sang idolâtre et chrétien.

En 1641, ils allument en Europe la querelle absurde du Jansénisme et du Molinisme, qui a coûté le repos et la fortune à tant d'honnêtes fanatiques !

En 1643, Malte indignée de leur dépravation et de leur rapacité, les rejette loin d'elle.

En 1646, ils font à Séville une banqueroute qui précipite dans la misère un grand nombre de familles. Celle de 1761 n'est pas, comme on voit, la première.

En 1709, leur basse jalousie détruit Port-Royal, ouvre les tombeaux des morts, disperse leurs os, et renverse les murs sacrés dont les pierres leur sont retombées lourdement sur la tête.

En 1713, ils appellent de Rome cette bulle Unigenitus, qui leur a servi de prétexte pour causer tant de maux, au nombre desquels on peut compter quatre-vingt mille lettres de cachet décernées contre les plus honnêtes gens de l’état, sous le plus doux dés ministères.

La même année, le Jésuite Jouvency, dans une Histoire de la société, ose installer, parmi les martyrs, les assassins de nos rois, et nos magistrats attentifs, font brûler son ouvrage.

En 1723, Pierre-le-Grand ne trouve de sûreté pour sa personne et de moyen de tranquilliser ses états, que dans le bannissement des Jésuites.

En 1728, Berruyer travestit en roman l’Histoire de Moïse, et fait parler aux patriarches le langage de la galanterie et du libertinage.

En 1731, l'autorité et l'argent dérobent aux flammes le corrupteur et sacrilège Girard, si connu par ses abominations avec la stupide et fanatique Cadière.

En 1743, l'impudique Benzi suscite    en Italie la secte des Mamiliaires.

Fin 1745, Pichon prostitue les sacremens de pénitence et d'eucharistie, et abandonne le pain des saints à tous les chiens qui le demanderont.

En 1755, les Jésuites du Paraguay conduisent en bataille rangée les habitans de ce pays contre leurs légitimes souverains.

En 1757, un attentat de parricide est commis contre Louis XV, et c'est par un homme qui a vécu dans es foyers de la Compagnie de Jésus, que ces pères ont protégé, qu’ils ont placé en plusieurs maisons, et, dans la même année, ils publient une édition d'un de leurs auteurs classiques, où la doctrine du meurtre des rois est enseignée. Ils avaient fait la même chose en 1610, immédiatenient après l'assassinat de Henri IV.

En 1758, le roi de Portugal est assassiné à la suite d'un complot, formé et conduit par les jésuites Malagrida, Matos et Alexandre. L'année suivante, cette troupe de religieux assassins est chassée de la domination portugaise.

En 1761, un de cette compagnie, après s'être emparé du commerce de la Martinique, menace d’une ruine totale ses correspondans. On réclame en France la justice des tribunaux contre le Jésuite banqueroutier, et la société est déclarée solidaire du P. Lavalette. Elle traîne maladroitement cette affaire d'une juridiction à une autre. On y prend connaissance de ses constitutions ; on en reconnaît l'abus ; et les suites de cet événement amènent son extinction parmi nous, à la suite d'un édit de Louis XV et d'un arrêt de la Cour du parlement rendu le 1er décembre 1764.

Voilà les principales époques du Jésuitisme ; il n'y en a aucune entre lesquelles on n'en pût intercaller d'autres semblables. Combien cette multitude de crimes connus n'en fait-elle pas présumer d'ignorés !

Voilà, enfin, la conduite de tous les temps, et les moeurs héréditaires de l'ordre à qui Charles X avait livré la France. Comment se fait-il qu'un roi, descendu de Henri IV, ait pu devenir le protecteur de cet ordre pervers ? Ne pourrait-on pas croire que la superstition et la peur de l'enfer l'avaient rendu leur esclave ?

On sait, au surplus, que Louis XIV, devenu vieux et dévot, avait donné la direction de sa conscience aux jésuites La Chaise et Le Tellier ; que c'est à ce dernier qu'on doit la révocation de l'édit de Nantes, et par suite les dragonnades, les supplices et le bannissement de plusieurs millions de Français protestans.

Comme les lois par lesquelles ils avaient été chassés du royaume subsistaient toujours, parce qu'on n'osait pas, en les rapportant, heurter trop violemment l'opinion publique, les Jésuites ne furent d'abord que tolérés, et ne reprirent pas ostensiblement leur costume et leur nom ; mais il fut facile de les reconnaître dans les Pères de la Foi, dans les Missionnaires, dans les directeurs des petits séminaires, dans quelques évêques et un grand nombre de prêtres. Bientôt on les vit partout à la tête de l'instruction publique. Bientôt enfin tous les emplois civils et religieux furent à leur disposition, et l'on ne put les obtenir qu'en se couvrant du masque hypocrite d'une dévotion qui faisait rire de pitié les honnêtes gens.

On appelle Jésuites de robe courte ceux qui professent les principes de l'ordre sans être ecclésiastiques. Ils ne sont pas moins dangereux que ces derniers, puisqu’ils se trouvent dans les ateliers comme dans les administrations : c'est ce qui forme la Congrégation proprement dite.

On entend par Congrégation, l'association générale de tous les hommes imbus des doctrines jésuitiques, qui, quoique répandus dans les diverses classes de la société (depuis la plus haute jusqu'à la plus basse), reçoivent, par des voies détournées, une direction unique, ont des signes de reconnaissance et des mots de ralliement, et concourent, soit en commun, soit en particulier, de tous les moyens qu'ils ont reçus de la nature ou de leur position sociale, à l'accomplissement des projets de ceux qui les dirigent au nom des intérêts du ciel, et pour la plus grande gloire de Dieu.

Ce serait à tort, que pour ne point troubler la liberté des opinions, on fermerait les yeux sur la conduite de ces hommes qui, décorés des couleurs nationales, crient : Mort aux Ministres ! quand ils veulent les sauver.


NOTE :
(1) La conduite de Charles X a prouvé qu'il connaissait à fond la doctrine P. Escobar.


Garde à vous

Air - Je loge au quatrième étage.

Garde à vous ! Français, que l'on veille,
Couvert de meurtres et de sang,
Le Jésuitisme se réveille ;
Il se reglisse en chaque rang.
Ce monstre au teint blême, à l'oeil loucbe,
Répand le mensonge et l'erreur ;
Le poison qui sort de sa bouche,
Des sots allume la fureur.

Lorsque l'amour de la patrie,
Dans les coeurs purs vient respirer,
Eh quoi ! la sottise flétrie,
Au jour ose encor se montrer ?
Artisans de la tyrannie,
Allez conspirer aux enfers.
De la liberté le génie
Enflamme aujourd'hui l'univers !

Grâce à l’appui de l’ignorance
Et de la superstition,
Assez longtemps l'intolérance
A flétri la religion ;
Les vils suppôts de i'imposture
Ne tromperont plus les mortels ;
Et du seul dieu de la nature
L'homme encensera les autels !

PIERRE COLAU


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