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Confession générale d'Audinot (1774) Confession générale d'Audinot.- A Genève, chez les Frères Crammer et ici sous le manteau, MDCCLXXIV.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (04.III.1997)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Bibliothèque municipale, B.P. 7216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.66.50.- Minitel : 02.31.48.66.55.- Fax : 02.31.48.66.56.
Mél : bmlisieux@mail.cpod.fr, [Olivier Bogros] 100346.471@compuserve.com
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées
Texte établi sur un exemplaire de la réimpression donnée à Rouen par J. Lemonnyer en 1880 dans la collection Curiosités bibliographiques.
 
Confession générale d'Audinot

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Si tout ce qui concerne les grands hommes a droit d'intéresser la société, quel cours ne doit pas avoir dans le public le premier acte de catholicité du fameux AUDINOT ?... A Dieu ne plaise qu'en le mettant au nombre des grands hommes, je prétende faire ici un jeu de mots trivial, et insulter à la taille dégingandée de cet histrion ; je la lui passe avec autant de bonhomie que sa figure plate et son regard insolent.

Considérons-le donc par ses beaux endroits. Audinot est grand par ses talents, il fut le premier savetier des théâtres forains ; Audinot est grand par état, il a été directeur de marionnettes ; Audinot enfin est grand par ses rivaux, il est le digne émule des Nicolets (1).

Je le répète, tant de titres réunis doivent intéresser tous les gens de goût à connoître à fond cet homme de mérite ; et qu'est-ce qui peut mieux développer les replis de ce grand coeur, les affections de cette belle âme, qu'une confession générale ? Hâtons-nous donc de la donner.

Nicolas, (à ce nom, je lève le chapeau) Nicolas Audinot, un jour de cette automne, célébroit une de ses orgies journalières au milieu de sa cour bateleuse, c'est-à-dire qu'on voyoit briller à ce banquet la dame Fargeau, ci-devant mesquine ravaudeuse, à présent maman complaisante, à côté de Cléophile, son élève. La mère étoit en barbes détroussées, et la fille en jupons relevés, le tout suivant l'usage. Les Jouglas, mère et fille, faisoient avec ces deux dames assaut de complaisance, et paroli d'impudicité. La belle et jeune Duparc rioit bêtement, et cela faute de pouvoir faire mieux ; sa mère regardoit tout le monde de travers, n'ayant jamais eu la faculté de fixer personne en face. La froide, mais attentive Rousseau, considéroit sa gorge naissante, et en détournoit ses regards de manière à faire remarquer l'une et l'autre chose à son protecteur.

Boston, qui se dit compositeur de musique, et Liesse, qui se croît maître de ballets, plus connus à Cythère qu'au Parnasse, par leurs talents producteurs, remplissoient avec le grand flandrin de Mont-au-ciel, et en dépit de lui, le rôle de complaisans auprès de notre directeur.

Ce Richard à la mode, jaloux d'avoir des beaux-esprits à sa table, pour mesquiner leurs talens et insulter à leur infortune, y avoit introduit ce jour-là un intrus, beau parleur, que j'aurai bientôt lieu de faire connoître.

La conversation avait été analogue à l'assemblée ; on avoit proscrit les vertus et déifié les vices, mais comme il est naturel de revenir à ce qui nous intéresse, et que c'est le propre des virtuoses de la trempe d'Audinot, de se louer eux-mêmes, celui-ci s'étendoit outre mesure sur son mérite personnel : matière qu'il croyoit aussi féconde que tout autre l'auroit trouvée stérile. Il abusoit des amplifications, lorsque tout à coup quelqu'un de la compagnie l'interrompit, en lui rappelant avec ironie de

A ton saint tu deviens contraire,
Car aux acteurs tu voudrais faire
Boire de l'eau.
 
Garde ton eau
Pour laver le cul de Jeannette.
Garde ton eau
Pour tácher de blanchir sa peau ;
Il en faut aussi pour ta fille,
Pour toi, pour toute la famille :
Garde ton eau.
 
quelle manière humiliante l'autorité l'avoit forcé à aller mesquinement prendre loge à la foire Saint-Ovide, sur la même ligne fangeuse de ses confrères les bateleurs. Furieux de ce sarcasme, il voulut y répondre, mais sans lui en donner le temps, on lui dit, ou plutôt on lui fit entendre qu'on n'avoit fait éprouver cette transmigration déshonorable à ses Pygmées, que pour punir son ingratitude, et humilier son arrogance. Il n'est point de petites mortifications pour les grandes âmes, notre héros des boulevards en fit l'épreuve, aussi s'évanouit-il en prononçant d'une voix expirante, et en son style énergique : Mordieu ! j'enrage, j'étouffe, je crève ! (2).

A ces mots, une pâleur mortelle semble flétrir en même temps et les roses de son teint, et les lauriers de son front ; ses lèvres se pincent, et par un tic naturel, sa bouche se tourne de travers et rend la contorsion du moribond actuel d'autant plus désagréable qu'elle rappelle davantage les grimaces de l'ancien farceur. C'en fut assez pour effrayer la plupart des convives et les mettre en fuite. Tandis que certains parasites farcissent à la hâte leurs poches des reliefs de la table et s'esquivent, Cléophile regagne sa voiture, Jeannette rejoint son gréluchon, et Fanan va reprendre ses sabots. Cependant, les mères plus attentives et plus prévoyantes restent auprès de notre directeur, ou pour secourir ce milord pot-au-feu, ou pour mettre ses bijoux à couvert en cas d'accident. Dans ce commun effroi, toute la maison se rassemble ; les gens de la chambre, ceux de la cuisine, la valetaille du théâtre entourent ce maître incomparable, et l'on entend du milieu de ce cercle zélé, Michel et Mont-au-ciel, qui s'écrient : O ciel ! notre monsieur se meurt. Le grave Michel, ce bon et fidèle maître Jacques, ajoute froidement, à peu près comme l'ingénieur de Charles XII : Je me doutois bien que tout ce boucan-là finiroit mal.

Sur ces entrefaites, on voit accourir Audinot le contrôleur, la buraliste Thurin et deux autres gagistes qui fendent la presse et viennent faire respirer à leur maître du vinaigre des quatre voleurs. Nicolas doit à ceux-ci son retour à la vie ; il ouvre l'oeil, mais ce bel astre s'éclipsant soudain, on se décide d'après cette dernière foiblesse à porter M. le Directeur sur son lit ; Mont-au-ciel, comme valet de chambre poëte, et Michel, comme pourvoyeur fidèle, sont les deux seuls de ses gens qui osent se charger d'un si précieux fardeau ; mais, ô sort barbare ! ô douleur cruelle ! le trône de la volupté semble devenir le théâtre de la mort ; notre héros n'y respire qu'à peine ; il paroit si foible qu'on craint pour ses jours glorieux, et qu'on s'intéresse pour sa belle âme. C'est le bon Michel qui ouvre le premier l'avis de le faire confesser, assurant qu'il en avoit grand besoin, et depuis long-temps. Au mot de confession, toute la bande cabotine (3) frémit ; on fit plus, on mit en délibération si ce secours spirituel pouvoit être accordé à un banguiste (3A). Les esprits s'échauffèrent ; chacun prit parti ; les uns avancèrent que l'ancien.anathème lancé contre les gens de théâtre regardoit toute la sequelle comique, les autres soutinrent que cela ne pouvoit convenir à nos comédiens actuels, dont l'état étoit devenu si honnête et les moeurs si pures ; mais quelqu'un dit, que si les représentations scandaleuses de nos anciens jongleurs les avoient fait regarder comme des gens indignes de la société des fidèles, certaines bouffonneries obscènes du sieur Audinot devoient le faire rentrer dans la classe de ces gens infâmes. Enfin, un homme de bon sens, à qui je sais gré de la solution, prononça qu'on pouvoit bien accorder à messire Nicolas, sous son dais de brocard, et à huis clos, ce qu'on ne refuseroit pas à un mandarin sur l'échafaud et en place publique. La remarque parut généralement si judicieuse qu'il n'y eut plus qu'une voix pour envoyer chercher un confesseur ; Louis (4) alloit exécuter cette commission, et se félicitoit d'avoir été chargé, au moins une fois en sa vie, d'un message honnête pour son bon maître, lorsque l'intrus dont j'ai parlé, et qui portoit le petit collet, dit qu'il pouvoit remplir les intentions de la compagnie, qu'on n'avoit qu'à le laisser seul avec le moribond, qu'il l'expédieroit tout aussi bien qu'un autre. Aussitôt toute la noble assemblée passa dans une pièce voisine, le mouchoir à la main, et la larme à l'oeil

Alors M. l'abbé rabattit son chapeau sur ses yeux, croisa les mains sur sa poitrine, s'assit au chevet du lit de Nicolas, et lui dit : Mon cher frère, il faut que vous sachiez que je tiens de ma naissance les pouvoirs de vous entendre. Apprenez que je suis le fruit des douces extases que le fameux père Girard éprouvoit sur un prie-dieu avec la belle Cadière ; par conséquent, je suis enfant de la balle jésuitique, et je puis, sans autre cérémonie, exercer les fonctions de mes pères ; d'ailleurs, si vous savez lire, vous n'ignorez pas qu'en cas urgent tout calotin, approuvé ou réprouvé, peut entendre l'aveu des fredaines de son semblable pour lui donner par prompte expédition le passe-port mystique.

- Ma foi non, dit Audinot, je ne sais ni l'un ni l'autre, et puisque vous allez écouter ma confession, je ne balance pas à vous faire cette première confidence. - Hé bien, voyons ; commencez, mon cher frère. - Faut-il ne vous rien cacher ? Et ne pourroit-on pas moyennant quelques louis acheter une dispense pour le tout ou partie, comme on en achète pour tant d'autres choses ? - Non, mon ami, non, il faut dépouiller ici, en dépit de votre état et de votre caractère, toute dissimulation et tout orgueil. Il faut, dis-je, vous accuser de vos systèmes erronés, de vos moeurs débordées et des fautes de jugement ou de conduite que vous avez commises envers le public, à titre d'intendant subalterne de ses menus plaisirs. - Dispensez-moi au moins de l'acte de contrition ; quand il seroit un instant sur mes lèvres, il ne pourroit jamais être dans mon coeur. - Allons, soit ; passons.

- Je m'accuse d'abord de n'avoir jamais cru en Dieu. - Et la raison ? - Ma foi, je n'en ai point d'autre, sinon que la justice et la grandeur de cet être gêneroit trop mes penchans et ravaleroit trop ma condition ; cependant par une bizarrerie qui n'appartient qu'à moi, je me suis souvent extasié dans la coulisse à la vue de mon gentil Polichinel, et je me suis persuadé qu'il avoit quelque chose de surnaturel, seulement parce que c'étoit l'ouvrage de mes mains.

- Vous n'avez que la cervelle animale des financiers, vos organes sont trop grossiers pour concevoir des raisonnements métaphysiques ; passons, passons aux fautes que vous avez commises envers votre prochain ? - Nos frères sont-ils notre prochain ? - Assurément. - Hé bien, j'ai volé un habit d'écarlate à l'aîné des miens, et je ne lui ai pas laissé d'autre marque de reconnoissance pour m'avoir hébergé et secouru dans la plus grande misère. - Étoit-il galonné ? - Ho ! à la Bourgogne ; il en valoit la peine. - Hé bien, c'est bon ; à d'autres.

- J'ai eu soixante-quinze, ou même soixante et dix-huit fois la maladie que vos Révérends Pères ont fait passer de l'Amérique en Europe. - Ho ! qui ne l'a pas eue ? - Jeannette, entre autres, me l'a donnée trois fois, mais je fais un cas singulier de la sienne, et je retourne toujours à la source. - Pourquoi cela ? - C'est qu'elle la tient de mon ami Boston, de qui je tiens moi-même cette fille. A propos d'elle, il y a deux ans que je souffris plattement que son chevalier me chassât de la maison que je venois de garnir, et dont il essayoit le meuble le plus utile en ma présence. Malgré cela je veux l'épouser pour braver le préjugé de l'honneur qui m'a toujours répugné.

J'ai séduit une femme raisonnable, mais foible ; j'ai voulu violer sa fille, et j'ai fini par émoustiller la mienne. - Par saint Ignace, voilà qui est fort ! Allons, courage ; nous en avons besoin tous deux.

- J'ai employé pour suborner la jeune Pezée, l'autorité de sa mère, la loguelle d'un ami, et les avantages de la force ; puis je l'ai laissée en proie à la tyrannie de la fortune et aux remords de la conscience. Vaudémont sait qu'elle a mille fois maudit et la mère qui me la vendit, et l'instant où je la séduisis. - O Girard ! ô la Cadière ! ô mânes de tous mes pères ! voilà enfin un scélérat qui vous égale, et dont les crimes approchent des vôtres. Poursuivez, mon fils, pousuivez ; mais pour faire diversion aux vices du coeur, avouez-moi les fautes de jugement.

- J'ai eu l'imprudence de me donner pour l'auteur du Tonnelier, en dépit de cinq autres, au moins, qui l'ont fait, refait, corrigé et recorrigé, et qui publient dans tous les carrefours, que je n'en ai composé qu'un misérable petit air.

Pour avoir la manie de grimacer et de brailler un rôle à tablier, je me suis cru en état de jouer à l'Opéra comme aux François les premiers emplois, et j'ai eu le front de faire des démarches pour y parvenir.

L'envie de nuire et de primer m'a fait endosser l'habit de paysan à la Comédie-Italienne, sous lequel j'ai été sifflé à plaisir (5), quoiqu'il fût fait pour moi.

J'ai insolemment, je l'avoue, refusé, sous de faux prétextes, de faire jouer ma petite troupe, ou tout au moins une partie, à la fête d'un homme d'État, dont la clémence soutient encore mon abject individu.

J'ai mille fois moi-même manqué çà et là aux membres du public par mes hauteurs naturelles ; et mille fois je l'ai fait injurier en corps, sur le théâtre, par les grossièretés étudiées de mes Turlupins ; mais voyez sa sottise ! Malgré cela, il a la duperie de venir en foule... - Taisez-vous, gredin ; respectez un maître dont vous tenez l'existence. - Gredin, le mot est dur ; mais au théâtre on apprend à se tout passer. Je reprends donc. Un jour, on vint me dire que les spectateurs de mes secondes loges étoient dans une situation forcée ; que les banquettes de mon parquet blessoient le public ; que l'escalier qui donne sous le théâtre pourroit faire tuer quelqu'un ; quoique tout cela fût vrai alors, je n'y répondis autre chose, sinon : «C'est trop bon pour eux : pourquoi y viennent-ils ? Je m'en f...» Je vous lâche le mot propre, parce qu'il est bien matière à confession.

Jamais marquise ou duchesse n'a envoyé retenir une loge chez moi que je ne l'aie refusé, en disant de la dame la petite gentillesse dont je viens de m'accuser.

Quelqu'un venant me demander une place à mon spectacle un jour de fête, je me fis un malin plaisir de le mener jusque dans la loge de plusieurs femmes respectables, et de crier à leurs oreilles : Par Dieu, mon ami, pourquoi venir ici justement aujourd'hui qu'il n'y a que de la canaille ?

Dernièrement une de mes anciennes camarades, qui a cent fois restauré mon estomac délabré, dans mes temps de disette, se présenta à moi d'un air fort civil, et me demanda si je la reconnoissois ? A merveille, répondis-je. Mais comme elle me pria ensuite de la faire passer dans une loge vide, et que je goûtois un plaisir secret à voir une de mes bienfaitrices écrasée par la foule qui m'enrichit, je lui dis froidement : Les places sont faites pour tout le monde ; je ne suis ni bedeau, ni maître de cérémonies ; arrangez-vous ; et je lui tournai le dos.

Quand j'étois à l'Isle-Adam et que le prince me faisoit dire de me tenir prêt à l'amuser, quoi qu'il me payât bien pour le faire, je m'esquivois furtivement, et je venois à Paris me soustraire à sa vengeance dans quelques temples de l'amour, seuls lieux d'immunité que je connusse alors. - Ah ! malheureux ! vous étiez presque sacrilège ; vous offensiez le Dieu de la valeur en la personne du grand Conti. - La maladie des beaux-esprits françois m'a gagné par contagion ; j'ai voulu, à l'instar des Voltaire, des Rousseau et des Beaumarchais, me faire une querelle publique ; j'ai attaqué Plainchesne (6). Mais comme nous n'avions pas ni l'un ni l'autre la faculté d'employer les mêmes armes que ces messieurs, au lieu de nous lancer des épigrammes bien arrachantes et de nous plaindre la larme à l'oeil et le rire sur les lèvres, nous nous sommes dit des gueulées très-plates, et nous nous sommes disputés la tête en avant, et le poing sous le nez ; aussi, loin de mériter les regards de tous les élégans de Paris, nous nous sommes attirés les huées de tous les galopins des boulevards.

- Voilà encore un original croque-mots que votre Plainchesne ! Et pourquoi choisir ce plat écrivassier, ce bourreau du goût, ce plaisant au gros sel, pour auteur de votre spectacle ? - Pourquoi ? Oh ! vous l'allez savoir. Parce qu'il m'a fait dire qu'il avoit de l'esprit et qu'il me l'a dit lui-même ; ce que je crois puisqu'il est de l'Académie de Vasse. - Belle conclusion ! Autant vaudroit-il être de la confrairie de Jérusalem.

- Hé bien ! j'ai choisi un combattant mieux armé ; j'ai attaqué Barette, l'auteur du Grelot, de l'Homme, etc. J'avois lieu de le jalouser, il avoit attiré tout Paris à mon spectacle aux représentations de sa Frivolité, où l'on n'avoit pensé qu'à lui et jamais à moi ; j'avois lieu de lui en vouloir, il m'avoit fait voir dans sa Petite Famille qu'un père doit plutôt s'égayer par sentiment avec tous ses enfants, que s'amuser par boutade avec un seul. Je l'apostrophe donc en plein café, et à la tête de tous mes satellites ; fort de leur soutien, je mets les poings sur la hanche, et je n'épargne ni injures triviales, ni goguenarderies insultantes pour animer la verve épigrammatique du poète, mais je ne fais que m'attirer un rire méprisant du philosophe. Forcé de quitter prise, je lui lance mon secrétaire intime, mon fier-à-bras, mon aboyeur, mon... Mais notre Rosbif le quitte par mépris pour un tel factotum. - Barette, dites-vous ? Ne vous fiez pas à ce pince-sans-rire ; s'il plaint la peine de parler, il ne se refuse pas le plaisir d'écrire ; il est homme à atterrer le directeur Nicolas en France, comme il atterra la directrice Froment en Allemagne (7), car il est ennemi juré des chefs de bandes.

- Au reste, avouez-moi de bonne foi si tant d'impertinence ne vous ont pas valu certaines corrections cuisantes ? Vous m'entendez ? - Que trop, de par tous les diables ! Un prince, deux marquis, et trois chevaliers au moins ont voulu terminer avec moi, à la turque, leurs différens et ceux de Pezée, Cléophile et Tonton, que j'avois traitées comme des misérables. Combien d'autres m'ont menacé de... coups de bâton, puisqu'il faut lâcher le mot ; combien m'en ont promis, m'en ont offert même ! Mais, grâce à mes entours, à mes fausses portes (8), et à mes jambes, j'ai toujours esquivé le danger. - Quoi ! jamais absolument, jamais vous n'avez été froissé, ou même frotté cavalièrement ? - Attendez ; je me rappelle qu'étant membre d'une assemblée de cabotins de province, un camarade brutal m'apostropha vivement de la main.

Un soufflet sur ma joue imprima comme affront,
Le DERNIER dont ma race ait vu rougir son front (9).

Au surplus, c'est fort ancien, et comme vous savez, le temps efface tout ; d'ailleurs, c'est pour me venger de pareils traitemens que je fais fourrer dans mes pièces tant d'artistes à coup de bâton, m'imaginant, d'après qui m'arrive, que c'est monnoie courante au Parnasse.

- Sont-ce là les seules petites tribulations que vous ayiez reçues, mon frère ?

- Ho ! je vous fais excuse ; queu diable, j'oubliais les mille et une mystifications que j'ai essuyées à l'Isle-Adam de la part de l'auteur du Maréchal, et qui servoient régulièrement, deux fois par jour, d'entremets, de dessert, de café et de liqueurs à tous mes camarades, mais je n'en perdois pas un coup de dent, car je mangeois alors parmi eux autant que mes auteurs mangent à présent chez moi ; et puis je m'en dédommageois encore tous les soirs dans les bras d'une certaine petite laitière avec laquelle je faisois dans le bois ce que nous voyions faire au clair de la lune à la plus jolie et la plus méchante de mes camarades, avec les pages de l'écurie, ou même ceux de la cuisine (10).

Mais passons à des objets plus relevés, plus dignes de moi. Jaloux des titres suprêmes que s'étoit arrogés et que s'approprie le Guignon et le Vestris, de Roi des violons et de Dieu de la danse, j'ai voulu les égaler par l'élévation, ne pouvant les approcher par le talent.

Pour m'assimiler avec notre noblesse libertine, quelquefois à mes petits soupers, j'ai exposé les charmes de la Saint-Va, in naturalibus, aux regards des amateurs que je prédilectionnois ; alors, le flacon à la main, elle me servoit d'Hébé, et ne me faisoit jamais perdre la raison sans m'en avoir donné l'exemple, ce que je trouvois fort drôle.

Pour trancher encore mieux du plus grand Seigneur, j'entretiens jusqu'à trois filles à tant par mois, sans les passades qu'elles m'accordent, et celles que je suis obligé de leur permettre (11).

- Hé ! qui diable peut tant vous en fournir ? - Mais les trois grands amis que vous avez vus à ma table sont jour et nuit en embuscade à l'Opéra, sur les boulevards et à mon café, pour monter et renouveler mon sérail ; d'ailleurs je fais battre les buissons de Cythère par les piqueurs de la plus haute noblesse, et c'est pour enfiler toute autre chose que des perles que je reçois si bien le chirurgien Guérin, l'abbé Renaud et le poètriau La Salle. - Quoi, vous voyez des êtres de cette espèce ! Et que pouvez-vous en penser ? - Ma foi, rien, sinon que tous chemins mènent à la fortune comme à Rome. D'ailleurs, il y a plaisir à prendre des sujets de leurs mains, ils vous les façonnent et les mettent eux-mêmes en état d'aller ; cela vaut bien mieux que toutes les morveuses que ces mères viennent me jeter à la tête, car pour quelques-unes comme la Jouglas et la Duparc, qui vous fournissent du gentil et du drôle, combien d'autres, comme la Baudri et la Bidaine (12), veulent vous emberner de fouilli et de marmaille - A propos de cela, comment vous comportez-vous en général avec tous vos petits cabotins ? - Mais, bien et mal. Je donne parfois du pied au cul aux petits garçons, et je chatouille souvent le revers aux petites filles ; au reste, je me prête à la foiblesse d'âge de celles-ci, et je leur présente volontiers de quoi faire joujou.

- Vous avez de ces enfans qui sont étonnants ! L'abbé et Eulalie ont été du nombre. Votre petit Gascon est bien l'espiègle le plus comique et le plus chaud ! Votre Crispin a presque autant de talens que de vices. La petite Henriette est un chef-d'oeuvre de l'art. Le petit Moreau est un prodige de la nature ; aussi tout Paris s'intéressa-t-il à lui pendant la forte maladie qu'il eut il y a quelques années.

- Hé bien ! c'est singulier, dans ce temps-là même je lui souhaitois la mort de grand coeur en présence de tous mes amis. - Ah ! triple Jésuite ! Et pourquoi cela ? - Mais l'abbé, ne vous fâchez donc pas pour des misères ; il est vrai que le petit drôle est passable, qu'il m'est fort attaché, qu'il a même été la base de ma fortune, mais tant qu'il vivra, le public exigera que je le garde ; j'aurai la mortification de le voir applaudir, un tas de gens prétendront que je lui dois de la reconnoissance, et cela est fort gênant ! Au lieu que s'il alloit ad patres, j'aurois la satisfaction de voir ses amateurs le regretter, de me rire d'eux et d'insulter à sa mémoire, et cela est très-agréable. - Mogredieu ! s'écria le saint abbé, quand on vous auroit inoculé toute l'ingratitude des filles entretenues de Paris, vous n'en seriez pas plus infecté. Je vois que votre âme est une fourmilière intarissable de crimes !... - Ah ! de grâce, mon père, calmez cette tempête d'injures, car je ne suis pas marin. - Hé bien, je vous dispense de m'avouer tous vos péchés, mais, avant que j'ose jamais les absoudre, il faut, mon frère, en concevoir un sincère repentir. - Qui ? moi, me repentir sur le lit de la mollesse et sous les lambris de l'opulence ! - Je veux, au moins, pour morigéner cette âme récalcitrante, vous imposer plusieurs pénitences. - Faites donc, mais surtout traitez-moi en richard vaniteux, en gros payeur. - Allez, je ferai bien les choses.

D'abord vous ferez trois actes de contrition pour avoir osé dénigrer vos Audiences de Cythère ; vous en ferez six pour avoir pu craindre la chute de la pantomine d'Alceste.

Vous rayerez de votre répertoire toutes les pièces de l'auteur d'Il n'y a plus d'enfans, et vous remettrez souvent celle-ci, par humanité pour ce pauvre petit roquet du Parnasse.

Vous vous racommoderez avec Renoult pour lui dire, de ma part, que le Juge de Mesle est bien moins bon que vous ne l'avez cru ; que Faute d'un point, etc., est assez joli ; que le petit Poucet est fort médiocre, et que l'Espiègle fut très-mauvais.

Vous rechercherez aussi l'avocat Araignon, et vous recevrez enfin la douzième pièce qu'il a faite vainement pour vous. Hâtez-vous de jouer quelque chose de lui sur votre théâtre ou craignez qu'il ne vous joue vous-même en public. Je sais qu'il vous prépare sourdement des traits qui vont vous paraître bien venimeux ; au reste, pourroit-il rien donner chez vous d'aussi mauvois que l'Astrologue, pièce remplie de contre-sens, de lieux communs, et de plates plaisanteries (13).

Et puisque nous en sommes à Plainchesne, vous lui direz que sans l'inutile et scandaleux abbé, la Guinguette seroit assez agréable, grâce à tout ce que vous y avez fait faire et refaire par les ouvriers de votre boutique littéraire. Vous lui ferez supprimer le rôle de Braillant, des Fêtes du Rempart, parce qu'il n'est pas séant de se jouer soi-même. Représentez-lui que le caractère de son Gourmand est aussi monstrueux que sa taille, et apprenez à propos de ses Leçons de l'Amour, qu'il n'y a de sens commun à mettre un lit d'étoffe dans un jardin, à y faire croître des palmiers d'or. Sachez aussi tous deux qu'on ne paroît pas à l'audience à cheval, et conseillez-lui, si jamais il devient homme de lettres, de ne plus représenter la voluptueuse Ninon avec le caractère d'une des procuratrices de votre table, et surtout de ne plus employer de phrase aussi nauséabonde que celle où le petit Arlequin parle si bassement de ses ongles (14).

Chassez sur-le-champ votre grand pendard de frippier de littérature. Quand il seroit aussi vrai qu'il est faux qu'il ait fait les Oies de Philippe ; quand il n'auroit pas pillé partout la farce des Faiseurs de Modes, en auroit-il plus de droit de nous accabler d'une Tignasse savante, d'un Orphée de Guinguette, de la Fortune détrousseuse des passans, et de quantité d'autres platitudes qu'il escroque à ses pauvres petits chambrelans de littérature, qui ne devront jamais à leurs talens, ni la faculté de vivre, ni l'avantage d'être passé maîtres ; mais ordonnez avant tout à son Lustucru de le tenailler le premier, pour avoir osé marteler le bon sens, en faisant mettre des têtes humaines à la forge, et en insultant platement et à brûle-pourpoint un sexe, dont la présence vous est si nécessaire, et dont le service lui est si lucratif.

- Le chasser est facile, j'avois même essayé de me donner ce plaisir lorsque je l'envoyai cabotiner en campagne, et que son défaut de talent me le ramena ; alors, ne sachant plus quelle impertinence lui faire pour m'en débarrasser, j'aimai mieux que sa malle restât sur le boulevard que de la laisser rentrer chez moi ; mais enfin je réfléchis que ce Lyonnois ne pourroit jamais jouer de bons rôles sur les tréteaux de province, qu'il n'en pourroit jouer que de très-mauvais sur la place des Terreaux de sa ville, cela me décida à lui redonner la surintendance de mon théâtre et de mes plaisirs. - Ah ! mon cher Audinot, vous êtes étroitement lié au vice, vous ne pouvez vous détacher de Mont-au-ciel. Renvoyez donc à son défaut votre ganache de Liesse avec le plat Joli et les autres saltimbanques des choeurs de l'Opéra. - Oh ! pour cela, je n'en ferai rien, nous avons été tous deux frater, et il est naturel qu'un barbier rase l'autre. - Hé bien, congédiez tout au moins votre trop complaisant Boston, et restituez au premier auteur de votre fortune, au savant compositeur de la Partie de chasse, le droit de régner à votre orchestre, et de la faire retentir des sons italiens de sa musique sentie. Demandez pardon au goût, au public, à Dieu même, d'avoir fait bégayer bêtement les rôles de baillifs à votre informe Boitte, qui semble n'avoir été ébauché par la nature que pour effrayer sous l'accoutrement bizarre d'un ogre, ou sous la peau hérissée d'un ours (15). Faites-en autant pour avoir donné Le petit Chaperon rouge, dont l'auteur vient de prouver publiquement qu'un sot peut être secrétaire d'un homme d'esprit.

Enfin, pour apprendre à ménager les trésors que Plutus vous jette follement à la tête, voyez l'abus qu'en ont fait la Pélissier, la Deschamps et mille autres. Elles sont tombées du trône de la fortune dans la fange de la misère, et rentrées dans le néant, elles sont devenues l'opprobe du public dont elles avoient été les idoles.

Pour mieux extirper le vice de l'orgueil qui vous ronge et vous gangrène le coeur, rappelez-vous, mon frère, rappelez-vous votre état primitif ; retracez-vous ce taudis (16), où si souvent sur un simple grabat vous abusiez, vous outragiez l'amour tendre, l'amour constant, l'amour parfait. Rétrogradez davantage, et portez votre vue sur ces plaines où vos pères, en sabots grossiers, en habits de bure, en cheveux plats, et le corps courbé sur une charrue, partageoient humblement le travail des boeufs qui étoient attelés à son timon, en se roidissant contre son soc.

J'ajoute pour dernière et plus sensible pénitence, la peine de voir votre Confession imprimée et répandue partout, afin que cet aveu public de vos fautes soit le témoignage de votre repentir, et qu'il serve à jamais de leçon à tout histrion comique ou tragique, qui voudra, même à titre de premier rôle, scandaliser ou insulter la société, qu'il est fait pour amuser. - Mais vos Canons défendent de publier... - C'est bien à un enfant de Loyola qu'il faut prescrire des bornes !...

Sur ce, M. l'abbé se leva, secoua la poussière de ses pieds et tira la porte en s'écriant : O iniquitates ! Il traversa sans difficulté le salon, où personne ne lui demanda même des nouvelles de maître Aliborum, tous ses amis et amies étant déjà occupés à se partager les cristaux du beau lustre, les diamans du somptueux cartel, et les petits flambeaux d'or moulu, etc. Il trouva plus d'embarras à la sortie de la maison ; car le bon Michel, croyant déjà son maître sous les griffes du démon, depuis qu'il l'avoit laissé entre les mains du saint Père, étoit allé beugler tristement tout le long des boulevards : «Nicolas se meurt, Nicolas est mort». Et comme il craignoit qu'on lui refusât les honneurs d'un convoi, il avoit déjà retenu tous les falotiers du Marais pour illuminer le cortège, qu'il se faisoit un devoir de lui donner. A ces cris, Nicolet, transporté par la jalousie du métier, s'étoit élancé sur son balcon, où il crioit avec sa voix rauque, et suivant son ancien style : Hé bien, Messieurs, entrez chez nous, on va commencer, c'est la même chose.

Le digne confesseur, grommelant toujours contre son indigne pénitent, se sauva sans daigner détromper le public et quitta le boulevard où le bruit de cette mort voloit avec la poussière. Le sémillant Nougaret qui y ricanoit devant la loge où il avoit fait bâiller, dit : Hé bien, je mettrai son éloge l'année prochaine dans l'Almanach forain, à la place de celui du singe, et l'apathique Barette, qui n'aimoit plus que son Molière, dit froidement en passant par-là, et fit répéter à mille autres :

«La volonté du ciel soit faite en toutes choses» (17).

FIN
 
[Notes de l'édition originale] :

(1) De l'aîné, par le batelage de quelques-unes de ses pantomines, telles que :Isabelle de Pontoise, etc. ; du cadet, par les puérilités de nombre de ses pièces, comme l'Assemblée des animaux, et encore cinquante-deux, etc.

(2) On s'appliquera à rapporter certaines expressions favorites de Nicolas, afin de faire voir qu'il brave aussi intrépidement notre langue que nos personnes ; mais il aura toujours au-dessus de nous, le gracieux accent de la Lorraine-Allemande, qu'il ne partage qu'avec l'ami Michel, son très-digne serviteur et compatriote.

(3) On appelle cabotins, ces misérables comédiens qui vont de ville en ville amuser, ou plutôt ennuyer le public à vil prix, à peu près comme étoient ceux que Scarron a si plaisamment dépeints dans son Roman comique, et tels que sont encore ceux qu'une certaine femme nommée la Logue, fait végéter en les rangeant en espalier sur des bancs, dans son espèce de caveau ou serre froide, à titre de recommanderesse, quand ils sont (pour me servir de ses termes et des leurs) sur le pavé. On prétend que cette mère nourrice a donné aussi son chaste téton à l'ami Audinot.

(3A) Autre dénomination de ces farceurs, qui substituent aux gestes expressifs les grimaces grossières, et qui, au lieu d'organes sonores, n'ont que des voix de bois.

(4) Sous-laquais de Monseigneur, faisant les fonctions à l'hôtel de la direction, et à la loge des Bambins, de Mercure galant et de moucheur de chandelles.

(5) Cet accident arriva au célèbre Nicolas Audinot un jour qu'il essayoit, malgré nature, de jouer le rôle de Colas dans les Deux chasseurs. Le bruit des sifflets fut si aigu et si perçant, que toutes les vitres du bâtiment en pétèrent.

(6) Si l 'on veut avoir une idée de la suffisance de ce Plainchesne, dit à présent : de Plainchesne, on prendre connoissance de la requête qu'il a sérieusement présentée au Ministère pour obtenir une pension d'Audinot, comme le Molière de son théâtre. Et si l'on veut juger de ses talents, on lira sa Fête de Montargis, dans laquelle on verra comme il ébauche les caractères, il croque les scènes, il sabre les vers, et il empile les couplets. O Favart ! Dieu du théâtre et du goût, vous l'entendez, et vous ne tonnez pas !

(7) Voici l'épigramme, répandue dans l'Empire, qu'on attribue à cet auteur :

«Quand je vois la Froment, vil rebut de la France,
«Malgré ses traits hideux, sa caduque ingorance,
«N'ayant ni vérité, ni bon sens, ni chaleur,
«De la scène tragique écorcher les auteurs ;
«Souiller insolemment, aux yeux de Melpomène,
«Le rang majestueux, sous le titre de reine ;
«Quand je la vois assise au trône de Memphis,
«Assassiner Voltaire avec Sémiramis,
«Je croirois, entendant l'image de la foudre,
«La voir réaliser pour la réduire en poudre,
«Si je n'étois certain que ce monstre pervers
«Est proscrit à la fois du ciel et des enfers.
Comme Mons Barette avoue et nie successivement cette méchanceté, on le prie, avec les égards dûs à un confrère, de ne lire cette note qu'un jour qu'il en tiendra l'affirmative, et cela pour ne pas exciter sa bile caustique.

(8) Ce roi de Cocagne a autant de portes fugitives que le tyran de l'Angleterre eut d'appartements illusoires et en fait le même usage.

(9) Vers parodiés de la sixième scène du premier acte du Cid.

(10) M. Audinot est un méchant ; la demoiselle en question n'avoit que des pages de l'écurie, et le rang accidentel qu'elle avoit alors, l'autorisoit à se faire servir par deux.

(11) Tous ses amis et tout Paris savent qu'il donne régulièrement à chacune de ses filles vingt-cinq louis par mois, et que c'est ce qui le mettoit hors d'état de payer le quart des pauvres, fût-ce même au profit de l'école gratuite de dessin .

(12) L'une est un rebut de Lyon, l'autre est proscrite de Rouen ; et toutes deux sont revendeuses de robes de femmes, de redingotes d'Angleterre, de tabac, d'eau-de-vie et de filles, etc.

(13) Il y a entre autres bêtises un prétendu interlocuteur qui, au lieu de motiver son entrée, et de filer la scène, l'a remplie de danses à la muette. Je demande à l'auteur qui il est ? ce qu'il veut ? et ce qu'il prétend qu'on lui dise ? Ou plutôt, je lui demande à lui-même : pourquoi il écrit invitâ Minervâ, et même malgré les hommes et les dieux ?

(14) Voici la phrase (Arlequin joue le rôle d'avare) : «Il y a quinze ans que je ramasse mes rognures d'ongles pour faire une tabatière de corne». J'en jure par Apollon, l'auteur de Richard sans peur n'a jamais rien fait de si dégoûtant.

(15) Allusion à deux espèces de rôles maussades qui se jouent fréquemment à l'Ambigu-Comique, et qui font rire à pâmer le balourd Nicolas.

(16) C'est apparemment du petit réduit de la porte Saint-Denis, que le saint homme veut parler.

(17) On donnera dans peu et par suite les Matinées d'Audinot, ses Petits Soupers, et sa Petite Maison, etc.


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