LE TRÉSOR
DE LA CUISINE
du Bassin Méditerranéen
par
par 70 Médecins de France
Révision et Préface par
P
ROSPER M
ONTAGNÉ
~ * ~
LISTE DES MÉDECINS AYANT COLLABORÉ A CET OUVRAGE :
Mmes Olivier-Fauchier, J. Queslier, Jeanne Tixier, M.-L.
Vouaux. MM. Aronwald, Camille Badin, Baissette, Barbier de la Serre,
Louis
Beauchard, Jean Bedos, Benoit, Paul Bidault, F. de Bil, Raymond
Boissier, Bouchère, Bourgin, G. de Bousquet, Paul Bruder, Cambessédès,
Louis Camous, Chanot, Chuche, Clavel, Fernand Clément, Hubert Cleu,
P.-C. Comte, F. Conil, Maurice Charenton, François, A. Frécon, Gérard
Desfarges, R. Gentil, Guichard, Hautechaud, L. Heynen, Raymond Habault,
Jean Laborde, Lafon, Georges Lebret, Léon Meunier, Maxime-Leroy, A.-E.
Lévy, A. Lourteau, A. Magnan, T. Malachowski, Gaston-A. Manouvrier, J.
Martin, E. Montagné, Louis Moret, Pierre Noël, Xavier Poli, Élie Roux,
L. Saint-Pierre, Sassier, Sauveplane, André Tacheron, P. Tison,
Tubiana, Pierre Uhry, Vaillant, Valet, Veyrat, Charles Vincenti, C.
Wibault, M. Zermati.
LE FESTIN D’HIPPOCRATE
Brillat-Savarin place les médecins dans la catégorie des « gourmands
par état » : « Vous êtes, leur dit-il, un jour où, sous la présidence
du docteur Corvisart, il assistait lui « neuvième », (ainsi se qualifie
l’auteur de la
Physiologie du goût) à un repas de médecins, vous êtes
les derniers restes d’une corporation qui, jadis, couvrit toute la
France. Hélas ! les membres en sont anéantis ou dispersés… Plus de
fermiers généraux, d’abbés, de chevaliers, de moines blancs :
tout le
corps dégustateur réside en vous. Soutenez avec fermeté un si grand
poids, dussiez-vous essuyer le sort des trois cents Spartiates au pas
des Thermopyles… » (1).
Mais après avoir ainsi loué les qualités gourmandes des médecins,
Brillat-Savarin leur adresse quelques blâmes : « Il ne veut pas mourir,
dit-il, sans leur reprocher l’extrême sévérité dont ils usent envers
leurs malades ».
« Dès qu’on a le malheur, dit le maître ès-sciences gourmandes, de
tomber dans leurs mains (il parlait des médecins du commencement du
XIXe siècle), il faut subir une kyrielle de défenses et renoncer à tout
ce que nos habitudes ont d’agréable… Le médecin rationnel, poursuit-il,
ne doit pas perdre de vue la tendance naturelle de nos penchants
naturels, ni oublier que si les sensations douloureuses sont funestes
par leur nature, celles qui sont agréables disposent à la santé. On a
vu un peu de vin, une cuillerée de café, quelques gouttes de liqueur
rappeler le sourire sur les faces les plus hippocratiques. »
Et voilà bien, n’est-ce pas ? une excellente doctrine. Et combien
l’approuveront les médecins qui sont les auteurs des savoureuses
recettes de cuisine publiées dans ce petit recueil.
Que, d’une façon générale, les médecins soient des gourmands («
gourmands » dans le sens noble du mot), de cela je n’ai jamais douté.
Trop souvent, en effet, il m’a été permis de constater « de visu »
comment se comportaient à table les nombreux médecins dont je m’honore
d’être l’ami, et trop souvent aussi il m’a été donné de les entendre
parler – et avec quelle compétence ! – des choses de la cuisine, pour
ne pas savoir qu’ils avaient porté au plus haut point le culte
raisonné de la bonne chère, et que si, par état, ils vénéraient
Hippocrate, dieu de la Médecine, par état aussi, et par goût, ils
honoraient comme il convient Comus, dieu des festins.
Si j’avais ignoré cela, je l’aurais pu apprendre lorsque les
circonstances m’ont donné la possibilité de lire, d’analyser, et,
finalement, de juger les mirifiques recettes que, pour répondre à la
demande qui leur avait été faite par
Grandgousier, avaient envoyé à
cette revue les médecins du bassin méditerranéen.
Ah ! quel magnifique festin ont ainsi décrit ces médecins gourmands !
Quel beau, quel délectable
Codex culinaire, celui qui a pu être fait
en réunissant en un livre magistral toutes les formules envoyées à
Grandgousier par les médecins du pays d’Oc, par ceux de la Provence
parfumée, par ceux aussi qui vivent dans la gourmande Gascogne.
Mais, dans une gerbe trop opulente, il a fallu choisir. Et combien
difficile était ce choix, tant étaient méritantes toutes les recettes
envoyées !
Oui, bien ardue a été la tâche du jury, et si, malheureusement, un
grand nombre de recettes ont dû être éliminées, c’est que, pour le
premier volume de ce recueil gourmand, le nombre des pages avait été
strictement fixé et qu’il ne fallait pas le dépasser.
Mais combien friand est le menu de ce premier livre, et que grand sera
le plaisir qu’auront à le parcourir les gens qui savent « ce que manger
veut dire » !
Ce menu est composé de la façon la plus classique, c’est-à-dire que les
lois protocolaires du dîner y sont observées. Le beau repas offert par
Grandgousier à ses amis commence par le potage et se termine par les
entremets de sucre. C’est là une loi sage qui, depuis des siècles, est
observée en France, pays traditionnel du bien manger.
Sans doute y a-t-il en ces temps derniers des gens extravagants, et
surtout ignorants en la matière, qui ont voulu bousculer les traditions
culinaires. Des théories folles ont été énoncées. On a préconisé des
recettes plus ou moins « futuristes ». On a tenté de nous imposer une
cuisine caricaturale. Le bon sens français qui, depuis deux
millénaires, a permis à notre cuisine d’être ce qu’elle est –
c’est-à-dire la plus savoureuse du monde, parce que la plus logique –
s’est élevé contre de telles tentatives.
Grandgousier a voulu
participer au bon combat. Et c’est à ses amis, les médecins gourmands,
qu’il a demandé des recettes de vraie cuisine française, des recettes
qui ne soient pas à l’usage des snobs.
Ce sont des recettes de ce genre que l’on trouvera ci-après. Nos
lecteurs sauront les apprécier.
Prosper
MONTAGNÉ.
(1) Ce fut en 1806 que Brillat-Savarin prononça cette allocution.
POTAGES, SOUPES,
BOUILLIES ET PANADES
BOUILLON DE LAPIN A LA CRÈME. Faire
un pot-au-feu, comme celui de la poule au pot, en remplaçant la
poule par un lapin (réserver le train de derrière pour faire rôtir),
avec les légumes aromatisés habituels, clou de girofle et feuilles de
céleri, qui donnent un goût particulier au bouillon. Dégraisser le
lapin si besoin. Après deux heures de lente ébullition, passer le
bouillon sur une serviette mouillée et dégraisser à nouveau. Avant de
servir, lier de quelques cuillerées de crème fraîche. Croûtons de pain
grillé facultatifs.
Dr Pierre TISON, Le Cateau.
POTAGE A LA REINE. Faire cuire 250 grammes de riz au bouillon bien dégraissé. D’autre
part, prendre la chair d’une volaille cuite au pot (200 grammes pour un
litre). Piler très finement cette chair en réservant quelques morceaux
de filet qu’on coupe en petits dés. Joindre à la chair pilée le riz
cuit et passer le tout au tamis. Ajouter du bouillon de cuisson de la
volaille en quantité suffisante pour obtenir un potage de bonne
consistance. Au moment de servir, ajouter 50 grammes de beurre fin. (A volonté, lier
d’un jaune d’œuf). Mettre les dés de volaille dans le potage et servir.
Dr BEAUCHARD,
Saint-Aignan-sur-Cher.
POTAGE COULIS DE POULET. Mettre dans une marmite un poulet de grosseur moyenne dont on aura
enlevé la peau et que l’on aura bridé. Le couvrir d’eau. Le faire cuire
doucement, la marmite couverte, jusqu’à évaporation d’un quart du
liquide. Égoutter le poulet ; désosser la viande de la poitrine et des ailes.
Piler cette viande au mortier et lui ajouter, en la pilant, quelques
cuillerées de la cuisson, de façon à obtenir une pâte assez liquide.
Assaisonner de sel, d’un soupçon de muscade râpée et d’une faible
pincée de zeste de citron. Faire bouillir doucement cette composition
pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’elle soit de bonne consistance.
Ce mélange doit être onctueux et cependant suffisamment liquide pour
pouvoir être bu.
Remarque : On peut augmenter le pouvoir nutritif de ce potage en lui
ajoutant de l’orge ou du riz cuit à l’eau (ou dans le bouillon du
poulet) et passer au tamis fin.
Cet apprêt est très nourrissant et sa digestibilité le fait accepter
par les estomacs les moins tolérants.
Dr BENOIT, Paris.
POTAGE CRÈME DE SALSIFIS. Grattez, lavez et cuisez des salsifis ; passez-les au tamis, délayer
cette purée avec du lait ou du bouillon ; ajoutez une liaison de crème
de riz. faites bouillir ; liez encore le potage en le versant dans la
soupière sur des jaunes d’œufs délayés dans trois ou quatre cuillerées
de crème et un bon morceau de beurre frais.
Dr GUICHARD, Saint-Jean-de-Losne.
SOUPE AIGO BOUIDO. Faire bouillir quinze minutes deux litres d’eau additionnée de 3
décilitres d’huile d’olive, de huit gousses d’ail, d’un bouquet de
thym, laurier et sauge, d’une pincée de feuilles de persil et
assaisonner de 25 grammes de sel et d’un peu de poivre. Dans ce
bouillon, faire pocher des œufs et les conserver moelleux ; les
égoutter et les dresser dans un grand plat creux sur des tranches de
pain et verser le bouillon dessus.
Dr BEAUCHARD,
Saint-Aignan-sur-Cher.
SOUPE AIGO-SAOU. 1 kilogramme de poissons blancs en tronçons. Un oignon émincé, deux
tomates hachées, trois à quatre pommes de terre en quartiers. Deux
gousses d’ail, bouquet garni avec céleri, 25 grammes sel, poivre, 1
litre d’eau. Cuire vingt minutes. Verser le bouillon en soupière sur les tranches de pain arrosées
d’huile d’olive et poivrées. Servir le poisson à part accompagné de
rouille ou d’aïoli.
Rouille : Pilez au mortier deux gousses d’ail avec un piment rouge
d’Espagne. Ajoutez gros comme une noix de mie de pain trempée et
pressée. Mélangez. Versez sur le tout, petit à petit, quelques cuillerées d’huile d’olive,
en broyant au mortier. Ajoutez à la fin quelques cuillerées du bouillon
de l’aïgo-saou.
Dr P. SASSIER, Paris.
SOUPE A L’ŒUF . Mettre au feu, dans une casserole un litre d’eau, quatre ou cinq
gousses d’ail, du thym, du laurier, de la sauge et quelques croûtons de
pain. Casser deux œufs ; séparer les blancs des jaunes. Déposer les jaunes dans une soupière avec un décilitre d’excellente
huile d’olive. Monter en mayonnaise. Pocher les blancs d’œufs dans la soupe et, quand elle aura bouilli
quelques minutes, la mêler doucement à la mayonnaise et la servir sans
la remettre sur le feu.
Dsse Olivier FAUCHIER, Francis-Garnier, Algérie.
SOUPE DES MAURES. Ce potage est aussi appelé
Soupe de l’Esterel, et c’est ainsi que
l’appelle Escoffier dans son
Guide culinaire. Voici comment on le prépare chez moi : Faites revenir au beurre un gros oignon émincé. Mouillez cet oignon
d’un litre de bouillon de pot-au-feu (ou de cuisson de haricots
blancs). Ajoutez 250 grammes de chair de potiron détaillée en dés, dix
cuillerées de haricots blancs cuits. Cuisez doucement. Passez au tamis fin. Délayez la purée avec 1 litre de bouillon de
pot-au-feu. Faites bouillir. Ajoutez 100 grammes de gros vermicelle. Faites cuire ce vermicelle
douze minutes.
Dr SAUVEPLANE, Nîmes.
SOUPE LANGUEDOCIENNE.
Bien entendu, l’ail est la caractéristique de cette soupe dont souvent
je me suis régalé en pays d’Oc, lors des séjours annuels que je faisais
chez un vieil ami à moi, qui soigne les habitants d’une toute petite
ville cévenole, habitants qui, disons-le tout de suite, ne sont jamais
malades. C’est au dîner du soir que l’on nous servait cette soupe
succulente
dans une large poêle ; et, sur la flamme de la grande cheminée, notre
hôtesse la « fricassait » en quelques minutes. Et de ce mets
campagnard, voici la très simple recette : Mettez dans une grande poêle
trois cuillerées de graisse d’oie. Faites
chauffer cette graisse et mettez dans la poêle deux très larges
tranches de jambon. Sitôt que ce jambon est bien rissolé, retirez-le de
la poêle (conservez-le au chaud placé entre deux assiettes, car on le
servira ensuite comme « relevé » de la soupe).
Mettez dans la poêle (pour quatre convives) une vingtaine de gousses
d’ail écrasées. Cuisez cet ail sans le faire trop rissoler. Saupoudrez
d’une légère cuillerée de farine ; faites revenir un peu cette farine.
Mouillez de deux litres et demi d’eau (ou, si vous en avez, de bon
bouillon). Ajoutez le suc de deux grosses tomates (suc que vous aurez
obtenu en passant les tomates crues au tamis) ; assaisonnez de sel,
modérément à cause du jambon, de poivre, copieusement, et condimentez
d’une brindille de thym. Cuisez à gros bouillon, douze à quinze minutes.
Versez la soupe dans une grande soupière où vous aurez battus trois
jaunes d’œufs avec quatre fortes cuillerées d’huile. Mélangez. Servez
en même temps que la soupe de larges tranches de pain de ménage
que vous aurez saupoudrées de fromage râpé et fait légèrement dorer au
four. Servez aussi en même temps le jambon. Évidemment, une telle soupe
ne saurait plaire à ceux qui ont horreur de
l’ail. Je ne suis pas de ceux-là !
Dr BAISSETTE, Paris.
UNE SOUPE PROVENÇALE. Non,
ma soupe n’est pas une bouillabaisse. Mais, tout comme on le fait
pour cette dernière, on la prépare avec du poisson, de la tomate et de
l’ail et, comme de juste, on la parfume d’une pincée de safran. Voici
ma recette : Faites fondre dans quatre cuillerées d’huile d’olive
quatre cuillerées
d’oignon émincé. Cet oignon doit cuire sans presque colorer. Quand il
est cuit, mettez dans la casserole les tomates hachées grossièrement,
deux gousses d’ail écrasées, un gros bouquet garni, un petit morceau
d’écorce d’orange sèche. Mouillez de deux litres d’eau. Assaisonnez de
sel et de poivre ; condimentez d’une pincée de safran. Cuisez à grands
bouillons pendant quinze minutes. Passez ce bouillon à la passoire fine
ou au tamis, en pressant sur les légumes, de façon à en bien extraire
le suc. Dans une autre casserole (ou dans celle nettoyée, où a été fait
le
bouillon) mettez huit tranches de congre (Ficla). Assaisonnez de sel et
de poivre ces tranches de poisson. Arrosez-les de deux ou trois
cuillerées d’huile d’olive et versez dessus le bouillon indiqué
ci-dessus. Cuisez vivement pendant dix minutes. Ajoutez 1 litre de
moules que, d’autre part, vous aurez fait cuire et décoquillées, ainsi
que la cuisson de ces moules passée. Faire bouillir trois minutes.
Dressez le poisson et les moules dans un plat. Versez le bouillon dans
une soupière sur de larges et épaisses tranches de pain de ménage.
Saupoudrez de persil haché.
Dr C. WIBAULT, Paris.
BOUILLIE SANS ALBUMINE (Recette diététique).
Par personne : Trois à quatre cuillerées de farine de
blé complète ; Quantité suffisante d’eau ; Deux cuillerées à soupe de
crème. Malaxer la farine sous un filet d’eau, le gluten reste dans la
main.
Séparer le son au tamis, recueillir la farine qui passe avec l’eau à
travers le tamis de façon à obtenir environ un quart de litre de
suspension farineuse qu’on fait cuire dix minutes ; saler très
légèrement. Délayer la crème dans une assiette, y verser le potage
légèrement
refroidi et mélanger.
Dr Léon MEUNIER, Paris.
HORS-D’ŒUVRE
ARTICHAUTS A LA GRECQUE.
On utilise les cœurs d’artichauts tendres, qui devront d’abord tremper
dans de l’eau légèrement vinaigrée, pour leur conserver leur blancheur.
Dans une casserole en terre, faites bouillir : l’eau, l’huile, poivre
blanc en grains, coriandre, citrons coupés en rondelles, jus de citron,
oignons, laurier, ail, thym, sel. A l’ébullition, ajoutez les
artichauts et laissez cuire vingt minutes. Placez-les dans un saladier
recouvert d’un papier huilé.
Pour douze artichauts : Eau, huile, 100 grammes ; trois gousses d’ail
; très petits oignons ; très peu de poivre à grain blanc ; quelques
graines de coriandre ; une cuillerée à soupe de vin blanc sec. Faites
bouillir vite. Un verre de Porto.
Dr Louis CAMOUS, Nice.
BARQUETTES A LA MILANAISE. Préparer avec de la pâte à foncer de petites barquettes cuites à blanc,
c’est-à-dire sans leur garniture. Les garnir de macaroni cuit, coupé en
petits dés, additionner d’une cuillerée de maigre de jambon haché, lié
au gruyère râpé (ou au parmesan). Gratiner à four chaud. Servir sur une
serviette pliée.
Dr CHUCHE, Paris.
BOULES DE NEIGE AU JAMBON. Deux ou trois blancs d’œufs, 100 grammes de maigre de jambon, un grand
verre de lait, deux cuillerées de farine, un œuf de beurre, sel et
poivre. Faire très peu de béchamel épaisse et lisse, juste pour tenir bien la
liaison. Saler, poivrer, tenir au chaud. Hacher le jambon pas trop fin et battre les blancs d’œufs en neige très
ferme. Mélanger en tournant ; garder quelques morceaux de jambon pour
décorer en servant. Avoir une casserole d’eau bouillante ; mettre peu à peu le mélange par
cuillerées à bouche très pleines sur l’eau bouillante en tournant pour
former une boule. Au bout d’une minute, retirer, égoutter et servir très chaud.
Dr BEAUCHARD,
Saint-Aignan-sur-Cher.
LA BOUTARGUE OU POUTARGUE. La Boutargue est née à Martigues, petite ville située à 40 kilomètres
d’Aix, sur les bords de l’étang de Berre. Déjà très en vogue au siècle
dernier, elle a été souvent comparée, à plus ou moins juste titre, au
caviar. Laisser macérer deux jours des œufs de mulet dans du gros sel. Presser
pendant deux heures entre deux planches chargées de gros poids. Laver
soigneusement et exposer deux heures au soleil. Arroser d’huile d’olive, ajouter des rondelles de citron, quelques
truffes coupées en tranches minces et du persil haché. Dresser sur un
plat et servir froid.
Dr Jeanne TIXIER, Bayeux.
CASSOLETTE CHAUDE AU FROMAGE DE GRUYÈRE. Un jaune d’œuf, une pincée de farine, une cuillerée à dessert de lait,
une cuillerée à soupe de fromage de gruyère râpé, une pincée de sel.
Mélanger. Incorporer à cette pâte le blanc d’œuf fouetté ferme. Mettre
dans une cassolette beurrée. Faire cuire au four à feu vif. Servir de suite.
Dr Hubert CLEU, Aubenas.
FRITOT AUX ANCHOIS. (
Transformation des Savorys
Anglais). Broyer au mortier des anchois avec huile et jaunes d’œufs (environ un
par deux anchois) ; ajouter peu à peu de la farine. Mélanger toujours
pour obtenir une pâte homogène que l’on mélange sur la table farinée
avec une pâte de farine faite avec un peu d’eau et de l’huile d’olive.
Bien pétrir le tout, et former en boule. La pâte étant bien homogène,
l’abaisser en une couche mince de 2 à 3 millimètres. Couper en petits
disques avec une tasse ou un verre et faire frire dans de l’huile. Délicieux chauds ou froids, avec de la bonne bière.
Dr P.-C. COMTE, Tunis.
FRUITS AU VINAIGRE.
Prunes, par exemple. – Ce sont des fruits confits qui se conservent
des années durant. Proportions : 2 livres d’Altesses, 3 livres de sucre, une once de
canelle, trois ou quatre clous de girofle (13 grammes), 2 litres de
vinaigre. Essuyer les prunes, les piquer, les mettre dans un vase ; faite fondre
le sucre dans le vinaigre en laissant bouillir un instant avec la
canelle. Verser le mélange bouillant sur les prunes. Laisser
neuf
jours. Mettre ensuite dans une bassine ; laisser bouillir cinq minutes ; ôter
les prunes à l’écumoire et les mettre dans les vases de conserve. Laisser réduire le sirop. Le verser sur les prunes. Couvrir le
lendemain seulement.
Dr Pierre TISON, Le Cateau.
ŒUFS DU DOCTEUR.
Pour six œufs pochés : Faire fondre au beurre des échalotes hachées
très fin ; ajoutez 75 grammes de champignons hachés, quatre feuilles de
laitue ciselées ; mouillez avec un demi-verre de vin blanc sec ;
laissez réduire, puis, ajoutez un verre de fonds de veau que vous
réduisez à glace, 2 décilitres de crème double, réduisez de même, de
façon à obtenir une sauce onctueuse, ajoutez cerfeuil et estragon
hachés avant de servir. Dressez les œufs sur une croûte de feuilletage ovale et nappez de cette
sauce.
Dr BRUDER, Paris.
LA « PISSA ».
(D’origine italienne, se vend dans les ports méditerranéens, notamment
à Marseille.) Faire une pâte à tarte salée. Beurrer un moule à tarte,
dans lequel on
étend la pâte en faisant un rebord circulaire. Préparer : 1° Des
morceaux de tomates, crus, dépouillés de peau et de graines ; 2° Un
hachis d’ail et persil (piment rouge
ad libitum)
; 3° Quelques filets d’anchois ; 4° Des olives noires dénoyautées.
Répandre ces produits sur la tarte, saler légèrement, poivrer, bien
arroser d’huile d’
olive et mettre au four pendant vingt minutes
environ. Servir chaud ou froid.
Dr F. CONIL, Roquevaire.
PISSALADIÈRE. La « pissaladière » ou tarte aux oignons est de date fort ancienne ;
elle semble exister déjà sous la forme d’un mets très rustique, mais
très apprécié, dès l’époque de Boson, fondateur du royaume d’Arles
(879). Elle semble avoir connu un regain de notoriété au XIIe et au
XIIIe siècle, à l’époque des troubadours, Guilhem de Caberstant, Pons
de Capdoul et Raimon de Miraval qui, selon la légende, en auraient été
fort gourmands. Répandue surtout dans la Provence montagneuse et la plaine plutôt que
sur le littoral, la pissaladière demeure actuellement encore un mets
très apprécié des Provençaux. Pour 200 grammes de farine : 15 grammes de beurre ; 750 grammes
d’oignons moyens ; 1 centilitre d’eau ; 1 centilitre d’huile ; 125
grammes d’olives ; six anchois. Préparer la pâte brisée et la faire cuire dans une tourtière, sans
garniture. Simultanément, cuire les oignons à l’eau bouillante salée ;
les passer au tamis, les écraser finement et les incorporer à une sauce
béchamel ; ajouter les anchois pilés. Recouvrir la pâte du mélange,
garnir d’olives dénoyautées, parsemer de petits morceaux de beurre et
faire cuire dix minutes au four chaud.
Dr P. SASSIER, Paris.
RAMEQUIN. Mettez dans une casserole un demi-litre de lait et placez sur le feu ;
quand il commencera à être chaud, ajoutez petit à petit, et en
tournant, environ trois poignées de farine ; tournez jusqu’à ce que
votre pâte soit bien liée et sans grumeaux ; ajoutez-y du sel, un
morceau de beurre, environ un quart de fromage de gruyère râpé et
tournez encore, tant que la pâte n’est pas cuite et le mélange parfait.
A ce point, vous retirez du feu et y mêlez trois œufs légèrement
battus. Ayez un plat allant au feu, beurrez-le bien, versez-y votre
pâte et mettez au four. Au bout de dix minutes, le ramequin doit être levé comme un soufflé,
pris partout et ne coulant pas. Servez sans tarder.
Dr Raymond HABAULT, Vierzon.
RILLETTES DE LAPIN. Mettez dans une casserole un poids égal de chair de lapin désossée cru
et de la poitrine de porc frais, le tout coupé en dés de même grosseur.
Couvrez d’eau. Ajoutez deux carottes et un oignon de grosseur moyenne,
une petite gousse d’ail et un bouquet garni. Assaisonnez de sel, poivre
et épices. Cuisez doucement pendant huit heures (quatre heures la casserole
couverte, et quatre heures à découvert). Égouttez la viande et hachez-la. Remettez-la sur le feu, en la
mouillant avec le jus de cuisson restant. Remuez le tout sur le feu,
jusqu’à ce que le mélange soit parfait. Rectifiez l’assaisonnement, si c’est nécessaire. Mettez en petites
terrines.
Dr HEYNEN, Bruxelles.
SARDINES MARINÉES AU VIN BLANC. Lever avec soin les filets des sardines en enlevant la tête, la queue
et toutes les arêtes. Mettre ces filets par couches dans un plat creux
allant au four, en interposant des rondelles d’oignons et de citron ;
noyer dans vin blanc et cuire doucement à petit feu. Une fois cuits, égoutter les filets qui peuvent être mangés réchauffés
ou froids, avec huile d’olive et jus de citron. Hors-d’œuvre simple et digeste pouvant se garder plusieurs jours.
Dr P.-C. COMTE, Tunis.
ZAKOUSKI BOLCHEVICK. Ajoutez à deux foies de volaille, légèrement roidis au beurre (ou
grillés) et hachés finement, une pomme de reinette crue, épépinée, mais
avec la peau ; y incorporer soigneusement une cuillerée à soupe de
beurre frais et un jaune d’œuf dur. Tartiner sur une biscotte.
Dr Jeanne TIXIER, Bayeux.
POISSONS, CRUSTACES, MOLLUSQUES
A) POISSONS DE MER ET DE RIVIÈRE, BOUILLABAISSES, BOURRIDES, BRANDADES, PAUCHOUSES
BONITE A L’ESCABÉCHE. A l’époque de la pêche à la bonite, les femmes du littoral de nos pays
(Algérie) s’empressent de préparer ce plat ; elles en emplissent
soupières et saladiers. Femme, mari et enfants mangent à toute heure
une tranche de pain puis une tranche de bonite ; tout le monde se
régale et la ménagère, toute une semaine durant, ne s’occupe pas des
repas.
Pour un kilo de tranches de bonite
: 2 décilitres d’huile, un gros
oignon, deux grosses gousses d’ail piquées de clous de girofle, une
pincée de sel, un piment de Cayenne, du poivre rouge, quelques
brindilles de thym, une feuille de laurier, une branche de persil et 2
décilitres de vinaigre à l’estragon (estragon sauvage, poussant dans
les rochers et différent de celui ordinairement utilisé en cuisine).
Couper les bonites en tranches de 3 centimètres d’épaisseur, les rouler
dans la farine et les frire à l’huile brûlante. Aussitôt cuites les
retirer et les entasser dans un saladier. Mettre dans l’huile qui reste
un oignon gros comme le poing, hâché menu
et le faire roussir à petit feu ; une fois cuit, l’assaisonner de sel,
poivre rouge, thym, laurier, persil, deux gousses d’ail piquées de
clous de girofle, un piment de Cayenne, 2 décilitres de vinaigre à
l’estragon ; faire bouillir le tout un quart d’heure, sans trop laisser
réduire la sauce ; la verser sur les tranches de bonite de façon à les
recouvrir entièrement. Se conserve une longue semaine et se mange froid
ou chaud (lorsqu’on
vient de le préparer).
Dsse OLIVIER-FAUCHIER, Francis-Garnier, Algérie.
LES BOUILLABAISSES. La bouillabaisse, ça n’est pas comme une formule du Codex, invariable
de Lille à Montpellier. La bouillabaisse : mais c’est comme la femme !
Celui-ci la veut blonde et potelée à la Rubens, celui-là préfère la
brune aux grands yeux noirs ou la rousse aux lourds cheveux chargés de
reflets. Femme vertueuse ou femme « canaille », c’est-à-dire
bouillabaisse sans « l’assent », ou, au contraire, chargée en oignons,
aulx, thym, fenouil, laurier, sans oublier les autres épices et le
safran ; lesquelles masquent souvent la pauvreté ou la rareté des
poissons, car savez-vous que pour préparer une bouillabaisse « vraie de
vraie » il faut un lot de poissons peu ordinaires ?
Je cite : langouste-rascasse (dont deux espèces vivant en Méditerranée)
; le rouget, dit « coq de mer », à la chair ferme et de bon goût ; la
vive, chair délicate, mais gare aux épines redoutables ! le roucau,
élégant, agile, au dos bleu et reflets verdâtres ; le Saint-Pierre, si
curieux ; le congre, anguille de mer ; la baudroie, dite diable de mer,
à la tête énorme, corps disgracieux ; le loup ; le merlan ; les crabes
qu’il faut savoir broyer et ne pas mépriser. Enfin, sachons que les
parfums si spéciaux de la bouillabaisse proviennent surtout des
rascasses, des girelles aux belles couleurs, rouge écarlate, bleu
turquoise, violet ; des langoustines… et aussi du safran, celui-là même
qui est mis à tant de sauces : elixir de Garus, liqueur irlandaise
d’Hacubac, stimulant général et emménagogue.
Je ne vous ai pas énuméré cette longue série de poissons pour vous
décourager de la préparation et pour me punir de ne pas vous avoir
livré la recette. J’ai simplement voulu vous faire voir qu’il y a
bouillabaisse et bouillabaisse !
Dr Louis CAMOUS, Nice.
BOUILLABAISSE. Les poissons qu’on doit employer sont :
lei peis de roco (poissons de
rocher), à chair ferme, notamment la rascasse (scorpène),
sans elle
pas de bouillabaisse, le rouquier, la galinette (trigle), la baudroie
(lophie), le Saint-Pierre, la murène et cinq petits crabes, dits «
favouilles », à Marseille et à Toulon. On utilisera des girelles et des sarrans ou serrans qui, de moindre
dimension, seront, après cuisson, pilés ou écrasés, et passés au tamis
et serviront à lier la sauce. Il faut 1 kg. 500 de poisson pour cinq personnes ; on coupe les gros
par tronçons de 5 à 6 centimètres qu’on place dans une casserole en
terre assez large, avec le contenu d’une petit boîte de safran (de 1
fr. 50), poivre et sel ; on hache un oignon, deux blancs de poireaux,
deux tomates, une poignée de persil, une feuille de laurier, un zeste
d’orange, trois gousses d’ail, une pincée d’herbes aromatiques
(sariette) ; on verse un demi-verre d’huile d’olive, en imprimant à la
casserole de lents mouvements giratoires pendant quelques minutes pour
bien en imbiber le poisson. On ajoute de l’eau qu’on a fait bouillir,
juste ce qu’il faut pour recouvrir le tout, et on laisse cuire pendant
un quart d’heure. On dispose ensuite les poissons dans un plat et on
verse le bouillon, augmenté du menu fretin écrasé et passé sur des
tranches de pain d’un centimètre d’épaisseur, en maintenant chaud le
poisson et le bouillon.
Voilà le plat provençal qui jouit d’une réputation universelle. Avec
l’hymne national, il a porté partout le renom de Marseille. On ne doit
pas en laisser altérer la composition. Si, par condescendance, on
permet d’y introduire, tantôt du merlan, tantôt des langoustes, on
ébranle une institution séculaire et on tombe dans l’anarchie
culinaire, la pire de toutes. Toutefois j’accepte un amendement qui consiste à joindre aux poissons
un crustacé qu’on trouve au cours de l’été, que les savants nomment
scyllarus aretus et le public « cigales de mer ». Il ne dépasse pas
de beaucoup 15 centimètres de longueur et il faut le prendre aussi dans
la fleur de l’âge. Il a un fumet particulier qui ne domine pas tout
d’une forte odeur, il est modeste, discret et a été adopté par nombre
de gourmets friands de
frutti di mare. Comme il n’est admis que pour
son parfum, deux ou trois cigalons suffisent pour cinq convives. On les
met dans la casserole en même temps que les rascasses, dont il faut au
moins deux. Avoir soin aussi de faire une liaison de jaune d’œuf délayée d’un peu
de bouillon tiède avant de servir, pour adopter le procédé cher aux
pêcheurs du Grau d’Agde, qui ont appelé leur trouvaille «
court-bouillon à l’Agathoise ».
Dr A. MAGNAN, Nice.
BOUILLABAISSE. C’est une soupe de poissons qui conclut une partie de pêche et qui
s’appelle « bouillabaisse » (j’en demande pardon aux manes d’Ali-Bab)
parce qu’elle
bout abaissée, la marmite sur trois galets, tout le
monde autour (« bouille-à-bas », basse, à ras de terre). Les cuisiniers se mettent à l’œuvre, vident et nettoyent leurs
poissons. Sur un feu de brindilles ou de pommes de pin, puis de
branches sèches, une première marmite d’eau est portée à l’ébullition
et mise de côté dans le faîtout. Parfois, on fait cuire à l’avance des
pommes de terre, à l’eau ou sous la cendre. Ensuite la vraie marmite chauffera un fonds d’huile, dans laquelle on
fera revenir les tronçons d’une langouste, coupée vivante, ou les
tranches de murène, vivante aussi, si les casiers n’ont rien donné. Ces
tronçons bien revenus, on les met de côté pour laisser au fond de la
marmite l’huile de leur cuisson et, dans cette huile restée brûlante,
on fait faire un tour aux oignons, à l’ail, à l’échalote. Cela fait,
sans retirer de la marmite ces aromates frits, on va réaliser le
bouillon en jetant sur eux l’eau restée très chaude dans le faitout,
après lui avoir ajouté sel, poivre, safran, tomates fraîches coupées,
ou purée de tomates de conserve. Ce bouillon cuit très doucement, à petit feu, pour retarder
l’ébullition – le parfum de la bouillabaisse se révèle déjà – on fait
le point de sel, de poivre, de safran et on attend les premiers gros
bouillons. A ce moment précis on jette peu à peu les tronçons de
langouste et de murène, puis les petits poissons qui vont subir le feu
pour la première fois (congres gris de rocher, murènes, grondaous,
pajots, rascasses, sars, Saint-Pierre, chapons, rougets, girelles et
grives). L’ébullition se rétablit vite, et vingt minutes après la bouillabaisse
est terminée. Elle est trempée dans le faitout garni de tranches minces de pain
séchées au feu mais non grillées, retiré avant qu’il ait pris couleur.
Les morceaux de poisson sont dégustés en même temps que le bouillon, et
parfois que les pommes de terre. Les proportions varient selon le nombre des convives et l’imprévu de la
pêche. A Paris, je fais réaliser une excellente bouillabaisse avec homard,
congre, lotte, Saint-Pierre ou cabillaud.
Dr G. LEBRET, Paris.
BOUILLABAISSE.
Ce qui est indispensable : Une langouste, quelques crabes, de la rascasse et trois ou quatre
autres poissons de roche qui sont, en plus de la rascasse déjà nommée :
le roucaou, le serran, la galinette, la girelle, le congre, la
baudroie, le merlan, la murène, le Saint-Pierre, etc. Pour six personnes, il faut
au moins 1 kilogramme de pain. Pour avoir un prix de revient abordable, il faut la faire pour un
minimum de six personnes. Le poisson écaillé, vidé et propre, coupez les têtes et les queues,
ajouter les pattes et la queue de la langouste, ainsi que les crabes.
Placez-les dans un plat. Prenez une casserole, mettez une cuillerée à bouche d’huile d’olive par
personne. Hacher finement de gros oignons. Faites roussir. Ajoutez quatre tomates hachées, un bouquet garni
(fenouil, persil, laurier), un morceau d’écorce d’orange, deux gousses
d’ail, sel, poivre, safran (quatre petits paquets). Rangez dessus votre poisson et faites un peu mariner. Puis arrosez le
tout d’eau bouillante (un verre par personne, plus un verre en sus pour
la cuisson).
Mettez votre casserole sur un feu
très vif et poussez à l’ébullition.
Pour être à point, la bouillabaisse doit bouillir de 10 à 15 minutes,
pas davantage. Retirez alors votre casserole. Versez le bouillon sur
des tranches de pain d’un demi centimètre d’épaisseur que vous aurez
préalablement coupés et rangés dans un plat creux (à peu près deux
tranches par personne). Dressez votre poisson en évitant de le briser,
sur un autre plat et servez. Il est indispensable que la cuisson s’opère rapidement ; c’est une
cause
sine qua non
de réussite. Pour éviter que les poissons se
brisent mettre en premier lieu les espèces suivantes : rascasses,
congres, murènes, langoustes et crabes. Quelques minutes après :
roucaoux, serrans, girelles et poissons blancs. Les vrais amateurs font
préalablement bouillir à part les petits
poissons ; on les passe ensuite dans un linge ou au tamis et on emploie
ce bouillon comme eau pour préparer la bouillabaisse. Cette
préparation lui donne plus de saveur et de velouté et permet de
ne présenter sur la table que de belles pièces. Maintenant, si vous
n’avez pas le bonheur d’habiter sur les bords de la
grande bleue, vous ne mangerez jamais une bouillabaisse parfaite, pour
la bonne raison que vous ne trouverez, ni dans l’Océan, ni dans la
Manche, tous les poissons requis à cet usage, vous ne pourrez y mettre
ni rascasse ni roucaou, ni Saint-Pierre, parce que ces poissons ne
voyagent pas.Je vous conseille après de boire un petit vin blanc de
Cassis, dont
vous me donnerez des nouvelles.
Dr BARBIER DE LA SERRE, Agen.
BOUILLABAISSE A LA MARSEILLAISE. Bases
pour six personnes : 4 rascasses ; 1 Saint-Pierre ; 1 baudroie ; 2
rouquiers ; 3 tronçons de congre ; 2 langoustines, coupées en deux sur
la longueur ; ½ litre de moules et quelques crabes. Tous très frais ; 1
verre de vin blanc ; 2 oignons ; 2 blancs de poireaux ; 2 tomates
concassées ; 3 gousses d’ail ; 1 cuillerée à
soupe de safran ; thym, laurier, fenouil, citron,
farine. Émincer les oignons, les blancs de poireaux, les tomates
pressées et
pelées, faire revenir à l’huile d’olive dans une casserole. Ajouter les
poissons tronçonnés ; les sauter et les saupoudrer d’une cuillerée de
farine. Ajouter un verre de vin blanc sec, un bouquet garni, une bonne
pincée de safran, trois gousses d’ail broyées et les chairs d’un
citron, sans écorce ni pépins. Verser sur le poisson assez d’eau chaude
pour le couvrir, saler et faire cuire un quart d’heure à feu vif. Le
poisson étant cuit, le dresser sur un plat et le tenir au chaud. Passer
le bouillon au chinois et le verser sur des tranches de pain de
ménage grillées.
Dr A. LOURTAU, Toulouse.
BOUILLABAISSE A LA ROUILLE. 1°
La Bouillabaisse
(pour six personnes) : Il faut un kilogramme de poissons, la plupart de
roche, très frais :
rascasse, Saint-Pierre, loup, grondin, langouste, sans oublier les
délicieuses cigales de mer et quatre beaux morceaux de merlan ou de
bar. Faites-les mariner avec quatre cuillerées de véritable huile
d’olive fruitée, une tomate, du persil, un grain d’ail, deux pommes de
terre coupées en tranches. Et cela pendant six heures. Après ce temps,
à feu vif, le jus de la marinade, faites dorer un
oignon, la tomate, l’ail, le persil ; joignez-y les têtes de poissons
et saupoudrez de farine. Une fois cette préparation au point, étendez
ce jus avec deux tiers d’eau et un tiers de bouillon de bœuf dégraissé
; ajoutez une feuille de laurier, une branche de fenouil, des pommes de
terre, un peu de sel, beaucoup de poivre, et tous les poissons. Faites
cuire à feu moyen pendant vingt bonnes minutes, jusqu’à cuisson
complète de la langouste. Dorez alors ce bouillon que vous recueillez à
part, avec du safran
jusqu’à teinte d’or jaune. Versez-le sur des tranches de pain grillées
des deux faces, en comptant deux tranches de pain par personne, et en
évitant de les faire trop épaisses car elles gonfleront beaucoup.
Servez très chaud le pain et le bouillon dans la soupière, et, à part
et à sec, dans un plat, les beaux morceaux de poissons (langouste,
merlan, etc.) et les pommes de terre.
2°
La sauce à la rouille : Faites tremper un piment rouge pendant six heures dans un verre d’eau
fraîche. Dans une coupe de bois de pin, pilez le piment avec une gousse d’ail
cru, deux foies de poissons, blanchis, autant que possible de dorade,
une mince tranche de pomme de terre de la bouillabaisse, couvrez et
patientez une heure. Puis étendez ce mélange avec huit à dix fois son volume de bouillon de
la bouillabaisse. Remuez bien, filtrez au tamis fin. Servez dans une
saucière chaude. On ajoute la rouille à la bouillabaisse par petites cuillerées pour
obtenir le « tonus » que l’on désire et qui varie selon les palais. Boire un vin blanc du type du vin de Cassis.
La légende la Rouille :
Elle me fut contée par un vieux pêcheur de Cary. Deïclause, par ses
cajoleries attirantes, avaient enflammé l’amour du jeune pêcheur
Victor. Mais la fille du Conse de Carro était bien trop gentille femme
pour lui, simple salarié du patron Guilhem. L’histoire fut banale,
brutale comme toujours. Un soir pourpre de soleil couchant, sur la mer
violette, Elle s’élança
dans la galère capitane de la flotte massilienne. Or, à ce moment, près
du port, Victor faisait une bouillabaisse qu’il
rêvait de manger avec Elle : les fiasques de vin de Cassis étaient au
frais sous la carène de la vague ; le pêcheur avait mis tout son art
dans la composition du plat national, et tandis qu’à genoux devant le
foyer il surveillait le deuxième bouillon de la soupe divine, Elle
passa, fière, aux côtés de l’élu. Victor tendit les bras à la forme
blanche qui le narguait encore sur la
proue du navire. Dans l’air salé un rire d’argent sonna clair : «
Tiens, ami, mange ta
bouillabaisse et oublie-moi !... » A ses pieds, comme devant un chien
que son maître abandonne, tombèrent deux piments rouges et un foie de
poisson que la belle lui jetait, du haut pont, tandis que s’éloignait
la galère. Mais la main aimée avait touché ce détritus des repas du
bord : plus
douce que le cœur sauvage elle y laissa, pour le désespéré, un peu du
parfum chéri… Alors, malgré ses larmes, il le recueillit, l’accommoda
comme elle, par
ironie, le lui avait enseigné… Bonnes gens qui appréciez la Rouille,
pensez en la dégustant que c’est
le dernier parfum d’un rêve, le goût amer d’un amour brisé, mais aussi
la force revigorante de la rupture d’un lien, la liberté neuve
d’actions redevenues possibles… Et méditez…
Dr Charles VINCENTI, Avignon.
BOURRIDE.
Mets provençal qui est une sorte de bouillabaisse liée à l’aïoli. Prendre deux gros merlans, trois rascasses, une belle daurade, quatre
ou cinq rougets, une baudroie, un Saint-Pierre, deux langoustes. Couper
ces poissons en tronçons, les mettre dans une casserole large dont le
fond aura été garni avec oignon émincé, thym, fenouil, laurier, zeste
d’orange séché. Couvrir d’eau bouillante, saler, poivrer et faire cuire
dix minutes à gros bouillon.
Ranger sur un plat creux des tranches de pain d’un centimètre
d’épaisseur, les humecter d’un peu de bouillon de poisson. Mettre dans
une autre casserole deux cuillerées d’aïoli et un jaune d’œuf par
convive. Passer dessus, petit à petit, le bouillon en tournant avec le
fouet. Poser la casserole sur un feu très doux et faire prendre comme
une crème, sans cesser de remuer et en évitant l’ébullition. Quand la
préparation est épaisse et qu’elle masque la cuiller, la verser de
suite sur les tranches de pain. L’usage habituel, en Provence, est de
dresser les morceaux de poisson sur un plat, puis de servir la soupe en
même temps. La bourride, comme la bouillabaisse, est un mélange de poisson et de
soleil !
Dr BEAUCHARD,
Saint-Aignan-sur-Cher.
BOURRIDE. Couper en tronçons une demi-baudroie, un loup, un demi-merlan (à noter
que sur les bords de l’étang de Berre on fait avec des muges de
fameuses bourrides). Mettez les poissons dans une casserole avec oignon, thym, fenouil
laurier, écorces d’orange ; mouillez avec de l’eau, salez, poivrez,
laissez cuire douze à quinze minutes. Pendant ce temps, coupez dix à douze tranches de pain, assez épaisses,
un bon centimètre et rangez-les dans un légumier. Le poisson cuit, retirez-le de côté et imbibez les tranches de pain de
son bouillon. Vous avez préparé auparavant l’aïoli, à raison de deux
grandes cuillerées par convive, ajoutez à cet aïoli un jaune d’œuf par
personne. Versez dedans, en le passant, le bouillon de poisson, une fois bien
délayé, mettez-le dans une casserole et avec une
cuiller en bois,
remuez sur feu doux jusqu’à ce que ça commence à épaissir en masquant
le bois de la cuiller et
sans laisser bouillir. A ce moment arrosez les tranches de pain. Dressez le poisson sur un
plat à part et faites-le passer en même temps qu’une saucière d’aïoli.
Dr FRANÇOIS, Marseille.
BOURRIDE DE BAUDROIE A LA MODE DE SÈTE. Hachez finement ensemble : salade, poivrons, céleri, carottes, oignons,
persil et ail ; faites revenir à la casserole avec un peu d’huile ; y
jeter la baudroie coupée en morceaux et ne pas trop laisser roussir.
Ajouter un peu d’eau, le poisson en rendant toujours ; il vaut mieux en
ajouter ensuite, si c’est nécessaire. Saler et poivrer, ajouter un peu
de laurier et de thym. Laisser cuire une vingtaine de minutes. Au moment de servir faire une
liaison avec un jaune d’œuf monté à l’huile.
Dr A. LOURTAU, Toulouse.
DAURADE SAINT-LAURENT.
Choisissez une belle daurade fraîche d’au moins 500 grammes et
videz-la. Pratiquez quelques incisions parallèles de chaque côté. Salez
discrètement. Garnissez l’intérieur de ce poisson d’un bouquet fait
avec quelques brins de thym, de persil, de fenouil, de basilic, de
cerfeuil et d’une feuille de laurier. Faites tremper quelques minutes
le poisson ainsi préparé dans un peu d’huile d’olive mélangée de
chapelure. Préparez une bonne braise avec des sarments de vigne ;
interposez entre
le gril et le poisson quelques tiges de fenouil. Laissez cuire à grand
feu. Pendant la cuisson, sans arrêt, au moyen d’un petit bouquet de
thym et
de fenouil, arrosez doucement les deux faces de votre daurade. Au
moment de servir, enlevez le bouquet garni enfermé dans le ventre du
poisson. Dressez la daurade sur un lit de fenouil orné de branches de
céleri et de copeaux de beurre frais.
Dr BOURGIN, Soctrang
(Cochinchine).
LAMPROIE A LA MODE DE BORDEAUX.
Cette façon de préparer la lamproie est très en vogue à Bordeaux. C’est
en somme une façon de matelote mouillée au vin rouge et qui comporte
une garniture de blancs de poireaux coupés en tronçons réguliers. On
prépare ainsi cette matelote : Saignez les lamproies. Réservez le sang
qu’elles auront rendu pour, en
dernier lieu, lier la sauce. Échaudez les poissons et en enlever la
peau en les raclant. Retirer le nerf central des poissons, ce que l’on
fera en opérant de la
façon suivante : coupez le bout de la queue du poisson ; faites une
incision autour du cou, au-dessous des ouïes, et, par cette ouverture,
saisir le nerf avec un linge et l’enlever en tirant dessus. Détaillez
les poissons en tronçons de 6 à 7 centimètres. Mettez ces
tronçons, placés bien à plat, dans une casserole à rebords peu élevés,
beurrée, foncée de deux oignons et de deux carottes émincées. Mettez un
fort bouquet garni au milieu de poisson ainsi qu’une ou deux gousses
d’ail. Assaisonnez ; mouillez de vin rouge en quantité suffisante pour
couvrir
le poisson. Cuisez vivement, la casserole couverte, pendant dix
minutes. Égouttez les morceaux de poisson ; les remettre dans la
casserole en
les alternant avec des blancs de poireaux, longs de 5 à 6 centimètres,
et que, d’autre part, on aura légèrement fait revenir au beurre avec
quatre cuillerées de jambon cru coupé en dés. Avec la cuisson de la
lamproie, passée à la passoire fine. Mouillez un
roux blond, fait de beurre et de farine. Cuisez cette sauce pendant
douze minutes et passez-là. Versez cette sauce sur la lamproie et les
poireaux. Cuisez, à chaleur
douce et la casserole couverte, pendant quinze minutes. Prenez la
lamproie et les poireaux dans un plat creux. Versez dessus la
sauce que vous aurez liée avec le sang mis en réserve. Entourez de
croûtons frits au beurre.
Dr Ernest MONTAGNÉ, Bordeaux.
SOUFFLÉ DE MERLAN.
Lever les filets d’un merlan de 200 à 300 grammes. Faire avec les
arêtes et la tête un fumet. (Mettre l’arête dans une petite casserole ;
mouiller de 1 décilitre d’eau ; ajouter une pincée de sel, un brin
minuscule de thym, un fragment de feuille de laurier et une goutte de
jus de citron ; faire bouillir six à huit minutes. Passer à la
mousseline). Mettre les filets dans une plaque légèrement beurrée
mouiller avec le fumet, saler ; faire cuire cinq à six minutes au four.
Laisser refroidir les filets de merlan, les passer au tamis fin,
ajouter à la purée une cuillerée de sauce blanche spéciale faite avec
le fumet de cuisson et un jaune d’œuf. Mélanger et assaisonner et, au
dernier moment, ajouter un blanc d’œuf fouetté très ferme. Remplir une
timbale en métal (ou une casserole en porcelaine), beurrée
et faire cuire de huit à douze minutes à feu modéré. Servir sans
attendre.
Dr BARBIER DE LA SERRE, Agen.
MORUE A LA PROVENÇALE. La morue étant bien dessalée, placez-la
à sec, dans une casserole
fermée sur la cuisinière, à feu modéré. Après quelques minutes, jetez
l’eau que la morue aura rendue en abondance. Refermez la casserole et
recommencez deux fois l’opération. Quand la morue ne jette plus d’eau,
elle est cuite, tendre et jamais sèche ni filandreuse. Partagez en minces filets le poisson cuit comme ci-dessus ; mettez les
morceaux dans une casserole où vous aurez déjà déposé du beurre, du
persil, un peu d’ail haché, du poivre ; du sel et une douzaine
d’olives. Faites cuire doucement une bonne demi-heure, ajoutez un jus
de citron et arrosez, au moment de servir de deux à trois cuillerées de
fine huile d’olive.
Dr Raymond HABAULT, Vierzon,
MORUE AU GRATIN A LA MARSEILLAISE. Couper la morue en carrés, la faire blanchir et égoutter ; la passer
dans du lait et la rouler dans la farine ; la faire dorer dans un peu
de beurre et d’huile ; la dresser dans un plat, l’entourer de moules et
de champignons. Verser dessus une sauce béchamel et faire gratiner au
four.
Dr FRANÇOIS, Marseille.
MORUE (SOUFFLÉ DE).
Piler finement 250 grammes de morue fraîchement cuite et effeuillée,
ajouter petit à petit quatre cuillerées de béchamel très épaisse (on
peut employer un reste de brandade à laquelle on ajoute la béchamel).
Chauffer la pâte dans une casserole, ajoutez six jaunes d’œufs, puis
huit blancs en neige très ferme. Mettre au four douze à quinze minutes.
La composition doit doubler de volume ; servir aussitôt.
Dr FRANÇOIS, Marseille.
LA BRANDADE DE MORUE. La brandade, que Thiers appelait un peu ironiquement, un peu
malicieusement, un chef-d’œuvre du genre humain, était peu appréciée de
Mme Thiers qui, entre autres bonnes raisons, l’interdisait à son
époux pour ménager son estomac. L’historien Mignet se fit le complice de son ami pour tromper la
vigilance de son épouse, d’autant plus qu’il en était fort amateur
lui-même. Pour ce faire, il arrivait chez Thiers avec un volumineux paquet sous
le bras. Ils prétendaient avoir à travailler dans le bureau où ils
défaisaient le paquet et se délectaient tous deux d’une bonne, blanche
et odorante brandade…
Préparation
: La morue mise à l’eau froide est près de bouillir, on l’écume, et on
la
met loin du feu. On la couvre dix minutes, on l’égoutte et on l’épluche
très bien. Elle est mise dans une casserole avec un peu d’huile
d’olive. La casserole va à feu doux et on tourne une demi-heure. Il
faut réduire la morue en bouillie compacte et la mouiller avec du
lait chaque fois qu’elle menace de prendre trop de consistance. Prendre
ensuite et hacher fin deux truffes, ajouter de l’huile, goutte
à goutte, en tournant toujours. Finir en salant et en poivrant
fortement. Un peu d’ail pour terminer (l’ail est pourtant facultatif).
Dr FRANÇOIS, Marseille.
MORUE A LA NIÇARDE (ESTOCKFICADE).
Tremper le stockfish trois jours à l’eau froide courante, racler, ôter
l’arête, puis couper en petits morceaux carrés. « Océan » d’huile fine,
« monceau » d’oignons hachés fin, faire revenir
dans une casserole, en terre si possible, faire passer un instant le
stockfish, ajouter tomates à foison, sel, un nuage de poivre, épices,
girofle, muscade, pas un « bouquet garni », mais une « gerbe », une «
fascine » d’aromates, thym, laurier, romarin, ail en masse, persil,
basilic. Réduire une demi-heure. Un verre de madère. Mouiller d’eau
bouillante, ajouter pommes de terre, nouvelles ou non, coupées en
tranches épaisses. Couvrir, faire partir, passez au four une heure et
demie. Dégraisser légèrement, ajouter olives noires salées et
blanchies. Servir chaud.
Dr FRANÇOIS, Marseille.
LE POUPETON.
Le poupeton permet d’utiliser les restants d’une bouillabaisse, après
le départ des invités qui auraient eu l’inconvenance de ne pas lécher
le fond du plat. Ramassez pieusement ce que vous trouverez comme débris
de chair des
rougets, des rascasses, des Saint-Pierre et autres bestioles marines ;
agrémentez ces dépouilles de bribes oubliées de queues de lottes ou des
crustacés échappés au ravage. Pilez dans un mortier avec deux
cuillerées de crème et trois fois
autant d’une panade épaisse cuite dans du lait. Quand le mélange est
parfait, vous ajouterez successivement trois
jaunes d’œufs, deux cuillerées de parmesan frais râpé, les trois blancs
battus en neige, une truffe et un cèpe émincés. Assaisonnez légèrement.
Le plus dur est fait. Encore un peu de courage ! Il vous reste à
beurrer un moule ; on y verse avec précaution
l’appareil ; on porte le tout dans un bain-marie au four et on laissera
cuire une demi heure. Le temps révolu, démouler et servir au milieu
d’une couronne garance de
tomates sautées le plus simplement du monde, à l’huile, dans la poêle.
Un Mercurol blanc n’est pas de trop. La recette provient du Rhône
inférieur et se déguste dans toute la
Provence côtière.
Dr Raymond BOISSIER, Paris.
RASCASSE A LA SUFFREN (CASSOULET DE). Se procurer deux belles rascasses de bonne taille, bien fermes, de 300
à 400 grammes chaque, trois têtes d’ail, deux oignons, de l’huile,
strictement d’olive et de l’année,
poivre, sel, cumin et persil. Une
petite terrine plate, de celles qui servent pour le confit d’oie. Après
avoir vidé les poissons, on remplit d’eau fraîche une
poissonnière appropriée ; au premier bouillon, on jette dedans les
oignons et, trois minutes après, les rascasses. On laisse cuire dix
minutes, montre en mains ; on retire sur un
égouttoir et, dans un plat, on se met en devoir d’enlever la peau et
les arêtes. On dresse alors les filets de poisson sur une assiette et
on laisse complètement refroidir. Pendant ce temps, on pile l’ail au
mortier. Le travail achevé, on
ajoute des morceaux de rascasse que l’on écrase modérément au pilon, en
versant le poivre et le cumin pour saupoudrer, et un peu de sel. Dès
qu’on a obtenu une masse bien homogène, on place sur un feu vif une
poêle à frire où l’on a jeté trois cuillerées à soupe d’huile. Lorsque
l’huile chante, on y fait tomber à la fourchette la masse retirée du
mortier ; on tourne sur le feu et on fait sauter et dorer. Dans la
terrine, préalablement flambée au rhum, on dépose la friture et
on tasse très exactement avec une fourchette. On laisse refroidir dans
un garde-manger placé dans une cave bien
fraîche ; on recouvre d’un bon saindoux (un demi-centimètre) et on
garnit de persil. On utilisera ce cassoulet soit le matin, au petit
déjeuner, avec des
olives et du vin rouge, soit au repas de midi comme entrée. Cette
recette, commune sur la côte méditerranéenne, daterait du Bailli
de Suffren. Elle est délicieuse.
Dr J. ARONVALD, Ézy.
THON A LA PROVENÇALE. Prendre une tranche de thon frais un peu épaisse, l’arroser légèrement
d’huile d’olive, saler, poivrer ; la faire griller sur de la braise de
sarments de vigne en la retournant une seule fois. En même temps, faire bouillir dans une casserole un demi-verre de
vinaigre de vin avec une feuille de laurier ; quand le vinaigre a
diminué de moitié, le verser bouillant sur la tranche de thon et servir
sur un plat très chaud.
Dr Gaston-A. MANOUVRIER, Directeur du domaine neuro-psychiâtrique du
Pont-du-Cens, près Nantes.
THON A LA BONNE FEMME (ROUELLE DE). Ayez une rouelle de thon, c’est-à-dire une tranche prise sur le milieu
du corps du poisson et d’une épaisseur de 6 centimètres (environ 750
grammes en poids). Mettez-la dans une casserole avec de l’eau froide ; faites-la bouillir
huit minutes et séchez-la dans un linge. Ensuite, avec quatre
cuillerées d’huile, faites-la colorer des deux côtés et retirez-la sur
un plat. Dans la même huile, faites blondir légèrement un oignon haché ; ajoutez
une forte cuillerée de farine ; cuisez quelques minutes et mouillez
avec un demi-litre de vin blanc et bouillon et un demi-verre de
vinaigre. Mettez en ébullition, en remuant et ajoutez deux grosses
tomates ou trois moyennes pelées, pressées et hachées, un bouquet
garni, un grain d’ail écrasé, sel et poivre. Remettez la rouelle dans cette sauce ; couvrez et cuisez doucement, au
four de préférence, pendant quarante-cinq minutes. Au moment de servir,
dressez la rouelle sur un plat. Ajoutez dans la sauce quatre cornichons hachés (ceux-ci ne doivent pas
bouillir dans la sauce, c’est pourquoi ils ne sont mis qu’au moment de
servir et hors du feu). Versez la sauce sur le thon ; parsemez dessus une cuillerée de câpres
et une pincée de persil.
Dr G. LEBRET, Paris.
TRUITES A LA VALBORGNE. Videz le poisson, salez, épicez légèrement. Parfumez discrètement de laurier, de basilic, ou d’ail, selon votre
goût. Bourrez le ventre vide d’une lèche de pain trempée au lait, bien
beurrée, roulée dans le persil fin haché, et refermez. Enduisez le poisson de beurre et enveloppez-le en son plein de feuilles
de vignes prises aux souches du cagnard de vigne longue. Allongez-le
alors dans une gloute de verre. Arrosez-le, qu’il baigne à sa moitié,
d’eau coupée de bon vin, deux d’un, un de l’autre. Vous fermez d’une
taie de papier huilé, le couvercle par dessus et mettez au four.
Surveillez pour retourner une fois. Quand le jus est réduit, les
feuilles dorées, vous pouvez servir.
G. de
BOUSQUET, à Saint-André-de-Valborgne (Gard).
TRUITES DE L’HÉRAULT FRITES AU LARD. Faire fondre dans une poêle des tranches de lard. Quand le lard est
fondu, retirer les lardons et mettre à la place les truites
préalablement vidées, lavées et enfarinées. Laisser prendre une belle
couleur. Servir avec une décoration faite de quelques branches de
persil et de rondelles de citron.
Légende :L’histoire et, peut-être bien, la légende encore plus que l’histoire,
prétend que, vers l’an 1002, sous le règne de Robert Ier, des moines,
venus d’Aniane, en remontant la vallée de l’Hérault pour se rendre à
l’abbaye de Bonheur que venait de fonder H. de Roquefeuil, s’arrêtèrent
au pied de l’Aigoual, surpris et ravis par les belles et nombreuses
truites qu’ils voyaient nager dans la rivière. Ils s’y fixèrent pour consommer des truites dont ils étaient friands.
Ce fut l’origine de Valleraugue ; ce fut aussi celle de la recette,
transmise de génération en génération, des truites préparées au lard.
Ces moines, en effet, n’ayant pas d’autre assaisonnement à leur
disposition, furent les premiers à cuire les truites avec le lard
qu’ils allaient quémander chez le paysan.
Dr CAMBESSÉDÈS, Valleraugue
(Gard).
TRUITES A LA PACERONATA.
Pour quatre personnes : Prendre douze truites de moyenne taille ; les étriper, les saler, les
plonger ensuite dans une poêle contenant deux litres de vin rouge de
Corte (le vin doit être de la dernière récolte). Jetez sur le tout deux
douzaines de piments rouges hachés menus, une dizaine de gousse d’ail
et faire cuire à petit feu jusqu’à ce que le liquide soit réduit des
trois quarts. Servez chaud.
Origine de la Paceronata : Avant l’apparition du phyloxera, le Cortenais n’était qu’un vaste
vignoble. La récolte de vin fut coup sur coup si abondante qu’une année
on dut jeter quelques milliers d’hectolitres de vin de la récolte
précédente dans les eaux glacées de la Restonica. Quelques instant
après, c’est par centaines qu’on pouvait ramasser les truites, saoûles
comme des Polonais, flottant le ventre en l’air. Quelqu’un s’avisa de
faire frire de ces truites dans un bouillon fortement pimenté. La
paceronata était inventée.
Dr Xavier POLI, Bastia.
PAUCHOUSE DE LA SAONE.
Ceci est un excellent plat régional ; c’est la meurette bourguignonne,
mais faite au vin blanc et, pour la réussir à souhait, il faut du
poisson, sinon vivant, du moins de toute première fraîcheur et
d’espèces variées ; il faut surtout aussi un vin blanc léger et sec
(celui dont on dit qu’il a un goût de « pierre à fusil »). On
n’obtiendrait rien de bon avec du Graves ou du Sauternes, par exemple.
Ces préliminaires connus, voici, pour quatre ou cinq personnes, le
modus faciendi : Couper en
dés du lard gras ; le faire revenir et prendre couleur dans
une bonne cuillerée de beurre. Faire un roux blondi fortement avec une
cuillerée de farine. Mouiller d’un tiers d’eau et deux tiers de vin
blanc, le tout formant
environ 1 litre et demi de liquide. Y mettre cuire six aulx, six
oignons moyens pendant une heure et demie environ à feu assez vif.
Assaisonner de sel, poivre moulu (il en faut beaucoup et, bien que cela
puisse paraître énorme, il n’y en a jamais de trop), épices, trois
clous de girofle piqués dans un oignon, bouquet garni.
Pendant que cette cuisson s’achève : 1° Éplucher, vider, nettoyer et couper le poisson, qui doit comporter
des espèces à chair ferme : brochet, perche, carpe, d’autres à chair
grasse : anguille ou tanche. Y joindre un poisson blanc, chevesne ou
rousse (qu’on ne mange généralement pas, mais qui rend le plat plus
moelleux) ; 2° Pétrir, pour la liaison de la sauce, une cuillerée de farine avec
une bonne cuillerée de beurre frais. Marier le tout et spatuler pour
bien incorporer la farine au beurre ; 3° Faire griller des petits croûtons de pain épais d’un doigt et les
frotter d’ail. Les ranger alors dans le plat creux où le poisson sera
servi.
La
sauce étant cuite, comme il est dit plus haut, y mettre le poisson,
l’y laisser dix minutes, un quart d’heure au plus, de façon qu’il reste
ferme (légère ébullition sous un feu modéré). Le sortir à l’aide d’une
écumoire et le poser délicatement sur les croûtons. Tenir au chaud.
Enfin, par petites boulettes, incorporer le beurre manié de farine dans
la sauce d’où l’on vient de retirer le poisson. Remuer à la cuillère de
bois et laisser à peine bouillir (cinq minutes suffisent pour tout
cela). Passer à la passoire fine sur le poisson et les croûtons et
servir chaud.
Dr Paul BIDAULT, Les Maillys
(Côte-d’Or).
PAUCHOUSE DE SAINT-JEAN-DE-LOSNE.
Pour 1.000 grammes de poisson, il faut : 250 grammes de beurre manié
avec de la farine ; 125 grammes de gros lard ; une poignée de gousses
d’ail. On emploie en général trois sortes de poissons dans les
suivantes :
anguille ou lotte de rivière, brochets, grosses perches, tanches,
carpes, barbeau, etc. Coupez le poisson en tronçons (après l’avoir
écaillé et vidé). Coupez
également le lard en petits carrés ou dés. Mettre d’abord ces dés de
lard au fond de la casserole avec la poignée d’ails écrasés (avec le
dos d’une fourchette), un bouquet de thym, en été, une branche
d’estragon (pas de laurier). Placez sur tout ceci les tronçons de
poissons, salez, poivrez (assez) ;
mouillez au vin blanc, que cela baigne. Faites partir à gros feu. Au
moment où cela bout, mettez,
par petites cuillerées, votre beurre
manié (cela forme une crème épaisse), agitez la casserole que cela se
mélange bien régulièrement (ne vous servez pas de la cuillère, vous
casseriez votre poisson). Laissez cuire vingt à vingt-cinq minutes un
peu moins fort qu’au début ; dès que le beurre est pris, retirez du
plein feu et laissez mijoter sur le coin du fourneau. Coupez de petites flûtes de pain en rondelles, frottez-les avec de
l’ail partout et passez-les au beurre dans une poêle. Placez-les au
fond d’un plat creux, vos morceaux de poissons en pyramide et la sauce
pour arroser le tout. Servir très chaud.
Dr GUICHARD, Saint-Jean-de-Losne.
B) CALMARS, SEICHES, CRUSTACÉS, COQUILLAGES, GRENOUILLES
CALMARS FARCIS.
Nettoyer soigneusement des calmars faisant des cornets de 12 à 15
centimètres. Les débarrasser de toute pellicule un peu noire pouvant y
adhérer ; enlever tête et pattes, mais en les réservant. Ayant bien
vidé les cornets, les remplir de la façon suivante : Mettre dans une
petite casserole à fond épais deux oignons hachés
grossièrement, les faire revenir au beurre, ajouter deux cuillerées
d’eau ; couvrir la casserole et laisser mijoter dix minutes. Tremper un
peu de mie de pain dans de l’eau ou du lait froid ; faire
cuire un œuf mollet ; hacher les pattes réservées et mélanger le tout.
Sel, poivre et persil haché. Remplir les cornets avec cette farce, mais
modérément, car elle gonfle
un peu. Coudre les cornets. Les mettre dans une cocotte en fonte ou une
casserole émaillée épaisse avec trois ou quatre cuillerées de bonne
huile d’olive bien chaude ; faire revenir un instant, ajouter quatre
gousses d’ail
non épluchées, laurier, girofle, deux cuillerées de
sauce tomate, rouge et épaisse, un peu de vin blanc si on veut, sel,
poivre, un petit morceau de piment ; ajouter deux verres d’eau, laisser
mijoter une bonne heure, à couvert et à feu doux. Ajouter à la fin un peu de safran. Ne perd rien à être réchauffé.
Dr NOEL, Paris.
CALMARS ROSES FARCIS. Nettoyer les calmars ; hacher leurs tentacules avec ail, persil ;
ajouter chapelure et faire revenir le tout dans une cuillerée d’huile.
Garnir de cette farce les poches des calmars. Coudre. Arroser de vin
blanc et de beurre. Mettre au four. A mi-cuisson, saler, poivrer,
saupoudrer de chapelure.
Dr André TACHERON, Pau.
SEICHE A L’AGATHOISE. Après avoir bien nettoyé la Seiche à l’eau froide jusqu’à ce qu’elle
soit bien blanche, préparez un hachis, moitié porc, moitié veau, avec
oignon, persil, sel et un jaune d’œuf cru pour le lier. Introduire cette farce dans la poche de la seiche ; coudre l’extrémité
de cette poche. Mettre de l’huile d’olive dans une casserole, y faire roussir de
l’oignon et du jambon, y mettre assez d’eau pour couvrir la seiche
faire bouillir et y déposer alors la seiche avec quelques carottes et
des olives noires. Faire cuire quatre heures. Ce plat se prépare ainsi à Agde, petit port de cabotage de l’Hérault.
Dr LAFON, Toulouse.
LA SEICHE AU RIZ. La seiche, céphalopode mou répandu dans toutes les mers, de forme
ovale, est reconnaissable à son
sépion, ou os de seiche, placé sous
la peau du dos et à la
sépia,
substance noire qu’elle rejette pour
troubler l’eau et échapper à l’ennemi. C’est un mets succulent quand la
seiche est fraîche et tendre, dont voici une préparation peut-être peu
connue et digne des plus fins gourmets. Prendre une seiche bien
fraîche, la bien nettoyer, la vider ; peler,
faire rendre la sépia, enlever l’os de la seiche ; bien laver. Faire
roussir à la poêle des oignons dans de la bonne huile, la seiche
découpée en morceaux (pattes et corps). Bien cuire la seiche dans son
jus ; un quart d’heure avant de servir,
jeter dans la poêle un quart à une demi-livre de riz de première
qualité, saler, poivrer et ajouter une pincée de safran qui colore et
donne le bon goût à la préparation. Cuire un quart d’heure. On peut
servir à part la seiche et le riz, mais chez nous on les
présente sur le même plat juteux.
Dr Jean BÉDOS, Agde.
LA LANGOUSTE A LA PROVENÇALE (
Recette du pêcheur). Prenez plusieurs langoustes femelles vivantes. Coupez-les en tronçons.
Enlevez les œufs et excréments que vous mettrez dans un mortier. Faites
roussir dans l’huile d’olive, oignons et tomates hachées. Ajoutez vos
morceaux de langouste et laissez revenir. Versez ensuite un peu d’eau
(très peu) et assaisonnez convenablement (fenouil, persil, sel, poivre,
deux gousses d’ail, une cuillérée à soupe d’eau-de-vie, (si vous
voulez). Pendant la cuisson prenez votre mortier ; ajoutez aux œufs de la
langouste et aux excréments un jaune d’œuf et montez vigoureusement une
mayonnaise. La cuisson terminée, retirez votre casserole du feu, mélangez votre
mayonnaise à la sauce des langoustes et servez le tout chaud sur un
plat.
Dr BARBIER DE LA SERRE, Agen.
LANGOUSTINES FRITES (QUEUES DE). (
Un plat Maltais). A La Valette, les langoustines se vendent mal. Profitons-en, car il en
faut une platée de quinze à vingt par convive. Faites-les cuire en les jetant vivantes dans de l’eau de mer bouillante
– les crustacés ne donnent pas leur avis sur cette préparation, par
pitié pour les cœurs sensibles – une demi-heure. Sortez, égouttez,
levez les queues dont vous extrairez – sauf votre respect – le boyau
culier. Chaque queue – on dirait une larve de hanneton – est enrobée dans une
pâte à frire et jetée dans l’huile. Ce plat n’est pas spécialement recommandé aux dyspeptiques, qui le
remplaceront par les langoustines au gratin. Encore un conseil : Si vous le dégustez à Malte, apportez à boire, car
le vin de l’île, comme agrément, tient le milieu entre le vitriol et le
sulfate de soude. Si les Templiers buvaient sec, je plains les
chevaliers de l’Ordre.
Dr Raymond BOISSIER, Paris.
ÉCREVISSES DE LA HAUTE VALLÉE DE L’HÉRAULT SAUCE PIQUANTE. Pour une centaine d’écrevisses, mettre à blondir un gros oignon haché
très fin dans 250 grammes de beurre ; ajouter quatre belles tomates
pelées et débarrassées de leurs pépins, trois quarts de litre de vin
blanc, trois cuillerées à soupe de farine, une pincée de safran, de
sel, de poivre et de kary. Après vingt minutes de cuisson, passer au tamis, remettre sur le feu ;
à l’ébullition y plonger les écrevisses vivantes (après un nettoyage
soigné). Laisser cuire quinze à vingt minutes, verser dans un plat et servir
chaud.
Dr CAMBESSÉDÈS, Valleraugue.
MOULES A LA PROVENÇALE (PILAU DE).
Faites ouvrir un litre et demi de moules dans un peu d’eau, oignons,
carottes coupées en rondelles, bouquet garni. Décoquiller les moules
dès qu’elles sont ouvertes ; passer soigneusement le jus et le
réserver. Mettre, d’autre part, dans une casserole de cuivre ou mieux
dans un
poêlon en terre, deux à trois cuillerées d’huile d’olive et quantité
égale de beurre, y faire revenir le blanc d’un poireau et deux ou trois
tomates, le tout finement haché. Puis ajoutez 300 grammes de riz que
vous laissez bien s’imprégner en
remuant avec une fourchette. Alors ajoutez l’eau des moules, en
complétant avec de l’eau ordinaire
pour avoir la quantité nécessaire à la cuisson. N’oubliez pas les
proportions qui sont :
deux bols de liquide pour un bol de riz. Vous
ajoutez les moules, environ une demi-cuillerée de safran, mélangez le
tout après avoir salé et poivré ; laissez cuire
à couvert environ
vingt minutes. Surveillez et rappelez-vous ceci : Il faut que tout le
liquide ait été absorbé pour que le riz soit cuit, alors il commence à
s’y former des trous. Laissez sécher quelques minutes au bord du
fourneau, ou si vous voulez fignoler, versez dans un moule à charlotte
dûment beurré que vous laisserez attendre huit à dix minutes et vous
démoulerez sur un plat chaud. Pour accompagner ce pilau, je vous recommande tout particulièrement un
vin blanc des Côtes du Rhône, vraiment charmant, le Mercurol.
Dr T. MALACHOWSKI, Paris.
ESCARGOTS A LA FAÇON DES PÊCHEURS DE LUNE. (
Cacalauso à la Piscaluna.)
Faire jeuner les escargots au moins quinze jours avant de les préparer.
Les laver à grande eau puis les faire bouillir à l’eau salée, d’abord
trente minutes à petit feu, puis autant à gros bouillons. Égouttez et
jetez cette eau. Retirez les escargots des coquilles, enlevez le petit
boyau amer et recoquillez avec quelques gouttes d’huile d’olive.
Plongez les escargots dans un court-bouillon bouillant, assaisonné de
sel, poivre, laurier, fenouil, menthe, thym, eau-de-vie, et laissez
cuire trois heures. Concentrer une partie de la cuisson et y ajouter
quatre à cinq morceaux
d’ail, pilé avec deux anchois, des noix, des échaudés (petits gâteaux à
l’anis) ou, à défaut, de la mie de pain rassis. Mélangez vivement à
grand feu, à la spatule, et finalement, lier avec un jaune d’œuf.
Mettre cette sauce sur les escargots dans une sauteuse, faire sauter
pour faire pénétrer la sauce dans les coquilles. On sert également les
escargots nappés de la sauce sans les recoquiller.Cette recette
d’escargots est très en vogue dans la région de Lunel ;
on sait que cette ville porte dans ses armes l’image de Séléné.
Dr CHUCHE, Paris.
ESCARGOTS A L’AGATHOISE (OU CAGOULAT). Laver les escargots à cinq ou six eaux successives, légèrement
vinaigrées. Les cuire dans de l’eau aromatisée de thym, laurier,
persil, sel et poivre. Après trois heures de cuisson, les escargots
sont cuits ; égouttez-les soigneusement. Pendant ce temps, vous avez préparé ce qui suit (pour cent escargots) :
cent vingt-cinq noix mondées, une brioche, un anchois, une tête d’ail,
du persil et une branche de menthe. Laissez cuire le tout ensemble pour
obtenir une sauce bien liée avec un peu d’huile d’olive ; ajouter
ensuite 25 grammes de jambon cru, haché et rissolé. Mettre les escargots égouttés dans cette sauce, avec leurs coquilles et
laissez cuire doucement une heure, en éclaircissant la sauce avec du
vin blanc dit Picpoul. Au moment de servir, montez à part deux ou trois jaunes d’œufs avec un
verre de la cuisson des escargots, en mélangeant bien. Servez
Dr LAFON, Toulouse.
GRENOUILLES AU BLANC. Écorcher les grenouilles, les faire dégorger une heure dans de l’eau
fraîche, les couper (c’est-à-dire enlever les pattes de devant et une
partie du corps). Les faire sécher dans un linge. Mettre un bon morceau de beurre frais dans une casserole, le faire
fondre y jeter les grenouilles et les faire sauter dans le beurre ; les
saupoudrer avec un peu de farine, sel, à peine, poivre encore moins (en
cuisine diététique). Les couvrir, les laisser cuire. Délayer dans de la
crème un jaune d’œuf avec une pincée de fécule, remuer, mettre dans la
casserole des grenouilles, faire prendre la sauce. Petit hachis de
persil par dessus.
Dr FRANÇOIS, Marseille.
VIANDES DE BOUCHERIE, ABATS, CASSOULETS, COUSCOUS, DAFINA, RIZ A L’ESPAGNOLE
A) BŒUF
BŒUF A L’ANCHOIS.
Historique.
– Depuis mon installation à Beaucaire, j’ai constaté que,
dans les vieilles familles autochtones, on appréciait un mets
particulier, le « Bœuf à l’Anchois ». Les recettes que je me procurais
présentaient de grandes divergences ; il s’agissait d’une sorte de
sauce piquante. Des relations familiales m’ont mis en rapport avec Mme
C… dont les
quatre-vingt-cinq ans n’ont altéré ni l’entrain, ni la mémoire ; cette
dame, petite-fille d’un hôtelier de Beaucaire m’a raconté ceci : Mon
grand-père était propriétaire depuis plusieurs générations d’un
hôtel situé près du Rhône, surtout fréquenté par les bateliers et, en
particulier, par les conducteurs de radeaux de bois qui, autrefois,
flottaient nombreux sur le fleuve. Ces mariniers appréciaient fort la
spécialité de la maison, le bœuf à
l’anchois, qu’ils appelaient la « grillade », bien que le gril ne joue
aucun rôle dans cette préparation. Quelques gourmets d’Arles, Nîmes et
d’Avignon connaissaient aussi cette spécialité et, de temps à autre,
venaient la savourer. Mon grand-père avait abandonné son établissement
qui fut repris par des
étrangers au pays. La foire de Beaucaire n’attire plus personne, les
radeaux ne flottent plus, les bateliers ne s’arrêtent plus ici et cette
ancienne recette fut dédaignée par les multiples successeurs de ma
famille, mais moi, je ne l’ai pas oubliée. Napoléon l’a peut-être
goûtée lors du fameux souper de Beaucaire :
Couper dans la cuisse de bœuf des tranches minces (200 grammes par
personne) faire macérer pendant huit à dix heures dans une marinade
aromatique. Le lendemain, placer dans un poêlon, par couches successives, ail
haché, viande, oignons grossièrement hachés, de façon qu’il y ait huit
à dix couches de chaque chose. Saler, poivrer, mouiller avec le
vinaigre ; faire cuire à couvert pendant deux heures, ajouter alors des
câpres hachées (une à deux cuillerées par personne), faire cuire encore
pendant deux heures, puis mouiller avec de l’eau, lier à la farine et
ajouter un demi anchois pilé par personne. Laisser mijoter quelques
minutes et, au moment de servir, arroser avec un peu d’huile d’olive
vierge. Ce plat est d’autant meilleur qu’il est préparé pour un plus grand
nombre de convives. Réchauffé le lendemain, ce plat ne perd aucune de ses qualités, au
contraire.
Dr J. MARTIN, Beaucaire.
BŒUF MARINIÈRE. Plat cuisiné par les mariniers sur leurs péniches naviguant sur la
Saône et les canaux. Dans le fond d’une cocotte de fonte, mettez des bandes de lard gras de
la longueur et de la largeur d’un doigt, un petit lit d’oignons hachés
fins et des tranches de bœuf prises dans la cuisse ou le paleron. Puis
recommencez : bandes de lard, lit d’oignons, tranches de bœuf, et ainsi
de suite. Salez, poivrez et arrosez avec deux verres de vin blanc, ajoutez
laurier, thym, couvrez bien et mettez au four chaud deux à trois heures
suivant quantités.
Dr GUICHARD, Saint-Jean-de-Losne.
GRILLADE DE BŒUF A LA MARINIÈRE. Prendre une tranche de faux-filet épaisse comme deux doigts. Mariner un
jour ou deux avec vinaigrette, bouquet garni, cognac. Mettre un morceau de beurre dans la poêle et en garnir le fond avec de
gros oignons coupés en tranches. Mettre la tranche de viande et la
marinade par dessus. Puis recouvrir le tout avec des oignons. Laisser
cuire le tout très doucement jusqu’à ce que l’oignon soit bien roussi
et fondu ; environ trois quarts d’heure. Ajouter alors du
bon vin rouge, en couvrant la viande et laisser
cuire ainsi une heure. Servir dans le plat, avec de petits morceaux de beurre frais et un peu
de persil haché sur chaque tranche. Cette grillade s’accompagne bien d’un Châteauneuf du Pape, mais surtout
d’un bon vin de Côte Rôtie, où l’on retrouve la saveur de l’abricot,
autre gloire d’Ampuis.
Dr Camille BADIN, Lyon.
RECETTE DE LA GRILLADE DES MARINIERS DU RHÔNE
Prendre 1 kilogramme de bœuf, en deux tranches, épaisseur de trois
doigts. Faire mariner vingt-quatre heures (avec poivre et sel, huile,
vinaigre, bouquet garni, cognac). Garnir le fond d’une poêle de
tranches d’oignon et de petits morceaux
de lard, y mettre la viande, sans la marinade. Faire légèrement dorer,
puis ajouter la marinade. Faire réduire. Mouiller avec une bouteille de
Côte-Rôtie, d’Hermitage ou de Bourgogne,
ou de bon vin rouge vieux. Ajouter doucement, pour ne pas refroidir.
Mettre un bouquet garni, deux clous de girofle, laisser mijoter trois
heures, couvert, en bouillant tout doucement. Amener la sauce au point
voulu en faisant réduire. Mettre sur la viande un gros morceau de
beurre frais et du persil
haché, au moment de servir.
Dr FRÉCON, Vienne (Isère).
SONNET DE LA GRILLADE DES MARINIERS DU RHONE
De Condrieu, jadis, ils partaient dès l’enfance,
Les mariniers du Rhône, heureux sur leurs bateaux,
Toujours gais et remplis de belle insouciance !
Le Royaume et l’Empire étalaient leurs coteaux.
Ils longeaient les cités, vrais joyaux de la France,
Lyon, Vienne, Avignon, pour citer les plus beaux ;
Ils s’arrêtaient le soir, prêts à faire bombance,
A l’escale accueillante et riche en vins nouveaux.
A table, sur le pont, ils fêtaient la grillade
Épicée et fumante, et toute galéjade
Éveillait à l’entour et la joie et les ris.
Ces temps-là sont passés, la vie était joyeuse,
Mais la grillade reste, elle est encor fameuse :
Vrai régal des gourmets connaisseurs et ravis !
Dr FRÉCON, Vienne (Isère).
DAUBE. Voici
un plat ancien que l’on faisait chez mes parents, quand le
vertige de la vitesse n’avait pas gagné les cuisinières et quand le
cordon bleu ne rendait pas son tablier à la moindre observation.
Achetez 1 kilogramme de bœuf, pris dans le gîte à la noix. Découpez-le
en morceaux réguliers et de bon aloi. Au fond d’une daubière, une
daubière en cuivre rutilant, comme on n’en
voit plus que dans les auberges de campagne, mettez, parmi le saindoux
et l’huile d’olive, 100 grammes de lard maigre, en dés, quatre oignons
coupés en quartiers et un autre piqué d’un clou de girofle, deux
carottes, deux tomates, dix gousses d’ail, le bouquet et quelques
grains de poivre. Sur ce lit d’aromes et de fumet, couchez
douillettement un pied de veau
et les morceaux de bœuf. Couvrez le tout d’un bon vin rouge (ah ! si
vous aviez du Beaune !), fermez votre daubière, faites bouillir pour
exprimer les essences de cette symphonie, puis laissez mijoter pendant
six heures. Bien entendu, la daubière doit cuire feu dessus, feu
dessous. La garniture de la daube comporte le macaroni, que vous
préparez
économiquement avec le fonds de votre daube. Et, comme vin, un vieux
Pommard de derrière les fagots !
Dr Maurice CHARENTON, Paris.
B) VEAU
ESCALOPE A LA TITA-RUFFO (PLAT LIGURE). Il y avait une fois un cuisinier gênois que les hasards de la guerre
avaient amené, sans qu’il sût pourquoi ni comment, sur les bords de la
Vesle, dans la fière cité des sacres, dans Reims glorieuse et mutilée.
Il s’y fixa et y devint un restaurateur achalandé, mais le
souvenir de la Gênes des Doges et des palais le poursuivait encore
inexorablement, et sa cuisine s’en ressentait. Il avait conservé de
l’Italie natale le goût des tranches de viande minces comme un
portefeuille en temps de crise, dures comme un cœur de policier et
sèches comme le gosier d’un Américain moyen. Un jour cependant, pour m’amadouer, il me servit – ô cher signor Torta
– cette escalope à la Tita-Ruffo qui, en l’honneur d’un musicien,
n’était pourtant pas aux Soissons… Procurez-vous, pour préparer ce plat, une mince escalope, une lichette
de jambon de Parme qui ne pue pas le suif (c’est plus difficile qu’on
ne pense !), un œuf et un cure-dents vierge, un cure-dents en bois,
s’entend. Faites revenir l’escalope au beurre, dans la poêle, quand elle est au
point,
non durcie, vous fixez sur l’escalope le jambon à l’aide du
cure-dents, ce qui explique pourquoi il vaut mieux en prendre un tout
neuf… Remettez à la poêle ; à ce moment cassez votre œuf sur le jambon,
laissez cuire, assaisonnez et servez chaud. Comme accompagnement, des courgettes, des aubergines et des tomates,
sautées au beurre. Comme vin, en souvenir de la double origine de ce plat, vous aurez le
choix entre le vin de Bouzy – triomphe de la Champagne – et un Nébiolo
généreux.
Dr Raymond BOISSIER, Paris.
C) MOUTON, AGNEAU, CABRI
LE QUARTIER D’AGNEAU A LA SAUCE LÉZAT. La Sauce Lézat, qui, comme toute sauce languedocienne qui se respecte,
est parfumée à l’ail, s’emploie pour condimenter et parfumer les
viandes qui sont de nature un peu fade, et notamment l’agneau rôti, le
chevreau ou le lapin de clapier rôtis. Cette sauce-condiment fut inventée, il y a quelque quatre-vingts ans
par M. Toussaint-Lézat qui, en même temps qu’ingénieur civil, était un
parfait gastronome. Aussi, dans quelques vieilles familles de Toulouse ou de Luchon, celles
dans lesquelles vivait M. Lézat, a-t-on conservé et exécute-t-on encore
bien souvent quelques-unes des recettes qu’avait imaginées cet
excellent homme. C’est lui qui a construit de ses propres main, et sur place même, un
magnifique plan en relief du massif pyrénéen, plan que l’on peut voir
encore exposé dans une grande salle du Casino de Luchon et qui est une
œuvre de grande envergure. M. Lézat avait aussi inventé et construit
lui-même divers ustensiles de cuisine des plus pratiques, ustensiles
qui pourraient servir de modèles aux fabricants d’outillage culinaire
d’aujourd’hui.
Voici la recette de cette sauce fleurant bon l’ail : Tout d’abord, il faut faire cuire à la broche, devant une belle
flambée, un quartier d’agneau de Toulouse (ou de Pauillac) que l’on
aura arrosé d’huile d’olive. Pendant que cuit l’agneau et que doucement il se dore, devant le
brasier, on prépare le mélange suivant : Piler dans un petit mortier en bois (pour un quartier d’agneau) quinze
gousses d’ail. Assaisonner cet ail d’un peu de sel, de poivre et d’une
pincée de thym et de laurier pulvérisés, et lorsqu’il est réduit en
pâte fine, lui ajouter trois ou quatre cuillerées de vinaigre (vinaigre
de vin bien entendu !) Passer ce mélange à travers un linge fin, en tordant bien ce linge afin
de bien exprimer tout le suc de l’ail broyé. Avec ce vinaigre parfumé à l’ail déglacer la lèchefrite au-dessus de
laquelle aura rôti l’agneau. Par « déglacer » j’entends dire mettre un liquide quelconque : eau,
bouillon ou autre, dans un récipient où a été cuit une substance
quelconque, afin d’en détacher toutes les parties savoureuses qui se
sont fixées sur les parois et dans le fond de l’ustensile. Ajouter à ce jus d’ail une ou deux cuillerées d’huile d’olive et le
servir avec la pièce rôtie.
Dr CHUCHE, Paris.
DAUBE DE MOUTON A L’AVIGNONNAISE.
Qui dit « daube », dit une viande de boucherie ou une volaille,
doucement, lentement cuite à l’étouffée dans un ustensile spécial que
l’on appelle « daubière », cuisson très courte et très aromatisée. La
Daube avignonnaise se fait en principe avec du mouton, mais, comme
toutes les daubes qui se préparent dans les différentes régions de la
France, peut aussi être faite avec de la viande de bœuf.
Voici comment se prépare cette daube.
Daube avignonnaise. – Désossez un gigot de mouton et
détaillez-en la viande en morceaux carrés de 90 à 100 grammes chacun.
Traversez chaque morceau de mouton, dans le sens du fil de la viande,
avec un lardon de lard gras assaisonné d’épices, arrosé de cognac et
saupoudré de persil haché. Faites mariner ce mouton pendant deux heures
avec vin rouge, huile, carottes et oignons émincés, gousses d’ail
écrasées, thym, laurier, persil. Mettez les morceaux de mouton dans une daubière en terre garnie de
minces bardes de lard, en les alternant par couches avec de l’oignon
haché, du lard maigre en dés et des couennes fraîches blanchies et
détaillées en petits morceaux. Assaisonnez chaque couche de viande avec
du sel épicé. Mettez au milieu de la viande un fort bouquet garni
additionné d’un fort morceau d’écorce d’orange séchée. Mouillez avec le
vin de la marinade. Complétez le mouillement avec un bouillon que vous
aurez préparé avec les os du gigot (cassés en menus morceaux) et les
légumes de la marinade. Mettez sur la viande quelques bardes minces de
lard gras. Couvrez la daubière avec son couvercle et buttez ce dernier
avec une bande de pâte molle que vous aurez préparée avec de la farine
et de l’eau. Cuisez la daube au four, à chaleur douce, pendant cinq
heures. Servez tel quel, dans la daubière.
Dr GENTIL, Paris.
LE CUL DE CABRI A LA RELEVETTE.
Je n’aime pas, moi, le cabri, ou plutôt je l’aime bien en liberté, mais
pas dans la casserole. C’est une viande hypocrite qui n’a pas le
courage de ses opinions. Enfin, n’en dégoûtons pas les autres ! Prenez
donc les cuisses d’un cabri et leur source commune, ce que feue
ma mère-grand – que Dieu la conserve en sa sainte garde, car elle est
mieux chez lui que chez moi – appelait le cû, d’un mot propre, si l’on
peut dire. Ces cuisses, faites-les revenir au lard, à la cocotte, à feu
moyen ;
elles reviendront, j’en gagerais. Lorsqu’elles seront d’une belle
couleur chaude et ambrée, saupoudrez-les de sel et de poivre.
Introduisez avec égards une poignée de petits oignons blancs, semez à
la volée un hachis bien senti d’ail, d’échalote et de persil. Laissez
cuire alors une demi-heure au ralenti. Avec un petit vin sec
des coteaux de Nice, un rouge de préférence, de Ba Boutto, vous m’en
direz des nouvelles ! (Recette des Alpes Maritimes, versant français).
Dr Raymond BOISSIER, Paris.
D) PORC
LA QUEUE DE COCHON PARLEMENTAIRE.
Recette inventée à Alger par un ancien magistrat. Un plat excentrique,
mais qui a toujours eu plein succès chez moi,
c’est la Queue de Cochon parlementaire. Elle fut ainsi baptisée par
trois aimables députés qui m’avaient demandé à déjeuner, pendant leur
tournée de vacances : 1° Loin de tout électeur influent ; 2° Loin de
tout fonctionnaire ou autre quémandeur ; 3° Encore plus loin de tout
collègue du Parlement. Ils me prièrent de faire un bon petit plat, à
mon idée, sans craindre
qu’il fût un peu canaille. Je fis couper un beau morceau d’échine d’un
jeune porc pas trop gras,
long de 25 centimètres environ, avec la queue adhérente. Il fut un peu
dégraissé, frotté de salpêtre, puis de sel, et couvert tout la nuit
d’un mélange de sel légèrement sucré (2 kilogrammes environ, avec la
queue). Bien lavé de son sel, qui avait raffermi le gras, le morceau
fut mis à
la casserole où il revint fortement pendant une demi-heure, puis on lui
adjoignit un gros bouquet garni, trois plantureux oignons coupés en
quartiers, une gousse d’ail et les assaisonnements d’usage ; puis on le
couvrit de haricots, cueillis le matin même. Un felfel amer de Biskra,
un litre et demi de bouillon. La graisse et le jus d’une rognonnade de
veau rôtie la veille, complétèrent ces préliminaires. Cent minutes plus
tard, on introduisit dans la casserole quelques tranches de cet
excellent saucisson de ménage qu’on ne fabrique qu’à Lyon. Après quoi
le plat fut servi bien dressé, la queue en l’air, décorée
d’une papillotte frisée de papier blanc et d’une faveur rose, l’échine
émergeant à peine des haricots et les tranches de saucisson la
flanquant des deux côtés. Nous n’étions que six : il n’en resta pas. Il
est vrai que c’était le
plat d’ouverture et on y revint trois fois.
Dsse J. QUESLIER, Paris.
PETIT COCHON SAUVAGE FARCI (CORSE). Le cochon (12 kilogrammes environ) largement égorgé, ébouillanté,
gratté, flambé, vidé, doit être vigoureusement frotté de sel et de
poivre intérieurement et extérieurement, d’herbes odorantes, de gros
sel et de poivre. Le farcir (4 kilogrammes de farce, composée des
rognons, rate, foie, cœur, poumons, langue, cervelle, chairs de la tête
(supprimée), du cou et des pieds, mie de pain trempée dans du lait de
chèvre, œufs, noix, raisins secs, riz cuit à l’eau, le tout assaisonné
de haut goût, sel, poivre en grains, safran, canelle, cumin, coriandre,
ail, oignons, persil, sauge, menthe, serpolet et arrosé de vin blanc
sec. Coudre, ficeler, inciser au couteau le dos et les flancs en formant des
motifs simples qui apparaîtront plus tard sur la peau croustillante
qu’il est bon d’arroser d’huile d’olive.Quatre heures de cuisson.
Dr André TACHERON, Pau.
E) ABATS
GAYETTES. 250 grammes de foie de porc, 250 grammes de mou de veau, 300 grammes de
rognon de porc, 300 grammes de chair à saucisses, 75 grammes de
saindoux, 100 grammes de foies de volaille, sel, poivre, échalote,
crépine de porc. Couper en petits morceaux le foie, le mou, le rognon, saler et ajouter
une gousse d’ail, une échalote hachée et du persil. Laisser dans un
plat dix à douze heures. (On peut ajouter une truffe). Hacher le tout grossièrement ; y joindre la chair à saucisses et les
foies de volaille. Diviser la masse en petites boules de la grosseur
d’une mandarine, envelopper chacune d’un morceau de crépine de porc.
Poser sur un plat allant au four et faire cuire une heure et demie, à
four chaud. Servir froid.
Dr VAILLANT, Paris.
GAYETTES DE PROVENCE. Bases pour 15 gayettes d’environ 80 grammes : 500 grammes de foie de porc ; 500 grammes de graisse prise autour des
intestins ; 250 grammes de hachis (chair à saucisses) ; trois gousses
d’ail broyées ; une cuillerée à bouche de persil haché, 65 grammes de
sel ; 350 grammes de crépine très fine.
Méthode. – Saupoudrer de sel le foie et la graisse coupés en petits
dés ; quand le sel a bien pénétré, mettre les dés dans une terrine,
avec hachis, ail, persil et bien malaxer le tout. Retirer de l’eau qui l’a rendue malléable la crépine qu’on divise en
petits rectangles et 8 à 10 centimètres de côté et sur lesquels on
place 80 grammes de l’appareil précédent ; envelopper parfaitement les
gayettes. Beurrer un plat, y ranger les gayettes, arroser largement de graisse et
cuire au four pendant une demi-heure. Les gayettes peuvent se servir indifféremment chaudes ou froides (dans
ce dernier cas on les tient deux fois plus grosses et on les coupe en
tranches comme une galantine et alors le temps de cuisson doit être
porté à quarante-cinq minutes.
Dr A. LOURTAU, Toulouse.
PIEDS ET PAQUETS MARSEILLAIS. La préparation de ce plat est assez longue, car sa cuisson réclame
plusieurs heures, condition
sine qua non.
Une tripe de mouton donne une quinzaine de paquets ; on met un pied de
mouton par personne. Nettoyez très soigneusement la tripe ; coupez-la
en morceaux carrés de 8 centimètres ; étendez-les sur une planche.
Râclez les pieds et lavez-les bien. Préparez une farce composée de deux
gousses d’ail, de lard maigre (100
grammes) et des boyaux gras, le tout haché. Assaisonnez de haut goût.
Mettez sur chaque morceau de tripe une cuillerée de cette farce ;
roulez-le et attachez-le avec un fil. Vous avez confectionné le paquet.
Dans une marmite de terre (daubière), faites fondre environ 80 grammes
de lard gras. Ajoutez un oignon haché et faites roussir. Complétez
ensuite par deux carottes coupées, trois ou quatre tomates hachées, un
clou de girofle, une pointe de muscade (pas trop). Rangez les pieds au
fond de la marmite et placez les paquets par
dessus. Arrosez d’un verre de vin blanc et d’un quart de verre d’eau,
un bouquet garni, deux gousses d’ail, sel et poivre. Couvrez la marmite
avec une assiette creuse (calotte) demi-pleine de vin rouge, faites
partir à grand feu. Au premier bouillon, modérez votre feu en le
couvrant avec de la cendre
ou faites petit feu si vous avez le gaz. Laissez mijoter pendant huit
heures au moins. L’assiette doit pendant toute la cuisson contenir du
vin. Servez sur assiette chaude.
Dr BARBIER DE LA SERRE, Agen.
F) CASSOULET, COUSCOUS, DAFINA, RIZ A L’ESPAGNOLE
LE CASSOULET DE CASTELNAUDARY. D’aucuns prétendent que les haricots blancs n’ayant été introduits en
France qu’après la découverte de l’Amérique, le Cassoulet qui n’est
autre chose qu’un « Estouffat » de viandes diverses (avec surtout la
dominante du confit d’oie) et de haricots, ne peut dater que de cette
époque. Pour beaucoup d’autres personnes l’origine de ce plat est bien plus
lointaine puisqu’ils la font remonter aux Arabes qui, dit-on, apprirent
aux habitants du Carcassez non seulement la culture des fèves blanches
–
alias
haricots – mais encore à faire avec cette légumineuse,
associée à du mouton, un ragoût qui serait l’ancêtre du Cassoulet
castelnaudarien. Il est enfin d’autres personnes qui assurent que c’est
pendant la guerre de Cent ans, lorsque les Anglais assiégeaient la
ville de Castelnaudary, bien longtemps par conséquent avant la
découverte de l’Amérique, que fut réellement inventé ce plat
magnifique. Je ne saurais dire laquelle de ces origines – toutes fort
lointaines il
est vrai – est la vraie. Ce que je puis dire c’est que le cassoulet,
tel qu’on le prépare, soit à Castelnaudary, soit à Carcassonne, soit
enfin à Toulouse, est un plat de grande succulence. Voici comment on le
prépare chez des cousins à moi qui habitent en
plein pays d’Oc et chez qui, chaque année, à l’automne, je vais passer
quelques jours de repos. J’écris cette recette sous la dictée de ma
cousine :
Cassoulet. Dans un pot en terre vernissée (pot, qu’en Languedoc on appelle
toupie) mettez à cuire des haricots (ceux de Cazères ou de Pamiers
sont les plus réputés) préalablement trempés (mais pas trop longuement)
avec l’eau nécessaire et l’assaisonnement de légumes (sans oublier
l’ail) et toute la série des éléments nutritifs voulus, tels que :
jarret de porc, couennes fraîches, filet (ou
loumbet) de porc,
saucisson à l’ail, etc. Lorsque les haricots sont bien cuits (la cuisson doit être lente),
ajoutez dans le pot un quartier, ou deux, ou même trois, de confit
d’oie. Faire mijoter quelques minutes. Égoutter les haricots et les viandes. Mettez le tout, les viandes
détaillées en morceaux, dans une terrine
ad hoc (terrine en terre
d’Issel) en superposant par couches les haricots et les viandes.
Mouillez avec la cuisson des haricots que vous aurez fait réduire et
que vous aurez additionnée de quelques cuillerées de purée de tomates
(pas trop). Saupoudrez de chapelure blonde ; arrosez de graisse d’oie. Faites cuire
doucement au four, à chaleur douce, pendant quelques heures. Durant la
cuisson, enfoncez deux ou trois fois la croûte qui s’est formée à la
surface et recouvrez chaque fois d’une nouvelle couche de chapelure.
C’est tout.
Dr NOEL, Paris.
COUSCOUS ORANAIS. « Couscous », « Riz à l’Espagnole », deux recettes du pays oranais,
deux souvenirs d’enfance. Elles s’associent pour moi à l’image de la
grande cuisine pleine de lumière où, chaque jour, va et vient, la tête
toujours recouverte d’un foulard sombre noué sous le menton, fine
cuisinière et pieuse, la vieille servante espagnole – la « Vieille »,
tout court. – Parfois une juive, vêtue à l’orientale, à la mode d’avant
la conquête, vient « en extra » préparer le couscous. Contrairement à beaucoup de recettes provinciales ou exotiques, ces
deux formules peuvent être réalisées à peu près partout, et, en tous
cas, très facilement à Paris : les camarades de certaine salle de
garde, assez bons vivants – parfois un peu émus au dessert – ont
conservé de Rose et de sa cuisine un souvenir que vingt-deux années
n’ont pas encore effacé. Ils auront plaisir à retrouver la saveur des
mets qui leur avaient plu, et dont voici les exactes formules :
COUSCOUS (Pour six personnes). On doit hésiter à rédiger cette recette de couscous, tant ce plat varie
avec les cuisiniers, les ressources locales et les saisons. La semoule
préparée et cuite à la vapeur, le couscous proprement dit, peut
s’accommoder de cent façons : il en est beaucoup d’excellentes,
plaisant à nos palais d’Européens. Les recettes, assez incomplètes, en
général, sont peu faciles à exécuter pour qui n’a pas été élevé dans le
sérail. Celle qui suit n’est pas sans doute selon la vraie mode arabe ;
c’est une recette familiale, mais ceux que des essais malheureux de
certaines tambouilles exotiques auraient découragés peuvent l’essayer,
sans se laisser rebuter par une complication plus apparente que réelle,
due aux nombreux détails qui ont paru nécessaires pour ne pas aboutir à
un échec ou à un fâcheux à peu près.
La préparation complète, qui demande quatre à cinq heures, se décompose
en trois parties : 1° Un pot-au-feu ; 2° Le couscous proprement dit ;
3° Des boulettes de viande et une sauce, préparation accessoire, non
négligeable, mais non indispensable.
1°
Pot-au-feu. – Viandes : Maigre de bœuf : 800 grammes ; jeune
mouton : 300 grammes ; poule à mettre au pot.
Légumes : Garbanzos
(pois chiches) : 250 grammes ; carottes : six moyennes ; navets : dix
moyens ; courge : 250 grammes ou bien deux courgettes ou 125 grammes de
potiron ; cardes ou bien fonds d’artichauts, une tomate moyenne ; une
ou deux gousses d’ail.
Condiments : sel, poivre, gingembre frais ou
sec, râpé, poivre de cubèbe, cardamone, macis, deux clous de girofle
(ces épices se trouvent, à Paris, chez Hédiard et votre pharmacien peut
aisément vous les procurer). Elles jouent un rôle très important, par
leur saveur particulière. Ne pas les négliger, ni le thym, ni le
laurier.
Le bouillon du pot-au-feu doit être très maigre ; il y a donc intérêt à
choisir le bœuf dans un morceau très maigre ; pas d’os à moelle. Le
mouton pourra être un morceau de poitrine ou de collet ; il est surtout
là pour donner son parfum au bouillon. La courge ou les courgettes étant très douces, il faut relativement peu
de carottes et pas mal de navets. Pour ne pas troubler et noircir le
bouillon, il est préférable de faire cuire à part les fonds
d’artichauts ; on peut ajouter une poignée de petites fèves fraîches et
de petits pois ; ils ont également l’inconvénient de donner au bouillon
un moins bel aspect. Il faut en tous cas s’abstenir de choux, de pommes
de terre et de haricots. Ne pas craindre d’épicer fortement : gros comme une amande de
gingembre, une vingtaine de grains de cubèbe, le même volume de
cardamone dont les grains sont plus petits ; quatre à cinq brins de
macis (enveloppe de la muscade, qui peut le remplacer). Bien piler
toutes les épices. Le pot-au-feu se prépare de la façon la plus classique, en mettant de
bonne heure, à l’eau froide, le bœuf et le mouton qui doivent cuire
longuement (quatre heures au moins), en écumant soigneusement, avant
d’ajouter le sel, le poivre, les épices, la tomate, l’ail, les
carottes, les navets, longs à cuire ; les garbanzos, trempés depuis la
veille à l’eau légèrement salée, sont mis à l’eau froide, dans la
marmite, en même temps que la viande. Pour ne pas tomber en ruines, la
poule ne demande qu’une cuisson de une à une heure et demie, selon son
âge ; les courgettes ou le potiron ne supportent guère qu’une
demi-heure.
2°
Le Couscous. – Un kilo de couscous (semoule) ; une pincée de
safran, 125 à 200 grammes de beurre très frais, sel. Pour cuire le
couscous, il faut, à défaut de l’instrument spécial employé en Algérie,
le
keskes,
une passoire à larges trous, s’adaptant exactement sur
l’ouverture d’une marmite haute qui fait très bien l’affaire. Inutile
de décrire la façon dont les indigènes préparent la semoule : il y faut
un tour de main et des instruments spéciaux et on trouve du couscous en
semoule dans le commerce, qu’il suffit de traiter comme suit : Verser
la semoule sur un linge propre, ou dans un grand plat creux,
l’arroser de deux verres d’eau chaude légèrement salée, en la brassant
bien pour répartir l’humidité et éviter la formation de grumeaux.
Laisser reposer dix minutes puis, après un nouveau brassage, verser
d’un seul coup dans la passoire et placer celle-ci au-dessus de la
marmite du pot-au-feu, pour que le couscous cuise à la vapeur. Il faut,
naturellement, que le fond de la passoire soit hors d’atteinte
du bouillon en ébullition et, d’autre part, la jonction de la passoire
et de la marmite doit être aussi parfaite que possible, afin que toute
la vapeur passe à travers le couscous, ce qu’on obtient en ajustant
tout autour des linges humides, serrés en turban. S’il n’est pas
possible d’ajuster ainsi la passoire au-dessus du pot-au-feu, faire
cuire simplement le couscous à la vapeur d’eau, au-dessus d’un autre
récipient.
Après une première cuisson de trois quarts d’heure, verser de nouveau
le couscous sur un linge ou dans le plat ayant servi à sa préparation ;
le traiter de la même façon, en détruisant ou en enlevant tous les
grumeaux qui ont pu se former et en l’arrosant à nouveau, modérément ;
on peut teinter l’eau en la faisant bouillir pendant quelques minutes
avec une grosse pincée de safran en brins : la semoule en prendra une
plus belle teinte et un très léger parfum. Bien entendu, passer la
décoction de safran pour ne pas mêler les brins à la semoule. Dès que
les grains de semoule sont à nouveau bien mélangés et tous au
même point d’humidité et de chaleur, les remettre dans la passoire et
reprendre la cuisson à la vapeur pendant une demi-heure. La cuisson
terminée, verser le couscous dans un plat creux et le
travailler une dernière fois en détruisant les grumeaux et en y mêlant
le beurre en petits morceaux, qui fondent à la chaleur de la semoule.
Saler légèrement, si nécessaire. En cinq minutes, la préparation est
terminée et prête à paraître à la table, pour accompagner les viandes
et les légumes du pot-au-feu.
3°
Boulettes de viande. – 300 grammes de viande maigre de bœuf,
hachée, une cuillerée à soupe de semoule, un œuf entier, sel, poivre,
épices (dites quatre épices), persil haché, 100 grammes de graines de
pin (pignons), un ou deux oignons émincés, beurre, farine. Mêler dans
un plat la viande la semoule, l’œuf, le sel, le poivre, les épices, le
persil, ajouter les pignons. Former six à huit boulettes avec cette
pâte (grosseur d’un œuf de dinde), les rouler dans la farine. A feu modéré, faire légèrement dorer les oignons émincés, dans du
beurre, puis ajouter les boulettes que l’on fait revenir légèrement, en
les retournant sans les briser ; la casserole doit être assez large
pour que les boulettes puissent toutes reposer sur le fond, à côté les
unes des autres. On mouille alors de trois ou quatre louches de
bouillon du pot-au-feu et on laisse mijoter pendant une bonne
demi-heure. Surveiller le jus, et ajouter au besoin du bouillon.
4°
Sauce piquante. – On peut se contenter de prélever une saucière de
bouillon et d’y ajouter une forte dose de cayenne, ou bien, après
cuisson des boulettes, ajouter à leur sauce une pincée de poivre rouge
doux et une forte dose de poivre de Cayenne. Il est mieux encore de
cuire un poivron et deux ou trois piments que l’on écrasera en passant
cette sauce piquante, qui se rapproche de la merga arabe.
Pour servir. – Présenter séparément le couscous dans un plat creux,
le bouillon dans une soupière, les viandes découpées et les boulettes,
les légumes, la sauce piquante et, si l’on veut, un ravier de raisins
de Corinthe que l’on aura fait bouillir. En général, chaque convive
mêle, dans son assiette creuse, le couscous, plus ou moins arrosé de
bouillon selon le goût (il doit être bien humecté, sans être noyé), et
un peu de chaque viande et légumes ; on relève prudemment avec la sauce
piquante et on ajouter à volonté, quelques grains de raisins. La recette du riz à l’Espagnole se trouve plus loin.
Dr Maxime LEROY, Paris.
COUSCOUS ALGÉRIEN (Pour six personnes). 1 kilogramme de couscous (Grima ou Ricci d’Alger), 1 kilogramme de
viande pour hacher, un boyau assez grand pour contenir cette viande, un
demi-chou, quelques navets, une branche de céleri, deux ou trois
oignons, deux ou trois courgettes, trois ou quatre fonds d’artichauts,
une demi-livre de pois chiches, qu’on fait tremper dans l’eau
vingt-quatre heures avant de les cuisiner ; et facultativement : trois œufs, un poulet.
a) Préparation du couscous : Verser le couscous dans un grand plat ; ajouter une grosse pincée de
sel puis l’asperger d’eau afin de le ramollir, verser ensuite sur ce
couscous deux ou trois cuiller à soupe d’huile sans goût et bien mêler
l’huile au couscous à l’aide d’une cuiller ; verser le couscous ainsi
préparé dans un plat dont le fond est perforé. Ce plat sera placé sur
une marmite contenant beaucoup d’eau dont l’ébullition produira la
vapeur qui cuira le couscous ;
b) Préparation du bouillon qui sera mêlé au couscous au moment du
repas : Avec le boyau, la viande hachée, des épices, du sel, du poivre, on
confectionne un saucisson. Ensuite faire revenir deux ou trois oignons
dans de l’huile. Ajouter suffisamment d’eau pour baigner tous les
légumes ci-dessus nommés et le saucisson. Faite cuire à bouillon.
Quand le couscous et le bouillon sont cuits, on ajoute le deuxième au
premier et on fait un excellent repas. Facultativement, nous pouvons ajouter à ce bouillon un poulet rôti, et
des œufs durs. Le Couscous est le mets national indigène. Actuellement, il est adopté
par toute la population européenne de l’Afrique du Nord.
Dr M. ZERMATI, Alger.
COUSCOUS MAROCAIN. Dans une marmite, mettez 1 kg. ½ de mouton (épaule désossée et coupée
en morceaux), puis une poule découpée par membres ; ajouter 3 lit. ½
d’eau et du sel. Faites bouillir et écumez avec soin ; ajoutez alors
les légumes : trois tomates, trois piments doux, deux oignons, trois
fonds d’artichauts coupés en morceaux, 150 grammes de fèves
fraîches, 250 grammes de pois chiches à moitié cuits à l’eau.
Sel, une cuillerée de poivre rouge, une pincée d’épices, un clou de
girofle. Couvrez la marmite avec la passoire (dite
keskes) sur laquelle on a
mis le couscous. Couvrez d’un linge mouillé et cuisez à petite
ébullition pendant deux heures. Le couscous cuit à la vapeur. Mélangez
à cette semoule quelques cuillerées de beurre. Placez le couscous sur un plat et dressez autour les morceaux de mouton
de poulet, ainsi que les légumes. Servez en même temps le bouillon de
cuisson nature.
Nota. – Il faut savoir préparer la semoule de couscous. Pour cela
mettez dans une terrine évasée (la
djefna des Arabes) 250
grammes de semoule, humectez avec de l’eau légèrement salée. Travaillez
la semoule avec la main ; quand la semoule est bien imbibée et bien
mélangée, elle doit avoir la grosseur d’un grain de plomb et être sans
grumeaux.
Dr VAILLANT, Paris.
COUSCOUS DU RIF.
Le kskou, en voici la recette vraie, la recette du modeste paysan, sans
recherches ni esbroufes, mais admirable quand il est réussi. Il ne doit
pas son succès à la harira de poivre rouge et au piment. Il est nu,
tout nu dans sa simplicité. C’est lui que préparaient jadis les
chameliers du Hedjaz en écoutant la parole ardente de Mohammed,
entrepreneur de transports et fondateur de religion. Quand le Marocain
récolte son blé dur, il l’étend sur le sol et le
mouille d’eau fraîche : il se gonfle, mais le soleil du Moghreb a
raison de ses velléités de fermentation, et en moins de deux, le voici
sec comme un saurot ; on le porte au moulin, au vieux moulin à meules
de pierre, et le voici moulu en grumeaux que l’on passe au vent de mer,
le soir, au crépuscule. On obtient ainsi une farine grossière, mais
d’un pouvoir nutritif élevé. Cette farine, on la prend par petites
pincées, on l’étale sur un van,
on la mouille légèrement et on la roule avec les doigts (c’est un art)
jusqu’à ce qu’elle prenne l’apparence de grains de la grosseur du
millet. Ensuite, on passe au crible pour rejeter le surplus de farine.
Pour la cuisson, il faut posséder un ustensile en terre ou en cuivre
étamé (on en vend d’admirables à Taroudant) composé d’une marmite et,
au dessus, d’une sorte de plat profond, perforé de multiples trous, lui
servant de couvercle. Dans la marmite, on dépose deux ou trois poulets,
une épaule de mouton, quelques pigeons, 1 kilogramme de macreuse, des
pois chiches, des fèves, de gros haricots blancs, un panais, des
bettes, un cœur de chou, quelques carottes et deux coings ; un peu
d’eau, du sel, du poivre. Dans le plat, on dépose le couscous ; la
vapeur de cuisson, obligée de
la traverser, le cuira donc doucettement, et pendant plusieurs heures,
à feu doux. Quand c’est prêt, on verse le couscous dans un plat, on
l’égrène, et on
le malaxe avec du beurre non rance (contrairement à l’usage à la
caïda). On le dresse en cratère de volcan et, au centre, on dispose
viandes et
légumes ; on peut ajouter au dernier moment des raisins de Corinthe
cuits à l’eau sucrée. Le couscous doit se manger avec les doigts (si
vous ne savez, n’essayez pas, il faut un long apprentissage, prenez une
coquille Saint-Jacques en guise de cuiller). Ne buvez pas de vin : de
l’eau pure, ou simplement versée dans un bol préalablement frotté de
bitume. Tout le monde n’aime pas ça. Le vin de l’Ouanzine, grand cru
des Oufad Said, n’est pas à dédaigner.
Dr Raymond BOISSIER, Paris.
DAFINA. Plat qu’on prépare tous les vendredis dans les familles juives
algériennes ; qu’on met à cuire toute la nuit du vendredi au samedi et
la matinée du samedi sur un réchaud en terre séchée, chargé de charbon
de bois. Ce plat mijote donc près de vingt heures pour être finalement servi le
samedi à midi. Dans une grande marmite en terre, on met successivement, à froid, 1
décilitre d’huile d’olive, un pied de veau, coupé en deux, une livre de
viande de bœuf (gîte), une tête d’ail entière et intacte, trois pommes
de terre pelées, trois œufs (dans leur coquille bien lavée), une livre
de haricots blancs, une cuillerée à café de poudre de poivron rouge
séché (et surtout pas un
ersatz),
qu’on trouve, en Algérie dans
toutes les épiceries. Couvrir d’eau à hauteur, saler et poivrer. Mettre
d’abord à l’ébullition pendant une demi-heure, puis laisser
mijoter une vingtaine d’heures, sans remuer à la cuiller, mais
seulement en agitant la marmite d’un mouvement circulaire, car, malgré
la longue cuisson, haricots, viande, pommes de terre, ail, tout doit
rester intact. Pendant la dernière heure, surveiller et activer
l’évaporation, si
besoin, pour éviter un excès de sauce, ou bien ajouter de l’eau chaude
pour que le plat soit bien onctueux. Une variante consiste à remplacer
les haricots par des pois chiches,
trempés au préalable pendant vingt-quatre heures dans de l’eau
légèrement bicarbonatée. Et le poivron rouge est remplacé comme
condiment par du safran associé
à la noix muscade râpée. On ajoute ordinairement à cette forme de
Dafina une livre d’épinards à
petites feuilles, finement coupés.
Dr TUBIANA, Paris.
RIZ A L’ESPAGNOLE (Recette africaine). C’est tout autre chose que la
Paella de Valence, chef-d’œuvre de la
cuisine espagnole. Vigoureux et plus simple, ce plat, s’il est
d’origine espagnole, s’est bien acclimaté en Afrique et y a pris une
personnalité très nette.
Pour
quatre personnes : 1° Un poulet coupé en morceaux, ou bien un morceau
de porc frais (filet
ou carré), bien maigre, de 600 à 800 grammes (désossé, dégraissé, coupé
en dés de 4 à 5 centimètres de côté). On peut mélanger poulet et porc
avec quelque avantage ; 2° Une demi-livre de riz, lavé et bien égoutté
; 3° Une grosse poignée de petits pois tendres ; 4° Deux fonds
d’artichauts (mieux vaut s’en abstenir s’ils ne sont pas
très tendres) ; 5° Deux
petites gousses d’ail, ou une grosse (ail frais, si possible) ; 6° Deux
gros poivrons verts ou rouges ; deux façons de les préparer :
a) Les faire cuire au gril ou au four, sans les
ouvrir ; enlever la pellicule superficielle et les débiter en
lames en rejetant les graines ;
b)
Les couper crus, en lames, et réserver pour les
frire (on enlève la pellicule superficielle après
friture) ; 7° Deux petites tomates ou une grosse, bien mûres,
épépinées, coupées
en petits quartiers ; 8° Un demi-gramme de safran en brins (une bonne
pincée). Le faire
sécher à la chaleur, sans le griller, dans un papier fin, et réduire en
poudre ; 9° Un ou deux clous de girofle, traités comme le safran ; 10°
Une branche de persil, sel, poivre (Cayenne facultatif) ; 11° Huile
d’olive.
Se servir d’une casserole en terre ou d’une cocotte en fonte, ou d’une
casserole en cuivre, mais éviter les récipients trop minces, trop bons
conducteurs de la chaleur (aluminium, tôle galvanisée ou émaillée). A
feu vif, faire chauffer l’huile, qui doit couvrir largement tout le
fond de la casserole. Y faire revenir l’ail sans le faire roussir, et,
si l’on veut, les
poivrons (2e façon de les traiter). Enlever, réserver, puis faire cuire
la viande ; quand elle est bien ferme et dorée, la retirer et la tenir
au chaud. Faire réduire complètement la tomate à feu très vif ;
remettre alors
viande, ail, saler, poivrer, mouiller d’eau bouillante en quantité
telle que tout le liquide puisse être absorbé par le riz en vingt
minutes (deux verres d’eau pour un verre de riz, disent les livres de
cuisine). Ajouter alors les petits pois, artichauts, poivrons, le
persil, les
clous de girofle, le safran et, si l’on veut, une pointe de Cayenne.
Couvrir et laisser bouillir une dizaine de minutes, à feu doux. Verser
alors le riz en pluie sur toute la surface ; pousser la flamme
pour obtenir une forte ébullition ; afin que les grains n’attachent
pas, il ne faut pas remuer le mélange à la cuiller ; ne jamais couvrir,
surveiller si le liquide est un peu court ; baisser un peu la flamme à
la fin de la cuisson. Quelques minutes après avoir ajouté le riz, il ne
doit plus y avoir de
liquide en surface. Éteindre, laisser reposer cinq minutes, sans
couvrir. Le riz doit être sec, les grains détachés et assez fermes.
Dr Maxime LEROY, Paris.
RIZ A L’ESPAGNOLE.
(Peut se préparer, à volonté, avec du poulet ou avec des calmars). Pour
quatre personnes : Dans une marmite en terre, faire chauffer 100
grammes d’huile d’olive
non fruitée, y faire rissoler trois poivrons doux, verts ou rouges,
coupés en quatre et aussi trois têtes d’artichauts, également coupées
en quatre. Les retirer après cinq minutes de cuisson. Jeter alors dans
l’huile un poulet coupé en morceaux et le faire dorer
; saupoudrer d’un hachis de trois gousses d’ail et remuer sans cesse ;
dès que l’ail a pris couleur (
sans roussir)
ajouter trois tomates
moyennes, débarrassées de leur « aigre » et coupées en petits morceaux,
saler, poivrer, laisser cuire un quart d’heure, à couvert. Quand la
sauce tomate commence à réduire, verser environ trois quarts
de litre d’eau tiède dans laquelle on aura fait macérer une dizaine de
stigmates de safran bien séchés et pulvérisés au mortier. Laisser cuire
doucement trois quart d’heure. Environ vingt minutes avant de servir,
jeter en pluie trois quart de
livre de riz Caroline (ne plus remuer, c’est essentiel) ; ajouter les
morceaux de poivrons et d’artichauts et surveiller la cuisson, car
c’est de là que dépend le succès de l’opération. Dès que le grain de
riz peut s’écraser entre le pouce et l’index, retirer la marmite du
feu, le complément de cuisson, comme l’absorption du liquide, doit se
faire en dehors du feu. Le riz a alors une belle couleur jaune d’or et
chaque grain se détache. Servir le riz dans la marmite de
Dr TUBIANA, Paris.
RIZ A LA CATALANE. (Rappelant l’
Arroz à la Valencia).
D’une part : Faites revenir dans une casserole : lapin, poulet, porc,
le tout coupé en petits morceaux ; ajoutez oignon haché, pointe d’ail,
tomate, sel, poivre. Mouillez avec du bouillon.
D’autre part
: Grattez, lavez, nettoyez de belles moules, mettez-les
dans une casserole avec oignon émincé, une brindille de thym, poivre,
quelques branches de persil et du blanc de céleri coupé en petits
morceaux. Mouillez avec du vin blanc, couvrez la casserole et faites
partir en plein feu. Laissez bouillir cinq minutes en faisant sauter
pour égaliser la cuisson. Laissez au chaud et revenez à la première
casserole. Quand la viande est à moitié cuite, ajoutez le riz, quelques
quartiers
d’artichauts, des petits pois, des piments rouges émincés, les moules,
une pincée de safran. Laissez cuire vingt-cinq minutes environ ;
égouttez et servez.
Dr Gaston BAISSETTE, Paris.
VOLAILLE, GIBIER, VENAISON, LAPIN
A) POULETS
LE COQ DE L’OLIVADE OU LA CROUTE DE CAVAILLON.
Préparez une pâte brisée avec : 250 grammes de farine, une pincée de
sel, un quart de beurre, un demi-verre d’eau. Mélangez rapidement, sans
travailler la pâte, mettez en boule et,
pendant que vous laissez reposer la pâte, videz et flambez deux jeunes
poulets très tendres. Découpez-les en morceaux en laissant de côté : la
tête, les pattes et la carcasse qui pourront servir à préparer une
soupe. Faites dorer les morceaux de poulet avec un quart de lard maigre
coupé
en dés et cinq ou six oignons. Liez avec une bonne cuillerée de farine
et ajoutez : deux grosses tomates bien mûres, une demi-livre d’olives
dénoyautées, une gousse d’ail, une branche de persil, sel et poivre.
Laissez cuire les morceaux de poulet une demi-heure environ (les
tomates suffisent à faire la sauce, qui doit être courte et assez
épaisse pour ne pas ramollir la pâte.) Étendez la pâte au rouleau.
Prenez-en la moitié pour garnir un moule
plat ; mettez les morceaux de poulet sur cette pâte et recouvrez avec
un couvercle fait de l’autre moitié de la pâte. Soudez les bords et
ménagez une cheminée. Faites cuire une bonne demi-heure à four chaud et
servez.
Dr Gérard DESFARGES, Paris.
POULET EN VESSIE. Prenez une belle poularde, ou, de préférence un beau chapon bien
tendre, videz-le soigneusement et flambez-le. Enduisez légèrement de
beurre frais l’intérieur et l’extérieur de la bête ; garnissez
l’intérieur de grosses truffes coupées en quartiers ; troussez et
bridez. Introduisez le chapon ainsi garni dans une vessie de porc dont vous
amarrez solidement l’extrémité avec du gros fil. Plongez la vessie ainsi préparée dans un pot-au-feu fait avec une
vieille poule ou un vieux coq, 1 kg. 500 de jarret de veau, un bouquet
garni, pas de céleri ni de cerfeuil. Surveillez votre pot-au-feu pour qu’il cuise doucement, à petits
bouillons. Si la vessie a été choisie convenablement elle ne crèvera
point. Le chapon demandera, suivant sa grosseur, de deux à trois heures
de cuisson. Le chapon étant à point, fendez la vessie, retirez le chapon de son
vêtement. Ouvrez le ventre de la bête et retirez les truffes qui, en
donnant leur parfum auront accompli leur devoir et servez, enveloppé
dans une serviette.
Dr Pierre BOURGIN, Soctrang
(Cochinchine).
POULE A L’ESPAGNOLE. Choisir une poule grasse – mais non coriace, – la flamber, vider,
découper ; faire fondre dans une casserole en cuivre épais ou en terre
des Alpes, un bon morceau de beurre ou, mieux de la graisse de jus de
rôti ; y mettre les morceaux de poule et les faire bien dorer ; ajouter
une gousse d’ail, deux ou trois oignons, une carotte entière, faire
revenir légèrement, mouiller à hauteur, avec du consommé, saler peu (à
cause du consommé), poivrer fortement, ajoute persil, thym, laurier,
laisser cuire à petit bouillon deux heures, davantage si la poule est
dure. Un quart d’heure avant la fin de la cuisson, retirer le bouquet garni
et la carotte, ajouter du riz de bonne qualité (deux cuillerées par
personne), le laver sans le laisser tremper, le verser dans la sauce
qui doit être courte, ajouter un peu de consommé ; surveiller la
casserole à partir de ce moment et la tenir sur un feu doux jusqu’à ce
que le riz soit cuit à point. Délayer du safran, gros comme trois têtes d’épingle, dans une cuillerée
de bouillon et mélanger au riz qui doit prendre une belle teinte jaune
d’or (si on poussait jusqu’au jaune de chrôme, la saveur serait trop
accentuée). On peut ajouter un soupçon de kari. Vérifier
l’assaisonnement.
Dsse J. QUESLIER, Paris.
POULET GRILLÉ. Prendre un petit poulet (un pour quatre convives), l’aplatir à la batte
après l’avoir ouvert du côté du dos. Rentrez les pilons dans une petite
ouverture faite du côté du croupion. Briser les os longs pour éviter la
rétraction à la cuisson. Mettre le poulet dans un sautoir avec un peu d’huile d’olive bien
brûlante (l’huile agit ainsi uniquement comme conducteur de chaleur et
n’est pas absorbée par la viande). Faites prendre rapidement couleur
des deux côtés. Saler légèrement, retirer du sautoir et mettre à four
chaud pendant quinze minutes, puis passer à la chapelure blanche et
faire griller. Servir avec riz à la créole et sauce tomate spéciale.
Dr CHUCHE, Paris.
BOUILLABAISSE DE POULET.
Prendre : une belle volaille ; Trois quarts de litre de bouillon bien
dégraissé et fait chez soi avec
les légumes ordinaires et du milieu de poitrine de bœuf ; Trois quarts
de litre de vin blanc sec venant directement de la
propriété et n’ayant rien d’une mixture trafiquée ; Un verre à bordeaux
de madère ou de porto authentiques selon la
préférence ; Une gousse ou une gousse et demie d’ail, selon l’attirance
que l’on a
pour la saveur aliacée ; Une pincée de safran ; Un quart ou même plus
d’olives dénoyautées ; Même quantité de champignons ; Un litre de sauce
tomate bien liée, épaisse et, cela va sans dire,
faire chez soi ; prendre des tomates très minces et très rouges, de
façon à éviter les deux gouttes de carmin que ma cuisinière s’obstine à
y mettre ; 125 grammes de bon beurre ; Quelques tranches de pain.
Mettre dans la casserole le bouillon, le vin blanc, le bouquet, ail,
sel, poivre et laisser ainsi cinq minutes sans découvrir. (Il est
nécessaire de conserver le couvercle). Ajouter la sauce tomate, le
madère ou porto, assaisonner encore s’il y
a lieu (et là il faut goûter, car il n’y a aucune bonne cuisine si on
ne goûte pas pendant la confection) mettre alors le safran. Découper la
volaille (en désarticulant et en évitant les éclats d’os)
faire cuire dans la sauce trois quarts d’heure environ (il faut
surveiller intelligemment selon la « tendreté du poulet »). Pendant que
ça cuit, éplucher les champignons et, dix minutes avant la
fin de la cuisson, les ajouter ainsi que les olives avec une ou deux
grosses noix de beurre frais. Lier la sauce avec une cuillère à café
environ de bonne fécule délayée
à l’eau froide et servir très chaud sur des croûtons dorés dans
l’huile. Vous m’en direz des nouvelles.
Dr Jean LABORDE, Paris.
POULET A LA DAUBE.
Découper en morceaux moyens, un beau poulet (à l’exclusion de la
carcasse et des abattis) et ajouter moitié poids égal de jarret de veau
et un ou deux pieds de veau. Disposer toute cette viande en intercalant
veau et volaille et des échalotes en assez grande quantité (une
vingtaine au moins par pièce de volaille), un peu de sel, très peu de
poivre, brindille de thym et mettre au-dessus du tout les pieds de veau
; quelques feuilles de laurier (pas trop). Mettre le tout dans une grande terrine en terre et recouvrir de
vinaigre de bière (à défaut, de bière légère et d’un peu de vinaigre
orléanais ; mais ça ne vaut pas le vinaigre de bière, devenu très rare
du reste, depuis la guerre). Fermer hermétiquement la terrine en mettant de la pâte (farine et eau
malaxée) autour du couvercle et faire bouillir quatre heures au moins,
doucement. (Mes parents le faisaient porter chez le boulanger et…
c’était meilleur). Après cuisson, enlever le couvercle, dégraisser, enlever le thym, le
laurier et les pieds de veau et mettre la terrine dans un endroit frais
(cave). Cet excellent plat se mangeait autrefois (encore maintenant, mais plus
rarement) lorsqu’on revenait du bal, après avoir fait des repas
plantureux de huit heures parfois et avoir bien consommé. Cela nous
remettait d’aplomb !
Dr F. DE BIL, Rosendael.
HACHIS DE VOLAILLE (Recette diététique). Par personne : Poule au pot désossée, 125 grammes ; Mie de pain, 40 grammes ; Lait, 50 grammes (une demi-tasse
à café) ; Œuf, un ; Sel, une pincée ; Purée de pommes de terre, 125
grammes. Passer la viande au hachoir, la mélanger avec la mie de pain trempée
dans le lait chaud, saler, ajouter l’œuf entier, battu. Alterner une couche de hachis et une couche de pommes de terre ; porter
au four. Possibilité d’ajouter du beurre frais sur l’assiette, après
cuisson.
Dr LÉON MEUNIER, Paris.
B) LAPIN
LAPIN PANÉ.
Prendre le râble et les cuisses d’un beau lapin, au besoin, tout le
lapin excepté la tête, cœur, foie et poumons. Couper en morceaux
moyens, sans désosser, mais en faisant attention de ne pas laisser
d’éclats d’os. Prendre une casserole de cuivre ; couvrir le fond avec
des tranches
très minces de lard plutôt maigre et demi-salé. Mettre ensuite une
couche de mie de pain finement émiettée (il faut du pain de la veille)
mélangée avec du persil et de l’échalote hachée très fin, sel et
poivre, puis une couche de lapin, une de lard, une de mie de pain, et
ainsi de suite en terminant par le lard. Arroser le tout de vin blanc
de Bordeaux et laisser mijoter à feu
extrêmement doux pendant trois heures environ : bien couvrir la
casserole. Lorsqu’il est encore chaud, passer le lapin, comme il vient,
dans une
terrine et laisser refroidir. A faire la veille. Très bon en été et à
manger très froid. Saler peu, à cause du lard. Prendre une casserole
qui sera bien remplie et mettre le vin au ras des
morceaux sans qu’ils soient complètement recouverts.
Dr BRUDER, Paris.
LAPIN MORICAUD.
Prenez un lapin de 2 kilogrammes. Parez et coupez en morceaux. Mettez
ensuite à mariner vingt-quatre heures, avec oignons coupés,
persil, thym, laurier, vinaigre, sel et poivre. Le lendemain, faites
sauter et dorer les morceaux dans un peu de
graisse. D’autre part, faire revenir dans la cocotte en fonte, un gros
oignon
haché avec un morceau de jambon gras et maigre coupé en dés et une
bonne cuillerée à soupe de tomate concentrée. Quand tout est cuit,
ajouter une tasse à thé de bouillon et une tasse à
café d’eau bouillante dans laquelle on aura fait préalablement
dissoudre deux grosses billes de chocolat. Salez et poivrez, puis jeter
les morceaux de lapin dans la cocotte,
couvrir d’eau chaude, juste à hauteur. Laisser cuire doucement pendant
deux heures et demie. Servir dans un plat bien chaud.
Dr CLAVEL, Biarritz.
RABLE DE LAPIN. Laisser mariner quelques heures au vinaigre et vin blanc, avec aromates
(thym, laurier, hysope, ail, oignons coupés) le râble très frais d’un
lapin de clapier ou de garenne. Avant cuisson, enrober, badigeonner le râble de moutarde de Dijon ;
cuire au four, avec beurre, épices, bouquet ; l’arroser au cours de la
cuisson avec quelques cuillerées de marinade chaude, beurre fondu ou
vin sec, tiédi.
Dr Pierre
TISON, Le Cateau.
LE PATÉ DE LAPIN.
Prendre un très beau lapin de choux ; 500 grammes de veau ; 500 grammes
de porc ; 250 grammes de lard ; 250 grammes de petit salé ; deux ou
trois belles truffes ; 30 grammes de sel, 10 grammes de poivre (pour 2
kilogrammes de viande). Désosser soigneusement le lapin et la viande ;
couper le tout en
morceaux longs et fins. Garnir la terrine (en terre) d’un linge propre
et fin, y arranger la viande en mélangeant bien les qualités et
assaisonner à mesure. Coudre le linge ; retirer le pâté de la terrine
et le mettre à bouillir
dans une grande casserole avec : carottes, céleri, oignons, poireaux,
ail, noix muscade, thym, sariette, girofle, laurier, marjolaine, os de
bœuf (de la jambe), os de veau, pied de porc, pied de veau, couenne
maigre. Ajouter un peu de gros sel et laisser bouillir quatre heures.
Goûter
pour vérifier l’assaisonnement et les aromates (la gelée doit être très
parfumée). Remettre le pâté en terrine en enlevant le linge, le
recouvrir avec le
jus passé et le tenir au frais jusqu’à ce que la gelée soit bien prise.
Cette recette m’a été laissée par ma grand’mère qui la tenait de la
sienne. Elle la préparait généralement deux ou trois jours avant Noël
et c’était une des grandes joies de mon enfance que d’en surveiller la
confection.
Dr A.-E. LÉVY,
Antibes.
C) GIBIER ET VENAISON
CAILLES VIGNELONGUE.
Je tiens les vieux papiers en très grande estime, et les originales
découvertes que, parfois, j’y fais, ne sont pas pour me faire changer
d’avis. Exemple : Dans une cassette bourrée de documents plutôt banals
: actes et
contrats, exploits judiciaires, sentences et reçus, j’ai, sur des
feuillets servant de chemise à des liasses, trouvé deux recettes
entr’autres qui me paraissent dignes d’être communiquées à de fines g…
bouches doctorales. Les précieux feuillets ont été arrachés à un livre
de compte d’un sieur
Plantier, successeur d’autre sieur de Malleville, cabaretier, à
Vignelongue. C’est le 1er avril 1695, l’hôte vient de consigner sur ses
comptes
qu’il vient de payer au sieur Sauvaire, receveur du Bureau de Charité,
une amende de six livres à lui infligée tout à l’heure, sur
procès-verbal dressé par le R.-P. Clerc, missionnaire, et Nozernier,
prêtre secondaire, pour avoir tantôt, ce jour de vendredi saint, servi
un chevreau rôti à six soldats et une fille étrangère. Il ajoute que
Malafosse, valet de ville, sort de chez lui, emportant les reliefs du
festin, confisqués au profit des pauvres assistés. Pas de commentaire.
De la même plume, de la même encre, dans la marge au droit de cette
inscription de dépense, Plantier note les deux formules qu’il dit
recevoir du noble E. de Branche, sieur des Barbuts, l’intraitable
huguenot que rien ne put décider jamais à être des nouveaux convertis.
Peu avant, avec son copain, J. de Caulet-Follaquier, lui-même avait été
verbalisé au logis de la Croix-Blanche, par les mêmes agents, pour
manger de la viande en temps de carême. Il avait dû débourser une égale
somme. Il devait rire de la contrariété du traitant et c’est en manière
de
consolation, qu’en bon chevalier du rôt, il lui donna ces précieuses
recettes. J’estime que le cabaretier fit une bonne journée.
Cailles à la Vignelongue. – Bourrez vos oiseaux de beurre épicé selon
le goût et aromatisez. (Ici, et surtout à l’époque, il ne peut être
question que de serpolet, le terrain du lieu entièrement schisteux, ne
nourrit ni lavande, ni thym, ni romarin qui pourraient être utilisés).
Vous couvrez de mousseline, de lard et habillez le tout de feuilles de
vigne muscat ointes de beurre. Mettez en broche ou au four.
Fausses cailles. – Taillez des carrelets de veau de 12 centimètres
environ de longueur – le texte dit quatre pouces. – Vous les liez
d’abord ensemble par un bout. Vous aurez pétri une boulette de beurre
aux épices, aromates et fin hachis de viande que vous emprisonnerez
dans les carrelets ; vous les liez alors par l’autre bout. Habillez
enfin de feuilles que vous aurez beurrées. Broche ou four. Pour les deux, ail et persil fin,
ad libitum. Les feuilles, dont il faut être approvisionné doivent être
ébouillantées (non pas bouillies), par raison de propreté d’abord, afin
de les débarrasser de toute poussière et pour les assouplir de façon
qu’elles s’appliquent très exactement sur les pièces. Au dire des gourmets, l’un vaut l’autre et l’on peut, pour la deuxième
préparation, employer le porc.
Dr G. de BOUSQUET, Valborgne.
FAISAN OU PERDREAU A LA DU CHAMBLAY
Rôtir à la broche un faisan ou deux perdreaux, comme d’usage ; de temps
en temps retirer ce qui est tombé comme jus dans la lèchefrite, qu’on
décolle avec une goutte d’eau. D’autre part, manier vivement une cuillerée de farine et un morceau de
beurre de 30 à 40 grammes, ajouter le jus du rôti en tournant, puis une
tasse à thé de crème qu’on incorpore lentement. Bien mélanger le tout
et laisser cuire à petit feu quelques minutes. Puis découper les rôtis,
les dresser sur canapés avec des foies bien écrasés et pilés ; napper
le tout de la sauce à la crème, décorer de rondelles de citron et
servir chaud.
Dr A. MAGNAN, Nice.
GRIVES AUX OLIVES CASSÉES.
Prendre de belles grives non faisandées, les plumer, flamber, vider et
trousser en les bardant d’une mince tranche de lard de poitrine fumé.
Les sauter au beurre dans un poêlon en terre ; lorsqu’elles auront pris
couleur, ajouter des tomates, un gros oignon, une gousse d’ail, une
branche de persil, le tout finement haché, un brin de fenouil, sel et
poivre, et surtout une grande assiétée d’olives cassées soigneusement
lavées. Laisser mijoter à petit feu. « L’olive cassée » est tout à fait
spéciale à la Provence et, plus
particulièrement, à la région comprise entre Avignon et Arles,
c’est-à-dire Saint-Rémy, Maillane, les Baux, Tarascon. On les prépare
de la façon suivante : prendre 2 ou 3 kilogrammes de belles olives
vertes. Les choisir de forme presque ronde, les pointues étant
réservées pour la préparation dite « à la Picholine » qui est
pratiquement la seule connue pour les olives vertes, en dehors des pays
de production. Les fendre carrément sur une planche à hacher sans en
briser le noyau.
Les mettre à mesure dans un pot en grès que l’on remplira d’eau ; les
olives ne doivent pas être tassées mais nager à leur aise. Changer
cette eau tous les jours, pendant huit à dix jours, et quand les olives
auront perdu toute amertume changer l’eau une dernière fois en ajoutant
250 à 300 grammes de sel fondu et un gros bouquet de fenouil. Ces
olives se conservent au maximum deux à trois mois. On les prépare
en général dans la deuxième quinzaine d’octobre et on en mange jusqu’à
la Noël.
Dr A.-E. LÉVY, Antibes.
LA PERDRIX A LA CATALANE
Cette façon d’apprêter la perdrix, la « rouge » qui, on le sait, est
celle que l’on trouve surtout dans notre région, perdrix dont la chair
est des plus savoureuses, est très ancienne. De la même manière on accommode aussi les pigeons. J’entends les
tendres pigeonneaux et non les vieux oiseaux de colombier dont la chair
est noire et coriace. De la même façon également, avec toutefois
quelques variantes dans le mode de préparation, on apprête la viande de
mouton. Ce dernier apprêt est désigné sous le nom de « Pistache de
mouton ». En Languedoc et en Roussillon, régions où, traditionnellement, on a le
culte de la bonne chère, la plupart des apprêts sont condimentés,
parfumés à l’ail. La Perdrix à la Catalane n’échappe pas, on le
comprend bien, à cette loi savorique. Et pour si bizarre que cela
puisse paraître aux gourmands qui vivent – et mangent ! – au nord de la
Loire, la perdrix s’accommode très bien avec le bulbe qu’exécrait
Horace et que prisent fort les gens des deux Midis, celui de l’Ouest et
celui de l’Est.
Voici comment, chez moi, se prépare la
Perdrix à la Catalane. Troussez une jeune perdrix bien en chair et, naturellement, non «
faisandée » dans l’intérieur de laquelle vous aurez mis une farce faite
avec le foie de l’oiseau, un peu de jambon maigre (salé et non fumé)
haché, un peu de pain trempé dans du bouillon et pressé, farce
congrument assaisonnée de sel, poivre et d’un peu d’épices, condimentée
d’une pointe d’ail et rehaussée d’une forte cuillerée d’Armagnac.
Recouvrez la poitrine de la perdrix d’une mince barde de lard gras.
Mettez-la dans une casserole en terre où vous aurez fait chauffer deux
bonnes cuillerées de graisses d’oie. Ajoutez deux ou trois cuillerées
de jambon maigre (non fumé) détaillé en petits cubes. Faites revenir le
tout sur feu doux. Lorsque la perdrix est bien colorée, mettez dans la
casserole douze gousses d’ail (
je dis douze), choisies de même
grosseur et légèrement blanchies. Ajoutez un petit bouquet garni
contenant un morceau d’écorce d’orange. Faites suer le tout sur feu
doux pendant douze minutes. Saupoudrez d’une forte cuillerée de
chapelure ; mouillez d’un verre à bordeaux de vin blanc sec, puis de
quelques cuillerées de bon jus de veau lié et ajoutez une cuillerée
d’Armagnac. Cuisez, à feu doux, dans le four ou sur le fourneau, la
casserole couverte pendant vingt minutes environ. Retirez le bouquet
garni et servez la perdrix entourée de croûtons frits à la graisse
d’oie et arrosée de sa sauce. Inutile de dire que la perdrix est un oiseau individuel et que chaque
convive doit avoir la sienne. Le vin qui, à mon avis, accompagne le mieux ce plat méridional est un
beau vin rouge d’Aquitaine. Cependant, certains amateurs préfèrent
l’arroser avec quelque vieux vin rouge de Bourgogne…
Dr BOUCHÈRE, Belvianes (Aude).
PERDREAU A LA CATALANE.
Découper un gros perdreau ; le faire revenir à l’huile d’olive dans une
cocotte couverte. D’autre part, deux têtes d’ail (soit une douzaine de
gousses) bouilliront avec un citron mûr, épépiné, coupé en fines
rondelles et un bouquet garni, dans trois verres d’eau. Quand une tête
d’épingle peut pénétrer dans l’ail, le retirer ainsi que le citron.
Dans le jus du perdreau mis au chaud par ailleurs, faire revenir une ou
deux cuillerées de farine ; mouiller avec la cuisson des aromates.
Laisser mijoter le perdreau dans cette sauce. Servir dans un plat en
terre vernissée, orné des gousses d’ail et des
rondelles de citron.
Dr André TACHERON, Pau.
LE CIVET DE LIÈVRE TEL QU’ON LE FAIT EN DAUPHINÉ ET EN SAVOIE.
Le Dauphiné est encore un peu la Provence. La Mure est en Dauphiné. Au
nord de La Mure on parle français, évidemment, mais aussi le patois
savoyard, et l’on n’entend plus du tout le provençal ; au sud de La
Mure, changement radical : on ne comprend plus du tout le patois
savoyard et on parle le provençal. Cette recette est donc, si l’on
veut, provençale, bien qu’elle ne demande rien aux condiments favoris
des Méridionaux. Elle est le résultat de l’expérience séculaire de
générations de cordons bleus habitués à satisfaire des amateurs de
gibier, vraiment connaisseurs. J’en ai tant entendu parler autrefois
dans les familles de chasseurs de mes amies, en Dauphiné et en Savoie
que je puis la donner dans ses détails, et en affirmer l’authenticité.
Chez ces chasseurs, ce fut de tout temps, et c’est encore aujourd’hui,
un point d’honneur pour la maîtresse de maison de faire servir un civet
de lièvre parfaitement réussi ; aussi les jours de civet, fait-elle
avec anxiété de nombreux tours à la cuisine, d’où, trop curieux, je fus
maintes fois pourchassé jadis. La qualité du civet classe une table
digne de chasseur.
Voici comment on procède : Pour faire un civet, prenez un lièvre. Si
les convives doivent être
nombreux ayez deux lièvres, mais faites deux civets, séparément.
Exécuté en quantité, votre civet ne saurait être vraiment succulent. La
succulence du civet dépend de la qualité du lièvre et de la quantité
de son sang recueillie. N’acceptez donc qu’un bon lièvre, un lièvre
roux, couleur de robe de
capucin, un « capucin », comme disaient irrévérencieusement nos
chasseurs. Rejetez impitoyablement les grands lièvres de race
étrangère, dont les pattes ne finissent pas et dont le pelage est gris
pâle sur le dos et blanc sous le ventre ; leur chair se délitera en
longues fibres sans nulle saveur.
Laissez votre lièvre trois ou quatre jours dans sa chemise, six ou sept
si la saison est avancée, s’il fait froid. Dépouillez-le, ne le lavez
pas, comme le recommandait Taillevent. Mettez de côté le foie, le cœur,
les poumons. Recueillez avec le plus grand soin tout le sang dans un
bol et ajoutez un peu de vinaigre pour qu’il ne coagule pas. S’il y en
a vraiment peu, si le lièvre l’a malheureusement perdu par sa blessure,
sacrifiez au besoin une volaille et mêlez son sang à celui du lièvre,
mais surtout ne demandez jamais du sang au boucher.
Vous coupez votre lièvre en morceaux pas trop gros, que vous disposez
dans un plat creux ou un saladier, avec un bouquet garni, laurier,
thym, lavande, cerfeuil, des petits oignons piqués de clous de girofle
et des ronds de carottes et de citron. Faites mariner au vin rouge.
Réservez les puissantes marinades au vinaigre pour les grosses bêtes,
sanglier, cerf, chamois, chevreuil. Prenez un vin de deux à trois ans ;
inutile de sacrifier une vénérable bouteille : ces vins dépouillés ne
conviennent pas et donnent moins bon goût. Que tous les morceaux soient
bien couverts par le vin dans lequel ils marineront vingt-quatre
heures. Comptez pour la cuisson de trois heures à trois heures et
demie,
suivant la grosseur du lièvre. Mettez la marinade au frais, ainsi que
le sang, le foie, le cœur et les poumons.
Le lendemain vous faites votre civet dans une cocotte en terre fermant
bien pour une cuisson à l’étouffée. Autrefois, en Dauphiné et en
Savoie, le civet se cuisait dans une sorte de marmite en bronze,
appelée « coquelle », portant sur quatre pieds et dont le couvercle
était entouré d’une couronne découpée, ornée, assez haute. On
installait le civet au coin de la cheminée, dans la cendre chaude, sur
les braises vives que l’on mettait aussi sur le couvercle où elles
étaient retenues par la couronne ; on découvrait avec un double crochet
à feu.
Aujourd’hui, sur le fourneau de cuisine, dans la cocotte, vous faites
un roux : beurre, farine, rondelle d’oignons ; verser un verre de
bouillon, tourner à la cuillère de bois. Ajouter une douzaine de petits
oignons piqués de clous de girofle, et une vingtaine de carrés de lard
salé. Puis mettez les quartiers de lièvre, avec le cœur et les poumons,
par couches que vous salez ; jetez du poivre en grains et quelques
feuilles de laurier.
Vous avez passé la marinade à l’étamine (et rejeté le bouquet garni,
les oignons et le reste), vous la versez sur le lièvre et mouillez de
vin rouge pour qu’il soit recouvert. Mettez sur un feu doux, la
rondelle de fonte à sa place. Pour peu que quelques quartiers «
attachent » sur un feu vif, le civet est « brûlé », irrémédiable
catastrophe ! Surveillez donc de temps en temps et remuez à la cuillère de bois.
Jamais d’ébullition à bouillons, seulement quelques grosses bulles qui
montent à la surface et qui éclatent. Faites revenir le foie à la poêle et, quand il est bien tendre,
mettez-le sur une assiette et écrasez-le avec le dos d’une fourchette,
faites-en une purée que vous mélangez au sang. Au bout d’une heure, découvrez : cela embaume, versez le sang avec le
foie, recouvrez vite. Puis faites griller des tranches de pain,
qu’elles soient fort bien dorées et non brûlées.
Après une seconde heure de cuisson, le civet a sa couleur noir, café,
ou chocolat. Vous goûtez, vous mettez autant qu’il faut sel et poivre
du moulin. Si la sauce est courte, versez un verre de bouillon, et un
peu de vinaigre ; si elle n’est pas assez épaisse, mettrez une ou deux
cuillères de farine et mélangez, si elle n’est pas assez onctueuse,
mettez une ou deux cuillerées de bonne huile d’olive. Puis incorporez
le pain grillé. Enfin, avec une fourchette, piquez un membre du lièvre, et le mettez
sur une assiette ; avec deux fourchettes essayez de détacher les chairs
de l’os. Si elle résiste, encore un peu de cuisson à feu doux. Si elle
se sépare facilement, la cuisson est terminée et retirez la cocotte au
chaud sur un coin du fourneau et laissez mijoter une heure ou plus…
Renouvelez l’expérience s’il le faut. Un quart d’heure avant de servir, ajouter un verre d’excellent vin
vieux, un verre à Porto de Madère, un verre à liqueur de vieil Armagnac
ou de vieille eau-de-vie fine et quelques tranches de citron.
Avec le civet, on boit un de ces délicieux crus des côtes ensoleillées
de la « Petite Provence ». C’est la vallée de l’Isère, depuis le
Grésivaudan jusqu’à l’entrée de la Maurienne, un Montmelian, un Arbin,…
le Beaujolais ou le Bourgogne conviennent d’ailleurs aussi bien. Menthe
et safran ne sont pas à rejeter, mais il faut s’en méfier, ces
condiments sont envahissants ; or, aucun arome ne doit prédominer. Le
civet de lièvre passe pour meilleur réchauffé ; c’est possible,
d’ailleurs s’il est réussi, vous viderez le plat.
Dr Louis
MORET, Saint-Germain-en-Laye.
RABLE DE LIÈVRE ROTI A LA CRÈME. L’ancien accompagnement obligé du lièvre était le vinaigre : «
Et de
tant loing que peust estre ouy, s’écria, disant Panurge, mon amy,
vinaigre, vinaigre ! » (Pantagruel, l. II, ch. XXV). En effet, il
était de coutume en Languedoc, entre les chasseurs, de se crier l’un à
l’autre : Vinaigre ! dès qu’ils avaient tiré un lièvre, parce que la
vraie sauce de cet animal est le vinaigre (Le Duchat). Quand votre râble de lièvre à la broche est cuit (ce qui se voit quand
la fumée sort par jets), ayez une bonne jatte de crème fraîche et
épaisse, assaisonnée de poivre et de sel et versez par cuillerées
successives sur le rôti qui continue à tourner sur le feu. Cette crème
s’unit dans la lèchefrite où elle tombe avec le jus provenant du lièvre
et des lardons dont il est piqué ; reprenez-la avec la cuillère et
continuez à arroser ainsi jusqu’à ce que cette sauce soit devenue
légèrement brune et soit réduite à moitié. Ajoutez-y un filet de
vinaigre, des échalotes hachées et des cornichons découpés. Cette méthode attendrit singulièrement le lièvre et lui forme un
accompagnement parfait.
Dr Raymond HABAULT, Vierzon.
SANGLIER MORVANDELLE. 1° Marinade : Mettez mariner le quartier de gibier dans la marinade
suivante : vin blanc, un ou deux litres ; vinaigre, un demi-verre ;
thym, laurier, ail, poivre, sel, oignons et carottes coupés en
rondelles, clous de girofle, muscade, épices, baies de genièvre, sauge,
mélilot (une grosse pincée de chaque). En hiver laisser le sanglier une huitaine de jours en le retournant
plusieurs fois. 2°
Cuisson : Le sanglier ayant été suffisamment mariné comme il est
dit ci-dessus, foncer une cocotte de quelques minces bardes de lard,
avec tranches de carottes et d’oignons (on peut utiliser celles de la
marinade, ces condiments ne devant pas être mangés). Faire légèrement
roussir et y placer le sanglier. Mouiller avec une partie de la
marinade. Ajouter un verre de madère et laisser cuire doucement, deux
à trois heures, suivant l’importance ou l’âge de la bête. 3°
La sauce
: Une bonne demi-heure avant de servir, hacher finement
deux ou trois échalotes et les faire revenir avec une cuillerée de
farine et du beurre. Quand tout sera bistre clair, mouiller d’un peu
d’eau chaude et d’un demi-verre de vin blanc ; y couper en tranches une
tomate bien mûre et laisser cuire environ vingt minutes en remuant.
Mélanger alors à ce roux une partie de la cuisson (plus ou moins
importante selon la quantité de sauce que l’on désire). Ajouter une
cuillerée de glace de viande, une bonne cuillerée à dessert de sucre
pulvérisé et une pincée de poivre de Cayenne. Laisser mijoter cinq
minutes en remuant. Goûter et rectifier s’il y a lieu… Passer et servir
sur le gibier que l’on a tenu au chaud.
N. B. – Cette sauce doit être légèrement épaisse et moelleuse ; on peut
la colorer
ad libitum. En la goûtant, elle paraît légèrement
acidulée, mais cette sensation disparaît presque tout de suite pour
faire place à une saveur agréable et moelleuse obtenue par l’adjonction
du sucre.
Dr Paul BIDAULT, Les Maillys
(Côte-d’Or).
CUISSOT DE SANGLIER A L’ESTOUFFADE. Découper en morceaux un cuissot (2 kilos) et le laisser mariner
quarante-huit heures dans : un litre de vin blanc, un demi-litre d’eau,
quelques échalotes coupées, sel et poivre. Mettre dans le fond d’une terrine les morceaux de sanglier, recouverts
de leur marinade, ajouter un bouquet garni, clore hermétiquement. Cuire
à feu doux pendant quatre heures. Enlever le bouquet ; servir chaud.
Dr CAMBESSÉDES, Valleraugue.
SAUCES
SAUCE TOMATE SPÉCIALE (Recette diététique). Couper en quartiers des tomates bien mûres ; les mettre dans une
casserole avec un demi-verre d’eau, une pincée de sel et une petite
cuillerée de sucre. Faire partir à plein feu ; couvrir et laisser cuire quarante-cinq
minutes en remuant souvent. Passer au chinois ou à la passoire fine.
Remettre la purée dans la casserole et lier au dernier moment avec de
la crème fraîche.
Dr CHUCHE, Paris.
SAUMURE PROVENÇALE. Placer dans un tonneau debout, mis par couches, des melets, d’une part,
et de l’autre, du sel marin, poivre et aromates. On obtient ainsi une
sauce, analogue à la pâte d’anchois dont les Anglais font grand usage
et qui est le meilleur condiment pour les poissons. Le melet (
Meletta mediterranea de Cuvier) est un petit poisson blanc
avec une raie argentée sur le côté, qui se pêche sur la côte de
l’ancienne Ligurie, de Saint-Raphaël, à San-Remo, où on l’appelle «
poutignoun » (poutine).
«
E zou l’oli, zou la sausseto
« Sus la coucho de poutignouné. »
(du poète provençal, C. Poncy).
La melette méditerranéenne pourrait bien être la
mæna ou
mena,
chantée par Ovide, que consommaient, salée, les classes pauvres de la
société romaine. Mais la plupart des auteurs pensent que le melet
servait à préparer le
garum des Romans, le
garon des Grecs. On peut affirmer qu’il existait deux sortes de préparations : une
saumure pour les classes pauvres, une sauce pour les riches : Ausone
(Epist. 21) :
Garum : ubi significat, hoc liquamen hoc Latino vocabulo carere (nam
garum græcum est), muriam autem minus apte dici ; hæc etiam minoris
emebatur. Le garum est cette sauce (de poisson) dont le nom manque en latin (car
c’est un mot grec), c’est bien moins justement qu’on l’appelle saumure
; cette dernière était, en effet, achetée par une foule de petites gens. Le garum était très coûteux (
garum pretiosum malorum piscium saniem.
Sénèque, Ep. 95, med.). Le
garum piperatum était préparé avec des entrailles de poissons
(
sanies pretica de Manilius V-671), confites dans du vinaigre et de
l’huile et assaisonnées de poivre et de fines herbes. Martial, dans ses épigrammes, parle du
luxuriosum garum.
Dr L. SAINT-PIERRE, Montgeron.
AIOLI. D’abord,
un avertissement : après une « séance d’aïli », quand vous
quitterez la table pour un autre « climat », mâchez des feuilles de
cerfeuil et de persil ; loin de vous être funestes, comme au perroquet,
elles désodoriseront votre bouche. Sachez que, pour être invité « pour
l’aïoli », à Toulon, par exemple,
c’est s’asseoir à une table présentant au centre un large plat d’aïoli
et, tout autour, d’autres plats, chargés de mets divers : escargots,
morue bouillie, mostelles ou loups, coquillages, violets, pommes de
terre en robe de chambre, carottes, et, suivant saison, légumes :
asperges, haricots verts, artichauts, crus et cuits, tomates, etc.
L’aïoli est donc une sorte de mayonnaise consistante, onctueuse que
vous réussirez, j’imagine, selon cette recette :
Pour six personnes : huile 200 grammes ; quatre gousses d’ail,
écrasées au plus fin ; trois jaunes d’œufs montés comme pour la
mayonnaise.
Pas de sel ni de vinaigre
; jus de citron et versez
l’huile tout doucement. Remuez au pilon sans arrêt jusqu’à consistance.
Sont indiqués : vin de Cassis, vins du Rhône, Marc du pays,
Sieste.
Cure de silence.
Dr Louis
CAMOUS, Nice.
AIOLI.
Pour dix personnes : prendre douze gousses d’ail ; 600 grammes
d’huile d’olive vierge, deux jaunes d’œufs, 10 grammes de gros sel, un
demi-citron. Pilez en pâte fine les gousses d’ail et le sel dans un mortier,
ajoutez,
petit à petit les jaunes d’œufs, puis, doucement, l’huile
d’olive comme si vous faisiez une mayonnaise. A Marseille même on est
heureux quand le pilon tient debout au milieu du mortier. C’est dire
que cette sauce doit être très consistante.
Dr FRANÇOIS, Marseille.
AIOLI A LA MARSEILLAISE.
Deux têtes d’ail ; 300 grammes d’huile d’olive ; deux jaunes d’œufs
crus ; mie de pain grillée, trempée dans le vinaigre ; sel, poivre.
Faites griller devant le feu une tranche de pain de la grandeur d’une
carte à jouer et de l’épaisseur d’un centimètre, puis la faire tremper
dans du vinaigre. Épluchez les têtes d’ail ; pilez-les dans un mortier
avec sel et poivre
; une fois réduites en pâte fine, verser l’huile, goutte à goutte en
tournant toujours dans le même sens, sans discontinuer ; ajouter, par
intervalles, les jaunes d’œufs et la mie de pain trempée. Il faut une
heure et demie pour faire cette sauce (la mie de pain en morceaux de la
dimension d’une noisette). L’aïoli doit ressembler à une crème ; être
mœlleux, bien lié et d’un
beau velouté.
Dr A. LOURTEAU, Toulouse.
SAUCE A L’AIL A LA PROVENÇALE. Coupez du maigre de jambon en petits filets, mettez-le dans une
casserole sur le feu avec un peu d’huile, un oignon et une carotte
coupés en tranches, les gousses de deux ou trois têtes d’ail. Faites
revenir un moment, puis ajoutez un peu de farine et mouillez avec du
jus ou du bouillon. Mettez un petit bouquet garni, une pincée de noix
muscade, une de poivre blanc et faites cuire à petit feu. Passez avant
de servir. Se sert avec le bouilli, le rôti de veau, le porc frais, la saucisse,
etc.
Dr A. LOURTEAU, Toulouse.
LÉGUMES ET FARINEUX
ARTICHAUTS BRAISÉS A LA PROVENÇALE.
Parez vos artichauts en enlevant seulement quelques feuilles autour et
en coupant le bout des autres. Mettez quelques cuillerées d’huile dans
une casserole avec un oignon haché et deux carottes coupées en très
petits dés, mettez les artichauts dessus, les feuilles tournées en
haut, assaisonnez de sel et de poivre, arrosez d’huile, couvrez la
casserole et faites partir sur le feu ; remuez de temps en temps.
Lorsque l’oignon et les carottes commencent à roussir, mouillez-les
avec un verre de vin blanc que vous faites réduire de moitié ; ajoutez
deux gousses d’ail, quelques cuillerées d’eau et laissez cuire à
couvert et à petit feu. Servez les artichauts en versant la sauce
dessus. On peut encore enrichir le fonds de deux anchois ou avec des
truffes,
mais cela masque le fugitif parfum de l’artichaut exquis.
Dr Fernand CLÉMENT, Marseille.
ARTICHAUTS EN OMELETTE. Alexandre Dumas a raconté comment il apprit à faire l’omelette
d’artichaut du cuisinier toulonnais Vecchi, dans la villa du docteur
Cloquet : « Prenez, disait Vecchi, des artichauts de Carqueiranne, des
moures di
zati s’il est possible ; enlevez les plus grosses feuilles, coupez en
tranches sur la longueur, émincez, faites sauter à l’aide d’une
sauteuse dans deux ou trois onces d’huile de Dardennes, et dès que vos
artichauts ont pris couleur, jetez-les dans les œufs que vous aurez
battus, puis vous terminez votre omelette selon la manière habituelle
». Il paraît que Dumas se régala.
Dr FERNAND-CLÉMENT, Marseille
GRATIN DE FONDS D’ARTICHAUTS. Prenez de gros artichauts, parez les fonds en supprimant toutes les
feuilles, le foin et toutes les parties vertes adhérent au fond.
Trempez-les dans de l’eau acidulée avec du jus de citron, pour éviter
le noircissement. Après quelques minutes de séjour dans cette eau acidulée, faites cuire
les fonds à l’eau salée bouillante ; lorsqu’ils sont cuits,
retirez-les, égouttez-les et émincez-les finement. Dans un plat allant au feu et pouvant être présenté à table, ordonnez
une rangée de tranches de fonds que vous recouvrez de la composition
suivante : Battez dans de la crème fraîche un œuf entier et ajoutez une
demi-gousse d’ail finement hachée. Saupoudrez largement de fromage de
gruyère râpé. Suivant la même technique, emplissez le plat de rangées
successives, nappées de même à l’œuf et saupoudrées de fromage. Sur la
dernière couche, doublez la dose de gruyère et répandez sur toute la
surface de fins copeaux de beurre frais. Mettez au four doux, laissez cuire doucement ; il faut que le tout
forme un ensemble parfaitement souple et mœlleux.
Dr Pierre BOURGIN, Soctang (Cochinchine)
AUBERGINES SAUTÉES.
Prenez, pour apprêter ce plat,
Huit aubergines bien ventrues
Glacées dans de mauves appats,
Toutes rondes et toutes dodues.
Pelez ces belles, émincez-les,
Et, pour qu’elles soient encore meilleures,
D’une main juste, salez-les,
Puis délaissez-les quelques heures.
Après quoi, pour tarir leur onde,
Essuyez-les bien. Tour à tour,
Blondissez-les dans l’huile blonde,
Placez-les sur le coin du four.
Ail et persil, en un hachis
Seront par vos soins mariés,
Puis, prestement, semés en pluie
Sur les aubergines étonnées.
Amalgamez tout un instant.
Versez dans un chaud légumier,
Entourez d’un petit cordon tentant
De petits champignons dorés.
Dr CHANOT, Attigny (Ardennes).
GATEAU D’AUBERGINES. Prendre quatre aubergines bien fermes, les éplucher, les couper en dés
assez gros et les blanchir dans un peu d’eau salée. Après cuisson, les hacher finement avec un peu de persil et deux
hectogrammes de jambon (mi-gras, mi-maigre). D’autre part, préparer avec 25 grammes de beurre, deux cuillerées à
café de farine et un peu de lait, une béchamel très épaisse à laquelle
on ajoutera quatre jaunes d’œufs, le hachis d’aubergines, 50 grammes de
gruyère râpé et les quatre blancs montés en neige ; saler, poivrer,
beurrer grassement un moule, y vider le mélange et mettre au four chaud
jusqu’à ce que le gâteau soit bien doré. Démouler et servir chaud avec une couronne de sauce tomate.
Dr F. CONIL,
Roquevaire (Bouches-du-Rhône).
GRATIN D’AUBERGINES. Couper des aubergines pelées ou des courgettes en tranches minces ; les
frire à l’huile, saler à chaud ; en disposer une partie au fond d’un
plat à gratin ; y verser une couche de béchamel assez épaisse, puis une
couche de sauce tomate au beurre, liée à la farine et légèrement
sucrée, une couche de fromage râpé et ainsi de suite. Gratiner à four
moyen.
Dr André TACHERON, Pau.
BARBOUILLADE (OU RATATOUILLE). Je regrette de n’avoir pas à donner un nom plus pompeux à un mets
excellent, connu en Provence sous des appellations encore moins
convenables. C’est un mélange de tomates, d’aubergines et de poivrons qui exige une
savante proportion sans laquelle il ne produit pas son effet. Je conseille, après expérience, d’employer par poids égal des
aubergines pelées et des tomates épluchées et épépinées et, par moitié
de leur poids total des poivrons doux, jaunes ou rouges, à défaut un
quart de ce poids de poivrons verts frais et jeunes, avant que leur
peau ait durci et soit devenue comme rigide et laquée. Ces légumes sont coupés par tronçons et non hachés, mis à bouillir
après avoir rendu leur eau, puis mis à mijoter avec un bouquet garni,
sel et poivre, cuits à l’huile de préférence, mais non baignés, de
façon à les imbiber fortement. Les personnes qui n’aiment pas les mets de haut goût peuvent ajouter à
ce mélange deux petites courgettes ou deux chayottes traitées comme les
aubergines, ce qui adoucit le goût. On doit servir le tout, qui doit cuire longtemps, en pochant, par
personne, un œuf frais sur la barbouillade.
Dr A. MAGNAN, Nice.
CARDON A LA BAGNA CALDA. A vrai dire la
bagna calda
est une sauce condiment d’origine
italienne plutôt que provençale. Mais de cette sauce, on est très
friand dans la région niçoise, et m’en étant bien souvent régalé chez
un mien ami qui habite Menton, je pense bien faire en en donnant la
recette. Cette sauce n’est pas exclusivement réservée aux cardons. On
peut en
accompagner d’autres légumes crus tels que céleris, artichauts
nouveaux, fenouil, etc. Voici comment on la prépare chez mon ami : Dans
une petite casserole mettez 100 grammes de beurre, 75 grammes
d’huile, deux ou trois gousses d’ail détaillées en minces filets,
quatre anchois déssalés, dont on aura enlevé les arêtes et une très
faible pincée de sel. Cinq minutes avant de servir, faites chauffer
cette composition sur le
feu, en évitant de faire colorer l’ail qui doit rester très blanc.
Mettez cette sauce dans une petite écuelle en métal et servez-la sur un
réchaud. Alors – c’est le raffinement que l’on apporte à cette
préparation –
mettez dans la sauce de la truffe blanche détaillée en lames aussi
minces que possible. En ce qui concerne le cardon, on le préparera
ainsi : détailler le
cardon (choisi bien blanc) en tronçons de 5 centimètres. Défilandrez
avec soin les morceaux de cardon et mettez-les dans de l’eau fraîche
acidulée de quelques gouttes de jus de citron.
Dr ARONVALD, Ézy.
CÈPES DES CÉVENNES FARCIS. Prendre de beaux cèpes jeunes, épluchés et bien lavés. Séparer les
têtes. Faire frire celles-ci dans une poêle avec moitié beurre, moitié
huile. Quand elles ont pris belle couleur, saler et poivrer légèrement
et les mettre dans un plat allant au four. D’autre part, hacher avec les queues une tranche de jambon, de l’ail et
du persil ; hacher très fin. Passer cette farce à la poêle, dans le jus
où auront cuit les têtes. Garnir les champignons de cette farce,
saupoudrer de chapelure, laisser gratiner. Servir chaud.
Dr CAMBESSÉDÈS, Valleraugue.
CÈPES A LA PROVENÇALE.
Six cèpes de chataignier ; 5 centilitres de vin blanc ; 5 centilitres
d’huile d’olive ; 10 grammes d’ail ; une échalotte, persil, sel,
poivre. Nettoyer les champignons, retirer les pédoncules et les tubes
du
chapeau. Préparer un hachis des pédoncules, avec l’ail, l’échalote et
le persil. Faire sauter le reste des champignons dix minutes à l’huile,
ajouter le
hachis, mouiller avec le vin blanc, saler, poivrer et laisser bouillir
doucement pendant quinze à vingt minutes.
Dr L. SAINT-PIERRE, Montgeron.
CHOU FARCI A LA PROVENÇALE OU SOU-FASSUM.
Blanchissez un gros chou vert. Rafraîchissez-le et égouttez-le.
Détachez toutes les grandes feuilles du tour. Mettez ces feuilles, bien
étalées, sur un filet. Sur ces feuilles, placez, en les mélangeant, les
éléments suivants : les feuilles de l’intérieur du chou hachées et
assaisonnées ; 250 grammes de feuilles de bette blanchies ; 200 grammes
de lard maigre détaillé en dés et rissolé ; 100 grammes d’oignon haché
fondu au beurre ; deux grosses tomates pelées, épépinées, concassées ;
100 grammes de riz blanchi ; 125 grammes de petits pois frais ; 750
grammes de chair à saucisses condimentée d’une pointe d’ail haché.
Relevez les feuilles sur cette farce formée en boule. Fermez le filet
en tirant les extrémités. Plongez le chou farci dans un pot-au-feu
préparé avec du mouton. Cuisez
à très légère ébullition, pendant trois heures et demie.
Nota. – On peut préparer le chou farci, en le garnissant avec tous
les éléments de la farce préalablement mélangés ensemble. On peut aussi
le cuire dans un pot-au-feu de bœuf au lieu de
Dre J. MARTIN, Paris.
COURGETTES AU RIZOTTO GRATINÉES. La courgette est un excellent légume. En Provence, ce légume est très
apprécié et les gourmands parisiens le dégustent avec plaisir. Voici une bonne manière pour le préparer. Il en est beaucoup d’autres.
Aussi peut-on accommoder les courgettes grillées, frites à l’huile,
sautées – à l’huile toujours – et condimentées à l’ail, en salade, à la
grecque, ce qui donne un hors-d’œuvre délicat, etc., etc. Partagez les courgettes en deux, sur la longueur. Incisez
circulairement la chair des moitiés de courgettes, sans entamer la
peau. Saupoudrez-les de sel et placez-les, la partie à vif en dessous,
sur un linge plié en deux, où elles rendront leur eau de végétation. Faites cuire les courgettes à l’huile. A l’aide d’une cuillère en
argent, retirez la chair des moitiés de courgettes (en évitant de
déchirer l’écorce). Hachez cette chair et ajoutez-la à un bon Rizotto
(riz au fromage) que vous aurez préparé d’autre part. Ajoutez deux
cuillerées de tomates pelées, hachées et cuites à l’huile, assaisonnées
et condimentées, d’une gousse d’ail. Rangez les moitiés de courgettes
dans un plat à gratin huilé. Saupoudrez-les de fromage râpé,
arrosez-les d’un peu d’huile ; faites-les gratiner doucement au four.
Dsse M.-L. VOUAUX, Paris.
LE FARCEMENT SAVOYARD. Faire tremper une dizaine de bons pruneaux à l’eau pendant vingt-quatre
heures. Ensuite râper une dizaine de pommes de terre de choix. Répartir
les pruneaux trempés dans la masse. Faire un trou au milieu et y mettre
un bon morceau de lard avec son rouge et son blanc. Mettre le tout dans un moule qui se ferme par un couvercle et faire
cuire au bain-marie pendant cinq à six heures. Servir chaud sur un plat et découper en tranches.
Dr Élie ROUX,
Saint-Gervais-les-Bains.
FENOUIL A L’ÉTOUFFÉE. Prendre des fenouils jeunes à tête bien blanche ; couper les têtes en
deux ou en quatre, selon la grosseur. Mettre au feu dans une cocotte 60 grammes de beurre ; dès qu’il est un
peu chaud, poser soigneusement les demis ou les quarts de fenouils ;
fermer le couvercle et laisser mijoter à feu doux, en retournant les
morceaux quand ils sont légèrement dorés. Une demi-heure de cuisson
environ. Saler et poivrer au goût.
Dr NOEL, Paris.
LA FLÈQUE. Ce sont des pommes de terre que l’on coupe, selon leur grosseur comme
des pièces de 1 ou de 5 francs. Elles sont mises au four avec une
proportion d’eau variable selon leur qualité, dans un plat creux et
recouvertes d’une tranche de lard pas trop gras (
mescladis comme on
dit dans le pays) qui fond peu à peu et les imprègne à mesure de la
cuisson. On ajoute un peu, très peu, de sel et du poivre, deux à trois
feuilles de laurier. La couche supérieure est rôtie, le dedans est moelleux et fondant. Ce
plat, malgré son apparence, est d’une digestion facile, il demande au
moins trois heures de cuisson, à petit feu.
Dr Henri SAUVEPLANE, Nîmes.
GNOCCHI.
D’une part, faire trois verres de béchamel additionnée de sel, poivre
et muscade et 75 grammes de fromage râpé. D’autre part, mettre dans une
casserole un verre et demi de lait
bouillant et 60 grammes de beurre. Retirer du feu ; ajouter, en
tournant, 125 grammes de farine, sel, poivre, un peu de muscade,
remettre sur le feu en tournant jusqu’à ce que la pâte se détache de la
casserole. Laisser refroidir et ajouter un par un, trois œufs entiers.
Prendre cette pâte par cuillerées et la jeter dans l’eau bouillante.
Après quelques minutes de cuisson, égoutter les gnocchi, les ranger
dans un plat à gratin, déjà garni d’une couche de béchamel ; recouvrir
de béchamel, saupoudrer avec 75 grammes de fromage râpé et de quelques
petits morceaux de beurre. Passer quelques minutes au four.
Dr André TACHERON, Pau.
GNOCCHI AUX POMMES DE TERRE (Recette diététique). Prendre environ un kilo de pommes de terre cuites à l’eau, à peine
salée, pour environ 300 grammes de farine. Les éplucher, les passer finement, les mélanger à la farine et bien
travailler à la main, pour faire une pâte souple ; en faire ensuite un
rouleau que l’on découpe en morceaux de 5 centimètres environ, que l’on
allonge en les calibrant à peu près de la grosseur d’un doigt ; ces
morceaux sont eux-mêmes découpés en morceaux d’un centimètre et demi
environ ; les passer à la fourchette pour leur donner la forme d’un
escargot ; les faire cuire environ 5 minutes à l’eau bouillante un peu
salée ; garnir avec du beurre. (Pas de fromage pour les dyspeptiques).
Dr FRANÇOIS, Marseille.
MACARONI A LA MODE CORSE
Faites cuire les macaronis à l’eau salée ; une fois cuits, retirez-les
du feu et verser dans la casserole un peu d’eau froide pour arrêter la
cuisson et les maintenir entiers. Faites-les égoutter. Prendre, poids pour poids autant de fromage râpé (gruyère et parmesan,
par moitié). Vous aurez préparé, d’autre part, un bœuf à la mode selon les règles,
avec un pied de veau et les accompagnements convenables pour avoir un
bon jus. Dans un plat profond, allant au feu, ou mieux dans une casserole
d’argent, mettez alternativement, un lit de macaroni, un lit de fromage
et couvrez de jus. Recommencez ainsi plusieurs fois et tenez très
chaud, sans faire cuire jusqu’au moment de servir.
Dr Raymond HABAULT, Vierzon.
RIZ A LA CRÉOLE. Jeter 250 grammes de riz bien lavé dans une casserole d’eau bouillante,
salée à 20 grammes par litre. Laisser bouillir quinze à dix-sept
minutes ; l’égoutter ; le rincer à l’eau froide jusqu’à ce que l’eau
soit claire. L’éponger sur une serviette. Le mettre dans un grand plat avec sel fin et quelques petits cubes de
beurre très frais. Le sécher à feu doux jusqu’à ce qu’il s’égrène sous
les doigts sans coller.
Dr CHUCHE, Paris.
RIZ A LA SÉVILLANE.
Dans trois cuillerées d’huile jeter : safran, brin de canelle, trois
gousses d’ail, une cuillerée de persil haché, deux clous de girofle,
une pincée de muscade râpée, un oignon haché. Ajouter trois tomates,
trois blancs de poireaux, trois gros piments doux, trois fonds
d’artichauts, le tout coupé en petits morceaux, une poignée de petits
pois, pointes d’asperges vertes, etc. Saler, poivrer, laisser cuire.
Jeter un bol de riz, sauter en remuant, couvrir de bouillon ou d’eau et
jus de viande. Cuisson une heure environ.
Dr André TACHERON, Pau.
TARTELETTES DE LÉGUMES GRATINÉES. Faire cuire, à blanc, des tartelettes de pâte brisée, non sucrée (on
peut aussi faire ce plat dans une grande tarte). Couvrir le fond d’une
couche légère d’épinards cuits et passés. Disposer sur cette couche des légumes coupés en dés : carottes, navets,
céleris-raves, fonds d’artichauts, haricots verts, petits pois, pointes
d’asperges, selon la saison, cuits au préalable ; leur ajouter quelques
dés de champignons et, à volonté, quelques lames de truffes. Parsemer
de quelques petites noisettes de beurre. Recouvrir le tout d’une sauce Mornay (Béchamel épaisse additionnée de
fromage de Gruyère râpé). Gratiner vivement au four chaud et servir
aussitôt.
Dsse M.-L. VOUAUX, Paris.
SALADE CUITE (Recette diététique).
Par personne : Chicorée, laitue, scarole ou
pissenlit, 300 grammes ; Beurre (une noix), 15 grammes ; Sel de Vichy,
une pincée ; Œuf, un ; Sel, une cuillerée à soupe. Éplucher la salade,
laver à plusieurs reprises à grande eau ; cuire
dans une bassine ouverte contenant 2 litres d’eau, le sel et le sel de
Vichy, pendant trente minutes. Retirer les feuilles et les égoutter dès
qu’elles cèdent sous le doigt. Hacher finement et passer, mélanger avec
le beurre et le jaune d’œuf, ajouter ensuite le blanc battu en neige et
cuire au four.
Dr LÉON-MEUNIER, Paris.
ENTREMETS, DESSERTS, PATISSERIES
CONFIT D’ANGÉLIQUE.
Premier jour : Coupez les tiges d’angélique par morceaux d’un
centimètre de longueur ; les mettre sur le feu dans de l’eau jusqu’au
moment où l’on s’aperçoit que celle-ci va bouillir ; retirer du feu et
laisser infuser quelque temps. Enlever l’épiderme et les plus grosses
fibres. Remettre sur le feu, avec une nouvelle eau et faire bouillir
jusqu’à ce que l’angélique soit blanche et facilement traversée par une
tête d’épingle. Retirer du feu, égoutter. Faire cuire une quantité suffisante de sucre
au petit lissé ; y jeter
l’angélique et donner quelques bouillons.
Deuxième jour : Le lendemain, séparer le sirop, le faire cuire
à la
nappe, y remettre l’angélique et faire bouillir quelques minutes.
Troisième jour : Même opération.
Quatrième jour : Faire cuire le sucre
au grand perlé
; y jeter
l’angélique et faire bouillir quelques minutes. Retirer du feu. Après
douze heures on retire l’angélique, on la fait sécher à l’étuve
et on la renferme.
Dr A. VALLET, Blida.
CRÈME GLACÉE (Recette diététique).
Les préparations glacées ont une action vaso-constrictive qui peut
jouer, non seulement un rôle dans les hémorragies stomacales, mais
également comme freinateur de la sécrétion gastrique. Par personne :
Lait, un demi-litre ; Jaunes d’œufs, trois ; Sucre, 50 grammes (deux
morceaux)
; Crème, une cuillerée à soupe. Faire bouillir le lait avec le sucre,
verser peu à peu sur les jaunes
d’œufs, délayer le tout, remettre sur le feu et cuire jusqu’à
consistance telle que la cuillère reste enduite de crème. Ajouter la
crème fraîche à la préparation une fois refroidie. Faire prendre à la
sorbetière.
Dr LÉON-MEUNIER, Paris.
GATEAU ALGÉRIEN. 250 grammes de dattes dont on enlèvera les noyaux (reste environ 210
grammes) et que l’on coupe finement. Mélanger avec : 210 grammes de sucre en poudre ;
110
grammes d’amandes mondées et hachées ; 100 grammes de cacahuètes
finement hachées. Incorporer ce mélange à quatre blancs d’œufs fouettés
en neige ferme. Mettre le tout dans un moule bien beurré et cuire à feu
doux.
Dr Pierre UHRY, Neuilly-sur-Seine.
GATEAU AUX GAUDES D’ECHENON.
Echenon est un petit pays situé sur l’Ouche, affluent de la Saône. On y
cultive le maïs, dont les grains séchés d’une façon spéciale produisent
les fameuses gaudes employées dans ce délicieux gâteau. 60 grammes de
gaudes ou farine de maïs ; 125 grammes de farine de gruau ; 125 grammes
de sucre en poudre ; 125 grammes de beurre frais. Faire fondre
doucement le beurre dans une petite casserole ; d’autre
part, mélanger la farine de maïs avec celle de gruau et le sucre en
poudre. Versez-y le beurre fondu, mélangez le tout et le versez sur une
plaque de tôle munie d’un cercle mobile ; étendez régulièrement dans ce
moule la pâte, qui est un peu grumeleuse, aplatissez avec le dos d’une
cuillère, que tout soit bien lisse et bien plat. Vingt minutes au four
moyen. Surveillez ! Cela brûle facilement.
Démoulez au sortir du four et coupez en tranches tout de suite, car ce
gâteau durcit rapidement. Bon à servir avec le thé, chaud ou froid,
selon le goût.
Dr GUICHARD, Saint-Jean-de-Losne.
GATEAU DE MARRONS DE L’ARDÈCHE. Prendre une livre de beaux marrons de l’Ardèche. Enlever la première
peau. Faire bouillir dans de l’eau légèrement salée jusqu’à cuisson
complète. Enlever la seconde peau. Piler finement au mortier ou passer
au presse-purée. Faire bouillir d’autre part une petite tasse de lait
avec un morceau de vanille et deux ou trois cuillerées à soupe de sucre
en poudre. Mélanger ce lait sucré avec la purée de marrons. Laisser un
peu refroidir. Ajouter un jaune d’œuf. Bien mélanger et incorporer le
blanc monté en neige. Verser dans un moule préalablement enduit de
caramel, puis graissé avec une petite noisette de beurre frais, afin
que le gâteau se démoule plus facilement après cuisson. Faire cuire au
four une demi-heure environ et s’assurer que la cuisson est complète à
l’aide de la lame d’un couteau. Démouler. Arroser avec une cuillerée de
rhum. Servir avec une crème à la vanille ou au chocolat.
Dr Hubert CLEU, Aubenas.
GELÉE D’AGAR-AGAR A LA VANILLE (Recette diététique). Faire bouillir un quart d’heure dans un litre de lait sucré, une
cuillerée à soupe de paillettes d’agar-agar et un bâton et demi de
vanille. Passer le tout au tamis fin. Le lait est pris en gelée au bout
de trois heures environ.
Dr HAUTECHAUD, Fervacques
(Calvados).
GELÉE DE NÈFLES (Recette diététique).
Mettre des nèfles bien mûres dans une bassine d’eau froide, sans les
éplucher. Faire cuire deux heures, jusqu’à ce que les fruits soient
défaits. Égoutter et presser sur un tamis de crin. Le lendemain passer
le jus qui s’est écoulé à travers une chausse de
feutre ou de flanelle serrée et laisser le filtrage s’opérer lentement.
Prendre autant de livres de sucre que de jus de fruits, mélanger dans
une bassine, faire bouillir deux heures et mettre en pots. 15 livres de
nèfles donnent environ 12 litres de gelée.
Dr Pierre TISON, Le Cateau.
TOCINILLOS DEL CIELO (Petits cochons du ciel).
Deux tasses de sucre en poudre ; une tasse de farine de gruau ; trois
œufs ; dix amandes amères pelées ; un demi-litre de lait froid ; un peu
de sel. Verser la pâte dans de petits moules cylindriques (ou des
coquetiers) huilés et cuire au bain-marie. (
Recette baléare.)
Dr André TACHERON, Pau.
MENUS POUR DYSPEPTIQUES - INFUSIONS
UN MENU POUR DYSPEPTIQUE.
Bouillon maigre.
Un bouillon
maigre, mais extra,
Trois
cuillerées de tapioca,
Deux jaunes
d’œufs que l’on battra,
Lorsqu’à table
on s’installera.
Côtelette.
La côtelette,
Brune et
coquette,
Dont la
fourchette
Fait la
conquête,
Est vite
prête.
Purée.
La purée de
pois onctueuse
En plat de
verre a mine heureuse !
Yaourt.
Le yaourt est
un entremets
Pour le malade
et le gourmet.
Compote.
Compote de
fruits, humble marmelade,
C’est toi qui
triomphe auprès des malades !
Un biscuit
croquant te rendra moins fade.
Conclusion.
Je ne crois
pas que ce repas
Fatiguera
votre estomac.
P.S.
̶ Biscottes grillées en place de pain
Infusion comme
boisson.
Dr CHANOT, Attigny (Ardennes).
MENU POUR DYSPEPTIQUE. Noques au parmesan ; filets de soles de Boulogne, sauce blanche ;
volaille Excelsior (Fleur de la cuisine, p. 286) ; pommes de terre à la
Duchesse (Ibid, p. 396) ; couronne de riz, avec compote de poire ; eau
d’Évian (hélas !). Le même menu, un peu délayé.
Tu n’oses te
nourrir ? Ah ! la digestion !
Au point de
refuser toute invitation ?
J’ai le
profond souci de cette gastralgie,
Et te veux
convier cependant, sans magie,
A déguster
tous deux, simplement, en amis,
Quelques plats
savoureux et passés au tamis,
Et si de
l’apparat franchement, tu te moques,
Un peu de
parmesan, gratiné dans des noques.
Puisque ton
estomac ne doit souffrir en rien,
D’une sole un
filet, avec (comprends-moi bien,
Son seul but :
l’accompagner) épaisse sauce albine,
Saura, pour le
poulet, préparer ta babine.
Pour éviter
ton poing sur mon gaster ployé,
Excelsior sera
le seul mode employé,
Pour te servir
– à point – ce chapon de la Bresse,
A manger
lentement, vraiment rien ne te presse.
Légume est
nécessaire à qui veut digérer.
Crois-moi,
s’il est choisi, tu peux en ingérer.
Essayons
aujourd’hui la pomme à la Duchesse.
Mais ton
gosier, dis-tu, se plaint de sécheresse ?
Aussi t’est-il
permis, en cet instant précis,
De boire ce
qu’il te faut, mais pas plus d’un déci.
Cela te
suffira. Pour unique breuvage,
Tu n’as droit
qu’à de l’eau, la liqueur du sauvage.
Connais-tu ce
que Zeus à Evian cacha ?
Tu donnes,
n’est-ce pas – bien vrai – ta langue au chat ?
Il y fit, pour
ton bien, la boisson insipide,
Exempte de
tout sel, et sans gaz, et limpide.
Puis, riz très
onctueux, cuit au lait et sucré,
Par un moule
savant, fait un dôme sacré,
Qu’humide de
sirop surmonte dame poire.
Demeurons
rituel : le dessert après boire.
Enfin le bon
tilleul, en sa tiède infusion,
Te dira que tu
peux, sans nulle confusion,
Pour bien
parachever ce repas très digeste,
Sur le divan
couché, bavarder sans un geste.
Dr Gérard DESFARGES. Paris.
INFUSIONS. Verveine, tilleul : 20 grammes ; Cumin : 2 gr. 50 ; Feuilles de
belladone. Une pincée pour une tasse.
Dr R. HAUTECHAUD, Fervacques.
INFUSION D’ORGE GERMÉE. Par personne : Orge germée et concassée, une cuillerée à soupe ; eau :
150 grammes, une tasse à thé. Mettre l’orge germée dans un pot avec une tasse à thé d’eau froide,
porter au bain-marie bouillant pendant dix minutes (au bout de ce
temps, l’eau de l’infusion ne dépasse pas 70°), température où le malt
est détruit). Retirer du feu, passer et sucrer à volonté.
Dr LÉON-MEUNIER, Paris.
THÉ D’AMANDES. Casser 25 à 30 grammes d’amandes douces à coque dure. Mettre coquilles et noyaux dans trois quarts de litre d’eau ; faire
bouillir lentement pour réduire à un demi-litre. Décanter, sucrer à
volonté. Donne de bons résultats dans l’hyperchlorhydrie et l’ulcère. Cette
préparation est très employée dans la région du sud-est (Savoie
surtout) pour calmer les bronchites, trachéites, laryngites. Elle
contient de l’huile d’amandes douces émulsionnée.
Dr VEYRAT, Lyon.
THÉ DE POMMES. Faire infuser une pommes de reinette coupée en tranches minces, bien
essuyée mais non pelée dans deux à trois tasses d’eau bouillante.
Sucrer à volonté. On peut, plus économiquement, préparer cette infusion avec les pelures
et les poches à pépins de pommes utilisées pour une compote.
Dr GENTIL, Paris.
LIQUEUR D’ANGÉLIQUE.
Pelures de tiges d’angélique raclées au couteau : 125 grammes par litre
d’eau-de-vie. On les met infuser dans de l’eau-de-vie blanche. Au bout
de cinq à six jours on ajoute 250 grammes de sucre par litre
d’eau-de-vie. On met dans une bassine et on fait chauffer sans laisser
bouillir. Quand le sucre est fondu, retirer du feu, laisser refroidir,
passer au papier filtre avant de mettre en bouteilles. Très stomachique.
Dr Raymond HABAULT, Vierzon.