Audiobooks by Valerio Di Stefano: Single Download - Complete Download [TAR] [WIM] [ZIP] [RAR] - Alphabetical Download  [TAR] [WIM] [ZIP] [RAR] - Download Instructions

Miguel de Cervantes y Saavedra - Don Quijote de la Mancha - Ebook:
HTML+ZIP- TXT - TXT+ZIP

Wikipedia for Schools (ES) - Static Wikipedia (ES) 2006
CLASSICISTRANIERI HOME PAGE - YOUTUBE CHANNEL
SITEMAP
Make a donation: IBAN: IT36M0708677020000000008016 - BIC/SWIFT:  ICRAITRRU60 - VALERIO DI STEFANO or
Privacy Policy Cookie Policy Terms and Conditions
Moléri : Le Maire de village (1841)
MOLÉRI, Hippolyte Jules Demolière, pseud. (1802-1877) : Le Maire de village (1841).
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (19.VI.2018)
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.
Courriel : mediatheque-lisieux@agglo-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@agglo-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur un exemplaire (BM Lisieux : 4866 ) du tome 9 des Francais peints par eux-mêmes : encyclopédie morale du XIXe siècle publiée par L. Curmer  de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. 
 
Le Maire de village

par


MOLÉRI


                        
D'APRÈS une dernière statistique, la France n'a pas moins de trente-cinq mille communes : elle possède donc autant de maires, c'est-à-dire trente - cinq mille citoyens, respectables au premier chef, puisqu'ils payent, en général, d'assez gros impôts, mais d'ailleurs, éclairés, impartiaux, exempts de faiblesses humaines, dignes enfin : de votre vénération, qui que vous soyez, le tout en vertu d'une ordonnance royale contre-signée de M. le ministre de l'intérieur. C'est un heureux pays que la France !

Il n'est pas possible de rapporter à un type commun tous les membres de cette intéressante famille, si variable qu'elle se recrute dans toutes les classes de la société, si mobile qu'elle dépend toujours du caprice d'un homme, et que la loi la soumet à un renouvellement périodique. D'ailleurs, si les positions modifient le caractère, ce n'est jamais aux dépens des préjugés et des mœurs : le maire d'une ville maritime différera toujours de celui d'une ville de l'intérieur ; la population manufacturière et la population lettrée ne chercheront ni la même manière de voir, ni les mêmes qualités, chez l'homme chargé de représenter leurs intérêts ; il faut encore reconnaître une part d'influence à l'importance des localités, et le maire ne saurait offrir la même physionomie dans la grande ville, dans la petite ville, et dans le village. Ce serait donc un travail immense que d'étudier et de peindre le maire sous toutes ses faces et dans toutes ses variétés ; la tâche que nous nous sommes imposée est moins ambitieuse et plus facile, quoique pourtant elle concerne l'espèce la plus nombreuse : nous nous bornerons à tracer, aussi fidèlement que nous le permettent nos observations, le portrait du maire de village.

Pour se faire une idée bien exacte de celui-ci, ce qu'il importe de connaître avant tout, c'est le village dont il est l'administrateur ; car les différences qui existent du village à la ville se représentent encore de village à village. Pour ne pas nous engager dans des subdivisions qui pourraient se multiplier à l'infini, nous distinguerons seulement trois variétés bien marquées, que nous allons passer successivement en revue.

Dans quelques départements reculés, surtout aux extrémités méridionales de la France, et de préférence dans les pays montagneux, vous rencontrez de loin en loin un groupe de maisons assez mal bâties, basses, couvertes de chaume, irrégulièrement placées sur une petite rue sale et demi-pavée. Les habitants y vivent dans une ignorance complète des événements : les changements de dynasties, les renversements des trônes, les révolutions, ne s'y manifestent que par la couleur du drapeau. C'est un village, et il y a là un maire. Mais ce maire est un personnage si inoffensif et si oublié ; il a fallu si longtemps pour découvrir, au sein de cette population ignorante, un homme qui pût représenter le pouvoir civil, qu'il en est résulté pour lui une espèce d'inviolabilité que tous les pouvoirs respectent. L'Empire l'a trouvé là, la restauration l'y a laissé, la révolution de juillet l'y conserve ; il n'a fait que changer d'écharpe à chaque bouleversement nouveau, et c'est en cela que se résument les vicissitudes de sa vie politique.

Quant à sa vie administrative, elle ne brille pas, il faut l'avouer, d'un bien vif éclat. Plus expert à tracer un sillon qu'à déchiffrer les instructions qui lui sont transmises par l'autorité supérieure, il lui arrive souvent de laisser sans exécution les ordres qu'on lui donne, ou, si parfois il s'y conforme, c'est qu'il a préalablement appelé à son aide les lumières du curé. Celui-ci est alors le véritable administrateur ; le maire n'est que son mannequin ; ce qui n'empêche pas le digne magistrat de porter haut sa tête coiffée du bonnet de coton, d'imprimer à ses énormes sabots un lent et majestueux mouvement de progression, de se rengorger le dimanche dans l'œuvre, et de trancher du despote quand les jeunes gens viennent lui demander la permission de danser sur la place de l'église.

Cette première espèce de village est heureusement la plus rare.

La seconde m'a toujours offert, en petit, l'image d'un État bien organisé. Tout respire le calme, le travail, le bonheur, et, s'il y a division, ce n'est que dans les hautes sphères qu'elle s'agite ; car les trois classes de la société y ont chacune leur représentant. Aux deux extrémités du village, vous remarquerez deux maisons : l'une petite, riante, modeste : c'est le presbytère ; l'autre, de belle apparence, visant au quatrième étage, placée d'ordinaire sur une hauteur, flanquée de deux corps de logis en forme de tourelles, ayant un faux air de féodalité : c'est la résidence de l'ex-seigneur. Celle du maire est au milieu ; elle est blanche, riante, parée d'un drapeau tricolore. Il y a toute une longue histoire politique dans la position respective de ces trois hommes : le seigneur, le maire et le curé. Les deux premiers se rencontrent : ils passent la tête haute, le regard fixe et assuré; ils se voient sans se regarder. Il y a d'un côté l'orgueil qui survit à la défaite, de l'autre la vanité du triomphe. Le curé et le maire vivent forcément dans des rapports journaliers ; les intérêts de l'église ont trop de connexion avec ceux de la mairie pour qu'il en puisse être autrement. Ils ne s'aiment pas intérieurement, et se tiennent même quelquefois rigueur. Le curé ne parait pas dans les fêtes patriotiques ; à l'église le maire brille par son absence. Mais ils sont entre eux dans les termes de la politesse la plus parfaite, et ils diront même assez volontiers à un étranger, l'un : C'est un honnête homme que notre maire ; l'autre : C'est un digne pasteur que notre curé.

Le maire de village touche d'ordinaire à la cinquantaine ; s'il n'a pas une taille élevée, il y supplée, autant que cela est dans ses moyens, par une démarche majestueuse et digne. Il n'est pas élégant dans sa mise, mais il n'oublie jamais qu'il est homme public, et il y a quelque chose d'étudié jusque dans sa simplicité. Dans les salons du sous-préfet, vous le distinguerez à sa cravate d'une blancheur éblouissante, et à son habit noir, dont les basques tombent en s'arrondissant bien au-dessous des jarrets, et dont les revers croisent depuis le haut de la poitrine jusqu'à l'abdomen. Jadis il vivait simplement, petitement même ; mais le lendemain de sa nomination, il avait déjà mis le train de sa maison en harmonie avec sa dignité.

Il y a dans le maire de village, comme dans la Trinité, trois personnes bien distinctes : l'homme privé, le fonctionnaire, et le politique.

Sa vie d'intérieur est calme et sereine. Sa maison est ouverte à tout le monde ; il est accessible au plus humble de ses administrés ; il écoute toutes les réclamations avec une patience angélique ; il prêche le bon accord, et distribue force conseils, tout cela sans intérêt. Seulement si, dans le courant de la conversation, on le nomme M. le maire, alors il se redresse, et le contentement intérieur se trahit sur son visage radieux. A part le petit air protecteur qui perce à travers le sourire dont il accompagne ses poignées de main, il vit sur un pied d'égalité parfaite avec tous les habitants de sa commune.

Comme fonctionnaire, il est soumis à l'inconvénient des royautés tempérées par des institutions républicaines. Il rencontre de sourdes oppositions au sein du conseil municipal, et sa vie se passe à résoudre le problème de l'équilibre et de la pondération des pouvoirs. L'adjoint, le juge de paix, le greffier de la commune, le garde champêtre, l'instituteur, sont autant de dignitaires dont il doit faire respecter les privilèges. Simple conseiller municipal sous la restauration, qui ne lui permettait pas d'atteindre plus haut, il a, pendant quinze ans, lutté avec courage ; l'administration trouvait en lui un censeur inflexible, et le maire d'alors un adversaire opiniâtre : il n'a pas fallu moins qu'une révolution pour accomplir son triomphe. Mais, après la victoire, il ne s'est pas endormi dans les délices de Capoue. Tous les abus qu'il avait poursuivis, il travaille sans relâche à les réformer. Après avoir calculé minutieusement sur combien de mètres carrés un réverbère peut projeter ses rayons, il arrête un système d'éclairage au moyen duquel on voit un peu moins clair qu'auparavant, mais qui a l'avantage de s'étendre sur toute la commune ; le puits artésien qu'il fait creuser ne rend pas d'eau à douze cents mètres de perforation : il n'en continue pas moins de perforer. Pourrait-il faire autrement, lui qui a si longtemps blâmé son prédécesseur de ce qu'il ne prenait pas en considération les fatigues des habitants obligés de faire un trajet de dix minutes pour se procurer de l'eau ? C'est au printemps, surtout, qu'il faut le voir exciter du geste et de la voix les destructeurs de hannetons, leur rappeler avec emphase la prime promise par le conseil général pour chaque litre de ces insectes nuisibles, et calculer ce qu'un litre peut contenir, afin d'écrire dans son rapport : « Tant de millions de ces ennemis jurés de notre culture ont succombé cette année, grâce aux soins que j'ai mis à éveiller, à maintenir et à réchauffer le zèle de mes administrés. »

Au milieu de tant de soucis et de peines, notre digne fonctionnaire a bien aussi ses moments de jouissance. La commune a-t-elle obtenu la construction d'un abreuvoir ou d'un corps de garde, il ceint son écharpe, s'entoure des adjoints, des conseillers municipaux, de tous les personnages éminents de la localité, et va solennellement poser la première pierre du nouveau monument, en présence d'une milice citoyenne de vingt-cinq hommes, et au roulement de l'unique tambour qui la précède. Cette cérémonie, où il se montre dans toute sa gloire, est ordinairement terminée par une allocution dans laquelle brille son éloquence, et suivie d'un banquet pendant lequel il s'incline modestement à chacun des nombreux toasts que l'on porte en son honneur. Mais le plus beau de ses privilèges, celui qu'il chérit par-dessus tous les autres, et qu'il ne manque jamais d'exercer, même dans les plus petites occasions, c'est le droit de haranguer. Il harangue à la fête du roi, à la fête de la commune; il harangue le sous-préfet en tournée ; il harangue les jeunes garçons et les jeunes filles aux distributions de prix de l'école primaire ; et si dans sa commune s'est conservée la tradition des rosières, c'est encore lui qui les harangue et les couronne.

Le maire de village aurait à jouer, comme homme politique, un rôle assez borné, s'il ne prenait soin de l'étendre lui-même, dans le but de se donner aux yeux du pouvoir une certaine importance. Considéré sous ce point de vue, il n'a plus dans sa manière d'être une allure aussi franche. Deux forces le poussent en sens opposé : la commune qui l'a désigné comme candidat à l'autorité, et l'autorité qui, en le nommant, a sanctionné le choix de la commune. Chacune d'elles lui a, pour ainsi dire, imposé l'obligation de lutter à son profit contre l'autre, et il lui faut faire preuve à la fois d'indépendance et de soumission. Sa position est souvent critique ; elle l'est surtout au moment des élections. Mais comme, en cette circonstance, le nombre de voix dont il dispose le rend un auxiliaire très-respectable, il est rare qu'il ne trouve pas moyen de faire ses conditions avec l'administration supérieure  et si de l'urne électorale doit sortir un nom quelque peu compromis, soyez certain que la promesse d'un pont, d'un marché ou d'une route départementale a d'avance étouffé les murmures et rallié les suffrages.

Pendant qu'il veille avec soin à la sûreté de la commune, comme chef de la police municipale, il ne néglige rien pour se donner en plus haut lieu les airs d'un homme indispensable à la sûreté de l'État. Que, dans l'entraînement de l'ivresse, il arrive à quelque mécontent de laisser échapper au cabaret une de ces paroles que n'admet point le vocabulaire légal, voilà soudain notre magistrat sur pied, rassemblant, pour instruire cette grave affaire, toute l'énergie de son caractère, ainsi que toutes les ressources de son esprit. Il fait saisir le coupable, procède lui-même à son interrogatoire, essaye, en lui tendant mille pièges, d'obtenir le nom de ses complices et la révélation de ses abominables projets ; puis il rédige un long rapport, bien circonstancié, qu'il adresse au préfet, et dans lequel sont adroitement insinuées quelques phrases apologétiques de sa vigilance et de son dévouement. Le lendemain, il arrive presque toujours que le terrible factieux, après avoir cuvé son vin, va faire d'humbles excuses à M. le maire, qui lui répond par cette paternelle admonition : « Jean, prenons garde à nos discours, et buvons moins ; nous avons le vin mauvais. »

Ainsi se dénoue le drame ; mais le rapport n'en est pas moins parti : il fera sensation à la préfecture ; le nom du maire circulera ce jour-là parmi les convives et les danseurs, et le résultat désiré sera obtenu.

Si, au lieu d'un mécontent, sa bonne fortune voulait qu'il s'en trouvât trois ou quatre, ce serait bien autre chose encore : il irait jusqu'à risquer la proclamation. Rien alors ne manquerait à sa gloire ; il permettrait volontiers qu'on lui donnât le titre de sauveur de la patrie ; il se le donnerait lui-même, au besoin, et ne rêverait plus qu'ambassade et ministère.

A part ces petits travers (chacun de nous n'a-t-il pas les siens ?), le maire de village est ordinairement un homme estimable, doué d'une activité précieuse, dont les intentions sont pures, qui travaille consciencieusement à mettre de l'ordre dans les finances, à favoriser le progrès, à réaliser des améliorations. Son mérite est d'autant plus grand que, si le zèle qu'il apporte dans l'exercice de ses fonctions n'est pas tout à fait méconnu, il est en général assez faiblement récompensé. Quand il aura soixante-dix ans, on lui octroiera peut-être l'autorisation d'orner sa boutonnière d'un ruban rouge. A sa mort, quelques uniformes renouvelés de la garde urbaine, quelques fusils rouillés, l'accompagneront à son dernier asile, et le curé, oubliant devant la tombe sa vieille inimitié, laissera tomber quelques phrases sur son cercueil. Enfin, le Moniteur, huit jours après, fera ainsi son oraison funèbre : « M. *** est nommé maire de *** à la place de M. ***, décédé. » Quant à moi, voici la mienne : « Pour le mal que je désire à certains hommes d'État, je leur souhaiterais tout ce qu'on rencontrait souvent, dans cette tête, de rectitude d'idées et de gros bon sens campagnard. »

Il y a autour de Paris environ cent communes, réunies sous le nom général de banlieue, dont les maires composent la troisième des catégories que j'ai signalées, et méritent à plus d'un titre une mention particulière.

Le maire de la banlieue est un personnage dont l'importance s'explique par le voisinage du centre gouvernemental. Son nom patronymique disparaît devant sa dignité, et, depuis le membre du conseil général jusqu'à l'enfant qui le salue respectueusement dans la rue, tout le monde dira, non pas M. un tel, mais bien M. le maire. Il est impossible de séparer en lui l'individu du dignitaire. A la mairie, deux scribes au moins sont à ses ordres dans une pièce d'attente, tandis qu'il médite dans la solitude de son cabinet ; c'est à peine si vous pouvez arriver jusqu'à lui après une heure d'antichambre. Chez lui, vous chercheriez vainement à le surprendre au sortir du lit, à table, dans un de ces intervalles de la journée où l'homme libre donne quelques minutes au travail de la digestion ; il est enterré derrière une pile colossale de registres, et jusque dans l'ampleur commode de la robe de chambre, sous la prosaïque couronne du bonnet de nuit, il se roidit et pose. En province, au moins, le maire, dans les relations de la vie privée, consent parfois à se montrer un homme comme vous et moi ; il descend jusqu'à causer de la pluie et du beau temps ; rentré dans son intérieur,

Le masque tombe : l'homme reste,
Et le maire s'évanouit.

Mais, dans la banlieue de Paris, cet éminent fonctionnaire n'a jamais le temps d'être un simple particulier ; il est d'ailleurs pour cela trop pénétré de ce qu'il vaut et de ce qu'il peut ; sa gravité ne se dément en aucune circonstance, pas même dans les épanchements de la famille, et il croirait déroger s'il disait un mot affable à sa femme ou s'il embrassait ses enfants sans plus de cérémonie que le ferait, dans son ménage, un de ses administrés.

Le maire de la banlieue a deux marottes, l'une générale, l'autre de localité. L'influence absorbante de Paris l'inquiète et le désespère; les intérêts communaux sont méconnus et en souffrance ; il a horreur de la centralisation ; il faut rendre à la banlieue son individualité : voilà pour la première. Il prend un thême, n'importe lequel, les chemins vicinaux, les carrières, le privilége des théâtres, les chemins de fer, que sais je ? les fortifications sans doute, et il entasse projets sur projets, rapports sur rapports, volumes sur volumes; le préfet de la Seine, le conseil général, n'y peuvent suffire : voilà pour la seconde. Grâce à cela, des gens qui se piquent de perspicacité ne manquent pas de dire : C'est une capacité administrative.

Le maire de la banlieue (le croiriez-vous ?) est un homme essentiellement politique. Il est chevalier de la Légion d'honneur, électeur, éligible ; il a des prétentions à la députation ; il a ses entrées à la cour, est exposé à haranguer le roi, et traite les ministres sur un pied d'égalité. Ne croyez pas, d'ailleurs, qu'une mairie de la banlieue se donne comme une autre ; que dis - je ? elle ne se donne pas, elle se conquiert, pour ainsi dire, à la pointe de l'épée. Jamais lutte de ministre éconduit à ministre titulaire n'engendre plus de mines et de contre-mines ; le conseil municipal devient, comme la Chambre des députés, le champ clos de deux rivalités personnelles. L'avènement d'un ministère décide ordinairement la victoire, et je ne serais pas étonné qu'un ministre fît un jour de la nomination d'un maire, comme de la présidence de la Chambre, une question de cabinet.

Je n'ai parlé, du reste, que de la portion intelligente des maires de la banlieue ; car, si l'on descend le dernier degré de l'échelle (chose triste à dire), on y trouve plus d'ignorance que dans le village le plus reculé. Mais il est une autre classe singulière et originale, qui ne se retrouve nulle part en France.

Vous habitez Paris ; vous êtes riche, capitaliste ou banquier ; vous choisissez un point quelconque de la banlieue, et vous y achetez une gracieuse villa. Vous l'habitez l'été, non point pour y jouir de la nature que vous ne comprenez pas, mais parce qu'il serait de mauvais goût de rester à Paris. Vous devenez bientôt membre du conseil municipal ; il n'y a qu'un pas de là à la mairie, et, pour peu que vous hantiez les salons ministériels, le pas est fait, vous voilà improvisé maire. Vous pouvez tout à votre aise, si tel est votre bon plaisir, faire annoncer partout : Monsieur le maire de ***. Vous n'entendez rien en administration ; mais qu'importe ? l'adjoint est là. L'hiver venu, vous regagnez Paris : mais quoi de plus simple ? Un jour de la semaine, vous montez en voiture ; vous présidez le conseil municipal avec l'ignorance et le déshabillé du grand seigneur, ne fussiez-vous qu'un financier, et tout se borne là.

Si l'on m'eût donné en mille à qualifier cette classe de quasi-maires, je n'aurais pas trouvé le mot : les habitants de la banlieue l'ont spirituellement nommée les hirondelles.

MOLÉRI.

Static Wikipedia 2008 (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - en - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu -

Static Wikipedia 2007 (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - en - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu -

Static Wikipedia 2006 (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu -

Sub-domains

CDRoms - Magnatune - Librivox - Liber Liber - Encyclopaedia Britannica - Project Gutenberg - Wikipedia 2008 - Wikipedia 2007 - Wikipedia 2006 -

Other Domains

https://www.classicistranieri.it - https://www.ebooksgratis.com - https://www.gutenbergaustralia.com - https://www.englishwikipedia.com - https://www.wikipediazim.com - https://www.wikisourcezim.com - https://www.projectgutenberg.net - https://www.projectgutenberg.es - https://www.radioascolto.com - https://www.debitoformativo.it - https://www.wikipediaforschools.org - https://www.projectgutenbergzim.com