SERMON prononcé par le Révérend Père ESPRIT DE TINCHEBRAY, CAPUCIN
Dans l'Eglise des Dames Religieuses de Haute Bruyère, le 22 Juillet 1694,
Fête de Sainte MadeleineSicut unguentum in capito quod descendit in barbam, barbam Aaron.
Comme l'onguent qui descendit de la tête sur la barbe, barbe d'Aaron. Au Ps. 131.Tant et tant de fois vous m'avez demandé, c'est-à-dire, supplié illustres Amazones, que je vinsse dans votre benin Couvent, flanqué de bastions et guérité de toutes parts, comme une Citadelle inexpugnable pour alimenter vos ames virginales du pain doucereux de la parole angélique ; qu'enfin ruminant à part moi la validité de votre Requête, comme un Avocat rébarbaratif que les Clients persécutent, je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu. Je suis venu comme un autre César combattre, avec le glaive spirituel de la parole divine, les Satrapes infernaux et le Père frauduleux du mensonge ; j'ai vu l'excellence de vos esprits qui découvrent le talon des pensées les plus sublimes avant qu'elles aient montré le nez : et j'ai vaincu mon orgueil théologique, jusqu'à daigner paroître devant le Parlement voilé de vos Révérences cloîtrées.
J'avouerai pourtant, savantes Héroïnes, que je ne fusse jamais monté dans la chaire de votre magnifique Couvent, si je n'eusse meublé ma mémoire d'une pièce éloquente au possible, spirituelle au dernier carat. C'est ce qui est digne d'être capable de me faire surgir naufrage au port desiré de vos flamboyantes approbations.
Donc pour entrer en matière, nous parlerons aujourd'hui de la tête de l'homme, et partant de celle des femmes qui n'en manquent pas. Mais avant de laver la tête au genre humain, faisons un petit compliment à Marie, l'étoile poussinière du Ciel, la protocole de toutes perfections, le Parangon d'honneur, cet Océan de grace, cette vertu sainte et flotante sur la mer du monde, dont le Saint-esprit fut la vaisseau salutaire, et l'ange le garde marine, quand il lui dit : Ave Maria.
Le jeune et vieux Testament font mention de trois sortes de têtes, Catholique et Religieux Auditoire. Tête dans un plat. Tête dans un sac. Tête au bout d'une pique. Tête dans un plat, Tête de saint Jean-Baptiste. Tête dans un sac, Tête d'Holopherne. Tête au bout d'une pique, Tête de Goliath. Tête dans un plat, Concupiscentia oculorum. Tête dans un sac, Concupiscentia carnis. Tête au bout d'une pique, Superbia vitae. Ces trois sortes de Têtes furent habilement tranchées par trois Diables, Mes dames. Tête dans un plat, Tête de Saint Jean-Baptiste, fut abattue par le Diable de la curiosité : Tête dans un sac, Tête d'Holopherne, fut coupée par le Diable de la débauche : Tête au bout d'une pique, Tête de Goliath fut tranchée par le Diable de la superbe. Or, si est-ce que le monde est ainsi pavé de Têtes curieuses, de Têtes débauchées, et de Têtes orgueilleuses, bien est-il convenable que les rassemblant aujourd'hui toutes trois sur le corps spirituel de mon discours, je les décole ensemble avec le coutelas de ma langue prédicatoire dans la greve de vos attentions.
Cette exécution ne sera pas sanglante pareillement à celle des susdits Gentils-Hommes, mais elle sera parlante et en effigie. Je ferai main basse sur les Têtes, dont les oreilles allongées vont écornifler les entretiens les plus secrets. Je décolerai les Têtes charnelles, dont les yeux filoux et glissans vont furter les coeurs dans les recoins les plus enfoncées du terroir de l'innocence, pour les faire donner dans le panneau de leurs appas momentanés ; enfin je trancherai ces Têtes gigantesques qui semblent vouloir décoëffer la Lune et dévisager les étoiles. Tête dans un plat, Tête dans un sac, Tête au bout d'une pique, plat et sac, sac, pique et plat : Diable de curiosité, Diable de débauche et Diable de vanité. Ce sont trois Têtes et trois Diables, Mesdames qui feront le partage de ce discours et le sujet de vos favorables attentions.
PREMIER POINT
Comme ainsi soit que Romulus fonda la Ville de Rome, et c'est pour cela que l'on l'appela Rome, tout ainsi est que Jesus-Christ a fondé l'Eglise Chrétienne, et c'est pour cela que l'on l'appelle Chrétienne. Mais par ainsi soit que la Ville de Rome ne fut pas bâtie tout en un jour, de même le fils de l'homme, qui fut l'entrepreneur des bâtimens du Père Eternel, n'acheva pas la Cité de Jérusalem tout d'un coup ; mais il prit des aides maçons à qui, laissant le plan de l'architecture de notre Religion, il a fait cimenter l'ouvrage qu'il avoit commencé par le mortier des Martyrs. Les aides maçons furent les Apôtres, qui agrandirent de plusieurs rues la ville de Sion, comme chante le Prophête Fleurdelisé. Après eux sont venus d'autres manoeuvres, mitrés, crossés, froqués ; qui ont mis les Faux-bourgs dans la ville, et la ville dans les faux-bourgs, et l'ont fortifiée d'ouvrages à corne.
O pauvre fille ! ô déplorable Sion ! que tu es mal gardée aujourd'hui ! que ta garnison est galeuse, galante et poltronne ! tu n'es défendue que par une milice manchote, qui ne sçait manier, ni le sabre de la justice, ni le coutelas de l'espérance, ni la pertuisanne de la foi, ni la carabinne de la chartité, ni la bombe de la prudence, ni le mortier de la sagesse.
Au reste, mes chères et aimables Soeurs, il est difficile de définir la curiosité. Notre Révérend Père Pancrace de Romorantin, dans son Encensoir fumant des pensées mystiques de la Bénite éternité, dit que c'est être curieux : et j'estime sa définition bonne. Ma raison est que selon le brave Aristote, la définition doit être nette, univoque et convenante au défini. Or, il est que la définition du révérend Père Pancrace est nette ; car quelle ordure y trouvez-vous ? Elle est univoque, car il n'y a dans icelle qu'un mot ; mieux, elle convient au défini, car si la barbe convient au Barbier, la serrure au Serrurier, le chaudron au Chaudronnier, la pâte au Pâtissier, il faut que la curiosité convienne aux curieux : d'où on doit nécessairement conclure que la définition est dans les règles de la logique la plus fine.
Cependant le bienheureux Pantaléon, encore enfant de mon Séraphique Père Saint François, dit dans son Capucin botté et éperonné, courant au grand galop en Paradis, que la curiosité est un monstre qui a cent yeux autour de la tête, comme Argus l'étoilé, vacher de Junon la jalouse, cent cinquante bras à chaque épaule, enfin cent bouches, cent oreilles et cent nez. Elle a cent yeux pour regarder tout ; cent cinquante bras pour atteindre et toucher partout, cent bouches pour goûter à tout, cent oreilles pour écouter tout, et cent nez pour les fourrer par-tout : et partant, il divise la curiosité en cinq branches, dont la concupiscence est le trône. Branche de curiosité oculaire, branche de curiosité pateline, branche de curiosité odorante, branche de curiosité friande, branche de curiosité écoutante. Faisons alte, Mesdames, à cette excellente division, s'il vous plaît, réveillez vos intelligences enthousiastiques, et me les donnez toutes entières.
Premièrement, les cinq branches nous marquent les cinq portes cochères du péché par lesquelles il entre dans nos armes, à chacune desquelles il faut poser le suisse de la mortification et la sentinelle de vertu.
Deuxièmement, Branche de curiosité oculaire. Ah ! que je vois de fruits antichés, de mauvais fruits prendre à cette branche ! combien de têtes femelles dont les astres bitords ont des influences catareuses ! quelle romproit vîte si le Diable de curiosité ne l'étayoit ! parlerons-nous des fruits diaboliques ? Tête de Saint Jean-Baptiste, parle, c'est toi-même qui paya par ta décollation les violons qui firent danser la curieuse et paillarde Hérodias. Dis-nous comme ta langue, qui avoit balayé la voie du Messie, fut profanée par les mains de cette gourgandine ? Cependant, Inter natos mulierum non surrexit major Joanne-Baptista. Entre les nez des femmes, jamais nez ne fut plus grand que le sien.
Dirons-nous encore a salée métamorphose de la femme de Loth ? Oui, oui ; il la faut dire, vae mihi si non evangelisavero, afin que ceux qui ne la savent pas l'apprennent, et que ceux qui la savent ne l'oublient pas. Toute la Sainte Trinité assise dans son Trône Royal et assurée du conseil d'en haut, après avoir entendu le plaidoyer de maître Abraham, père des croyans, condamne la ville de Sodôme et ses soeurs à être brûlées toutes vives ; et ayant dépêché à Loth un Sergent emplumé, lui fit signifier de déguerpir de sa maison, en manquement de quoi il seroit grillé comme un cochon. Loth qui n'aimait pas la grillade, ne se fit pas tirer l'oreille et gagna aussi-tôt aux gigotaux ; mais sa femme qui aimoit au désespoir à manger son pain à la fumée du rôt, fit une contorsion de col furieuse, et pour punition, le torticoli lui demeura, ses pieds s'engourdirent, ses bras, ses mains se roidirent, son corps se selcifia ; bref, elle devint une statue de sel. O Dieu ! si toutes les femmes d'aujourd'hui étoient changées en sel ! que de sel ! que de sel ! adieu les Gabeleurs ; adieu la Gabelle ; adieu insatiables Maltotiers ; adieu sangsues ; adieu éponges des richesses populaires, Ecclésiastiques, Monastiques et Séculières... Sautons, Mesdames, à la deuxième branche.
Le rusé Démon du patelinage n'est pas moins dangereux que celui du regardage ; et vous devez vous défendre de ces Patelineurs éveillés qui n'ont leurs doigts pétris que de mercure, et ne savent pas gouverner leurs mains fretillantes ; je romperai-là cette branche, parce qu'elle me paroît vertueuse et vermoulue, et je passe à la quatrième branche, sur laquelle il y a des nez curieux ; branche de curiosité odorante.
Le phisionomiste Jean-Baptiste Porta, Napolitain, et le savant Dom Melchior de Monflacon, ont fort bien remarqué qu'il y a trois sortes de nez : nez camards, ou nez écrasés ; camus ou nez retroussés ; néz aquillins ou nez de perroquets. Nez camards, c'est la marque des voluptueux, qui, après avoir franchi le fossé de la pudeur sur la haquenée de l'effronterie, courent à bride abattue dans le chemin carrossier de l'enfer. Nez camus ou nez retroussés, c'est le Symbole des orgueilleux ; car le même Docteur en phisionomie, enseigne qu'un nez retroussé est fait comme une selle à cheval, sur laquelle est le Démon de la vanité qui s'y met en califourchon, pour nazarder tout le monde. Enfin, notre Père Hilarion de Monoptapa, dit que le nez aquilin ou de Perroquet, est le signe des curieux, qui, du bec de leur odorat, accrochent les odeurs du crime. Oh nez croches ! que ne flairez vous plutôt le Jasmin de la grace, la Giroflée de la pudeur et la tubéreuse de la charité !.... Mais nous tardons trop ici. La branche grossit et nous ne la pourrons plus couper : c'est pourquoi passons à la quatrième.
La quatrième branche a deux fourchons, Mesdames ; branche de curiosité friande, branche de curiosité écoutante ; ces deux branches ne sont pas moins difficiles à définir que les trois premières.... Mais pendant que nous nous amusons, cette branche est devenue aussi grosse que trois. Hélas ! je vous l'avois bien dit que nous ne pourrions plus la rompre ; c'est pourquoi laissons-là la, en attendant que nous ayons une coignée pour l'abattre. D'ailleurs les Prédicateurs, qui sont les cuisiniers des ames chrétiennes, doivent servir à chacun le ragoût de leur apétit. Plat pour les curieux, nous l'avons servi dans le premier point. Plat pour les débauches, nous l'allons servi dans le second.
SECOND POINT
Madeleine convertie, tant pis : Madeleine pécheresse, tant mieux : ou plutôt, Madeleine débauchée, tans pis : Madeleine convertie, tant mieux. Tant pis, tant mieux, ce sont les deux membres de mon second point.
C'est la conduite des filles débauchées de citer Madelon. Elles se sont blanchies de son épée sensuelle. Sur l'exemple de cette sainte coureuse, elles courent comme elle après le diable de gibier d'amour, sur le cheval fringuant de la concupiscence charnelle. Concupisentia carnis. O chasse maudite, où le chasseur est aussi à plaindre que le gibier ! Arrête, courier mal monté, et considère le défaut de ta monture, qui fera casser le col à ton ame chevaline. Tu dis que Madeleine fut pécheresse, mais tant pis, car si elle fût morte pendant qu'elle tenoit boutique d'honneur à Jérusalem, il n'y auroit point de Madeleine dans le calendrier. Cette partie de sa vie en fut la partie honteuse.
Le révérend père Policarpe de Saint Gillus, dans sa Tabatière spirituelle pour faire éternuer les ames dévotes vers le Sauveur, et le révérend père Pudentin dans son livre intitulé : La Sèringue spirituelle pour l'ame constipée en dévotion, comparent Madeleine à un citron demi gâté. Ce citron, disent-ils, à deux faces, l'une belle, fraîche et de bonne odeur ; l'autre laide, puante et pourrie. Si donc tu regardes Madeleine du côté moisi, tu la trouveras jouant et folâtrant avec la jeunesse Juive, qui alloit acheter chez elle le péché à beau denier comptant. Fais volte face, retourne la médaille, et tu la trouveras châtiant sa vie fornicatrice avec le fouet de la pénitence, jeûnant et vivant de pissenlis et de racines ; mais le Démon de la débauche ne te fait admirer que ses crimes gourmandins dans le miroir de la repentance, et cette guenon de sa Divinité te met la berlue devant les yeux, pour ôter à son Original les honneurs qui lui appartiennent. Cependant, ô homme qui t'enorgueillit d'être un animal parfait et raisonnable, dis-moi donc, animal, que devient ta raison, quand tu fais de ta bouche un entonnoir,et de ton ventre un cellier par ton ivrognerie ? Quand tes mains poissées de glu, prennent l'argent à la pipée, sans filet, par leur avarice ? Quand tu prends par tous les bouts et côtés le nom de ton Dieu par ces juremens exécrables ? Enfin quand tes mignardes cajoleries enjolent, séduisent et massacrent les beautés neuves et idiotes ? que devient, dis-je, ta raison, quand tu la mets dans un tonneau de vin ? Ivrogne, tu la jette en l'air ; jureur, tu la laisse dans la tête d'une femme ; cajoleur, rougis donc d'imiter Madelon dans sa vie gourgandine, et tâche d'imiter Madeleine dans sa vie pénitente. C'est le second membre de mon second point.
Grande querelle fut autrefois entre Anaxagoras, et Pithagoras, pour savoir si Madeleine avoit les joues poupines et maigrelettes. Pithagoras lui donnoit les joues crêpies de blanc et de rouge comme les Madelons d'aujourd'hui. Anaxagoras au contraire, tenoit pour les joues amoureuses et maigrelettes. Pour couper racine aux hérésies que ces deux célèbres Pères de l'Eglise ailoient semant dans les Evangiles, le Prêtre Jean décida la question, et dit que Madeleine avoit les joues Pitagoriennes, c'est-à-dire, un teint de lis et de rose, pendant qu'elle faisoit le métier de Madelon ; et que le jeûne purge humeur, et la pénitence dégraisse boyaux, les avoit flêtries et redues Anaxagoriennes.
C'est à ces dernières joues que je m'arrête, et que tu dois t'arrêter, ame embabouinée de liens séculiers. Cette différence de joues met à pied ton raisonnement, car si Madeleine en faisant trafic de sa peau étoit crévée dans ses débauches, si la bise de l'amour divin n'avoit pas éteint la torche de l'amour charnel, si enfin la queue de sa vie avoit été comme la tête, on pourroit dire qu'ayant eu tabouret chez la Reine par sa débauche, tu espérois d'avoir les honneurs du Louvre céleste par la tienne. Mais puisque pour arriver au spacieux Océan de la gloire, elle a passé par le détroit de ta misère, il faut que tu galope la même mer sur la galère de la souffrance. Pensez-y bien, pendant que je moralise le sexe, Filles et Femmes, Mesdames, mes chères Dames, fuyez l'exemple de Madelon et suivez celui de Madeleine. Renoncez à l'abondance séculière, ne vous payez pas d'un repentir aventuré. Car de cent qui ont tâté de la vie de Madelon, il ne s'en trouve pas dix qui veuillent tâter de la vie de Madeleine, et renversant la phrase sans dessus dessous, Madeleine pécheresse tant mieux, disent-elles ; Madeleine pénitente, tans pis. Tant pis, tant mieux, finiront mon second point.
TROISIEME POINT
Marions-nous, mes chères Soeurs, marions-nous. Eh pourquoi ne nous marierions-nous pas ? S. Joseph étoit Religieux et la Ste. Vierge étoit religieuse. S. Joseph et la Sainte Vierge se sont mariés. Marions-nous donc mes chères soeurs, marions-nous, rien n'est plus doux que le mariage. Mais de quel mariage entendez-vous parler ? Ce n'est pas de ces mariages paroissiens et de ceux qui se font sous la cheminée. Marions-nous comme le verbe s'est marié avec la nature humaine : Epousons l'humilité qui devoit être la femme d'un vrai Chrétien. Cassons la tête au Démon de la vanité comme David le frondeur visa droit, qui d'un coup de pierre fit voler la cervelle au superbe Goliath. Superbia vitae.
Ici le Révérend Père Capucin demeura court, et dit quelque temps après.
Faites, faites amende honorable à ma mémoire, Juges pense malice. Vous croyez déjà que mon éloquence s'étoit cassée la machoire ou rompu le col, mais cette pensée est illusoire et mensongère. Le garde meuble de mes pensées n'est jamais vuide, et si je suis demeuré court, c'est pour faire une figure que les Rhétoriciens appellent Reticentia, silence ou suspension d'Esprit. Et cette figure, par les ordres de Cicéron, devant être présentée dans la canicule du discours, et mettre l'esprit de l'auditoire à la potence, il falloit de nécessité la garder pour la fin de mon Sermon. Ma raison est, que le Prédicateur doit mettre en jeu toutes les machines pour bombarder les coeurs qui font les Rodomons.
Où sont donc ces Goliaths, ces Héros d'humilité qui font tous les capables et les Césars ? Saccageurs, je vous attends de pied ferme, têtes superbes, pleines de vents et de chimères, à la vallée de Josaphat. Quand le grand Prévôt de la Maréchaussée Céleste enverra ses archers emplumés avec leurs trompettes argentines pour ordonner une prise de corps à toutes les ames du monde. Là, on arrachera les fontangnes, les Culbutes, les Renverses, les Dentelles et les Colifichets, les Passemens. Là, plus de train ni de marmite : Les Damerets, les Perroquets, les Enfarinés, les Coquets, et les heureux Faquins et Faquines, paroîtront comme des Gredins et Gredines. Il n'y aura que vous et vos pareilles, Mesdames, qui nageront dans le triomphe et l'abondance.
Oui, oui, ames poupines, ames colombines, vous irez becqueter gracieusement la barbe du Père Eternel, Sicut unguentum in capite, quod descendit in barbam, barbam Aaron. Vous irez dans les magasins de la friperie du Paradis, troquer vos haillons, guenilles Monastiques, contres des robes de l'Orient et du Midi ; vous irez vous enivrer de l'ambrosie évangélique, et vous crever du pain de la vie éternelle. Je vous le souhaite, etc.
Le prix est de deux sols.