GARDEL,
Maximilien-Léopold-Philippe-Joseph
(1741-1787) : La Rosière :
ballet-d'action en deux actes, de la composition de M. Gardel,
l'aîné, Maître des Ballets
: représentée pour la première fois
sur le
théâtre de l'académie de musique, le 29
juillet 1783.- A Paris : On trouve des exemplaires à la
Salle de l'Opéra,
1783.- 16 p ; 20 cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (26.I.2006) Relecture : A. Guézou. Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : norm brc 12). LA ROSIERE,
BALLET-D’ACTION, EN DEUX ACTES, De la Composition de M. GARDEL, l’aîné, Maître des Ballets. REPRÉSENTÉE, POUR LA PREMIÈRE FOIS, SUR LE THEATRE DE L’ACADÉMIE DE MUSIQUE , Le Mardi 29 Juillet 1783. ~ * ~PERSONNAGES DU BALLET.
LE SEIGNEUR. LA DAME. LUBIN, Epoux de Rosette, surveillant. ROSETTE, ancienne Rosière, surveillant. ALINE, Rosière. ALIX, son Amant. NICOLE, mère d’Aline. LISE, soeur d’Aline. RATON, fils d’Alix. COLETTE, jeune Bergère. COLIN, son Amant. ANNETTE, jeune Villageoise. LUCAS, son Amant. LE BAILLI. LE NOTAIRE. LE MAGISTER ou MARGUILLIER. ENFANS du Seigneur. NOBLES. BERGERS et BERGERES. VILLAGEOIS et VILLAGEOISES. CHEVALIERS de l’Arc. Anciennes ROSIERES. Anciens CHEVALIERS. COMPARS. Piqueur. Gardes de Maréchaussée. Gardes-Chasse. Musiciens Militaires. Idem Villageois. Laquais.
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ACTE PREMIER. _______ LE Théâtre représente la Place du Village, garnie d’Arbres et de Maisons. A droite est celle du Bailli, vis-à-vis est une Fontaine, et au fond un Côteau, sur lequel il y a plusieurs Chaumières. A gauche on voit un Mur, une Grille et de grands Arbres qui annoncent le Parc du Château. Au milieu de la Place est une Statue de l’Innocence, couronnée de fleurs, tenant une espèce de légende, sur laquelle on lit le vers suivant : La plus Sage demain reçoit une Couronne. Des Tambourins, des Fifres et des Villageois entourent la Statue. SCENE PREMIERE.
LES Paysans, par des danses, témoignent la joie qu’ils ressentent que la Fête de la Rosière soit fixée au lendemain. Le Bailli sort de sa maison, tenant une lettre qu’un Piqueur lui a remise de la part du Seigneur. Le Magister, le Notaire et son Clerc, Lubin et Rosette se présentent au Bailli, qui, après leur avoir fait part des ordres qu’il vient de recevoir, recommande à ces derniers d’épier avec grand soin la conduite de toutes celles qui viendront se faire inscrire, afin de lui en rendre un compte exact ; principalement de leurs intrigues amoureuses. Lubin et Rosette assurent qu’ils s’acquitteront parfaitement de cette commission, et tous rentrent chez le Bailli, qui les y invitent. SCENE II.
La Cage volée.
COLETTE paroît sur le Côteau ; elle lit, quand elle est au bas, la légende que tient la Statue ; ce qui l’engage à aller chez le Bailli pour s’y faire inscrire. Avant d’y entrer, elle pose à terre une petite cage à laquelle elle paroît très-attachée, mais dont Colin, son amant, qui l’a suivie, s’empare ; après quoi il se cache pour s’amuser de son inquiétude. Colette sort de chez le Bailli, cherche long-temps sa cage ; et désolée de ne pas la retrouver, se dispose à s’en aller, lorsque le Berger vient la placer sur son passage. Enchantée de la revoir, Colette va pour s’en saisir, et prend au lieu d’elle, la main de Colin. Celui-ci ne veut pas lui rendre sa cage, à moins qu’elle ne lui donne la rose qu’elle porte à son côté. Elle la lui refuse et le quitte. Colin piqué s’en va avec la cage. Colette le suit, la lui reprend et veut fuir ; mais le Berger l’enchaîne, et ne lui accorde la liberté qu’en recevant la rose.
SCENE III.
DÈS qu’ils sont partis, les surveillans font entendre que le Prix ne sera certainement pas pour cette jeune Paysanne.
SCENE IV.
DES Villageois et des Villageoises, qui reviennent des champs, paroissent sur le Côteau, ayant à leur tête une Musette et un Hautbois. Ils se rassemblent, et dansent une ronde autour de la Statue.
SCENE V.
ANNETTE restée seule, se flatte d’être bientôt parée de la Couronne, et se félicite d’avance de son bonheur. Elle va frapper à la porte du Bailli, et le prie très-gaîment de l’inscrire. Il la regarde, et à son air éveillé, il en augure assez mal. Cependant il rentre chez lui pour la satisfaire.
SCENE VI.
LA BERGÈRE INCONSÉQUENTE.
(Lubin et Rosette paroissent sur le Balcon du Bailli.)
ANNETTE saute de joie d’avoir obtenu ce qu’elle demandoit. Elle apperçoit Lucas, l’appelle, s’en repend aussitôt et se cache. Lucas arrive, la trouve et veut l’emmener avec lui aux champs. Elle résiste, l’engage à s’en aller, et, en même temps, lui prend son flageolet. Il veut le ravoir ; elle le lui refuse, le lui rend, et chasse de nouveau ce Berger. A peine il s’en va, qu’elle le rappelle pour qu’il la fasse danser au son du flageolet. Fatiguée, elle se repose sur un lit de gason, et engage son amant à y venir ; mais bientôt elle le repousse, et finit par orner son chapeau d’un ruban. Lucas, après s’être prêté à toutes ces inconséquences, obtient un baiser ; mais le Bailli qui les a observés, paroît tout-à-coup entr’eux deux, et les effraie au point qu’ils s’enfuient chacun d’un côté différent.
SCENE VII.
LUBIN et Rosette se joignent au bailli, pour rire aux dépens des deux amants, et ensuite vont chez lui faire note de leur découverte.
SCENE VIII.
UNE musique militaire précède les jeunes gens du village, qui viennent s’inscrire pour l’arquebuse et pour épouser la Rosière, dont la main est destinée à celui qui gagnera le prix. Ils se rangent tous sur une ligne devant la maison du Bailli.
SCENE IX.
LE Bailli, accompagné du Notaire et du Magister, paroît et reçoit l’hommage des jeunes gens. Ceux-ci, après avoir fait écrire leurs noms par le Clerc, défilent en ordre devant le Bailli, qui ensuite sort avec les Officiers Municipaux.
SCENE X.
NICOLE, Aline et la petite Lise arrivent. Nicole engage sa Fille d’aller se présenter pour être admise au nombre de celles qui aspire à être Rosière ; après l’y avoir déterminée, elle l’embrasse, et retourne aux champs avec Lise. SCENE XI.
ALINE se dispose à entrer chez le Bailli, lorsqu’il vient à elle. L’air de candeur, de modestie et de douceur répandu sur cette jeune Villageoise, lui fait espérer qu’elle obtiendra le prix de la vertu. Il le lui fait entrevoir, et la quitte pour aller l’inscrire. SCENE XII.
ALIX, l’un des Arquebusiers, rencontrant Aline qu’il adore, l’aborde dans l’espoir d’obtenir enfin un aveu qu’il désire depuis long-temps.
L’Heureuse résistance
Il lui peint avec timidité toute sa tendresse. Aline qui l’aime en secret, l’engage, en lui déguisant sous un extérieure froid, sa tendresse, à renoncer à elle. Alix, dont l’amour est extrême, emploie en vain tous les moyens possibles pour l’attendrir. Aline pénétrée de ses devoirs, rejette tout ce qui pourroit même donner quelque espérance à son Amant. Le jeune Berger, persuadé qu’elle ne lui résiste que parce qu’elle en aime un autre, se livre aux transports de la jalousie, l’accable de reproches, jette son arc, et veut se percer d’une de ses flèches. Aline, effrayée, mais cachant le trouble qui l’agite, retient sa main. Alix tombe à ses genoux, et lui jure, que, si elle continue d’être insensible à ses tourmens, il va pour toujours abandonner le Village. Voyant qu’il ne peut rien obtenir, il se relève, et la quitte avec fureur. Aline, qui craint de montrer sa foiblesse, sort par le côté opposé. SCENE XIII.
CETTE victoire remportée sur l’Amour, enchante les deux Surveillans. Ils applaudissent au triomphe d’Aline. Lubin court après Alix pour le consoler, et le ramène. Rosette l’assure qu’il est aimé, et que bien loin de renoncer à l’objet de sa tendresse, il doit faire de nouveaux efforts pour le mériter. Ce malheureux Amant, ranimé par leurs conseils, reprend son arc, et leur promet qu’il fera l’impossible pour gagner le prix, et, par ce moyen, obtenir la main de sa Maîtresse, qu’il ne doute pas qui ne soit Rosière. SCENE XIV.
LA Chasse se fait entendre. Le Bailli sort de chez lui, et fait préparer une colation, sous un berceau de fleurs. La Dame du Château va avec sa famille au-devant de son Mari. Le Seigneur arrive avec son monde, et éprouve, en voyant sa femme entourée de ses enfans, et de tous les Villageois, qui se prosternent, une surprise agréable. Des jeunes Filles lui présentent des corbeilles remplies de fleurs. Il se met à table, et invite tous ses Vassaux à danser, et jouit du plaisir de s’en voir adoré. La Nuit étend ses voiles ; le Seigneur se lève et gagne avec sa suite la grille du parc. Tous les Villageois le suivent. ENTRACTE.
LA Lune paroît ; mais les nuages la cachent aussitôt. Des éclairs qui se succèdent avec rapidité, annoncent un orage : le tonnerre gronde et le ciel s’obscurcit tout-à-fait. La foudre s’éloigne ; on apperçoit le soleil, qui insensiblement colore l’horison. Les oiseaux font retentir l’air de leurs chants harmonieux, et l’astre du jour brille dans tout son éclat. Des instrumens militaires se font entendre dans le château.
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ACTE II. __________ LE Théâtre représente le Jardin du Seigneur. Les arbres sont garnis de guirlandes de fleurs. A droite est un trône aussi riche que galant, vis-à-vis duquel il s’en trouve un en feuillage. Plus loin sont des gradins destinés pour les Seigneurs, les Dames et les Officiers Municipaux. Du même côté, est un poteau auquel est attaché le blanc où l’on doit tirer, et au haut une colombe. Une balançoire, une escarpolette et un jeu de bague garnissent le fond du Théâtre.
SCENE PREMIERE.
SYMPHONIE qui annonce une Marche, et qui augmente à mesure que celle-ci avance.
MARCHE.
Les
Tambours et Fifres.
Gardes de la Maréchaussée. Les Arquebusiers anciens et nouveaux. Le Bailli, le Notaire, son Clerc et le Magister. Les Rosières anciennes et nouvelles. Le Seigneur, la Dame et sa Suite. La Musique militaire. Les Enfans du Seigneur tenant les Prix. Gardes de Chasse Villageois et Villageoises. Bergers, Paysans, Enfans, etc. Le Seigneur se place, ainsi que sa femme et ses enfants, sur le trône qui leur est destiné. Les Villageoises qui prétendent à la rose, sont assises avec le Bailli, sur des gradins. Le Notaire, le Magister et les Arquebusiers garnissent le fond du Théâtre.
SCENE II.
LE Seigneur ordonne au Bailli de lui présenter les jeunes Filles qui aspirent à la Couronne, et sur-tout de lui faire connoître celle qui la mérite. Le Bailli, pour le mettre à même d’en juger, prend d’abord Colette par la main, et la lui présente. Après avoir salué le Seigneur, elle va s’asseoir sur un trône, vis-à-vis de lui. Le Bailli fait approcher Lubin et Rosette, qui représente la Scène de la Cage volée. Colette rougit de honte, et descend du trône.
SCENE III.
LE Bailli amène ensuite Annette, qui, d’après ce qu’elle vient de voir, ne se laisse conduire qu’avec beaucoup de répugnance. Lubin et Rosette exécutent la Scène de la Bergère inconséquente. Annette quitte sa place et veut s’enfuir ; mais on l’oblige de subir l’épreuve.
SCENE IV.
ALINE se présente ; son air timide et modeste intéresse tous les Spectateurs. Lubin, Rosette et le Bailli assurent qu’elle mérite le prix de la vertu. Alors tous les instrumens annoncent que la Couronne lui est due. Le Seigneur se lève, présente la main à Aline et la Couronne, tandis que la Dame du Château lui passe le Cordon bleu ; ensuite la place sur son trône. Nicole, au comble de la joie, vole dans les bras de sa Fille, et la baigne de larmes.
SCENE V.
LE son des instrumens militaires avertit que le jeu de l’Arc va commencer. Les Arquebusiers se présentent et font plusieurs évolutions. Après quoi ils tirent au blanc de pied ferme, et ensuite en courant. Alix remporte les deux Prix. Ses Camarades le portent en triomphe.
SCENE VI.
ON apporte les Prix. Le Seigneur donne un Arc d’or, et une Arquebuse à Alix, et le présente en qualité d’Epoux à la Rosière. Aline étonnée de son bonheur, en est comme accablée. Son Amant se jette à ses genoux, et reçoit, par un regard, l’aveu qu’il bruloit d’obtenir. Ce couple heureux prend place à côté du Seigneur, et de la Dame. Ceux-ci font approcher les jeunes Filles qui ont subi l’examen, et leur permettent de choisir chacune un Epoux.
SCENE VII.
LE Bailli inscrit les Mariages. Le Seigneur lui donne une bourse pour la dot d’Aline. Cette vertueuse Villageoise, ainsi que son prétendu, se précipitent aux pieds de leur Bienfaiteur.
SCÈNE DERNIÈRE.
LES Villageois et les Villageoises, etc. viennent offrir des présens à la Rosière ; après quoi l’on célèbre, par des Jeux et par des Danses de différents caractères, un si beau jour.
FIN.
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