HEYLLI, Edmond Poinsot pseud. Georges d' (1833-....) : Le véritable auteur du théâtre des boulevards (1881).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (29.XI.2001) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Bibliothèque municipale, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.66.50.- Minitel : 02.31.48.66.55. - Fax : 02.31.48.66.56 Mél : bmlisieux@mail.cpod.fr, [Olivier Bogros] bib_lisieux@compuserve.com http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Texte établi sur un exemplaire (BmLx : ns 919) du volume 1 du Théâtre des boulevards réimprimé pour la première fois et précédé d'une notice par Georges d'Heylli paru à Paris chez E. Rouveyre en 1881. LE VÉRITABLE AUTEUR DU THÉATRE DES BOULEVARDS
par
Georges d'Heylli
~~~~Nous sommes ici en pleine farce, cette farce grasse et salée qui plaisait tant à nos pères, cette farce de la rue qui émerveillait le bas peuple, à qui on la servait gratis et qui constituait ce genre spécial qu'on a appelé les parades. C'est sur les tréteaux de la baraque même, à l'intérieur de laquelle devait être donné le spectacle plus sérieux, et pour y attirer le public, que se débitaient ces plaisanteries au gros sel, populacières, grossières, ordurières souvent, plus souvent encore graveleuses, et dont les deux présents volumes reproduisent les plus amusantes et les plus célèbres. L'origine de la farce remonte, d'ailleurs, à l'origine même du théâtre ; car de tout temps il a été nécessaire de signaler une exploitation théâtrale quelconque par cette réclame publique et bruyante, à laquelle on a donné de nos jours le nom vulgaire de « boniment ». Bien qu'elles fussent très vite entrées dans les moeurs publiques, adoptées par la foule, suivies par elle avec persistance et qu'elles se soient naturellement perfectionnées de siècle en siècle, les parades n'étaient pas sans affliger les esprits graves et moroses aux yeux desquels elles ne paraissaient être qu'une contrefaçon malsaine de la véritable comédie. Sous Louis XIII, un médecin célèbre, Louis Guyon, qui fut aussi un écrivain distingué, avait fulminé contre le genre des spectacles, auquel le nom de farce est absolument réservé, et qui date plus particulièrement des XVe et XVIe siècles, comptant dans ses annales, et en tête de la liste de ses plus célèbres pièces les deux éternelles farces de Maître Pathelin et des Enfants sans souci, cette dernière, prisée plus encore du bas populaire parce qu'elle mettait surtout en scène les allusions les plus libres à ses goûts, à ses passions et à ses plaisirs ordinaires (1). « Les farces, dit Louis Guyon dans ses Leçons diverses (2), ne diffèrent en rien des comédies sinon qu'on y introduit des interlocuteurs qui représentent gens de peu et qui, par leurs gestes, apprennent à rire au peuple et, entre autres on y a introduit un ou deux qui contrefont les fols qu'on appelle zanis et pantalons, ayant de faux visages fort contrefaits et ridicules : en France on les appelle badins revestus de mêmes habits. Et communément il ne se traicte sinon des bons tours que font des frippons, pour la mangeaille à de pauvres idiots et maladvisez qui se laissent légèrement tromper et persuader ; ou on y introduit des personnages luxurieux, voluptueux, qui déçoivent quelques maris sots et idiots, pour abuser de leurs femmes, ou bien souvent des femmes qui inventent des moyens de jouyr du jeu d'amour finement, sans qu'on s'en aperçoive... quant aux farces d'autant que volontiers elles sont pleines de toutes impudicitez, vilenies et gourmandises, et gestes peu honnestes, enseignans au peuple comment on peut tromper la femme d'aultruy, et les serviteurs et servantes, leurs maistres et autres semblables choses, sont réprouvées de gens sages et ne sont trouvées bonnes. » (3) Plus tard, lorsque le goût public se fut façonné et relevé à l'école de Corneille, de Racine et de Molière, la parade s'est encore popularisée, nous dirions même aujourd'hui démocratisée davantage. Elle est bien demeurée alors, et exclusivement, l'apanage et le spectacle du peuple qui, d'ailleurs, n'en avait pas d'autres, n'ayant pas le moyen de s'en offrir de plus noble, obligé qu'il était le plus souvent de se contenter de la comédie extérieure qui se débitait sur les tréteaux et qui suffisait à ses plaisirs. Les parades du dernier siècle n'étaient pas, comme celles que nous entendons aujourd'hui à la porte de nos spectacle forains, composées soit par les farceurs qui les disent, soit par quelque auteur aussi besogneux qu'ignoré. Des écrivains connus et distingués n'ont pas dédaigné d'y mettre la main, et l'on a même recueilli, dans la collection de leurs oeuvres, certaines des pièces données par eux aux baladins de la foire. D'ailleurs, il ne faut pas confondre, comme on l'a fait souvent, la parade qui se jouait devant la porte, sur les tréteaux, avec la pièce qui se représentait à l'intérieur de la baraque même. La première n'était que la réclame faite en vue d'attirer le public et de l'amener à payer ensuite pour assister à la représentation de la seconde, qui composait le spectacle véritable. On a réuni depuis, en volumes, sous le titre de Théâtre de la foire (4), ces pièces dont Fuzelier, d'Orneval et surtout Le Sage ont écrit le livret ou arrangé la musique. Plusieurs d'entre elles, véritables comédies-bouffes, pourraient même encore, avec quelques modifications, fournir aujourd'hui d'intéressants livrets aux musiciens des opérettes si fort à la mode de nos jours. Quant à la parade même, nous venons de dire qu'elle a eu aussi ses auteurs : Fagan, Moncrif, Fuzelier qui cumulait la composition de la pièce du dedans avec celle du dehors, Sallé, Piron, Collé, etc... Vient ensuite Thomas-Simon-Gueullette, à qui on n'a rendu, que tout récemment, pleine et entière justice, comme auteur de parades amusantes et qui, par le fait, se trouve avoir composé presque toutes celles qui remplissent les volumes que nous réimprimons aujourd'hui. Un singulier hasard a permis de remettre tout-à-fait en lumière, en ces dernières années, le nom de Gueullette et de lui restituer, à coup sûr, la paternité des principales parades publiées dans le Théâtre des Boulevards. Notre regretté confrère Henri Nicolle, l'auteur de cette jolie comédie toujours demeurée au répertoire du Théâtre français : Les projets de ma tante, ayant été chargé par le petit fils de Favart de mettre à profit, en vue d'une réédition de ses Mémoires, divers papiers provenant de l'auteur de la Chercheuse d'esprit, trouva, dans la quantité des documents qui lui furent alors confiés, un gros in-quarto relié qui portait pour titre : Parades de M. Gueullette. En tête du volume figurait une lettre d'envoi de l'auteur à Favart, lettre qu'il est indispensable de reproduire ici : Gueullette à Favart.
Je vous envoie, Monsieur, ainsi que je vous l'ai promis, le recueil de mes parades que je puis bien appeler Delicta juventutis meae. Comme je ne les ai arrangées qu'en espèce de canevas, je me serais bien gardé de les laisser voir au public. Mais n'ayant pu les refuser à M. de Paulmy (qui même en avait joué avec nous) sous condition qu'elles ne sortiraient pas de ses mains, un infidèle copiste comme vous le savez, Monsieur, en a mésusé. M. Fanier en ayant eu besoin en Saxe pour procurer quelques divertissements dans un genre nouveau au roi de Pologne et à la famille royale, me les demanda il y a environ dix ans ; je les lui envoyai par la voie de l'ambassadeur, ne croyant pas, en faveur de notre très ancienne amitié, devoir le priver d'une satisfaction qui pouvait lui être utile. Elles lui procurèrent beaucoup de compliments de toute la Cour par la façon dont il fit exécuter et dont il exécuta lui-même les scènes qu'il choisit et qu'il travailla d'après les canevas. Il me tint très religieusement la parole qu'il m'avait donnée de n'en tirer aucune copie, et au premier voyage qu'il fit en France quelque temps après, il me remit le recueil que je vous envoie. Vous pouvez, Monsieur, aujourd'hui en faire tel usage qu'il vous plaira aux conditions de me remettre mon manuscrit le plutôt qu'il vous sera possible, de le faire copier chez vous.... Votre très humble et très obéissant serviteur, Or, le volume manuscrit en question contenait les pièces dont les titres suivent : Léandre fiacre. - La confiance des Cocus. - La chaste Isabelle. - Isabelle double. - Le marchand de m...... - Léandre magicien. - Les deux doubles. - Blanc et noir. - La vache et le veau. - Le Courrier de Milan. - La pomme de Turquie. - Le mauvais exemple. - Le Bonhomme Cassandre aux Indes. - Le remède à la mode. - Isabelle grosse par vertu. - Ah ! que voilà qui est beau ! - L'amant Cauchemar. - Léandre, ambassadeur. A ces pièces, il convient d'ajouter, d'après le catalogue Soleinne, qui fait absolument foi en ces sortes de matières, Caracataca et Caracataqué, ainsi que le Muet aveugle, sourd et manchot. Jusqu'alors la paternité du Théâtre des Boulevards avait été attribuée un peu à tous les auteurs qui ont écrit pour ce genre de spectacles. Cette paternité était donc demeurée, en quelque sorte, indivise parce qu'il était bien difficile d'en faire bénéficier l'un plutôt que l'autre des quelques écrivains dont nous avons, ci-dessus, cité les noms. C'est d'ailleurs à Thomas-Simon Gueullette qu'on eût pensé en dernier lieu pour le rendre responsable même de quelqu'une de ces nombreuses parades. En effet, Gueullette était un grave et sévère magistrat, fils du doyen des Procureurs au Chatelet, lui-même avocat au parlement, puis substitut du procureur du roi, et qui ne semblait guère devoir être soupçonné d'avoir écrit de semblables oeuvres, si peu compatibles, par le fonds comme par la forme, avec la dignité et la haute tenue de ses fonctions judiciaires. Comment, nous dit Henri Nicolle, (5) l'idée vint-elle au magistrat Gueullette de composer des parades ? Lorsqu'au sortir des bancs, Gueullette entra dans le monde, la mode était aux théâtres de Société ; elle dura fort avant dans le XVIIIe siècle ; à la Cour comme à la ville, c'était un divertissement général. Gueullette se mit dans le courant ; très gai de caractère, très en train, avec le tour facile pour le dialogue et les couplets, il ne pouvait manquer de se signaler en ces jeux dramatiques. De sa propre main il nous apprend qu'il y fut impresario, acteur et auteur. Ce ne furent d'abord point des parades que l'on joua sur les théâtres privés, comme la lettre de Gueullette à Favart nous fait connaître qu'on en représentait jusque chez le roi de Saxe ; le hasard qui les introduisit appartient à l'histoire de la parade ; il date de 1711. Un monsieur Chevalier, très illustre avocat, alors retiré du barreau, désirant revivre au palais dans son fils, avait, pour le préparer au métier, établi chez lui deux fois par semaine une conférence, à laquelle il présidait entre cinq ou six jeunes gens, tous amis de son fils. La conférence terminée, cette jeunesse studieuse passait dans l'appartement de Mad. et Mlle Chevalier ; on s'y délassait en se livrant aux amusements de son âge, au gage touché, aux proverbes, au roman. Or, il advint qu'un jour la petite société alla de compagnie à la foire St-Laurent, et que le lendemain, pour varier ses amusements, elle s'essaya à exécuter la parade à laquelle elle avait assisté. Le scenario ayant été bien retenu, et chacun s'étant tiré comme il faut de l'improvisation, la représentation réussit au-delà de ce qu'on pouvait attendre. C'en fut fait ; préparer des costumes, se déguiser, imiter les acteurs dans leurs lazzis, rien de plus charmant ; les autres récréations se virent abandonnées. Les jours qui n'étaient pas ceux de la conférence, on courait à la foire, on y écoutait trois ou quatre farces qu'on jouait le lendemain à l'impromptu. Ce théâtre avait son public d'intimes ; le bruit se répandit au dehors du nouveau genre qui faisait son originalité ; il eut bientôt des imitateurs, et c'est ainsi que les parades prirent rang dans le répertoire des théâtres de société. Ainsi, ces parades, en somme, grossières, malgré leur esprit et leur originalité, servirent d'abord à l'amusement des gens du monde et même des gens de Cour, puisque leur vogue se manifesta jusqu'au-delà de la frontière, sur le théâtre particulier du roi de Saxe. Gueullette les joua d'abord lui-même avec ses amis sur un petit théâtre de société, soit à Choisy, soit à Auteuil. Le bruit de leur succès se répandit bientôt de telle sorte que tout le monde voulut assister à ces représentations intimes et que, par suite, la mode s'en propagea partout. Des théâtres de société s'ouvrirent de toutes parts où les parades que composa alors Gueullette, à l'imitation de celles qu'il avait vu jouer à la foire, et beaucoup d'autres pièces plus ou moins sérieuses furent représentées par un public d'amateurs qui s'adjoignit bientôt quelques-uns des comédiens les plus célèbres du temps pour lui servir de répétiteurs et de maîtres. Enfin le succès de ces amusantes parades, sur les théâtres de société, devint en peu de temps si publiquement connu que les comédiens de la foire demandèrent à leur auteur l'autorisation de les représenter à leur tour. « Gueullette consentit, nous dit encore Henri Nicolle, et nous n'avons pas besoin de rechercher à quelles conditions ; il en fit certainement don à titre gracieux, comme ce fut la coutume pour ses véritables pièces dont il abandonna toujours les droits d'auteur aux comédiens. » Il est assez curieux d'ailleurs de constater que Gueullette défendit et réprouva lui-même tour à tour le genre de pièces auxquelles il doit d'avoir survécu encore de nos jours comme auteur des parades du Théâtre des Boulevards. Voici d'abord en quels termes éloquents il plaide leur cause : « Il y a des personnes d'une sagesse un peu trop austère qui ne peuvent comprendre que des gens de notre âge et de notre état s'amusent encore à de pareilles folies. Outre l'exemple de ce qu'il y a de plus grand à la Cour, qui n'ont cependant pensé que, d'après nous, à se procurer ce genre de plaisirs, où donc est le mal que l'on y peut trouver ? La gaieté ne peut-elle être de tous les âges ? Et parce que l'on vieillit tous les jours, faut-il devenir triste, morose et ennuyer les autres ? Notre joyeuse société pense tout le contraire, et suivant les principes que Cicéron admet dans son Traité de la Vieillesse, les hommes qui commencent à entrer dans un âge, qui naturellement les rend incommodes dans la société et oblige les jeunes gens à s'éloigner d'eux, ne peuvent employer trop de moyens pour être encore agréables à leurs yeux. Nous avons l'expérience qu'en usant ainsi que nous le faisons dans nos moments de loisirs, et ne cherchant (surtout à la campagne) qu'à procurer à nos amis et à nous-mêmes des plaisirs simples et innocents, cette aimable jeunesse, loin de nous fuir, nous fait pour ainsi dire la cour et du moins nous recherche avec empressement. C'est donc avec cette juste raison que nous avons pris pour notre devise : Dulce est decipere in loco. » Voici maintenant comment il critique également lui-même les parades, « ce genre nouveau de comédies, dit-il, que notre goût léger et inconstant mit à la mode. Après nous être élevé peut-être par delà Sophocle, Euripide et Aristophane, continue-t-il, nous tombons à ce qu'il y a de plus bas, à ce que les bateleurs joueront dans le préau de la foire pour divertir la populace. Ces pièces doivent être obscènes, déguisant mal la plus vile prostitution, en ne mettant aucune sorte de raison dans les incidents ; le ton de la plus mauvaise compagnie en fait ses délices, et la bonne s'étudie à ce jargon. Il court manuscrits de gros recueils de Parades, on les met en vers et en musique. » Quoi qu'il en soit de cette apparente contradiction, la vogue des parades de Gueullette, représentées par les comédiens de la foire, fut considérable. Mais elles étaient jouées anonymement, ce qui explique que le nom de leur auteur, connu du public, qui fréquentait son théâtre privé, n'ait pas recueilli la renommée populaire à laquelle, mieux que beaucoup d'autres, il avait droit. Il est donc bien certain aujourd'hui, et cela grâce à l'heureuse découverte d'Henri Nicolle, que la plupart des parades qui composent le présent recueil - sinon toutes - ont Thomas-Simon Gueullette pour auteur. Gueullette ne s'était pas borné d'ailleurs à donner des parades au théâtre de la foire ; il avait composé aussi pour la Comédie italienne quelques pièces, dont plusieurs ont eu un certain succès. Voici la nomenclature de ces diverses pièces : 1717. - La Vie est un Songe, tragi-comédie ; C'est dans l'Amour précepteur que se trouvent les jolis couplets suivants, si souvent cités : Rendrai-je un époux
Tout doux ? Ce meuble est-il bon ? C'est selon. Si c'est un mari Jeune et joly Doux et poly, Oui. Si c'est un dragon, Un vieux barbon, Un harpagon, Non ! Il y a aussi des vers très piquants dans le vaudeville final de l'Horoscope accompli, témoins les suivants :
En dehors du théâtre, Thomas-Simon Gueullette avait aussi composé des romans, au nombre desquels on peut citer, encore aujourd'hui : Les Soirées bretonnes, (2 vol. 1712) ; Les divertissements de la princesse Aurélie (1722) ;Les Mémoires de Mlle Bontemps, 2 vol. (1733 à 1738). Il avait en outre donné des traductions d'auteurs étrangers (6) ou des éditions nouvelles, avec notes et éclaircissements d'écrivains français (7). Il avait aussi écrit des Contes (8) qui figurent avec honneur dans le grand recueil, connu sous le nom de Cabinet des fées (9). Il nous reste, pour être complet, à citer la collection fort importante d'arrêts et de sentences de juridictions criminelles, commencée par Gueullette et poursuivie par lui jusqu'à sa mort. Ici, c'est le magistrat qui reparaît tout entier. Rien de plus sérieux, de plus méthodique et de plus utile que cette volumineuse nomenclature qui remonte jusqu'aux premiers arrêts judiciaires en 1191. Ajoutons que chaque pièce de cet immense recueil est annotée de la main même de Gueullette, et que, souvent, l'affaire dont l'arrêt n'est que la conclusion, est détaillée par lui, comme annexe, et avec les plus grands développements. Cette admirable collection se trouve actuellement conservée aux archives nationales, où elle fournit aux travailleurs spéciaux une source de renseignements à la fois authentiques et complets. Thomas-Simon Gueullette mourut le 22 décembre 1766, dans le cours de sa 83e année, laissant un nom doublement estimé comme littérateur et comme magistrat. Mais c'est seulement le littérateur qui nous importe ici. Il avait excellé dans un genre, où peu d'écrivains ont marqué d'une manière plus complète et surtout plus féconde. Il méritait ainsi d'être replacé très vivement dans la situation littéraire, à laquelle lui donne droit sa paternité, maintenant certaine, comme auteur des parades qui composent le Théâtre des Boulevards. Ce n'est pas que le genre en soit bien relevé, ni bien grandiose, mais il occupe une place spéciale dans notre littérature dramatique, et ce n'est pas un mince honneur, pour un écrivain, que d'y avoir tenu l'un des premiers rangs, peut-être même le premier. Il était donc intéressant de conserver le spécimen le plus estimé, le plus connu, et cependant le moins réimprimé - puisqu'il l'est aujourd'hui pour la première fois, plus de cent ans après son apparition originaire - de ce genre de littérature qui fut jadis si populaire et qui, bien que singulièrement rapetissé, rabaissé, avili même de nos jours, est encore cultivé dans les fêtes publiques, comme une vieille tradition du passé, par les pitres et les jocrisses des baraques de saltimbanques. Thomas-Simon Gueullette n'a pas laissé d'enfants ; mais deux héritiers de son nom, issus d'une branche collatérale, sont encore aujourd'hui vivants et connus. L'un est Mgr François-Nicolas Gueullette, ancien évêque de Valence, devenu depuis chanoine du 1er ordre au chapitre de St-Denis ; l'autre est notre aimable confrère en littérature Charles Gueullette, qui publie, en ce moment, chez Jouaust, d'intéressantes biographies de comédiens illustres du dernier siècle, et qui a enrichi de notices fort curieuses la publication, qu'il a récemment faite chez le même éditeur, de deux parades inédites de son ascendant, Les fausses envies et Arlequin Pluton. Notes :
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