[Ligue Française] : La
Paix allemande dite "Paix de Bruxelles" : Ce qu'aurait exigé
l'Allemagne
victorieuse.- Paris : Impr. Lang-Blanchong et Cie, [1919].- 4 p.
; in-8.
Numérisation : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (06.V.2016) [Ces textes n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contiennent immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros] obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : n.c.) Ce qu'aurait exigé l'Allemagne
victorieuse
LA PAIX ALLEMANDE dite "Paix de Bruxelles" A l'heure où se débattent les conditions
de la paix à imposer à
l'Allemagne par les puissances civilisées, la « Ligue Française » a
pensé qu'il était juste et utile de rappeler à tous les Français, et
surtout à ceux qui oublient trop vite, de rappeler également aux Alliés
les conditions de la paix que le célèbre historien Otto Richard
Tannenberg, dès 1911, dans son ouvrage fameux Gross Deutschland,
proposait d'imposer à la France.
Otto Richard Tannenberg ne parlait pas seulement comme savant ; il était surtout l'interprète de la puissante « Ligue Pangermanique », organe souvent officieux du Gouvernement et des ambitions allemandes. Il était la voix, comme disait la Ligue elle-même, « de la conscience du peuple allemand ». Ces stipulations de la paix allemande, dite « Paix de Bruxelles » — l'auteur prévoyait l'invasion et la conquête de la Belgique — sont des extraits littéraux de Gross Deutschland (p. 304 à 313), qui s'est vendu en Allemagne, à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires. « La conscience du peuple allemand » réclamait donc le démembrement, la ruine et l'asservissement complet de la France, de ses colonies, de la Belgique, du Luxembourg, de la Hollande et de la Suisse. La guerre ne doit laisser au
vaincu
que les yeux pour pleurer. Modération de notre part serait pure folie. R. TANNENBERG. CONDITIONS
DE L'ALLEMAGNE
I.—
La France cède à l'Allemagne les départements suivants : Les Vosges
avec Epinal, Meurthe-et-Moselle avec Nancy et Lunéville ; la moitié Est
de la Meuse avec la ville de Verdun, et les Ardennes avec Sedan ; en
tout environ 17.114 kilomètres carrés.
Cette région est actuellement peu peuplée, 69 habitants par kilomètre carré. C'est à peine la moitié de la densité de l'Allemagne. Le pays qui sera ainsi cédé à l'Allemagne, dans le bassin supérieur de la Meuse et de la Moselle, n'a que 1.192.453 habitants. Cette nouvelle province reçoit le nom de Franconie occidentale. Elle aura Nancy pour chef-lieu et sera résidence des autorités supérieures, du nouveau corps d'armée et d'une université. Les chefs-lieux de district seront : pour le Nord, Verdun sur la Meuse ; pour le Sud, Epinal sur la Moselle. La nouvelle frontière occidentale sera formée par la ligne de partage des eaux entre la Meuse et les affluents de la rive droite de la Seine... II. — La France donne asile aux habitants de ce territoire et les établit ailleurs. L'évacuation doit se faire dans l'espace d'un an à partir du jour de la signature du traité de paix. Le terrain est réparti en domaines de 40 à 60 arpents, suivant qualité, et distribué comme don d'honneur aux soldats qui se sont distingués pendant la guerre. Les immeubles des villes sont également répartis en immeubles de valeur équivalente. Ont aussi droit à ce partage les soldats qui ont fait la campagne de 1870-1871. La création de la nouvelle province de Franconie occidentale s'impose pour corriger les fautes commises en 1871; nous avons été assez fous, alors, pour traiter sur le pied d'égalité avec les Allemands les habitants de ces régions parce qu'ils parlaient l'allemand, et pour apprécier trop bas l'influence de la France. Il nous faut avoir à l'ouest de l'Alsace-Lorraine une province purement allemande, de façon à résoudre, une fois pour toutes, la question de l'Alsace-Lorraine. III. — La France déclare être d'accord quant à l'entrée de la Hollande et de la Belgique dans l'empire allemand. IV. — La France se charge d'établir les Wallons venant de la Belgique dans les régions encore désertes de son territoire. L'opération doit se faire dans l'espace de trois années. Les biens, fonds et bâtiments, des wallons et des habitants de la nouvelle province de Franconie occidentale, sur la Moselle et la Meuse supérieures, sont taxés par des experts et payés en bons sur l'indemnité de guerre due par la France à l'Allemagne et qui seront remboursés par la République. Les terrains ainsi évacués sur la Meuse moyenne seront occupés par les soldats allemands qui ont accompli des actions d'éclat pendant la guerre ; ainsi, au bout de quelques années, cette province-frontière aura une population purement allemande. V. — La France cède à l'Allemagne la propriété des douze, milliards de marcs prêtés à la Russie..... VI. — La France paie à la Grande Allemagne trente-cinq milliards de marcs comptant : c'est la moitié de l'argent comptant que la France se vante de posséder. Cette perte atteindra la France au point où elle est le plus sensible et où ses capacités sont les plus grandes. Depuis la chute du premier empire, l'argent est l'idole des Français et leur perte. Si la France n'avait pas, sur cette terre, le plus d'argent comptant, elle ne se serait jamais laissée aller à adopter le système des familles à un enfant ; jamais non plus elle n'aurait réussi à devenir le banquier complaisant, insinuant de nos ennemis. Enlevons à la France son mandat argent, nous pourrons alors enfin jouir de la tranquillité nécessaire à notre développement prolifique, et nous nous trouverons très bien de notre système de familles à six enfants. Nous nous ferons payer les trente-cinq milliards de marcs — pas de francs — en cinq ans, et notre armée d'occupation sera retirée de France, par étapes successives ; au fur et à mesure des paiements. Pendant ce temps, la République devra payer les frais qu'occasionneront les mesures prises pour notre sécurité. Le pays est occupé jusqu'aux frontières espagnole et italienne, afin que les Français du Midi apprennent, eux aussi, à connaitre le sérieux de la guerre ; la campagne de 1870- 1871 les avait épargnés et explique jusqu'à un certain point pourquoi c'est parmi eux que se sont recrutés les éléments les plus violents et les plus tapageurs des menées anti-germanistes. Trente et un milliards devront être payés comptant en or monnayé ou en barres et quatre milliards en bons. Nous saurons faire un emploi judicieux des trente-cinq milliards; ils nous sont indispensables pour la création de la Grande Allemagne. VII. — La France déclare adhérer à l'entrée du Luxembourg et de la Suisse dans l'Empire Allemand. VIII. — La France est d'accord avec les modifications apportées par l'Allemagne à ses frontières méridionales et orientales. IX. — La France renonce à sa flotte dont l'Empire Allemand devient propriétaire. X. — La France renonce à ses colonies, à l'exception de l'Algérie, en faveur de la Grande Allemagne. XI. — La France adhère aux traités signés entre les grandes puissances, l'Allemagne, l'Angleterre, les États-Unis de l'Amérique du Nord, le Japon et la Russie. XII. — La France signe le nouveau traité de commerce avec l'Allemagne, traité approprié au déplacement des forces que les événements ont déterminé. Ce sont les douze articles principaux de la paix conclue, à Bruxelles, entre l'Allemagne et la France. C'est la consécration définitive de la supériorité du peuple allemand, riche en enfants, sur la France, pauvre en enfants. La course aux armements qui a suivi le traité de Francfort est enfin terminée.... Otto Richard TANNENBERG.
Ces ambitions pangermaniques ont, par la plus sanglante, la plus dévastatrice, la plus monstrueuse des guerres, causé la ruine de presque toute l'Europe, la disette de toutes les matières dans le monde entier. Elles étaient longuement préméditées, comme on le voit ; elles sont dans l'âme du peuple allemand ; elles seraient sans doute reprises demain, si, après l'héroïque effort des soldats alliés qui les a brisées, on laissait à l'Allemagne la puissance de les reprendre et de les réaliser. Il faut donc, contre le retour de pareilles horreurs, les garanties les plus fortes. La France, qui a été, et qui serait encore la première au combat, à la victoire, et hélas ! aux destructions et aux pertes, ne veut plus, ne peut plus supporter des pertes semblables. Il lui faut donc des garanties particulièrement fortes, que ni les contrats les plus solennels — l'Allemagne ne les respecte pas — ni les illusions les plus généreuses, ni les promesses les plus cordiales ne peuvent lui donner. Ce qu'il lui faut, c'est une frontière très forte et une Allemagne impuissante au mal. LA LIGUE FRANÇAISE.
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