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E. Renan : Valentine de Milan, Christine de Suède : Deux énigmes historiques (1923)
RENAN, Ernest (1823-1892) : Valentine de Milan, Christine de Suède : Deux énigmes historiques .- [Abbeville : impr. F. Paillard, 1923].- 42 p. ; 16,5 cm.- (Les Amis d'Édouard ; 48).
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (03.XI.2012)
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros] obogros@cclisieuxpaysdauge.fr
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire d'une collection particulière
 
Valentine de Milan, Christine de Suède
Deux énigmes historiques
par
Ernest Renan

~ * ~

PRÉFACE

LA PREMIÈRE PROSE IMPRIMÉE
D'ERNEST RENAN


Il est possible qu'avant moi quelque biblio­graphe avisé ait signalé déjà cette première prose. Je dois, en tout cas, à la plaquette qui la contient des émotions et des souvenirs qu'aucun, bibliographe n'aura certainement éprouvés.

Disons tout de suite qu'il s'agit d'une Enigme historique, parue dans une revue destinée à des jeunes filles, dirigée par Mlle S. Ulliac Tré­madeure, amie d'Henriette Renan.

Je n'en savais pas davantage à l'époque où je fus mis en possession de ce précieux texte. Je savais aussi que ces pages représentaient les débuts de Renan dans le monde des lettres. C'est Mme Ernest Renan, à qui je dois tant, qui me fit ce cadeau. Le cadeau se composait de quatre feuillets détachés, format in-8, dont la pagination, des rectos aux versos, se suivait de la façon que je vais reproduire : 933-340 (quel saut diabolique !), 361-362, 363-364, 365-366.

J'ignorais le nom précis du périodique, et je laissai passer des années, remettant, comme il arrive dans une existence bondée de travaux, la vérification au lendemain.

Un jour, enfin, j'eus la chance de voir arri­ver à mon cours un excellent helléniste dans la personne du plus délicieux abbé qu'il m'ait été donné de rencontrer. Plein de savoir, plein d'idées, charmant de manières, d'une conver­sation agréable et nourrie, il était Breton et, ma foi ! sans céder d'un pouce sur le dogme, ou sur quoi que ce fût de ce genre, il avait un faible prononcé pour l'auteur de la Vie de Jésus. C'est, apparemment, parce qu'ils étaient pays.

Nous ne fûmes pas longs à nous lier d'ami­tié et je lui fis part du trésor tombé en ma pos­session. Lorsque je voulus le lui montrer, ce fut une autre affaire. Au Sénat, où, comme on sait, fut donné mon fonds, un beau matin — cela se passait sous l'ancien secrétariat de la questure — on jugea qu'il était à propos de déménager une grosse partie de mes livres, sans que ma faible intelligence ait découvert à ce déménagement une autre raison que celle, sans doute, de m'empêcher de remettre la main sur l'Énigme historique.

Je dus donc déchanter. Un fait indéniable, cependant, c'est que la Providence veille sur les bibliophiles.

En sortant du cours, une après-midi, nous passâmes, mon abbé et moi, au 30 de la rue des Saints-Pères, et nous entrâmes chez le brave libraire Lécuyer, riche en surprises livresques. Fasciné par une pile de volumes de reliure égale, mon œil courut immédiatement au dos de ces volumes. C'était une collection incomplète, mais encore assez respectable, du Journal des Demoiselles. Même format, mêmes pages à deux colonnes que mon Énigme historique. Et, en feuilletant, nous découvrîmes une série de petits articles semblables à celui de l'Énigme, signés tous des majuscules E. R., la signature même de l'Enigme ! Nous mettions tout bonnement la main sur du Renan, non point seulement inédit, mais encore inconnu, un Renan amuseur d'enfants, chroniqueur pour jeunes personnes.

Nous devenions fous, l'abbé et moi. Nous étions sur le char d'Elie, nous montions aux cieux : leschamaïm, répétions-nous en hébreu. Mon abbé me détaillait, chapitre par chapitre, le livre que déjà il consacrait à Renan-Trémadeure.

Le lendemain, il se rendit à la Biblio­thèque nationale. Par une perspicacité et une méthode peu ordinaire, il dépista la revue véri­table d'où l'Énigme était extraite. C'était une revue fondée en 1832 et qui s'intitulait précisé­ment Journal des jeunes personnes. A l'année 1846 — Renan avait alors 23 ans — il lui fut facile de retrouver l'Enigme, p. 933 ; car vous pensez bien que pour un abbé, c'était un jeu de dépister le diable ; les chiffres avaient été inter­vertis à l'imprimerie : il fallait lire 339.

L'abbé revint me voir pâle, défait, anéanti, flapi. Il n'y avait, dans le Journal entier, pas autre chose que cette Énigme, proposée de la page 933 (ou 339) à la p. 340, expliquée de la page 362 à la p. 365 : d'où la numération inter­rompue de mes feuillets ; Mme Ernest Renan n'avait conservé que ce qui avait trait à l'Enigme.

Nous eûmes du moins, l'abbé et moi, la con­solation de lire cette Enigme.

Le morceau est des plus charmants. Il débute par cette phrase qui est déjà d'un chant assez doux : « Une princesse, belle et jeune encore, étendue sur son lit de mort, rassemble autour d'elle les princes, ses fils, et leur adresse ses adieux. »

Ces adieux, par leurs mille allusions biogra­phiques, sont destinés à faire reconnaître la personne dont l'identification est proposée à la sagacité des jeunes lectrices. Le nom de la prin­cesse leur est livré dans l'Explication de l'Énigme historique du numéro suivant, pages 362-365 ; l'explication, on le voit, est abondante. Il s'agit de Valentine de Milan, et l'auteur se com­plaît dans l'énumération des détails, des circons­tances touchantes ou tragiques parmi lesquelles évolua cette pure et malheureuse princesse, épouse du frère de Charles VI, mère du poète Charles d'Orléans, persécutée, innocente, con­solée — à peu près ! — par la célèbre devise qu'elle se fit à elle-même :

Rien ne m'est plus
Plus ne m'est rien.

Il y a dans ces pages, ou plutôt dans ces colonnes, beaucoup des qualités qui annoncent le Renan futur : du rythme, de l'émotion, de la tendresse d'âme, un tour facile pour pré­senter l'érudition et la rendre agréable.

Mais la vraie, la grande importance de ce document est ailleurs. L'Enigme nous témoigne, de la façon la plus manifeste, le goût que tout de suite Renan eut pour l'histoire. Là réside à mes yeux sa puissante caractéristique ; là éclate sa profonde différence avec Victor Hugo.

Victor Hugo, si je puis dire, invente, crée, reconstruit, décrète l'histoire. Il la féconde aux flots de son génie. Renan, tout au contraire, a besoin de l'histoire, pour se laisser féconder par elle. Il ne pense qu'à la suite. Il faut que des faits précis lui soient fournis par les annales : cela s'affirme avec évidence jusque dans les meilleurs de ses drames philosophiques : Le Prêtre de Némi et L'abbesse de Jouarre. Quand il tient les faits, il les interprète, il les anime, il en fait les Origines du Christianisme, toujours avec ce style dont l'Enigme historique nous donne un premier et curieux échantillon.

Jean PSICHARI.

P.-S. — Je devais apprendre plus tard que la seconde prose imprimée de Renan était également une énigme historique, publiée dans la même revue, mais sous de pseudo-initiales. On la trouvera jointe à la première dans le petit volume que voici.


ÉTUDE CRITIQUE

J'ai retrouvé sans difficulté, à la Bibliothèque nationale, dans le Journal des jeunes personnes de 1846 et 1847, les deux Enigmes historiques dont parle ci-dessus M. Jean Psichari et que nous signalait d'ailleurs, sous les n° 1 et 2, la Bibliographie des Œuvres d'Ernest Renan, de MM. Girard et Moncel. .Ayant fait copier énigmes et explications, et, sachant que la première de ces énigmes avait été déjà reproduite « à titre de curiosité littéraire » dans le Livre d'or de Renan, je comparai les deux textes et fus tout surpris de les trouver fort diffé­rents. Il était cependant aisé de voir que le texte du Livre d'or était d'une meilleure qualité que celui du Journal des jeunes personnes.

On sait d'autre part que Renan commença de bonne heure à rédiger sa propre bibliographie. On en trouve aujourd'hui le curieux manuscrit auto­graphe dans le tome LX du fonds Renan, à la Bibliothèque nationale, folio 311 et suivants. Il débute ainsi :

« 1846. — 1er novembre. — Enigme historique (Valentine de Milan), dans le Journal des jeunes personnes. (Initiales.)
1er décembre. — Solution de l'énigme. Ibid. (Init.)
1847. — 1er août. — Solution d'une énigme historique (Christine de Suède). Ibid. (Pseudo-initiales.) »

Les dates et les indications relatives aux signa­tures sont exactes (1) ; mais on est étonné de ne voir mentionnée que la solution de la seconde énigme et de ne pas trouver l'indication de l'énigme elle-même, parue le 1er, juillet. Renan n'en aurait-il pas été l'auteur ? Nouveau problème.

Les lettres inédites de Renan, publiées à l'occasion du centenaire dans la Revue de Paris du 15 février 1923, sont heureusement venues nous renseigner.

Un post-scriptum du 24 octobre 1846 à une lettre du 23 octobre de Renan à sa sœur Henriette nous apprend l'origine de cette collaboration inat­tendue du jeune savant à un journal mondain qui était presque un journal de modes :

« J'ai vu hier soir les dames Ulliac. Je ne voulais pas expédier ma lettre avant de leur avoir annoncé que je t'écrivais. Mademoiselle Ulliac était tellement occupée qu'elle n'a pu trouver un instant pour t'écrire. Elle demande avec empressement les divers travaux que tu lui as promis pour son journal, et spécialement celui des catacombes de Rome. Il en est un surtout sur lequel je réclamerai ton assiduité ; c'est celui des Enigmes histori­ques. Car mademoiselle Ulliac, qui a voulu t'en réserver la propriété exclusive, me charge de suppléer à tes lacu­nes, ce qui me met dans un terrible embarras. Juge avec quel plaisir, quelques jours avant mon examen, j'en reçus d'elle la demande, à laquelle pourtant je ne pouvais me refuser. Je suis enfin parvenu à nouer un raisonnable imbroglio sur Valentine de Milan. Il ne me reste plus qu'à en donner l'explication, plus ennuyeuse encore. Au nom du ciel, délivre-moi de cette corvée. »

Renan avait terminé la veille, par un brillant succès, ses examens de licence commencés le 19. Le soir même, dans une longue lettre à sa soeur, alors institutrice à Dresde chez le comte Zamoyski, il avait raconté en détail les péripéties de la lutte. Le studieux jeune homme avait encore sur le coeur le travail saugrenu auquel il avait été obligé de se livrer « quelques jours » avant son examen, et il exprime son mécontentement. Mais, obligeant et consciencieux en toutes choses, il va, le soir même de son succès, voir la directrice du Journal des jeunes personnes afin de représenter auprès d'elle les intérêts de sa soeur éloignée. Le voilà pris au piège et obligé de continuer cette malencontreuse collabo­ration lorsque la « copie » de sa soeur fera défaut !

Quant à l'explication des différences de texte signalées tout à l'heure, la voici, donnée par Renan, dans une lettre datée du 24 novembre que n'a pas publiée la Revue de Paris, mais qui va paraître incessamment en volume et dont nous devons la communication à l'obligeance de la fille de l'illus­tre écrivain, Mme Noémi Renan :

« J'ai lu avec un extrême plaisir, chère Henriette, l’artiicle que tu as envoyé à mademoiselle Ulliac sur les catacombes. Ton style est tout à fait ferme et viril, et en vérité bien supérieur à ce qu'il faut pour ces frivoles publications. Un archéologue de profession n'aurait pas mis plus d'exactitudes dans les explications sur lesquelles tu conservais quelque doute. Quant au mot d'anagramme, j'avais compris avant d'avoir reçu ta dernière lettre que c'était une distraction, pour monogramme, et j'avais déjà suppléé celui-ci à la place du premier. Mademoiselle Ulliac trouve l'article fort intéressant, mais un peu court, défaut dont, dit-elle, elle a rarement à se plaindre. Elle se propose en conséquence d'y ajouter quelque chose. Ces journaux sont de vrais lits de Procuste : tout n'est qu'al­longement ou retranchement, outre que mademoiselle Ulliac aime beaucoup à faire le coup de ciseau. Elle a fait à l'énigme historique et à l'explication que j'avais été condamné à lui fournir les plus singuliers changements, et ne s'est pas aperçue qu'elle faussait la vérité historique. Heureusement que je lui en abandonne de grand cœur toute la responsabilité et propriété. »

Et Henriette Renan de répondre, de Dresde, le 8 décembre (Revue de Paris du 15 février) :

« Comme tu penses, je lui donne [à Mlle Ulliac] tous les droits possibles sur mes Catacombes, quoiqu'il ne me soit pas facile de comprendre ce que deviendra ma pensée délayée dans celle de M. Peigné. Enfin, il en arrivera ce que pourra ! je n'y mets aucune prétention. Je prévoyais tout ceci quand je persistais à rester cachée sous un pseudonyme ; vois comme j'avais raison. Je viens de lire ton explication sur Valentine de Milan ; elle est très jolie, très bien dite. Sophie [une des filles du comte Zamoyski chez qui Henriette était institutrice] avait deviné l'énig­me. J'ai facilement reconnu les passages que Mlle Ulliac a dû tronquer. C'est une singulière manie, heureusement qu'il ne s'agit de rien d'important. »

Une fois fixée la valeur des textes publiés dans le Journal des jeunes personnes, il ne restait plus qu'à retrouver, si possible, les manuscrits autographes.

Je savais par Mme Noémi Renan et par M. Jean Psichari que ces manuscrits étaient à la Biblio­thèque nationale où je les retrouvai grâce à l'obligeante entremise de MM. Henri Omont, conservateur du département des manuscrits, et J. Pommier. Ils constituent les folios 714-718 du volume 11480 des nouvelles acquisitions françaises.

Ils sont encore dans une enveloppe jaune qui porte, de la main de Mme Ernest Renan, la précieuse et émouvante suscription que voici :

Manuscrit du premier morceau imprimé et publié.
(Énigmes historiques.)
Légué à mon petit-fils Ernest Psichari.
C. R.

Ces autographes sans ratures et écrits sur le papier du format habituel à Renan sont probablement des doubles pris par l'auteur au dernier moment. Ils ne comprennent malheureusement pas les deux explications ; et on a vu plus haut que l'explica­tion de la première énigme avait subi le même traitement que l'énigme. Il est certain que l'expli­cation de la seconde énigme a été pareillement défigurée, d'autant plus que quelques phrases de l'au­tographe de l'énigme se retrouvent dans l'explica­tion. Quant à cette seconde énigme que Renan avait rédigée à la troisième personne, Mlle Ulliac, repre­nant maladroitement le procédé utilisé pour Valen­tine de Milan, la remet à la première personne et fait parler Christine de Suède ! Cela sans préjudice des autres transformations. Soit par l'effet d'une juste pudeur, soit par suite d'un accord avec l'auteur, cette fois, les deux articles furent signés S. et non E. R. Pas d'autre énigme historique dans la revue pendant ce laps de temps.

Nous ne publions donc les deux explications qu'à titre tout à fait documentaire. Mais du moins avons-nous la satisfaction de donner pour la pre­mière fois le texte authentique de la seconde énigme, et, pour la deuxième fois, le texte de la première bizarrement publié, dans le Livre d'or, entre la Composition des comités du monument d'Ernest Renan et la Traduction des lettres de langue étrangère.

Enfin, il nous a paru piquant de signaler que le jeune écrivain, en qui s'annonçaient déjà les pro­messes du grand prosateur, subit le sort banal de presque tous les débutants et vit ses premiers manuscrits — on pourrait dire ici ses pensums — massacrés par la directrice d'une obscure revue pour jeunes filles du monde.

Robert DORÉ.

(1) La première énigme et son explication sont signées E. R. ; la seconde et son explication sont signées S.


~*~

PREMIÈRE ÉNIGME

Une princesse belle et jeune encore, étendue sur son lit de mort, rassemble autour d'elle les princes ses fils, et leur adresse ses adieux :

« Ecoutez, mes fils, la voix de votre mère, puissent ses dernières paroles demeurer à jamais gravées dans votre cœur !

Que ma vie vous apprenne qu'au-dessus des jouissances de l'ambition et des joies passa­gères de la volupté, il est un monde de pures délices, inaccessibles au cœur du méchant.
     
Moi aussi j'aurais pu rêver le bonheur dans cette cour brillante et polie où se passa mon enfance. Alors les princes à l'envi se disputaient ma main.

Et quand je quittai ma belle patrie pour m'unir au frère d'un roi puissant, le Nord sembla un instant oublier sa barbarie pour sou­rire à cette belle fleur que lui envoyait le Midi.

Mais ne croyez jamais au lendemain des fêtes. A peine étaient achevées celles qui célé­brèrent mon hymen, qu'un deuil profond cou­vrit ma patrie adoptive. Que dis-je ? ma patrie adoptive ... Ma mère n'était-elle pas du noble sang de ses rois ?

Le jeune prince, qui avait inauguré son règne par une victoire, le finit dans la démence. Heureux si les rares éclairs de sa raison ne lui eussent montré les factions déchirant son, royaume, et les passions déchaînées pour exter­miner son peuple !

Il jouait, l'infortuné ! au milieu des désas­tres, et ceux qui ne l'aimèrent jamais riaient de son malheur. Moi seule, je le consolais, et pleu­rais avec lui : aussi, il m'aimait, et m'appelait sa sœur.

Ah ! trop heureuse encore, si j'eusse pos­sédé le coeur où je n'aurais jamais dû trouver de rivale ! Mais tirons le voile, mes fils, sur de trop justes douleurs. Pour moi, j'en prends à témoin ma conscience et le ciel, je n'aimai jamais que lui seul !

Une femme odieuse était là, soufflant dans tous les coeurs la discorde et la rage. Elle a fait le malheur de ma patrie. Si elle n'eût fait que le mien, je lui eusse pardonné.

Je dus me défendre d'une accusation ridi­cule. Mes vertus et mes grâces leur semblèrent magie. Ils ignoraient quels sont les charmes d'un coeur pur, d'une âme résignée et inacces­sible à l'aigreur.

Un crime plus grand encore me fut imputé. J'aurais, disaient-ils, mêlé le poison pour l'héri­tier du trône, et l'exil fut le prix dont mon époux trompé récompensa mon amour.

O ciel, pardonne-lui, il l'a trop expié T'avais-je donc demandé la vengeance, et le frap­per n'était-ce pas me punir ?

Un lâche assassinat m'enleva mon époux,. et vous rendit orphelins. Je demandai jus­tice et on me la jura. Vaines promesses d'un roi en démence que fit bientôt échouer celle qui, comme un fatal génie, toujours attachée à mes pas, après m'avoir ravi le bonheur, me ravit aussi la vengeance !

Un an s'est à peine écoulé, et moi aussi je meurs. La douleur a flétri ma vie ; la divine poésie elle-même, qui autrefois adoucissait mes larmes, n'a plus de charmes pour moi. Tout m'est amer, excepté la mort. Mais vous, mes fils, vivez plus heureux, vivez pour punir les meurtriers de votre père. Celui-là sera mon fils, qui saura mieux le venger. »

Ils l'écoutaient en silence. Mais l'un d'eux semblait saisir plus avidement ses paroles ; elles pénétraient son cœur, le feu brillait dans ses regards, et sa main cherchait involontaire­ment son épée. Hélas ! il n'était pas son fils ! « On me l'a volé, dit la princesse expirante, je devais être sa mère ! »


EXPLICATION DE L'ÉNIGME

Valentine de Milan, qui a laissé un souvenir si pur dans l'histoire d'une époque de calamités et de crimes, était fille de Jean-Galéas Visconti, duc de Milan, et de Jeanne de France, fille du roi Jean le Bon. La cour de Galéas, quels que soient les crimes que l'histoire reproche à ce prince, présentait une civilisation bien plus avancée que celles du Nord, où dominaient encore les moeurs rudes et grossières qui firent de la fin du quatorzième siècle et de la première moitié du quinzième, une époque de sang et d'horreurs. La poésie florissait au beau soleil du midi, et c'est sous l'influence de Valentine de Milan et de son fils Charles d'Orléans, l'aimable poëte exilé, que la France fut initiée à des plai­sirs intellectuels alors nouveaux pour elle.

Ses richesses avaient valu à Galéas une haute alliance ; elles lui permirent d'en procurer à sa fille une autre non moins brillante. Elle épousa, en 1389, Louis, duc d'Orléans, frère du roi Charles VI, et elle apporta pour dot la princi­pauté d'Asti. Louis était lui-même, au milieu d'une cour sombre et travaillée par l'ambition, un premier reflet de cette brillante renaissance que l'on voyait déjà poindre dans le lointain. Son caractère vif, léger, facile, faisait oublier ses fautes chez un peuple qui pardonne tout à l'homme aimable.

L'arrivée de Valentine fut célébrée par des fêtes magnifiques ; mais bientôt d'amères dou­leurs succédèrent à ces joies passagères. Ni ses grâces, ni l'élévation de ses sentiments ne purent lui assurer le coeur de son époux, et ,enfin elle se vit comme abandonnée au milieu d'une cour où d'abord tout avait paru lui sourire.

Les malheurs publics vinrent augmenter pour elle le poids des peines du cœur. Le roi, après -avoir signalé les premières années de son règne par des succès militaires et surtout par la vic­toire de Rosebèque, perdit la raison à la suite de l'accident de la forêt du Mans, et la France entière se vit plongée dans un abîme de maux. La reine, Isabelle de Bavière, abandonna ce pauvre insensé et ne songea plus qu'à ses plai­sirs; Valentine, au contraire, resta fidèle à cette immense infortune.

Les chroniques du temps nous la montrent tout occupée du soin d'entourer de tendres prévenances l'infortuné monarque et d'adoucir les rigueurs d'un isolement d'autant plus cruel que quelques moments lucides permettaient à Charles d'en ressentir l'amertume. Elle seule savait calmer ses agitations, et quelquefois, dans ses entretiens, il retrouvait le repos ; aussi la nommait-il sa sœur chérie et la retenait-il par les plus tendres instances, quand, cédant à la malignité de ses ennemis, elle voulait se retirer de la cour.

La calomnie, en effet, ne cessait de pour­suivre la duchesse d'Orléans. Les soins même qu'elle donnait au roi devenaient des crimes aux yeux de ses ennemis. On prétendait qu'ins­truite en Italie dans l'art de la magie, elle exer­çait sur lui de malignes influences, afin d'assu­rer l'autorité de son mari. Ces ridicules accusa­tions étaient accueillies avec avidité non seulement par un peuple ignorant et à demi barbare, mais encore elles trouvaient créance chez des hommes éminents par leur génie et par leurs vertus. La seule magie de Valentine était dans les charmes de son esprit et dans la force d'une âme douée d'une patience inalté­rable. L'inconstance de son époux ne la fit jamais descendre aux petitesses d'une jalousie vulgaire, et on la vit pousser l'héroïsme jusqu'à travailler de concert avec sa rivale à l'élévation de celui que Valentine aimait d'un amour si dévoué.

Le soupçon d'un autre crime, d'un crime horrible, vint peser sur la malheureuse prin­cesse. Un de ses fils étant mort subitement, on accusa Valentine d'avoir préparé pour le dauphin un poison qui, par mégarde, avait été donné à son fils. Quelque absurde que fût l'accusation, le duc feignit d'y croire. Par les conseils d'Isabelle, et aussi sans doute pour n'avoir plus à subir les remords éveillés en lui par les vertus de sa femme, il exila Valentine à Neufchâtel.

Valentine, cependant, reparut dans les orages politiques de cette époque ; elle partagea tous les maux de sa patrie adoptive ; mais sa dou­leur ne connut plus de bornes lorsqu'un coup mortel vint frapper celui dont l'ingratitude n'avait pu éteindre l'amour dans son cœur. Le duc d'Orléans fut assassiné par les émissaires du duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur, au moment où il revenait de l'hôtel Saint-Paul, où habitait Isabelle, à son hôtel Barbette.

La duchesse d'Orléans était alors à Château-Thierry avec ses enfants, dont l'aîné avait à peine quinze ans. Cette terrible nouvelle la plongea dans le plus grand désespoir. Ses servi­teurs, craignant de nouveaux crimes, firent par­tir ses enfants pour Blois, qui faisait partie de ses domaines.

Occupée d'une seule pensée, celle de venger son époux, Valentine se rendit à Paris avec son plus jeune fils, sa fille et la fiancée de son fils aîné.

Le 10 décembre 1407, par le plus rude hiver qu'on eût vu depuis bien des années, elle fit son entrée au milieu de ses femmes en deuil. Le roi de Sicile, le duc de Berri, le duc de Bourbon, le comte de Clermont, le connétable de France vinrent au devant d'elle. Le char, tendu de drap noir, était traîné par quatre che­vaux blancs. Jamais pompe si lugubre, jamais aspect si saisissant d'une profonde douleur n'avaient frappé les regards. Valentine traversa toute la ville, consternée encore de l'assassi­nat du duc d'Orléans, et descendit à l'hôtel Saint-Paul, où se tenait la cour. Le roi jouissait en ce moment d'un peu de raison. Elle se jeta à ses genoux en versant des torrents de larmes et demanda justice.

Le roi pleurait en l'écoutant. Il la releva, l’embrassa et lui promit vengeance. Deux jours après, elle revint, et elle reçut la même promesse ; le roi l'assura qu'il regardait l'injure comme ayant été faite à lui-même. Mais Jean-sans-Peur était le chef d'une faction toute-puissante ; il trouva d'audacieux apologistes et les promesses furent oubliées.

Valentine, au désespoir, alla rejoindre à Blois ses autres enfants. Le peuple, toujours aveugle, imputa encore à ses maléfices les désordres qu'à la suite de ces terribles secousses éprouva la raison du roi ; mais persévérant dans son devoir, elle revint à Paris et demanda au dauphin l'exécution des promesses qui lui avaient été faites. Le dauphin promit à son tour, et il oublia !

Perdant le dernier espoir qui jusqu'alors avait soutenu son courage, elle revint auprès de ses enfants et s'abandonna à la douleur qui la consumait lentement. L'histoire a conservé la touchante devise qu'elle avait prise en ces jours de deuil :

Rien ne m'est plus,
Plus ne m'est rien.

Lorsque Valentine sentit approcher sa fin, elle rassembla ses fils autour d'elle et leur fit jurer de venger la mort de leur père. Parmi eux était celui qu'on désignait sous le nom de bâtard d'Orléans et qui plus tard se couvrit de gloire sous le nom de Dunois. Devinant déjà dans ce jeune enfant les grandes qualités qui devaient le mettre au nombre des libérateurs de la France, Valentine l'avait adopté, malgré les tristes souvenirs que devait lui rappeler sa naissance. On rapporte que, voyant ses der­nières paroles produire sur cette âme jeune et forte plus d'impression que sur ses autres enfants, elle s'écria : « On me l'a volé, je devais être sa mère !

Valentine mourut de douleur à l'âge de trente-huit ans.

La France s'est souvenue de ce qu'elle devait de reconnaissance à cette femme si noble, si grande, qui vint, au milieu d'un siècle barbare, donner l'exemple des plus hautes vertus, et inspirer le goût de la poésie ; nos historiens ont immortalisé dans nos annales son dévoue­ment, son courage, et nos poëtes ont chanté Valentine de Milan ; aujourd'hui une statue en marbre blanc, due au ciseau de M. Victor Huguenin, vient de lui être érigée sous les ombrages du jardin du Luxembourg.

E. R.


DEUXIÈME ÉNIGME

Le Nord a vu régner une femme singulière dont le caractère et la destinée excitent encore plus l'étonnement que l'admiration, bien que celle-ci ne lui puisse être justement refusée. Fille d'un héros qui par son génie avait porté sa nation au premier sang parmi celles d'Europe, elle fut redevable du trône au culte voué à la mémoire de son père bien plus encore qu'à sa naissance. Trop jeune d'abord pour gouverner, elle dut à de sages tuteurs et à un habile ministre dont le nom se place de lui-même à côté de celui qui à la même époque faisait triompher en France son énergique volonté, l'avantage d'un règne glorieux commencé avant même qu'elle eût pu régner. Son éducation fut à la fois celle d'un savant et d'un soldat. A dix-huit ans, elle parlait et écrivait en latin, en allemand, en français, et lisait Polybe et Thucydide, historiens grecs, dans leur langue originale. Devenue reine de nom et d'effet, elle étonna par sa maturité, sa pénétration et plus encore par ce singulier carac­tère qui seul explique ses défauts et ses grandes qualités. Jalouse avant tout de son indépen­dance, elle préféra au bonheur de se voir mère de rois celui de rester elle-même sans maître. Accoutumée à préférer l'éclat des choses de l'esprit à celui de la puissance matérielle, elle semblait mépriser son titre de souveraine pour n'être que la reine des savants qui, de toutes les parties de l'Europe, affluaient à sa cour et l'enivraient de l'encens de leurs panégyriques. C'est sans doute à ces goûts extraordinaires qui lui faisaient pré­férer une vie indépendante sous un beau ciel à l'éclat d'une couronne, bien plus qu'au désordre réel qui avait succédé dans son royaume aux prospérités des premières années, qu'il faut attri­buer l'étrange démarche par laquelle elle renon­ça, à l'âge de trente-trois ans, à l'une des cou­ronnes les plus brillantes du monde, pour vivre désormais libre et délivrée de la brillante ser­vitude, inséparable d'un trône. Elle dit adieu avec joie à cette terre où elle avait régné, et c'est alors qu'elle commença à parcourir l'Europe sans quitter son titre de souveraine, sans cesser même d'en exercer les prérogatives. La Belgique, l'Allemagne, la France, l'Italie la revirent plu­sieurs fois, et partout elle reçut l'hommage des gens de lettres et des savants, qui semblaient seuls être restés ses sujets. Rome surtout fut son séjour de préférence, et quand plus tard les embarras politiques empêchèrent son ancien royaume de remplir ses engagements envers sa souveraine, ce fut d'une pension payée par les pontifes romains que subsista la fille du plus redoutable ennemi du catholicisme dans le Nord.. Destinée à régner partout dans l'ordre intellec­tuel, elle exerça sur la littérature et les arts de l'Italie la plus profonde influence. Son palais devint une Académie et un Musée. Propre à tout,. excepté peut-être à gouverner un grand empire, elle est restée une énigme pour l'histoire qui frappée de ses grandes qualités, voudrait l'admi­rer, étonnée de ses faiblesses, serait tentée de lui refuser la véritable grandeur, mais ne peut, au moins méconnaître qu'elle mérita, sinon sa. gloire, du moins sa renommée.


EXPLICATION DE L'ÉNIGME

Christine, reine de Suède, était fille de ce célèbre Gustave-Adolphe, dont la brillante valeur tint un instant en suspens les destinées de l'Europe. Les Suédois auraient désiré voir naître un prince qui pût continuer les exploits de son père ; les astrologues, toujours flatteurs et alors en grand crédit, avaient annoncé au roi que le vœu de la nation serait réalisé. Les astrologues se trompèrent, mais Gustave, heureux d'être père, prit sa fille entre ses bras, et la présen­tant à ceux qui l'entouraient : « J'espère, dit-il, qu'elle vaudra bien un garçon ; elle sera sans doute fort habile, car elle nous a trompés ! »

Dès l'âge le plus tendre, Christine reçut la mâle éducation d'un soldat. Un jour, elle n'avait encore que deux ans, le commandant de Calmar, voyant qu'elle accompagnait son père, de faire les salves d'usage dans la crainte de l'effrayer.

« Tirez, tirez, dit Gustave ; elle est fille d'un soldat, il faut qu'elle s'accoutume au bruit des armes. »

Plus tard, à l'éducation d'un capitaine elle joignit celle d'un savant; dès l'âge de dix-huit ans, elle lisait Polybe et Thucydide dans leur langue originale, et savait parler et écrire avec la même élégance le latin, l'allemand et le fran­çais.

Christine était encore enfant lorsque le héros de la Suède périt enseveli dans son triomphe, sur le champ de bataille de Lutzen (1632).

Un conseil de régence, à la tête duquel était le célèbre Axel Oxenstiern, le Richelieu de la Suède, gouverna l'Etat pendant sa minorité, tandis que la brillante école de guerriers formée sous Gustave-Adolphe soutenait encore en Allemagne l'honneur des armes suédoises. A dix-huit ans elle fut déclarée majeure, et trouva, grâce aux soins de ses tuteurs, les affaires dans l'état le plus florissant.

On vit paraître dès lors dans sa conduite ce mélange de bizarrerie et de grandeur dont sa vie tout entière porte l'empreinte. Vêtue en homme, tantôt elle faisait de longues courses à pied et à cheval, et bravait les fatigues de la chasse ; tan­tôt elle s'enfermait avec les savants que ses libé­ralités attiraient à sa cour, et qu'elle étonnait par son érudition.

Plusieurs princes recherchèrent sa main mais Christine préférait sa liberté au bonheur de devenir mère, et elle cachait adroitement sa volonté bien arrêtée de ne point se donner un maître en disant :

« Il peut naître de moi aussi bien un Néron. qu'un Auguste ! »

Inébranlable dans sa résolution, elle choisit pour son successeur son cousin, Charles-Gus­tave, le présenta comme tel aux états de Suède, et, l'année suivante, elle se donna à elle-même solennellement le titre de roi.

Cependant l'état des affaires était loin d'être aussi satisfaisant que lorsque Christine avait pris les rênes du gouvernement. Elle s'était entourée de savants et de gens de lettres, qui l'enivraient de l'encens de leurs panégyriques et de leurs dédicaces. Les mœurs des érudits de ce siècle, leurs discussions incessantes, leurs jalou­sies devaient nécessairement semer la discorde à la cour de Christine.

« C'était, comme l'a dit un spirituel écrivain (M. Sainte-Beuve), un guêpier de savants, qui se jouaient de tout. » Trop souvent d'ailleurs les savants devenaient des favoris, dont les mœurs antipathiques à celles des Suédois provoquaient dans la nation un vif mécontentement. Telle fut sans doute la première cause qui donna à Christine l'idée d'une abdication. D'ailleurs une vie libre et indépendante sous un beau ciel avait toujours été son rêve favori. La Suède et ses mœurs sévères, les soucis de la royauté et les soins minutieux du gouvernement lui étaient devenus insupportables.

Le 6 juin 1654, Christine convoqua le sénat à Upsal, et malgré la vive résistance qu'elle éprouva, elle déposa la couronne entre les mains de son cousin Charles-Gustave, en se réservant de vaste domaines, l'indépendance de sa per­sonne et le pouvoir absolu sur toute sa maison.

Ici commence pour Christine une nouvelle ère, où se développe en toute liberté l'activité inquiète de son esprit et son goût pour l'ex­traordinaire. Elle visite successivement toutes, les nations de l'Europe, au milieu des applau­dissements des savants, dont elle ne cessa jamais d'être la reine, excitant sur son passage l'admi­ration de quelques-uns et l'étonnement de tous ?

Son abjuration, le meurtre de son grand écuyer, Monaldeschi, tache sanglante et ineffaçable, ses inutiles efforts pour ressaisir une par­tie de l'autorité qu'elle avait abandonnée, mais pour laquelle il est si rare de n'avoir pas quelques regrets, sont les épisodes divers qui remplissent cette nouvelle phase de son existence.

L'Italie enfin fixa son choix, et ce fut à Rome qu'elle passa ses dernières années, que vinrent empoisonner de bien tristes retours. Christine sentit amèrement le supplice de l'oubli auquel sont condamnés les souverains sans couronne, soit qu'ils aient renoncé volontairement aux grandeurs, soit que la fortune les en ait dépouil­lés. La Suède refusa de lui payer le revenu auquel elle s'était engagée, et ce fut d'une pen­sion fournie par les pontifes romains que sub­sista, dans ses dernières années, la fille du plus redoutable ennemi du catholicisme dans le Nord.

Christine vit avec courage venir sa dernière heure. Elle mourut le 19 avril 1689, et elle fut enterrée dans l'église de Saint-Pierre. Elle avait demandé formellement que son épitaphe se composât seulement de ces mots : VIXIT CHRIS­TINA ANNOS LXIII. (Christine vécut 63 ans.)

L'Italie conserva de précieux souvenirs de l'hospitalité qu'elle lui avait accordée. Christine avait fondé l'académie des Arcades et d'autres sociétés dont plusieurs existent encore aujour­d'hui, et elle laissait une riche bibliothèque, de précieuses collections de tableaux, de statues, d'antiques, d'objets rares qui allèrent grossir le trésor du Vatican; plus tard, quelques souverains 'les payèrent à prix d'or ; mais ce qui était plus important encore, Christine laissait des traces profondes de l'influence qu'elle avait exercée sur ia littérature, et de l'impulsion qu'elle avait donnée à la pensée. C'est là qu'il faut chercher la véritable grandeur de cet esprit fin et élevé et de cette intelligence vaste et pénétrante.

Christine ne sut être ni femme ni reine, et, souvent étonné de tant de faiblesse dans la fille d'un héros, le vieil Oxenstiern attristé s'écriait « C'est pourtant la fille du grand Gustave ! »

S.


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