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U. Rolland : Le Lutteur (1841)
ROLLAND, Henri : Le Lutteur (1841).

Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (07.II.2014)
Relecture : A. Guézou.
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros] obogros@lintercom.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur un exemplaire (BM Lisieux : 4866 ) du tome 6 des Francais peints par eux-mêmes : encyclopédie morale du XIXe siècle publiée par L. Curmer  de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. 
 
Le Lutteur
par
Henri Rolland

~ * ~


IL est des noblesses abâtardies, des royautés devenues mendiantes, des statues tombées du piédestal, des arts descendus au rang de métiers. Combien de colosses puissants qui étonnent nos yeux dans les temps passés par leurs proportions, se sont amoindris en traversant les époques, ainsi que les bâtons flottants sur l’onde ; soit qu’à la façon de Procuste, nous les ayons écourtés à la mesure de nos tailles, soit que les âges aient emporté leur physionomie peu à peu, de même que chaque instant dissipe les parfums d’une cassolette ! Qui reconnaît sous le toit de l’échoppe aux contrevents verts, dans le vieillard courbé sur un bureau zébré d’encre et de coups de canif, le scribe, commensal des rois et des seigneurs, qui guidait la plume dans les doigts ignorants de la châtelaine, le poignard sur le parchemin dans la main rebelle du chevalier ? Et le barbier-chirurgien-étuviste, ce prototype de Figaro, jadis armé du rasoir et de la lancette, gazette babillarde du scandale, entremetteur d’intrigues, alègre et prospère, n’a-t-il pas vu son monopole envahi, morcelé, et maintenant n’en est-il pas réduit au plat à barbe que piteux  et morne il tend comme la sébille du pauvre ? L’athlète et le gladiateur, que Phidias, Ctésilaos, et Agasias, ont reproduits en marbre comme un défi de perfection à notre humanité dégénérée, façonnés dans le moule antique, grec ou romain, peuvent-ils avoir même une copie décolorée dans le LUTTEUR de nos temps, court et trapu ; lourd et commun ; grossier d’allure, et qui, comme Quasimodo, fait mentir l’axiome que de l’harmonie naît la force ?

Acteurs d’une fête religieuse, les athlètes étaient, ainsi que le dit Pindare, une réunion d’hommes libres qui venaient conquérir l’immortalité et les couronnes d’or, au bruit des trompettes, au son de la flûte, interrompus par les rapsodes qui récitaient les vers d’Homère, les poëmes d’Empédocle et les chants d’Hésiode. Duellistes pour le divertissement du peuple-roi, dans un cirque immense tendu de filets d’or, de splendides velaria ; où rugissaient les lions et les panthères, où siégeaient cent dix mille spectateurs ; l’esclave thrace, le prisonnier sarmate ou gaulois jouaient leur vie dans un drame réel et sanglant, et tombaient frappés par l’épée du secutor, par la faux du mirmillon, par le trident du rétiaire.

Quel plus bel enjeu que la vie ? quel plus beau prix que la liberté ?

L’athlète de nos temps, triste parodiste, agent des plaisirs d’une fête patronale, lutte dans l’arène au son aigre du pipeau, aux mélodies conjointes de la grosse caisse et du galoubet. Et quelle arène ? au lieu de ces immenses assises de pierre qu’on appelle Colysée, dont la lice était parsemée de cinabre, de sable d’or, garnie de fraîches fontaines ; ordinairement c’est une prairie, une aire clairsemée de pierres et de paille, et le circuit est formé par des spectateurs en habit de bure.

Eh bien ! chez le peuple romain étendu sur ses gradins de marbre, chez les innombrables témoins des jeux Olympiques, il n’y avait pas plus d’enthousiasme et de délire que chez les spectateurs de nos jours. On s’enivre aussi bien avec le vin bleu des cabarets qu’avec le Tokai. Dans les provinces méridionales, il n’est pas de hameau misérable et indigent qui a sa voto (1) ne se cotise pour avoir au moins un couple de lutteurs. Chaque peuple a ainsi dans ses mœurs un goût dominant qui décèle son caractère, qui est le principal trait de sa physionomie. Nul n’évoque le souvenir de l’Angleterre sans se rappeler les combats de coqs, et surtout le boxeur. Nul, en pendant à l’Italie, n’oubliera ses soprani et ses frénésies musicales. Quel est le roman espagnol qui, à part les autodafés, les sérénades et l’inquisition, n’ait été défrayé par les courses de taureaux, les picadors, les matamors, les banderilleros, etc. ?

Dans le Midi, le lutteur se détache comme un type spécial, fort de toute sa puissance et de toute sa popularité. Il y a bien là certaines inspirations émanées de ce sol romain, où dorment à quelques pieds tant de débris. Les Arènes de Nîmes, l’amphithéâtre d’Arles ne devaient pas rester comme un cadavre inerte ; leurs échos ont trop souvent tressailli à des hurlements sauvages pour demeurer silencieux désormais. C’est presque le même peuple qui criait par les rues : panem et circenses ; aussi les pierres qu’ont foulées les sandales et les bottines romaines doivent croire qu’elles assistent toujours au même drame, en entendant les transports et les clameurs de cette population passionnée. Ce sont toujours ces gens au teint bronzé, aux habitudes rudes et farouches, au désir ardent ; avides d’émotions et de spectacles où ils puissent dépenser leur exaltation. Ne leur parlez pas du théâtre et de la littérature ; ce n’est rien pour eux que ces catastrophes factices dont les cinq actes d’un mélodrame sont engorgés ; ils méprisent ces rouages qui meuvent une machine dramatique, ces dénouements prévus. Leur drame, c’est cette action réelle, ce concours d’adresse et de force, l’une si fertile en ruses, l’autre si féconde en ressources ; toutes deux se prenant corps à corps, et présentant toujours tant de physionomies diverses, tant de tours variés, tant de coups de théâtre, tant d’incertitude de la victoire, que le spectateur reste haletant, indécis, ravivant la lutte par ses clameurs à une savante manœuvre, excitant les lutteurs de ses applaudissements comme du cliquetis d’un fouet ; morne ou trépignant, suivant les chances heureuses ou malheureuses de son favori. Ce peuple, dont l’organisation  est si rudement trempée, ne peut se plier à nos susceptibilités raffinées, aux habitudes parisiennes qui se contentent des mignardises du théâtre ; lui ne craint pas le sang versé, de tristes exemples l’ont assez prouvé ; et soyez sûrs que si la civilisation ne criait haro, il mettrait volontiers des épées dans la main de ses lutteurs.

Nous avons semblé, par ce qui précède, constater l’existence des luttes seulement dans les provinces méridionales ; c’est qu’en effet là c’est une préoccupation incessante ; mais la patrie des hommes aux longs cheveux et aux larges épaules a aussi ses lutteurs. Dans tous les pays où le séjour des cohortes romaines a tracé un sillage si profond, qu’il n’a pas encore été effacé par le temps, le lutteur existe à l’état de tradition. Mais parmi les montagnards kernewotes du Finistère, ce n’est plus un métier spécial ; ce sont des paysans robustes qui quittent la charrue et viennent combattre à chaque pardon (2) pour le divertissement  de leurs compagnons. Nous ne parlerons pas de cette lutte de paroisse à paroisse qu’on appelle sowle, et n’est autre que le jeu du shinty en Écosse, dit hurling en Angleterre, laquelle consiste à chasser une boule sur le territoire de sa commune. Nous mentionnerons seulement celle dont la domination romaine a laissé tomber quelques notions sur le sol ; qui s’est mêlée aux pratiques superstitieuses du moyen âge, et a subi l’influence religieuse si puissante en Bretagne. Il est curieux de rapprocher les coutumes qui y sont usitées, avec celles de nos provinces méridionales.

D’abord, par une version contraire que la différence de climats explique, les Bretons luttent habillés. Une chemise de forte toile qui s’enserre dans une culotte étroitement collante au corps, les cheveux relevés, contournés en chignon et liés par une torsade de paille, des guêtres de berlinge (3) ; voilà le costume. On comprend que la lutte y perd beaucoup de son intérêt, nous sommes bien loin de l’athlète. Le jeu des muscles, les poses académiques de deux corps entrelacés, les rapports de tradition, tout cela ne peut plus exister. On ne voit que deux paysans qui se gourment et se roulent dans la poussière.

Le lutteur breton est par-dessus tout superstitieux ; s’il se signe à plusieurs reprises avant le combat, c’est moins pour demander ainsi l’aide de Dieu et de la sainte Vierge, que pour se préserver des sortiléges et du louzou. Le louzou, sachez-le bien, donne une vigueur surhumaine à qui le possède ; ce sont quelques plantes à cueillir par la nuit, le jour du Sabbat, avec des formules mystérieuses. Les âmes religieuses s’en gardent comme d’un maléfice, parce que c’est un pacte tacite avec le génie du mal ; mais d’autres moins timorées l’emploient en se promettant de se racheter par quelques noëls au pied des calvaires. C’est à cette terrible puissance, vous dira-t-on, que Pierre de Moncontour lutteur des environs de Rennes, dont le nom est resté pur de toute défaite, a dû tous ses triomphes. Le Breton entre en lice, mais, au préalable, il fait couler l’eau favorable des fontaines dans ses manches, le long de ses bras et sur sa poitrine ; il n’y entre pas, si c’est le jour anniversaire de quelque catastrophe de famille, s’il croit avoir vu l’Ancou glisser sur les flots, s’il a pour rival un homme accusé de se signer à rebours, de rendre les terres stériles et les femelles des bestiaux infécondes.

Les conditions de la lutte sont : de ne prendre son adversaire qu’à la chemise, de ne point le frapper du pied, de n’employer ni sortiléges, ni magie. Le croc en jambe, cette manœuvre subreptice et perfide du traître, qu’on nomme là peeg-gourn, est autorisé. Les gages qui chargent une sorte d’arbre de mai sont ordinairement : un mouchoir, un coq, un mouton, voire même une génisse, que l’on place sous les yeux du public.

Le tambour annonce par un roulement que la lutte va commencer. Deux hommes, l’un avec un fouet à la lanière sifflante, le chapeau baissé sur les yeux pour ne pas avoir pitié des réfractaires, l’autre avec une poële, font faire liss (4). Les sonneurs (5), qui sont : un violon, un tambourin, une musette, dite bigniou, un hautbois, s’assèyent sur une estrade, ainsi que les juges choisis parmi de vieux lutteurs, parmi les notabilités de l’endroit, et les puissances temporelles et civiles ; le maire, le notaire. Toute une foule s’accroupit autour de ce spectacle ; les toits des granges voisines se garnissent de curieux ; les arbres portent des grappes d’hommes ; les femmes se prélassent sur des échafauds construits à la hâte. Un lutteur prend le prix dans son chapeau, si c’est un mouchoir ; sur son poing, si c’est un coq ; au haut des bras ou sur les épaules, si c’est un mouton ou une génisse ; et se promène ainsi dans l’assemblée, s’arrêtant à dessein devant ceux qu’il soupçonne devoir répondre à son défi ; si nul ne tire sa veste et ne rattache sa chevelure en lui disant : Attendez ! le prix lui appartient ; mais si quelqu’un lui crie de s’arrêter et lui touche l’épaule, la lutte est engagée. Les deux lutteurs se déshabillent et paraissent dans le costume que nous avons décrit, s’embrassent, se disent leurs noms, leurs communes ; se mettent la main droite sur l’épaule gauche, la main gauche sur le côté droit, et commencent. Leurs cheveux se délient dans la chaleur du combat, leur chemise se déchire en lambeaux sous leurs doigts crispés ; s’ils tombent dans la poussière, et que l’un d’eux touche la terre par le dos, l’on crie : Ar lam è (6) ; et celui-là est vaincu. Si aucun d’eux n’est tombé ainsi, nè get lamm (7), c’est un costiu, une chute inutile, et l’on se relève. Outre le croc en jambe qui est modifié d’une manière savante, il y a d’autres tours remarquables : le maléfant, du nom de son inventeur, par lequel l’adversaire est lancé en arrière par dessus l’épaule ; le toll scarge qui ne laisse l’adversaire s’appuyer que sur la pointe d’un seul pied, de sorte qu’il est facile de le faire trébucher par un peeg gourn. Il y a encore le cliquet roon, où, l’adversaire ayant perdu pied, le lutteur le fait rapidement tourner autour de lui et le jette à terre tout étourdi. Dès qu’un lutteur est proclamé vainqueur, le plus fort des juges le saisit à la ceinture et le montre à l’assemblée, qui applaudit avec transport.

Passons à un plus véritable représentant de la lutte antique, au lutteur des provinces du midi.

Nous avons nommé le boxeur quelques pages plus haut ; voilà dans la physionomie de nos voisins d’outre-mer le véritable pendant du lutteur méridional. Tous deux ils résument les instincts d’une population : ils sont un anneau semblable de cette longue chaîne de types qui, réunis, forment une nation ; on ne peut les en détacher sans briser la trame. Aussi, quelle est la collection de Heads of the English people qui ait oublié cette importante figure, non plus que celle de l’amateur de coqs ! Qui de nous s’est fait une Angleterre sans son boxeur, escorté de ses parrains ? Quel caricaturiste français n’a pas représenté l’Anglais avec son ventre d’alderman ; les bras arrondis, les poings menaçants ? Le boxeur agressif et brutal n’est-il pas le type le plus vrai de la populace grossière de Londres ? Le lutteur n’est-il pas une révélation des instincts un peu farouches des Méridionaux ? Les rapports, du reste, sont si réels entre les deux productions indigènes, que, malgré la distance, elles ont un esprit haineux de rivalité. L’Anglais méprisera le lutteur français de toute sa morgue britannique, en déclarant que Swift ou Adams en feraient bonne justice. Le lutteur vous apprendra comme quoi un de ses confrères, insulté par deux boxeurs dans les rues de Londres, les fracassa sur la muraille ; anecdote que je croirais dévotement par patriotisme, si elle n’appartenait pas, par droit d’ancienneté, à Maurice de Saxe, tout aussi bien qu’à l’amiral de Grasse.

Les villes qui se baignent au Rhône sont la pépinière de ces lutteurs. Remoulins, sur le Gardon, cite plusieurs illustrations de cette espèce. Saint-Quentin fut la patrie d’Archambault. Les naissances douteuses donnent lieu à des querelles. Homère ne fut pas revendiqué avec plus d’acharnement par Chio, Scyros, etc. Aussi, chaque affiche distingue précieusement les pays, et signale bien clairement : le parti Avignonnais ; le parti Lyonnais ; le parti du Gard ; le parti Marseillais. Quand un lutteur étranger est vainqueur dans l’arène, les rivalités grondent sourdement ; les parieurs aigris murmurent contre le malencontreux lutteur ;  ̶   A pas péta d’eschino (8), crie la multitude. On rapporte que les deux célébrités Nîmoises actuelles, dans un défi qui leur fut porté par Marseille, indignées de se voir ainsi chicaner la victoire, renversèrent leurs adversaires avec tant de force et de rudesse, que plus d’un d’entre eux ne put se relever sans secours, et que le peuple irrité faillit mettre en pièces les vainqueurs.

Entre deux lutteurs en renom la ville se partage ; tous prennent parti pour l’une ou l’autre faction, ainsi que pour les bleus et les verts du cirque de Constantinople. Chacun raconte de son lutteur des histoires qui font pâlir celle de Polydamas qui soutint une caverne prête à s’écrouler, et de Milon de Crotone, qui tua et mangea un bœuf (d’autres disent un mouton, ovem et non bovem, ce qui réduit singulièrement le prodige). « Un tel, disent les prôneurs, près d’être écrasé sous une roue de charrette, la souleva à quelques pouces de sa poitrine jusqu’à ce qu’elle eût passé. – Un autre élève jusqu’à sa bouche une cornue de vendange pleine de vin, aussi aisément que nous autres débiles approchons de nos lèvres un verre à pied. – Un autre crève un baril d’un coup de poing, et a été surnommé pour ce fait Crèbobouto (8), etc. etc. » Malgré tous ces témoignages de chaleur et d’intérêt, le lutteur est mal considéré. Un paysan aisé montrera autant de désespoir en voyant son fils dans l’arène, qu’un respectable bourgeois de la rue Saint-Denis en sachant son fils engagé dans une troupe de cabotins. Cela tient au préjugé qui poursuit tout homme qui consent à se donner en spectacle pour notre divertissement, et surtout au relâchement des mœurs de ces artistes. Leurs violents exercices, le renouvellement de forces qu’ils nécessitent, leur donnent le besoin et le goût des liqueurs fortes. Ils font des repas considérables, à l’exemple des athlètes, et vivent, pendant l’intervalle de leurs triomphes, dans les plus infâmes bouges. Ils ont fui le labeur persévérant de l’ouvrier, la dépendance de l’artisan pour la vie libre et vagabonde, pour le far-niente des longs loisirs, et leurs habitudes sont empreintes de ces funestes inclinations. Comme leur salaire ne vient pas lentement, au jour le jour, pièce à pièce, mais en somme, la débauche est immédiate. Le lutteur couronné élit pour ses plaisirs amoureux quelque robuste sultane, et liquide sa victoire en compagnie de ses disciples et de ses seïdes.

Le lutteur, en effet, a une cour composée de ses parents, des amis de sa classe, qui le félicitent, lui secouent la main après un succès ; et après la défaite le consolent en attribuant la chute à un faux pas, à une trahison de l’adversaire, à tout, plutôt qu’à l’infériorité du vaincu. Les grands maîtres font école ; ils enseignent les éléments du grand art, si répandus d’ailleurs qu’on voit les enfants dans les rues lutter avec principes ; en outre ils initient leurs élèves à leur système, ils lui prêtent leur coup favori, car chacun d’eux en a un qu’il a créé, de même que les maîtres d’escrime, de bâton, et de boxing. Leurs théories, comme on le suppose sans peine, sont développées dans un singulier langage, car ils sont complétement illettrés. Issus de paysans, livrés à des exercices gymnastiques fort peu intellectuels, ils n’ont rien en dehors de leur éducation brutale. L’un d’eux se faisait indiquer son nom sur l’affiche, et avait choisi un de ses amis pour se faire lire chaque soir des vers à sa louange, vers français écrits sous l’inspiration d’une muse patoise. Mazard, le plus illustre coryphée du genre, avoua naïvement à un amateur frénétique qui sollicitait de lui un autographe, qu’il ne savait pas écrire.

Nous avons nommé Mazard, l’Enfant des vieilles Gaules, ainsi que l’appelle son poëte :

        MEISSONNIER lui succède, enfant de la Provence. (10)

jadis son disciple, maintenant son rival. Ce sont les deux plus grandes renommées autour desquelles gravitent les autres comme des astres satellites.

Le premier a été surnommé l’Invincible, le second l’Infatigable. Tous du reste possèdent un sobriquet dont le public les a décorés, ou qu’ils se sont attribué eux-mêmes, et qu’ils attachent à la queue de leurs noms sur l’affiche. Ainsi on lit : Bouillard, dit le Crâne ; Patte, dit le Terrible ; Martin, dit Belarbre ; Lamouroux, dit le Mistral ; Serrurier, dit Finelame ; Jean Devaise, dit Papillon ; Blanchard, dit Va-de-bon-Cœur, etc., etc. Les plus modestes indiquent seulement le lieu de leur naissance : Coste, de Thulain ; Quiquine, de Roquemaure ; le grand Paulet, de Vauvert ; etc.

Il y a des luttes périodiques qui, dans les grandes villes, ont lieu chaque semaine, le dimanche ; d’autres accidentelles, ce sont celles que l’on célèbre dans les fêtes de village. Les premières, qui constituent un spectacle suivi, ont un théâtre réservé ; par exemple, les Arènes, à Nîmes ; alors elles prennent un caractère presque solennel. Toute cette multitude, échelonnée dans cet entonnoir elliptique de pierre construit comme un enfer du Dante, et qui s’agite et se meut sur les gradins, en laissant échapper un murmure formidable comme celui d’une fournaise, donne au géant romain sa véritable physionomie. A voir cette mer de têtes s’agiter, un frémissement de plaisir passer à chaque péripétie sur cette foule immense, et là-bas, dans un cercle étroit de sable, deux hommes à peu près nus, entrelacés comme des serpents, roulant sur la poussière, on croit assister à la scène antique ; mais si l’œil se hasarde à chercher

            ……………… la place des César,
            Celle des proconsuls et des nobles familles
            Et celle que Vesta réservait à ses filles
                Dont l’index était un poignard (11),

l’illusion s’enfuira, chassée comme un nuage par le vent, car on verra siéger à la même place où étaient assises avec leurs robes blanches ces mêmes vierges de Vesta, si cruelles et si belles, la gravité gourmée de monsieur le commissaire de police, la raideur officielle du gendarme, et les physionomies bourrues des membres du conseil municipal.

Aux votos de village, l’aspect est plus pittoresque : la scène, comme nous l’avons dit plus haut, se passe dans une prairie, dans une plaine, dans une aire. Au son de la musique, quelques paysans, se tenant par un mouchoir, alignent les spectateurs en cadence, d’autres avec une perche maintiennent les curieux. Aussitôt que le rond est fait, l’orchestre, composé d’une clarinette, d’une grosse caisse, d’un violon et d’un galoubet, fait le tour de l’arène en jouant l’air national de la lutte, qui est aussi le chant de victoire.

Partition

C’est à l’imitation des hérauts d’armes et des maréchaux-de-camp, qui parcouraient la lice des tournois, suivis des ménétriers et des chevaliers tenants ou assaillants tout houssés et téniclés.

Il y a deux sortes de lutteurs de même qu’il y a deux sortes de luttes. Il faut, comme on le pense, à qui entreprend ce métier (disons cet art), toute la plénitude des forces, la réalisation complète des avantages physiques ; aussi le lutteur est-il à la fleur de l’âge. Mais, à même proportion d’années, la nature souvent s’étant montrée luxuriante envers quelques-uns, tandis qu’elle n’a été que riche envers les autres, cette disparité a nécessité une division. Il y a donc les hommes et les miechommes (12). Ce sont les premiers qui commencent la lutte. La lutte libre, réservée aux miechommes, leur donne la faculté de saisir leur adversaire par tout le corps, et leur permet de poursuivre la victoire sur l’homme renversé quand il n’a pas touché des deux omoplates. La lutte de la ceinture ne donne prise que de la ceinture en haut. Dans toutes deux le croc-en-jambe, dit cambette, est expressément défendu.

Tous ont fait cercle ; les premiers rangs assis, les derniers debout, les musiciens à leur place. Les lutteurs se déshabillent rapidement au milieu du groupe de leurs partisans, qui les entourent et les dérobent aux regards pudibonds ; puis ils se présentent dans la lice. Quelques-uns ont les bras, les cuisses ou la poitrine tatoués : l’un d’eux portait sur son estomac le tableau complet d’une lutte rehaussé en couleurs. Les célèbres sont revêtus ordinairement d’un caleçon d’honneur, gagné à quelque lutte mémorable, lequel est de velours, frangé d’or ou d’argent. Les deux rivaux se donnent une poignée de main pour montrer qu’il n’y a pas entre eux d’inimitié particulière ; puis chacun prend quelques poignées de terre, et se tient devant son adversaire, l’échine courbée, les coudes pressés au corps, les mains serrées, toutes les saillies effacées, l’œil aux aguets, épiant le moment, étudiant les gestes de l’antagoniste ; tous deux prêts à profiter de la moindre imprudence, à éviter une manœuvre dangereuse. Ils tournoient lentement ainsi, reculant, avançant, avec circonspection, sans se livrer. Une remarque ordinaire, c’est que dans la lutte, à moins qu’elle n’ait lieu entre deux lutteurs d’une célébrité bien égale, il y en a toujours un qui garde la défensive, humblement ployé, le regard inquiet, tandis que son adversaire est debout, le sourire sur les lèvres, sans paraître craindre une mesure agressive. Si la supériorité de forces est bien décidément acquise à l’un des deux, il arrive souvent que celui-là ayant enlevé son rival dans ses bras et tenant la victoire à sa disposition, le laisse aller avec une clémence dédaigneuse, plus humiliante qu’une défaite, ou le jette négligemment sur le sable aux huées de la multitude. Quand l’infériorité est trop grande, le lutteur robuste prend dans ses bras son rival comme une nourrice son enfant, et le porte en dehors de l’arène. Quelquefois, d’un commun accord, les deux combattants se saisissent au col, entrelaçant leurs bras sous l’occiput, front contre front comme deux taureaux : c’est ce qu’on appelle le collier. Si ce manége dure trop longtemps, le public siffle et crie : Défors (13), jusqu’à ce qu’ils en viennent aux mains. Les lutteurs s’échauffent peu à peu de leurs efforts vains, de leurs ruses déjouées ; la sueur découle bientôt de leur front sou le soleil ardent du midi ; les claquements de la main retentissent sur les épaules et les bras qui se marbrent de rouge ; les muscles gonflés se dessinent en saillies bleuâtres sur les jambes et sur les bras ; le groupe de ces deux hommes entrelacés comme des serpents, se traîne péniblement dans l’arène, jusqu’à ce qu’enfin un des lutteurs, dans un mouvement mal calculé, soit tourné, soulevé et renversé aux applaudissements de l’assemblée. Si la lutte a été bien soutenue de part et d’autre, le public console par quelques bravos le vaincu qui salue avec confusion, sinon le sifflet l’accompagne.

A chaque relâche les combattants ont recours au cordial : le vin ou l’eau-de-vie ; mais quelques-uns s’en abstiennent comme d’une chose nuisible, et se contentent de garder dans leur bouche un fétu de paille pour y entretenir la fraîcheur et conserver la respiration facile.

Il est impossible de décrire toutes les physionomies de ce spectacle multiforme si diversement accidenté ; chaque lutteur apportant son mode, chaque lutte apportant ses variétés. Quelques coups pourtant, plus fréquemment employés, méritent mémoire. C’est d’abord le tour de cuisse, où excelle Coste de Thulain, et qui consiste à faire trébucher l’adversaire sur la jambe avancée près de lui. Le tour de bras est un système de dislocation attribué à Meissonnier par lequel, chargeant le bras de l’opposant sur son épaule, il lui imprime un mouvement de rotation et le renverse la tête la première. Ce tour exige une force prodigieuse comme celui que l’on nomme le tour de tête ; il s’agit dans celui-ci de tenir l’adversaire courbé, la tête contre votre poitrine, et lui passant les bras sous le cou comme deux barres de fer inflexibles, de le soulever de terre ; le rival pèse de tout son poids, alors s’exécute un immense travail de force : l’homme qui fait ce coup se carre sur ses jambes pour que ses jarrets ne fléchissent pas, et renversant à demi son buste, la tête en arrière, les dents serrées, l’écume sur les lèvres entr’ouvertes, le visage contracté, amène à lui avec un râle d’efforts cette masse pesante qui ne résiste que par son inertie, et quand il l’a enlevée de terre, l’y rejette sur le dos par un revirement brusque. L’autre, en revanche de ces fatigues, court la chance d’avoir les vertèbres du col luxées. Patte, beau-frère de Meissonnier, dont un poëme déjà cité a peint la promptitude à vaincre par ces vers rapides :

    Tel qu’un taureau fougueux dans l’arène il s’élance,
    Il arrive, il le tombe (14) ………………….

emploie assez fréquemment ce terrible procédé. Les plus grands ménagements sont recommandés aux lutteurs ; mais les chutes assez rudes causent souvent des blessures graves, surtout par l’imprévoyance ordinaire qui laisse subsister des pierres dans le champ du combat. Les querelles pour coup douteux sont extrêmement rares, la voix du peuple tranche aussitôt la question ; sa décision, formulée en de monstrueux hurlements, est un jugement sans appel, et les prud’hommes s’empressent de s’y conformer. Les prud’hommes sont les juges, choisis quelquefois parmi des jeunes gens de famille, ardents zélateurs ; au nombre de quatre ou cinq, ils doivent marcher, distancés entre eux de quelques pas, autour des lutteurs, pour ne pas les masquer au public. Si l’un d’eux s’arrête, la foule crie : « Circulez ! » Leur fonction est d’empêcher les infractions et de prononcer l’arrêt.

Pendant le combat, les musiciens jouent l’air de la lutte, et le doyen des paysans, placé près d’eux, en chante les paroles d’une voix cassée, à peu près comme Ramalingam récitait un poëme hindou pendant la danse des Bayadères. Voici l’air et les paroles :

Partition

Le lutteur doit renverser deux hommes, et quelquefois trois, suivant les conditions faites. Si nul ne se présente après la première victoire, le prix lui appartient. Ce prix varie de 50 à 500 francs en proportion de l’opulence des communes. Les artistes du premier rang reçoivent une somme fixée, même après avoir été renversés.

Une des plaies de la lutte et qui en amène la décadence, au dire des amateurs, c’est la déloyauté de ses desservants. Par une conduite fort explicable du reste, ceux-ci préfèrent gagner la moitié du prix, moins les labeurs et les chances aléatoires du combat. Aussi deux hommes qui luttent au même degré de force et de réputation et peuvent craindre réciproquement une défaite, préfèrent fixer la destinée, et l’un d’eux convient d’avance de jouer le rôle de vaincu ; puis le prix remporté grâce à cette concession est partagé entre eux. Quand le peuple soupçonne une supercherie de ce genre, il murmure, crie qu’ils s’entendent, et les fait recommencer. Mais quelquefois la déloyauté est du côté du peuple, qui, en prononçant les paroles sacramentelles : A pas touca (16), veut se donner double plaisir, comme un dilettante qui crierait bis. Dans d’autres circonstances, une coalition s’ourdit contre un lutteur robuste ; au contraire de la disposition d’Horace contre les trois Curiaces, ils s’unissent trois contre un. Le plus faible vient éprouver les forces du colosse, et prolonge sa résistance autant qu’il peut pour le fatiguer. Le second, plus vigoureux, engage une lutte sérieuse, lasse son adversaire ; et si celui-ci n’est pas terrassé, le troisième, frais et dispos, supérieur aux deux premiers, combat, souvent avec succès, le rival dont les forces se sont épuisées dans les luttes précédentes.

Quoiqu’il n’existe pas une loi aussi terrible que celle qui punissait de mort toute femme qui assistait aux jeux olympiques, les dames n’assistent plus à ce spectacle : les convenances les en ont exclues, et surtout les accidents qui, dans toutes ces prises de corps, arrivent souvent à la frêle étoffe de l’inexprimable, seul vêtement que portent les lutteurs. En revanche, les maîtresses des lutteurs assistent, inquiètes et éplorées, à ce drame palpitant d’intérêt pour elles. La grisette et la paysanne y abondent, et ce passe-temps l’emporte souvent sur le plaisir de danser lou congo, las treilhas, et la falandoulo.

Le lutteur, à part sa nudité académique, n’a pas de costume spécial, mais l’on remarque dans sa toilette, quelquefois assez soignée, le goût général du peuple pour les couleurs tranchantes, qui se révèle par un gilet sang de bœuf ou une cravate d’un rouge écarlate. Ils ont d’ordinaire les cheveux courts et ras à la malcontent, le chapeau languedocien en feutre gris relevé et liseronné autour des bords, la veste du paysan. Plusieurs, grâce à leurs Pénélopes, ont du linge fin, et j’en vis un qui s’enorgueillissait singulièrement d’un jabot volumineux disposé en arc sur sa poitrine.

Outre le lutteur proprement dit, qui vit exclusivement de ses victoires, qui n’a pas d’autre métier ; qui, professeur théorique, développe les éléments généraux et ses systèmes particuliers, il y a le lutteur d’occasion. Comme tous ont quelques notions sur la lutte, c’est un paysan aux formes massives, aux bras musculeux que le prix allèche, ou bien (anomalie heureusement fort rare) un jeune homme de famille distinguée, cédant au désir impérieux d’exercer des forces remarquables. Mais, comme lutteur de ce genre, celui qui tranche sur tous les autres par son originalité et sa bizarrerie, c’est le Carraco.

Le Carraco fait partie de cette grande famille inconnue, éparse sur les points du globe, condamnée à la vie errante et nomade, sauvage en dépit de la civilisation qui la cercle. Les Pyrénées rejettent cette écume dans les provinces méridionales. A chaque fête, ces gitanos viennent allumer la veille leurs bivouacs aux portes de la ville, et le lendemain on les retrouve s’épanouissant à la lutte d’hilarité et de bonheur. L’appât de quelques pièces d’argent les fait toujours entrer en lice avec les miechommes. C’est alors un grand divertissement pour les spectateurs. En effet, les carracos (nom injurieux qui veut dire aussi bien voleur que bohémien) sont en ce moment la race souffreteuse et méprisée dont la gaieté cruelle du peuple a toujours eu besoin pour s’en faire un jouet passif ; ainsi qu’ont été les juifs pour les chrétiens du moyen âge, ainsi que sont actuellement les Chinois pour les Malais. Le carraco est donc le loustic involontaire, le paria le souffre-douleur de la multitude. On rit de ses gestes frénétiques, de son corps brun, de ses membres grêles comme ceux de l’Arabe, de la façon dont il grimace vis-à-vis de son adversaire, qu’il fixe de ses yeux étincelants, en lui montrant ses dents blanches au milieu de sa barbe épaisse et noire. Il est du reste fort plaisant de voir la tribu suivre avec anxiété cette lutte où se résout la question d’un bon souper et d’une joyeuse orgie ; et le lutteur exprimer sa joie après une victoire, par les folies les plus bizarres, en bondissant comme un chevreau par toute l’arène, tandis que dans la situation contraire il nie avec opiniâtreté, et les bras tendus au ciel, qu’il ait été vaincu, lors même que ses épaules sont encore maculées de terre.

Le lutteur cumule aussi souvent ces fonctions avec celles de toréador. Il est un des acteurs des courses et des ferrades. Sans armes, en bourgeron, le corps ceint d’une écharpe rouge, tandis qu’un compagnon monté à cheval harcèle le taureau, il détourne la fureur de l’animal sur lui-même, et se glisse, dans les moments dangereux, sous les charrettes disposées en fer à cheval qui forment la lice, ou franchit la barrière si la scène se passe dans les Arènes. Enfin, après quelques passes, il dirige sa course vers l’extrémité où les fers se préparent dans un brasier allumé, attend de pied ferme le farouche habitant de la Camargue, le saisit par les cornes, le fait trébucher, et le tient à terre maintenu et dompté, tandis qu’on applique à l’animal sur les cuisses une étampe rougie au feu qui le stigmatise du nom ineffaçable de ses maîtres et le fait esclave. Les plus célèbres toréadors sont Barailler, Jacques, Paulet de Vauvert, Ravel. Celui-ci, réputé pour son adresse dans ces jeux dangereux, renversé dans une lutte à plusieurs reprises par le fameux Mazard, se releva avec dépit en lui disant : Ah ! coquinet, t’auries tomba s’aviés des bânos (17).

Le lutteur jaloux de sa gloire se retire aussitôt qu’il sent ses forces s’affaiblir, pour ne pas entendre murmurer autour de lui :

            Trop longtemps le vieillard est resté sur la scène.

Il se marie et devient jardinier ou bayle (18) d’une métairie ; mais les rhumatismes, les douleurs, fruits de ses excès, de tant d’efforts physiques, de victoires achetées au prix de contusions, de chairs froissées et meurtries, l’étendent de bonne heure sur un lit de souffrance, à moins qu’il ne soit toréador ; alors il a la chance d’être au préalable éventré, et d’entendre en mourant tout le cirque s’ébranler aux clameurs des gens du peuple, se disant les uns aux autres en frappant dans leurs mains : A ben fa lou bau, l’a bien freta, l’a ben paga (19) ! Le soir, tous raconteront dans leur famille que la lutte a été fort intéressante, et qu’il y a eu un maladroit toréador, un sot, un lourdaud, un pountroucan (20) qui s’est fait tuer.

Ce sera là son oraison funèbre.


HENRI ROLLAND.


NOTES :
(1) Fête patronale.
(2) Fête patronale.
(3) Fil et laine.
(4) Place.
(5) Musiciens.
(6) La chute y est.
(7) La chute n’y est pas.
(8) Il n’a pas craqué de l’échine ; expression pittoresque pour dénier la victoire.
(9) Crève-tonneau.
(10) Triomphe de Mazard,  ̶  poëme par Lodéra.
(11) Les Arènes, poésies par Reboul, de Nîmes.
(12) Demi-hommes.
(13) Dehors.
(14) Il le renverse. – Idiotisme provençal.
(15)  p 128 je n’ai pas trouvé dans le texte le renvoi… Il s’agit des paroles de l’air :
Que celui qui veut lutter se présente, qu’il vienne au pré.
Que celui qui veut lutter se présente, le rond est fait.
(16) Il n’a pas touché (ses épaules n’ont pas touché la terre.)
(17) Ah ! coquin, je t’aurais renversé, si tu avais des cornes.
(18) Maître-valet.
(19) Le taureau a bien agi. – Il l’a bien frotté. – Il l’a bien payé.
(20) Terme de mépris : un homme faible, incapable. Littéralement un emplâtre.

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