BEAUCLAIR,
Henri
(1860-1919) : L’Éternelle chanson : Triolets.- Paris : Léon
Vanier, 1884.- 22 p. ; 18 cm.
Saisie du
texte : S. Pestel pour la
collection
électronique de la Médiathèque
André
Malraux de Lisieux (25.IX.2007)
Relecture : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,
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Texte
établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx :
n.c.).
L’Éternelle
chanson
Triolets
par
Henri Beauclair
~ * ~
AU
MAITRE TRIOLETTISTE
LÉON VALADE
Bien
affectueusement,
HENRI BEAUCLAIR
I
BILLET DOUX
Blondine, j’ai perdu mon cœur,
En vous reconduisant, Dimanche.
Connaissez-vous pas l’escroqueur ?
Blondine, j’ai perdu mon cœur.
Je vous vois d’ici, l’air moqueur,
Me dire : Il n’est pas dans ma manche.
Blondine, j’ai perdu mon cœur,
En vous reconduisant, Dimanche.
Serait-il pas entré chez vous ?
Très fortement je l’en soupçonne.
Il a parfois des pensers fous ;
Serait-il pas entré chez vous ?
Ne vous mettez pas en courroux…
Je n’accuse encore personne.
Serait-il pas entré chez vous ?
Très fortement je l’en soupçonne.
*
* *
Il est comme les papillons
Qui vont toujours vers les lumières,
Quitte à brûler tous leurs paillons.
Il est comme les papillons ;
Or, il a dû voir les rayons
Qui s’échappent de vos paupières.
Il est comme les papillons
Qui vont toujours vers les lumières.
A-t-il eu tort ou bien raison
De risquer un tel coup d’audace ?
Dites le moi, Lise, Lison,
A-t-il eu tort ou bien raison.
Gardez le dans votre maison,
Baste ! il tiendra si peu de place.
A-t-il eu tort ou bien raison
De risquer un tel coup d’audace ?
II
JAMAIS !
Pourquoi donc répondre : « Jamais ! »
O jeune et blonde charmeresse ?
Quand je t’ai dit que je t’aimais,
Pourquoi donc répondre : Jamais.
C’est un mot, je te le promets,
Qui n’ira pas à son adresse.
Pourquoi donc répondre : « Jamais ! »
O jeune et blonde charmeresse ?
Jamais. Le mot est si vilain,
Ne le répète plus, ô Lise.
En sais tu de moins civil, hein ?
Jamais. Le mot est si vilain.
Et, tu l’as écrit, sur vélin.
Un tel aplomb me scandalise.
Jamais. Le mot est si vilain,
Ne le répète plus, ô Lise !
*
* *
Un vieux proverbe nous l’apprend,
Il ne faut pas dire : Turlure,
Je ne boirai pas au torrent.
Un vieux proverbe nous l’apprend,
Tel, naguères intempérant
Boit de l’eau dont il n’avait cure.
Un vieux proverbe nous l’apprend,
Il ne faut pas dire : Turlure.
La musique adoucit les mœurs ;
Lise, écoute ma sérénade,
Et tu n’auras plus de rigueurs.
La musique adoucit les mœurs,
Je vais chanter : « Ouvre.. ou je meurs »..
- Trémolos à la cantonnade -
La musique adoucit les mœurs ;
Lise, écoute ma sérénade.
III
SÉRÉNADE
Belle écoute-moi donc un peu,
O Lys, Lison, Lisette, Lise ;
Vénus brille, le ciel est bleu,
Belle écoute-moi donc un peu.
Sais tu bien que j’adore un Dieu
Dont ta chambre rose est l’Église.
Belle écoute-moi donc un peu.
O Lys, Lison, Lisette, Lise.
Fuyons ensemble, n’importe où,
Près de la mer, à la campagne,
En Gascogne, en Suisse, en Poitou.
Fuyons ensemble, n’importe où,
Aux pays où l’on parle indou,
Dans la très romantique Espagne.
Fuyons ensemble, n’importe où,
Près de la mer, à la campagne.
*
* *
Nous trouverons, au fond d’un bois,
Une cabane sous les branches.
Quel nid, frais et doux à la fois,
Nous trouverons au fond d’un bois !
Là, point de pudeur aux abois.
Matins roses ! Jours bleus ! Nuits blanches !
Nous trouverons, au fond d’un bois,
Une cabane sous les branches.
Les buissons embaumés auront
De sûrs abris pour nos caresses.
Que de fleurs douces, pour ton front,
Les buissons embaumés auront !
Les petits oiseaux, à l’œil rond,
Chanteront l’hymne des Ivresses.
Les buissons embaumés auront
De sûrs abris pour nos caresses.
IV
TOUJOURS
Hier, je t’avais dans mes bras,
Fatiguée, et presque endormie.
Tous deux enfouis sous les draps,
Hier, je t’avais dans mes bras.
Toujours, toujours, tu m’aimeras,
M’as tu dit, ma petite amie.
Hier, je t’avais dans mes bras,
Fatiguée et presque endormie.
Toujours, toujours, ô mot joyeux
Comme un carillon de baptême,
Frappe mon oreille et mes yeux,
Toujours, toujours, ô mot joyeux !
Lise, ce mot délicieux,
Redis le toujours à qui t’aime.
Toujours, toujours, ô mot joyeux
Comme un carillon de baptême.
*
* *
Quel est ce besoin d’infini
Que nous avons au fond de l’âme ?
Toujours, toujours. O mot béni !
Quel est ce besoin d’infini ?
Mot charmeur, ni le bonheur, ni
L’amour ne vivent sans sa flamme.
Quel est ce besoin d’infini
Que nous avons au fond de l’âme ?
Oui, nous nous aimerons toujours.
Tu l’as bien dit, ô ma très chère.
Sans compter les nuits, ni les jours,
Oui, nous nous aimerons toujours.
A d’autres les caprices courts,
Et l’affection passagère.
Oui, nous nous aimerons toujours,
Tu l’as bien dit, ô ma très chère.
V
LA BROUILLE
Hier, nous nous sommes brouillés.
Est-ce un malheur ? Est-ce une aubaine ?
Après six mois ensoleillés,
Hier, nous nous sommes brouillés.
Mes yeux sont encore mouillés
Et je crois que j’ai de la peine.
Hier, nous nous sommes brouillés.
Est-ce un malheur ? Est-ce une aubaine ?
Je ne le dis qu’en rougissant
Cela devenait monotone.
L’amour allait s’affaiblissant.
Je ne le dis qu’en rougissant.
Après le chaud été l’on sent
Venir vite le tiède automne.
Je ne le dis qu’en rougissant,
Cela devenait monotone.
*
* *
Billets bleus et feuillages verts
Jouaient un rôle dans l’Idylle.
Lise aimait, - qui n’a ses travers ? -
Billets bleus et feuillages verts.
Les sentiers n’étaient plus couverts
Et l’huissier m’allait être hostile.
Billets bleus et feuillages verts
Jouaient un rôle dans l’Idylle.
Adieu, Lisette, adieu, paniers.
Adieu, les vendanges sont faites.
Tu vidas mon cœur, mes greniers,
Adieu Lisette, adieu paniers.
J’aurai, jusqu’à mes jours derniers,
Souvenir de nos belles fêtes.
Adieu, Lisette, adieu, paniers.
Adieu, les vendanges sont faites.
VI
MORALITÉ
Lise, qui m’avait dit : Jamais,
Ne sut point tenir sa promesse.
Elle était faible et je l’aimais,
Lise, qui m’avait dit : Jamais.
Elle était bien farouche, mais
Je l’obtins sans maire et sans messe.
Lise, qui m’avait dit : Jamais,
Ne sut point tenir sa promesse.
Lise, qui m’avait dit : Toujours,
Ne sut point garder sa parole.
Elle m’aima six mois, trois jours,
Lise qui m’avait dit : Toujours.
Elle a fui vers d’autres séjours….
Cœur vole, vole, son cœur vole !
Lise qui m’avait dit : Toujours,
Ne sut point garder sa parole.
*
* *
Il en sera toujours ainsi,
Tant que le monde sera monde.
De Tombouctou, jusqu’au Raincy,
Il en sera toujours ainsi.
Tant que Cupido, beau prince, y
Piquera la brune et la blonde !
Il en sera toujours ainsi,
Tant que le monde sera monde !
Noël ! Noël ! De Profundis !
Voilà la Chanson Eternelle.
Ses couplets, chacun les a dits
Noël ! Noël ! De Profundis !
L’Enfer après le Paradis,
C’est le fond de la ritournelle.
Noël ! Noël ! De Profundis !
Voilà la Chanson Eternelle.
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