L’EMPIRE DE L’AMOUR. Air
connu.
Je ne pourrais
exister sans la
femme, C'est à mes yeux une divinité, Je ne vois rien
qui pénètre mon âme, Tant qu'un regard d'une aimable beauté. Femme,
c'est toi qui m'as donné la vie, Femme, sans toi il n'est pas
de bonheur Ne crains jamais qu'un instant je t'oublie : bis. Tes
traits chéris sont gravés dans mon coeur.
De tes
erreurs nous sommes souvent cause, N'as-tu pas droit comme
nous de changer. Quand nous prenons le suc de la rose Nous
imitons le papillon léger. Ah ! venge-toi contre la perfidie, Ne
garde pas dans ton sein la douleur, Ne crains jamais, etc.
Ne
penses pas qu'un amour en délire Me fasse ainsi parler en ta
faveur : Qu'un homme ingrat devant moi te déchire Je
suis alors ton zèlé défenseur ; De l'amitié la douce sympathie A
tes accens donne de la chaleur, Ne crains jamais, etc.
LE DÉMÊLOIR, OU LA
NOUVELLE MODE, Air : Rome reverras-tu ton roi.
Maintenant
pour être à la mode, Savez-vous qu'il faut acheter Un
petit bijou très-commode ; Dans sa poche il faut le porter ; Car,
de certaines demoiselles S'approche-t-on, veulent savoir, Si,
lorsque l'on est auprès d'elles, On possède un beau démêloir.
Lorsque j'irai chez ma maîtresse, Si l'on me tenait
ce discours, Je répondrais avec hardiesse : Ce n'est
pas aujourd'hui le jour. En éprouvant quelque reproche, Je
lui dirai : tu veux le voir ; Eh bien! mets ta main dans ma
poche, Tu trouveras mon démêloir. Quand
je vais à la promenade, Avec ma belle, ah ! qu'c'est charmant! L'on
y fait de jolie cascade, Toujours c'est en nous amusant, Qu'elle
me dit : sur la verdure, Auprès de moi viens donc t'asseoir. Pour
donner à ma chevelure Un petit coup de démêloir.
Elles
ont toutes la finesse Pour être aimées de leurs amans, En
agissant avec tendresse : De loin vous peindre un oeil mourant. Et
dans l'amour qui les transporte, Elles vous disent : reviens
ce soir, Tu donneras à mes papillottes Un petit coup
de démêloir.
Dans les villes et dans les villages, Circulent
de nouveaux faquins ; Je crois bien que c'est leur usage De
se friser soir et matin. Oui, tous ces lurons de parade, Sous
peu pourront vous faire voir. D'un côté le pot de pommade, Et
de l'autre le démêloir.
Le démêloir est en pratique. En
faite usage tout un chacun, Hier, je m'en fus en boutique, Ma
foi, pour en acheter un. Le siècle de liberté qu'nous sommes, Ne
nous permet-il pas d'avoir, Sans être moqué de personne, Un
joli petit démêloir.
Pecquet.
LE NOUVEAU GALOP, Ou la jolie Pastourelle,
Air du garçon de salle.
Quel plaisir ! Quel plaisir ! Venez danser, gentille pastourelle, Sous l'ormeau, Au hameau, La contre-danse, la valse et le galop.
Voici les fleurs de retour Sous ce buisson d'amour ; Au milieu du bocage, Venez danser avec ardeur Sous l'asile en hauteur, Amants du voisinage. Quel plaisir !
Entendez-vous le violon, Là bas sur le gazon Donner la contre-danse ; Au fond d'une belle forêt, Sous un riant châlet Chaque matin, l'on danse. Quel plaisir !
La violette et le jasmin Vont parer vos jardins, Gentilles demoiselles ; Bientôt de retour, les oiseaux Vont faire leurs nids nouveaux Sous ces vertes tourelles. Quel plaisir !
Lisette en chantant va quitter La chaumière isolée, Pour aller dans la plaine, Elle va conduire ses blancs moutons Paître le vert gazon, A l'ombre d'un vieux chêne. Quel plaisir ! L'hiver va fuir en courroux, Et bientôt près de nous Vont revenir les roses. Cessez vos pleurs, jeunes beautés, Les autans sont passés, Les fleurs à peine écloses. Quel plaisir ! Enfin pour danser le galop Il faut, dessous l'ormeau, S'assembler, jeunes filles ; La danse avec le tambourin Viendra chaque matin A la valse jolie. Quel plaisir!
L'AMOUR ET LE VIN. Air : Savez-vous mam'selle Suzon.
J'ai tant fait l'amour, jadis, Sur lit, sur table ou sur chaise, Que presque aux abois je vous vis, Mesdames, ne vous en déplaise, A présent, on m'agace en vain : bis. Bonsoir l'amour, bonjour le vin. J'étais bête au temps passé, Je courais après les belles ; Mon zèle est bien émoussé : J'en ai trouvé tant d'infidèles Qu'à présent, etc. En prenant fille à seize ans, Je la croyais encore sage ; Mais son oiseau depuis long-temps Avait déjà quitté sa cage. A présent, etc. Que de fois sur un tendron Portent des mains libertines, Je crus rencontrer un bouton, Et ne trouvais que des épines. A présent, etc. De tous les minois charmans Qui l'amour m'ont rendu blême, De [la] plus sage en fait d'amans, J'ét[a]is déjà le dix-neuvième. A présent, etc. Adieu donc, objets flatteurs, Ne fappez plus à ma porte ; Che[r]chez d'autres bénêts ailleurs, Et [q]ue le diable vous emporte, A pésent j'ai pour refrain : Bonsoir l'amour, bonjour le vin.
EST-Y BÈTE C' GARÇON-LA ! Chansonnette.
Air : Ça n'empêch' pas le sentiment.
Lucas est un joli jeune homme : Il est grand, surtout il est fort ; Il est jouflu comme une pomme, Et s'tient comme un tambour major : Mais on rit de lui dans l' vilage. Et la cause, ma foi, la v'là ; Autant qu'une fille il est sage.... Est-y donc bête c’ garçon-là ! bis. D’ puis long-temps j' vois bien qu’il me r'garde Avec des yeux, je n' sais comment. Mais jamais il ne se hasarde A m’adresser un compliment. Quand il est près d' moi je soupire...., Lucas n'entend rien à cela, Cependant je n' peux pas lui dire. Est-y donc bête c' garçon-là. bis.
« Mam'zelle, voulez-vous m' permettre De vous offrir ce p'tit bouquet? » « Monsieur Lucas vous pouvez l'metre, Sans plus attendre, à mon corset. » D'humeur jugez si j' pris une dose Quand il me répondit à ça: « J’ crains d' chiffonner vot' ruban rose... » Est-y donc bête c' garçon-là. bis.
Enfin, chez ma tante Germaine J' lui donn' l'auf soir un rendez-vous J' fis semblant d'avoir la migraine : Il fallut m'en r'tourner chez nous. Il faisait nuit... mais le beau sire Me laissa partir, et resta.... Ah ! s’il fût venu me r'conduire,... Est-y donc bête c' garçon-là. bis.
LE RÊVE D'UN FRANÇAIS OU LE REVENANT. AIR : Veillons au salut de l'empire.
Depuis des années je voyage, Les collines et les valons, En tout temps j'ai bravé l'orage Et franchi maintes nations.
REFRAIN.
Me voilà bis. De retour dans ma belle patrie; De long-temps bis. Je parcours les villes et les champs. Ah ! soyez discrets je vous prie, Ayez pitié d'un revenant. Ah ! jugez de mes aventures, Je fus captif chez les Anglais ; Malgré la fureur des parjures J'ai su gagner le sol Français. Me voilà, etc. Nuit et jour je marchais sans peine, Traversant plaines et forêts, Quelquefois à l'ombre d'un chêne. De mes vieux exploits je rêvais. Me voilà, etc. Voyez ce manteau qui me couvre, Usé par l'injure du temps ; Jadis à mon château du Louvre Des flatteurs s'inclinaient devant. Me voilà, etc. Où sont-ils mes amis sincères, Témoins de ma captivité ? Mon fils aussi, sa tendre mère, De les voir je suis donc privé. Me voilà, etc. Il n'est plus pour moi d'espérance, Privé de mes nobles grandeurs, Des traîtres, voilà ma récompense, Ah ! Français, plaignez mes malheurs. Me voilà, etc.
DECOURCELLE.
LE CITOYEN.
De droits égaux l'homme est doté sur terre, Et de ces droits naquit l'égalité Moi qu'engendra le sang d'un prolétaire, Je n'ai qu'un voeu, c'est la fraternité. bis. Je ne veux point du siècle de furie Que fit la guerre à tout homme de bien ; Je veux la paix, la gloire et l'industrie, Voilà, je crois, être bon citoyen. Le vrai bonheur n'est point dans l'opulence Mon faible avoir, je l'offre à l'amitié, Lorsque Plutus, dans sa folle inconstance, Du malheureux s'éloigne avec pitié, Loin d'imiter l'avare en sa faiblesse, Qui défie un trésor qui n'est rien, Je suis tout fier d'obliger la détresse, Voilà, etc. A vos palais, Potentats, je préfère Mon chaume obscur, mon luth à vos trésors ; Quand rarement vous fermez la paupière Toujours en paix sur mon grabat je dors. Bien plus heureux qu'un roi, quand je sommeille, Songe enchanteur, j'ai pour ange gardien. La liberté qui me berce et qui veille. C'est là, etc.
LE MARIN CATHOLIQUE. Air : Au revoir, les amis.
Adieu, maîtresse aimable, Je quitte nos climats ; Mon sort est déplorable, Ne t'afflige donc pas. Je vais faire un voyage, Naviguant sur les eaux. Sans craindre le naufrage, J'invoque le Très-Haut. Adieu donc, adieu donc, mon amie, Et mon pays. Ma chère Joséphine, Cesse de soupirer ; Va, la Vierge divine Pourra me préserver. Je ne crains pas la rage Ni les efforts du temps, Car j'emporte l'image Du Sauveur tout-puissant. Adieu donc, etc. Venez, mon pauvre père, Recevoir mes adieux ; Ah ! protégez ma mère, Que son sort soit heureux ! Consolez ma maîtresse, Ne l'abandonnez pas ; J'espère, avec tendresse, Revenir dans vos bras. Adieu donc, etc. Si le sort me destine A mourir dans les flots, Ah ! de ma Joséphine Appaisez les sanglots ; Et de son existence Soyez le protecteur; Car, dès ma tendre enfance, Elle a fait mon bonheur. Adieu donc, etc. Beaux lieux de ma naissance, Il faut nous séparer. Notre navire s'élance, Nous allons embarquer. Adieu, parens aimables, Adieu, mère chérie. Ce souvenir m'accable, Protégez mon amie. Adieu donc, etc.
YVELIN.
LA FILLE ABANDONNÉE. Air des Eaux d'Enghi[e]n.
Je croyais toujours aux promesses Que me fit un jour mon amant, Il me parlait avec tendresse Et je croyais à ses sermens ; Soudain, j'entrevis ses manières, Ah ! je vis qu'il ne m'aimait plus. Je voudrais, mais comment donc faire ? bis. Car cet ingrat ne m'aime plus. bis. Sans doute près d'une autre belle L'ingrat aura fixé son coeur, Qui serait donc cette mortelle Qui doit avoir ce bonheur ? Qu'ai-je donc fait pour lui déplaire ? Je l'attends, il ne revient plus, Je voudrais, mais comment donc faire ? Ah ! l'ingrat ne reviendra plus. Armes-toi un peu de courage, Me disait-il en souriant Je te promets le mariage, L'ingrat le répétait souvent ; Je confiai tout à ma mère, Maintenant je ne le vois plus. Je voudrais, mais comment donc faire ? Ah! l'ingrat ne reviendra plus. Six mois s'écoulent sans nouvelle, Nuit et jour je l'attends en vain, Pour lui j'ai resté demoiselle, C'est ce qui fait tout mon chagrin. Ah ! je vais bientôt être mère, C'est ce qui m'accable le plus. Je voudrais qu'il en soit le père, Mais l'ingrat ne reviendra plus.
MORALE.
Jeunes filles restez toujours sages, N'écoutez pas vos séducteurs, Craignez leurs perfides langages, Car ce ne sont que des trompeurs ; Ils vous plaisent par leurs manières, De vous tromper voilà leur but ; Car lorsqu'il s'agit d'être père Les ingrats ne reviennent plus.
H. PELLETIER.
L'HOMME BOUDANT SA FEMME. Air connu.
Mais dis-moi donc mon homme, Pourquoi tu boudes toujours J'sommes d'accord, Dieu sait comme ; Quoi! n'y a donc plus d'amour, Enfin dans notr'ménage ; J'vivons comme chiens et chats, Ma femme, c'est mon r'tour d'âge ; Qui m'a rendu comme ça bis.
De la maison tu te fiches, Pillier de cabaret ; Et tandis que tu liches, Moi j'danse devant l'buffet ; Tu r'viens, tu fais tapage, Tu casse tout, et tu m'bats ; Ma femme, c'est, etc. Tu sais qu'tas bien d'la peine A m'prouver ton amour ; Un'fois tous les six semaines, Même encore pas toujours, Avec toi l'badinage Va tout cahin-caha Ma femme, c'est, etc.
Tu sais que tu n'manque pas d'zèle Auprès d'la p'tite du second, Avec cette donzelle Tu fais le folichon. Tu t'crois dans ton jeune âge, Mais tâche de trouver ça ; Ma femme, c'est, etc.
FIN.
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