CAMPION,
Alfred : Note
sur l’école de dressage et d’équitation de Caen (1875). Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (16.XI.2006) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : norm 850). de l'Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie, 41e année, publié à Caen chez Le Blanc-Hardel en 1875 par l'Association normande. Note
sur l’école de dressage et d’équitation de Caen par
Alfred Campion
Secrétaire adjoint de l’Association normande ~*~En 1719, un sieur Jean Poussière avait formé le projet de fonder à Caen une Académie d’équitation, et il avait obtenu de Charles de Lorraine, grand écuyer de France, les lettres et permissions nécessaires à cet effet ; mais, faute de moyens et de secours, ce projet ne reçut pas d’exécution. Il fut repris par le sieur Robichon des Brosses de La Guérinière, et, sur la demande de celui-ci, appuyée par les officiers de la ville de Caen, notamment par le maréchal de Coigny, gouverneur, Charles de Lorraine lui accorda, le 21 avril 1728, l’autorisation d’établir une Académie d’équitation à Caen, le titre et l’état d’écuyer dans cette ville, pour apprendre à la jeunesse à monter à cheval et lui enseigner les autres exercices de guerre. Le sieur de La Guérinière, plus zélé ou plus heureux que son devancier, fonda véritablement l’Académie qui existe encore aujourd’hui. Le prit à fieffe, le 30 mars 1728, de la veuve de Me Gouget, avocat, moyennant 450 livres de rente, un terrain assez vaste, voisin de l’église Saint-Martin, formant une partie d’une propriété dite le Luxembourg (1), construisit des manéges, des écuries et des logements pour des pensionnaires. Lorsque ces premiers arrangements furent terminés, il annonça, en France et à l’étranger, l’ouverture de son pensionnat. Les Anglais surtout, accueillirent les prospectus répandus dans leur pays avec d’autant plus d’empressement que l’institution offrait à la fois l’éducation militaire en tout genre, les exercices agréables tels que la danse et la musique, les éléments des sciences et des arts, l’étude et l’usage de la langue française. Le sieur de La Guérinière agrandit son établissement en y réunissant des bâtiments acquis encore de la veuve Gouget, par contrat du 13 mars 1737, pour le prix de 2,100 livres ; enfin il y joignit, plus tard, un jardin qu’il avait pris à fieffe d’un sieur Thomeret, suivant contrat du 29 avril 1724, moyennant 60 livres de rente foncière. Tant que la paix avait régné entre la France et l’Angleterre, l’établissement du sieur de La Guérinière s’était soutenu ; mais la guerre commencée en 1741, qui ne finit qu’en 1748, lui enleva ses ressources et ses espérances. Réduit alors à donner des leçons à quelques externes, dépourvu des ressources nécessaires pour fournir aux maîtres qu’il avait attachés à son Académie les honoraires auxquels ils avaient droit, pour renouveler les écuries, maintenir les chevaux qu’il possédait et salarier les hommes de service, il contracta des dettes qui, d’après un exposé fait au roi de sa situation, s’élevaient à 50,000 livres. Les créanciers s’alarmèrent, des poursuites furent dirigées contre lui, et il était à la veille d’une ruine complète quand le Gouvernement lui vint en aide. Déjà une pension de 1,200 livres lui avait été allouée sur les tailles, et il avait été autorisé à lever annuellement une somme de 300 livres sur la caisse des octrois pour équivaloir à l’entrée franche des provisions de sa maison. En 1753, il demanda au roi, pour lui et ses successeurs, la concession d’une partie de la plaine de Cormelles-le-Royal ; et, par un acte du 25 septembre de cette année, suivi de lettres patentes du 5 février 1754, enregistrées au Parlement de Normandie le 9 août 1759, le roi lui permit de construire, sur le terrain désigné, des bâtiments d’exploitation, dont la valeur devait lui être remboursée, à dire d’experts, par ses successeurs. Le sieur de La Guérinière défricha et mit en valeur les terrains qui lui avaient été concédés ; puis, il sollicita du roi l’abandon absolu de ces terrains, en toute propriété, pour sa famille exclusivement, en proposant de lui céder, en échange, l’emplacement et les bâtiments de l’Académie. Par un arrêt du 24 janvier, suivi de lettres patentes du 24 février 1758, le roi lui octroya la propriété des 92 arpents de terre dont il jouissait, à la condition de payer un cens annuel de 12 deniers par chaque arpent, et, à la décharge de la paroisse de Cormelles, le montant de ses impositions de l’année 1754. Il accepta, d’ailleurs, à titre d’échange, les bâtiments de l’Académie dont le sieur de La Guérinière et ses successeurs devaient conserver l’usage à charge des réparations usufruitières. En même temps, eu égard aux avantages que la ville de Caen retirait du fonctionnement de l’Académie, il l’obligea à acquitter, tant que cet établissement subsisterait, les deux rentes foncières de 450 et de 60 livres dues à la veuve Gouget et au sieur Thomeret. Cette dernière disposition de l’arrêt donna lieu à une réclamation du maire et des échevins de la ville ; ils soutinrent que le sieur de La Guérinière, qui profitait plus spécialement de l’établissement, devait continuer de servir les rentes, ou que, si l’on persistait à les mettre à la charge de la ville, la propriété des bâtiments devait lui être abandonnée. Intervint alors un nouvel arrêt du 14 mars 1759, aux termes duquel le roi fit don et concession à la ville de Caen des bâtiments de l’Académie et dépendances, sous la double condition qu’elle serait chargée du service des rentes et de toutes les réparations autres que les menues et usufruitières, et que le sieur de La Guérinière et ses successeurs auraient la jouissance gratuite de la propriété, tant que l’Académie existerait. Par suite des avantages qui lui avaient été octroyés, le sieur de La Guérinière se serait trouvé rétabli dans un état d’aisance, si la guerre déclarée en 1755 n’avait pas de nouveau dérangé ses opérations. Quoi qu’il en soit, il lutta courageusement contre la mauvaise fortune et mourut dans une certaine gêne, après avoir cédé en 1763 son établissement et son titre au chevalier de La Pleignière, son gendre. Ce fut en cette année 1763, dans la nuit du 15 au 16 août, qu’un incendie éclata dans l’Académie. Ce sinistre avait été occasionné par des expériences de physique faites dans le manége en l’absence de l’écuyer. Les dégâts qui en résultèrent pour les bâtiments furent estimés à 1,560 livres environ. Le nouveau directeur continua de toucher les 1,500 livres allouées à son prédécesseur ; seulement cette somme fut imputée tout entière sur le produit des octrois ; les tailles en furent affranchies. La municipalité de Caen pétitionna contre la mesure, mais ses réclamations furent rejetées par une décision du 1er octobre 1766. Dans les premières années de son administration, le chevalier de La Pleignière paraît avoir fait d’assez bonnes affaires, car, en 1766, il demanda et obtint l’autorisation de faire faire, à ses frais, sous la direction et la surveillance de l’architecte de la ville, des augmentations d’une certaine importance à l’Académie, entre autres, une écurie, une salle de démonstration, une apothicairerie avec sellerie au-dessus, et divers autres travaux. Dans le courant de la même année, il se faisait autoriser à occuper des bâtiments de la ferme de la Maladrerie, moyennant une indemnité à payer au fermier, pour y essayer des cures sur toutes espèces d’animaux. Cependant, vingt ans plus tard, sa situation était embarrassée ; il demandait des secours au Gouvernement qui se montrait disposé à lui venir en aide, pourvu que la ville contribuât pour un tiers dans la subvention qu’il sollicitait. Nous ne savons si les démarches du chevalier de La Plégnière réussirent ; toujours est-il que, en 1791, il s’était éloigné de Caen. Il écrivait de Paris, à la date du 14 novembre de cette année, aux autorités locales une lettre dans laquelle il exposait que son établissement avait été en butte à des persécutions, qu’on avait dispersé ses élèves sous des prétextes mal fondés, qu’on l’avait dépouillé des seules ressources que la confiance du public et son talent lui procuraient, qu’enfin on le menaçait de porter le dernier coup à son établissement s’il ne reparaissait pas à Caen ; il déclarait qu’il était disposé à y revenir, si on lui assurait protection et des dédommagements convenables. En l’an III, l’établissement se trouvait fermé, ou, au moins, sans directeur, car, le 21 brumaire, le Comité de Salut public requit le citoyen Alexandre de La Tour d’en prendre la direction. Le 11 thermidor de la même année, le citoyen de La Tour s’adressa au Gouvernement pour obtenir un traitement annuel et une indemnité qui lui permettait de se procurer les chevaux nécessaires à l’effet de continuer ses services aux défenseurs de la patrie servant dans la cavalerie. Il exposait que l’école d’équitation et de manoeuvres militaires, dont il était le chef officiel, jouissait d’une grande réputation et qu’elle était d’autant plus utile et importante qu’il n’en existait pas d’autre dans toute la contrée formée par les départements du Calvados, de la Manche, de l’Orne, de la Sarthe et de quelques autres départements adjacents. Qu’est-il advenu de cette demande du citoyen de La Tour ? Les archives municipales ne nous ont rien appris à cet égard. Quoiqu’il en soit, l’institution en faveur de laquelle elle avait été présentée a continué de fonctionner. Mais les droits de la ville sur l’Académie n’ont pas été à l’abri de toute contestation. En l’an XI, le conseil municipal ordonnait qu’il fût exécuté aux bâtiments les grosses réparations indispensables, ce qui était faire acte de propriétaire ; l’année suivante, la ville eut à lutter pour faire reconnaître son droit de propriété, car le maire recevait du conseil la mission de former toutes réclamations nécessaires à cet effet. Les démarches de la municipalité ne paraissent avoir eu, dès lors, aucun résultat décisif. Au mois de nivôse an XIII, le conseil de préfecture, saisi à tort de demandes relatives au remplacement du citoyen de La Tour, déclarait, en arguant de son incompétence, que l’Académie faisait partie du domaine national, et le 15 germinal de la même année, dans une pétition présentée au Gouvernement par le conseil municipal, on insistait pour que les bâtiments de l’Académie fussent reconnus être la propriété de la ville et pour que l’école d’équitation y fût perpétuée. La pétition que nous venons de mentionner avait aussi pour but de faire concéder à l’administration municipale le droit de nommer, avec l’agrément du Gouvernement, un écuyer qui serait chef et directeur de l’établissement, et de faire tous règlements convenables, et l’autorisation de créer un emploi d’artiste vétérinaire, dont le titulaire aurait un logement, ainsi que le directeur, dans les bâtiments de l’Académie. Au commencement de l’an XIII, la place de directeur de l’école était vacante. Elle fut demandée, dans le courant de nivôse, par les citoyens Person, Pierre Hébert de La Pleignière et Philippe Denasse. Ce fut le citoyen Person qui l’obtint. Durant l’exercice de M. Person, de l’an XIII à 1816, d’importants travaux de restauration et d’amélioration furent exécutés à l’Académie d’équitation, tant avec les fonds de la ville qu’au moyen des subventions accordées par l’État, et surtout de sacrifices faits par le directeur personnellement. Cependant, en 1815, l’état des bâtiments de l’Académie laissait beaucoup à désirer. M. Person l’exposait dans une pétition adressée au conseil municipal ; il appelait notamment l’attention du conseil sur l’état de ruine où se trouvait la maison qui lui servait d’habitation ; il disait, en outre, que le pensionnat formé par MM. de La Guérinière et de La Plégnière attirait beaucoup d’Anglais, qu’il se proposait de le rétablir, et que, à cet effet, il avait fait distribuer en Angleterre une certaine quantité de prospectus, mais que l’établissement manquait de logements convenables pour les pensionnaires. L’année suivante, M. Person fut révoqué. En remettant la direction de l’établissement à M. Nerval Dejean, major de cavalerie en retraite, il rappela, dans des observations adressées à l’autorité compétente, que, lorsqu’il avait pris possession, en 1801, des bâtiments de l’Académie, ils étaient dans un complet abandon, qu’il y avait fait successivement, à ses frais, les travaux nécessaires pour les remettre en état, et il demanda que cela fût constaté. M. Person paraît avoir obtenu satisfaction sur ce point. M. Dejean, nommé directeur le 21 juillet 1816, entra immédiatement en fonctions, et il y resta jusqu’au mois de juin 1830. Durant ce laps de temps, principalement de 1818 à 1824, des travaux d’une certaine importance furent encore exécutés aux bâtiments de l’École ; diverses sommes à ce destinées figurent dans les budgets de la ville, et l’État y contribua dans une forte proportion. Après le départ de M. Dejean, le poste de directeur de l’Académie d’équitation fut sollicité par MM. Adrien Le Sénécal et Félix Person. L’existence de l’Académie a été menacée en 1828, car, le 12 août de cette année, le conseil municipal avait émis le voeu qu’elle fût conservée, et il avait chargé le maire de transmettre ce voeu au roi, avec l’espoir qu’il daignerait protéger un établissement qui, sous un de ses prédécesseurs, avait atteint un si haut degré de prospérité. Néanmoins, à partir de 1831, les écoles royales d’équitation, en exécution de dispositions arrêtées par le Gouvernement en 1829, durent cesser de recevoir des subventions sur les fonds de l’État, l’école de Caen comme les autres. Ce fut dans ces circonstances que le maire, conformément à une délibération de son conseil du 9 septembre 1830, traita avec M. Félix Person pour la conservation de l’Académie, à titre d’établissement purement municipal. Il lui concéda gratuitement la jouissance des bâtiments, cour et manége, sous les conditions suivantes : 1° qu’il y établirait une école d’équitation et que la ville ne serait tenue de faire d’autres réparations que celles qui incombent à l’usufruitier ; 2° que le minimum du nombre des chevaux dressés, à entretenir par le directeur, serait de 10, sauf à l’augmenter suivant les besoins du service, à raison d’un cheval par 500 fr., dans le cas où le Gouvernement rétablirait une allocation pour l’entretien de l’école ou que celle accordée jusqu’alors par le conseil général serait continuée ; 3° que le directeur donnerait lui-même les leçons d’équitation ou se ferait remplacer par un écuyer capable ; 4° que les leçons seraient journalières et que le prix en serait de 30 fr. par élève et par mois de 20 leçons ; 5° que le directeur livrerait le manége à la garde nationale à cheval, pendant six mois à partir du 1er novembre 1830, pour ses exercices, et pendant trois mois seulement les années suivantes. A la suite de ce traité, la ville porta à son budget un crédit de 3,000 fr. pour assurer l’exécution de réparations indispensables que réclamait l’Académie. Jusqu’en 1849, l’État continua de rester étranger à la direction et aux dépenses de l’Académie d’équitation, qui fut successivement exploitée, toujours comme entreprise privée installée dans des bâtiments communaux, par MM. Félix Person et Marion. Mais la suppression de la dotation dont l’école avait longtemps joui sur les fonds de l’État lui avait porté une très-grave atteinte. Des démarches furent faites auprès du Gouvernement pour arriver à une réorganisation de cet établissement, dont la nécessité était vivement sentie dans une ville où l’enseignement appelle une nombreuse jeunesse, et qui est le centre d’une importante industrie chevaline réclamant des hommes capables de dresser ses produits. En 1845, le ministre de l’agriculture et du commerce fit connaître que, désirant donner un nouvel encouragement à l’élevage des chevaux en Normandie et y répandre l’instruction hippique, il était disposé à accorder à la ville une subvention, si elle voulait faire à l’école les travaux nécessaires, et si le conseil général voulait inscrire une allocation à son budget. Le conseil général et le conseil municipal de Caen furent appelés à délibérer sur cette communication ministérielle. Le conseil général se prononça pour la réorganisation de l’école et prit l’engagement de contribuer annuellement aux dépenses de l’établissement pour une somme de 2,500 fr., à la condition : 1° que le Gouvernement assurerait le traitement d’un professeur nommé par le ministre et l’entretien de six bourses d’élèves piqueurs à la nomination de l’administration municipale ; 2° que la ville de Caen ferait remettre en état les bâtiments de l’école et les entretiendrait ; 3° qu’il serait fondé six autres bourses d’élèves piqueurs à la nomination du préfet, qui seraient réparties entre les six arrondissements du Calvados. Le conseil municipal adhéra à ce projet. Il affecta aux travaux réclamés par les bâtiments de l’Académie une somme de 15,000 fr. et le produit de la vente des vieux matériaux évalué à 1,000 fr. ; plus tard, il ajouta à ces 16,000 fr. une somme de 2,230 fr. pour donner aux travaux plus de développement. Ces deux sommes formaient, avec celle de 2,000 fr. qui avait été votée antérieurement pour la reconstruction de murs de clôture, un chiffre total de 20,230 fr. Le 4 octobre 1849, le ministre de l’agriculture et du commerce informa le préfet que l’administration des haras consentait à donner une existence officielle à l’école pratique de dressage et d’équitation, mais à la condition qu’il s’agirait d’un établissement sérieux ayant pour but de former tout à la fois des piqueurs intelligents, des valets d’écurie, des palefreniers capables, et de donner à de jeunes chevaux la première éducation qui les rend propres à être immédiatement appliqués aux différents services de la selle ou de l’attelage. Le ministre ajoutait : 1° que l’établissement prendrait le nom d’École pratique de dressage et d’équitation ; 2° que l’effectif en chevaux, indépendamment des pensionnaires confiés à l’école par des amateurs ou des éleveurs, ne devrait se composer que de chevaux hongres et juments de 3 ans au moins et de 5 ans au plus, à l’exception de 4 ou 5 chevaux d’âge considérés comme maîtres d’école ; 3° que le chef de la maison tiendrait un registre matricule des animaux qui passeraient dans l’école, et qu’un registre semblable serait tenu par le maître de dressage et d’équitation ; 4° qu’une commission de six membres serait chargée de surveiller le fonctionnement de l’établissement et l’exécution du règlement ; 5° qu’il y aurait, sous les ordres du maître de dressage et d’équitation, deux piqueurs spécialement affectés, l’un à l’attelage, l’autre au manége, qui seraient nommés par l’administration centrale ; 6° enfin, qu’il ne serait fait, à l’avenir, aucune construction se rattachant au service de l’établissement sans que le plan n’en eût été discuté et arrêté entre le conseil municipal et le service des haras. Le Gouvernement fixait à 6,000 fr. la subvention annuelle de l’État en faveur de l’école. Cette subvention ne devait être allouée qu’à partir du 1er janvier 1850, et continuée que sous la réserve d’une augmentation des bâtiments. Le ministre promettait même de la porter à un chiffre plus élevé dès que l’état des constructions permettrait à l’école de prendre un développement rationnel ou tout au moins appréciable. Jusqu’à un agrandissement sensible de l’établissement et l’exécution des améliorations que le service exigeait, le minimum des existences de l’effectif resterait fixé à 26, les écuries ne comportant pas un plus grand nombre de têtes. Le ministre acceptait M. Marion père comme entrepreneur, chef de maison, chargé de fournir aux écuries le contingent de chevaux à dresser. Il se réservait de nommer l’employé auquel serait confié le dressage des chevaux et le soin de donner des leçons d’équitation aux amateurs qui fréquenteraient le manége. Le traitement de cet employé, fixé à 2,400 fr., devait être imputé sur la subvention de 6,000 fr. ; les 3,600 fr. restant étaient attribués à M. Marion. M. Marion proposa, comme professeur d’équitation et de dressage, M. Auguste Jardin qui occupait cet emploi depuis plus de quinze ans ; comme maître d’attelage, M. Gustave Marion ; comme professeur d’hippiatrique, M. Cailleux, artiste vétérinaire ; et, en même temps, il donna l’aperçu suivant des dépenses de l’école, montant à 22,580 fr., savoir : 1° traitement du personnel, 3,800 fr. ; 2° nourriture et entretien de 12 boursiers, 5,100 fr. ; 3° nourriture et entretien de 6 chevaux, 12,480 fr. ; 4° entretien du matériel, 1,200 fr. Les propositions de M. Marion furent agréées par le conseil municipal. En juillet 1849, le directeur et les professeurs furent nommés, et un concours fut ouvert pour l’admission des boursiers. M. Marion père résigna ses fonctions en 1853. Au mois d’août de cette année, il fut remplacé par M. Morin, qui prit pour écuyer en chef M. Duplanty. Sous l’administration de M. Morin, l’école donna des résultats satisfaisants. Le directeur mit tous ses soins à choisir les chevaux ; l’écuyer en chef s’occupa activement et habilement de la direction du personnel et des leçons ; l’administration municipale ne négligea rien pour remettre en bon état les écuries, le manége, les logements, la cour et la voie servant d’accès à l’école. Au mois de mars 1856, M. Morin se retira à la suite de difficultés survenues entre lui et l’écuyer ; M. Marion reprit provisoirement la direction de l’établissement et la conserva jusqu’à la réorganisation de l’école sur les bases suivantes proposées par l’administration des haras et acceptées par le conseil municipal. L’école restait municipale. La ville était chargée des dépenses relatives aux constructions et appropriations ; l’État subvenait aux dépenses du personnel et du fonctionnement. Le directeur était à la nomination du directeur général des haras, ainsi que le comptable et les autres agents et gagistes. Un conseil d’administration avait la surveillance de l’établissement et de ses opérations ; il était présidé par le maire qui en choisissait les membres, sauf un inspecteur général des haras, membre de droit, et devait compter dans son sein deux membres du conseil général et deux membres du conseil municipal. Voici quel a été, au début de l’application du nouveau régime, la composition du conseil d’administration : le maire, président ; l’inspecteur général des haras de l’arrondissement ; le marquis de Caulaincourt et le comte de Germiny, membres du conseil général ; Georges Simon et David Beaujour, membres du conseil municipal ; Guépratte, commandant du dépôt de remonte de Caen. La ville s’occupa alors des dispositions à prendre pour l’agrandissement et l’appropriation complète de l’établissement. Le 9 juillet 1863, le conseil municipal donna son approbation à une convention intervenue entre le maître et le directeur général des haras, aux termes de laquelle la ville s’engageait à exécuter immédiatement les travaux restant à faire pour compléter l’école, travaux évalués à 180,000 fr. et l’administration des haras s’obligeait, de son côté, à lui allouer, en sept annuités, dont les six premières seraient de 6,000 fr. chacune, et commenceraient à être payés en 1864, la somme de 38,250 fr. nécessaire pour compenser le préjudice résultant pour les entrepreneurs des longs délais de paiements qu’ils auraient à subir, la ville ne pouvant se libérer qu’en dix annuités, de 17,000 fr. chacune, à partir de 1864. En exécution de cette convention, l’administration municipale se mit à l’oeuvre, et les travaux furent achevés en 1866 ; mais la dépense se trouva en définitive beaucoup plus considérable qu’elle avait été prévue : elle s’éleva à 288,961 fr. Eu égard à cette augmentation, l’État accorda à la ville une subvention supplémentaire de 19,125 fr. Par suite des notables sacrifices que la ville s’est imposée, l’école d’équitation et de dressage de Caen est devenue, suivant une appréciation de l’Annuaire des courses et des écoles de dressage pour 1868 « l’établissement hippique le plus grandiose qu’il y ait en France, et répond entièrement à ce qu’exige le centre de production et d’élevage le plus considérable du pays. » L’établissement, qui occupe une superficie de 87 ares, comprend : 1° Une habitation pour le directeur ; - des logements pour les piqueurs de selle et d’attelage ; - un grand salon commun pour les réceptions ; un logement pour l’agent comptable ; des logements ou dortoirs pour les palefreniers ; - un logement de concierge et une salle d’attente ; 2° Des boxes ou écuries pour 60 à 70 chevaux d’attelage ou de selle ; - une écurie pour 14 à 16 chevaux pour le service du manége ; - un manége de dimensions suffisantes pour y faire l’attelage, avec tribune et vestiaire ; des remises pour les équipages de l’école ; des selleries ; - une maréchalerie ; - une salle de cours d’hippiatrique ; - des greniers à fourrages ; - des fosses à fumier, et une vaste cour ou manége découvert pour l’attelage, les exercices de toute nature et les réceptions d’étalons. En pénétrant dans l’école par l’entrée principale, rue de l’Académie, on rencontre, à droite, le pavillon d’habitation du directeur, qui se compose : au rez-de-chaussée, d’un vestibule, d’un bureau, de deux salons et d’une salle à manger ; au premier étage et à l’étage mansardé, de chambres à coucher avec leurs dépendances. Le sous-sol renferme la cuisine et les caves. Vis-à-vis, de l’autre côté de la cour, un pavillon semblable au précédent comprend : au rez-de-chaussée, un grand vestibule ouvert sur la cour, un salon de réception à la suite du vestibule ; à gauche, un bureau, et à droite une pièce de dépôt. Au premier étage et dans les mansardes se trouvent deux logements pour le piqueur de selle et pour le piqueur d’attelage, logements composés, chacun, de trois chambres à coucher, d’un salon, d’une salle à manger et d’une cuisine. L’agent comptable et le palefrenier chef occupent deux petits pavillons semblables entre eux. Chaque pavillon comprend : un rez-de-chaussée, d’un côté du passage de voiture, une petite cave ; de l’autre côté, un escalier et un cabinet d’aisances ; au premier étage, deux chambres, une petite salle à manger et une cuisine ; dans le comble, une chambre mansardée et un grenier. Les dortoirs des palefreniers sont au-dessus des remises et des selleries ; enfin la salle d’attente se trouve à gauche de l’entrée principale, à côté de la loge du concierge. L’école dispose, pour loger les chevaux, de dix boxes doubles ou petites écuries de deux chevaux, plus particulièrement réservées aux paires de chevaux d’attelage ; de vingt boxes simples pour les étalons et les chevaux de courses au trot ; de trois écuries, l’une de douze, l’autre de huit et la troisième de cinq chevaux, cette dernière servant d’infirmerie au besoin ; enfin, d’une écurie double pour les chevaux de manége. Ces boxes et ces écuries sont reliés au manége par des galeries qui permettent de faire à couvert le service de tout l’établissement. Le manége a 17 mètres de largeur sur 51 mètres de longueur dans oeuvre, non compris les deux vestiaires et la tribune. Les deux remises, la maréchalerie, les deux selleries, - l’une pour les harnais de luxe, l’autre pour les harnais ordinaires, - et la salle de nettoyage, située du côté de la rue de l’Académie, ont leurs accès sur une cour de service, aussi bien que la sellerie et la salle de nettoyage, spéciales pour les chevaux de manége, qui sont établies à l’autre extrémité de l’école. La salle des cours d’hippiatrique pour les palefreniers est à l’extrémité de la grande cour, à gauche ; enfin, les greniers à fourrages s’étendent au-dessus des boxes et des écuries. A côté des deux fosses à fumier se trouvent des lieux d’aisances pour les palefreniers. La dépense pour les constructions et pour l’installation des eaux distribuées dans tout l’établissement, s’est élevée à 320,000 fr. En 1863, le ministre de la maison de l’empereur et des beaux-arts, le maréchal Vaillant, fit un nouveau règlement pour les écoles d’équitation et de dressage. Suivant ce règlement, la surveillance de chaque école restait confiée à un conseil nommé par le directeur général des haras, sur la proposition du préfet, et composé de deux membres du conseil municipal, y compris le maire, président, de deux membres du conseil général, de l’inspecteur général des haras de l’arrondissement et du directeur de l’école, celui-ci avec voix consultative seulement. Ce conseil avait pour mission : 1° d’arrêter, tous les ans, le budget particulier de l’établissement et le compte-rendu des recettes et dépenses ; 2° de surveiller la comptabilité en deniers et matières, et de donner au directeur les autorisations nécessaires pour les dépenses à effectuer dans la limite des budgets de prévision ; 3° de ratifier les adjudications, baux, ventes, marchés ; 4° d’émettre son avis sur toutes les difficultés touchant au personnel supérieur ; 5° de proposer à l’administration centrale les mesures jugées de nature à intéresser le présent ou l’avenir de l’établissement ; 6° d’exposer, dans un rapport annuel, adressé au directeur général, les résultats obtenus par l’école. Le personnel de l’école comprenait : un directeur, un agent-comptable, un sous-écuyer, un piqueur de selle, un piqueur d’attelage, des palefreniers et des élèves palefreniers, en nombre proportionné aux besoins du service. Le directeur était responsable du fonctionnement de l’école ; - il nommait et révoquait les palefreniers et les élèves palefreniers, sauf à en donner avis au conseil de surveillance ; - il préparait les marchés de denrées nécessaires ou les achats en régie ; il achetait également les objets du matériel et les chevaux destinés au service du manége ; - enfin il était chargé de préparer les budgets de prévision annuels. L’agent comptable était spécialement chargé de la comptabilité ; il tenait, jour par jour, l’état des recettes et des dépenses, celui de l’entrée et de la sortie de toutes matières de consommation, ainsi que des articles de service, conformément à des modèles de registres ou d’états annexés au règlement. Les archives de l’établissement étaient confiées à ses soins. Il était assujetti à un cautionnement variant entre 3,000 et 4,000 fr. Le piqueur de selle était chargé du dressage et de la préparation des jeunes chevaux ; il donnait des leçons d’équitation ; il avait la surveillance des gagistes et celle des écuries ; enfin, il devait assister à la distribution des fourrages. Le piqueur d’attelage avait pour mission spéciale de dresser les jeunes chevaux d’attelage à deux et à quatre ainsi qu’au tilbury, et de donner des leçons de guide. Il était pourvu au service sanitaire de l’école par un abonnement passé avec un vétérinaire qui devait faire la visite des chevaux, une fois par jour, et être, en outre, à la disposition du directeur pour les cas urgents. Le prix de la pension pour dressage, nourriture et soin des chevaux pris en pension devait être fixé par le directeur sur l’avis du conseil de surveillance. Indépendamment des chevaux pris en pension, l’école pouvait en recevoir d’autres, à titre d’externes, pour les dresser, moyennant un forfait de 50 fr. par tête. C’était aussi au directeur qu’il appartenait de déterminer, sur l’avis du conseil de surveillance, le prix des leçons d’équitation et d’attelage. Les entrées de manége étaient fixées de la même manière ; elles profitaient, par moitié, aux piqueurs de selle et d’attelage. - Le prix d’une leçon isolée était de 3 fr. pour chevaux de selle ou d’attelage indistinctement. - Les chevaux du dehors, amenés dans l’établissement pour subir l’épreuve des cas rédhibitoires, étaient assujettis à une rétribution de 1 fr. - Les cochers et piqueurs, dont l’école se chargeait de faire l’éducation, devaient à l’établissement 1 fr. par jour. L’école pouvait se charger de la vente des chevaux qui lui étaient confiés, moyennant un droit de 2 % sur le prix de vente. Il était prélevé en faveur des palefreniers un droit de 5 % sur les primes de dressage obtenues dans les concours publics par les chevaux dressés dans l’école. Enfin les piqueurs, cochers et palefreniers portaient un uniforme fourni sur le budget de l’établissement. Telles étaient les principales dispositions du règlement du 6 octobre 1863. L’école réorganisée fut dirigée successivement, suivant les règles tracées par ce règlement et un règlement antérieur, par M. le comte de Montigny, qui est actuellement inspecteur général des écoles d’équitation et de dressage ; M. Talma, ancien directeur de l’école de Napoléon-Vendée, et M. Camusat, ancien directeur de l’école de Séez, qui est encore en fonctions aujourd’hui. Le premier fut nommé par un arrêté ministériel du 15 mai 1861, au traitement de 5,000 fr. ; le second, dans les premiers jours du mois de novembre 1864, au même traitement, et M. Camusat, par une décision ministérielle du 20 décembre 1866, au traitement de 6,000 fr. Le règlement du 6 octobre 1863 a été rapporté par un arrêté du ministre de l’agriculture et du commerce, en date du 11 septembre 1871 ; mais les dispositions de détail qu’il contenait ont passé dans un règlement de l’école de Caen, délibéré par le conseil d’administration de l’établissement dans sa séance du 12 janvier 1872, qui a été mis à exécution à partir du 15 du même mois. Dans la période qui s’est écoulée depuis la réorganisation de l’école jusqu’en 1871 où elle a été soumise à un nouveau régime, l’établissement a pris successivement des développements très-satisfaisants. De 1862 à 1866, époque de l’agrandissement et de la mise en parfait état de l’école, la moyenne des chevaux entrés annuellement pour dressage a été de 339 et, par jour, de 36. En 1864, l’école a obtenu aux deux concours hippiques qui se tenaient alors à Caen et à Falaise, 18,400 fr. de primes. - En 1865, les primes se sont élevées à 20,400 fr. un autre concours avait alors été établi à Alençon ; concours de Paris n’existait pas encore. De 1866 à 1871, il est entré à l’école 2,177 chevaux en dressage ; la moyenne des chevaux par jour a été de 40 en moyenne ; il a été donné 10,584 leçons de manége, qui ont rapporté une somme de 18,952 fr. ; l’établissement a obtenu dans les concours de Caen, Falaise, Alençon et Paris, 155 primes, représentant une somme totale de 118,995 fr. Aux concours hippiques de Paris, il a remporté quatre grandes médailles d’honneur en vermeil et une grande médaille d’honneur en argent. Dans les concours des jeunes élèves, cochers et piqueurs, l’école a toujours obtenu les premiers prix. Aux termes du règlement du 11 septembre 1871, les écoles d’équitation et de dressage doivent appartenir, soit à des particuliers qui les régissent à leurs frais, soit à des sociétés, des départements ou des villes qui se chargent de leur entretien. Aucune école ne peut recevoir une subvention de l’État, si elle ne justifie préalablement d’une organisation conforme au but de l’institution, c’est-à-dire pourvue des moyens nécessaires pour : 1° dresser, soit à la selle, soit à l’attelage les chevaux de provenance française présentés par les éleveurs ; 2° donner des leçons d’équitation et de guides ; 3° instruire des apprentis attachés à l’établissement. La subvention est fixée par des arrêtés spéciaux d’après l’importance du service. La subvention de l’État comprend les traitements du personnel, une indemnité annuelle de 270 fr. par apprenti, et des primes de 300 et 200 fr. accordées aux apprentis sortants, suivant le degré de leur capacité. Le personnel d’administration et d’enseignement de chaque école peut se composer : - d’un directeur au traitement de 3,000, 4,000 ou 5,000 fr. ; - d’un sous-directeur agent comptable, 1,800, 2,000 ou 2,500 fr. ; - d’un piqueur de selle, 1,300, 1,500 ou 2,000 fr. ; - d’un piqueur d’attelage, 1,200, 1,400 ou 1,800 fr. - d’un chef palefrenier, au traitement de 1,000, 1,100 ou 1,200 fr. Suivant l’espèce des chevaux habituellement en dressage et l’importance de l’enseignement, la composition du personnel peut être modifiée. Le directeur est nommé par le ministre, après une présentation des fondateurs de l’école. Les employés sont au choix du directeur. Le nombre des apprentis est proportionnel à celui des chevaux, à raison d’un apprenti par deux chevaux. Pour être admis à l’école, les apprentis doivent être âgés de 16 à 25 ans, et savoir lire, écrire et compter correctement. Ils sont logés, nourris et instruits gratuitement. - La durée du séjour est fixée à deux ans. - Un jury nommé par le ministre et composé de sept membres : cinq agriculteurs ou éleveurs présentés par le département et deux officiers des haras, procède aux examens d’admission et à ceux de fin d’année et de sortie des apprentis. Un prix uniforme est fixé pour les leçons diverses données dans l’établissement aux individus autres que les apprentis, d’après un tarif que le directeur soumet à l’approbation du ministre. - Des prix exceptionnels peuvent être établis pour les leçons diverses données aux élèves des lycées, colléges, pensionnats ou autres établissements d’instruction publique, soit par leçons particulières, soit par abonnements. En exécution de l’arrêté ministériel ci-dessus analysé, un règlement particulier a été établi pour l’école de Caen. Cette école est un établissement municipal, placé sous la direction du maire, assisté d’un conseil d’administration. Le personnel de l’établissement se compose d’un directeur, d’un écuyer-professeur, d’un agent-comptable, d’un piqueur de selle, d’un piqueur d’attelage, d’un chef palefrenier et d’un nombre indéterminé de palefreniers et d’élèves, en proportion avec celui des chevaux en dressage. - Un vétérinaire est attaché à l’école. Les attributions et les devoirs du personnel sont déterminés suivant les règles tracées par l’arrêté de 1863. Le prix de la pension des chevaux est fixé par le conseil d’administration. - Les frais de pension et de dressage doivent être réglés tous les trimestres. - Les cachets d’équitation et de guides sont payables d’avance ; ils ne sont valables que pendant six mois. L’école se charge de l’instruction des hommes d’écurie, grooms et cochers, que les particuliers voudront y envoyer, moyennant 30 fr. par mois ; l’entretien et la nourriture de ces élèves sont supportés par ceux qui les envoient. - Il leur est donné, tous les jours, une leçon de guides, d’équitation ou d’attelage, outre les leçons particulières qu’ils reçoivent pour la tenue des harnais, voitures, et pour les soins que les chevaux exigent. Les leçons sont tarifées comme il suit, indépendamment des entrées de manége fixées à 5 fr. pour les élèves des pensions, et à 10 fr. pour les élèves de la ville : Leçons d’équitation en reprise, pour les élèves des pensions, 1 fr. 25 c. ; - pour les élèves de la ville, 2 fr. ; - leçons particulières pour les premiers, 3 fr. ; - pour les autres, 4 fr. ; - leçons particulières de haute école, 5 fr. ; - leçons de dames, en reprise, 3 fr. ; - particulières, 4 fr. ; - promenades sur demande particulière, 4 fr. Leçons de manége : droit d’entrée, 5 fr. ; - leçons de guides à un cheval, 3 fr. ; - à deux chevaux, 4 fr. ; - leçons isolées aux cochers, 2 fr. Dressage : Chevaux en pension, par jour, dressage compris, 2 fr. 50 ; - dressage à forfait, par cheval de selle ou harnais (nourriture non comprise), 50 fr. L’organisation du personnel de l’école a été approuvée par une décision du ministre de l’agriculture et du commerce du 9 janvier 1872, et la subvention de l’État a été fixé à 12,500 fr. - Cette subvention a été employée pour les traitements du personnel de l’établissement, dans les proportions suivantes : directeur, 4,000 fr. ; écuyer-professeur, 2,400 fr. ; agent-comptable, 1,500 fr. ; piqueur de selle et piqueur d’attelage, 1,800 fr. pour chacun ; chef palefrenier, 1,200 fr. - Les traitements absorbaient ainsi une somme supérieure de 200 fr. au chiffre de l’allocation ministérielle. Ces traitements ont été, pour la plupart, successivement augmentés depuis, et aujourd’hui ils forment une somme de 15,100 fr. - Le traitement du directeur est de 5,000 fr. ; celui de l’écuyer-professeur, de 3,000 fr. ; celui de l’agent-comptable de 2,000 fr. ; ceux des piqueurs, de 2,200 fr. et 1,800 fr. Le traitement du palefrenier-chef n’est que de 1,100 fr. Pendant l’année 1872, il est entré à l’école 559 chevaux qui représentent 12,124 journées de présence et ont rapporté une somme de 31,486 fr. 34 c., de laquelle il faut déduire celle de 19,724 fr. 29 c. pour frais de nourriture. Durant la même année, il a été donné 3,250 leçons de manége : 805 aux élèves de la ville, 2,362 aux élèves du lycée et des pensions, 68 leçons de dames et 15 leçons particulières. - Ces 3,250 leçons ont produit une recette de 5,104 fr. Aux quatre concours de dressage qui ont eu lieu à Caen, à Alençon, à Paris et à Falaise, l’école a remporté 27 primes. La même année, la ville de Caen a obtenu que la présentation et les achats d’étalons qui avaient lieu au haras du Pin se fissent dans son école de dressage. C’est une mesure qui a occasionné d’importantes dépenses d’installation, mais qui ne peut être qu’une nouvelle source de prospérité pour l’école. En 1873, il est entré dans l’établissement 702 chevaux qui représentent 18,141 journées de présence et une moyenne de 49 chevaux par jour, moyenne qui n’avait jamais été atteinte. Ces 702 chevaux ont rapporté une somme de 49,887 fr. environ, de laquelle il faut déduire celle de 35,166 fr. 78 c. pour nourriture. Il a été donné 2,906 leçons d’équitation : 723 aux élèves de la ville, 1,227 aux élèves du lycée, 742 aux élèves de Sainte-Marie, et 189 à des dames, 52 leçons de guides et 3 dressages à forfait. Ces 2,936 leçons ont produit une somme de 5,367 fr., maximum des recettes jusqu’à présent effectuées. Dans les quatre concours de dressage, l’Ecole a obtenu 24 primes. Les recettes de l’exercice 1873 se sont élevées au chiffre de 99,949 fr. 34 c., ainsi détaillé : - subventions de l’État et du département, 22,900 fr. ; - chevaux en pension et leçons, 70,679 fr. 47 c. ; - ferrures et médicaments, 2,531 fr. 10 c. ; - produit des fumiers, 1,310 fr. 52 c. ; - produits divers, 1,486 fr. 07 c. ; il y avait, d’ailleurs, des fourrages en magasin pour 2,601 fr. 80 c. Les dépenses se sont élevées à 93,736 fr. 65 c. Cette somme se décompose ainsi : appointements, 14,959 fr. 80 c. ; - déplacements, 453 fr. 86 c. - gages des palefreniers et du sellier, 14,096 fr. 17 c. ; - habillement des palefreniers et des élèves, 1,480 fr. 80 c. ; - frais de médecin et de pharmacien, 400 fr. 25 c. ; - frais de bureau, 823 fr. 30 c. ; - nourriture des chevaux, 39,595 fr. 67 c. ; - vétérinaire, ferrures et médicaments, 2,842 fr. ; - voitures, harnais, sellerie, 3,628 fr. 67 c. ; - réparations locatives et loyer de l’hippodrome, 11,256 fr. 39 c. ; - objets divers, y compris la concierge et le blanchissage, 4,199 fr. 90 c. L’école d’équitation et de dressage de Caen fonctionne dans des conditions satisfaisantes, et les résultats obtenus depuis deux ans font espérer que les progrès qu’il a été donné de constater ne s’arrêteront pas. Le personnel de l’établissement s’acquitte très-convenablement de ses devoirs. M. Camusat dirige avec intelligence et avec zèle tout le service ; il est bien secondé par l’écuyer-professeur d’équitation, M. de Fitte, par l’agent-comptable, M. Lecorneur, le premier piqueur d’attelage, M. Gousson, auxquels l’administration a donné des témoignages de satisfaction ; par le deuxième piqueur, M. Leneveu ; enfin, par le brigadier chef des palefreniers, M. Gautier. - Le service de santé du personnel est fait par M. le docteur Denis-Dumont ; le cours d’anatomie appliquée à l’espèce chevaline dont est chargé M. Hue, vétérinaire, est utilement professé. Ainsi organisé, l’établissement, aidé dans l’avenir, comme il l’a été jusqu’à présent, par l’État et le département, continuera de rendre aux éleveurs de la contrée des services de plus en plus importants. (1) C’est sur le même emplacement, agrandi par suite d’acquisitions successives, qu’est établie l’école actuelle d’équitation et de dressage. |