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A. Marie-Cardine : Guide des étrangers à Lisieux et dans ses environs (ca1882)
MARIE-CARDINE, Armand (1825) : Guide des étrangers à Lisieux et dans ses environs : orné de plusieurs gravures et accompagné d'un plan de la ville.- Lisieux : E. Bosquain, libraire-éditeur, [ca1882]..- 94 p.-2 f. de pl.-1 pl. dépl. ; 18 cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (15.XII.2010)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros] obogros@cclisieuxpaysdauge.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées. Quelques corrections manuscrites sur notre exemplaire sont portées en rouge.
Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (BM Lisieux : Norm 740) .

GUIDE
DES ÉTRANGERS
A
LISIEUX
ET
DANS SES ENVIRONS

par

Armand Marie-Cardine

~ * ~

PRÉFACE

La situation topographique de la ville de Lisieux, la facilité de ses relations avec Paris, Caen, Trouville, Le Havre et tout le littoral du Calvados, l’activité et l’importance de son industrie locale, sa haute antiquité et le renom de ses vieilles maisons, expliquent l’affluence des étrangers qui la visitent : les uns y sont attirés par leurs affaires, les autres la traversent en se rendant aux bains de mer.

Tout voyageur qui s’arrête à Lisieux ne peut se dispenser de visiter ses églises, ses monuments et plusieurs de ses rues qui ont conservé leur physionomie du moyen âge.

Mais, pour visiter une ville que l’on ne connaît pas, un Guide est nécessaire. Nous avons donc cru faire une chose utile en publiant ce petit volume qui, bien que concis, contient une foule de renseignements intéressants, nécessaires, indispensables même. Afin de donner un travail aussi exact que possible, nous avons compulsé l’Histoire de Lisieux, par Louis Dubois, et surtout la Statistique monumentale de M. de Caumont, où nous avons puisé de nombreux renseignements.

Nous avons classé ce qu’il y a à voir dans Lisieux sous un certain nombre de titres que, pour la facilité des recherches, on trouve à la table placée à la fin du livre.

Nous avons indiqué ensuite au touriste les communes les plus intéressantes à visiter aux environs, ainsi que les choses les plus curieuses que renferme l’arrondissement de Lisieux au point de vue historique et monumental.

En rédigeant ce Guide, qui sera le vade mecum de l’étranger, nous nous sommes surtout proposé de faire aimer et apprécier une ville que sa prospérité commerciale a élevée au second rang parmi les villes de notre beau et riche département.

                            A. M.-C.


GUIDE
DES ÉTRANGERS
A LISIEUX

~  ~

LISIEUX (ville ancienne).

La ville de Lisieux est bâtie au confluent de la Touques (1) et de l’Orbiquet (2), dans une charmante vallée encadrée, à l’ouest et au couchant, par de riantes collines.

L’origine de cette ville remonte à une haute antiquité. Elle doit son nom à une puissante peuplade gauloise, les Lexovii.

A l’époque de la conquête de la Gaule par Jules César, la tribu des Lexovii était établie entre la Dives (3) et la Rille (4). Les Lexovii furent un des peuples qui résistèrent avec le plus d’énergie aux Romains ; et, lors du soulèvement général de la Gaule, ils fournirent à Vercingétorix un contingent de 3,000 hommes. La prise d’Alesia mit fin à cette lutte nationale.

Vers le IVe siècle après Jésus-Christ, Lisieux, comme les autres villes de la Gaule, perdit son ancien nom (Noviomagus). A la fin du IVe siècle, les Saxons s’en emparèrent et la détruisirent de fond en comble. Ils reconstruisirent, avec une partie de ses débris, la ville moderne.

Sous le règne de Charles le Chauve (840-877), Lisieux faisait partie des 120 cités où étaient établis des ateliers monétaires. Les monnaies frappées à Lisieux portaient : LIXOVIIS CIVIS.

Le territoire lexovien, fréquemment exposé aux incursions des Normands, pris et pillé par Rollon, fit partie de la portion de la Neustrie que Charles le Simple dut lui céder, en 912, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte (5).

En 1047, les troupes de Lisieux, du Lieuvin (6) et de la Vallée-d’Auge faisaient partie de l’armée de Henri Ier  et de Guillaume le Conquérant, qui battit au Val-des-Dunes (7) les seigneurs normands qui s’étaient soulevés contre l’autorité du duc de Normandie.

Au moyen âge, Lisieux était une place de guerre d’une certaine importance. L’évêque Herbert, qui occupa le siège épiscopal de Lisieux de 1026 à 1050, fit abattre une partie des murailles pour construire la cathédrale.

En 1135, l’évêque Jean Ier  fit faire une nouvelle enceinte. Elle était nécessaire, car Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, mit le siège devant Lisieux en 1136. La ville ne put être prise, mais elle fut en grande partie incendiée. Ce fut seulement en 1141 qu’elle fit sa soumission au duc d’Anjou.

A la suite de cette longue lutte, la famine fut telle dans le Lieuvin, qu’on en vint à manger de la chair humaine.

Le 18 mai 1151, Henri II, roi d’Angleterre, épousa à Lisieux Éléonore de Guyenne, que Louis le Jeune avait répudiée.

Depuis cette époque jusqu’au commencement du XIIIe siècle, Lisieux ne fut le théâtre d’aucun évènement politique important. En 1204, Philippe Auguste voulant réunir la Normandie à la couronne de France, en vertu de la sentence prononcée contre Jean sans Terre, assiégea Lisieux et y entra sans coup férir.

Pendant la guerre de Cent-Ans, la ville de Lisieux fut souvent prise et ravagée par les Anglais.

Après la réunion de la Normandie à la France, en 1450, elle fut troublée par les guerres de la Ligue du bien public, sous Louis XI, et par celles de Religion.

Pendant les guerres de Religion, les Protestants s’emparèrent de la ville en 1562, et pillèrent la cathédrale.

En 1572, Lisieux échappa aux massacres de la Saint-Barthélemy. Cette ville figure honorablement parmi les cités où le sang des Protestants ne fut pas versé. Les registres municipaux attestent la sollicitude des magistrats civils et du commandant militaire Fumichon pour empêcher le massacre.

Durant ce siècle, des travaux continuels furent entrepris aux fortifications.

Lisieux, qui avait pris parti pour la Ligue, fut assiégée par Henri IV, qui s’en empara après un siège de trois jours (janvier 1590).

Au XVIIIe siècle, la ville de Lisieux prit un moment parti pour la Fronde, mais elle ne tarda pas à se soumettre au duc d’Harcourt, venu pour s’en emparer.

Depuis lors, la ville n’eut plus besoin de déployer son appareil militaire. Néanmoins elle a conservé ses fortifications jusqu’au commencement de ce siècle.

Ses murs étaient flanqués de dix-sept tours ; on entrait dans la ville par quatre portes : la porte de la Chaussée, dont la destruction date de 1797 ; la porte de Caen, détruite en 1798 ; la porte de Paris et la porte d’Orbec, démolies en 1808.


LISIEUX (ville actuelle).

La ville de Lisieux, aujourd’hui chef-lieu de l’arrondissement et des deux cantons qui portent son nom, est située sur la Touques, par le 49e degré 8’ de latitude et le 2e degré 6’ de longitude occidentale (8), à 46 kilomètres est de Caen, et à 190 kilomètres ouest de Paris, sur la ligne de Paris à Cherbourg.

Elle est bâtie au point où la vallée d’Orbec se réunit à celle de la Touques. Sa situation est des plus agréables, et ses environs sont ornés de jolies maisons de campagne.

La population de Lisieux est de 16,039 habitants, d’après le recensement de 1882.

Plusieurs foires importantes se tiennent dans cette ville : le mercredi des Cendres, le 6 avril, le 11 juin (foire Saint-Ursin, 8 jours), le 30 juin, le 1er août, le 16 octobre et le 25 décembre (foire de Noël, 8 jours).

Le marché, qui est très-considérable, se tient le samedi. Un marché pour les bestiaux a été établi en 1882, et a lieu le mardi.

La poste aux lettres et le bureau télégraphique se trouvent dans la Grande-Rue, tout près de la place Thiers.

Le bureau central du chemin de fer, d’où partent les omnibus pour la gare, est situé place Thiers.

Lisieux possède : 1° deux journaux qui paraissent deux fois la semaine : Le Normand, journal de Lisieux et de Pont-l’Évêque (le mardi et le samedi) ; Le Lexovien, journal de Lisieux (le mercredi et le samedi soir) ; 2° Deux imprimeries typographiques : celle de M. Lerebour, dans la Grande-Rue, et celle de Mme Lefevre-Lajoye, rue du Bouteiller ; 3° Cinq imprimeries lithographiques : Mme Lefevre-Lajoye, M. Lerebour, M. Poutrel, Grande-Rue, M. Mark, rue Pont-Mortain, M. Depierre, rue d’Alençon ; 4° Cinq librairies : Mme Beau-Rabot et M. Bosquain, dans la Grande-Rue, Mlle Othon, place Thiers, M. Grente, rue Pont-Mortain, et M. Leblond, rue Petite-Couture.

Il y a à Lisieux une Société d’Émulation, une Société Historique, une Société d’Horticulture et de Botanique (ces diverses Sociétés se réunissent à l’Hôtel-de-Ville) ; deux Cercles, dont l’un, appelé Cercle Littéraire (9), est situé rue du Bouteiller, et l’autre, dit Cercle de Commerce (10), est installé rue Petite-Couture ; une Caisse d’Épargne (11), située boulevard de la Chaussée.

Commerce et Industrie locales.

Depuis que les Lexoviens, au lieu de rebâtir leur ville sur le plateau de Noviomagus, avaient eu le bon esprit de descendre entre l’Orbiquet et la Touques, un peu au-dessus de leur confluent, ils possédaient une position tout à fait propre à l’établissement de plusieurs fabriques. Aussi, à un temps immémorial que remontent les tanneries et les fabriques de laines de Lisieux. Les autres branches de son commerce doivent aussi être fort anciennes. Les toiles cretonnes qui, dit-on, tirent leur nom d’un fabricant nommé Creton, remontent aussi fort haut, et jouissent aujourd’hui dans le commerce d’un certain renom.

La ville de Lisieux, qui est essentiellement industrielle, n’est pas restée indifférente au grand mouvement commercial de notre époque. Profitant de sa situation topographique, elle a soutenu ses anciennes industries, créé plusieurs grands établissements et pris depuis quelques années une extension considérable. Les manufactures de toiles cretonnes, de draps, de frocs, de molletons et de flanelles sont nombreuses et importantes.

On trouve aussi à Lisieux des filatures de coton, des teintureries, des tanneries, des fabriques de produits chimiques. Il s’y fait un commerce considérable de fruits, d’oeufs, de volailles, de bestiaux, de cidre, de beurres et de fromages. Ces produits sont en partie dirigés sur Paris ou exportés en Angleterre.

Principaux établissements industriels.

Parmi les principaux établissements industriels, nous citerons les filatures de laine de MM. Méry-Samson, prairie Fleuriot (exploitée aujourd’hui par une société hollandaise) ; Peulevey, rue Duhamel ; Saint-Denis, boulevard Sainte-Anne ; Pollin de Boislaurent, rue de la Sous-Préfecture ; Mme veuve Duchesne-Fournet, rue Saint-Dominique ; – les filatures de lin de M. Paul Duchesne-Fournet, à Orival ; M. Jean Samson, boulevard Sainte-Anne ; – l’établissement de frocs et la fabrique de peignes ou rots de MM. Etroit, Martin et Cie, quartier du Camp-Franc.

Nous consacrerons ci-après un article spécial à l’établissement le plus important de la ville.

Usine d’Orival.

L’usine d’Orival, située à Lisieux, à peu de distance de la gare, sur le chemin du Sap, est l’une des plus grandes et des plus belles manufactures de France pour la filature du lin et le tissage des toiles cretonnes, qui forment une des branches les plus importantes de l’industrie lexovienne.

Ce remarquable établissement, créé en 1860, par un honorable et intelligent industriel, M. Fournet, occupe aujourd’hui 1,000 ouvriers et fabrique annuellement 22,000 pièces de toile fort renommée. L’organisation de cette usine modèle ne laisse rien à désirer au double point de vue de l’intérêt moral et matériel des ouvriers qui y sont occupés. Ainsi, on trouve à Orival un fourneau économique, une caisse de secours mutuels, une école primaire pour les garçons et pour les filles, et une école maternelle.

M. Paul Duchesne-Fournet, membre du Conseil général et ancien député du Calvados, continue l’oeuvre commencée par son grand-père.

Églises.
__

Saint-Pierre (Cathédrale).

La première église élevée à Lisieux à la fin du IIIe siècle ou dans les premières années du IVe siècle, fut, dit-on, dédiée à la Sainte-Vierge.

Herbert, qui occupa le siège épiscopal de Lisieux de 1022 à 1049, jeta les fondements d’une vaste cathédrale, qui fut terminée par Hugues d’Eu, son successeur, et consacrée sous le titre de Saint-Pierre, prince des apôtres. Cette antique basilique fut détruite en 1136 par un incendie qui consuma la ville entière.

La cathédrale actuelle fut construite en grande partie par les soins d’Arnoult, qui occupa le siège épiscopal de 1141 à 1182. Elle fut agrandie et terminée par Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux, qui mourut en 1218.

En 1226, sous l’épiscopat de Guillaume du Pont de l’Arche, un incendie faillit détruire la cathédrale ou du moins compromettre sa solidité. La charpente des combles fut seule atteinte par les flammes ; l’édifice qui était très-solidement construit, fut épargné. Guillaume du Pont de l’Arche entreprit de grands travaux pour réparer ce désastre. Les deux chapelles latérales de l’abside sont l’oeuvre de cet évêque, ainsi que l’atteste la différence de style entre cette partie du choeur et le reste de l’édifice.

Ce fut probablement Guillaume du Pont de l’Arche qui fit élever les deux tours qui surmontent le portail occidental. La tour méridionale, à l’exception de la base qui est ancienne, fut rebâtie en 1579.

L’église Saint-Pierre, classé en 1840 au nombre des monuments historiques, d’après les plans et dessins de l’architecte Piel (12), et grâce à la puissante intervention de M. Guizot, alors ministre de l’Intérieur, est un des édifices les plus remarquables et les plus complets que nous ait légués l’époque de transition (deuxième moitié du XIIe siècle).

La cathédrale de Lisieux présente la forme d’une croix latine. Elle se compose, à l’intérieur, d’une longue nef avec bas-côtés, accompagnés de chapelles, d’un vaste transept, enfin d’un choeur autour duquel rayonnent plusieurs chapelles.

La longueur totale du vaisseau, depuis la porte occidentale jusqu’à l’extrémité de la chapelle de la Vierge, est de 110 mètres. L’élévation des voûtes principales est de 20 mètres ; celle de la lanterne est de 30 mètres ; la voûte des bas-côtés s’élève à 9 mètres au-dessus du niveau du sol.

La largeur totale de l’édifice, d’un mur à l’autre, non compris les chapelles, est de 27 mètres 67 centimètres.

La nef principale, du centre d’une colonne à l’autre, mesure 7 mètres.

La longueur du transept est de 38 mètres 78 centimètres, et sa largeur de 8 mètres 83 mill[centi]imètres.

La chapelle de la Vierge, placée derrière le choeur, attire les regards par ses vastes proportions et par son élégante architecture. Elle a été élevée dans la première moitié du XVe siècle, par Pierre Cauchon, évêque de Lisieux et ancien évêque de Beauvais, en expiation de la sentence inique qu’il avait prononcée contre l’infortunée Jeanne d’Arc, la libératrice de la France.

Cette chapelle a 17 mètres 20 centimètres de longueur sur 6 mètres 88 centimètres de largeur. Les trois fenêtres du fond sont garnies de vitraux modernes, exécutés à Paris dans les ateliers de M. Lusson. Le magnifique autel en pierre qui décore le sanctuaire a été sculpté en 1852 par M. Delahaye, d’après les dessins de M. Bouet, de Caen.

Le portail méridional de la cathédrale, qui fait face à la rue du Paradis, a une grande élévation ; il est surmonté de deux clochetons octogones.

Une large tour quadrangulaire, appelée lanterne, s’élève au point d’intersection des quatre bras du transept.

La façade occidentale ou principale, précédée d’un large perron, s’élève à l’angle nord-ouest de la place Thiers (ancienne place Saint-Pierre). Cette magnifique façade date du XIIIe siècle ; elle est en grande partie l’oeuvre de Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux.

Les deux tours du portail sont d’inégale élévation. Celle du sud, surmontée d’une pyramide, s’élève à 70 mètres 40 centimètres au-dessus du sol. La flèche en pierre, de forme octogone, qui couronne le clocher, date seulement du XVIIe siècle.

Ce clocher renfermait, avant la Révolution, une belle sonnerie, composée de huit cloches. La sonnerie actuelle, composée de cinq cloches, formant une quinte puissante et harmonieuse, a été fondue au Mans, dans les ateliers de M. Ernest Bollée.

Le clergé de la paroisse Saint-Pierre se compose d’un curé et de quatre vicaires.

Saint-Jacques.

L’église Saint-Jacques n’était d’abord qu’une simple chapelle ; agrandie en 1132, elle fut reconstruite de fond en comble à la fin du XVe siècle et dédiée le 1er juin 1540.

Le plan de Saint-Jacques est simple et les proportions harmonieuses. L’intérieur est léger et élégant. C’est un parallélogramme divisé en trois nefs accompagnées de chapelles. Ce qui fait la décoration intérieure de cet édifice, ce sont ses vitres peintes des plus riches couleurs, ses magnifiques peintures de la voûte que l’on a mises en lumière afin de les conserver, les ornements des colonnes ou piliers dont chaque pierre est couverte d’inscriptions, de médaillons et de statues peintes.

Les stalles sont au nombre de 70. Les stalles basses, au nombre de 30, viennent de l’abbaye du Val-Richer (13), et datent du règne de Louis XIV. Les 40 stalles hautes remontent à la Renaissance et présentent des panneaux richement sculptés.

L’autel, acquis en 1869 et placé en même temps que le pavage mosaïque du choeur, a été fait à Munich (Bavière). Il est en bois de chêne sculpté, peint et doré, avec des statuettes sculptées en bois de tilleul et bas-reliefs ou panneaux dorés et peints, d’un grand effet. Le tabernacle est remarquable par son importance et ses détails. On admire encore dans cette église les boiseries de l’orgue (style du XVe siècle), exécutées par M. Léonard, sculpteur à Lisieux, et le curieux tableau sur bois, placé dans la chapelle Saint-Ursin, du côté droit en entrant. Ce tableau a été refait sur l’original, en 1681.

La construction de l’église Saint-Jacques a été faite sur un terrain dont la pente est rapide ; c’est pourquoi le choeur se trouve au niveau du sol, tandis que la façade est élevée sur un perron subdivisé en plusieurs volées et orné d’une fontaine, ce qui contribue à l’embellissement du grand portail, qui a pour couronnement un clocher inachevé.

La sonnerie de Saint-Jacques se compose de trois cloches ; la plus grosse a été fondue, en 1712, par le célèbre fondeur lexovien Jean Aubert ; les deux autres datent seulement de 1832. Avant la Révolution, il y avait onze cloches à Saint-Jacques.

La paroisse Saint-Jacques est la plus peuplée du diocèse de Bayeux et Lisieux. Son clergé est composé d’un curé et de quatre vicaires.

Saint-Désir.

Le faubourg Saint-Désir est situé à l’ouest de la ville et en est séparé par la Touques. L’ancienne église paroissiale de Saint-Désir, située à l’extrémité du faubourg qui porte son nom, tout près de l’abbaye des Bénédictines, fut démolie à la Révolution.

L’église actuelle est l’ancienne chapelle de l’abbaye ; elle date de 1758. L’extérieur ne peut attirer l’attention, si ce n’est le portail, fort original dans sa simplicité et d’un grand effet. L’intérieur, qui présente un coup d’oeil assez harmonieux, consiste en trois nefs communiquant par des arcades cintrées qui reposent sur des pilastres d’ordre ionique.

Le choeur se termine par un rond-point du fond duquel se détache un ange, sculpture de plein relief, d’une grande expression et d’un vrai mérite. Cet ange, suspendu et comme planant au-dessus de l’autel, tient dans ses mains une banderole sur laquelle sont gravés les mots : Gloria in excelsis Deo.

L’autel est remarquable : il est dû au ciseau du sculpteur Paulet.

Le clergé de la paroisse Saint-Désir est composé d’un curé et de quatre vicaires.

Palais épiscopal.

Dans les appartements de l’ancien Palais épiscopal, placé dans le voisinage immédiat de la cathédrale, se trouvent le tribunal civil, le tribunal de commerce, le musée, la bibliothèque et la prison. Ce palais a été construit en 1680 par l’évêque Léonor II de Matignon, sur l’emplacement du vieux château féodal des évêques de Lisieux. Les divers bâtiments du Palais épiscopal occupent les trois côtés d’une vaste cour carrée, appelée aujourd’hui cour des Tribunaux.

En 1869, la Société d’Émulation a fait poser, dans cette cour, une plaque en marbre noir, qui rappelle les titres d’un des évêques de Lisieux, Nicolas Oresme (de 1377 à 1382) (14).

Tribunaux.

L’escalier qui conduit aux tribunaux est fort remarquable ; il est en pierre, d’une seule volée et d’une grande hardiesse d’exécution ; sa rampe est en fer forgé. La salle d’audience du Tribunal civil occupe l’enceinte de la salle du synode ; elle est placée au haut de l’escalier, à gauche ; elle mesure 15 mètres de longueur sur 7 mètres de largeur. Derrière la salle d’audience se trouve la chambre du conseil du tribunal. Deux tableaux décorent l’intérieur de cette chambre : l’un représentant Jupiter allaité par la chèvre Amalthée ; l’autre, le portrait en pied du duc de Bourgogne.

Salle dorée.

A côté de la salle d’audience se trouve une magnifique salle appelée la Chambre dorée (aujourd’hui Salle dorée) ; elle fait l’admiration des étrangers par ses sculptures et ses peintures.

Au centre du plafond, à caissons, qui date de la fin du XVIIe siècle, on voit un grand médaillon entouré d’une guirlande de feuilles de chêne ; il représente deux anges tenant dans leurs mains les divers attributs de l’épiscopat et l’écusson de Léonor II de Matignon. Au-dessus des portes sont peints des sujets tirés de la Bible : Tobie accompagné de l’Ange, la Manne dans le Désert, l’Ane de Balaam, etc. Un tableau, représentant la Découverte du Feu, par Jacques Stella, décore le manteau de la cheminée.

La Salle dorée était jadis réservée aux princes et aux personnes de distinction qui descendaient à l’évêché (15). Aujourd’hui, elle sert au tribunal de chambre du conseil.

Tribunal de première instance.

Le Tribunal civil de Lisieux occupe deux des quatre côtés de l’ancien Palais épiscopal et le rez-de-chaussée du troisième côté. Le Parquet et la Chambre d’instruction sont installés dans l’aile qui fait face à la place Thiers : leur entrée se trouve dans la cour des Tribunaux.

La salle d’audience et la chambre des délibérations occupent le grand bâtiment intérieur ; enfin, le greffe a vue sur le Jardin public et est établi de ce côté au-dessous de la Bibliothèque.

Les jours d’audience du Tribunal civil sont aussi fixés : lundi, affaires correctionnelles ; mardi, mercredi et jeudi, affaires civiles ; samedi, de quinzaine en quinzaine, affaires provisoires et ventes.

Tribunal de commerce.

La salle d’audience du Tribunal de commerce se trouve dans l’aile reconstruite du Palais épiscopal, en face le Jardin public, au-dessous du Musée.

Les audiences ont lieu le vendredi.

Justices de paix.

Les deux cantons de Lisieux possèdent chacun une Justice de paix, qui se tient dans une des salles du Palais épiscopal, du côté de la prison. L’entrée se trouve, à gauche, sous la grande porte de la cour des Tribunaux.

Les audiences de justice de paix ont lieu le vendredi et le samedi pour le 1er canton, et le mardi et le mercredi pour le 2e canton.

Musée.

Le Musée de Lisieux a été créé en 1837. M. Guizot, alors ministre et député de Lisieux, a grandement contribué à sa fondation et à son développement. Il est placé dans une des salles reconstruites de l’ancien Palais épiscopal, au premier étage, près la Bibliothèque. De ses fenêtres, on jouit, sur la vallée de Pont-l’Évêque, d’un panorama splendide.

Le Musée, tout humble qu’il est, possède plusieurs bonnes toiles ; on remarque surtout un magnifique tableau : Jésus bénissant les enfants, par Hippolyte Flandrin ; Tobie ensevelissant les morts, par Dubufe ; Jean Le Hennuyer, évêque de Lisieux, sauvant les Protestants du massacre de la Saint-Barthélemy, par Gosse ; Les pestiférés, de Carrache ; une Scène flamande, de Téniers ; une Vue de la Vallée-d’Auge, de Coignard ; un Portrait de M. Guizot, de Heusse, etc., etc.

Le Musée possède aussi quelques bonnes gravures, des bas-reliefs, des modèles en plâtre et des vitrines contenant des objets divers trouvés à Lisieux et dans les environs.

Un Musée cantonal a été installé par M. Edmond Groult, avocat, dans la première salle, à l’entrée du Musée. On peut le regarder comme un complément des Musées scolaires qui existent dans toutes les écoles de l’arrondissement de Lisieux.

Le Musée est ouvert le dimanche seulement, de 1 heure à 4 heures.

Bibliothèque.

La Bibliothèque a été créée en 1837. Elle est établie dans une vaste pièce, au premier étage, près le Musée, en face du Jardin public. Elle compte aujourd’hui environ 14,000 volumes, et est ouverte au public tous les jours, de 1 heure à 4 heures. Moyennant une souscription annuelle de 10 francs, on peut emporter les livres chez soi.

La salle de la Bibliothèque est admirablement située. De ses fenêtres, on jouit d’une vue magnifique sur la vallée, jusqu’à Ouilly-le-Vicomte.

Prison.

La Prison occupe une aile de l’ancien Palais épiscopal. Destinée seulement aux condamnés qui ont moins d’un an de prison à faire, elle ne renferme habituellement qu’un nombre assez restreint de détenus.

L’entrée se trouve rue Condorcet.

Gendarmerie.

La caserne de gendarmerie est située dans la cour du Tribunal civil, près de la cathédrale, sur l’emplacement de l’ancienne chapelle épiscopale.

C’est là que réside la brigade à cheval, avec un maréchal-des-logis, ainsi que le capitaine commandant l’arrondissement.

Il y a aussi à Lisieux une brigade à pied, avec un brigadier ; elle est assez mal installée, rue de Livarot.

Jardin public.

Le Jardin de la ville, ouvert au public en 1837, occupe l’emplacement d’une partie des jardins de l’ancien évêché. Fort bien divisé, « il offre deux vastes pelouses entourées de plates-bandes symétriques, et séparées par un bassin circulaire orné d’un jet d’eau ; le tout encadré à l’est et à l’ouest par deux belles allées de marronniers, et au nord [midi] par une terrasse sur laquelle s’élèvent les bâtiments renfermant le Tribunal de commerce, le Greffe civil, le Musée et la Bibliothèque. De cette terrasse, on jouit d’une vue magnifique sur la vallée de la Touques et sur les riches coteaux qui l’enserrent à droite et à gauche. » (Guide du promeneur de Lisieux à Orbec, par M. A. Tissot.)

Le Jardin public sert aux revues, aux grandes fêtes publiques et aux feux d’artifice. On y entre par le boulevard de la Chaussée, par la rue Condorcet, par la cour des Tribunaux et par la rue Olivier.

Jardin de l’Étoile.

Outre le Jardin public, une autre promenade fort agréable est offerte à la Société lexovienne ; c’est le Jardin de l’Étoile.

Le Jardin de l’Étoile est un immense et magnifique parc, admirablement dessiné et planté, et très-heureusement accidenté. Il a été acheté en 1825 par une Société de quarante actionnaires qui ont résolu de le conserver à la ville de Lisieux et au public.

Le Jardin de l’Étoile, situé sur la route de Pont-l’Évêque, tout près du tunnel, est ouvert tous les jours aux familles qui paient un abonnement annuel de 30 francs. Son entrée est accordée gracieusement aux étrangers, sur une simple demande.

Hôtel-de-Ville.

L’Hôtel-de-Ville de Lisieux est une assez jolie construction en brique et pierre, qui date de 1713. Il fut acheté par la ville en 1770 ; il est situé dans la Grande-Rue, entre la place Thiers et les boulevards. Depuis cette époque, beaucoup de changements intérieurs ont été faits à ce bâtiment, et les deux ailes actuellement existantes ont été construites.

Les constructions du côté de la rue au Char sont toutes modernes.

L’Hôtel-de-Ville renferme le cabinet du maire, les bureaux de la mairie, les salons de réception, une salle pour les concerts, le cabinet du commissaire de police, le bureau de police, le magasin des pompes à incendie et les bureaux de la caisse d’épargne.

Les salons de l’Hôtel-de-Ville, suffisamment vastes, fort bien aménagés et luxueusement ornés, sont très-favorables à l’éclat et au succès des fêtes municipales.

L’horloge de l’Hôtel-de-Ville était jadis celle du couvent des Mathurins ; elle fut placée à l’Hôtel-de-ville en 1797.

Le magnifique timbre provient de la cathédrale.

Sous-Préfecture.

L’hôtel de la Sous-Préfecture a été construit en 1777, par les religieux Dominicains (16). Il est situé sur la rive gauche de la Touques ; on y accède par le boulevard des Bains.

La situation et les jardins de la Sous-Préfecture ont un certain cachet pittoresque. Cette propriété a été achetée par le département aux héritiers de M. Antoine Labbey, receveur des finances de l’arrondissement de Lisieux.

La Sous-Préfecture de Lisieux est de 1re classe.

Instruction secondaire.

La ville de Lisieux possède deux établissements secondaires : un Collège et un Petit Séminaire.

A partir de la classe de 7e, les élèves du Petit Séminaire sont conduits au Collège, où ils suivent les cours réglementaires, en payant une rétribution assez minime ; trois cents élèves environ des deux établissements s’asseoient sur les mêmes bancs et reçoivent les mêmes leçons.

Notre collège a ainsi l’importance de plus d’un lycée ; l’enseignement y reçoit les développements que réclament les besoins du temps où nous vivons : étude du grec et du latin ; méditation des chefs-d’oeuvre classiques ; langues vivantes (anglais et allemand) ; géographie agricole, commerciale et industrielle ; application des sciences physiques et naturelles aux arts, à l’industrie, aux divers usages de la vie ; visite des principales usines et manufactures ; leçons d’hygiène et de gymnastique ; maniement des armes.

Collège.

Depuis 1811, le Collège de Lisieux est situé rue de la Chaussée, dans les bâtiments de l’ancien Petit Séminaire. Aujourd’hui ces bâtiments sont insuffisants, et une restauration complète est devenue nécessaire. Mais il est question de construire un nouveau collège dans une autre partie de la ville ; les locaux actuels recevraient une autre destination.

Cette transformation est reconnue nécessaire pour offrir aux maîtres et aux élèves un asile digne de la science que les uns transmettent et que les autres reçoivent. Le Collège de Lisieux mérite bien, d’ailleurs, une installation en rapport avec son importance : il figure le premier sur la liste des collèges de l’Académie de Caen.

Séminaire.

Le Petit Séminaire de Lisieux a été fondé en 1704, par Léonor II de Matignon. En 1877, il a été transféré, de la rue du Bouteiller, sur le bord de la vieille route de Rouen, à la sortie de la ville, où il se trouve aujourd’hui.

Un magnifique établissement a été construit dans une position salubre, un peu élevée, d’où l’on découvre toute la ville. Une vaste cour carrée permet aux élèves de prendre leurs ébats pendant les récréations.

La plupart de ces jeunes gens appartiennent à des familles peu aisées et sont admis moyennant une pension peu élevée.

Le Séminaire possède une très-précieuse et très-riche bibliothèque, ainsi qu’une galerie de tableaux où l’on remarque plusieurs portraits des anciens évêques de Lisieux.

Des appartements spéciaux sont réservés, au Séminaire, à Mgr l’Êvêque de Bayeux, lorsqu’il réside à Lisieux.

Instruction primaire.

La ville de Lisieux place l’installation de ses écoles aux premiers rangs des oeuvres municipales. Elle veut l’instruction pour tous ses enfants dans les proportions intellectuelles et morales les plus larges, et elle se montre libérale envers les maîtres, à qui elle accorde ses sympathies les meilleures.

Depuis plusieurs années, l’Administration municipale a amélioré et agrandi ses écoles ; les classes présentent des dimensions et une appropriation généralement convenables ; mais l’exiguïté du terrain n’a pas permis de donner aux cours et aux préaux toute l’étendue désirable. Il serait encore nécessaire de construire un nouveau groupe scolaire dans un des quartiers les plus populeux de la ville.

La gratuité de l’instruction primaire existe à Lisieux depuis plus de deux siècles. La ville compte quatre établissements publics d’instruction primaire, recevant 1,300 élèves : une école maternelle, deux écoles de garçons et une école de filles, et neuf écoles et pensionnats libres, qui comptent 1,100 élèves, ce qui donne au total de treize établissements d’instruction primaire recevant 2,400 élèves.

Écoles publiques.

École maternelle.

L’École maternelle (ancienne salle d’asile), est un établissement d’éducation où les enfants des deux sexes reçoivent les soins que réclame leur développement physique, intellectuel et moral. Les enfants y sont admis dès l’âge de deux ans et peuvent y rester jusqu’à l’âge de sept ans.

Une directrice, deux sous-directrices et une femme de service sont attachées à cette École, qui reçoit 200 enfants. Elle est située derrière les Écoles du boulevard Sainte-Anne et a son entrée sur la petite rue qui va du boulevard à la place du Marché-aux-Chevaux (17).

L’établissement d’une seconde École maternelle, à Lisieux, est de toute nécessité ; l’Administration municipale se préoccupe de la créer.

Écoles laïques de garçons.

La ville de Lisieux possède aujourd’hui deux écoles laïques de garçons.

L’École de la rue du Bouteiller est dirigée, depuis le 1er juin 1884 (18), par un instituteur laïque secondé par trois adjoints. L’établissement est central et assez sainement situé ; il comprend quatre classes fréquentées par 150 élèves.

Un cours d’adultes est ouvert le dimanche, de midi à 2 heures, et le mardi et le vendredi, à 8 heures du soir.

L’École du boulevard Sainte-Anne a été créée en 1833. Devenue insuffisante, à cause du grand nombre d’élèves qui la fréquentent et qui s’est accru considérablement depuis quelques années, la ville a été obligée de la faire reconstruire et d’approprier la Halle-aux-Toiles, rue des Tanneurs, pour y installer trois classes. Un directeur et six maîtres adjoints sont attachés à cet établissement, qui reçoit près de 400 élèves, répartis dans six belles classes parfaitement appropriées à leur destination.

Un cours d’adultes est ouvert tous les soirs, à huit heures (les dimanches et jeudis exceptés), pour les ouvriers qui ont le désir de s’instruire.

École laïque de filles.

L’École des filles a été créée en 1834. Située rue des Tanneurs et ne répondant pas à son importance ni à sa destination, la ville acheta un terrain situé sur le boulevard Sainte-Anne et y fit construire, en 1871, le magnifique établissement que nous y voyons aujourd’hui.

Il compte 400 élèves, répartis dans six classes, qui sont devenues insuffisantes. Une directrice et sept maîtresses-adjointes donnent l’enseignement.

Un cours d’adultes, ouvert tous les soirs, à huit heures, reçoit les jeunes ouvrières qui ont besoin de s’instruire.

Écoles libres et Pensionnats.

 Les Écoles libres et les Pensionnats ouverts à Lisieux reçoivent un assez grand nombre d’élèves et forment plusieurs catégories. Deux de ces établissements sont dirigés par des laïques, et les autres par des frères et des religieuses appartenant à diverses communautés. Deux classes primaires et une école maternelle sont annexées à une usine pour les enfants des ouvriers qui y sont employés.

On trouve, dans toutes ces maisons, de l’ordre, du travail, une instruction solide en rapport avec les exigences de notre époque. Un assez grand nombre de jeunes filles en sortent après avoir subi avec succès les examens pour l’obtention du brevet de capacité.

École libre congréganiste.

Les Frères des Écoles chrétiennes, connus sous le nom de Saint-Yon, parce qu’ils appartenaient jadis à la maison de Saint-Yon de Rouen (19), ont ouvert, le 24 septembre 1884, une école libre au Doyenné. Cet établissement, qui s’accède par la Grande-Rue, a son principal accès par la place Leroy-Beaulieu. Il est fréquenté par plus de 200 élèves répartis dans quatre classes dirigées par un directeur et trois adjoints.

Pensionnat de Mlle Dufaitelle.

Le pensionnat de Mlle Dufaitelle est situé rue de la Chaussée, tout près de la place Le Hennuyer. 80 jeunes filles (externes et pensionnaires) y sont reçues. Des professeurs du collège donnent des leçons dans cet établissement.

Pensionnat de Mlle Duputel.

Le pensionnat de Mlle Duputel est magnifiquement situé, boulevard Pont-l’Évêque. Une soixantaine de jeunes filles (externes et pensionnaires) y sont admises et y reçoivent l’instruction qui leur est nécessaire. Des professeurs du collège donnent également des leçons dans ce pensionnat.

Écoles annexées à l’usine d’Orival.

M. Paul Duchesne-Fournet, ancien député, entretient, dans son usine d’Orival, des classes séparées pour les garçons et pour les filles, ainsi qu’une école maternelle.

Quatre religieuses donnent l’instruction à 200 enfants et gardent les plus jeunes jusqu’au moment où les parents quittent, le soir, l’établissement.

L’enseignement est gratuit dans cet établissement, et le traitement des maîtresses à la charge du fondateur.

Communautés religieuses enseignantes.

Providence.

La communauté de la Providence fut établie à Lisieux, en 1683, par Léonor II de Matignon, afin d’envoyer des Soeurs dans les diverses communes du diocèse pour instruire les jeunes filles et assister les malades indigents. Leur maison, qui était située au bout de la Couture-du-Milieu, fut transférée en 1807 rue du Bouteiller, où elle se trouve aujourd’hui.

Les Soeurs de la Providence sont répandues dans le Calvados et dans l’Eure, où elles dirigent de nombreuses écoles primaires. A Lisieux, leur établissement compte 50 pensionnaires et 250 externes (payantes et gratuites).

Des professeurs du collège donnent des leçons au pensionnat de la Providence.

Un chapelain est attaché à la communauté.

École de la rue de Caen.

Cette École, qui compte une centaine d’enfants, est dirigée par trois religieuses de la Providence. Outre l’instruction qu’elles reçoivent, les jeunes filles restent à l’établissement jusqu’à 7 heures du soir, elles font leurs devoirs et sont exercées aux travaux à l’aiguille.

Créée en 1875, l’École de la rue de Caen est entretenue au moyen d’un legs qui a été fait au curé de la paroisse Saint-Désir.

Abbaye.

En 1050, Guillaume d’Eu, parent des ducs de Normandie, transféra, dans le faubourg de Saint-Désir de Lisieux, l’Abbaye de Bénédictines qu’il avait d’abord créé à Saint-Pierre-sur-Dives. A la fin du XVIIIe siècle, le bâtiment du pensionnat, dont la magnifique façade se développe sur la rue, fut construit. Cette communauté est cloîtrée et possède son aumônier.

L’établissement compte 100 élèves (externes et pensionnaires). Des professeurs du collège donnent des leçons aux élèves du pensionnat.

Immaculée-Conception.

Les Soeurs de l’Immaculée-Conception ont leur maison-mère à Nogent-le-Rotrou. Elles ont établi à Lisieux, rue au Char, un pensionnat et un externat où une centaine d’élèves sont admises.

Congrégation.

Les Religieuses de l’Hospice de Lisieux ont fondé, dans la rue de la Chaussée, une maison spéciale, sous le nom d’Ouvroir, où sont admises les jeunes filles orphelines ou dénuées de ressources. Tout en recevant les premiers éléments de l’instruction, les jeunes filles sont exercées à toutes sortes d’ouvrages à l’aiguille qui leur permettent, lorsqu’elles quittent l’établissement, de gagner immédiatement leur vie.

Cette maison, à laquelle est attaché un aumônier, reçoit plus de 100 jeunes filles.

Communautés religieuses non enseignantes.

Carmel.

La Communauté du Carmel a été établie à Lisieux, rue de Livarot, en 1838. Elle est exclusivement vouée à la prière et à l’oraison. Le gros dôme de sa chapelle est peu en rapport avec les proportions de l’édifice. Trois maisons du Carmel ont été fondées à Caen, à Coutances et en Cochinchine.

Miséricorde.

L’établissement des Soeurs de la Miséricorde se trouve sur la place Le Hennuyer. C’est le 9 octobre 1846 que les Soeurs de la maison mère de Séez en prirent possession. Sa chapelle est la plus belle de toutes les chapelles que renferme la ville de Lisieux. Elle a été construite en 1865 sur les dessins de feu M. Nicolas, architecte municipal. Un élégant petit clocher octogone, revêtu d’ardoises, indique au loin l’édifice.

Les Religieuses de la Miséricorde soignent gratuitement, jour et nuit, les malades de la ville auxquels leur situation de fortune permet de ne pas entrer à l’Hospice.

Petites Soeurs des Pauvres.

C’est vers 1855 que les Petites Soeurs des Pauvres se sont établies à Lisieux, dans le faubourg de Saint-Désir, sur le bord de la route de Caen. Les vieillards des deux sexes sont admis dans leur établissement, qui est vaste et salubre.

Établissement du Refuge.

La fondation de cet établissement, qui date de 1879, a pour objet de recueillir et de ramener à la vertu les jeunes filles de mauvaise conduite. Il est situé à l’extrémité de la ville, à l’ouest, sur un terrain élevé, d’où l’on jouit d’une vue magnifique. Des religieuses de la communauté de Notre-Dame de la Miséricorde desservent cet établissement, qui possède un aumônier.

Hospice.

L’Hospice est situé rue de Paris, près de la porte de Paris. Léonor Ier de Matignon le fit bâtir  en 1672 pour recevoir spécialement les enfants trouvés, les orphelins abandonnés et les vieillards. En 1841, l’Hôpital des Mathurins, situé au bas de la Grande-Rue, fut rasé et réuni à l’Hospice de la porte de Paris. On a élevé un grand nombre de constructions pour satisfaire aux nécessités de sa nouvelle destination.

Aujourd’hui, l’Hospice de Lisieux, qui contient 410 lits, réunit toutes les conditions de salubrité et de commodité désirables. La disposition et la propreté des salles, des réfectoires et des dortoirs ne laisse rien à désirer.

On conserve dans la chapelle de l’Hospice les ornements dont fit usage Thomas Becket lorsqu’il célébra les saints mystères à Lisieux. Un aumônier est attaché à l’établissement.

Le service de l’Hospice est fait par deux chirurgiens, qui remplissent leurs fonctions chacun pendant six mois de l’année, par un médecin et par un médecin-adjoint. Vingt-quatre religieuses et vingt infirmières sont attachées à l’Hôpital et soignent les malades.

Chapelle de Notre-Dame de Lourdes.

Cette petite chapelle, qui appartient à la congrégation de Notre-Dame-de-Charité, de l’Hospice de Lisieux, a été construite en 1876. Elle est en briques et n’offre aucun intérêt architectural. Elle est coquettement ornée et se trouve sur le territoire de la commune de Saint-Jacques, à la sortie de la ville de Lisieux, sur la route de Paris.

Crèche.

La Crèche est située auprès de l’École maternelle. Elle est dirigée par les Soeurs de la Providence, et reçoit les enfants à qui les mères ne peuvent donner les soins que réclame leur jeune âge. C’est un asile où les tout petits enfants reçoivent les soins les plus doux et les plus empressés, et où ils sont à l’abri des inconvénients de toutes sortes qui les attendent, lorsqu’ils restent à la garde de frères ou de soeurs plus âgés qu’eux.

Temple Protestant.

Le Temple protestant, de construction assez récente, est situé rue des Mathurins, près de la Poissonnerie. Il a la forme d’une chapelle, sans aucun cachet architectural. Le ministre protestant, résidant à Lisieux, a le titre de Pasteur de 2e classe attaché au Consistoire de Caen.

Cimetière.

La ville de Lisieux n’a qu’un Cimetière ; il est situé, quartier du Champ-Rémouleux, sur une éminence assez considérable qui domine une partie de la vallée d’Orbec. Sa situation est fort convenable au point de vue de la salubrité, mais il est un peu éloigné de la ville. Le chemin qui y conduit part de la rue d’Orbec et n’a pas moins de 1,500 mètres.

On voit dans le Cimetière du Champ-Rémouleux plusieurs monuments funéraires assez remarquables, appartenant à plusieurs familles de la ville, et les statues tombales des curés de Saint-Pierre de Lisieux et de Saint-Jacques.

Le cimetière de la ville est commun aux paroisses de Saint-Pierre, de Saint-Jacques et de Saint-Désir. La commune de Saint-Désir a son Cimetière particulier situé rue du Pré-d’Auge.

Salle de Spectacle.

La Salle de Spectacle de Lisieux, située à l’encoignure de la Grande-Rue et du boulevard Pont-l’Évêque, est dans un état de délabrement tel qu’elle est à peu près abandonnée. Il faudrait de nombreuses réparations pour la rendre confortable. Le mieux serait d’en construire une nouvelle.

Alcazar.

Lisieux possède un assez bel Alcazar ; il est situé rue Petite-Couture. On y joue des vaudevilles, des comédies et des opérettes.

Cercle Littéraire.

Le Cercle Littéraire est parfaitement situé, au centre de la ville et au milieu de vastes jardins. On y accède par la rue du Bouteiller et par le boulevard des Bains. Il reçoit bon nombre de journaux, revues et publications, et compte pour membres une partie des notabilités de la ville. Pour y être admis, il faut être présenté par trois membres et réunir les suffrages de la majorité absolue des membres du Cercle. Tout membre, en entrant, verse une somme fixée ; une cotisation annuelle est, en outre, prélevée.

Cercle du Commerce.

Le Cercle du Commerce a été fondé par les commerçants de la ville, qui s’y réunissent en assez grand nombre. Il est situé dans la rue Petite-Couture. On y trouve la plupart des journaux et publications. Pour y être admis, il suffit d’être présenté par deux membres. Chaque membre paye, en entrant, une somme fixée et, en plus, une cotisation annuelle. Les étrangers sont admis au Cercle sur la présentation d’un membre.

Caisse d’Épargne.

La Caisse d’Épargne de Lisieux, dont le siège est fixé à l’Hôtel-de-Ville, est ouverte tous les dimanches (excepté les jours de Pâques, de la Pentecôte, de la Toussaint et du 1er janvier), de 11 heures du matin à 2 heures après midi. Elle compte seize directeurs et un caissier.

La Caisse reçoit des dépôts depuis 1 fr. jusqu’à 2,000 fr. Les intérêts sont fixés à 3 fr. 75 %.

Le compte de chaque déposant ne peut excéder 2,000 fr., versés en une ou plusieurs fois.

La Caisse d’Épargne est placée sous la surveillance et le contrôle de l’État.

Depuis quelques années, ses encaissements et ses livrets augmentent d’une façon très-considérable.

Gare.

La Gare de Lisieux, située au sud de la ville, ressemble assez à un chalet. Cette station de chemin de fer, qui se trouve sur la ligne de Paris à Cherbourg, est le point de départ de l’embranchement des lignes de Honfleur et de Trouville, par Pont-l’Évêque.

Un autre embranchement part de Lisieux et se dirige par Orbec vers Broglie, dans le département de l’Eure.

Le trafic de la Gare de Lisieux, l’une des plus importantes du réseau de l’Ouest, s’élève aujourd’hui à un chiffre considérable. Son importance est telle qu’il y a lieu de songer à l’agrandir.

Halte du Grand-Jardin.

En 1880, une halte dite du Grand-Jardin a été établie à la sortie du tunnel, sur la ligne de Lisieux à Trouville et à Honfleur, par Pont-l’Évêque. Certains trains y arrêtent pour prendre les voyageurs qui n’ont pas de bagages.

Caserne.

Une Caserne pour la troupe a été construite, en 1875, sur la nouvelle route de Pont-l’Évêque, à 800 mètres de la ville. On s’y rend, en ligne directe, par la route qui part du milieu de la place Thiers.

Cette Caserne, qui peut contenir 600 hommes, consiste en un long bâtiment rectangulaire, avec une cour très-vaste, bien disposée pour les exercices militaires. Sa situation dans la vallée laisse à désirer, et on se prend à regretter qu’elle n’ait pas été placée sur un terrain plus élevé.

Bureaux du Recrutement.

Les Bureaux du Recrutement sont installées, rue du Bouteiller, dans les bâtiments de l’ancien Petit Séminaire, qui ont été appropriés à leur nouvelle destination.

Abattoir.

L’Abattoir public de Lisieux est situé à l’extrémité de la rue de la Chaussée. On y abat annuellement environ quatorze mille têtes de bétail, représentant un poids brut de deux millions de kilogrammes environ, ce qui donne à la ville un revenu annuel approximatif de 85,000 fr.

Poissonnerie.

La Poissonnerie est située, depuis 1850, rue des Mathurins, sur le terrain de l’ancien Hospice, à peu de distance du boulevard Sainte-Anne. On y vend une assez grande quantité de gibier sauvage, de poisson et de coquillage. Le poisson vient surtout de la côte de Trouville.

Usine à gaz.

L’Usine à gaz a été établie en 1843, dans l’ancien pré de l’Hospice, pour l’éclairage public de la ville. Cet établissement se trouve dans le quartier Saint-Désir, tout près du boulevard Sainte-Anne.

Halles et Marchés.

Les Halles de Lisieux sont nombreuses : on distingue la halle aux grains, rue Pont-Mortain ; la halle aux laines, rue Grande-Couture ; la halle aux fromages, rue des Boucheries ; la halle aux beurres, de construction récente, auprès de l’église Saint-Jacques.

Les Marchés se tiennent aux endroits suivants : celui des bestiaux, sur la nouvelle route de Pont-l’Évêque, à peu de distance des Abattoirs ; celui des chevaux, du bois et du foin, dans les Coutures ; celui des arbres, sur la place Leroy-Beaulieu ; celui des volailles, légumes et marchandises diverses, sur la place Thiers.

Boulevards.

La ville de Lisieux est entourée par de larges Boulevards construits sur les anciens remparts. Ils forment une ligne à peu près complète et presque ininterrompue qui encadre la ville, et se succèdent dans l’ordre suivant, à partir de l’Hospice, route de Paris, sur la gauche : boulevards d’Orbec, Sainte-Anne, des Bains, de la Chaussée, de Pont-l’Évêque.

A ces boulevards aboutissent un grand nombre de rues ; les principales sont : la Grande-Rue, qui traverse la ville de l’est à l’ouest ; la rue Pont-Mortain, qui s’étend du nord au sud ; la rue d’Alençon, qui relie la rue Pont-Mortain à la gare du chemin de fer.

Rues.

Les principales rues de la ville de Lisieux sont : la rue de Paris et sa continuation, la Grande-Rue et la rue de Caen, qui traversent la ville dans toute sa longueur et sont comprises sur le parcours de la route de Paris à Cherbourg.

A gauche de ces rues, en partant du boulevard d’Orbec, se trouvent les rues de la Paix, au Char, des Boucheries, Pont-Mortain (20), Moulin-à-Tan, des Mathurins, du Rempart ; à droite, on trouve les rues de Rouen, Olivier, du Paradis, Condorcet, de la Chaussée, du Bouteiller, Bon-Ange, de Dives, du Pré-d’Auge.

Le quartier de la Gare et les boulevards sont reliés au centre de la ville par les rues de la Gare, d’Orbec, aux Fèvres, d’Ouville, de Livarot, d’Alençon, des Tanneurs, de la Barre, etc.

Les quartiers de la Sous-Préfecture et du Grand-Jardin sont rattachés par les rues Saint-Dominique, du Champ-Franc, Labbey, Cordier, etc., etc., etc.

Places publiques.

La ville de Lisieux compte huit places publiques : 1° la place Thiers ou place Saint-Pierre, près la cathédrale ; 2° la place Matignon, entre la place Thiers, la Cathédrale et l’ancien Palais épiscopal ; 3° la place Le Hennuyer, entre la rue du Bouteiller et la rue de la Chaussée ; 4° la place de la Couture-du-Milieu ; 5° la place du Marché-aux-Chevaux ; 6° la place des Mathurins ou de la Poissonnerie ; 7° la place Leroy-Beaulieu ou des Victoires ; 8° la place du Marché-aux-Bestiaux, route neuve de Pont-l’Évêque.

Fontaines.

La ville de Lisieux possède de nombreuses fontaines ; une seule a un aspect monumental, celle de la rue du Bouteiller. Sa construction remonte à 1784 (21). Voici à quelle occasion : Mgr Ferron de La Ferronnays, dernier évêque de Lisieux, venait d’être nommé à ce siège épiscopal. La municipalité vota une somme importante pour lui préparer une réception brillante, mais il demanda que la somme destinée aux fêtes fût plutôt employée à quelque travail d’utilité publique. On éleva la fontaine et on y grava ses armoiries et diverses inscriptions.

Aucune des autres fontaines que possède la ville de Lisieux n’affecte un caractère architectural. Les plus importantes sont celles de la rue du Paradis, reconstruite en 1769, et celle du perron de Saint-Jacques, construite en 1809.

Ponts.

Les six ponts principaux établis sur le territoire de la ville de Lisieux sont : 1° le pont de l’Orbiquet, construit dans le faubourg Saint-Désir ; 2° le pont de Caen ou de la Touques, construit dans le même faubourg et compris dans le parcours de la route de Paris à Cherbourg ; 3° le pont de la Barre, sur la Touques, qui met en communication le centre du faubourg Saint-Désir avec la partie orientale de la ville et aussi le boulevard Sainte-Anne avec la rue de Caen ; 4° le pont Mortain, sur l’Orbiquet, dans la rue du même nom ; il est compris dans le parcours de la route d’Orléans à Honfleur ; 5° le pont de la rue aux Fèvres ; 6° le pont Labbey, reconstruit en 1882, dans la rue du même nom, sur la Touques.

Maisons.

La ville de Lisieux est riche en vieilles et curieuses maisons. La maison que l’on peut regarder comme la plus ancienne de Lisieux est celle qui est située à l’angle de la rue de la Chaussée et de la place Le Hennuyer (ancien Prêche aux Chanoines). C’est un ancien manoir canonial ; il paraît remonter au XIVe siècle.

La maison qui fait l’angle de la place Le Hennuyer et de la rue du Bouteiller a aussi certains caractères propres aux constructions du XIVe siècle, principalement dans ses lucarnes. Son rez-de-chaussée est en pierre et l’étage supérieur en bois. La porte cintrée, garnie de moulures, paraît ne dater que du XVIe siècle.

Les maisons bâties sous l’influence du style de la Renaissance offrent une variété infinie. Leur nombre est fort considérable, et plusieurs jouissent d’un renom universel. Il convient de mettre en première ligne ces deux célèbres maison de la rue aux Febvres (nos 17 et 19)  dessinées par une foule d’amateurs. Elles appartiennent au règne de François Ier. Celle du n° 17, dont la façade est ornée de riches sculptures en bois, est connue sous le nom d’hôtel de La Salamandre ou Manoir François Ier . Celle du n° 19, connue sous le nom de Manoir Formeville, du nom d’une des plus notables familles de Lisieux, est unique par sa construction.

La maison de la Grande-Rue, n° 50, est une construction fort remarquable. Son vaste pignon prend la forme d’une ogive profonde. Le développement longitudinal, sur la rue du Paradis, offre aussi un caractère tout particulier.

L’étage unique est porté sur des potences assez saillantes. La lucarne est posée de manière à plonger la vue sur la Grande-Rue.

Au XVIe siècle, on a fait quelques modifications aux parties basses de la maison. La petite tourelle de bois octogone, en saillie sur la rue du Paradis, date de cette époque, comme la fenêtre voisine. Cette fenêtre est protégée par une merveilleuse grille en fer rond.

La maison située vis-à-vis de la précédente est construite d’après le même système. On remarque la belle cave voûtée à deux nefs qui se trouve sous une partie de cette maison. On connaît à Lisieux deux autres caves bâties avec ce luxe architectural, ce qui les fait passer vulgairement pour des chapelles souterraines des premiers temps du Christianisme, bien qu’elles ne datent que du XVe siècle. L’une se trouve à l’angle de la rue du Paradis, sous une maison neuve ; l’autre est dans la rue des Boucheries, sous une maison de bois, au n° 21.

A la suite de ces maisons, on peut classer un grand nombre de constructions répandues dans toute la ville et élevées dans le cours du XVe siècle.

Le type de ce genre se trouve à l’angle de la rue de la Paix et de la Grande-Rue. Les deux faces ont un aspect sévère et rustique en même temps. Le pignon sur la Grande-Rue a une proportion vraiment imposante.

Plusieurs autres maisons appartiennent au même système de construction ; elles se trouvent dans la Grande-Rue, dans la rue au Char, dans la rue Saint-Jacques, dans la rue de la Boucherie, dans la rue de Caen, dans la rue Pont-Mortain.

La maison n° 4 de cette dernière rue a trois étages, disposition unique dans les maisons de cette époque. On la nomme la maison de la Fleur-de-Lis ; c’était une hôtellerie.

Il nous paraît inutile de donner la description de toutes ces maisons. Mais nous pouvons dire que peu de villes peuvent, comme Lisieux, offrir à l’artiste, à l’archéologue, un aussi grand nombre de maisons dignes de fixer leur attention.

Lisieux compte fort peu de constructions modernes importantes et remarquables. Nous pouvons cependant citer :

1° Le joli château de M. Descours-Desacres, sur la route de Pont-l’Évêque, entre Ouilly-le-Vicomte  et Lisieux, et à 2 kilomètres de la ville ;

2° L’habitation de M. Méry-Samson, entourée d’un charmant jardin, située à gauche de la route de Pont-l’Évêque, à la sortie de Lisieux. C’est un gracieux petit château moderne en pierre et en briques ;

3° La belle maison de Mme Duchesne-Fournet, sur le boulevard de Pont-l’Évêque ;

4° La magnifique habitation de M. Paul Duchesne-Fournet, ancien député, située à l’entrée du boulevard de la Chaussée ;

5° La belle habitation de M. Alfred-Jeanne Deslandes, sur le bord de l’ancienne route de Paris.

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ENVIRONS DE LISIEUX (22).

Les environs de Lisieux sont délicieux ; les routes et les chemins qui aboutissent à cette ville sont fort agréables à parcourir. La route de Lisieux à Orbec, surtout, qui traverse la vallée de l’Orbiquet, offre les coteaux les plus riants et les sites les plus pittoresques. Cette vallée, qui est aussi traversée par la voie ferrée, est l’une des plus curieuses et des plus intéressantes à parcourir, au quadruple point de vue agricole, industriel, historique et archéologique. On peut donc affirmer, sans crainte d’être démenti, que le parcours de Lisieux à Orbec (20 kilomètres) est une promenade ravissante.

Les environs de Lisieux renferment quelques constructions qui méritent d’être signalées et qui sont dignes d’arrêter l’attention des touristes. Nous allons en énumérer quelques-unes des plus importantes.

Les Pavements.

Les Pavements sont une pittoresque et bizarre construction du XVIe siècle, située à un kilomètre de la ville sur la route d’Orbec. Cet édifice n’est point un château ; ce n’est guère un manoir, et c’est plus qu’une maison de ferme. L’habitation principale présente un premier étage en bois jeté sur un rez-de-chaussée de pierres blanches. Au-dessus, un toit en forme d’auvent s’avance entre le premier étage et le rez-de-chaussée pour abriter les sculptures. De vastes lucarnes dépassent les toitures, déjà très-saillantes. Cette habitation, semi-féodale et semi-rustique, a l’apparence d’un chalet suisse ; elle appartient à M. Paul Target, ancien député.

Beuvillers.

La commune de Beuvillers, située à 2 kilomètres de Lisieux, sur la route d’Orbec, a acquis de l’importance depuis quelques années, par l’établissement de diverses usines.

Sur le penchant d’un coteau qui encadre, au couchant, la riante vallée de l’Orbiquet, s’élève d’une manière pittoresque l’église de Beuvillers, qu’on aperçoit de la gare de Lisieux, et dont la construction remonte à 1863.

Au-dessous de l’église se trouve une briqueterie importante, installée depuis quelques années seulement.

L’ancien manoir féodal de Beuvillers (XVIe siècle) s’élevait au fond de la vallée, à peu de distance de la ville et de la route d’Orbec. Il n’en reste plus qu’une poterne flanquée de deux tourelles, d’un effet très-pittoresque ; elle a été convenablement restaurée.

« Le rez-de-chaussée est bâti en damier de pierres et de briques alternativement rouges et vertes ; le premier étage est en bois, recouvert d’essentes disposées en dessins variés. Un escalier à vis, contenu dans l’une des tourelles, mène dans une chambre haute placée au-dessus de la porte, où existe, à peu près complet, un superbe pavage en carreau de terre cuite, dont l’émail jaune et vert est d’une rare fraîcheur encore. Des fleurons de la Renaissance décorent chacun de ces pavés, tous semblables de dessins, mais tantôt bruns avec des fleurons verts, tantôt rouges avec des fleurons jaunes. Ces pavés sont disposés quatre par quatre pour composer des rosaces, et les rosaces alternent de manière que le plancher de la chambre présente un échiquier rouge et vert, couleurs qui se remarquent aussi dans l’appareil de la maçonnerie. » (Raymond Bordeaux.)

Ces jolis pavés émaillés provenaient de la fabrique du Pré-d’Auge, autrefois si renommée.

Au fond du vallon que domine l’église s’élève une filature de fil et un établissement de tissage à la mécanique qui occupent un grand nombre d’ouvriers. Le propriétaire de l’usine, M. Laniel, de Vimoutiers, a fait construire récemment de magnifiques écoles pour les enfants de ses ouvriers.

Glos.

La commune de Glos, située à 5 kilomètres de Lisieux, sur les deux côtés de la route d’Orbec, est coquettement posée sur une éminence, au pied de laquelle passe en tranchée le chemin de fer de Paris à Cherbourg. Cette éminence, presque entièrement formée de sable, sépare la riante vallée de l’Orbiquet du vallon sauvage et pittoresque de Courtonne-la-Meurdrac.

L’église, qui occupe le point culminant du coteau, est une des plus anciennes et des plus intéressantes des environs de Lisieux. Sa construction paraît remonter aux premières années du XIe siècle.

L’intérieur offre un riche mobilier : on y remarque de belles boiseries, formant lambris, qui datent du règne de Louis XIV ; des stalles, au nombre de dix, dont les accoudoirs sont rares et curieux ; un lutrin très-remarquable, en bois de chêne doré, style Louis XIV ; un curieux bénitier en cuivre du XVIe siècle, et un très-beau chemin de croix moderne.

Les carrières de Glos sont célèbres par les fossiles qui s’y rencontrent. Le sable de Glos appartient au corallien supérieur.

Les bruyères de Glos, bien connues des botanistes, occupent un plateau très-élevé, situé à l’ouest du village. M. Durand-Duquesnay a donné la liste des plantes rares qui croissent sur ces bruyères, dans le catalogue qui a été publié en 1846 dans le Bulletin  des travaux de la Société d’Émulation de Lisieux. De larges voies traversent aujourd’hui ce plateau, qui domine la rive gauche de l’Orbiquet.

Château du Mesnil-Guillaume.

La commune du Mesnil-Guillaume, située à 7 kilomètres de Lisieux, est traversée par la route de Lisieux à Orbec. Son château est un des plus importants et des plus remarquables de la contrée ; il est formé de quatre corps de logis, avec une cour carrée au milieu, comme beaucoup d’autres habitations seigneuriales de l’époque d’Henri IV et de Louis XIII. L’architecture, mélangée de briques et de pierres, produit un effet harmonieux. Ce qu’on voit aujourd’hui est bien certainement un reste d’un château antérieur.

La seigneurie du Mesnil-Guillaume appartenait, au XVIe siècle, à une famille d’origine lexovienne, illustrée par de grandes alliances et par la construction de monuments importants. Cette famille, du nom de Le Vallois, a joué un très-grand rôle à Caen, au XVIe siècle, et à Bayeux, au XVIIe.

Château de Mailloc (23).

Le château de Mailloc, bâti dans la vallée et sur la rive droite de l’Orbiquet (24), est un édifice considérable, dans le style du XVIIe siècle. Flanqué de quatre grosses tours rondes, peut-être plus anciennes, que baignaient autrefois des fossés, il est bâti en pierre de taille sans sculptures. L’intérieur offre de vastes pièces. Les murs du grand salon sont revêtus de tapisseries à personnages d’une belle conservation. La bibliothèque est fort remarquable et possède des ouvrages nombreux et d’un grand prix.

Les parties supérieures du château présentent un riche pavage émaillé. Les carreaux sont variés de dessins et de couleurs.

Cette antique demeure des Colbert, d’un aspect sévère et monumental, a subi à l’intérieur une grande restauration. Elle appartient aujourd’hui à M. le marquis de Colbert-Chabannais (25) ; c’est une des habitations les plus luxueuses de la contrée.

Orbec.

Orbec est une petite ville de 3,217 habitants, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Lisieux, à 20 kilomètres S.-E. de cette ville, sur la rive droite de l’Orbiquet (26). Sa situation est des plus heureuses et des plus agréables, au fond d’une vallée fertile, sillonnée d’eaux vives qui entretiennent à la fois la fraîcheur et la fertilité, entourée de coteaux couverts de pommiers et dont les hauteurs sont couronnées de bois.

Cette jolie petite ville a une certaine importance. Elle renferme des fabriques de frocs, de molletons, de flanelles, de rubans, des blanchisseries de toiles, des tanneries et une papeterie. Son marché a lieu le mercredi.

Elle possède un Hôtel-de-Ville, un Hospice et un Couvent, situé à l’entrée de la ville, sur la route de Lisieux. Les dames religieuses y ont établi un pensionnat où elles reçoivent les jeunes filles, pensionnaires ou externes.

Orbec est une ville fort ancienne. Dès le Xe siècle, sa vicomté était importante, et ses barons accompagnèrent le duc Guillaume à la conquête de l’Angleterre, en 1066, et le duc Robert à celle de la Terre-Sainte, en 1099.

Saint Louis érigea la terre d’Orbec en baronnie.

Guy d’Orbec suivit Charles VIII dans son expédition en Italie, et il se comporta si bien à la bataille de Fornoue, que le roi le fit chevalier de sa main.

Manoir de Saint-Hippolyte.

La commune de Saint-Hippolyte, malgré son peu d’importance, a subsisté jusqu’en 1834, époque où elle a été annexée à celle de Saint-Martin-de-la-Lieue.

Le manoir de Saint-Hippolyte est assis sur la rive gauche de la Touques, et s’aperçoit de la route de Lisieux à Livarot, à 3 kilomètres de la ville. Il appartient à une classe de constructions féodales, particulière aux environs de Lisieux. C’est un groupe de bâtiments d’exploitation, disséminés dans une vaste enceinte dessinée jadis par des fossés dont il ne reste plus de traces, et par la rivière, au milieu desquels s’élève, sur une terrasse, la demeure du maître.

Une tête de pont à tourelles défendait autrefois l’entrée sur la rivière.

A l’exception du colombier, les bâtiments d’exploitation, la plupart en bois, sont sans valeur architecturale. Ce colombier, de forme hexagonale, est construit en bois ; il date du XVIe siècle.

Le corps de logis principal date de la fin du XVe ou du commencement du XVIe ; il est construit en pierre de taille, avec des chaînes de briques horizontales régulièrement espacées.

Château de Saint-Germain-de-Livet.

Le château de Saint-Germain-de-Livet, situé vis-à-vis du portail occidental de l’église, se trouve à 6 kilomètres de Lisieux. Il a subi des mutilations regrettables et se compose de deux enceintes. On entre dans la première par une grande porte cintrée, accompagnée d’une poterne. Cette cour a été convertie en jardin d’agrément.

Au fond de la première enceinte s’élève le château, entouré de larges fossés remplis d’eau vive ; il a la forme d’un pentagone irrégulier. Le pavillon d’entrée, qui regarde l’orient, est bâti en échiquier de pierres et de briques vernissées, alternativement rouges et vertes. Deux tourelles à toit conique flanquent ses angles.

Un grand bâtiment de construction identique fait suite au pavillon, vers le midi, remplissant le second côté du pentagone. A l’extrémité de ce bâtiment s’élève une tour construite toujours avec les mêmes matériaux. Sa corniche est garnie de machicoulis.

Les deux côtés suivants du pentagone étaient formés de constructions affectant la même ordonnance, mais moins ornées, parce qu’elles étaient moins en vue. On les a rasées en grande partie pour ménager une vue.

Les bâtiments de la cinquième façade sont en bois, sans sculptures, et remontent au XVe siècle. Une cour intérieure occupe le centre du château. On y remarque une galerie de quatre arcades portées sur des piliers et formant une sorte de cloître sous le bâtiment qui fait suite à la porte.

Château de Fervaques.

A 13 kilomètres de Lisieux, dans la vallée de la Touques et sur la rive droite de cette rivière, s’élève le bourg de Fervaques, qui possède un château bâti par Guillaume de Hautemer, maréchal de France et comte de Fervaques, mort en 1613.

Ce château, dit M. Ch. Vasseur, se composait, au commencement du siècle, d’une masse de constructions imposantes, avec cours et basses-cours ; le tout entouré de fossés remplis d’eau courante et longé par la Touques. Après en être devenu propriétaire, M. le marquis de Porte a fait démolir plusieurs corps de logis, et il ne reste plus que deux des côtés de l’enceinte. On entre par l’ancienne tête de pont ; c’est un gros pavillon carré, construit en briques avec chaînes de pierres. La porte est accompagnée d’une étroite poterne. A gauche, se trouve une tourelle ronde qui formait l’angle oriental de l’enceinte. Cette tourelle a été transformée en orangerie.

La façade du château consiste en une longue galerie flanquée de deux pavillons carrés. On y accède par un perron double. La galerie centrale n’a qu’un rez-de-chaussée élevé sur les offices.

Les deux gros pavillons carrés sont élevés d’un étage.

Ils ont, du côté de la campagne, un aspect assez élancé à cause du fossé encore subsistant qui dégage les bases. Les fenêtres sont hautes et étroites.

Ce château, où le roi Henri IV reçut l’hospitalité du maréchal de Fervaques, appartient aujourd’hui à M. le comte de Montgommery (27), qui l’habite et y a réuni des objets d’art et des antiquités.

La vallée qui s’étend entre Fervaques et Notre-Dame-de-Courson (28) est une des plus belles et des plus riches du département.

Livarot.

Le bourg de Livarot est situé au fond de la vallée de la Vie (29), à 18 kilomètres de Lisieux, dans une des contrées les plus fertiles et les plus agréables du Calvados. Ses beurres et ses fromages sont l’objet d’un commerce fort étendu, qui a pris de l’extension depuis l’établissement d’une gare de chemin de fer sur la ligne de Mesnil-Mauger à Orléans. Un marché considérable s’y tient le jeudi.

L’ancien château de Livarot, dont la construction pouvait remonter au XIe siècle, a été rasé jusqu’aux fondements. Un château moderne a été construit, en 1824, par feu M. le marquis de Neuville, pair de France. Il est situé sur le penchant du coteau qui domine le côté droit de la vallée : c’est un des châteaux les plus considérables du département et des mieux situés. Du château, la vue s’étend sur une vallée magnifique et sur le bourg de Livarot. Il est habité par M. le comte de Neuville et par M. le vicomte Paul de Neuville, son fils aîné, maire de Livarot. Son second fils, M. le vicomte Louis de Neuville, a fait bâtir un autre château sur le côté opposé de la vallée et sur le territoire de la commune de Saint-Michel-de-Livet.

Château d’Ouilly-du-Houley.

A 10 kilomètres de Lisieux se trouve la commune d’Ouilly-du-Houley. Son château offre un très-grand intérêt. Il est construit sur la croupe d’un mamelon assez élevé et sa masse carrée, vue des coteaux voisins, est fort imposante.

Toutes les constructions de ce château ne sont point d’une seule époque. Les parties les plus anciennes, qui datent de l’époque gothique, sont, à l’extérieur, les tours circulaires qui occupent l’angle nord-ouest, le bâtiment qui leur sert de courtine vers le nord, et les autres tourelles circulaires qui défendaient l’angle nord-est, ainsi que toutes les parties basses du mur qui les sépare ; le long mur plein qui regarde le levant et toutes les parties inférieures du reste de l’enceinte. A l’intérieur de la cour, une seule partie est bien caractérisée, c’est la tourelle octogone terminée par le campanille de l’horloge et les bâtiments adjacents à droite et à gauche. Le reste accuse dans son ensemble, le règne d’Henri IV.

Les constructions de l’est sont occupées par des écuries et des communs ; elles ne sont élevées que d’un rez-de-chaussée avec greniers. Il n’y a, vers l’extérieur, d’autres ouvertures qu’une série de meurtrières qui correspondent aux greniers. Les appartements d’habitation sont situés dans le bâtiment parallèle. La grande porte d’entrée est pratiquée dans un pavillon élevé. L’accès consistait en deux ponts-levis jetés sur les fossés : l’un conduisait à la grande porte, l’autre à la poterne qui accédait dans le corps de garde. L’escalier qui conduit à la grande salle de l’étage supérieur, d’où l’on devait manoeuvrer les chaînes des ponts, s’ouvre immédiatement sur la cour. Au rez-de-chaussée du corps d’habitation, on remarque une grande salle qui sert de cuisine, avec une vaste cheminée.

Château de Fumichon.

La commune de Fumichon se trouve à 12 kilomètres de Lisieux, et à 2 kilomètres d’Ouilly-du-Houley. Son château est situé à 500 mètres environ au sud-ouest de l’église, dans la plaine et sur la lisère des bois.

Dans son état présent, composé comme il est, de constructions de toutes les époques, il est difficile de déterminer quel a été son plan primitif. Les parties les plus caractérisées paraissent dater du règne d’Henri IV ; ce sont : la tour, assez considérable, garnie de machicoulis, qui sert maintenant de colombier ; les deux pavillons, dont l’un occupe l’extrémité de l’aile droite, et l’autre lui est parallèle ; enfin, le gros pavillon qui finit la façade, à gauche, du côté des jardins légumiers.

La terre de Fumichon a toujours eu de l’importance, et, malgré son isolement au milieu des terres, elle fixe l’attention des touristes.

Ce château appartient aujourd’hui à M. Méry-Samson, de Lisieux, qui a converti en herbages la plus grande partie des terres labourables.

Établissement horticole de La Pommeraie.

La Pommeraie est un village de la commune de Saint-Désir, situé à 4 kilomètres de Lisieux, sur la route de Dives.

C’est à La Pommeraie que se trouve ce vaste et magnifique établissement horticole qui n’a pas de pareil en France et qui a été créé par M. Jules Oudin (30). Il est dirigé aujourd’hui par sa veuve et l’un de ses fils. Les serres, les massifs et les pépinières méritent d’être visités.

Le Castellier.

Le Castellier est une charmante habitation dont le parc longe la route de Caen, à 2 kilomètres de Lisieux. Le vieux manoir dont il usurpe le nom était situé dans l’enclos même du camp romain d’où il tire sa dénomination. Le pavillon confortable que l’on voit actuellement, caché à demi au milieu de  belles plantations, ne remonte qu’à la fin du siècle dernier.

Aujourd’hui, le Castellier appartient à la famille Écorcheville, qui l’habite et qui l’a acquis, il y a quelques années, de M. Halphen, de Paris.

Le Val-Richer.

C’est dans la commune de Saint-Ouen-le-Pin (31), à 9 kilomètres de Lisieux, que se trouve le domaine du Val-Richer, où saint Bernard fonda une abbaye de Bénédictins, dans le XIIe siècle.

En 1836, M. Guizot, célèbre comme écrivain et comme ministre, fit l’acquisition des restes de cette abbaye, qu’il fit restaurer. C’est dans cette retraite propice au repos de l’âme, à l’étude et à la méditation, que l’illustre historien a achevé d’écrire ses Mémoires.

M. Guizot a été inhumé le 15 septembre 1874, dans un caveau de famille que possède le cimetière de Saint-Ouen-le-Pin.

Le Val-Richer est habité aujourd’hui par la famille de Witt. On admire toujours la galerie des tableaux et la salle de la Bibliothèque.

Château de La Houblonnière (32).

L’église et le château de La Houblonnière forment un groupe pittoresque qu’on remarque à la sortie du tunnel de La Motte (33), lorsqu’on va de Lisieux à Caen.

Les bâtiments du château enclavent l’église de deux côtés. Ces bâtiments étaient disposés de manière à former deux cours.

La première a la forme d’un rectangle. On y accède par une porte et une poterne surmontées d’une galerie et ornées de sculptures qui indiquent la fin du XVe siècle ou le XVIe. A gauche de cette entrée s’élève une belle tour dont la construction est soignée, dont les murs sont épais de plus d’un mètre, dont la situation a quelque chose d’imposant, et qui, néanmoins, n’est autre qu’un colombier ; L’entrée de cette tour se trouve dans le potager. Toutes les autres constructions de cette cour sont en pierre et indiquent le XVe siècle ; elles viennent d’être complètement transformées, et elles ont perdu tout ce qui leur restait de leur caractère antique. C’est le manoir proprement dit.

Dans la seconde cour, il n’y a qu’un seul côté garni de bâtiments, à la suite desquels se trouve, à gauche, une chapelle restée inachevée, sous laquelle se trouve une salle souterraine que l’on affirme, dans le pays, dater de la Révolution, à cause des crochets en fer qui sont fixés aux murs.

On prétend que ce château a appartenu aux Templiers, et qu’il a compté jusqu’à cent cinquante religieux. L’église paroissiale était aussi celle du monastère : on voit encore, dans un des murs de l’église, la porte par laquelle entraient les moines.

Château de Crèvecoeur (34).

Le château de Crèvecoeur, situé sur le bord de la route nationale de Paris à Cherbourg, se compose de deux enceintes entourées de fossés profonds, très-apparents encore. Dans la première enceinte est une chapelle qui paraît remonter à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe ; c’est ce qu’il y a de plus ancien et de plus curieux dans le château. Dans la seconde enceinte, qui était séparée de la première par un fossé particulier, se trouve le château proprement dit ou l’habitation seigneuriale ; c’est un corps de logis allongé, orienté à l’est et adossé aux fossés qui entourent la place du côté de l’ouest. A l’extrémité de ce bâtiment, vers le sud, existe une tour carrée que l’on appelle le donjon ; elle est entièrement recouverte de lierre.

En somme, le château de Crèvecoeur donne encore l’idée d’une véritable place forte du moyen âge, et mérite d’être visité.

Occupé par les Anglais pendant la guerre de Cent-Ans, le château de Crèvecoeur fut reconquis sur eux par Dunois, en 1448.

Il appartient aujourd’hui à la famille Le Masquerier, qui l’habite pendant une grande partie de l’année.

Château de l’Hermitage.

A Crèvecoeur se trouve encore un autre château dit de L’Hermitage, situé près de la route de moyenne communication de Crèvecoeur à Cambremer. Il a été construit vers 1860, sur une éminence et au milieu d’un bois taillis, appelé bois du Haut-Parc. La toiture et les étages supérieurs furent détruits par un violent incendie dans la nuit du 7 au 8 septembre 1877. Le désastre fut aussitôt réparé.

Ce château, à cause de sa position élevée, est vu de fort loin : c’est lui que les voyageurs aperçoivent en parcourant les lignes de Paris à Cherbourg, et de Mézidon au Mans. Il passe souvent pour être l’ancien château fortifié de Crèvecoeur. – Pendant la belle saison, il est visité par un grand nombre de promeneurs venant principalement des stations de bains de Cabourg, Dives, Beuzeval, etc...

Château de Grandchamp (35).

Le château de Grandchamp est un des plus remarquables et des plus considérables de la contrée. Il est précédé d’une grande cour entourée de bâtiments de trois côtés ; un vaste pré rectangulaire s’étend en arrière et porte encore le nom de Cour d’honneur ; son enceinte était garnie de murs et de fossés alimentés par une dérivation de la Vie, qui coule tout près de là dans la prairie.

Le château proprement dit se compose de deux parties très-distinctes : la plus ancienne, qui doit dater de la deuxième moitié du XVIe siècle, se compose d’un gros pavillon à toit très-élevé, flanqué, du côté du jardin, de deux tours carrées en saillie, d’un effet très-pittoresque par leurs quatre étages et par leur toit en forme de clocher, couronné d’une petite lanterne. Tout cet ensemble est bâti en bois. La seconde partie est une longue façade construite en pierre et en briques, sous le règne de Louis XIV.

Le bâtiment qui était près de l’entrée principale de la cour est flanqué d’une jolie tourelle cylindrique, avec lanterne, qui produit un charmant effet. En somme, on trouve à Grandchamp un des grands châteaux de la fin du XVIe et du XVIIe siècle, sans aucune des transformations qui rendent méconnaissables tant de châteaux de cette époque.

Saint-Pierre-sur-Dives (36).

Saint-Pierre-sur-Dives est une localité d’une certaine importance, une petite ville bien bâtie, éclairée au gaz, et dont le marché, qui se tient le lundi, est très-considérable. Ses tanneries sont les plus importantes du département : dix-sept établissements occupent soixante-dix ouvriers, préparant trente mille peaux et faisant trois millions d’affaires chaque année. Cette industrie date de 1077.

Saint-Pierre doit son origine et son importance à l’abbaye de Bénédictins qui y a existé depuis le XIe siècle jusqu’à la Révolution. Cette abbaye avait été fondée par Lesceline, femme de Guillaume, comte d’Eu et fils de Richard-sans-Peur.

L’église de Saint-Pierre-sur-Dives est aujourd’hui celle de la commune et mérite d’être visitée. Elle a trois tours, deux à l’orient et une sur le transept. La grande nef est garnie de bas-côtés, qui font le tour du choeur et donnent accès à cinq chapelles qui sont placées autour du choeur et qui se détachent complètement les unes des autres. La plus grande partie de cet édifice offre le style du XIIIe et du XIVe siècle.

Le magnifique pavé en briques émaillées, du XIIIe siècle, qui occupe le sanctuaire, est peut-être ce que l’église de Saint-Pierre offre à présent de plus intéressant. Une rosace se trouve au milieu du carré de pavés émaillés ; elle est coupée en quatre parties égales par deux bandes en pierre calcaire.

Les stalles, qui garnissent les deux côtés du choeur jusqu’à la belle rosace du sanctuaire, sont fort remarquables. Elles offrent deux rangs de sièges de chaque côté. Le couronnement, en forme de dais, est surmonté d’une galerie à jour.

Le clocher central renfermait autrefois six cloches dont trois sont conservées. Le timbre de la grosse cloche est magnifique et s’entend à 8 kilomètres de distance. La sonnerie est assez remarquable.

Les bâtiments de l’abbaye entourent le cloître au sud de l’église. Commencés en 1694, ils furent terminés en 1719. A l’est du cloître, accolée au transept méridional de l’église, existe, à peu près intacte, la salle capitulaire, qui doit remonter au XIIIe siècle. C’est un charmant morceau d’architecture origivale primitive.

HALLES. – Les halles, assez remarquables, qui existent sur la vaste et magni[fi]que place du Marché, ont été construites, en 1528, par Jacques de Silly. Avec leurs charpentes et leur grand toit, les halles de Saint-Pierre, qui ont une longueur de 70 mètres sur une largeur de 20 mètres, sont encore aujourd’hui très-intéressantes, et nous offrent un spécimen des halles et des granges du moyen âge, que l’on rencontre maintenant très-rarement dans un si bel état de conservation. Elles servent à la vente des grains.

Les halles, pour la vente des beurres, ont été construites il y a quelques années.

ÉCOLES. – Saint-Pierre-sur-Dives possède encore deux magnifiques écoles pour les garçons et pour les filles et une école maternelle.


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RENSEIGNEMENTS DIVERS.
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Hôtels.

Lisieux possède plusieurs hôtels confortables. Les plus importants sont : l’hôtel de France, sur le boulevard Pont-l’Évêque ; l’hôtel de Normandie, rue au Char ; l’hôtel d’Espagne, l’hôtel du Commerce, dans la Grande-Rue ; l’hôtel du Maure, rue de Livarot.

Voitures.

Les étrangers qui désirent faire quelques excursions aux environs de la ville, trouvent des voitures chez M. Papillon, carrossier, dans la Grande-Rue, chez M. Bocher (Georges), dans la rue du Gaz, et au bureau central, place Thiers.

Bains publics.

Des bains publics sont ouverts, tous les jours et à toute heure, boulevard des Bains et rue de Livarot.


FIN.


(1) La Touques prend sa source dans le département de l’Orne, entre dans le Calvados par l’arrondissement de Lisieux, passe à Fervaques, à Lisieux, à Pont-l’Évêque, et a son embouchure à Trouville, à 30 kilomètres de Lisieux.
(2) L’Orbiquet prend sa source à La Folletière-Abenon, commune située à 4 kilomètres d’Orbec, à la limite du Calvados.
(3) La Dives prend sa source dans le département de l’Orne, passe, dans le Calvados, à Morteaux-Couliboeuf, à St-Pierre-sur-Dives, à Mézidon, à Troarn, à Cabourg, à Dives, et a son embouchure sous la côte de Beuzeval.
(4) La Rille arrose Laigle dans l’Orne, Beaumont-le-Roger, Brionne et Pont-Audemer dans l’Eure, et se jette dans la Seine à l’ouest de Quilleboeuf.
(5) L’Epte est une rivière située à l’est du département de l’Eure, à 20 kilomètres au nord de Mantes ; elle séparait autrefois la Normandie et l’Ile-de-France.
(6) Lieuvin, partie du Calvados prise sur la Haute-Normandie.
(7) Le Val-des-Dunes ou des Dames se trouve sur le territoire de la commune de Bellengreville, à 13 kilomètres de Caen.
(8) Aussi, lorsqu’il est midi à Paris, il est à Lisieux 11 heures 51 minutes ½.
(9) Voir infra.
(10) Voir infra.
(11) Voir infra.
(12) Louis-Alexandre Piel, né à Lisieux en 1807, mort au couvent de Bosco (Piémont), en 1838, est un des premiers architectes qui saluèrent avec joie la renaissance de l’art catholique.
(13) Voir infra.
(14) Cette plaque porte l’inscription suivante : A Nicolas Oresme, écrivain philosophique–économique, grand maître du collège de Navarre (1355),– précepteur et bibliothécaire du roi Charles V (1360),– évêque de Lisieux en 1377.
(15) Le 18 mai 1151, Henri II, roi d’Angleterre, épousa, à Lisieux, Éléonore de Guyenne, que Louis le Jeune avait répudiée.
(16) C’est vers 1249 que les Dominicains furent installés à Lisieux, par l’évêque Guillaume du Pont de l’Arche, dans l’île qui s’appela dès lors île Saint-Dominique.
(17) En 1841, l’ouverture de la Salle d’asile eut lieu dans le local de la Providence, rue du Bouteiller.
(18) Cette École primaire fut établie, en 1677, par l’évêque Caritat de Condorcet. Les frères des Écoles chrétiennes l’ont dirigée depuis le 1er avril 1777 jusqu’au 1er juin 1884.
(19) Leur maison mère est aujourd’hui à Paris.
(20) La rue Pont-Mortain est devenue la principale artère de la ville depuis l’ouverture du chemin de fer de Paris à Cherbourg, et par suite de la position de la gare.
(21) Elle fut inaugurée le 9 janvier 1785.
(22) Une carte de l’arrondissement de Lisieux vient d’être éditée par M. Bosquain, libraire.
(23) Le château de Mailloc est situé dans la commune de Saint-Pierre-de-Mailloc, à 12 kilomètres de Lisieux.
(24) L’Orbiquet, petite rivière qui parcourt la vallée d’Orbec à Lisieux et se jette dans la Touques.
(25) M. le marquis de Colbert, décédé en 1883.
(26) L’Orbiquet est une rivière dont les eaux sont remarquables par leur limpidité, et qui fait mouvoir un moulin presque à sa source.
(27) M. le comte de Montgommery est le gendre de M. le marquis de Porte.
(28) Notre-Dame-de-Courson est un petit bourg situé à 6 kilomètres de Fervaques.
(29) La Vie est un affluent de la Dives.
(30) M. Jules Oudin est décédé en 1882. Il avait été nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1878, pour sa belle exposition et la brillante ornementation du Champ-de-Mars et du Trocadéro.
(31) Saint-Ouen-le-Pin est une commune de l’arrondissement de Pont-l’Évêque.
(32) La Houblonnière est une petite commune située à 10 kilomètres de Lisieux. On s’y rend par la route de Lisieux à Caen par Crèvecoeur.
(33) Le tunnel de La Motte a 3 kilomètres de longueur.
(34) Crèvecoeur est un petit bourg de 408 habitants, renommé pour ses volailles. Il est admirablement situé, à 4 kilomètres de la gare de Mesnil-Mauger. Son marché a lieu le mercredi.
(35) Grandchamp est une petite commune située entre Mesnil-Mauger et Saint-Julien-le-Faucon, et à 2 kilomètres de cette dernière localité.
(36) Saint-Pierre-sur-Dives est situé à 26 kilomètres de Lisieux, 32 de Caen, et se trouve sur la ligne de Mézidon au Mans ; sa gare est à 7 kilomètres de celle de Mézidon.


Plan de la Ville de Lisieux
dressé d'après les derniers documents.
Jardin public de Lisieux
Le Château de Mailloc


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