DUVAL, Louis
(1840-1917) : Le Théâtre à
Alençon au dix-huitième siècle.- Paris : Typographie Plon-Nourrit,
1912.-14 p.-[2] f. de pl. ; 25 cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (05.VII.2012) Texte relu par : A. Guézou. Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros] obogros@cclisieuxpaysdauge.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : n.c.) Le Théâtre à Alençon au dix-huitième siècle par Louis Duval Archiviste du Département de l'Orne ~*~Ce
mémoire a été lu à la réunion de la société des Beaux-Arts des
départements, tenue dans l'hémicycle de l'École des Beaux-Arts, à
Paris, le 10 avril 1912.
Les origines du théâtre à Alençon ont été exposées en très bons termes par Léon de La Sicotière, dès 1843, et par Mme Despierres, correspondante du Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, en 1892 (1). D’autre part, les fréquents séjours des comédiens de campagne dans cette ville, au dix-septième et au dix-huitième siècle, où ils étaient toujours sûrs d’être bien accueillis, ont été l’objet d’études remarquables publiées dans ces dernières années par M. Henri Chardon (2). Quant au théâtre du collège d’Alençon, bientôt, nous l’espérons, il aura aussi son historien. Je voudrais simplement aujourd’hui appeler l’attention sur l’existence d’une troupe de société à Alençon, dès 1748, d’un théâtre installé dans une des dépendances de l’hôtel de ville, et révéler l’honneur qu’a eu le receveur des tailles de l’élection, Jean Castaing, d’en être le principal promoteur. On trouve, en effet, dans ses Opuscules d’un amateur, imprimés par lui-même, un “ Madrigal sur une troupe de société dont un des acteurs avait fait un Prologue dans la pièce, et pour laquelle on avait fait un petit Ballet ”, à la date du mois de mars 1748. D’autre part, le 16 novembre 1768, par délibération des maires et échevins d’Alençon, MM. Castaing et Lerminier furent autorisés à construire une porte au bas de l’escalier de l’Hôtel de ville, pour la Comédie. Quelques années après, en 1773, une occasion favorable s’offrit à Castaing pour établir à Alençon un théâtre digne de la troisième généralité de Normandie. Louis XV céda alors à cette ville l’édifice dans lequel s’exerçaient les juridictions royales, c’est-à-dire le Palais, à la charge d’installer dans l’ancien château d’Alençon un auditoire pour le siège présidial et pour le bailliage, avec les autres chambres nécessaires. Or, il est à noter que c’est précisément sur cette place que les comédiens de passage à Alençon avaient coutume de dresser leurs théâtres improvisés. En 1713, par exemple, l’on y joua le Festin de Pierre, à l’occasion de la fête pour la conclusion de la paix d’Utrecht. Voici comment le grave auteur des Mémoires historiques de la Ville d’Alençon et sur ses seigneurs, Odolant Desnos, rappelle cette bizarre métamorphose du Palais d’Alençon en un théâtre public : “ L’ancien Palais a été vendu à un particulier, qui a converti la salle présidiale en une salle de spectacle très joliment décorée, par les soins de M. Castaing, ancien receveur des tailles, petit-fils de celui qui inventa, vers 1680, la machine ingénieuse pour marquer la monnaie sur tranche (3). ” Un autre chroniqueur alençonnais, Le Conte de Betz (Jacques-Auguste-Léonard), conseiller au bailliage et siège présidial, plus tard maire d’Alençon et député à l’Assemblée législative, nous fournit des renseignements complémentaires sur la part qu’eut un négociant alençonnais dans la conversion de l’ancien auditoire royal en salle de spectacle (4) : “ 1778. Le sieur Poitrineau (5) a fait construire une salle de spectacle, dans la salle d’audience du Présidial, et fait faire un corps de bâtiment dans l’emplacement des prisons. La salle finie le 16 février 1779, on a commencé à s’assembler dans cette salle où on a formé une Redoute (6) de laquelle on a sequestré les avocats, médecins, procureurs, négociants, marchands et bons bourgeois ; ce qui a occasionné un grand schisme, des quolibets et des recherches sur l’origine des familles de ceux qui composent l’assemblée. ” Ce partage de la société alençonnaise en deux camps, lorsqu’il s’agit de faire servir à des divertissements mondains la salle de spectacle construite par M. Poitrineau et décorée par les soins de Jean Castaing, est un résultat peu en rapport avec le but qu’ils avaient dû se proposer. Jean Castaing, d’ailleurs, n’avait rien épargné pour y réussir : pour l’aménagement et la décoration intérieure, il avait fait appel au concours d’un architecte admirablement préparé pour un travail de ce genre, J.-B. Delarue, élève de l’Académie royale d’architecture installée au Louvre dans un salon de l’appartement de la Reine, et qui avait dû y suivre les leçons d’Ange-Jacques Gabriel, le plus illustre représentant de cette famille d’architectes originaires d’Argentan à laquelle Mme Despierres a consacré une savante notice (7). J.-B. Delarue est, de plus, auteur d’un mémoire qui témoigne qu’il avait même fait une étude particulière et approfondie de l’acoustique des salles de spectacle : il est intitulé : Analyse des rapports entre les parties des figures de la musique ancienne et moderne et l’architecture, accompagné de 100 figures au trait (8). Il avait également donné la mesure de son talent dans la décoration de l’hôtel de l’Intendance d’Alençon. On lui confia plus tard la construction de l’Hôtel de ville d’Alençon, dont la première pierre fut posée, au nom de Monsieur, le 25 septembre 1783. La salle de la Bibliothèque municipale d’Alençon (ancienne église des Jésuites) est aussi son œuvre, et on doit lui savoir gré d’y avoir employé les superbes boiseries du Valdieu, les marbres provenant de l’autel du collège et de nous avoir conservé les bas-reliefs que Guillaume Gougeon avait exécutés pour les Capucins d’Alençon (9). Nous pouvons nous rendre compte de la façon dont il s’acquitta de la tâche dont Jean Castaing l’avait chargé au moyen des plans et coupes qu’il avait dessinés dans ce but et qui sont conservés au musée d’Alençon (10) ; ces dessins nous donnent l’idée d’une salle de spectacle richement décorée et avec un goût parfait. On peut les considérer comme un bon spécimen de ce qu’on appelait l’architecture feinte. Sur les côtés et sur le fond de la salle s’élèvent des colonnes corinthiennes ; dans les entre-colonnements on distingue, appliqués au mur du fond, des trumeaux élégamment dessinés et surmontés de sujets représentant des scènes dramatiques. Au plafond est une peinture de l’Olympe mythologique. Au-dessus de la principale loge des galeries sont figurées les armes de France. Aux deux côtés de cette loge, réservée évidemment au représentant du roi à Alençon, c’est-à-dire à l’intendant, sont placées deux Muses debout avec les attributs de la musique et du théâtre. Les Castaing, d’origine méridionale (11), établis depuis longtemps à Paris (12), étaient en relation de parenté avec les meilleures familles d’Alençon. Anne Castaing avait épousé, en 1711, Samuel de Frotté (13) ; Jean Castaing lui-même, le créateur du théâtre d’Alençon, avait été baptisé à Paris, dans l’église de Saint-Nicolas-des-Champs, le 27 septembre 1723 et avait eu pour père Jean Castaing, et pour mère Françoise-Éléonore Baron (14). Jean Castaing père avait acheté, le 22 octobre 1725, de Me Joseph-Edme Roslin, receveur des tailles de l’élection d’Alençon, une maison sise dans cette ville, rue de la Mairie, anciennement rue aux Goguets (15), et était venu s’y installer, après avoir obtenu la charge de receveur des tailles (16). Jean Castaing fils s’était marié à Paris et avait épousé demoiselle Marie-Flore-Gabrielle Jourdain de Blécourt, suivant contrat passé devant les notaires au Châtelet, le 28 mars 1754. Il fut pourvu de la charge de receveur des tailles à Alençon qu’occupait son père par lettres patentes données à Versailles, le 15 décembre 1754 (17). Jean Castaing se démit de ses fonctions en 1780 et eut pour successeur M. Chesneau de la Drouerie, qui, en 1782, reçut quittance de la finance qu’il avait dû payer (18). Un simple coup d’œil jeté sur le riche mobilier qui garnissait la maison de la rue de la Mairie nous révèle les goûts artistiques de son propriétaire. Dans le parterre on remarque des figures en pierre et en marbre avec piédestaux, encastrées dans une maçonnerie. Dans le cabinet faisant suite à la salle à manger, seize cadres en bois doré, tant grands que petits. Dans la chambre à coucher, tapisserie de verdure et de personnages, deux tableaux de famille et un trumeau incrusté dans la boisure. Dans la boisure de son cabinet, trumeau et cadres. Deux pendules, l’une surmontée d’un aigle doré, l’autre d’une statue de Pallas, également en cuivre doré. Autour de la salle à manger, sept tableaux avec cadres, trois grands tableaux et vingt-deux autres, grands et petits. Dans une autre pièce, dix portraits de famille. Portrait de M. Castaing fils, entouré de brillants, monté en argent, estimé 1000 livres. Portrait de M. Castaing père, monté en bracelet d’argent, entouré de strass, tabatière d’écaille sur laquelle est une miniature représentant Mme Castaing, estimé 84 livres. Une optique (19). Un cabinet de musique se trouvait dans la bibliothèque, avec clavecin, deux violoncelles, deux violons, un alto, une vielle et un pardessus. Papiers de musique dans le cabinet à la suite de la salle à manger. Castaing, en effet, n’était pas seulement auteur dramatique. Il était passionné pour la musique, et dans le Catalogue des livres et manuscrits vendus à la salle Sylvestre du 6 au 10 novembre 1905, par le ministère de M. Delestre, assisté du libraire Paul, on voit mentionné sous le n° 823 un Recueil de plusieurs sonates à violon seul, avec la basse, par M. Castaing fils, 1752. Si la salle construite par Castaing fut peut-être, dans sa pensée, destinée surtout à son théâtre, nous avons vu que d’autres pièces évidemment bien supérieures aux siennes y furent représentées. Le 27 octobre 1781, on y joua le Jugement de Midas, opéra de Grétry, représenté pour la première fois en 1778. Castaing y intercala seulement une chanson de sa composition sur la naissance du Dauphin, annoncée par le courrier. “ Elle fut, dit-il, chantée le même soir dans le dénouement du Jugement de Midas, auquel elle avait été adaptée dans le caractère des différents rôles. ” En voici le premier couplet :
Sur l’air : Vive Henri.
MERCURE. – Une autre nouvelle, je pense, Va mieux vous mettre tous en train : Apprenez enfin que la France A, depuis hier, un Dauphin, L’âme satisfaite, Je l’annonce en tous les pays, Et partout j’entends qu’on répète : Vive Louis ! Vive son fils ! La naissance du Dauphin fut l’occasion d’une fête à l’Intendance, sur laquelle nous possédons quelques témoignages intéressants. “ J’ai retrouvé, dit M. le baron Jules des Rotours, une note des candélabres de bois doré qui avaient servi à cette fête, j’ai vu de beaux buffets Louis XVI et des tapisseries de soie qui nous donnent l’idée d’un mobilier somptueux. La tradition rapporte que Jullien aimait le faste. L’hôtel de l’Intendance était alors à Alençon le centre de réunions mondaines pour lesquelles les invitations étaient fort recherchées. Le comte de Tilly, dans ses Mémoires, raconte qu’il s’arrêta à Alençon en 1782 et qu’il eut l’avantage de passer une soirée à l’Intendance. On sait comment il en a témoigné sa reconnaissance à ses hôtes. Nous n’avons pas ici à donner une analyse et une appréciation de l’œuvre dramatique de Castaing, malheureusement assez volumineuse. Elle nous a été conservée dans le recueil sorti de ses presses intitulé : Théâtre de J. Castaing, imprimé par lui-même, s.l. (Alençon), 1791-1793, 4 vol. in-8° : Tome I. – “ Au lecteur. ” – “ Apologie de ma solitude. ” – “ Prologue et scènes allégoriques. ” – “ Le Philosophe soi-disant ”, comédie en trois actes, en vers. – “ Prologue de Lise, Lise ou le Triomphe de la reconnaissance, ” comédie en un acte, en vers. – “ La Fête du village, ” opéra-comique en trois actes. – “ L’Avant-Soupé, ” proverbe en un acte, en prose. Tome II. – “ Le véritable ami, ” comédie en cinq actes, en vers. – “ Le Misanthrope corrigé, ” comédie en vers, trois actes. – “ Tout ou rien, ” comédie en vers, trois actes. Tome III. – “ Paméla, ” comédie en vers, cinq actes. – “ Paméla mariée, ” comédie, cinq actes. – “ Les Femmes curieuses ou les Francs-Maçons, ” comédie en vers, trois actes. Cette pièce avait d’abord été écrite en prose. Tome IV. – “ L’Amante travestie. ” Les Femmes curieuses ou les Francs-Maçons et l’Amante travestie furent les dernières œuvres de Castaing que le public alençonnais fut invité à applaudir sur son théâtre, en 1793. Malheureusement, bien avant cette époque, sa fortune était déjà depuis longtemps fort entamée. Dans la dédicace de ses Opuscules d’un amateur adressée à l’intendant, il se disait “ riche dans l’infortune et au-dessus du besoin ” pour ne pas se donner l’air d’un mendiant. La Révolution ne dut pas l’enrichir, car il fut alors obligé de déloger de la rue de la Mairie et de chercher une habitation plus modeste sur la place d’Armes. C’est là qu’il mourut oublié, à l’âge de quatre-vingt-un ans, le 28 nivôse an XIII, après avoir tenu une brillante place dans la société mondaine d’Alençon pendant près de cinquante ans. Nous ne pouvons omettre qu’en l’an II on constate l’existence d’une Société “ philanthropo-dramatique ” à Alençon. Il serait curieux de connaître son répertoire. Tout paraît indiquer qu’elle dut alors donner des représentations sur le théâtre décoré par Delarue (20). On sait aussi que, le 20 prairial an VII, une cantate “ Aux mânes des plénipotentiaires de Rastadt ”, fut exécutée à Alençon. Les paroles étaient de Vincent, inspecteur de la gendarmerie, la musique de Boucher fils, de Laigle, inspiré par son compatriote Catel, connu déjà par la composition d’hymnes patriotiques chantés dans les fêtes officielles de l’époque et plus tard auteur de plusieurs opéras qui eurent du succès. On peut même rappeler, à cette occasion, qu’en 1780 le jeune marquis de Laigle avait fait jouer la comédie dans son château, en y invitant les habitants de la ville de Laigle (21). Le château de Carrouges possédait aussi alors une salle de spectacle, sur laquelle furent jouées, jusqu’à la fin du dix-huitième siècle et même après, quelques pièces de l’ancien répertoire. Tout près d’Alençon, à la Chevallerie, le 7 vendémiaire an VII (7 octobre 1798), fut joué un proverbe de circonstance : la Fête du retour, en un acte et en prose, avec couplets à la fin, chantés par les acteurs, à l’occasion du retour de Mme d’Hauteclair, châtelaine du lieu, qui venait de faire une saison à Plombières. L’auteur, Frécot de Saint-Edme, Parisien d’origine, ancien lieutenant au présidial de Dijon, était venu se fixer aux environs d’Alençon, comme propriétaire du domaine à la Carrelière, commune de Hesloup, à la suite de son mariage avec Mlle Jeanne-Marie-Madeleine Castaing, sœur aînée de Toussaint-Pierre-Louis-Samuel Castaing, député de l’Orne à la Convention nationale, plus tard au Conseil des anciens et au Corps législatif, et enfin inspecteur des forêts en résidence à Mamers. Devenu bientôt maire de sa commune et mêlé constamment aux affaires rurales, conseiller né des cultivateurs dans leurs procès, Frécot Saint-Edme se fit poète. La Fête du retour, selon la remarque de M. de La Sicotière, a une certaine allure, le style en est facile, léger, et les couplets sur l’air de la Fête des bonnes gens qui le terminent ne feraient pas soupçonner que l’auteur a sur la conscience la plus détestable des mauvaises traductions de Virgile en vers dont on fut alors inondé et sur lesquelles celle de Delille l’emporta sans peine. La paix de Lunéville, 19 février 1802, lui fournit l’occasion d’une cantate sur l’air de la Marseillaise, qui fut chantée à la fête du canton rural d’Alençon et qui exprime assez bien les aspirations de l’époque :
Les arts, enfants de l’espérance,
Ces doux compagnons du bonheur, De leur charme consolateur Reviendront embellir la France. ......................................................... L’Agriculture consolée, Étalant ses trésors divers, A rompu d’inutiles fers Et marche grande et relevée. NOTES : (1) La Cour de la reine de Navarre à Alençon, discours lu par M. de La Sicotière, président de la Société des Antiquaires de Normandie, le 16 août 1843. Caen, A. Hardel, 1844, in-4°, 33 pages. – Voir aussi la Confrérie de Saint-Nicolas et les origines du théâtre à Alençon et dans le diocèse de Sées, par Louis DUVAL. Alençon, A. Herpin, 1896, in-4°. Tirage à part de la Revue normande et percheronne illustrée. – Liber synodalis, publié en 1525, par Jacques DE SILLY, évêque de Sées, contenant défense de réciter dans les églises des jeux, comédies ou miracles des saints, apud D. BESSIN, Concilia Rothomagensis provinciæ, t. II, p. 33. (2) Henri CHARDON, la Troupe du roman comique dévoilée et les comédiens de campagne au dix-septième siècle. Le Mans, E. Monnoyer, 1876, in-8°. – Scarron inconnu et le type des personnages du roman comique. Paris, Champion, 1904, 2 vol. in-8°. (3) La machine qui servait autrefois à marquer les monnaies sur la tranche et à y appliquer le cordonnet s’était appelée castaing, du nom de l’ingénieur qui l’avait inventée ou du moins qui l’avait rendue pratique vers 1680. Le castaing fut introduit dans les monnaies de France par une ordonnance de 1690. (4) Journal historique des événemens arrivés à Alençon depuis 1772 recueillis par LE CONTE, sieur de Betz, conseiller au Présidial. (Bibl. d’Alençon, fonds de La Sicotière, n° 2558.) (5) Très probablement François Poitrineau, marchand filotier, marié cette année même, le 17 novembre 1778, à Jeanne Beaudouin, fabricante de point. (6) On peut avoir une idée des divertissements qu’offrait la redoute d’Alençon en parcourant le compte rendu programme intitulé : Vaudevilles et chansons du Bosquet des moissonneurs, Divertissement mascarade exécuté dans la Redoute à Alençon, le lundi-gras 3 mars M.DCC.LXXXIII. (S. l. ni nom d’imprimeur, in-8°, 24 pages.) – Le programme, placé en tête, nous donne un résumé de cette saynète : “ Un opérateur, un vendeur et une vendeuse de chansons se trouvent aux environs de M. et de Mme Candor ; les moissonneurs et les moissonneuses qui viennent de finir la récolte de ces seigneur et dame, les retiennent et les engagent de s’unir à eux, pour joindre leurs chansons à leurs danses, en offrant leurs bouquets de la moisson à M. et Mme Candor. ” Les noms des dames de la Redoute auxquels les couplets chantés dans le divertissement furent distribués, nous apprennent que la bourgeoisie en était rigoureusement exclue. (7) Les Gabriel. Recherches sur les origines provinciales de ces architectes, par Mme G. DESPIERRES. Paris, E. Plon et Nourrit, 1894, in-8°. (8) Un compte rendu de cet ouvrage se trouve dans le numéro 131 du Mercure, 9 nivôse an XI, p. 70-74. – J.-B. Delarue, nommé architecte du département de l’Orne en 1798, ancien architecte de l’intendance d’Alençon, fit partie du Lycée des sciences, lettres et arts d’Alençon, organisé en l’an VII. (9) Recherches sur Guillaume Gougeon et sur divers travaux de sculpture exécutés à Alençon, au dix-septième siècle, par Louis DUVAL. (Réunion des Sociétés des Beaux-arts des départements, 1887, p. 238-240.) (10) Catalogue du musée d’Alençon, par M. MARY-RENARD, conservateur du Musée d’Alençon. Alençon, imprimerie Lecoq et Mathorel, 1909. Dessins originaux et aquarelles, n° 277. (Voir planche XXXV et XXXVI.) (11) Inventaire des Archives du Gard, E 999. Notariat de Saint-Victor de la Coste. Mariage avec affrairement, entre Jean Castaing, de Momolène, et Domergue Molin (19 février 1557, v. s.). (12) Dans l’inventaire du mobilier de Jean Castaing en 1764, est mentionnée une dispense d’âge pour M. Philippe Castaing, pour être pourvu de l’office de contrôleur du change de la Monnaie à Paris, en 1705. (Document faisant partie de la collection Marcel Voisin.) (13) Un gentilhomme cultivateur au dix-huitième siècle. Samuel de Frotté de la Rimblière, par Louis DUVAL ; Appendice, p. 79. – Tirage à part du Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne, 1908. – Comte DE SOUANCÉ. Documents généalogiques d’après les registres des paroisses d’Alençon. Paris, Champion, 1907. (14) Inventaire de Jean Castaing fils, 22 décembre 1764. – Sa réception est inscrite dans le registre mémorial de la Chambre des Comptes de Normandie de 1725 à 1726. (15) Cette maison tenue de la sieurie de Perseigne et joignant à la rue des Lombards, appartenait à René du Perche, conseiller au présidial d’Alençon, qui la vendit, à cette date, à Quentin Vavasseur, contrôleur du domaine, de 1610 à 1646, capitaine d’une des portes de la ville, échevin, ancien de l’Église réformée, auteur d’un recueil d’extraits de chartes et titres relatifs à l’histoire d’Alençon et d’un journal contenant le résumé des événements arrivés à Alençon de son temps, souvent cités par Odolant Desnos. (16) La charge de receveur des tailles à Alençon, avant de passer aux Castaing père et fils, avait été occupée, au commencement du dix-huitième siècle, par plusieurs membres des familles Suard et Roslin. Le registre mémorial de la Chambre des Comptes de Normandie, année 1709 à 1711, contient les lettres de don de gages intermédiaires accordées à Jean Suard, receveur des tailles à Alençon. Le 6 septembre 1733 fut inhumé Thomas Suard, conseiller du Roi, receveur des tailles de l’élection. D’autre part, dans le même registre de 1709 à 1711, se trouvent les lettres de don de gages intermédiaires accordées à Daniel-Diane Le Riche, veuve de Mre Edme Roslin, receveur des tailles à Alençon, et à la date du 23 septembre 1722, dans les registres de Notre-Dame d’Alençon, figure le baptême de Jean-Baptiste, fils de Joseph-Edme Roslin, conseiller du roi, receveur des tailles en l’élection, et de Marie. (17) M. Jules Cochon possède un portrait-buste, grandeur naturelle, tête vue de profil, imberbe, cheveux bouclés, costume Louis XVI, figure intelligente et expressive, dessiné par une main habile qui pourrait bien être celle de Monanteuil (Jean-Jacques-François), dessinateur et peintre, né à Mortagne (Orne), le 11 juillet 1785, mort le 10 juin 1860. Dans un angle on lit : M. Castaing. “ J’en conclus, nous écrit M. Jules Cochon, que c’est le portrait d’un Castaing, mais duquel ? Est-ce de Jean ou peut-être celui de Toussaint-Pierre-Louis-Samuel Castaing, négociant, époux de demoiselle Rosalie-Louise Le Simple du Ressort, demeurant à Alençon, rue de Bretagne, qui eut pour fils Augustin Castaing, dit Saint-Cher, né le 2 février 1790, et qui, en septembre 1792, était adjudant général de la garde nationale d’Alençon ? ” (18) Castaing lui-même nous apprend “ qu’une charmante femme, douée de mille talents ”, fit plus tard un portrait en grand de sa première femme, d’après une miniature. Ce fut pour lui l’occasion d’un madrigal en date de juillet 1784. (Opuscules d’un amateur, imprimés par lui-même, t. Ier, M.D.CCLXXXIV. p. 113.) (19) Par optique, il faut entendre un appareil d’optique, probablement la chambre noire ou la chambre claire imaginées par Jean-Baptiste Porte, dès la fin du seizième siècle. (20) État sommaire des papiers de la période révolutionnaire, conservés dans les Archives départementales, série L, t. 11, col. 522 (département de l’Orne, Comité de surveillance révolutionnaire du district d’Alençon). (21) Voir dans la Revue normande et percheronne illustrée, première année, 1892, p. 49, l’article intitulé : “ La Comédie au château de Laigle. ” PLANCHES : |