[ANONYME] : La Fileuse, conte populaire (1900).
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (05.XI.2011) [Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros] obogros@cclisieuxpaysdauge.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm 148) du Pays normand, revue mensuelle illustrée d'ethnographie et d'art populaire, 1ère année, 1900. Conte populaire
La Fileuse (1) par *** ~*~Il y avait une fés eune bonne femme qui battait sa fille. Un monsieur
passit pa là.
- Ma bonne femme, pour qui qu'vous battez vot fille ? - A file tant, a file tant que j'peux pas seulement l'entretenit d'filache (filasse). - Donnez-la mé donc ! Il emm'na la fille et li donnit une grande paque de filache à filer. La fille se mit su la porte à pleurer. Y passit pa là eune bonne femme qu'avait d'grandes dents et qui li dit : - Ma paure fille qui qu'vous avez donc à pleurer ? - On m'a donne une grande paque de filache à filer et je ne sais pas comment atteinter (arranger) man rouet. - Eh ben, si vous promettez d'm'inviter à vos noches vot paque de filache s'ra filé pour à c'sé (pour ce soir). Le lendemain l'moussieu li donnit aco un paque de filache à filer. La fille se mit su la porte à pleurer. Y passit pa là une bonne femme qu'avait d'grosses lippes et qui dit à la fille : - Qui vous avez donc à pleurer, ma paure éfant ? - On m'a donné un paque de filache à filer et j'sais pas comment faire. - Si vous voulez m'inviter à vos noches vot paque de filache s'ra filée pour a s'cé. L'moussieu li en r'donnit encore eune. Elle se mit aco à pleurer su la porte, y passit pa là eune bonne femme qui traînait sa couraie (coeur et poumons) et qui dit à la fille : - Qui qu'vous avez donc à pleurer ? - On m'a donné une grande paque de filache à filer et je n'sais pas comment faire. - Si vous voulez m'inviter à vos noces, vot' paque de filache s'ra filée pour a c'sé. Le moussieu n'donna plus de filache à la fille et l'épousa. Alors, elle appela : - Bonne femme grandes dents, v'nez à mes noches, v'nez, v'nez. Et l'moussieu li dit : - Ma paure bonne femme, pourquoi qu'vous allongez les dents comme cha ? - Chest pa c'que j'ai trop filé, trop travaillé. La fille app'la aco : - Bonne femme grosses lippes, v'nez à mes noches, v'nez, v'nez. Et l'moussieu li dit : - Ma paure bonne femme, pourquoi qu'vous allongez les lippes comme cha ? - Chest pa c'que j'ai trop filé, trop travaillé. Et la fille app'la co : - Bonne femme traîne-couraie, v'nez à mes noches, v'nez, v'nez. Et l'moussieu li dit - Ma paure bonne femme, pourquoi qu'vot' couraie vous est sortie du corps ? - Chest pa c'que j'ai trop filé, trop travaillé. Alors, l'moussieu brisit le rouet et j'dansîmes, et j'fricotimes et je n'filîmes pus. ___________________________________________________________ (1) Sous le titre Les Trois Fileuses, il existe en Allemagne une version de ce conte étrange. |