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A. de Piperey : Rapport fait à la Société d'Emulation de Lisieux, le 11 février 1838, au nom de la commission d'agriculture (1838) PIPEREY, Amédée de : Rapport fait à la société d'émulation de Lisieux, le 11 février 1838, au nom de la commission d'agriculture.- Lisieux : de l'imprimerie de J.-J. Pigeon, imprimeur de la Société, rue des boucheries n°4, 1838.- 15 p. ; 20 cm.
      La société a arrêté que ce Rapport serait imprimé au nombre de deux milles exemplaires.
Saisie du texte : M. Dubosc pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (08.VII.2000)
Texte relu par : A. Duval
Adresse : Bibliothèque municipale, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.66.50.- Minitel : 02.31.48.66.55. - Fax : 02.31.48.66.56
Mél : bmlisieux@mail.cpod.fr, [Olivier Bogros] bib_lisieux@compuserve.com
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées
Texte établi sur l'exemplaire de la bibliothèque municipale (Bm Lx : norm 578).
 
Rapport
Fait
A la Société d'Emulation DE LISIEUX
par
M. de Piperey

~~~~

 

Messieurs,

La culture des terres arables est en progrès dans une grande partie de la France. Là, par des assolemens bien entendus, on a pu diminuer, ou même faire disparaître les jachères. Certains cantons, néanmoins, sont restés stationnaires ; l'arrondissement de Lisieux est de ce nombre. Ici, peu de changemens ont été apportés à l'ancienne méthode, et la jachère est toujours la base de la culture.

Cet état de choses peut-il être amélioré ? et, dans l'affirmative, quels moyens pour y parvenir ? Telles sont, Messieurs, les questions que vous avez proposées à résoudre .

Plusieurs agronomes pensent que la volonté suffit pour perfectionner un système de culture ; si les cultivateurs stationnaires ne font pas mieux, disent-ils, c'est la routine qui les arrête ; ils veulent faire ce qu'ils ont toujours fait, malgré les avantages qu'ils pourraient retirer d'un changement.

Cette question paraît tranchée dans un sens trop large et trop absolu : elle accorde trop à la volonté, en faisant dépendre d'elle un succès uniforme, sans faire assez attention aux mécomptes que l'art peut rencontrer dans des sols différens. L'exemple d'un succès suffira, il est vrai, dans les limites d'un même assolement ; mais au-delà il perd son autorité, et la crainte d'obstacles imprévus jette l'hésitation dans les esprits. Qui pourrait dire, en effet, que c'est le mauvais vouloir qui arrête les agriculteurs de notre arrondissement ? Ils sont, en général, laborieux, intelligens ; ils ne négligent point leurs intérêts, et jugent sainement sur les faits qui s'y rapportent ; s'ils voyaient pratiquement chez eux des assolemens sans jachère évidemment avantageux, ils ne balanceraient pas à les adopter. Plusieurs d'entre eux, même, expriment le désir de se rapprocher des théories nouvelles.

La suppression de nos jachères tient donc à la découverte de nouveaux assolemens, plus avantageux que l'ancienne méthode.

L'obtiendra-t-on ?C'est un problème à résoudre.

La grande majorité des cultivateurs répondront négativement : "Nos terres, diront-ils, sont argileuses, mais froides et humides (on les connaît sous les nom de : terre mouillantes, terres à blé. Cette dernière dénomination indique assez leurs propriétés) ; c'est qu'effectivement elles sont spécialement propres à la culture du froment. Egales aux meilleurs terrains sous ce rapport, elles donnent en récoltes d'autre grains, des produits inférieurs. La raison en est simple : dans ce sol humide, les labours d'hiver sont désavantageux ; ceux du printemps ne peuvent être donnes que tard, ce qui empêche de disposer convenablement la terre, pour les semailles des grains de mars. Ces récoltes ne pourraient d'ailleurs être intercalées entre deux blés : car la terre, mal préparée au printemps, et ne pouvant recevoir qu'un tour au blé, ne se trouverait pas assez cultivée, serait trop lourde, et les deux récoltes vaudraient moins qu'une seule en blé après jachère . En outre, la végétation ne serait point assez vigoureuse pour étouffer les mauvaises herbes, qui se fortifieraient et feraient tort aux produits des années suivantes. Nous sommes donc obligés de laisser une jachère après ces menus grains. Le trèfle donne des produits plus avantageux ; mais le blé fait sur brisure, la même année, réussit assez mal, pour que l'on préfère laisser un repos après ce trèfle.

Deux produits, il est vrai, font exception. On peut remplacer la jachère par la vesce d'hiver et le trèfle incarnat. Ces plantes fourragères sont semées en août ou septembre ; la terre a le temps de se rasseoir avant les pluies d'automne ; ensuite la récolte de ces mêmes plantes se fait en mai et juin, et le laboureur peut donner au terrain qu'elles occupaient, la préparation convenable pour semer le blé en octobre suivant ; mais ce trèfle et cette vesce, pour donner un produit vraiment avantageux, doivent se consommer en vert. On ne peut conséquemment en cultiver qu'une médiocre quantité ; la jachère est indispensable pour le reste de l'exploitation."

Ces objections seraient fondées, s'il était question de faire disparaître les jachères sans changer l'assolement ; on peut remarquer que ces objection sont basées sur le maintien de cet assolement. Elles ne prouvent donc rien contre la destruction des jachères ; elles démontrent seulement la nécessité de changer le système de rotation.

Votre commission, Messieurs, n'a donc point adopté l'opinion de la majorité des cultivateurs ; mais, s'appuyant sur la diminution de la quantité des jachères, déjà obtenue par l'importation de la culture du trèfle incarnat, et par la longue rotation dans la culture du lin, dont il va être parlé ; considérant que d'autres importations et de nouvelles rotations peuvent encore s'établir, elle a conclu à la possibilité de réduire progressivement les jachères, et peut-être de les supprimer entièrement. Ainsi elle ne désespère pas de voir résoudre le problème, sans pouvoir cependant aujourd'hui prescrire, d'une manière certaine, les moyens à employer pour y parvenir. Les théories seules ne suffisant pas pour établir un système, il faut qu'elles soient confirmées par une pratique persévérante. C'est donc aux propriétaires, soit en cultivant eux-mêmes, soit en aidant leurs fermiers, à tâcher d'obtenir cette solution, par des essais bien entendus. Il faut, en effet, pour première condition, que le cultivateur possède des capitaux suffisans, pour payer le surcroît de travail que demande une augmentation de récoltes, et l'achat d'un plus grand nombre de bestiaux. Il ne peut aussi songer à cette augmentation de bestiaux et de récoltes, s'il n'a les moyens de les loger et de les serrer. Le propriétaire d'une ferme à système progressif, devra donc faire les dépenses nécessaires, pour augmenter suffisamment les étables, granges, et greniers.

Une autre condition, est l'obligation de donner aux terres un augmentation d'engrais, pour remplacer les sucs nourriciers épuisés par des récoltes fréquentes. Il est inutile de discuter un principe aussi évident ; mais il faut répondre à une objection possible. On peut dire : la quantité de terrain chargé en blé étant diminuée, la récolte de paille sera moindre ; comment alors demander une augmentation d'engrais, puisque c'est la seule paille de froment qui sert dans ce pays à recueillir les fumiers ?

Ce raisonnement n'est que spécieux : Lorsque dans une ferme les bestiaux sont peu nombreux et mal nourris, peu importe la grande quantité de paille dont on peut disposer, car les matières animales, qui font le fumier, sont alors peu abondantes. Mais si par le moyen des prairies artificielles et de la culture des racines, les bestiaux deviennent plus nombreux et mieux entretenus, l'on obtient de très-bons fumiers qui font plus d'effet, sous un moindre volume, que les pailles mal consommées. D'ailleurs, dans nos plaines, l'usage est de nourrir les bestiaux, pendant l'hiver, presque exclusivement avec de la paille, ce qui en absorbe beaucoup : Il n'en serait point ainsi si les autres fourrages étaient plus abondans ; il y aurait donc compensation. Il faut ajouter que, dans une nouvelle rotation, se trouveraient des récoltes également propres à faire des fumiers ; telles seraient les pailles d'avoine et de colza. On doit conclure que l'agriculteur, cultivant sans jachère, peut faire plus d'engrais que s'il conservait l'ancienne méthode. Il devra au surplus user de tous les moyens en son pouvoir pour augmenter la quantité de ses fumiers ; ainsi par exemple : il tachera de tirer parti des jusées qui, dans ce pays, sont en général perdues. Pour les recueillir, il creusera un réservoir près de la fumière et y amenera la jusée, puis jettera dedans toutes les plantes arrachées dans les sarclages, les fanes de pommes de terre, les chaumiers qui ne peuvent être mis sous les bestiaux, les balles des grains, les feuilles d'arbres, enfin toutes choses qui ne pourraient servir de litière, mais qui seraient facilement décomposés par la fermentation. Quand tout sera bien consommé, on fera vider le réservoir, et mettre le produit en tas mêlé avec des terres et de la marne, on obtiendra par ce moyen un très-bien compost. Cette méthode a été essayée et elle a très-bien réussi. On pourrait aussi, comme en Flandre, porter la jusée liquide sur les récoltes ; c'est une expérience à faire sur nos terres. On se procurera aussi d'excellens fumiers en engraissant des bestiaux à l'étable, pendant l'hiver, avec des pommes de terres et autres racines ; mais le moyen le plus efficace, pour obtenir une augmentation d'engrais, est le parcage ; dans l'arrondissement de Lisieux ce moyen d'amendement commence à s'introduire. L'effet qu'il produit est moins durable que celui obtenu par les fumiers, mais plus vif ; de sorte que telle récolte qui ne réussirait pas engraissée, suivant la méthode ordinaire, donnera un résultat satisfaisant après le parcage. Il est, en conséquence, bien précieux après une récolte intercalaire. On ne peut trop recommander aux propriétaires qui désirent le progrès dans l'agriculture, d'établir des parcs dans leurs fermes à troupeau. Souvent c'est la première dépense qui arrête le fermier ; que le propriétaire la fasse, elle lui sera rendue plus tard avec intérêt.

L'agriculteur doit, en établissant un système d'assolement, avoir égard à la profondeur du sol qu'il exploite, et ne doit pas cultiver des plantes qui demandent des labours plus profonds que ceux qu'il peut exécuter. A ce sujet, plusieurs agronomes pensent que le cultivateur ne peut supprimer les jachères sans préalablement défoncer le sous-sol, afin d'augmenter l'épaisseur du sol supérieur. Dans l'arrondissement de Lisieux, la terre du sous sol est infertile de sa nature : on ne gagnerait donc rien à rendre les labours plus profonds par sa culture immédiate. L'expérience apprend, au contraire, que cette terre, ramenée à la surface, affaiblit considérablement les récoltes pendant plusieurs années ; néanmoins, comme cette terre infertile peut devenir productive, en la soumettant à l'influence de l'air et de la lumière, et en la mélangeant avec des engrais, peut-être serait-il convenable d'effleurer successivement le sous-sol, et, par ce moyen, d'obtenir, en un certain nombre d'années, une plus grande épaisseur de terre en rapport. Il n'est pas besoin d'ajouter que cette opération nécessiterait une augmentation d'engrais.

Au reste, les racines et les plantes pivotantes, telles que les pommes de terre, le lin, le colza, sont déjà cultivées avec avantage dans notre arrondissement. Il faut, d'ailleurs, se garder de croire que les labours forts soient avantageux en toute circonstances ; il est facile de concevoir que, si un mètre cube de fumier suffit pour engraisser une certaine mesure de terrain labouré à six pouces, il en faudra davantage pour produire le même effet, avec un labour de neuf pouces. Il y a aussi inconvénient à enfouir le fumier trop avant, pour la récolte des plantes traçantes : une plus grande quantité de terre à remuer demande plus de force de tirage, et, par conséquent, augmente les frais de culture.

Le cultivateur devra donc proportionner la force de ses labours à la quantité d'engrais dont il pourra disposer, aux récoltes qu'il voudra obtenir, et calculer si le produit couvrira l'accroissement des frais.

L'agriculteur progressif doit se pénétrer de cet axiôme reçu en théorie et en pratique, que les récoltes sont d'autant plus productives qu'elles reviennent moins souvent sur le même terrain. Ce principe doit être la base de ses travaux. Il est prouvé que notre récolte principale, celle du froment, serait bien plus avantageuse, si, au lieu d'être ramenée tous les deux ou trois ans, elle faisait partie d'une rotation plus longue. Sans doute, alors elle pourrait succéder sans perte à une autre récolte.

Une autre considération. Les baux, dans notre arrondissement, prescrivent aux fermiers de maintenir l'usage du pays ; il est, en conséquence, impossible à ces fermiers d'adopter une succession de culture mieux entendue, si les propriétaires ne leur permettent de déroger aux clauses du contrat. Mais ces dérogations doivent être calculées : il ne serait pas prudent d'accorder une entière liberté ; le fermier pourrait en abuser ; il s'inquiéterait peu, dans les dernières années de sa jouissance, de pratiquer un bon ou un mauvais assolement, et de réparer par des engrais l'épuisement causé par des récoltes successives, sans interruption. Le propriétaire peut porter remède à ces inconvéniens en insérant de nouvelles clauses. En obligeant, par exemple, le fermier à faire une certaine quantité de prairies artificielles, et à en faire consommer le produit dans l'exploitation, on force à l'augmentation d'engrais. En ne permettant la culture de certaines plantes épuisantes que dans une rotation déterminée, on évitera les mauvais assolemens.

Il est encore une remarque à faire : il faut que le cultivateur trouve l'écoulement des nouveaux produits qu'il aura obtenus, et que le prix de la vente couvre ses frais de culture, rapporte l'intérêt de ses capitaux et un grain raisonnable. Il a besoin pour cela que l'agriculture soit, comme l'industrie, protégée contre les produits venant de l'étranger, par des droits de balance équivalant à la plus-value de l'impôt et de la main-d'œuvre. Autrement, la concurrence ne pourrait être soutenue, dans nos marchés, contre les denrées étrangères venant des pays où le salaire des ouvriers serait modique, et l'impôt peu élevé.

Après ces diverses considération, il reste, Messieurs, à vous entretenir de différens assolemens à récoltes consécutives, déjà pratiqués avec avantage dans l'arrondissement.

Auparavant, il faut remarquer que, si le sol de l'arrondissement est, en général, argileux, il ne l'est pas partout au même degré ; qu'il suit de là des différences tranchées dans la manière de cultiver de plusieurs localités ; que, par conséquent, tel assolement conviendra dans un canton, et ne pourra être adopté dans un autre ; qu'il est convenable alors de chercher d'abord des assolemens pour les lieux qui présenteront le plus de chance de succès, c'est à dire, ceux où le sol sera le plus profond, le moins argileux et le moins humide.

Les essais dont il va être question se rapportent donc spécialement à la partie de la plaine du Lieuvin comprise dans notre arrondissement, où les terres, comparativement aux autres du même pays, ont le plus les qualités et le moins les défauts que l'on vient de signaler.

Les jachères (on l'a déjà dit) ont été diminuées, dans nos plaines, par la culture du trèfle incarnat et de la vesce d'hiver, que l'on intercale entre deux récoltes de blé, sans faire tort à la dernière. On retire de grands avantages de cette culture : le trèfle incarnat, par sa précocité, a fait gagner beaucoup sur la consommation des fourrages secs ; l'épargne a été répartie dans les mois d'hiver. On s'est alors accoutumé à mieux nourrir : aussi on peut regarder cet assolement comme une des causes premières de l'amélioration évidente dans la nourriture des troupeaux, obtenu depuis plusieurs années.

Une autre rotation, composée de quatre années de récoltes consécutives, est aussi employée généralement : on fait blé, trèfle, lin et blé. Elle est dispendieuse, à cause de la grande quantité d'engrais qu'il faut pour le lin. Néanmoins, comme le trèfle a donné un dédommagement sous ce rapport, et que le dernier blé réussit sans fumier après le lin, cette culture est avantageuse. Quelques-uns, depuis peu, ont apporteé cette modification : après le lin, ils font du colza sans mettre de fumier, et récolte du blé la cinquième année, après avoir fumé la terre.

La culture du colza a été introduite nouvellement dans ce pays ; elle est encore peu répandue, et ne s'étendra guère, si l'on s'obstine à l'intercaler entre deux blés : car le colza demande une terre légère et bien apprêtée, ce que l'on ne peut obtenir avec le seul labour possible après la récolte de blé. Aussi le produit avec cette méthode, est-il médiocre, et bien inférieur à celui que l'on recueille avec une autre rotation. Ainsi, on réussit beaucoup mieux en faisant succéder le colza au lin, comme il a été dit, ou en se servant de cet autre assolement, savoir : faire des pois au printemps, après trois labours, dont un donné avant l'hiver ; planter le colza la même année, sur le même terrain, après une ou deux airures. Cette méthode présente l'avantage de faire supprimer la jachère après les pois ; il serait donc encore mieux de faire le colza dans cette série que dans la précédente. Il faudra fumer, soit les pois, soit le colza, ou mettre demi-fumier à chaque récolte.

Les pommes-de-terre, les carrotes, les betteraves, les turneps, donnent des produits satisfaisans dans notre contrée. Cependant la culture de ces plantes sarclées y est peu en usage. On fait quelque pommes-de-terre, mais plus dans les petites exploitations que dans les grandes ; les cultivateurs objectent, contre la culture de la pomme-de-terre, l'engrais qu'elle demande, la mauvaise récolte de blé qui la suit. On ne peut, effectivement, avoir une bonne récolte de blé immédiatement après les pommes-de-terre, même en ajoutant de nouveaux engrais. Mais si, au lieu de semer du blé en octobre, on fait de l'avoine au printemps suivant, sur un troisième labour, dont le premier donné aussitôt les pommes-de-terre cueillies, on réussira parfaitement. On pourra ainsi recueillir vingt-quatre hectolitres d'avoine par hectare, au lieu de quinze que l'on obtient, en général, en la récoltant après le froment. En faisant l'avoine, on devra semer du trèfle, pour le récolter l'année suivante. La succession de culture sera ainsi de quatre années productives : blé, pommes-de-terre, avoine, trèfle.

Quant à l'engrais, les deux premières récoltes en demanderont ; mais il n'en faudra point pour les deux dernières. On aura porté du fumier deux années sur quatre, ce qui arrive aussi dans la culture actuelle.

Les betteraves et les carrotes suivent le même assolement que les pommes-de-terre. Les betteraves sont une très-bonne nourriture pour les vaches laitières ; elles augmentent la quantité de leur lait, et ce lait est de bonne qualité. Pour cet usage, l'on a trouvé la betterave supérieure à la carrote et à la pomme-de-terre ; elle peut être aussi employée avantageusement dans la nourriture des bêtes d'engrais : la culture en serait donc utile. Mais elle veut une terre préparée et engraissée de longue-main ; elle demande aussi beaucoup de main d'œuvre ; en tout, sa culture est coûteuse. On ne peut donc la conseiller hardiment, dans l'état actuel de notre culture. Peut-être, dans les commencemens, devra-t-on se contenter de la pomme-de-terre, qui n'exige pas un sol aussi riche, ni autant de travail.

Les turneps, semés en juillet, sur de la terre fumée, ont donné une récolte considérable en quantité ; mais, dans l'emploi comme nourriture, on n'a pas obtenu un résultat aussi satisfaisant : cette racine a produit peu d'effet sur les bêtes engraissées à l'étable ; et les vaches laitières qui en ont été nourries ont donné du lait de qualité inférieure. Au reste, l'expérience n'a pas été complète : elle a besoin d'être répétée.

Les prairies artificielles sont d'absolue nécessité dans la culture sans jachère. Elles sont pour la terre une espèce de repos, et donnent ainsi le moyen d'obtenir la surabondance d'engrais dont il est besoin. La culture de ce genre la plus productive pour ce pays est celle du trèfle : il a l'avantage de donner un très bon produit dès la première coupe ; il est même, en général, utile de ne le récolter qu'une année, et de le détruire ensuite, partie pour faire place au lin, partie pour être suivi d'une jachère, si l'on craint une mauvaise récolte de blé. Mais on a presque toujours évité cette jachère, en faisant consommer la deuxième coupe en vert, et sur place, par des moutons, et en fumant, ou encore mieux, en parquant ensuite. On a déjà parlé de la vesce d'hiver et du trèfle incarnat ; une partie de la vesce de mars peut aussi servir de prairie artificielle, en la faisant consommer en vert, sur place. Cette méthode permet une récolte de blé immédiate, avec le secours du parc.

Ainsi, Messieurs, en résumé,

La jachère peut être supprimée, en introduisant des assolemens convenables.

L'agriculteur doit, pour conditions préalables, posséder des capitaux suffisans pour une augmentation des frais indispensables, et avoir les bâtimens nécessaires pour loger les bestiaux et serrer les récoltes qu'il aura en plus

Il doit augmenter la quantité de ses engrais par la culture des prairies artificielles et des racines, par le parcage, et en évitant toute perte de matières animales.

Donner des labours suffisans, et non trop forts pour les récoltes qu'il veut obtenir, sans défoncer immédiatement le sous-sol, qu'il ne pourra attaquer qu'imperceptiblement.

Eloigner le retour des mêmes récoltes sur le même terrain.

Rédiger les clauses des baux, de manière qu'elle puissent permettre une culture différente de celle qui est en usage.

Il doit aussi être certain de la vente de ses produits, à un prix au-dessus de celui de revient.

Les systèmes de rotation qu'il pourra employer sont ceux-ci :

Première série. Première année, blé ; deuxième, trèfle incarnat, vesce d'hiver, et vesce de mars consommée en vert ; troisième, blé.

Deuxième série. Première année, blé ; deuxième, trèfle ; troisième , lin ; quatrième, blé.

Troisième série. Première année, blé ; deuxième, pois ; troisième, colza ; quatrième, blé.

Quatrième série. Première année, blé ; deuxième, récoltes sarclées ; troisième, avoine ; quatrième, trèfle.

Ces quatre séries devront être employées simultanément et alternativement.

Quant à la quantité de terrain à employer pour chacune de ces récoltes, on peut donner pour exemple une ferme située dans l'arrondissement de Lisieux, et contenant 48 hectares. Cette ferme a été divisée, pour les différentes natures de culture, en 24 parties égales (2 hectares étant le maximum que pouvaient permettre certaines semences) ; ces 48 hectares ont été, chaque année, ensemencés dans les proportions suivantes :

Blé, 18 hectares ; pois, 4 hectares ; colza, 4 hectares ; plantes sarclées, 2 hectares ; avoine, 2 hectares ; lin, 2 hectares ; trèfle, 6 hectares ; trèfle incarnat, vesce d'hiver, 4 hectares ; vesce de mars, 2 hectare ; jachère et pépinière de colza, 4 hectares.

Et, pendant six années, la succession de culture sur chacune des 24 portions a été dirigée ainsi qu'il suit :

1° Blé, trèfle, lin, blé, jachère, blé ;
2° Blé, trèfle, blé, vesce, jachère, blé ;
3° Blé, trèfle incarnat, blé, pois, colza, blé ;
4° Blé, trèfle incarnat, blé, trèfle, blé, pois ;
5° Blé, pois, colza, blé, trèfle incarnat, blé ;
6° Blé, pois, colza, blé, trèfle, blé ;
7° Blé, récoltes sarclées, avoine, trèfle, blé, vesce ;
8° Blé, vesce, jachère, blé, trèfle, lin ;
9° Blé, jachère, blé, trèfle incarnat, blé, pois ;
10° Pois, colza, blé, trèfle incarnat, blé, trèfle ;
11° Pois, colza, blé, récoltes sarclées, avoine, trèfle ;
12° colza, blé, trèfle, blé, vesce, jachère ;
13° Colza, blé, trèfle incarnat, blé, récoltes sarclées, avoine ;
14° Trèfle, blé, pois, colza, blé, trèfle incarnat ;
15° Trèfle, blé, jachère, blé, trèfle incarnat, blé ;
16° Trèfle, lin, blé, jachère, blé, récoltes sarclées ;
17° Trèfle incarnat, blé, vesce, jachère, blé, trèfle ;
18° Trèfle incarnat, blé, trèfle, lin, blé, jachère ;
19° Lin, blé, trèfle incarnat, blé, pois, colza ;
20° Avoine, trèfle, blé, pois, colza, blé ;
21° Récoltes sarclées, avoine, trèfle, blé, pois, colza ;
22° Vesce, jachère, blé, trèfle, lin, blé ;
23° Jachère, blé, récoltes sarclées, avoine, trèfle, blé ;
24° Jachère, blé, pois, colza, blé, trèfle incarnat.

La commission, Messieurs, en vous soumettant cette méthode de culture, ne prétend pas vous la faire approuver d'une manière absolue ; il faut une plus longue pratique pour pouvoir affirmer la supériorité d'un système de rotation ; elle vous la propose seulement, pour servir à de nouveaux essais et être livrée aux investigations des agriculteurs.

A. De Piperey


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