I
Tous les Rouennais connaissent bien les rivières du
Robec et de l’
Aubette. La
première prend sa source dans la cour d’une petite ferme située à
Fontaine-sous-Préaux, passe à Saint-Martin-du-Vivier, traverse
Darnétal, entre dans la ville de Rouen par le faubourg Saint-Hilaire,
et, après avoir longé de l’Est à l’Ouest la rue qui porte son nom,
passe par derrière les rues Damiette et Malpalu pour se jeter dans la
Seine auprès du Pont Corneille. La seconde prend sa source à
Saint-Aubin-Epinay, passe près de Darnétal, mêle une partie de ses eaux
avec celles du Robec à un endroit appelé le Choc, traverse le faubourg
Martainville et se perd dans la Seine près de la porte Guillaume-Lion
(1). Le lieu dit le Choc, dont le nom se retrouve dans le chemin du
Moulin du Choc signalé par Périaux (2), chemin faisant aujourd’hui
partie de la rue des Petites-Eaux, était autrefois un moulin du
faubourg Saint-Hilaire. Il tirait son nom du choc, ou écluse, par
lequel une partie des eaux de l’
Aubette
coulait dans le
Robec.
Ce moulin n’existe plus, mais son emplacement peut être à peu près
défini : il se trouvait à la pointe formée aujourd’hui par les limites
orientales de la ville (3).
Depuis la charte de novembre 1262, en vertu de laquelle saint Louis, en
échange d’une rente perpétuelle de 3.000 l. t., avait concédé au maire
et aux bourgeois de Rouen les moulins de la ville et ceux de Deville «
cum suis juribus et honoribus », le vivier de Martainville, toutes les
autres eaux des susdits moulins, la ville de Rouen s’était toujours
considérée comme propriétaire du cours du
Robec et de l’
Aubette. Elle
avait institué une juridiction dite des pleds de Robec où étaient
assignés ceux qui avaient « entrepris » sur le cours de ces rivières
soit en construisant des ponts ou des planches, soit en y jetant des
immondices. Elle appointait même un garde du cours de Robec, lointain
prédécesseur du garde des eaux et rivières, que la Ville désigne
aujourd’hui à l’agrément du Préfet et dont les honoraires sont payés
par toutes les communes riveraines du
Robec, au prorata
de la longueur de traversée de cette rivière sur leur territoire. C’est
de ce garde que nous voudrions dire ici quelques mots.
Les nombreuses lacunes que présentent les Archives municipales de
Rouen, ne permettent pas de faire remonter son existence au-delà du XVe
siècle. Jacques Evrevin, agent des affaires de la ville, a copié en
1786 dans le compte des deniers patrimoniaux de la ville de 1431-1432,
aujourd’hui disparu, la dépense suivante, enregistrée au chapitre des
ouvrages : « Payé à Anfray Duhamel, bosqueron [la somme de 11 livres
tournois] qui deue lui estoit, c’est assavoir, tant pour lui que pour
ses aides, pour leur peine d’avoir talué en clayes et grands pieux
fichés en terre soustenant ledit taluage de la cauchée de Robec depuis
le siège des moulins de Saint-Ouen, près des murs de lad. porte
Saint-Hilaire, jusques à l’endroit d’un pont de nouvel fait faire par
ordre de M. le Régent sur la dite rivière, d’avoir rempli les vides
places de terre et glise, ainsi qu’il appartient, et trouvé le bosc
desd. pieux et clayes. » (4). C’est sans doute ce même Anfray Duhamel,
à qui il n’est alors donné aucune qualification, qui reçoit, le lundi
de Pentecôte 21 mai 1442, lors de la visitation du Robec, ordre de
justice de faire faire les talus et curages à tous « les demourans
depuis la herche de la porte Saint-Ylaire, par où Robec entre ens lad.
ville, jusques au sault ou moulin devant où l’on curent les toiles »
(5). Et dans une autre note d’Evrevin, datée par lui du 22 juin 1443 et
renvoyant au compte de 1442-1443, également défaillant aux Archives de
la ville, il est parlé d’un « mandement au profit de Duhamel, pionnier,
commis au gouvernement des chaussées de Robec appartenant à ladite
ville, pour avoir refait les chaussées de Robec » (6). Aucun doute ne
paraît plus possible sur l’identité de cet Anfray Duhamel, car, aux
comptes de 1447-48, son prénom lui est donné avec le même titre. Il
émarge alors au budget municipal pour une pension annuelle de 8 livres
tournois (7) et il reçoit, en outre, 4 l. 12 s. 6 d. t. pour avoir fait
trente-sept toises « de haye batisse en forme de taluage » au long de
ladite rivière, « à l’endroit de l’église Saint-Gille de Respainville
(8), et pour avoir empli de terres à l’endroit dudit taluage pour faire
la cauchée, au prix de 2 s. 6 d. t. la toise. Il reçoit encore 7 l. 17
s. 6 d. pour quarante deux toises de semblable haye « de plus grant
essence » en plusieurs endroits le long de la rivière, et pour avoir «
renfourmée » la chaussée, chaque toise étant évaluée, pour remplage et
pour haye, 3 s. 9 d. t. Et pour la journée de deux ouvriers qui avaient
« labouré de pionnage » en la rivière, on lui accordera 6 s. 9 d. t.
Anfray Duhamel est encore « garde de l’eaue de la rivière de Robec » de
1448 à 1450, et de 1456 à 1459. Il reçoit aussi diverses rétributions,
comme gardien et commis au gouvernement des chaussées, pour plusieurs
réparations effectuées par lui ou sous ses ordres. Peut-être n’est-il
pas inutile de retenir les prix pratiqués à cette occasion. En 1448, il
touche 27 s. pour trois journés de trois hommes qui avaient curé devant
Saint-Pierre-de-Carville (9) « où piéça l’on n’avoit curé », la journée
étant évaluée à 3 s. ; 38 toises et demie de « taluages de clayes de
verge batisse avec la pente de l’emplage des chaussées à l’endroit
desdits taluages… et là où la rivière estoit hors de son cours » sont
évaluées à 4 l. 16 s. 3 d., le prix de la toise étant toujours de 2 s.
6 d. ; on paye enfin 18 d. « pour un quesne mis en forme de taluage
près la planchette Saint-Gille-de-Respainville (10) ». En 1449, 22
toises de petite haie « raemplies » de terre en forme de taluage au
long du Robec hors ville pour tenir en état les chaussées rompues en
plusieurs endroits, coûtent 4 l. 16 s., au prix de 3 s. la toise ; dix
journées d’ouvriers sont payées 30 s. ; on débourse encore 5 s. pour le
vin donné à « ceulx qui estouppèrent et ostèrent Robec hors de son
cours la sepmaine de Penthecoustes 1450 », et 71 s. 4 d. pour plusieurs
réparations faites aux chaussées de Robec et d’Aubette qui avaient été
rompues en 1449 (11).
Aux comptes de 1456-57, Anfray Duhamel touche encore 7 l. 11 s. t. pour
quatre-vingts toises de « hayes bastiches faites de verges et de pieux
et pour le remplage de terre à l’encontre desd. hayes » à la chaussée
de Robec, le prix de la toise étant évalué à 2 s. t. pour le bois, la
façon et le remplage ou à 12 d. t. si les haies n’ont pas été remplies
de terres ; le curage, depuis la planche d’un certain Jean le Tourneur
jusqu’à l’abreuvoir de Saint-Hilaire (12), est payé 11 s., sur laquelle
somme 6 s. avaient été attribués aux cureurs, le reste devant revenir
audit Duhamel pour son droit et peine « d’avoir osté et mis hors et ens
le cours de lad. rivière ès feries de Penthecoustes 1457 » (13) ; en
1457-58, il perçoit 9 l. 10 s. pour 92 toises de haies de verge batisse
et remplage de terres et certaines réparations de bois « à l’opposite
du moustier de Carville, affin d’estoupper le passage aux bestes qui en
icelui endroit traversaient ladite rivière et rompaient lesdites
chaussées » (14). Le 9 mai 1459, lors de la visitation annuelle du
Robec, les Conseillers de la ville lui commandent de se fournir de
pieux et de verges pour faire des haies batisses le long des chaussées
de Robec hors la ville et de faire faucher « à eaue courant » les
herbes étant au cours des Ailleries (15). Au compte suivant (1458-59),
les divers travaux de haies et remplage faits par lui près
Saint-Pierre-de-Carville, à Saint-Gilles-de-Repainville, au pont des
Chartreux, près le moulin des religieuses de Saint-Amand et à
l’abreuvoir devant Saint-Hilaire, lui sont comptés 9 l. 7 s. 4 d. t.,
au prix de 20 d. la toise. Mais, dans cette somme, étaient compris 24
s. pour six cents bourrées livrées par lui pour le chauffage de «
l’ostel de la Ville », 5 s. t. pour avoir ôté le Robec de son cours et
5 s. pour le salaire de deux varlets qui avaient curé la rivière entre
l’abreuvoir de Saint-Hilaire et la planche de Jean le Tourneur (16).
La rareté des documents ne nous a pas permis de savoir combien de temps
Anfray Duhamel resta préposé à la surveillance du Robec. Même dans les
procès-verbaux de visite de la rivière, dont la série est assez
complète, cet officier subalterne n’est presque jamais nommé et il faut
attendre trente ans avant de rencontrer une pièce à son sujet. Et, dans
cette pièce, une sentence du bailliage du 4 juin 1488, il est tout
simplement qualifié d’
amiral
de la rivière de Robec. C’était une affaire sérieuse, du
reste.
Le 27 mai précédent, nuit de la Pentecôte, quatre individus étaient
venus, accompagnés de quinze à seize personnes « malicieusement et de
guet-apens » battre ledit amiral, nommé Jehan Laurens, et lui avaient
administré « jusques au nombre de dix ou douze horions de baston sur
plusieurs parties de son corps » tellement qu’il avait dû s’aliter sans
pouvoir mettre la rivière hors de son cours. Non contents de cela, les
agresseurs avaient jeté à l’eau ses quatre compagnons qui étaient venus
pour l’aider à tourner la rivière et ceux-ci avaient dû se réfugier
dans le cimetière de Saint-Gilles-de-Repainville, d’où ils n’avaient pu
sortir que le lundi, au grand jour, car leurs assaillants maugréaient
le nom de Dieu et « s’ils feussent sailliz, ils les eussent tués ». Ils
avaient encore dépouillé le fils de Jean Laurens d’« une pièce de fillé
à prendre troites », dont il voulait se servir une fois la rivière
détournée, et volé du fil qu’ils avaient appliqué où bon leur avait
semblé. Appellés à l’audience, ils ne s’étaient naturellement pas
présentés, et le sergent de la ville avait reçu l’ordre de les saisir
partout où ils se trouveraient « hors lieux saints » et de les
constituer prisonniers ès prisons du roi à Rouen (17). Il ne semble pas
que les poursuites aient été menées plus loin. En tout cas, Jehan
Laurens porte encore le titre d’amiral de Robec dans les comptes de
1509-1510, au chapitre des recettes, pour loyer annuel, fixé à 5 s. t.,
« de la garde où l’on a coustume faire le guet du thourouil en temps de
guerre », que les conseillers-échevins lui avaient concédée depuis la
Saint-Michel 1509. Et, au chapitre des dépenses, il est porté comme «
admiral de Robec, commis au gouvernement des chaussées et cours de lad.
rivière » pour le traitement annuel déjà connu de 8 l. (18).
Quelques-uns de ceux qui lui succèderont dans l’exercice de cette
charge seront désignés du même titre : Jehan Valles « admiral de Robec,
commis au gouvernement des rivières de Robec et Aubette » (1539) (19),
Guillaume Cacherat, pourvu à la charge d’amiral de Robec, après la mort
de Nicolas Dubreuil (11 juillet 1551) (20), alors que ce dernier est
simplement appelé dans une quittance de gages du 15 octobre 1548, «
commis à la garde des cours et chaussées de Robec et Aubette » (21).
Cacherat reçut de la ville, le 10 septembre 1552, l’autorisation de se
servir de la loge du guet de la porte Martainville, à la charge de
l’entretenir et de la clore pour éviter qu’on ne s’y assemble, ainsi
que le faisaient certains joueurs de dés, et le greffier a inscrit en
marge : « congé du guet de la porte Martainville accordée à l’admiral
de Robec ». Mais ce titre pompeux disparut bientôt. Guillaume Fournier,
successeur de Cacherat (22 mai 1554), son fils Jehan, pourvu le 5
janvier 1555 (n. s.) (22), Jehan Le Hucher, qui reçut sa commission le
12 mai 1564 par suite de l’absence et incapacité du précédent (23),
Robert Le Hucher, fils dudit Jehan (commission du 19 novembre 1590
(24), Jacques Le Prestre, nommé après le décès de Robert Le Hucher (22
juin 1655), encore en fonctions le 9 février 1666 (25) et le dernier
fonctionnaire « commis et établi à la charge du gouvernement des
chaussées et des cours des rivières de Robec et d’Aubette » ne portent
pas de titre plus pompeux, à deux exceptions près. Par sa commission,
Jehan Le Hucher est établi à la « charge de garde et gouvernement des
chaussées et des cours de la rivière d’Aubette » mais le greffier a mis
en marge : « Commission de Jehan Le Hucher, admiral de Robec ». Et le
24 décembre 1566, dans une liste de « personnes à qui il convient
présenter des gasteaux la vigille des Rois », six « monnyers »
(meuniers) figurent chacun pour six livres et l’avant-dernier est notre
Jehan Le Hucher, « admiral d’Aubette » (6). Quant à Jacques Leprestre,
il s’intitulera, en donnant, le 9 février 1666, quittance de ses gages
annuels, « admiral du cours des rivières de Robec et Aubette » (27).
On peut donc suivre pendant près de deux siècles l’histoire de l’amiral
de Robec. En dépit de son titre, ce n’est pas un gros personnage.
Auffray Duhamel est pionnier ou terrassier ; Guillaume Fournier est
boulanger et Jehan le Hucher, meunier. Fonctionnaire de la ville, il
est nommé par les conseillers-échevins, en vertu d’une commission
signée de leurs seings manuels. Son traitement annuel est
invariablement resté fixé à 8 livres, « avec les droits et émoluments
raisonnablement accoutumés » (28). Ce traitement lui est payé en vertu
d’un mandement des conseillers et il en délivre quittance signée.
Nicolas Dubreuil apposera en 1548 sa marque formée d’une croix potencée
(29). Cette somme de 8 livres a cependant été une fois exprimée sous la
forme suivante : 2 écus 40 sols (19 novembre 1590 (30). Mais l’écu
étant alors évalué à 3 livres et le sol étant la vingtième partie de la
livre, il ne peut y avoir de doute possible : il s’agit bien des gages
habituels. Quelle valeur cette somme peut-elle représenter en
franc-papier ? En se basant sur l’évaluation du pouvoir d’achat de la
livre en franc-or antérieur à la guerre dressé par Paul Raveau (31), en
multipliant cette somme par 8 et en la quintuplant (le franc-papier
valant cinq fois moins que le franc-or) on obtient un traitement qui,
de 2.500 francs environ en 1448 a été sans cesse en diminuant pour
arriver à 450 francs, à peu près, en 1666.
L’amiral de Robec était préposé à la surveillance du cours de cette
rivière hors la ville et il certifiait au besoin avoir accompli sa
mission. Ainsi fit Jehan Fournier le 3 juillet 1560 : dans
l’attestation qu’il délivra des entreprises faites par les riverains,
il dit être allé « depuis la porte ou arche des murs » de la porte
Saint-Hilaire jusqu’au moulin du Chou ou du Choc appartenant à la ville
(32). C’est donc entre ces deux limites extrêmes englobées aujourd’hui
dans le territoire de la ville que son contrôle devait s’exercer.
Il semble bien aussi que l’amiral de Robec ait pu faire assigner les
délinquants devant la juridiction des pleds de Robec. A la fin de
l’assignation à comparoir aux pleds du 15 mars 1606 adressée par le
sergent à de nombreux riverains, celui-ci ajoute avoir adressé
semblable assignation, « à la requeste de Robert Le Hucher, stipullé
pour lesd. srs conseillers eschevins », à un nommé Louis Dodement,
coupable d’avoir pêché des « trouettes » contre les ordonnances de
justice publiées aux issues des grand’messes de St-Hilaire,
St-Gilles-de-Repainville, Carville et Saint-Paul-lès-Rouen (33). Quant
aux travaux de pionnage dont avait été chargé Andray Duhamel, il semble
bien que ce fut à cause de sa profession, car nous n’avons pas trouvé
d’autre mention de réparations et d’ouvrages confiés à ses successeurs.
Quelle est l’origine de cette dénomination d’amiral de Robec qui peut
paraître singulière ? Les échevins n’en savaient sans doute rien
eux-mêmes au XVIIIe siècle. En 1739, en effet, Louis-Alexandre Savary,
grand-maître des Eaux et Forêts au département de Rouen, leur avait
contesté tout droit de propriété sur le Robec en s’appuyant sur
l’ordonnance des Eaux et Forêts d’août 1669, et ils avaient produit les
pièces justificatives de leurs droits. Parmi ces pièces figurait la
sentence du bailliage de 1488 et, en l’inventoriant, ils écrivaient
qu’ils « avoient autrefois un officier que l’on qualifioit d’amiral de
Robec, et, quoique cette pièce prouve assez le peu de cas de certains
mutins envers cet amiral d’eau douce, elle n’en prouve pas moins la
propriété et possession desdits eschevins qui lui donnoient cette
commission et non la maîtrise ». Et Savary de riposter : « L’acte du 4
juin 1488 est aussi chimérique qu’il est singulier. On y qualifie un
homme d’amiral de Robec. Ce pouvait être un meunier ou quelque bas
officier de la ville, commis pour veiller à la conservation des droits
qu’elle pouvait avoir ; mais il ne paraît pas qu’il ait eu aucune
juridiction et il n’est pas facile de déterminer sur quels principes on
l’avait décoré du titre d’amiral de Robec » (34).
Point n’est besoin, d’ailleurs, de longues dissertations pour expliquer
une telle appellation. Amiral vient de l’arabe
amir, emir, qui
signifie chef, et, dans l’ancien français, ce terme n’avait pas d’autre
sens. L’amiral du Robec n’était qu’une sorte de préposé en chef, à la
surveillance du cours de la rivière (35). Ce titre d’amiral fut,
d’ailleurs, employé à Rouen dans d’autres circonstances. On sait que
celui qui était chargé de nettoyer le cours de la Renelle, portait, au
XVIe siècle, le titre « d’admiral de la Renelle » (36). Le petit cours
d’eau qui passe dans un canal couvert dans la rue du Ruissel à qui il a
donné son nom, avait aussi son amiral, l’amiral du Petit-Ruissel, dont
nous avons trouvé mention deux fois. En 1543-1544, le collège des
notaires apostoliques payait une redevance de 4 d. par an à Berthault,
amiral du Ruissel, pour le vin de l’admiralité (37). Le 5 juin 1565,
lors des pleds de Robec, on veut interroger l’amiral du Petit-Ruissel,
nommé Jehan Bavent, « pour savoir et entendre les causes qu’il ne cure
icelui ruissel comme il y est subject », et on lui enjoint « de curer
et tenir nect led. ruissel », avec défense de dégrader « ny esseaulx ni
grédils » (38).
Ce titre donné à un cureur de rivière « n’avait alors rien de bien
singulier… et on ne voit pas qu’il soit venu de protestation de la part
de l’amiral de France, pas plus qu’empereur et roi n’ont trouvé à
redire à ce que leurs titres servissent à désigner les premiers dans
une classe de collège ou de confrérie » (39).
P. JUBERT.
NOTES
:
(1) Périaux,
Dictionn.
des rues de Rouen, 1870, p. 14 et 182.
(2)
Ibid.,
p. 399. La rue des Petites-Eaux (de Robec) commence à Darnétal et finit
à la rue de l’Abreuvoir, à l’extrémité Est de la ville.
(3) Cf. A. Cerné,
Les
anciennes sources et fontaines de Rouen (Rouen, 1930),
pl. VII.
(4) Tiroir 164
bis,
1re liasse. Sauf indication contraire, toutes nos références d’archives
sont tirées des Archives municipales de Rouen, aujourd’hui conservées à
la Bibliothèque de cette ville.
(5) Registre de visites du Robec, FF 1, f° 42.
(6) Tir. 164
bis,
1re liasse.
(7) Série XX (Comptes de la ville), 1re registre (Comptes 1447-48), f°
23.
(8) Cette église tirait son nom du hameau de Repainville, au faubourg
Saint-Hilaire. Elle existait encore en 1807. Son souvenir se retrouve
dans les noms de la rue Saint-Gilles, entre la rue de Lyons et la route
de Darnétal, et du chemin de Repainville compris entre la route de
Pitres et les rues de Lyons et Saint-Gilles.
(9) Carville est aujourd’hui un hameau de Darnétal.
(10) Comptes de 1448-49, Reg. XX 1, f° 93 v°.
(11) Comptes de 1449-50, Reg. XX 1, f° 152.
(12) L’abreuvoir de Saint-Hilaire, a été desséché au début du XIXe
siècle et son nom se retrouve dans la rue de l’Abreuvoir.
(13) Comptes 1456-57. Reg. XX 2.
(14) Comptes 1457-58, Même reg.
(15) Tir. 164.
(16) Comptes 1458-59, Reg. XX 2.
(17) Orig. de cet acte et copie, tir. 164, liasse 3 ; autres copies,
tir 241 et 242, liasse 1.
(18) Comptes 1509-10, Reg. XX, 3.
(19) Comptes 1538-39. Reg. XX 5, au chapitre des gages.
(20) Reg. B 1 f° 100.
(21) Tir. 255, liasse 2.
(22) Reg. B 1 f° 124 v° et 136 v°.
(23) Reg. de commissions M f° XIV v°.
(24) Reg. B 5 f° 7 v° et tir. 242, liasse 1.
(25) Reg. B 11 f° 44 et tir. 442. 1re pièce.
(26) Reg. B 2, f° 239 v°.
(27) Tir. 442, 1re pièce.
(28) Commissions de Jean Le Hucher (Reg. M, f° XIV), de son fils Robert
(Reg. B 5, f° 7 v°) et de Jacques Leprestre (Reg. B 11, f° 44).
(29) Tir. 255, liasse 2. Autres quittances, tir. 306, liasse 3 et 442,
1re pièce.
(30) Commission de Robert Le Hucher : Reg. B 5. f° 7 v°.
(31) P. Raveau.
La
crise des prix en Poitou au XVIe
siècle, (
Rev. Historique,
sept.-oct. 1929, p. 2-3).
(32) Copie collat., tir. 164.
(33) Reg. de visites du Robec, FF 2, à la date.
(34) Tir. 293.
(35) Cf. le sens donné au mot « admiral » par le
New dictionary of the English
language de Webster : « A commander or officer having a
certain general control of a fishing or merchant fleet, especially a
fisherman
appointed to preserve order, decide differences etc. in a fishing
fleet. »
(36) Périaux :
Dictionn.
des rues de Rouen, p. 521 ; A. Cerné :
Les anciennes sources et
fontaines de Rouen (Rouen. 1930), p. 385.
(37) Ch. de Beaurepaire :
Notice
sur le clos Saint-Marc, (
Précis Acad. Rouen,
1906-1907, p. 171).
(38) Tir. 29.
(39) Ch. de Beaurepaire. - On connaît le nom d’un cureur de la Renelle
en 1619 (27 juin 1619), (Reg. B 7, f° 68) et d’un cureur de la Petite
Aubette en 1695 (tir. 164, liasse 14).