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Miguel de Cervantes y Saavedra - Don Quijote de la Mancha - Ebook:
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G. Le Révérend : L'Hu's entrebayei (1919)
LE RÉVÉREND, Gaston (1885-1962) : L'Hu's entrebayei.- Lisieux (15, rue Grand'rue) : Chez E. Deville, MCMXIX [1919].- n.p. : couv. ill.; in-8.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (11.II.2012)
Relecture : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros] obogros@cclisieuxpaysdauge.fr
http://www.bmlisieux.com/

Ce texte ne relève pas du domaine public. il ne peut-être reproduit sans l'autorisation des ayants droit.
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire d'une collection particulière. Remerciements à MM. Jacques Lecoq et Philippe Signargout.

L'Huis entrebayei - (Page  de titre)

~*~

Es bon compaing Etienn’ Devill’
Qui lit dans Wace l’ vi’ux françeis
Et qui d’gust’ en gourmet le styl’
Des bonn’s femm’s en bounett’s d’autr’feis


L’HU’S ENTREBAYEI

DITS en parler du Lieuvin,
orthographiés à la façon de l’auteur,
pour être compris de tout le monde,
et parlés par les érudits-ès-langue-populaire.
________

Avis au Lecteur

Les bonnes gens du Lieuvin parlent un français très pur, où les archaïsmes abondent, et aussi les formes très anciennes des mots usuels.

Les érudits le savent bien, et rien ne leur est plus agréable que d’entendre dans la bouche d’une paysanne les vieux mots des Trouvères. Seuls, les ignorants le nient – et les maîtres de nos écoles.


Nos “patoisants” quand ils écrivent leurs pièces à dire ou leurs chansons n’ont guère qu’un but : traduire aussi exactement que possible la prononciation locale des mots. Résultat : ils sont illisibles, et pour l’étranger et pour le voisin. Je lis difficilement Beuve (Coutançais) et très mal Le Sieultre (Cauchois).


A TORT ET A RAISON, je me suis proposé le but contraire : garder aux mots écrits leur forme française (archaïsmes, formes anciennes, formes constantes) de façon à être LU facilement.

A TORT, car j’impose, à qui vou[d]ra PARLER mon texte, la connaissance de certaines règles, et il est toujours ennuyeux, quand on n’en a plus l’habitude, de se remettre à étudier.

A RAISON, car la prononciation changeant de paroisse à paroisse chacun pourra me parler à sa façon qui sera la bonne.

Lecteurs et parleurs, voici des règles.

Quand vous les saurez bien, vous LIREZ et PARLEREZ m[e]s dits, je vous assure, aussi facilement que les oraisons latines de votre missel.

Règles pour lire le Texte

1° L’E muet français est partout indiqué par une apostrophe (’) ;
2° Les voyelles muettes simples ou doubles sont remplacées par le même signe (’) : NO’S (nous) ; S’N (son) ; V’S (vos, vous) ; VI’UX (vieux) ; EST’S (êtes) ;
3° Aucune consonne muette n’est supprimée (voir aux règles de prononciation) ;
4° L’accent circonflexe est maintenu sur les voyelles longues autres que l’ê ;
5° Le son E, EU, s’écrit E, EU ; E comme dans FLETR’ (pr : fleutrie), EU devant une consonne formant syllabe sonore avec lui : L’HEUR’ ;
6° Les sons É, È, s’écrivent ES, EI : PRESBYTEIR’ (pr : prébitère) ; ne dites pas pressbitère, car eis seul se prononce ess). La forme EZ (és) est conservée comme en français ;
7° L’infinitif des verbes en ER s’écrit ER ; celui des verbes en OIR : EIR : SAVEIR (savoir) ; VEIR (voir) ;
8° Le son français OI se dit souvent EI : UN’FEIS (fois) ; UN REI (roi) ; UN DEIGT (doigt) ; UN VEISIN (voisin).
9° Parfois une lettre euphonique : QUAND EJ’ VIEINS : (quand je viens).
10° Pour les archaïsmes et les formes désuettes, se reporter à un glossaire normand.

Règles pour parler le Texte

En cas de doute, suivre la loi du moindre effort. En parler populaire, c’est la bonne.

1° Ne pas prononcer :
a) le R final des verbes à l’inf. : SAVEIR, POUVEIR, FINIR : savé, pouvé, fini,
b) les finales s ou nt, même en cas de liaison, (sauf pour l’hiatus dur : ILS ONT : il ont ou i’s ont) ;
c) la consonne lettre finale de tout mot en précédant un autre commençant par une consonne : IL FAIT CLAIR D’LUN’ : i fai clai d’lun’ (l’N de LUNE, non final, se prononce seul) ; UN SEUIL : un seu ; MA SŒUR : ma seu ; LEUR LIT : leu lit ; UN’ DOULEUR : un’ douleu. Quelques exceptions pour des mots très simples (on dit : par terr’) ;
d) la deuxième lettre d’une consonne double : PAUVR’ : pauv’ ; PLUI’ : pui’ ; PLUS : ; quelques exceptions pour des mots très usuels : FLEUR : fleu ; BLANCH’S : blanch’ ; PLANCH’ : planch’ ; ENTRAILL’S : entraill’ ; quelquefois (loi de moindre effort), c’est la première qui s’élide : MA PAUVR’ VIEUILL’ : ma pour’ vieuill’ ;
UN, se prononçant eun, donne, au féminin, le son eun’ (c’est le français qui, bien souvent, est illogique !) : UN’ : eun’ ; LA LUN’ : la leun’. De même : VEISIN’ : veisein’ ;
L est muet dans QUEL : QUELQU’S-UNS : queuqu’s-euns ;
C’ se dit souvent ch : C’EST BEIN ; ch’est bein ;
CH se dit ch ; ou que : UN CH’MIN : un qh’min ; ou je : UN CH’VAL : un j’vâ ;
OLL’ signifie elle ; ES : aux ; O, OD : avec ; COR’ : encore ;
CUEUR, PAOUR, CAOSER, JOE (cœur, peur, causer, joue), s’articulent du fond de la gorge.

~*~


L’hu’s s’ entrebay’ pour les curioux

        Entrez sans paour. V’s est’s cheuz ma grand’.
        J’ l’ ainm’ d’amitiei, v’s allez bein l’ veir.
        Mais pour m’iux tous deux nous comprendr’,
        J’ conservons notr’ langaig’ d’autr’feis.
        (Oll’ n’ connaît qu’ l’i si j’ sais l’ français ;
        Mais je n’ sieux pas plus grand qu’ ma grand’)
        Qui qu’est du pays peut m’entendr’ :
        Si v’s n’est’s point trop d’effouch’, entrez.


I. - La veisine d’vis’ et jactanc’

1. – Censeiment...

Faut n’ aveir ni cueur ni entraill’s
Pour veir sans r’meid’ souffrir les sieins,
Et n’ pas qu’rir, par n’import’ quels ch’mins,
Un sorcieir, pour l’ mal qui les t’naill’.

Quand j’ ons vu nos gens dans leur lit,
Et qu’ la tisann’ n’ y faisait goutt’,
J’ ons jamais r’culei d’vant la rout’
Qu’ils sey’nt vi’ux ou qu’ils sey’nt petits.

J’ ons passei bien des nuits tout’s blanch’s,
Pour l’s uns, pour l’s autr’s. A c’tt’ heur’,
                [les vi’ux,
L’s effants ainm’raient censeiment mi’ux
Les veir tout d’ sieut’ entre quatr’ planch’s.

2. – A deux lieu’s d’ ma meir’ !

J’ ons point vu grand’chos’ et point fait grand’ v’yag’,
        Pas plus fill’ que femm’ ;
No’s quitt’ d’ estr’ servant’ pour s’ mettr’ en mesnag’ :
        Faut toujours qu’ no’s tramm’ ;
Et l’ plus loin que j’ fûm’s, c’est en pesl’rinag’
        A la Notre-Dam’.

Où qu’ est l’ pas pareil, d’ un villag’ à l’ autr’ ?
        C’est toujours bourriqu’.
Y en a qui s’ en vont, dans les gens d’ la haut’,
        Jusqu’ à l’Ameiriqu’ !
En fait d’ pays, no’s, j’ connaissons que l’ nôtr’
        Qu’ est larg’ comm’ un’ chiqu’.

J’ ons desjà bein trop (l’ chang’ment port’ pas chanc’)
        Bougei d’ plac’ sus terr’.
Mais c’ que fait l’ bon Dieu (c’ est resglei d’ avanc’)
        No’s peut pas l’ deifair’ !
– Dir’ que j’ deus dormir, passei m’n existenc’,
        A deux lieu’s d’ ma meir’ !

3. – Rengain’s

Y a pas qu’ des « hahas » dans notr’ existenc’ :
Y a bein des « Saint’ Vierg’ ! » ; y a bein des « mon Dieu ! »
L’ plus fier a quelqu’feis bein plus d’ mal qu’il n’ peut
Et d’vant que d’ peicher fait sa peinitenc’.

No’s a bein d’ la pein’ à s’entret’nir d’ feu.
Y a pas b’soin d’ brûler san fagot d’ avanc’.
Pour chauffer s’n hiver, faut qu’ chescun pitanc’.
Bein souvent les jours n’ ont fin ni meilieu.

No’s march’ à cattons plus souvent qu’ no’s n’ dans’.
No’s mâqu’ la moutur’ plus souvent qu’ la fleur ;
Mais qu’ no’s sorte d’ mal pour r’ aveir douleur,
No’s s’ tient à sa vi’ comm’ la cruch’ à s’n ans.

Prends l’ temps comm’ il s’ donn’. Apreus tout, man fieu,
C’ttui qui s’ en pendrait, ’n airait-il plus d’chanc’ ?
Y a pas qu’ des « hahas » dans notr’ existenc’ :
Y a bein des « Saint’ Vierg’ ! » ; y a bein des « mon Dieu ! »

4. - Les r’preuch’s

As-tu paour de r’trouver ta grand’,
Et d’ l’i dir’ boujour sus l’ marchei,
Et d’ l’ emm’ner quand oll’ vieint t’ surprendr’
Es hâ’t  d’ la vill’ où qu’ t’ es perchei.

Par c’ qu’ oll’ est reistei’ en bounnett’,
Et qu’ tei, t’ es mis ment un moussieur,
Tu t’ dis dans tei : « Comme oll’ est fait’ » ;
T’ en fais mesfi, mon Dieu, mon Dieu !

Quand ej’ caos’ es gens, tu m’ entrainn’s,
T’ as l’ air en coleir’ apreis mei :
J’ savions bein qu’ j’ estions point un’ reinn’,
Mais t’ es pas n’ tout l’ filleul d’ un rei.

Quand t’ estais p’tit, t’ estais bein ais’
Que j’ tei dorlotte d’ mes deux mains,
Et que j’ tei berc’ et que j’ tei bais’
Comm’ un’ meir’-poul’ fait d’ ses pouchins !

T’as bein supportei que j’ t’ esleuv’,
Et que j’ t’ envey’, passei tes ans,
Es grand’s escol’s pour qu’ on tei r’ceuv’
Et qu’ t’ ay’ un’ plac’ ment les grands gens !

Si t’as cor’ à gangner ta vi’,
Si j’ ons pas pu t’ pousser plus hâ’t,
C’est point qu’ j’ en ons manquei d’ envi’,
Mais j’ avions point des reins de ch’val !

J’ t’ asseur’ bein qu’ çà m’ peise, et qu’ çà m’ drug’
De t’ veir comm’ estouffei d’ orgueul.
T’ peux pas saveir c’ que çà m’ eslug’,
Ni t’ figurer c’ que çà m’ fait deul.

Ma pauvr’ vieuill’ cuercass’ est r’chiffei’,
Je n’ sieus plus bonn’ qu’à r’poser m’s os,
Mais si j’ m’ estais pas tant dem’nei’ !
Pour empescher qu’il t’ pleuv’ sus l’ dos !

A c’tt’ heur’, pour t’ veir, faut-il que j’ tramm’ !
Et tu n’ fais plus que de m’ desj’ter !
Va, fais l’ desgaillous d’ ta bonn’ femm’ !
Oll’ airait jamais cru ça d’ tei !


II. - Ma grand’ et mei

1. – Comm’ un âtr’ sans feu...

J’ sieus tout decaduit’ et j’ sieus plus brin fort’.
    Je m’perds bein, man fieu !
Tout enfreidurei’, j’ devieins en quelqu’ sort’
    Comm’ un âtr’ sans feu.

Mais, j’ somm’s tous pareils aupreis d’ la grand’ port’.
    C’est l’hiver, à c’tt’ heu’
Et quand il es v’nu, y a plus d’un’ branch’ mort’
    Es boeis du bon Dieu.

2. – Avant que d’ mourir...

Avant que d’ mourir, j’ voudrais cor’ bein r’veir
La mainson d’ manman, qui ’n estait si fieir’,
Où qu’ pauvr’, all’ nous a tertous bein esl’veis.

Tu sais bein où qu’ c’est. C’est à la Cann’bieir’.
Quand t’ estais tout p’tit, j’ t’y m’nais cheuz ma sœu’,
Ma pauvr’ sœur Loïs’ qu’ est dans l’ cheimitieir’.

T’en r’ssouvieins-tu bein ? Y avait un grand seu’l
Qu’ estait ha’t comm’ tei, qu’ estait tout en pierr’.
Y avait un ouvreur od des p’tits y’ux d’ bœuf.

J’ voudrais bein la r’veir. (J’y veis co’ ma meir’) ;
Ceux qui l’ont ach’tei’, qui qu’ils en ont fait ?
P’t-estr’ qu’oll’ a changei, p’t-estr’ qu’oll’ est par terr’ !

J’ la veis cor’ ded’ bout et tout comm’ oll’ ’tait,
Od san p’tit brin d’ cour et l’ jardin d’rrieir’
Et la sent’ du bas, où qu’ la plui’ roulait.

Je n’ sieus plus d’attaqu’ et je n’ vas plus gueir’ ;
A c’tt’ heur’, j’en resvass’ bein plus que j’ n’en fais.
C’est égal, la rout’, si j’ pouvais la r’fair’,

Si j’ trouvais quelqu’un qui m’ port’ par aupreis,
La mainson d’ ma sœur, la mainson d’ ma meir’,
Avant que d’ mourir, j’ainm’rais cor’ la r’veir.

3. – Manman

Quand ej’ veux caoser d’ tei, manman,
J’ai l’ cueur si plein que j’ trembl’ et pleur’,
Et qu’ dans mei la parole d’meure
Comm’ un chaigrin, comm’ un tourment.

J’ai l’ cueur si plein que j’ trembl’ et pleur’,
Quand j’ tei veis m’ainmer comm’ tu fais ;
J’ sieus jaloux des biaux jours d’autr’feis,
Bi’ntôt vi’ux, j’ai cor’ paour qu’ tu meur’s.

Quand j’ tei veis m’ainmer comm’ tu feis,
Et tout’ dolent’ et tout’ fletri’,
M’estr’ cor’ bonn’ comm’ un’ Saint’-Mari’,
J’ mei dis que l’ bon Dieu l’ fait d’expreis,

Et tout’ dolent et tout’ fletri’,
De t’ quitter vivr’ acor’ quelqu’s ans,
Pour servir d’exempl’ à t’s effants,
Et leur t’nir la main d’vant la vie.

De t’ quitter vivr’ acor’ quelqu’s ans,
Pour qu’il m’ reiste un’ àm’ sus la terr’
Qui sav’ estourdir ma minseir’
Et tout meurdri, me r’mettr’ vaillant.

4. – En escoutant...

D’puis vingt ans, s’lon ta magnieir’,
J’ tei veis plaindr’ et bourrotter,
Dire : j’ vas quitter la terr’,
Et puis, jamais la quitter.

Dire : j’ vas quitter la terr’ ;
M’s os sont si durs, veyez donc !
J’ fais tous les jours ma prieier’
A c’tt’ heur’, ça n’ s’ra plus bein long.

J’ fais tous les jours ma preieir’
Pour acor’ pouver choller,
Pleumer d’ l’herb’ sus la forieir’,
Veir clair assez pour aller

Pleumer d’ l’herb’ sus la forieir’,
Et point vous donner d’ tourment.
Estr’ restei, c’est d’ la minseir’
Et bein du désagresment.

Estr’ restei, c’est d’ la minseir’ ;
Mais l’ bon Dieu m’o blira pas.
Un bonn’ feis, quelqu’ no ’vellieir’
T’apprendra qu’oll’ est bein bas ;

Un’ bonn’ feis quelqu’ no ’vellieir’
T’apprendra qu’ ta vieuill’ n’est plus.
Du mal, faudra pas t’en fair’ :
Oll’ est au bout d’ ses vertus.

Du mal, faudra pas t’en fair’ :
J’ons-t’y pas r’eu nos vingt ans ?
Conduis-mei jusqu’es ch’mitieir’
Et pens’ à mei d’ temps en temps.

Conduis-mei jusqu’es ch’mitieir’.
– Oui ma vieuill’. En escoutant,
T’ estais fait’ d’un’ trop bonn’ terre’
Pour n’ pas d’meurer jusqu’à cent.

III. Mei tout seul

1. – L’cueur mannei

J’ ai du bro’illard sur l’ âm’ en huy.
Et sans vouleir m’ en fair’ accreir’,
J’ sieus comm’ un ch’val dans la mollieir’
Qui veit tout d’ un coup v’nir la nuit.

Mais comm’ un’ grand’ leumieir’ m’ a suit.
L’ ciel est clair en mei par drieir’
J’ vas pas fair’ es veisins d’ preieir’,
J’ ai d’ quei desmaçonner m’n ennui.

A mes biaux jours d’ autr’feis je r’pens’.
Je r’commenc’ à vivre m’n effanc’,
C’est d’ la plui’ sus man cueur mannei ;

C’ est comm’ un pur jus qui raguch’
Et m’ errach’ man mal incarnei :
Dans l’ passei doux comm’ nid, j’ mei much’.

2. - La grand’ détress’ du p’tit vieulleux

I

Pour mi’ux resmouveir l’ assemblei’,
Je m’ sieus fait tout endinmanchei,
J’ai prins ma lour’ et m’n envolei’,
Je m’ sieus r’ssouvint et j’ ai preschei.

La foule est traîtr’ autant comm’ fin’ ;
Quand no’s veut faire l’s appipeux,
Faut jûper hâ’t, d’ tout’ sa peitrin’,
Et s’ gueittei’ d’ laisser veir sa paeur.

Sans ahanner, haler ni plaindr’,
No’s deut marcher, comm’ un varou ;
N’ pas s’en d’menter, si no’s creit feindr’ ;
Plustôt tout quitter d’en par où.

J’ai, jusqu’ es seir, parei d’ adressh’
Tint man servic’ et point fautei,
C’ était bein dur, d’ estr’ sans faiblessh’ :
J’ai bein gangnei ma glorieus’ tei !

II

Mais, v’la l’ minnuit du biau dinmanch’.
J’ me r’trouv’ tout seul, l’cueur env’nimei
Par la minseir’ et la souffranch’
Sans personn’ à gemir d’o mei.

Parc’ que j’ laisse r’monter ma peinn’,
Et malgrei mei mourir man feu,
J’ vas-t’y chialer comm’ un’ Mad’leinn’
Et n’ pas t’nir test’ à man malheur ?

Meurdri, chidrei, faut-il qu’ on m’y vey’
Deuleir hâ’t sus l’ mitan du ch’min ?
Mei, descaduit ? J’ veux pas qu’ on l’ crey’ ;
« T’ estais-t’y bu ! » qu’on m’ dirait d’main !

Il fait cleir d’ lun’ et doux es sent’s.
J’y courais à veir goutt’, autr’feis.
Si les gens sont malendurant’s :
Y a ma vieuill’, qu’ a l’cueur toujours prest.

III

Il toqu’ à l’hu’s et te r’demand’,
C’tti-là qui n’ devait plus r’venir,
T’n ancien p’tit gars, ma pauvr’ vieuill’ grand’,
Tan bedasson, tan benoni !

Il s’ est gaurei d’ o la noblessh’
C’ est jeu brutal à bresilleir.
S’n esprit si dru n 'est plus qu’ eun’ blessh’.
L’i r’faut tes g’noux comm’ or’iller.

L’ amari prend, passei la neuch’.
Il a plein l’ cueur ed’ gros poeids lourds.
Tei qui jamais n’ l’i fis de r’preuch’
Prends sa test’ entre tes deigts gourds,

Et comm’ es biaux jours de s’n effanc’
Où p’tit gars mignard, il huqu’tait,
Laiss’ lei r’prendr’ s’n accoutumanc’
De s’ catir dans l’ coin d’ tan d’vantet.

IV

Vieins, soulag’ ta pauvr’ âm’ desment’ !
Pleur’ et teis-tei, tu t’ es trop r’tint.
Ta vieuill’, oll’, est toujours vaillant’,
Cor h’ureux, qu’ tu t’ en est r’ssouvint !

Ça t’ a prins comm’ un coup d’ massu’,
Tu m’ en arriv’ tout evarei !
Tes y’us, ta joë, j’ les essu’,
J’ somm’s deux, à c’tt’ heur’, tei v’la parei.

Tan mal va partir comm’ un suei’,
Es moeis d’ juyet, par les chaleurs.
Apres l’ temps chagrinei, la riei’ ;
C’ est es hivers, qu’ vont les douleurs.

Dur’ ta souffranc’ et p’is t’ raisonn’,
Dors par ed’ssus, tu s’ras guari.
Veis donc, jamais je n’ maccattonn’,
Mei qui n’ decess’ plus brin d’ souffrir.

V

Grande, d’ t’aveir r’prins’ à brasshi’,
Mei qu’ estais quasiment pliei,
J’ mei r’nou’ et m’ rattaqu’ à la vi’ ;
Man mal d’h’er soeir est oubliei.

T’s amitieis, sus ma débauch’ neir’,
Ont mins leur sorcileig’ h’ureux.
Je r’seus d’aplomb, je r’sais qui fair’,
Et j’ r’ai pas paour d’ mei r’veir tout seul.

Ment la chaleur d’un’ attisei’,
Tes douceurs m’ont ravigourei.
Et m’s y’us qu’ estaient pl’i’ et rousei’
R’sont clairs comm’ un ciel eparei !

Quand il n’aira plus sa pauvr’ grand’,
Il s’ra bein abaubi, tan ga’s !
Il trouv’ra bein femm’ à sa d’mand’,
Mais sa vieuill’, il n’ la r’aira pas.

VI

C’est beintôt pour tei la quittei’,
Grand’ ; et mesm’ es seir déchaussei
D’ainmer tu n’ s ras pas cor’ fûtei’ :
C’ qu’ no’s a dans l’ sang, comment l’ cacher ?

Ta memoreir’ est desjà bein bass’ ;
T’s y’ux s’en vont, et ta forc’ itou :
Sans endesver, tu t’y rapass’,
Et t’ es cor ded’bout pour un coup.

T’ as choesi la plac’ la plus dur’,
Et jamais flechi dans l’ malheur ;
Toujours tu vas, toujours tu dur’s
Et t’ es cor’ la plus fort’ d’ cueur.

La mer Roug’, tu l’airais passei’
Pour aller au s’cours ed’ tes fieux,
Et mesm’ à c’tt’ heur’, tout’ herassei’ !
Laiss’ mei t’ainmer pendant qu’ je l’ peux !

VII

Tei r’veil’ alleir, man fieu ! Bon v’yage.
P’t-estr’ plus jamais jen’ te r’verrai.
Faut plus compter sus rein, à m’n âge,
Mais j’ t’eispeir’rai tant que j’ vivrai.

De m’s effants, l’un m’est autant qu’ l’autr’.
Et j’ n’aurais-t’il qu’un morciau d’ pain,
Pour les sauver, je l’ mettrais d’ côt’,
Par les mainsons, j’ tendrais la main.

Ecout’ que j’ mett’ un’ autr’ bonnett’
Et qu’ je r’tir’ man d’vantiau crottei,
Pour cor’ t’ conduir’ es bout d’ la ruett’
Et cor’ estr’ un brin plus d’o tei !

J’ vas r’venir seul’, comm’ un’ perdu’.
Ecris-mei l’ plus tôt qu’ tu pourras.
Ça m’ fait plaisir, ça m desennu’.
Boujour, fillot, adieu, man gas.

VIII

Oll’ s’ra restei’ un’ pos’ à m’ suivr’
Puis quand j’airai passei l’ detour
Oll’ s’en s’ra r’vins’, tout’ morosiv’
Caosant tout ha’t jusqu’à sa cour,

Et cheuz ell’ un’ feis r’arrivei’,
Oll’ aira r’gardei plus d’un coup
Es bord du ch’min, dans la r’levei’,
Si j’allions point r’paraîtr’ au bout.

Oll’ aira dit : Faut qu’ je m’ raisonn’.
Quand j’ l’appell’rais, ça sert de rein.
Y a pas plus moyen qu’il m’ reponn’.
Si s’ul’ment cor’ il s’ portait bein !

Trainnant s’s ennuis jusqu’es ch’mitieir’,
Oll’ s’ tourment’ra d’ mei jour et nieut ;
J’airai p’t-estr’ la drenieir’ preieir’
Qu’oll’ f’ra, sus la terr’, au bon Dieu !


L’Hu’s barrei

                V’s airez biau à c’tt’ heur’ congner l’hu’s !
                J’mettons la barr’ et j’ l’ôt’rons plus.


~*~


[TABLE]

L’Hu’s entrebayei
~~~~

L’Hu’s s’entrebay’ pour les curioux.

I. LA VEISIN’ D’VIS’ ET JACTANC’

    1. Censeiment.
    2. A deux lieu’s d’ ma meir’.
    3. Rengaîn’s.
    4. Les r’preuch’s.

II. MA GRAND’ ET MEI.

    1. Comm’ un âtr’ sans feu.
    2. Avant que d’ mourir.
    3. Manman.
    4. En escoutant.

III. MEI TOUT SEUL.

    1. L’ cueur mannei.
    2. La grand’ detress’ du p’tit vieulleux.

    L’Hu’s barrei.


~*~

Sans vouleir y gangner d’ l’ergent,
Etienn’ Deville, l’ bon Normand,
A portei c’t Hu’s entrebayei
Quarant’-huit feis, sus du papier.
C’estait vers el’ mitan d’ l’annei
Qu’ no’s fim’s la paix, la guerr’ gangnei ;
Et que l’ mond’ se r’trouvit tout neuf :
Es moeis d’oût dix neuf cent dix neuf.
Sa boutiqu’, des gens bein connu’,
Estait es quinze d’ la Grand’ Ru’,
En c’te vieuill’ bonn’ ville d’ Lisieux,
Où qu’ no’s veit tant d’ logis curieux.
Es Coutainçais du « Pouës qui grimp’ »,
No’s en deut la d’vantur’ tout’ simpl’ ;
Mais l’ malin qu’a fait d’ si biaux dits
N’ veut pas dir’ san nom dans l’ pays.




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