Le chevalier de Saint-Gilles,
sous-brigadier de la
première compagnie des Mousquetaires du Roi, est un des
du siècle de
Louis XIV dont il n'est pas trop téméraire de
poursuivre la
réhabilitation. Imitateur de Lafontaine dans deux jolis
contes en vers
intitulés : le
,
il ne se tient pas à trop
grande distance de Chapelle et Bachaumont dans le voyage à
Valognes,
que nous remettons au jour. Ses lettres écrites à
la Marquise de D**,
du 16 Juillet au 16 Septembre 1702, ont la forme, alors à la
mode, du
Elles sont au
nombre de cinq. La première signale l'ancienneté
de la ville de
Pontoise et loue l'union et la cordialité de ses habitants.
La
deuxième, après quelques mots sur Bayeux, passe
de suite à Valognes.
Notre officier y est logé chez une veuve dont la fille,
âgée de
dix-huit ans, l'éblouit par sa beauté qu'il
célèbre dans un sonnet sur
deux rimes. La troisième lettre mentionne une revue
à laquelle
assistent les plus belles dames du pays. La quatrième
décrit une saison
d'eaux minérales passée
La cinquième et
dernière lettre annonce le retour de
la première compagnie des Mousquetaires à Paris,
pour le 2 Octobre, et
contient le récit d'une visite aux petites
ouvrières en dentelles
élevées par les Supérieures de
l'Hôpital de Valognes. Chacun des quatre
premiers Mercures rédigé partie en prose, partie
en vers se termine,
selon l'usage de l'époque, par une énigme. Divers
objets du costume
militaire fournissent les mots de ces énigmes qui sont
successivement:
la
.
Plusieurs passages
rappellent un peu Boursault et Cotin. D'autres, il faut aussi l'avouer,
sentent leur Mousquetaire et c'est peut-être, pour en faire
pénitence,
que Saint-Gilles, après la bataille de Ramillies (1706) alla
se
renfermer dans un couvent de Capucins. Mais en somme, l'ensemble de ce
petit
a une allure vive et pimpante qui ne manque pas
d'originalité. Nous le croyons même assez gai pour
faire plaisir aux
amateurs de la littérature boulevardière de 1876.
Ils y trouveront
quelques historiettes joliment racontées, des mots curieux
et
spirituels et passeront certainement un quart d'heure
agréable à le
lire.
Nous avons exactement suivi le texte du volume pieusement
réuni
et publié, après la mort de l'auteur -qui ne fit
rien imprimer de son
vivant- par son frère aîné, lieutenant
de cavalerie au régiment de
Bissy. C'est un in-12 de 2 ff. liminaires et 284 pages y compris la
table, l'approbation signée de Fontenelle et le
Privilége. Il a pour
titre : LA MUSE MOUSQUETAIRE, oeuvres posthumes de M. le Chevalier de
Saint-Gilles. A Paris au Palais, chez Guillaume de Luynes. 1709.
L'orthographe ancienne a été scrupuleusement
respectée ainsi que la
ponctuation défectueuse du premier éditeur.
Saint-Gilles n'est connu
aujourd'hui que de
quelques collectionneurs. Puisse la présente
réimpression lui donner
une nouvelle couche de lecteurs.
MERCURE
NORMAND
ou
VOYAGE DES MOUSQUETAIRES
à Vallognes.
Sur l'imprimé de
1709.
LETTRE I.
A
Madame la Marquise D**.
Quand
on aime,
helas qu'on est sot !
Quand on est sot, que l'on ennuye!
Quel
chagrin il faut qu'on
essuye
Prés
d'un Amant qui ne dit
mot !
Quelle
heure est-il ?...
Voici la pluie.
Qand on
aime, helas qu'on
est sot !
Quand on
est sot, que l'on
ennuye !
C'est
un
petit recit que je vous prie de faire mettre en musique par quel que
habile
homme.
Passez-moi ce
Mercure-ci, & je vous promets Madame, d'attendre vos ordres
pour
vous en
envoyer un autre.
La premiere
Compagnie des Mousquetaires partit le dix Juillet pour aller coucher
à
Pontoise.
Ce
nom de
Pontoise, qui ne fait qu'un seul mot, a été
ingenieusement imaginé par
les
anciens Gaulois, pour exprimer que cette Ville joüit d'un Pont
sur la
riviere
d'Oise. Ce nom lui donne une prérogative considerable sur
Pont-sur-Yonne, qu'on
a surchargée, c'est-à-dire chargée
d'un sur
dont elle pouvoit fort bien se
passer.
La
ville de
Pontoise se distingue encore par l'union & la
cordialité qu'on y
voit
regner parmi ses Citoyens.
Vous
voulez
que je vous dise quelque chose de son ancienneté; cela ne me
coûte
rien. César
dans ses Commentaires, ou Virgile
dans ses Bucoliques ( je ne sçai bonnement
lequel des deux) rapporte que l'Empereur
Héliogabale y fonda un Convent
d'Ursulines pour s'y mettre à couvert de la persecution des
Iconoclastes. Tous
les historiens sont d'accord là-dessus, quoiqu'ils n'en
conviennent pas.
Il
est
certains esprits doux & variables, disposez à
recevoir les
dernieres
impressions qu'on leur donne, quoi-que contraires aux
précédentes. Par
exemple :
EPIGRAMME.
A Pontoise,
Dom
Guichot
Fut voir une Carmelite :
Il en sortit tout devot.
Mais Satan, sans dire mot,
Le mena chez Marguerite :
Il en sortit Huguenot.
ENIGME.
Des
dépouilles
d'autrui je suis un assemblage.
Qu'on m'enleve au vieillard il demeure confus.
L'infidelle
Ottoman méprise
mon usage ;
La
France est le Pays où je
regne le plus.
Je
suis,
Madame, &c. ce 16. Juillet 1702.
LETTRE
II.
A
Madame la Marquise D**.
COmme
je n'ay rien vû de
particulier depuis Pontoise
jusqu'à Bayeux, où nous arrivâmes le
21. je ne vous parlerai, Madame,
que de
cet endroit. J'y logeai chez un Bourgeois dont le nez m'auroit bien
réjoüi, si
je pouvois rire des défauts naturels. Je ne vous dirai donc
rien de ce
nez
prodigieux, mais je puis vous dire quelque chose de sa fille.
Nison s'est mis en
fantaisie
D'entrer à l'Opera : C'est fort bien fait vrayment.
Cinq
lustres, & quatre
ans: contenance hardie :
Voix
aigre en G. ré sol:
accent un peu normant :
Maître
à chanter Gascon. A
parler franchement,
C'est
pour donner fort peu
de jalousie
A la
petite Armand.
Le 25.
nous
arrivâmes à Vallognes, où la petite
vérolle faisoit rage, il y a six
semaines.
Dieu merci elle a disparu avec la flote Angloise, dont on n'a ni vent
ni
nouvelles.
Le
sort me fait
loger ici chez une veuve nommée Madame de l'Oraille Groux.
Mais que
pensez-vous
que soit Mademoiselle de l'Oraille sa fille? une Bergere ? une Nimphe ?
une
Dryade ? un Ange ? une Silphide ? une Déesse? à
dire vrai je n'en sçai
rien, je
ne l'ai point vûë, & je suis si
ébloui depuis deux jours, que je ne
vois
rien. On dit qu'elle a dix-huit ans, qu'elle est blonde, qu'elle a les
yeux
bleus ; pour moi je pense avoir entrevû des roses et des lis
au travers
d'une
grande lumiere. Je disois que je n'aimerois plus, juste Ciel
où me
suis-je
fourré ! dans quelle embuscade ai-je donné !
fatal destin! mauditte
flotte !
SONNET.
PLus
n'aimerai,
crainte qu'on ne me raille,
Bien veux-je encor m'ébatre, & deviser.
Jeunes
tendrons si viennent
m'embraser,
Ce
seront feux ou d'étoupe
ou de paille.
Or, qu'à Lemnos
Vulcain suë & travaille
A forger
traits, puis à les
éguiser,
Peu les
redoute, & leur
vais-je opposer,
Ferme
pavois, fine cotte de
maille.
Du mot, Amour,
plus ne voudrai-je user,
Amusement, veux-je
lui suposer.
Daphnis
parloit. Amour
l'écoute, & baille.
Mais fatigué de
l'entendre jaser,
Et lui
lançant trait des
yeux de l'Oraille,
Tien !
lui dit-il, voila
pour t'amuser.
Est-il
permis
de faire un Sonnet sur deux rimes ? Je ne me souviens point d'en avoir
vû.
ENIGME.
De
quelque éclat
dont je puisse briller
Souvent le plus galant pâlit à me voir
nuë.
Alexandre se plut à me deshabiller.
Darius eût voulu ne m'avoir jamais vuë.
J'oubliois de
vous dire que le mot de la derniere étoit la Perruque.
Je suis, Madame, &c ... à
Vallognes ce 27.
Juillet 1702.
LETTRE III.
A
Madame la Marquise D**.
DAtte,
datte,
& mille fois datte.
Est-il besoin qu'on le rebatte
Tant de fois? datte derechef !
Datte encor ! datte ! par mon chef !
J'en ai pour huit jours la migraine.
Hilarion ! Climaque ! Arcene !
Dans ces deserts qu'on vante tant,
En vîtes-vous jamais autant ?
Je
sçai, Madame,
qu'il ne tiendroit qu'à vous de m'écrire des
choses mille fois plus
gracieuses
& plus obligeantes qu'une datte. Je sçai qu'un
exploit signifié
n'en est
pas plus aimable pour être datté. Mais
enfin :
Soit
en amour,
soit en affaire,
Datter est chose nécessaire,
Ou d'une grande utilité.
Un écrit pardevant Notaire
N'est bon à rien s'il n'est datté.
Voulez-vous être en sûreté
Loin d'un jaloux qui vous éclaire?
Dattez ! jour, & lieu limité.
Disons aussi ! ( Pourquoy le taire)
Datte parfois a tout gâté,
Auprés de certaine beauté,
A qui Galant nouveau sçait plaire.
Datte a fort peu d'autorité.
Nizon dont je vous ay conté
Les talens & le sçavoir faire,
Voudroit bien fort qu'on l'eût ôté
De son Extrait de Baptistaire.
Monsieur
de M...
fit hier la reveuë de son armée; on nous rengea en
bataille sur
l'Estran, c'est
ainsi qu'ils appellent l'endroit que la mer laisse à sec,
quand elle se
retire.
Les plus belles Dames du pays s'y trouverent : Les Anglois n'y parurent
point.
Le mot de ma derniere énigme est l’Epée.
ENIGME.
Sans être Évêque j'ai
ma Crosse,
Sans être Berger j'ai mon Chien,
Et sans être Magicien,
J'ai ma Baguette, & ma fureur atroce.
Je suis, Madame,
&c... à Vallognes ce 10. Aoust 1702.
LETTRE IV.
A
Madame la Marquise D**.
IL
y avoit ma foi trois
semaines que je n'avois vû
d'écritoire, je me trouvois fort bien de son absence
& de vôtre
paresse,
pourquoi vous avisez-vous de m'écrire ? je menois la vie du
monde la
plus
douce, en vérité, Madame, vous avez grand tort.
Messieurs les polis
trouveront
peut-être ce compliment passablement ridicule mais la
franchise que
vous me
faites voir dans vôtre Lettre merite bien, ce me semble, que
je vous
parle avec
la même sincerité, autre impertinence !
Monsieur de M***
n'a pas voulu abuser de son pouvoir & de nôtre
complaisance, nous
n'avons
paru qu'une fois à l'Armée, qu'il n'a pas
manqué d'assembler tous les
huit
jours depuis que nous sommes ici.
Le jour que
nous
y parûmes Messieurs de l'arriereban avoient essayé
de nous disputer la
droite,
elle nous fut adjugée à bon compte en attendant
un Reglement de la
Cour. Le Roy
a décidé en nôtre faveur.
Nôtre
General
congédia la Noblesse Samedy 26. du mois passé, ce
qui nous donne lieu
de soupçonner
que nous approchons du terme de nôtre exil.
Pardon
Madame,
si je vous avois promis un ordre de bataille; je sçai qu'un
ordre de
bataille
est une chose essentielle au Mercure, mais Madame il faut copier! il
faut
transcrire ! vous figurez-vous ce que c'est que transcrire? c'est une
chose si
triste, cela est si sec !
Le Roi a crèé
depuis peu deux Compagnies de Gentilshommes à pied pour la
garde des
Côtes,
elles sont de cent hommes chacune, Monsieur de M*** en est le
Capitaine. Vous
sçavez que la Flotte ennemie est je ne sçai
où. Ici finit le discours
de la
Guerre.
J'ai pris
enfin les eaux de la Taille pendant dix huit jours, & j'en
revins
avant-hier. La Taille est le nom d'un Prieuré fort
délabré, il ne peut
être
occupé que par un Religieux de l'Ordre des Chanoines
Reguliers de saint
Augustin. Ce fameux Prieuré est scitué dans un
fonds, entre deux
côteaux à
quatre lieuës de Vallognes, à six de Cherbourg,
& à huit de l'Isle
de
Gersay. Il a Vallognes à l'Orient, Cherbourg au Septentrion,
&
l'Isle de
Gersay au Couchant. La réputation de ses eaux
s'étend jusqu'à l'Ocean,
des
trois côtez que je vous ai marquez, & ne passe pas
Coutance au Midi.
C'est la Fontaine de la Taille,
Dont la Nymphe livre bataille
Aux tristes agens de la mort.
Le débile en revient plus fort,
Elle extermine la colique,
Celle qu'on nomme néphrétique,
Détruit les opilations,
Ravage les obstructions,
Coule à fond le froid rhumatisme,
Fléchit le plus dur...
Mais peut-on assez l'estimer?
Elle éteint la soif de rimer.
Vous avez bien
deviné Madame, les mots des deux dernieres
énigmes sont l'Epée,
& le Fusil.
Mandez-moi le mot de celle-cy.
ENIGME.
Sur un Prélat
Mon orbe est plat.
Sur un Gendarme
D'audace on l'arme.
Je suis Madame,
&c.. . A Vallognes ce 2. Septembre 1702.
LETTRE V.
A
Madame la Marquise D**.
ENfin
Madame, Dieu
mercy, nos ordres sont arrivez; nous
partons demain Dimanche 17. du courant pour arriver à Paris
un Lundy
2.Octobre.
Messieurs de la seconde Compagnie moins impatiens que nous, ne
partiront que le
19. Nous reprenons nos mêmes routes à contrepoil.
Je fus me
promener il y a quelques jours à l'Hôpital de
Vallognes, j'y trouvay dans une grande salle trente petites filles qui
travailloient en dentelles; l'une de ces petites ouvrieres ,
convaincuë
apparemment
de quelque crime énorme, portoit fort douloureusement une
poignée de
verges en
aigrette sur l'oreille gauche. Tel qu’Orphée aux
Enfers fixa la rouë
d'Ixion,
suspendit le rocher de Sisiphe, &c... La fatale aigrette tomba
à
mes pieds,
& le choeur émerveillé, chanta le bonheur
de la petite criminelle,
& la
gloire de son libérateur.
Un bienfait,
dit-on, n'est jamais perdu. Les Supérieures de
l'Hôpital faisoient une
loterie
du produit des petites mains de leurs jeunes Eleves. On vient de
m'aporter sept
aulnes de dentelle, seiziéme lot des vingt-quatre dont cette
loterie
étoit
composée.
Vous l'avez dit
Madame, le mot de ma derniere Enigme est le Chapeau.
Je suis Madame
&c ... A Vallognes ce 16. Septembre 1702.
IMPRIMERIE
E. CAGNIARD, A
ROUEN.
Tiré
à petit nombre.
NOTES :
PRÉFACE, Page
v. son
frère aîné. Ce
frère
est l'auteur d'une tragédie d'Ariarathe
représentée
sans succès le 30 Octobre 1699 et non imprimée.
Il mourut en 1746, à
l'âge de
86 ans, écrasé par les roues d'un carrosse.
TITRE. Le fleuron
que nous avons reproduit est emprunté à un petit
volume, devenu rare,
qui
s'annexe à la collection des Elzévirs: Le MÉDECIN
DE SOI-MÊME,
ou l'Art de se
Conserver la Santé, par l'Instinct (par Jean DEVAUX,
chirurgien de Paris). A
Leyde, chez de Graef,
pour
l'Autheur. 1682.
Une vignette analogue, moins bien soignée comme
exécution
et d'un plus grand modèle figure sur les titres des cahiers
mensuels
de: LA
PIERRE DE TOUCHE POLITIQUE (par Eustache LE
NOBLE),
imprimés sous la rubrique
d'Oxford,
1690-91. La tortue y
est tournée en sens inverse de la nôtre et la
devise QVI. VA. PIANO. VA. SANO surmonte le PAULATIM. M. Luzarche avait
fait
frapper ce dernier fleuron sur les plats de plusieurs des volumes de la
bibliothèque qu'il a livrée aux
enchères en 1868.
PAGE
10. elle a
disparu avec la flote Angloise. GUILLAUME III
était mort le 19 Mars 1702 et le
14 Mai suivant la reine ANNE avait
déclaré la guerre à
la France et à
l'Espagne. Le 23 Août les vaisseaux de la marine anglo-batave
paraissaient
devant Cadix. (V. HENRI MARTIN, Histoire de France, 4me éd. tome XIV.)
PAGE 11. un Sonnet sur deux rimes.
On
trouvera dans les AMUSEMENTS PHILOLOGIQUES
de Peignot,
les CURIOSITÉS
LITTÉRAIRES de Ludovic
Lalanne et les RECHERCHES SUR LES JEUX
D'ESPRIT,
par A. Canel,
Evreux 1867, un
certain nombre de pièces de vers qui, du commencement
à la fin, ne
reposent que
sur deux rimes. Nous y relevons l'épitaphe suivante de
Pierre de Marca,
nommé
Archevêque de Paris en 1662 et mort le jour de son
installation :
Ci-git l'illustre de Marca,
Que le plus grand des rois marqua
Pour le prélat de son église;
Mais la mort qui le remarqua
Et qui se plait à la surprise
Tout aussitôt le démarqua.
La Canonisation
de Saint-Yves, conte en vers de Grosley
(imprimé pour la Société des
Bibliophiles François, en 1826) n'offre également
que deux rimes, ise
et ier.
PAGE
12. Le
fleuron de cette page, souvent employé par
Wolfgang, nous rappelle une locution populaire d'Alsace : Das heiszt man in
eine geige furzen.
PAGE
15. Le
cul-de-lampe est tiré de la MORALE PRATIQUE
DES JÉSUITES,
imprimée par Daniel
Elzévir, sous la rubrique de Cologne,
Gervinus Quentel, 1669.
L'expression que
nous venons d'employer est usitée de tous les amateurs de
livres
illustrés.
Mais nous convenons volontiers avec Voltaire qu'elle peut faire
«
rougir
les Dames, à qui nous devons tous un si profond respect
» et «
qu'un
ornement, une petite vignette, ne ressemble ni à un C. ni
à une Lampe.
» (V. la
Réponse au Sieur Panckoucke,
Libraire de l'Année littéraire, du 24 mai 1764 et
le prologue de la Guerre Civile de Genève, ou les Amours de ROBERT
COVELLE,
1768).
PAGE 18.
les eaux
de la Taille. La fontaine minérale de la Taille est
située sur le
territoire de
la commune de la Haye-d'Ectot, arrondissement de Valognes, à
25
kilomètres
environ au S.-O. de cette ville près de la route de
Barneville. On voit
sur la
carte de Cassini (feuille n° 126) qu'elle verse ses eaux
à la rivière
de
Gerefleur qui tombe dans la mer au hâvre du Carteret.
Le
dictionnaire
universel de la France (par SAUGRAIN), Paris 1726, in-f°, donne
les
indications
suivantes (tome second, col. 152) : " La Haye d'Ectot,
ou
la Haye d'Hutot, dans la Normandie,diocèse de Coutances,
Parlement de
Roüen, Intendance de Caen, Election de
Valognes a 294
habitants. Il y a un Prieuré nomme la Taille, dont
le Titulaire est curé de la Paroisse : c'est toujours un
chanoine
Régulier de l'Abbaye de Cherbourg,
laquelle y présente.
Il y a dans l'enceinte du Prieuré une fontaine d'eau
minérale assez
fréquentée, avec plusieurs logemens "pour les
buveurs: ce qui fait un
second casuel au curé.
"
La fontaine de la
Taille est également mentionnée dans le
Dictionnaire géographique de BRIAND-DE-VERZE.
Paris. 1839 (p. 666) et dans le
grand dictionnaire de
géographie universelle de BESCHERELLE
et DEVARS,
tome III, page 684 à l'article
Manche (département de la).
Les deux
volumes
de l'Annuaire des eaux de la France, publiés en 1851 et 1854
par le
Ministère
de l'Agriculture et du Commerce, ne contiennent aucun renseignement sur
les
eaux de la Taille.