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Normandie : Revue régionale illustrée mensuelle de toutes les questions intéressant la Normandie N°3 - Juin 1917
Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.Normandie : Revue régionale illustrée mensuelle de toutes les questions intéressant la Normandie : économiques, commerciales, industrielles, agricoles, artistiques et littéraires / Miollais, gérant ; Maché, secrétaire général.- Numéro 3 Juin 1917.- Alençon : Imprimerie Herpin, 1917.- 16 p. : ill., couv. ill. ; 28 cm.
Numérisation : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (28.XI.2013).
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros] obogros@lintercom.fr
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : 41060-nor598).


NORMANDIE

REVUE RÉGIONALE ILLUSTRÉE MENSUELLE
DE TOUTES LES QUESTIONS INTÉRESSANT LA NORMANDIE
Économiques, Commerciales, Industrielles, Agricoles, Artistiques et Littéraires

PREMIÈRE ANNÉE. - N°3   JUIN 1917

Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.

~*~

La Vie Rurale
Et la Production Agricole
Au Pays Normand

(Troisième article de la série.)

II

POUR LA TERRE NORMANDE ET LES TRAVAILLEURS RURAUX. — L'ÉLEVAGE ET LES SPÉCULATIONS ZOOTECHNIQUES DANS LE CALVADOS. — L'INDUSTRIE CHEVALINE ; SES DIVERSES PRODUCTIONS : LE CHEVAL D'ARMES ET LE CARROSSIER. — LE TROTTEUR ET LE CHEVAL DE GROS TRAIT. — LE DEMI-SANG ANGLO-NORMAND. — L'EXPLOITATION DE LA RACE BOVINE. — LE HERD-BOOK NORMAND. — LE SOLDAT-LABOUREUR. — « ENSE ET ARATRO ». — RÉPONDONS A L'APPEL DE LA TERRE NOURRICIÈRE.
 
Dès le début de l'œuvre que nous avons entreprise ici, en faveur du principe de décentralisation, dont notre belle province doit bénéficier, nous avons montré que, dans l'ordre social, économique, et pratique, le succès du régionalisme est intimement lié au retour à la terre, à l'exploitation intensive de la terre normande ; nous avons opposé aux avantages factices de l'émigration vers les agglomérations urbaines, les réalités calmes, reposantes, saines et plus profitables, à tous égards, de la vie et du travail aux champs.
 
Il semble que le problème régionaliste offre une importance singulièrement rehaussée, accrue par la situation présente, surtout si l'on considère l'urgence des mesures qui, après la guerre, s'imposeront pour assurer à notre agriculture les bras et les intelligences, les organismes et les capitaux dont elle a et aura, plus que jamais, un impérieux besoin.

Que sera demain ? Quelle orientation nouvelle devra-t-on donner à la marche de la production générale pour la mettre en harmonie avec l'évolution que nous devons envisager ? Dans quelle voie diriger cette masse de braves gens qui travaillent pour vivre et dans l'enfer de la vie industrielle, dans les grandes agglomérations populeuses, ne savent plus où donner de la tête, tant les difficultés de l'existence augmentent ?

La solution vraie, la seule, se trouve dans le retour aux champs, à la vie rurale.

Le retour à la terre n'est pas une pure idylle qui, du reste, n'aurait pas sa place dans une société positive comme la nôtre. La crise agricole cessera lorsqu'on saura s'organiser pour assurer à l'habitant des campagnes tous les avantages, tous les profits, tous les biens que la terre doit procurer ; lorsque, notamment, on aura facilité davantage l'acquisition de la propriété par l'intervention du crédit agricole, et donné à l'ouvrier agricole et au fils du petit propriétaire les moyens d'acquérir le lopin de terre ou d'agrandir le bien-fonds, non seulement par le crédit agricole, mais encore et surtout par la réduction des frais iniques de mutation qui grèvent la petite propriété.
 
C'est bien ici l'occasion de rappeler et de méditer la belle pensée d'Emile Augier :

Remettez en honneur le soc de la charrue ;
Repeuplez la campagne aux dépens de la rue ;
Grevez d'impôts les villes et dégrevez les champs ;
Ayez moins de bourgeois et plus de paysans.

Dans notre Normandie, comme ailleurs, il faut des hommes qui sachent parler aux paysans, réfuter devant eux les funestes errements, les croyances néfastes en une vie meilleure, moins pénible et plus productive pour l'homme des champs émigré à la ville. Il faut faire pénétrer chez ce dernier cette vérité que le cultivateur suffisamment instruit, homme d'ordre et de progrès, est certain de tirer de son capital un bon revenu tout en vivant sur sa terre plus largement que beaucoup de bourgeois. La Normandie, par son sol admirable, par sa fécondité et son climat, qui se prête à une grande variété de productions, justifie absolument cette vérité. Contrée essentiellement agricole, elle n'a pas, comme d'autres pays, à subir de profondes transformations pour développer ses richesses ; elle n'a pas à restreindre une expansion industrielle pour opérer sa conversion agricole, car ainsi que nous l'avons montré, dans un précédent article, les caractères variés de l'agriculture, de l'exploitation du sol, dans ses diverses régions naturelles, placent au premier plan cette source de richesses.

L'examen d'une des plus importantes branches de production de la terre normande : l'élevage et les spéculations zootechniques, que nous allons aborder aujourd'hui, éclairera ceux qui désirent s'instruire, fortifiera dans leurs convictions ceux qui estiment que l'on ne saurait trop faire pour la diffusion des connaissances utiles à la cause du régionalisme.

L'ELEVAGE DANS LE CALVADOS

De temps immémorial, le département du Calvados est réputé pour l'importance et la valeur de son élevage, surtout en ce qui concerne les espèces chevaline et bovine.

L'industrie chevaline, en particulier, présente un intérêt d'autant plus grand qu'elle produit cette puissante cavalerie nécessaire à la Défense nationale. Dans l'arrondissement de Caen, le type qui réussit le mieux est le cheval de cuirassier et le cheval de dragon. On y produit aussi l'artilleur-selle. Avant la guerre, les remontes militaires achetaient à Caen, chaque année, environ 2.000 chevaux, au prix de 1.000 à 1.100 francs l'unité, en chevaux de trois ans et demi, ce qui donnait un bénéfice appréciable à l'éleveur en lui procurant de l'argent à une époque où l'on en a besoin pour acheter de jeunes chevaux.

Les éleveurs de la plaine de Caen ne sont pas, à vrai dire, des naisseurs ; ils achètent principalement dans la Manche, soit au sevrage, soit antenais, les sujets destinés d'abord aux travaux agricoles, puis, à être vendus ultérieurement à la remonte et au commerce.

Depuis une quinzaine d'années, le cheval percheron a pris une certaine place dans les écuries de la plaine où il fait le service de limonier ; il en est résulté une certaine diminution du nombre des produits de demi-sang. Mais, en temps normal, tout acheteur qui vient à Caen pour choisir une belle paire de carrossiers, est assuré de trouver là, ou aux environs de Caen, le nombre et la qualité qu'il chercherait en vain dans d'autres contrées. L'automobilisme — quoi qu'on dise — n'a pas complètement supprimé l'usage du carrossier élégant, aux brillantes allures ; au contraire, il est curieux de constater que l'industrie chevaline a progressé malgré le développement considérable acquis par la traction mécanique.
 
Dans l'arrondissement de Pont-l'Evêque, on fait naître, pour vendre, au sevrage, dans la plaine de Caen, la plupart des poulains mâles de demi-sang, sauf cependant ceux d'origine trotteuse.
 
Cette partie de la Normandie élève le cheval de demi-sang et produit des trotteurs et des carrossiers très recherchés. On y pratique aussi l'élevage du cheval de trait percheron ou genre percheron, dont les produits se vendent facilement pour la culture et les transports, en France et à l'étranger. Si le demi-sang bien réussi a une valeur égale au percheron, en revanche, un percheron de qualités médiocres, se vend relativement beaucoup mieux qu'un demi-sang dans les mêmes conditions. Si l'on excepte le grand trotteur ou le cheval de tête pour la remonte, on constate qu'un bon cheval de trait vaut aussi facilement 1.000 à 1.200 francs, à quatre ou cinq ans, qu'un bon demi-sang ; cette observation s'applique, bien entendu, au temps des conditions normales de la production, c'est-à-dire aux faits observés avant la guerre.
 
L'industrie chevaline est moins spécialisée dans l'arrondissement de Lisieux où les principaux centres d'élevage sont à Mézidon, Moyaux, Orbec, Saint-Pierre-sur-Dives. L'élevage ne suffit pas aux besoins locaux bien que la plupart des poulains soient vendus à des acheteurs des pays voisins produisant les fourrages et l'avoine indispensables pour un élevage rationnel. Le cheval anglo-normand et le percheron sont employés aux travaux agricoles ; mais on emploie aussi beaucoup de sujets issus de divers croisements (percherons, bretons, demi-sang). On recherche surtout les étalons percherons et les demi-sang pour la monte dans la région.
 
Dans l'arrondissement de Falaise, en particulier dans la plaine à sous-sol calcaire qui s'étend sur une partie des cantons de Bretteville-sur-Laize, Falaise-Nord et Morteaux-Coulibœuf, on trouve des chevaux de demi-sang anglo-normand, tandis que les chevaux de gros trait (bretons, percherons) sont entretenus un peu partout, mais surtout dans le canton de Thury-Harcourt et certaines parties des quatre autres cantons.

La production sur place des chevaux anglo-normands entre pour un tiers environ dans le nombre des sujets élevés. Les sujets importés (environ 70 % de la population chevaline), le sont au sevrage ou à 18 mois, 2 ans et 3 ans. Le département de la Manche fournit 80 % de l'importation totale, le reste vient d'autres localités du Calvados, un peu de l'Orne, et même de la Vendée. Les chevaux de gros trait sont importés du Perche et de la Bretagne (pays de Léon). L'élevage du cheval de demi-sang comporte deux spéculations : la production du cheval d'attelage de luxe et celle du cheval de troupe. Les primes d'encouragement ont contribué à propager la sélection des bonnes poulinières. Il y aurait intérêt à encourager semblablement l'élevage rationnel du cheval de trait surtout en accordant des primes aux propriétaires d'étalons d'un modèle parfait. La caractéristique de la production chevaline, dans l'arrondissement de Bayeux, est dans l'élevage des poulains de dix-huit mois utilisés à la culture jusqu'à l'âge de 3 ou 4 ans, époque à laquelle les plus beaux poulains sont vendus comme étalons ou comme chevaux de luxe, les autres, qui forment le plus grand nombre, sont vendus à la remonte à des prix variant de 850 à 1.000 ou 1.100 francs. Les sujets moins bons — que l'on appelle des parisiens — sont vendus comme chevaux de fiacre pour Paris, au prix de 500 à 800 francs.

A l'ouest de Bayeux, principalement dans les cantons d'Isigny et de Trévières où domine le régime herbager, on entretient beaucoup de poulinières ; les éleveurs gardent les pouliches et vendent presque tous les mâles avec leur mère, c'est-à-dire à six ou sept mois. Les prix varient beaucoup, suivant l'origine du poulain et sa conformation. Le bon poulain, d'origine modeste, se vend facilement 400 à 500 francs. Les sujets médiocres sont achetés par les herbagers, qui les gardent un an à l'herbe et les vendent ensuite aux agriculteurs de la plaine ou de la contrée. Achetés de 80 à 300 francs, ces poulains sont revendus, au bout d'un an, avec une plus-value de 250 à 300 francs. Le commerce ou la remonte achètent les poulinières à l'âge de 5 ou 6 ans.
 
Enfin, dans l'arrondissement de Vire, on obtient le demi-sang par croisement continu entre les juments du pays avec les pur-sang et les demi-sang trotteurs et carrossiers du haras de Saint-Lô. L'élevage du cheval est très développé dans ce pays d'herbe ; on produit même le cheval de trait genre percheron dans les régions de Vassy et de Condé-sur-Noireau.

C'est à la manière intelligente dont les poulains sont élevés dans cette partie de la Normandie que les produits de la Manche, du Merlerault, du Bessin et du pays d'Auge doivent leur légitime et très ancienne renommée. Les croisements avec des étalons de pur-sang aux performances et origines bien connues ont permis d'obtenir des produits dont la taille, le volume, la conformation, l'élégance sont en rapport avec les grandes qualités du cheval normand, dont on a développé, en même temps, l'ardeur et la résistance. La Société d'encouragement pour l'amélioration du cheval de demi-sang a contribué puissamment à ces brillants résultats obtenus dans l'industrie chevaline du Calvados, si précieuse pour les remontes de notre cavalerie.

L'élevage de l'espèce bovine comprend, dans le Calvados, les diverses formes de l'exploitation animale, dans leurs caractéristiques les plus intéressantes et les plus rémunératrices : animaux reproducteurs, exploitation des vaches laitières pour la vente du lait, la fabrication du beurre et du fromage, et bétail soumis à l'engraissement à l'herbage. L'élevage et l'industrie laitière peuvent être une source de profits importants pour le cultivateur, mais ces spéculations zootechniques, plus productives que l'engraissement, sont encore trop négligées dans bien des situations où elles devraient être des plus prospères. L'avenir de la belle race normande est du reste intéressé à ce développement qui mettra en valeur, davantage encore, les qualités laitières de la race. Cette spéculation animale : la production laitière, doit aller de pair avec l'exploitation herbagère, produisant l'animal gras, particulièrement apprécié par la boucherie, car la race normande a été sélectionnée en vue de cette fonction économique tout aussi bien que pour les qualités laitières. Avec le temps, des modifications ont été apportées à la conformation du bœuf normand destiné à la boucherie. Aux grands bœufs cotentins, à la taille gigantesque, jadis recherchés pour la promenade carnavalesque du bœuf gras, à Paris, se sont substitués des animaux à squelette beaucoup plus réduit, précoces, s'engraissant facilement, ayant la poitrine ample, le dos large et une conformation en quelque sorte parallélipipédique.
 
Le Herd-Book Normand, ou Livre généalogique de la race normande, a exercé une heureuse influence en propageant les principes de la plus judicieuse sélection qui a fait de la race normande une race à double aptitude et qui, suivant les conditions d'alimentation où elle se trouve placée, peut donner des résultats différents. Il en est résulté que l'animal d'élevage importé du Bocage ou de la Manche dans le pays d'Auge a pris la caractéristique de la variété augeronne, tandis que le même animal élevé dans le Bessin et y parvenant à l'âge adulte y conserve les caractères propres à la variété cotentine. Ce qui atteste, d'une façon indiscutable, les mérites et la valeur de l'élevage normand, c'est que l'on a su conserver le rendement en lait, qui constitue un des plus clairs revenus de la Normandie, dont une grande partie des prairies sont ce qu'on appelle les herbages à lait.

Ce rapide examen de la production animale dans les gras pâturages du Calvados n'est qu'un premier aperçu des richesses de l'élevage. Nous compléterons, par des détails circonstanciés, qu'exposeront des études ultérieures, cette revue des éléments de l'élevage au pays normand.
 
Qu'il nous soit permis de faire remarquer le vif intérêt qu'offre l'agriculture normande, dont nous avons fait ressortir, au cours de ces premières études documentaires, l'énergie productrice ; car ce nous est une raison d'insister encore, et plus que jamais, sur la nécessité de rester fidèle à la bonne terre normande, dispensatrice de ces bienfaits, qui doivent être plus appréciés par cette jeunesse ardente et généreuse qui, actuellement, en défendant, avec une énergie indomptable, le sol de la Patrie, doit mieux ressentir cette ardeur combative, née d'un instinct que suscite, développe, exalte le culte de la terre natale.

A ces vaillants jeunes hommes, rappelons la fière devise du maréchal Bugeaud : Ense et Aratro, par l'épée et par la charrue. Ils mettront en pratique la devise du célèbre maréchal en retournant aux champs, en continuant à féconder, par le labeur, la douce terre de France, après l'avoir fécondée de leur sang ! L'histoire leur a légué le souvenir de Francœur, le soldat-laboureur de 1815, aimant d'un même amour la gloire des armes et la terre nourricière :

Au beau pays qui m'a vu naître,
Utile jusqu'au dernier jour,
Apprenez que Francœur veut être
Soldat-laboureur tour à tour.

Ils ne resteront pas insensibles à l'appel de la terre nourricière — grande consolatrice de tant de maux — à cet appel qu'évoque, en des termes émouvants, admirables par la noblesse du sentiment qui les inspire, notre érudit confrère, René Dubreuil, lorsqu'il dit, en parlant de la terre natale :
 
« C'est là que vous trouverez non seulement la richesse, mais le repos et le bonheur. La terre est si loin des agitations, elle est si calme que le malheur et les vices y viennent moins vite. La graine qui lève fait mourir la colère qui monte. Le ciel qui est bleu dissipe les tristesses qui surgissent.... Pourquoi enfermer vos jeunesses, qui ont besoin d'air pur, dans les usines sombres où les jours de paye sont des jours de folie ? Pourquoi comprimer vos poumons dans le noir des ateliers et la fumée des cabarets ? Ici, vous aurez des jours clairs, des soirées douces, des musiques parfumées, des nuits splendides et des aurores accueillantes. Vous verrez, au jour levant, non pas le spectacle endeuillé des cheminées qui crachent, mais l'éblouissement du soleil sur les épis qui mûrissent et sur les fleurs qui s'ouvrent. Vous aurez la vie large, vous aurez la vie belle, vous aurez la vie de la béatitude laborieuse... Vous vivrez, enfin ! Et puis, après la grande guerre, pour les combats de demain, pour la lutte économique, pour l'exaltation de notre vitalité productrice et la prospérité de vos foyers, voici l'arme toute prête : cette terre qui, seule, par la magie de votre volonté et par le miracle de vos mains, peut se relever triomphante et superbe. Allez à elle ! Réfugiez-vous contre son sein ! Laissez-vous bercer par ses chansons ! Elle produit tout, elle donne tout, elle ennoblit tout. Elle symbolise la gloire comme elle enfante l'amour. »

Que, dans nos campagnes normandes, la jeunesse médite les saisissantes vérités et les sages conseils qui ne pourraient être mieux ni plus dignement exprimés qu'en ce noble langage, car moralement et matériellement, le culte de la terre est l'expression même du grand rôle social que joue l'homme des champs, en assurant, par son rude et constant labeur, les moissons fécondes de demain.

Henri BLIN,
Lauréat de l'Académie d'Agriculture de France.


*
* *

RICHESSES MINIÈRES
de Normandie


MINES DE HOUILLE

III

MINE DU PLESSIS

L'exploitation de cette mine, qui a cessé en 1861, a été peu régulière, faite sans méthode et parfois en dépit même des règles de l'art ; elle a été, d'ailleurs, généralement onéreuse, grevée qu'elle était de frais généraux trop élevés par rapport à sa production, et par suite d'énormes dépenses engagées pour des travaux de recherches infructueuses.
 
De plus, cette concession ayant fréquemment changé de propriétaire, la direction et la conduite des travaux s'en est ressentie, et c'est là surtout, la cause des insuccès continuels qui a dominé l'exploitation de la mine du Plessis.

C'est en 1757, que Mathieu de Flandre entreprit les premiers travaux d'exploitation du gisement du Plessis ; de peu d'importance, ces travaux furent abandonnés après la reconnaissance de quelques affleurements de houille.

En 1778, une permission d'exploitation fut obtenue par M. Tubeuf, qui se fit accorder en 1781, la concession de toutes les mines du diocèse de Coutances. Un puits de 73 pieds de profondeur et des tranchées permirent l'exploitation de quelques minces filets de houille dont le rendement fut insignifiant, aussi cette exploitation fut-elle abandonnée en 1782.
 
En 1793, une nouvelle Société obtint du Comité de Salut Public une concession de 45 ans sur un périmètre de six lieues carrées. Elle entreprit des travaux assez considérables ; six puits furent creusés : fosse Michel de Lanne, fosse Saint-Thomas, fosse Sainte-Barbe, fosse Sainte-Anne, fosse des Recherches, et fosse intermédiaire. L'extraction de 1794 à 1811, fut de 185.000 hectolitres de houille. Les travaux gagnant en profondeur, les difficultés causées par l'épuisement des eaux, qui ne se faisaient qu'à bras d'hommes, furent bientôt insurmontables, et l'exploitation cessa en 1811.
 
La concession passa en 1828, entre les mains du comte de Montmarie, mais avec une superficie restreinte à 4.761 hectares ; les travaux d'exploitation repris en 1829, furent de nouveau suspendus en 1830 jusqu'en 1836, époque à laquelle la mine fut achetée par la Société Fantet et Cie. De 1836 à 1843, d'importants travaux furent accomplis : approfondissement du puits Sainte-Barbe, fonçage du puits Fantet et du puits Saint-Louis, puits de la rue de Beaucoudray, sondages divers, canal du Plessis à Beaupte, et l'exploitation fut menée avec toute l'activité compatible avec les débouchés restreints ouverts aux produits de la concession ; 300.000 quintaux métriques furent extraits pendant cette période.
 
Mais, en 1845, à la suite de dépenses mal engagées par le gérant de la Société, celle-ci, à bout de ressources, vendit la mine au comte de Castellane.
 
Les puits de Castellane, de Béthune, et des Recherches furent foncés dans une région jusqu'alors inexplorée de la concession, mais les événements de 1848 suspendirent les travaux jusqu'en 1851. C'est à cette époque que fut décidée l'exécution d'un grand sondage dans le marais du Plessis ; ce sondage, terminé en 1854, sans avoir donné les résultats qu'on en attendait, les travaux furent à nouveau suspendus jusqu'en 1858, où, sous une nouvelle direction, on fit quelques sondages, et les puits Félix, de la Sonde, et Denis, mais en 1859, les travaux furent suspendus à nouveau et arrêtés complètement à la mort du comte de Castellane en 1861.

Les travaux furent, d'ailleurs, toujours conduits de façon à obtenir un rendement immédiat, en exploitant les affleurements de houille et en fouillant les entêtures de couches, sans se rendre compte que l'on compromettait l'avenir en rendant fort onéreuse l'exploitation en profondeur, par suite des difficultés d'épuisement.
 
De l'avis des gens autorisés, aucun travail d'exploitation n'a été entrepris là où il aurait fallu l'exécuter, du côté du marais de Gorges. Une tentative y fut faite en 1852, par M. de Castellane, mais il n'en a pas été tiré tout le parti possible.

La qualité du charbon du Plessis est très variable ; cependant, on a extrait d'assez bons charbons pour la cuisson de la chaux ; on a même pu les utiliser pour le chauffage des chaudières à vapeur ; et sur certains points, on a rencontré de la houille maréchale d'assez bonne qualité.
 
Comme celui de Littry, le charbon du Plessis peut être classé dans les houilles grasses à longue flamme, mais il est très inégal par suite d'une proportion variable de matières stériles.

Sa composition, d'après des analyses faites sur des échantillons choisis, se rapproche beaucoup de celle des menus lavés de Littry, qui ont trouvé d'importants débouchés dans la fabrication du gaz d'éclairage.
 
La remise en exploitation de la mine du Plessis est désirable, et il est à présumer qu'après les nouveaux sondages qui devront être entrepris dans la région du Marais de Gorges, il serait possible à une entreprise d'y prospérer.

A. MACHÉ.


*
* *

Rouen et les Anglais (1)

A Georges NORMANDY.


I. — SOUHAIT

O douceur de nos paysages :
Fleuves paresseux... vallons doux...
Saules argentés... chênes roux...
Douceur des beaux ciels sans nuages !

Vous qui passâtes, près de nous,
Dans nos villes et nos villages,
Plus tard, malgré l'espace et l'âge,
Rappelez-vous... rappelez-vous !

Qu'il vous soit, aux heures lointaines
Où seront oubliées les haines,
Notre pays harmonieux,

Comme un rêve que l'on caresse
Et qu'on peut revivre sans cesse
Simplement en fermant les yeux.

II.— LA LETTRE

« Petite chose... il pleut beaucoup
Dans ce ville où je me ennuie :
Je n'aime pas beaucoup le pluie
Mais, quand il pleut, je pense à vous.

London semble loin comme tout.
Vous, êtes-vous toujours jolie ?
Aimez-vous moi, mon très chérie ?
Lilian, hélas ! i love you.

Je reviendrai bientôt, j'espère,
Vous épouser, ô chose chère
Mais d'ici là... remember me...

Il pleut... Il pleut... Le ville est triste !
Vous seule au monde, dear, existe
Dedans le cœur de votre ami. »

III.— INDE

Devantures... pavés... ruisseaux...
La ville est surprise et s'effare
De s'éveiller dans les fanfares
Et de buter dans les faisceaux.

Je vois venir, sur des vaisseaux,
Des guerriers nobles et bizarres
Dont les uniformes se parent
Des mystères orientaux.
Par d'inexplicables magies,
Voici qu'à Rouen sont surgies
Les splendeurs du Coromandel ;

Et peut-être un jour, dans nos rues,
Verrons-nous, mâchant le bétel,
Des jeunes filles danser, nues !

Pierre VARENNE.

(1) Sous ce titre, notre excellent collaborateur Pierre VARENNE va faire paraître un volume de vers et de proses illustré, en collaboration avec M. Robert Delamare. Cet ouvrage se compose actuellement chez Wolf, le maître-imprimeur rouennais bien connu.


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* *

FIGURES NORMANDES
Louis Ménagé

 
Le hasard d'une lecture m'avait fait juger, avant la guerre, que Louis Ménagé était un bon poète, mais j'ignorais tout de lu, sinon qu'il était Normand, puisque né dans l'Eure, à Verneuil.

Un livre, pas bien gros, en vérité, et qui contient pourtant toutes ses œuvres, toute sa vie, vient de me dévoiler quelle belle âme enthousiaste et courageuse animait ce modeste ouvrier sculpteur, qui, à vingt-sept ans, s'était improvisé poète, puis tombait, deux ans plus tard, officier, au champ d'honneur ! Aucune carrière d'écrivain ne fut, peut-être, aussi courte et aucune, sans doute, ne fut mieux remplie.

L. Ménagé avait deux amours : sa Normandie et sa France, et tous ses poèmes exaltent l'une ou l'autre plutôt l'une et l'autre, car, écrit Ménagé, la Patrie

C'est le toit qui nous vit chérir de notre mère,
C'est le clocher natal, les souvenirs qu'il porte,
De deuils et de splendeurs c'est le bel héritage
Que nous ont confié, sans crainte, nos aïeux,
Et que nous accroîtrons chaque jour davantage
Par un honneur sans tache et des faits glorieux.

Si le Comité d'amis et de lettrés qui a recueilli et publié les vers de Ménagé, a donné au recueil ce titre évocateur : Pieusement pour la Patrie, ce n'est pas seulement parce que l'auteur est mort pour la France, en héros — c'est surtout parce que la plupart de ces poèmes, tous écrits avant la guerre, sont d'un pieux et fervent patriote et que, ce titre, il l'aurait aimé !
 
En lisant le livre, on suit pas à pas l'évolution de ce cœur généreux et loyal depuis Ciel normand, qui ouvre le recueil :

Vers toi, cher ciel natal qu'ont reflété mes yeux,
Au dernier de mes jours, s'envolera mon âme !

jusqu'à : En avant, qui le termine, et qui, écrit à la veille de la guerre, par un homme que, deux mois plus tard, la guerre devait abattre, prend une  poignante  signification :

Debout, la guerre est déclarée !
Petit soldat, mets sac au dos,
Embrasse ta mère éplorée :
Va te faire sacrer héros !

Les premiers poèmes chantent le pays natal, ses traditions, ses croyances — le vieux clocher :

Et plus nous vivons, plus nous l'aimons ce clocher !
Enfant, on fut bercé par sa voix familière,
Vieillard, courbé des ans, on veut s'en rapprocher
Pour en recevoir, mort, l'éternelle prière !

Les Vieux Chaumes :

Bienheureux qui peut vivre au chaume de ses pères,
Partager leur croyance et marcher dans leurs pas,
Creuser du même soc les mêmes champs prospères :
Celui-là reste fort et ne murmure pas !

Ou nos Sentiers :

Ce sont eux les charmants liens
Qui tiennent serrés en guirlande
Nos cœurs, les vigilants gardiens
De la vieille terre normande !
 
Les Pommiers évoquent les ancêtres de notre race :

Fouillez les cendres des aïeux,
Pour donner à nos fils leur force...

Et aussi l’'Angélus :

La cloche, voix d'En-Haut, pour mieux unir la race
Sonne, à l'âme des lits, le Credo des aïeux.
 
Mais l'amour de la petite patrie prédispose, insensiblement, le poète à mieux aimer la grande et des envols plus larges animent peu à peu ses vers, lorsqu'il glorifie les Epis normands :

Dressant, parmi vos dards, les fiers coquelicots
Qui semblent, tout saignants, chanter des Marseillaises !

Et les Falaises de France qui bravent les assauts furieux de la mer :

Forte image de la Patrie
Qui sort de ses luttes sans fin
Libre, souriante et fleurie !

Dans chaque poème suivant l'idée de Patrie prend la première place : Le Défilé, Au Drapeau, La Retraite.

Français, soyons heureux ! Notre pays est fort
Des floraisons sans fin de nos vertus guerrières ;
La France peut compter sur l'unanime effort
S'il nous fallait, un soir, mourir sur les frontières...

Ce sont mieux que des phrases, ces vers, ce sont presque des prophéties :

L'union, l'union trois fois sainte des cœurs
Nous fera, dans l'amour, vaincre toutes les haines.

Ou encore :

…………………….. Un jour nous ferons voir
Qu'ils valent leurs aînés les jeunes fils de France
 
Ce jour-là est venu, et Louis Ménagé, le bon poète, l'ardent patriote, est parti faire son devoir, mieux que son devoir. Il a tenu la promesse qu'il faisait en évoquant ses Soldats de plomb, ses amis  d'enfance :

Nous nous battrons, un jour, braves comme eux
Dans les luttes, du Droit gardiennes,
Et nous irons rouges, bleus, radieux,
Devant les balles prussiennes !

Hélas ! une « balle prussienne » a renversé le petit soldat, a brisé son épée, cassé sa plume, broyé son ébauchoir, et le sous-lieutenant Louis Ménagé, poète, sculpteur et soldat, s'en est allé, comme il l'avait rêvé, vers la gloire, pieusement... pour la Patrie... pour sa Normandie !

CAMY-RENOULT


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Le 311e Anniversaire de Corneille
 
A l'occasion de cet anniversaire de Pierre Corneille, « les Cornéliens » sont allés le dimanche 3 juin, à 9 heures du matin, place du Panthéon à Paris, porter une magnifique gerbe de fleurs au pied de la statue qu'ils ont contribué à faire édifier.  L'après-midi, à leur siège social, 111, avenue Parmentier, ils ont offert gracieusement à un nombreux auditoire de blessés et de futurs conscrits une représentation d'Horace.  Souhaitons que les circonstances permettent que le prochain anniversaire soit célébré en Normandie, comme le fut celui de 1904, à Petit-Couronne.


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Permettez-nous, amis lecteurs, d'insister sur ce point : Le lecteur au numéro qui achète régulièrement notre Revue prouve qu'il s'intéresse à cette publication, mais il ne représente pas pour elle la valeur d'un abonné ; chacun peut s'en rendre compte. En s'abonnant, il nous aidera plus efficacement à réaliser le programme que nous lui avons soumis et qui n'a d'autre but que la prospérité et la gloire de notre petite patrie.


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L'Angelus à Jumièges

A Gaston LE RÉVÉREND.

Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.Pendant trois longs jours, j'avais parcouru la péninsule de Jumièges, et avec quelle joie je reprenais contact par l'âme, avec l'âme de mon pays. En juillet, les routes, poussiéreuses, bordées de saules cagneux et de peupliers élancés et tremblants, sont brûlantes à suivre, mais l'on oublie vite la fatigue du chemin quand, vers le soir, le vent éternel de la plaine se remet à souiller ses âpres mélodies, et que le ciel prend ses teintes de couchant triomphal... Et puis, pour maintenir les yeux, c'est-à-dire l'âme, dans le visionnement des choses héroïques, l'on rencontre parfois dans la plaine, sur le bord des fossés, de vieilles pierres façonnées — vestiges de l'abbaye dont la destruction fut si longue et qui, pourtant, érige toujours ses deux tours au-dessus du bourg, ainsi que deux signes éternels sur la terre...

Vers le soir, je rentrais dans le bourg... C'était l'instant de l'Angelus... L'humble et vieille église paroissiale surplombe, du haut d'une éminence naturelle, la vallée si proche — et qui paraît si lointaine — de la Seine... La cloche tintait, et elle tinta longtemps, prodiguant ses symphonies vespérales de bronze, dans le soir rose qui s'affirmait plus splendide sur le bourg, sur la plaine et sur le fleuve, dessinant mieux les formes fixes des peupliers alignés, lointainement dans la vallée. Et elle sonna, la cloche, avant Yainville, comme si elle avait hérité de la priorité de voix que possédaient, autrefois, les cloches abbatiales sur tous les clochers de la Péninsule... Sa voix harmonieuse, si suave dans le soir, s'épandit sur le petit cimetière où dorment mes aïeux. Elle les enveloppait d'une gloire hautaine de bronze, dans la pourpre du couchant, et, devant cette fin de tout, cette poésie menacée par les villes modernes, je sentais venir les larmes...
 
Magnificence d'un tel soir ! Evocations du temps jadis où les aïeux habitaient dans leurs vrais logis de chaumes…… Que diraient-ils, s'ils revenaient, les bons vieux ? Reconnaîtraient-ils ceux qui sont là, et qui ont changé de costume, renié presque les coutumes séculaires qui avaient leur origine dans l'âme du peuple, fui vers la Ville qui les engloutit, au moment du grand sommeil, dans les fosses anonymes de ses Nécropoles ?... Ah ! quels reproches ils me feraient !... Rester, dormir à jamais dans ce petit cimetière, près des aïeux à l'esprit lumineux et si humainement simple... Ne plus comprendre, ne plus raisonner sur la beauté, parce qu'en ces paysages fleurissent naturellement les pommiers et germent les blés d'or...

Yainville sonna son Angélus, lointain...

Et les ombres du soir s'étendirent sur le cimetière et la péninsule...

Je suis revenu dans la ville...
 
Dans la chambre, en l'intimité des cadres enclosant les paysages et les figures aimés, parmi les bibelots qui soutiennent un peu les ailes fragiles des visions renouvelées, je travaille... Le soir tombe, le soir, triste et doux comme un rêve qui meurt... Et il y a aussi sur la ville des cheminées, des fragments de pourpre, et la lune qui passe a navigué au-dessus de ma péninsule bien-aimée....

Mais voici qu'une cloche se met à sonner..,

Or, le son de cette cloche est semblable au son de la cloche de Jumièges... Je revois, alors, tout ce que j'ai vu là-bas : les plaines mélancoliques, les peupliers élancés, tremblants, puis fixes dans l'accalmie du soir, le fleuve brillant, et les saules cagneux endormis au bord des fossés, sous les dernières caresses de l'astre... Et je revois encore le petit cimetière si intime ! Mais la cloche de la ville sonne, l'on dirait, des reproches… Est-ce donc la voix des aïeux qui est revenue du pays, et qui m'adjure de revenir au pays abandonné ; ou bien, est-ce pour continuer en moi la vision du pays... ô voix semblable des deux cloches !...
 
Mais, au pays, la voix de la cloche, est un apaisement, tandis qu'à la ville la voix de la cloche est vraiment un reproche !

Gabriel-Ursin LANGÉ.


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Les Syndicats d'Initiative et le Régionalisme
 
Sous la plume de Jean Lechemineau, dans En Route, nous trouvons les lignes suivantes sur la raison d'être des Syndicats d'Initiative :
 
« Le Syndicat d'Initiative doit-il exister, fonctionner pour lui-même ?... Non... Pour la région ?... Oui... Mais c'est en se donnant pour but la pleine satisfaction des besoins et des désirs du touriste, c'est en se mettant, de toutes ses forces et de toute sa volonté, au service du touriste que le Syndicat d'Initiative servira sa région.»  En bons régionalistes que nous sommes, nous ne pouvons qu'approuver cette définition du rôle du Syndicat d'Initiative, et nous sommes persuadés que c'est bien ainsi que le comprennent les Syndicats d'Initiative de Normandie.


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Colombine sauvée
ballet-pantomime en un acte et quatre tableaux
par
Jean Lorrain

PREMIER TABLEAU
(Suite.)


Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.A ce moment, les vivats de PIERROT et de ses amis recommencent sous la fenêtre ; une des jeunes filles prend sur elle de leur faire signe de monter, tandis qu'une autre va recevoir à la porte Mme CASSANDREqui vient d'entrer.

Consternation de la bonne femme qui revenait justement avec le médecin, lequel lève les bras au ciel et va tâter le pouls de COLOMBINE. COLOMBINE, inerte, le laisse faire sans lui répondre, d'ailleurs. A ce moment, rentre, avec de joyeux hourras, PIERROT, fiancé de COLOMBINE, brandissant un immense bouquet blanc et suivi de tous les gars du pays, dont quelques-uns en pierrot comme lui ; tous ont aussi des bouquets.

Croyant COLOMBINE malade, PIERROT se précipite vers elle ; les jeunes compagnes de COLOMBINE tentent en vain de lui expliquer... Il ne veut rien entendre et, faisant pirouetter le docteur qui prend le ciel à témoin qu'on le malmène, se jette aux pieds de sa bien-aimée, appuie son oreille sur son coeur. « Elle a donc du bobo, la petite chérie ? » Il lui baise les mains et lui fait respirer son bouquet.

COLOMBINE sourit, pose la main sur la tête de PIERROT, lui fait signe qu'elle est guérie ; PIERROT tire alors de sa blouse un écrin et l'ouvre sur les genoux de COLOMBINE : ce sont des boucles d'oreilles endiamantées et des jarretières à boucles brillantes. COLOMBINE les admire et tend à PIERROT ses oreilles, d'abord, où il accroche les brillants, puis ses  jambes sur lesquelles PIERROT, en retroussant un peu la robe, boucle les jarretières. Mme CASSANDRE, aux anges, les montre du doigt au docteur abasourdi. COLOMBINE s'est levée et PIERROT, la tenant enlacée, fait le tour de la scène, montrant à tous qu'elle est guérie.

Cependant, la nuit est venue et on allume les flambeaux.

Entrée des ménétriers. En signe de joie, PIERROT danse avec COLOMBINE.

Pas de deux, terminé par un baiser pris et rendu, auquel prennent part les compagnes de COLOMBINE et les amis de PIERROT.

Musique grave : c'est précédée de torches allumées ; l'entrée de CASSANDRE, père de COLOMBINE, accompagné du tabellion.

On va signer le contrat de mariage.

La mère CASSANDRE, avec révérences, prépare la table, les flambeaux, l'encrier, etc., etc. Les danses ont cessé.

PIERROT serre la main de son beau-père, du tabellion. Celui-ci s'installe et prend le contrat pour le lire. PIERROT s'empare de la main de sa femme pour la conduire à la table. 

Le motif des Arlequins se fait entendre de nouveau : COLOMBINE pâlit, se renverse, chancelle quelques pas et s'évanouit.

Tumulte : les flambeaux s'éteignent. La mère CASSANDRE et PIERROT font évacuer la salle. CASSANDRE reconduit avec de grands saluts le tabellion. COLOMBINE a été portée sur le fauteuil, près de la table ; quelques jeunes filles l'entourent, puis elles se retirent discrètement.

PIERROT, CASSANDRE, Mme CASSANDRE et le médecin restent seuls auprès de COLOMBINE. Il ne reste que deux flambeaux allumés.

La lune s'est levée ; un rayon tombe sur COLOMBINE évanouie. Les soins de PIERROT et du médecin la rappellent à elle : elle s'éveille comme d'un cauchemar, mais à leur vue, elle entre comme en fureur, les bouscule avec de grands gestes, les repousse, leur jette les bouquets à la tête et Mme CASSANDRE les congédie avec de grands « hélas ! » Décidément sa fille est folle : tout cela est de sa faute, sa fille est trop gâtée.

Une fois qu'ils sont partis, Mme CASSANDRE revient auprès de sa fille ; mais aux premiers mots qu'elle essaye de lui dire, celle-ci arrache son voile de mariée, sa couronne, son bouquet et les lui jette si violemment à la tête que Mme CASSANDRE sort à reculons en faisant de grands bras et toute abasourdie. COLOMBINE, qui l'a suivie, ferme violemment la porte, met le verrou et vient brusquement s'asseoir près de la table, puis elle se relève, va ouvrir la fenêtre toute grande, respire bruyamment l'air de la nuit, enfin, comme agitée, revenant sur le bord de la scène, elle heurte du pied son voile, sa couronne, et son bouquet tout flétris ; elle les ramasse, les contemple tristement et va s'accouder à la table, - assise à la même place qu'au commencement du tableau.

Elle écrase du doigt une larme furtive et songe. Au loin la musique des Arlequins chantonne en sourdine. COLOMBINE l'écoute, le regard ailleurs, la tête renversée sous la lune - et s'endort... Minuit tinte lentement, très lentement, à l'église du village.

Au premier coup de minuit, une forme ailée vêtue de bleu métallique et coiffée d'une tête d'hirondelle surgit par la fenêtre et vient se poser, dans un reflet de lumière, devant COLOMBINE endormie ; au second coup de minuit, une seconde forme jaillit de même, et ainsi de suite, si bien qu'à minuit sonné, douze fées lunaires, les douze coups de minuit, sont là soudainement animées, rangées en cercle autour de Colombine.

Sur le motif devenu fantastique, tout de harpes et de flûtes de l'aubade des Arlequins, elles exécutent une danse très lente, toute en poses et en attitudes autour de la jeune fille endormie. 
Un rond de lumière bleue les suit....

Durant leur danse, COLOMBINE s'éveille lentement. Les yeux fixes, comme une somnambule, elle se lève.

Rangées, six par six, à sa droite et à sa gauche, elles dansent, les bras tendus vers la fenêtre devenue extraordinairement lumineuse. Attirée vers cette lueur, COLOMBINE se dirige, les bras ouverts, droite sur ses pointes, vers cette fenêtre qui s'ouvre tout à coup jusqu'en bas, comme une porte archi-béante sur l'infini.

FIN DU PREMIER TABLEAU.

(A suivre.)

JEAN LORRAIN.


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Eussions-nous cent ans !...

Si nous pouvons vieillir sans perdre la mémoire
Des actes fabuleux de nos Soldats-Titans ;
Si, loin de s'annuler au passage du temps,
Ces jours gravent en nous leur tristesse et leur gloire ;

Si, de nos yeux, le fin tissu, velours ou moine,
Conserve un peu de flamme aux rayons tremblotants,
Et qu'il nous soit permis, eussions-nous cent ans,
De relire parfois cette effrayante histoire ;

Si nos tympans, usés par le fracas des airs,
Vibrent sous les récits de vieux braves diserts,
Aux gestes secouant la croix qui les décore, —

A ce rappel soudain des choses d'aujourd'hui,
Nos nerfs s'étireront dans leur débile étui
Et notre cœur fourbu saura bondir encore.

Jean MIRVAL.
(Georges LEBAS).


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Normandie

Nourrice de l'esprit et des talents de France,
Chaque Province, au seuil de sa vieille maison,
Jeune toujours, sourit, murmure, rêve, ou pense.
Filles du sol aride ou du clair horizon,
L'une est joyeuse, et l'autre en larmes se dépense.
— Normandie est force et raison.

Que la lumière éclate en tes hymnes, Provence !
Bretagne, fais les tiens de rêve et d'oraison ;
Toi, de grâce, Touraine, et, Bourgogne, d'aisance ;
Veille, Lorraine, et tiens contre l'Est, garnison.
— Pour le bon sens, luttant de sa claire éloquence,
Normandie est force et raison.

Gentillesse, fraîcheur, lyrisme, pétulance,
De vos cœurs différents, l'heureuse floraison !
Chacune, vous avez votre part d'excellence,
Le sang de Gaule, en vous, coule sans trahison.
— Et, riche à l'infini d'antique sapience,
Normandie est force et raison.

Mieux qu'une Capitale à la juste élégance,
Terre latine, elle couronne ton blason.
Ni dolente langueur, ni fougeuse démence
En ses sobres regards, si limpides qu'ils ont
Des exactes clartés la suprême puissance :
— Normandie est force et raison.

Sois au Rêve, au Caprice, au Baroque, à l'Outrance,
O Paris ! qu'un Horzain distille son poison
En tes veines, qui n'ont désir que d'abondance !
— A l'écart, et rebelle à toute pâmoison,
Aux jours d'enthousiasme, aux soirs de décadence,
Normandie est force et raison.

Gaston LE RÉVÉREND.

(Plaidoyers pour une Renaissance littéraire normande, un volume à paraître après la guerre.)


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Pour la Marine Marchande
 
M. Georges Bureau, député de la 3e circonscription du Havre, et deux de ses collègues, MM. Bergeon et Pierangeli avaient, le 28 mars dernier, déposé une proposition de loi tendant à récompenser les marins qui s'étaient particulièrement distingués au cours d'une attaque subie par leur bâtiment.  Le gouvernement vient, à son tour, de déposer un projet de loi tendant à accorder la croix de la Légion d'honneur et la médaille militaire aux officiers et marins des navires de commerce qui se seront fait remarquer dans ces circonstances.
 
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« Normandie » devant publier des études sur les diverses industries de notre province, recevra, avec plaisir, toutes les communications et  renseignements  concernant ces industries.

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ÉCHOS DE NORMANDIE

SEINE INFÉRIEURE

ROUEN
 
Exposition de roses. — Une grande exposition de roses a eu lieu à Rouen, du 16 au 24 juin, à la Roseraie Boutigny, villa des Roses, 4, rue des Ursulines à Rouen, au profit de l'Œuvre du Tricot du Soldat.
 
La Revue Normande, consacrée plus complètement que Normandie à la littérature, à la poésie et aux arts, combat très vaillamment pour le régionalisme. Nos éminents collaborateurs, Paul Harel et Robert de la Villehervé, MM. Henri de Régnier et Albert-Emile Sorel la patronnent. M. Aristide Frétigny (22, rue Notre-Dame-des-Champs, à Paris), la dirige avec une autorité et un bon goût parfaits. Au sommaire du numéro de mai : Guillaume Apollinaire, Pierre Varenne, etc... A lire dans le numéro de juillet un curieux article de M. Georges Normandy : Sur la Tombe de Jean Lorrain, et des pages inédites des meilleurs écrivains normands.

Rouen temps de guerre. — Sous ce titre, l'éditeur Aloye vient de publier un album-Souvenir, fort élégant, composé de dessins sur nature, exécutés par un artiste, qui a conquis une réputation dans ce genre, M. Julien Felt. Cet album nous restitue l'aspect des Quais. Le « communiqué » devant le Journal de Rouen, la grosse Horloge, la place de la Pucelle, la Musique anglaise, la sortie du Cinéma, le matin aux Halles, le pont Corneille, mille scènes animées par les silhouettes des soldats anglais, hindous, australiens, belges et français.

LE HAVRE

La question de la Pêche. — La Société Havraise d'Etudes diverses, justement préoccupée de la vie chère et des conséquences désastreuses qu'elle entraîne parmi les classes pauvres et la mortalité des enfants, alors que la mer offre un réservoir inépuisable de nourriture saine, étudie les moyens les plus propres à intensifier la pêche côtière provisoirement, se réservant pour après la guerre l'étude de la pêche en haute mer. Cette Compagnie cherche à s'entourer de tous renseignements utiles et à profiter de tous conseils compétents, susceptibles de guider efficacement ses travaux. Le but qu'elle poursuit est uniquement de provoquer un fort mouvement d'opinion en faveur de l'intensification de la pêche et d'inciter tous ceux qui peuvent ou qui doivent s'intéresser à cette industrie, de quelque façon que ce soit, à agir vite, dans l'intérêt pressant de la collectivité. La Société Havraise d'études diverses mérite donc d'être encouragée et aidée par tous ceux qui ont à cœur l'intérêt général et la prospérité normande.
 
Publications archéologiques. — Paraissant très en retard, le Bulletin archéologique pour 1916 publie sous le titre Le Théâtre romain de Lillebonne, le résultat des fouilles entreprises en 1914-1915, par l'excellent conservateur de cet édifice historique, M. Léon de Vessy.

CALVADOS

M. Hemdlé, préfet du Calvados, vient d'être appelé à la direction du personnel au Ministère de l'Intérieur. Cet habile administrateur sera vivement regretté, dans le département où ses qualités et son amabilité étaient appréciées par tous ses administrés.
 
Diplôme d'honneur à une Cultivatrice.— Le Syndicat agricole du Calvados a décerné dernièrement un diplôme d'honneur à Mme Georges GRIEU, cultivatrice à Ouilly-du-Houlley qui, depuis la guerre, a fait valoir, avec une remarquable énergie et un courage admirable, une ferme de cent hectares à Ouilly et une autre de vingt hectares à Marolles. Mme Grieu a continué avec succès la tâche que son mari, mobilisé, ne pouvait remplir. Avec une constance que rien n'a découragé, elle a fait ses récoltes, rentré ses fruits, utilisé son lait, vendu les bestiaux prêts pour le marché et développé son entreprise agricole. Ainsi que nous le disions dans notre dernier numéro, en rendant compte de la distribution des diplômes faite par le Syndicat agricole du Roumois, il est vivement à désirer de voir de pareilles manifestations se propager partout pour le plus grand bien de notre cher pays normand.

« Celles qui s'en vont ». — Sous ce titre un peu mélancolique, le dessinateur normand Jean Ch. Contel va publier un recueil de douze lithographies originales, où il célébrera la gloire des vieilles maisons de Rouen, Lisieux, Honneur, Caen, Bayeux, Bernay. Cet album paraîtra avec une préface d'Albert-Emile Sorel et avec des vers d'Auguste Bunoust, le poète original, révélé par La Revue Normande. Moyennant 20 francs, on peut souscrire chez M. Robert Julienne, 19, boulevard Sainte-Anne, Lisieux, à ce pittoresque recueil, tiré sur papier hollande à petit nombre.

BAYEUX

L'œuvre de la Goutte de lait, organisée par M. le baron Gérard, député, va être installée provisoirement dans un immeuble occupé par feu M. Lamy, ancien maire, en attendant son installation définitive dans les locaux de l'ancienne bibliothèque, place du Château. MM. Guillemette et Selceif, conseillers municipaux ont été nommés membres du Comité de patronage de cette œuvre.

CORMELLES

Fouilles archéologiques. — Les travaux de terrassement, entrepris dans les communes de Cormelles et de Mondeville pour la Pyrotechnie militaire de Caen, ont permis à M. Caillaud, membre des Antiquaires de Normandie, de poursuivre fructueusement les fouilles qui avaient déjà, en 1913-1914, amené le dégagement complet du cimetière de transition des Saint-Martin. A quelques mètres de ce cimetière, sur Mondeville, M. Caillaud a découvert de nombreux vestiges d'un village gaulois avec fonds de cabanes et fours. Dans un fonds de cabane se trouvaient neuf poids gaulois, dont cinq en excellent état de conservation. Les nombreux débris sortis de ces fouilles ont été soigneusement classés par Mme Caillaud, membre de la Société préhistorique de France, et feront l'objet d'importantes communications aux sociétés savantes.
 
EURE

La Société Canine de Normandie fait appel aux propriétaires de chiens de garde et de berger qui voudraient offrir leurs chiens pour le service de la Défense nationale.  Depuis peu de temps, on a assigné aux chiens un nouvel emploi de grande utilité qui consiste à garder les canons, les dépôts de munitions et autres établissements administratifs. Donc, comme on le voit, ces braves animaux rendent de nombreux services à nos armées, épargnant la vie de beaucoup de nos soldats et protégeant les munitions ou le matériel destiné à nos troupes. Adresser les offres de chiens à G. Bradberry, directeur du chenil E., fondé par la Société canine de Normandie, à Saint-Philibert-sur-Risle (Eure), soumis au contrôle du ministère de la guerre.
 
Le troisième fascicule de l'Archéologie gauloise, gallo-romaine,  franque et carolingienne, publié par les soins de la Société libre de l'Eure, sous la direction de M. Léon Coutil, l'éminent archéologue normand, est paru ; il est consacré à l'arrondissement de Bernay.

MANCHE

L'Académie poétique de la Manche (Jeux floraux de Cherbourg) a ouvert son concours de 1917. Demander programme et renseignements (timbre pour réponse), à M. E. Aubel, 77, rue de Polie, Cherbourg.
229.974
 
Un nouvel hydroplane. — On parle beaucoup à Cherbourg, en ce moment, d'un nouvel appareil d'aviation destiné à la défense du littoral. Il s'agit d'un triplan pouvant enlever jusqu'à sept passagers, et dû à un Cherbourgeois, M. Rémy, fils de feu le colonel Rémy. Les essais auront lieu incessamment.


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La Normandie se dépeuple. La Population rurale disparaît


Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.


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Le Palmarès Normand

SEINE-INFERIEURE
 
Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.LECONTE, GEORGES, brancardier, au 74° territorial :
 
« Pris sous une grosse poutre renversée par un obus allemand et contusionné, s'est dégagé lui-même et s'est porté immédiatement au secours de ses camarades blessés, faisant preuve de grand sang-froid et d'un grand dévouement en cette dernière circonstance. » M. Leconte, religieux franciscain, habitait Bonsecours, villa Mont-Serrat, quartier de la Grâce-de-Dieu.

BOSSIÈRE, ALBERT, sergent au 129E régiment d'infanterie :

« Sous-officier très brave qui a toujours fait vaillamment son devoir. A été blessé très grièvement le 22 mai 1916 en se portant à l'attaque d'une position ennemie. » Cette citation comportait l'attribution de la médaille militaire et de la croix de guerre avec palme. M. Bossière, qui était avant la guerre, secrétaire au commissariat de la 6e section au Havre, mobilisé depuis le début de la guerre, a fait toute la première partie de la campagne au 119e régiment d'infanterie. Blessé une première fois, grièvement le 17 septembre 1914, a été après sa guérison affecté au 129e d'infanterie. Blessé une deuxième fois le 22 mai 1916, à la prise du fort de Douaumont, M. Bossière est actuellement secrétaire au commissariat de la deuxième section.

MOUCHETTE, caporal-fourrier d'infanterie :

« Très bon caporal-fourrier. A fait preuve, pendant la période du 9 au 21 octobre 1916, d'un courage et d'un sang-froid remarquables en assurant journellement le ravitaillement de la compagnie en première ligne dans un secteur où les corvées étaient particulièrement pénibles et dangereuses. » M. Mouchette était professeur au collège de Fécamp.
 
DUVAL, ROBERT, 2e groupe du 85e d'artillerie lourde :

« Conducteur de camion à munitions, dévoué ; a constamment assuré les ravitaillements des batteries, sous le feu de l'ennemi, à ……….. et dans ……………., et a notamment fait preuve d'un beau sang-froid le 27 mars 1917 en dirigeant sa voiture, bien que le convoi fût encadré de nombreux coups d'obus ennemis, dont l'un a éclaté près de lui, a blessé trois nommes à ses côtés et dans son camion. » M. Duval, habitait à Elbeuf, 18, rue Louvel.

ANDRÉ, EMILE, caporal au 1er régiment de marche de zouaves :

« Gradé très courageux, plein d'entrain et d'allant ; a participé, le 15 décembre 1916, à l'attaque des positions ennemies à la bataille de..., où il s'est particulièrement distingué par son mépris du danger, des souffrances et des privations. A résisté pendant cinq jours dans l'eau, la boue et sous la neige, aux tranchées de première ligne ; a eu les pieds gelés et n'a consenti à se faire évacuer qu'après la relève de la compagnie. » (4e citation.) M. Emile André est le fils du commis-greffier au Tribunal civil de Dieppe.

CARPENTIER, GASTON, adjudant au 21E territorial :

« Très bon sous-officier, dévoué et discipliné, au front depuis octobre 1914, a toujours donné toute satisfaction. Le 24 octobre 1916, a traversé avec sa section un tir de barrage très violent et a rempli malgré les pertes subies la mission qui lui avait été confiée. » M. Carpentier, originaire de Biville-sur Mer, est fabricant de cidre à Dieppe, 109, rue Desceliers.
 
GODEFROY, MAURICE, adjudant au 329e d'infanterie :

« Entrain et ténacité admirables sous des barrages violents d'artillerie et de mitrailleuses, à l'attaque du 21 mars 1917. » Originaire du Havre, M. Godefroy était instituteur à l'Ecole Victor-Hugo à Bolbec.

SOLSOU, PIERRE, caporal au 28e régiment d'infanterie :

« Excellent caporal, faisant fonction de chef de demi-section. A fait preuve de bravoure et d'endurance à tous les engagements auxquels il a pris part en deux ans de campagne. Grièvement blessé, le 3 janvier 1917, dans un secteur difficile au cours d'un violent bombardement. » M. Pierre Solsou qui est le fils de M. Henri Solsou, négociant à Fécamp, est mort de ses blessures le 21 janvier.
 
HUGUES, AUGUSTE, capitaine à l'armée d'Orient, a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur, avec la citation suivante :
 
« Après avoir commandé une compagnie au front Serbe, a rendu des services exceptionnels comme commandant de territoire dans la zone neutre, où il a su montrer tact, initiative et courage. » Le capitaine Hugues était, avant la mobilisation, sous-chef du Service des fraudes à la Préfecture  de la  Seine-Inférieure.
 
CARON, MARCEL, aide-major de 1re classe, au 34e régiment d'artillerie :
 
« Médecin animé en toute circonstance du zèle et de l'entrain le plus complet. Appelé à soigner un blessé grave sous un bombardement d'obus asphyxiants, n'a pas hésité à sacrifier sa sécurité personnelle à son devoir professionnel et a enlevé momentanément son masque qui l'empêchait de voir ; a, par suite, été grièvment intoxiqué et a dû être évacué après avoir pendant deux jours essayé de rester à son poste. Le docteur Caron, de Dieppe, avait déjà reçu la médaille des épidémies pour ses services dans les hôpitaux de la région de Soissons.

GERBRON, WILFRID, soldat d'infanterie, agent de liaison :
 
« Brancardier courageux et dévoué. Au cours de la journée du 17 septembre 1916, a fait l'admiration de tous en procédant seul, sous un violent bombardement, au sauvetage de ses camarades enfouis, les sauvant d'une mort certaine. A prodigué ses soins à son capitaine blessé ainsi qu'aux hommes de sa section. A fait preuve de grande énergie et de sang-froid. » M. Gerbron est l'ancien demi-centre réputé du Beauvoisine F. C. et du F. C. Dieppois. Il est le fils de Mme Gerbron, 9, rue de l'Epée, à Dieppe.

EURE
 
Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°3 - Juin 1917.PLESSY, EDMOND, maréchal des logis, à la section sanitaire d'une subdivision d'infanterie :

« Excellent sous-officier, s'offrant toujours pour l'exécution des missions les plus délicates. Les 23, 24 et 25 octobre, a fait preuve d'initiative et de sang-froid en assurant l'évacuation rapide des blessés, donnant l'exemple du mépris du danger, en se portant sous un bombardement violent aux points les plus exposés. » M. Plessy, qui habitait Evreux, est originaire de Montfort-sur-Risle, où habite encore son père, titulaire de la médaille de 1870-1871.

PLUMEY, RENÉ, sous-lieutenant :
 
« Le 15 décembre 1916, a marché crânement à la tête de sa section, se portant à l'assaut des positions ennemies, et fait preuve de beaucoup d'activité pour assurer l'exécution des travaux d'aménagement du terrain conquis. »  M. Plumey est le fils du banquier de Louviers qui a sept fils mobilisés depuis le début de la guerre. Deux sont tombés au champ d'honneur : MM. Marcel Plumey, du 74e de ligne, tué près d'Arras, en 1915, et Bernard Plumey, tué au combat de Tahure. Deux autres sont prisonniers en Allemagne. Actuellement trois sont encore à l'armée : Robert, sous-lieutenant au Maroc ; André, mobilisé à Madagascar ; Victor, incorporé au 2e chasseurs à Pontivy. Enfin, M. Guy Beylin, appartenant à la classe 1914, petit-fils de M. Plumey, est tombé au champ d'honneur près de Soissons.

MANCHE

MALARD, GASTON, cavalier, au 14e hussards, a été fait chevalier de la Légion d'honneur, et décoré de la croix de guerre :

« Cavalier d'élite, admirable de courage et de sang-froid. Dans la nuit du 14 au 15 mars 1917, a été surpris au cours d'une patrouille entre deux postes avancés par un fort détachement allemand ; terrassé et sommé de se rendre, tandis que ses deux camarades étaient mis hors de combat. Renouvelant l'exploit du chevalier d'Assas, a, sous la menace de ses adversaires, en face desquels il était resté seul, crié l'alerte aux postes voisins amenant ainsi l'échec de la tentative ennemie. » M. Gaston Malard, de Réthoville, près Cherbourg, est le fils de M. Malard, conseiller municipal, et le frère de l'honorable chef de gare de Cherbourg-Barfleur.

VAULGEARD, FRANÇOIS, soldat au 2e d'infanterie, a reçu la médaille militaire et la croix de guerre avec la citation suivante :
 
« Excellent soldat, modèle de bravoure, a été blessé très grièvement, le 5 octobre 1914, en exécutant une mission périlleuse sous le feu de l'ennemi. » M. Vaulgeard habitait Sartilly.

HAMEL, GEORGES, soldat au 100e d'infanterie :

« D'une bravoure éprouvée, a exécuté un coup de main au cours duquel il a pénétré jusqu'à la ligne de soutien allemande, contribuant à la capture de quatorze prisonniers. » Le frère de M. Hamel, engagé volontaire, à l'armée de Salonique, a été cité deux fois à l'ordre du jour. La mère de ces deux braves habite Avranches, rue du Boulevard.

PIROTAIS, HENRI, aspirant au 236e d'infanterie, vient d'être promu sous-lieutenant et a reçu la croix de guerre avec palme, à la suite de la citation suivante :
 
« Le 24 mars 1917, avec un élan admirable, a franchi à la tête de sa section une rivière dont il ne connaissait pas la profondeur ; s'est élancé ensuite dans un village dont il s'est assuré la possession sous un intense bombardement. »

____________________
Le Gérant : MIOLLAIS.
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IMPRIMERIE HERPIN, Alençon. Vve A. LAVERDURE, Successeur.

[3e de couv.]

BAINS DE MER
EN NORMANDIE

Le Séjour dans les Stations Balnéaires

Le général Rouvier, commandant la 3e région et le préfet de la Seine-Inférieure ont pris, à la date du 26 mai, l'arrêté suivant :

 Article premier. — A dater du Ier juillet et jusqu'au 1er octobre 1917, les Français, munis d'un certificat d'honorabilité du Maire ou du Commissaire de police de leur domicile, pourront séjourner dans les villes et communes du littoral et dans les localités distantes de moins de 10 kilomètres de la côte, situées dans toute la zone littorale du département de la Seine-Inférieure, et ce, dans les immeubles dont ils sont propriétaires ou locataires ou dans les hôtels.
  Article 2. — Les sujets belges devront être en possession, soit de la carte de circulation, soit du carnet d'étranger, dans les conditions prévues par l'arrêté du 31 décembre 1916. Les sujets belges en résidence au Havre ou à Sainte-Adresse ne sont pas soumis à cette réglementation.
 Article 3. — Tous les étrangers, autres que les Belges, devront être munis du carnet d'étranger.
 Article 4- — Les contrevenants seront, sans délai, évacués hors de la zone littorale délimitée à l'article premier, sans préjudice des poursuites dont ils pourront faire l'objet devant les tribunaux compétents.


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