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Normandie : Revue régionale illustrée mensuelle de toutes les questions intéressant la Normandie N°6 Septembre 1917
Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°6 - Septembre 1917.Normandie : Revue régionale illustrée mensuelle de toutes les questions intéressant la Normandie : économiques, commerciales, industrielles, agricoles, artistiques et littéraires / Miollais, gérant ; Maché, secrétaire général.- Numéro 6 Septembre 1917.- Alençon : Imprimerie Herpin, 1917.- 16 p. : ill., couv. ill. ; 28 cm.
Numérisation : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (18.I.2014).
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros] obogros@lintercom.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : 41060-nor598).


NORMANDIE

REVUE RÉGIONALE ILLUSTRÉE MENSUELLE
DE TOUTES LES QUESTIONS INTÉRESSANT LA NORMANDIE
Économiques, Commerciales, Industrielles, Agricoles, Artistiques et Littéraires

PREMIÈRE ANNÉE. - N°6   SEPTEMBRE 1917

Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°6 - Septembre 1917.

~*~

La Vie Rurale
Et la Production Agricole
Au Pays Normand

(Sixième article de la série.)

IV

IMPORTANCE DE L'ÉLEVAGE BOVIN DANS L'ÉCONOMIE RURALE DU CALVADOS. — LES HERBAGES DE LA VALLÉE D'AUGE. — LE COMMERCE DU BÉTAIL : VACHES AMOUILLANTES, BŒUFS ET VEAUX GRAS, VACHES LAITIÈRES. — L'ENGRAISSEMENT DES BŒUFS ; SON AVENIR. — LE LAIT ET LES PRODUITS DE L'INDUSTRIE LAITIÈRE. — LES BEURRES D'ISIGNY. — L'EXPLOITATION DE L'ESPÈCE OVINE : MOUTONS CAENNAIS, TRUNNOIS ET CAUCHOIS. — L'ÉLEVAGE OVIN DANS L'EURE : PRODUCTION DE LA VIANDE ET DE LA LAINE.
 
Dans l'article précédent, nous avons mis en relief les qualités de notre belle race bovine normande, et les mérites des éleveurs qui, par une sélection persévérante, ont amené cette race à un très haut degré d'amélioration, et l'ont rendue apte à satisfaire merveilleusement aux fonctions économiques (production du lait, du beurre, de la viande) qui font l'objet de son exploitation et constituent de multiples sources de richesse pour notre belle contrée.

Nous n'avons pas encore quitté le Calvados, l'étude de ses productions agricoles exigeant un développement en rapport avec leur importance même. Aussi bien, nous estimons que si pour chacune de nos provinces françaises, on s'appliquait à faire ressortir la variété et la valeur des éléments appelés à jouer un rôle dans l'œuvre économique visant à l'accroissement de la richesse et à la prospérité du pays, ce serait là un moyen de faire progresser vigoureusement la campagne devenue plus que jamais nécessaire en faveur du régionalisme.
 
En Normandie, l'exploitation animale est, à tous les points de vue auxquels on se place, la forme la plus intéressante — comme aussi la plus ancienne — de la mise en valeur du sol. L'Economie du bétail, surtout en ce qui concerne le bétail bovin, est le premier et le plus important facteur sur lequel s'appuie l'Economie rurale. De quelque façon qu'on l'envisage, fût-ce même dans les manifestations de l'art qui s'inspirent de la beauté du paysage normand, l'élevage apparaît  comme la  caractéristique de notre petite Patrie.  Les chefs-d'œuvre de Troyon, notamment son magnifique tableau La vallée d'Auge, nous montrent, à travers les fertiles herbages, des riantes vallées de la Touques, de la Dives et de la Vie, qui, elles-mêmes, se subdivisent en plusieurs vallées secondaires et sont séparées les unes des autres par des collines ou des plateaux — telles les vallées de Vimoutiers, de Livarot, de Saint-Julien, de Crèvecœur, de Lisieux, de Corbon et de Pont-l'Evêque — les grands bœufs normands plongés dans l'herbe épaisse et attendant, après le coucher du soleil, les salutaires effets de leur paisible rumination.
 
C'est sur ce magnifique tapis de verdure, strié de limpides cours d'eau aux rives verdoyantes, et agrémenté de collines aux pentes douces complantées de haies vives et de pommiers innombrables, d'ormeaux géants à proximité de rustiques cottages aux façades roses, garnies d'espaliers ; c'est dans ce silencieux décor, au milieu de ces plantureux herbages, dans ce cadre, doux et humide, frais et pittoresque, à hivers peu rigoureux, et à étés tempérés, que s'élaborent les richesses de l'élevage bovin. Le Pays normand — le Calvados notamment — se distingue par la prédominance du régime herbager sur la culture arable ; cette dernière, n'occupant qu'une surface relativement réduite, cède le pas aux pâturages, consacrés à la pratique de l'élevage, de l'engraissement et de la production du lait qui forment la base de la richesse du pays. Le régime habituel du bétail est l'herbage et non la stabulation, sauf pour les jeunes animaux, pendant quelques mois. C'est à ce régime que l'on doit le succès des entreprises zootechniques, dans l'exploitation des diverses fonctions  économiques   des bovidés.

***
 
Voyons comment s'exercent, dans le Calvados, les diverses formes de l'élevage bovin, quels résultats on en obtient et ce qu'en peuvent retirer l'agriculture et le commerce de ce département, de même que, à certains points de vue, l'agriculture et le commerce des autres départements normands. Dans l'arrondissement de Caen, un centre d'élevage réputé est le canton de Villers-Bocage ; à quatre lieues à la ronde de ce chef-lieu de canton, qui est un marché très important, notamment pour les vaches amouillantes, on élève de nombreux sujets qui se vendent toujours facilement et à des prix rémunérateurs, et vont peupler les étables de Seine-et-Marne, Seine, Seine-Inférieure, Seine-et-Oise et de l'Yonne. Suivant les habitudes locales, les acheteurs préfèrent tantôt les animaux à pelage bringé, tantôt ceux à pelage caille. Villers-Bocage partage avec Vire, Carentan, Litry, Isigny et Bayeux, ce fructueux commerce dans les départements précités. Les bœufs gras se vendent surtout à Caen, après avoir été achetés maigres dans le département de la Manche, à Avranches, La Haye-Pesnel et Montebourg.

Cette prospérité de l'élevage, particulièrement de la production de vaches laitières ayant de grandes qualités, a contribué à développer largement, en temps ordinaire, dans l'arrondissement de Caen, le commerce du lait et des produits laitiers. On obtient le kilogramme de beurre avec 22 litres de lait, en moyenne, et la fabrication du beurre avec les appareils centrifuges s'est répandue dans cette région.
  
Les bœufs engraissés dans les riches pâturages de l'arrondissement de Pont-l'Evêque viennent, en grande partie, de la Manche, de l’Orne, de la Mayenne, de Maine-et-Loire, et de la Sarthe. La Bretagne et le Nivernais fournissent aussi un certain contingent de bœufs maigres.

Nos herbagers ou engraisseurs se plaignaient — il y a de cela quelques années — de ne pas trouver dans leurs opérations tout le profit qu'ils en devraient retirer, et ils en attribuaient la cause à l'écart trop restreint existant entre le prix d'achat (cours maigre) et le prix de vente à la boucherie (cours gras). Mais la guerre, qui a si profondément modifié les conditions du marché de la viande, ne peut que rendre à la pratique de l'engraissement l'intérêt qu'elle présentait jadis, ne serait-ce que par les besoins toujours plus grands de la consommation et l'élévation considérable des cours de la viande, qui ne s'atténuera pas après la cessation des hostilités. Que l'on songe aussi à l'intensité des réquisitions de bétail depuis le début de la guerre, et on concevra aisément que les producteurs de viande ont toute raison d'escompter, pour l'avenir, le retour à une situation meilleure, même en tenant compte des transformations qui se produisent dans l'exploitation des terres (mise en herbe des terres labourables) et de l'extension de l'engraissement des bovidés dans les pays betteraviers.
 
D'autre part, il y aurait un réel intérêt à développer l'élevage et l'industrie laitière, encore trop négligés dans cet arrondissement. Une vache d'aptitudes moyennes donne, pendant trois mois, une moyenne de 16 litres de lait par jour, pendant trois autres mois, 12 litres, et pendant quatre mois, 6 litres, c'est-à-dire qu'une vache de qualité moyenne donne, par an, environ 3.300 litres de lait. C'est un sérieux appoint à assurer aux exploitations qui, actuellement, ne se consacrent pas encore à la production laitière.
 
Et puis, nos cultivateurs auraient de même avantage à se grouper en associations pour la vente du lait à un prix déterminé aux fromageries importantes, et à exploiter en commun des beurreries de façon à maintenir le prix du lait vendu à la fromagerie et à faire du beurre avec tout le lait produit, quand la saison n'est pas favorable à la fabrication du fromage. Le petit-lait résiduel servirait à nourrir des porcs, d'où un nouveau bénéfice ajouté à ceux de la production laitière, beurrière et fromagère. Il n'est pas excessif de dire qu'en temps normal, une exploitation entretenant douze vaches laitières peut réaliser sur l'engraissement des porcs, un bénéfice annuel de 800 à 1.000 francs.
 
Dans l'arrondissement de Lisieux, nous voyons prédominer la variété augeronne du bovin normand ; mais on se procure aussi des taureaux dans le Cotentin. On élève les génisses et on livre les mâles à la boucherie, vers l'âge d'un mois et demi. Bon nombre de ces veaux gras sont consommés dans le pays ; les autres sont vendus sur le marché de Caen et sur celui de La Villette.

On aurait de meilleurs veaux en ne supprimant pas l'alimentation au lait pur, pour substituer à ce dernier du lait écrémé et des farines, régime qui est tout à fait insuffisant, défectueux.
  
Les contrées voisines de la Normandie fournissent aux éleveurs de la région lexovienne, les bœufs à engraisser. Les principaux centres d'engraissement sont : Lisieux, Fervaques (vallée de la Touques), Méry-Corbon (vallées de la Dives et de la Vie), Mesnil-Mauger, Saint-Julien-le-Faucon (vallées de la Vie et de la Viette). Les bœufs engraissés donnent lieu à d'importantes transactions sur le marché de la Villette ; quelques-uns sont expédiés sur les marchés de Caen et de Rouen.
  
Le lait produit dans cet arrondissement est utilisé à la fabrication des fromages Camembert et Pont-l'Evêque ; en été, on en fait du beurre. Les produits sont vendus à Paris et en Angleterre. Les fromages faits à la ferme sont vendus à des « caveurs » qui les affinent et les livrent ensuite à la consommation.
 
***

L'arrondissement de Falaise est remarquablement favorisé au point de vue du commerce des vaches. Chaque commune vend le lait de ses vaches aux nombreuses fromageries qui existent dans la contrée. Quant aux bœufs gras, on en trouve principalement à la fameuse foire de Guibray. Cet arrondissement produit environ les deux tiers des animaux gras qui s'y trouvent. Il faut observer que la Société d'agriculture de Falaise a contribué pour beaucoup, par ses concours, ses encouragements à la sélection, à améliorer le bétail bovin. C'est un exemple que devraient suivre toutes nos sociétés locales ayant à se consacrer au développement de l'élevage et des industries qui en dérivent.
  
La région de Bayeux a, elle aussi, des éléments d'exploitation de l'espèce bovine qui tiennent une grande place dans l'Economie rurale du pays. On y engraisse des bœufs provenant de cet arrondissement ou d'autres régions du Calvados, de la Manche, du Morvan et de la Bretagne. C'est dire qu'on importe des sujets d'autres races que la race normande (croisement Durham). L'élevage des veaux ne se pratique que rarement, mais on les engraisse, à l'âge de 3 ou 4 mois, pour les vendre à la boucherie. La nourriture qu'on leur distribue consiste surtout en petit-lait auquel on mélange des farines de blé, de sarrazin et de la fécule de pomme de terre ; à la dernière quinzaine de l'engraissement, on ajoute à la ration de chaque veau et par jour, 3 à 4 litres de lait doux. Dans quelques cantons, principalement ceux de Balleroy, Caumont et Rye, on élève des génisses pour renouveler le contingent des vacheries.
  
Le commerce des vaches amouillantes et des vaches laitières est très important sur les marchés de Bayeux, Isigny et Le Molay. Presque toutes ces vaches sont revendues aux nourrisseurs-laitiers parisiens et aux cultivateurs de la grande banlieue de Paris.
 
Les beurres produits dans l'arrondissement de Bayeux se vendent aux Halles centrales de Paris, sur les marchés de la région et aux exportateurs de Coutances, Valognes et Vire. Les principaux marchés où se vendent les beurres sont ceux de Balleroy, Bayeux, Isigny, Caumont et Trévières.
  
Le climat, la qualité des herbages, les aptitudes de la race et enfin la bonne méthode de fabrication sont les facteurs essentiels qui donnent aux beurres du canton d'Isigny leurs incomparables qualités et justifient leur universelle renommée. Il faut ajouter que de grands progrès ont été réalisés dans l'industrie beurrière, notamment par l'emploi de l'écrémage centrifuge avec pasteurisation des crèmes et ensemencement par les ferments naturels du pays. C'est grâce à ces améliorations suivant des principes scientifiques rationnellement interprétés et appliqués, que la qualité des beurres d'Isigny a trouvé sa consécration dans la haute valeur acquise par ces beurres sur le marché de Paris, comme sur ceux du monde entier.
 
Les animaux de l'espèce bovine entretenus dans l'arrondissement de Vire, pays d'herbe, très favorable à l'élevage, appartiennent tous à la race normande ; ces animaux sont de petite ou de moyenne taille, généralement assez bien conformés ; leur squelette réduit est le reflet de la nature granitique ou schisteuse du sol. Si les vaches que l'on entretient dans la région de Vire ne donnent pas autant de lait que les puissantes vaches, du Cotentin — surnommées « alambics » ou « fontaines » à lait — par contre, leur période de lactation est de longue durée, et leur rusticité est bien connue. On apporte une attention particulière à la sélection des reproducteurs et, chaque année, on va recruter, dans la Manche, notamment dans le canton de Percy, quelques bons taureaux qui fournissent de belles lignées et impriment à la population bovine de cette partie du Calvados des qualités infiniment précieuses et fort appréciées.
   On engraisse les bœufs dans le pays même, et le commerce des vaches amouillantes, en temps normal, présente une grande importance sur les marchés de Vire et de Condé-sur-Noireau. Ce dernier reçoit, en certaines années, plus de 5.000 bœufs, vaches et veaux.

La production laitière et beurrière est importante. La vente du lait en nature est réservée aux grands centres. Le beurre, produit en grandes quantités, se vend en mottes, sur les marchés ; il présente une pâte moins onctueuse, plus courte et plus sèche que celle des beurres d'Isigny. Les beurres du Bocage normand réussissent surtout comme beurres salés, pour l'exportation.

***
 
Les animaux de l'espèce ovine sont très inégalement disséminés sur le territoire des cinq départements normands : l'Eure est de beaucoup le plus peuplé ; avant la guerre, on y comptait 250.000 têtes ; le Calvados est le plus pauvre, la statistique de 1914 indiquant 15.000 têtes, tandis que l'Orne s'inscrivait avec 56.000, la Seine-Inférieure avec 128.000 et la Manche avec 178.000.

Le nouveau système de culture et le manque de bergers paraissent être les causes dominantes de la diminution du nombre des troupeaux ovins. Dans la région lexovienne, on engraisse surtout les moutons élevés dans cette région, mais ce genre de spéculation n'a que peu d'importance, aussi la production ne suffit-elle pas aux besoins locaux. Dans l'arrondissement de Vire, le climat, la nature du sol, le système de culture se prêtent peu à l'élevage du mouton. Les troupeaux sont de races très mélangées : race locale, croisée avec la race de Dishley ou avec d'autres types plus ou moins bien définis.

Dans l'Orne et le Calvados, les bergeries sont formées de moutons caennais ou trunnois (nom tiré de Trun, chef-lieu de canton de l'Orne), qui se reconnaissent à la coloration rousse ou dorée des poils de la face et des pattes, et à la saveur délicate de leur chair.

Sur le littoral de la Manche, on élève la race originaire des comtés méridionaux d'Angleterre, race habituée à la brume, aimant le pacage en liberté et ne craignant pas l'humidité du sol.
  
Sur les grands plateaux découverts du pays de Caux, si souvent balayés par les vents violents du nord-ouest, de l'ouest et du sud-ouest, on exploite la race cauchoise qui dérive des races picarde et artésienne. Ce sont des moutons à hautes jambes, taillés pour le parcours, et d'aspect assez fruste, mais très rustiques. Ce type de mouton ne présente pas, dans sa conformation générale, ce cubisme corporel qui est l'idéal poursuivi par les éleveurs, dans les autres provinces. Par la sélection constante et minutieuse, on arriverait à améliorer cette conformation du mouton cauchois.

Dans le département de l'Eure, l'élevage ovin est bien plus important. Ainsi que nous le faisions remarquer dans notre précédent article, c'est Henri de Tilly, châtelain de Tilly et seigneur de Fontaines qui, au moyen âge, introduisit en Normandie des brebis venant de Séville. En 1811, Napoléon Ier fit instituer dans l'Eure, des dépôts peuplés de béliers mérinos choisis en Espagne par Gilbert. En 1816, on commença à croiser le mérinos avec les races cauchoise et trunnoise ; en 1828, le type anglais new-leicester avec des brebis mérinos. De nos jours, le type ovin exploité dans les plaines sèches de l'Eure : Vexin normand, Plaine de Saint-André, Plateau du Neubourg, est le Dishley-mérinos, type mixte, producteur de viande et de bonne laine fine, ayant le frisé de la laine du mérinos du Soissonnais. Notre bon ami, M. A. Bourgne, directeur des Services agricoles de l'Eure, qui, depuis tant d'années, prodigue aux éleveurs de ce département ses sages conseils, les fruits de son savoir et de sa grande expérience en matière d'élevage, et qui a ainsi largement contribué aux améliorations réalisées, nous citait des troupeaux justement réputés : celui de M. Henri Doré, à Gamaches, dans lequel des acheteurs argentins et australiens viennent faire parfois des acquisitions ; le troupeau des bergeries de M. M. Bouchon, à Nassandres, véritable fabrique de viande, exploitant les produits du croisement de béliers southdown (race anglaise des Dunes), avec nos brebis berrichonnes. Les agneaux, vendus à l'âge de cinq mois ou cinq mois et demi, fournissent 35 à 38 livres de viande. On engraisse les moutons avec des pulpes de sucrerie ou de distillerie.

***
 
Par ce rapide aperçu de l'élevage et de l'exploitation de l'espèce bovine, dans le Calvados, et de l'espèce ovine, dans l'Eure, on peut déjà apprécier l'importance de la part contributive que cette région de la Normandie doit apporter à la production de la viande et du lait, denrées de première nécessité dans notre alimentation. Nous aurons à étudier, dans des articles ultérieurs, d'autres sources de production de l'agriculture normande.

Henri BLIN,
Lauréat de l'Académie d'Agriculture de France.

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RICHESSES MINIÈRES
de Normandie

 
Au mois d'avril dernier, dans mon article sur les Richesses minières de Normandie, j'indiquais que lors de leur visite à Caen, en novembre 1916, les ministres avaient annoncé que le gouvernement demanderait aux Chambres un crédit de deux millions pour assurer la prospection du bassin houiller de Littry, dans l'arrondissement de Bayeux.

Un premier pas vient d'être fait. M. Desplas, ministre des travaux publics, a résolu d'assurer la prospection immédiate de ce bassin ; deux sondages vont être pratiqués aux environs de Saint-Martin-de-Blangy, sous la direction de M. Bigot, doyen de la Faculté des sciences de Caen et par les soins du service de la carte géologique de France.

D'autre part, les Etablissements Schneider et Cie viennent d'être autorisés à entreprendre une campagne de sondages à l'est de la concession du Plessis et à l'ouest de l'ancienne concession de Littry. Un sondage doit être fait près de Saint-Froment, sur le prolongement présumé, vers l'ouest, du bassin de Littry, que l'on croit devoir être fort riche en charbon de bonne qualité.

Cette décision vient à l'appui de la conviction qu'avaient les ingénieurs Vieillard et Hérault, de la continuité du terrain houiller entre les mines de Littry et du Plessis.

Les efforts du dévoué Président du Conseil général du Calvados, M. Henri Chéron, sénateur, ont été pour beaucoup dans ce premier pas vers la solution de la question houillère en Normandie.

Une autre bonne nouvelle, toujours au sujet du combustible :

Un industriel, à la suite de l'autorisation qui lui a été accordée, le 16 juin dernier par le Préfet du Calvados, vient de commencer l'exploitation de la tourbe à Chicheboville.

Une autre demande d'exploitation est en instance, en ce moment, à la Préfecture du Calvados, et recevra très probablement une solution favorable.
 
On me signale également une très importante exploitation de tourbière à Heurteauville, en face Jumièges (Seine-Inférieure)- Le chantier ouvert depuis le mois d'avril dernier compte 80 ouvriers environ.

En outre, le gisement de Vierville, Saint-Laurent et Colleville a été concédé à M. Basly, à Isigny, qui espère extraire 60 tonnes par jour, au moyen de la main-d'œuvre de prisonniers allemands mis à sa disposition.

Espérons que ces bons exemples seront suivis, car il existe en Normandie, d'autres tourbières exploitées autrefois.

A. M.


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L'Hôtellerie des Plages Normandes
 
Un de nos abonnés appelle mon attention sur un article, paru le 12 août dernier, dans l'Action Française, sous la signature de M. Pierre Chastel, qui écrit :

……… Il faut avouer que la masse des consommateurs se plient d'une façon beaucoup trop sensible aux exigences des fournisseurs. Les prétentions de ceux-ci sont en raison directe de la docilité de ceux-là ? En veut-on la preuve ? La voici : le prix moyen de la pension, qui est de 12 francs par jour sur les plages bretonnes s'élève à 22 francs par jour dans le plus misérable hôtel des côtes normandes. Pourquoi ? Parce que la clientèle des plages normandes est plus facile à déplumer que celle des plages bretonnes. Elle est plus riche.
  
……… Et n'importe qui peut aller le constater lui-même, que la nourriture des hôtels bretons est actuellement de beaucoup supérieure comme qualité et comme quantité à celle des hôtels normands malgré la différence sensible des prix. Pour 3 francs vous faites un excellent déjeuner à Roscoff, tandis que vous courez le risque de mourir de faim à Houlgate ou à Villers-sur-Mer. Et pourtant le ravitaillement n'est pas plus difficile dans ces deux derniers endroits, au contraire.
 
Où notre confrère, a-t-il puisé ses renseignements en ce qui concerne la Normandie ? Est-ce à Houlgate, ou à Villers sur Mer qu'il cite dans son article ?

Je doute fort que les hôteliers de ces deux stations balnéaires laissent passer sans protestation, cette réclame d'un nouveau genre, si elle parvient à leur connaissance.

Et M. Pierre Chastel me permettra de prendre la défense des hôteliers normands en général, qui, pas plus que leurs confrères bretons, n'ont l'habitude d'écorcher toute vive leur clientèle.

Le prix de 22 francs par jour qu'il indique, a dû lui être demandé, je suppose, dans un de ces palaces que l'on rencontre aujourd'hui dans les principales stations balnéaires et que, pour les besoins de la cause, il qualifie du plus misérable hôtel des côtes normandes !!!

Il ne manque pas, sur toute l'étendue des côtes normandes, de bons hôtels de deuxième ordre, où le prix de la journée varie de 8 à 12 francs, et comprend : la chambre, trois repas avec boisson, le service, la lumière, etc., et, n'en déplaise à M. Chastel, on n'y meurt pas de faim. Lorsqu'il le désirera, je me ferai un plaisir de lui indiquer, sur la côte normande, des hôtels où il trouvera bon gite et bonne table à des conditions raisonnables.

M. Pierre Chastel me permettra encore de lui signaler, qu'en publiant un article de ce genre, sans s'être suffisamment documenté, il porte le plus grand préjudice à une classe d'honnêtes commerçants. Si vraiment il a été écorché, je ne vois aucun inconvénient à ce qu'il le dise, à ce qu'il cite même l'écorcheur ; les hôteliers auront vite fait de se désolidariser d'avec un pareil confrère ; mais de là à généraliser et à jeter la suspicion sur toute une corporation, il y a loin.

Dans le numéro d'août de Normandie, j'appelais l'attention des hôteliers normands sur la constitution de la Chambre Nationale de l'Hôtellerie française, toute désignée pour prendre en mains la cause des hôteliers dont les intérêts pourraient être lésés par une semblable publication, et je suis persuadé que les membres normands du Conseil d'administration, MM. Lebrun et Ducoudert, se feront un devoir d'appeler son attention sur ce fait.

***
 
Qu'ont donc bien pu faire les Normands à M. Pierre Chastel ? Dans une autre partie de son article, il écrit encore:
 
……… La vérité m'oblige à dire, d'ailleurs, et tout de suite, que les prix des denrées comestibles varient dans des proportions considérables avec les régions. Un poulet, par exemple, coûte en Bretagne moitié moins cher que dans les Pyrénées, et deux fois moins cher qu'en Normandie. Pourquoi ? Tout simplement parce que les Bretons sont moins âpres au gain que les autres. La production et le prix de revient des volailles sont à peu près équivalents dans ces trois régions.
 
Je n'ai aucun renseignement sur le prix de revient de l'élevage des volailles, mais ce facteur n'est pas le seul qui influe sur les prix de vente.
  
Il faut aussi, et pour une large part, y faire entrer la loi de l'offre et de la demande, ainsi que les conditions économiques dans lesquelles se trouve la contrée où se font les achats. Sous ce rapport, la Normandie voit non seulement affluer des ordres d'achat venant de la capitale, mais encore, sur son territoire, sont installés de nombreux camps anglais, et l’on sait que nos alliés sont aussi prodigues de leurs livres sterling que de leur sang.
 
L'âpreté au gain n'a donc rien à voir dans cela.

A. MACHÉ.

*
* *

FIGURES NORMANDES

Albert Boissiere


Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°6 - Septembre 1917.

L’Extravagant Teddy, de la Croix-Rouge anglaise
(1), tel est le titre du dernier roman qu'Albert Boissière, le grand écrivain normand dédie au grand poète normand Paul Labbé.
 
Je viens de recevoir ce livre, soigneusement édité par Pierre Lafitte. Si vous connaissez l'œuvre d'Albert Boissière, je vous engage à le lire, car jamais cet auteur n'écrivit quelque chose de mieux construit, d'aussi ingénieux, d'autant audacieux, de plus attachant. Et si vous l'ignorez, je vous engagerai plus vivement encore à acquérir ce bouquin : l'Extravagant Teddy de la Croix-Rouge anglaise, en effet, synthétise aussi complètement que possible le talent très particulier d'Albert Boissière, homme exceptionnel en toutes choses.

Cache ta vie, montre tes œuvres : voilà sa devise. Elle est sage. Ce n'est pas une raison pour que je ne soulève pas, à votre intention, un petit coin du voile — car la vie de notre célèbre compatriote est aussi pittoresque que le meilleur de ses romans.

Sans entrer dans des détails dépassant à la fois les limites du permis et celles d'un portrait à la plume, sachez donc qu'Albert Boissière, né le 26 janvier 1866, à Thiberville (Eure), passa la première moitié de son existence à restituer joyeusement à la collectivité la confortable fortune qu'il tenait de son père. Beaumont-le-Roger, Bernay et autres lieux se souviennent encore de ce joyeux, généreux, solide et beau garçon, observateur scrupuleux des préceptes de ses vieux compatriotes, Olivier Basselin, Le Houx, et Saint-Amand. En particulier, certain magistrat bernayen n'oubliera jamais la nuit paisible au cours de laquelle, grâce à la... sollicitude d'Albert Boissière, il fut arrêté par les gendarmes et coffré sans hésitation pour attentat à la pudeur. Cette insouciante existence dura tant que l'auteur de l'Extravagant Teddy n'eut pas de doutes sur la solidité de son crédit. Elle cessa lorsqu'il ne lui resta en toute propriété qu'une rente insuffisante pour lui permettre de vivre pendant un mois entier.

Que faire ? Refaire fortune, parbleu !... Mais en vendant quoi ?... Tout simplement de la littérature — le seul métier ou le seul Art auquel Albert Boissière n'avait jamais songé I Et, sacrifiant à l'usage, pour une fois mais bien à sa manière, il débute par un volume de vers : l'Illusoire Aventure (2) (Edition de La Plume, 1897).

Paris ne l'intéressa pas longtemps. Il y fonda pourtant une éphémère et rarissime revue qu'il intitula : D'Art, titre original et bref, suffisant presque à caractériser déjà son inventeur. Cet infortuné provisoire y fit la charité, mais il sut choisir ses pauvres, et l'on put lire à ses sommaires des noms consacrés depuis (ou à la veille de l'être) : Jean Viollis, Yvanohé Rambosson, André Magre, auteur des Poèmes de la Solitude, en attendant d'être un héroïque sous-préfet, son frère Maurice Magre, qui écrivait alors la Chanson des Hommes, Paul Vérola, Edmond Pilon, etc.

Enfin, d'une de ses innombrables et successives résidences de province, il envoya les Magloire, roman rustique aussi différent que possible de l'Illusoire Aventure, à Eugène Fasquelle, qu'il ne connaissait point.

Fasquelle, continuant les traditions de Charpentier, est un des rarissimes éditeurs qui lisent et qui traitent en amis les auteurs de leur goût. Il édita les Magloire, « inventant » ainsi Albert Boissière, écrivain à peu près inédit — comme il nous « inventa » peu après, M.-C. Poinsot et moi, en publiant notre premier roman, l'Echelle, sans nous avoir jamais vus et sans rien savoir de nous. Du coup, Albert Boissière fit tomber les longs et fins cheveux encadrant le front du bel auteur de l’Illusoire Aventure — à la stupéfaction de la Rive-Gauche éperdue... Au point qu'Henri Mazel, portraicturant l'étonnant écrivain dans la Plume de Léon Deschamps (3), pouvait écrire : « Au physique, Albert Boissière est un homme d'environ trente-cinq ans, d'allure robuste, de physionomie franche, de regard affectueux ; jadis il se nimbait d'une auréole crespelée et noire, aujourd'hui il se profile en crâne de centurion sur camaïeu chauve. Lebègue a représenté les deux Boissière, la main dans la a main, le chevelu tenant l'Illusoire Aventure, le dénudé ostentant les Magloire ; ces deux « Siamois semblent frères. »

Or, jouer les frères Siamois ne suffit bientôt plus ni à Boissière, ni même aux héros de ses romans (l’Extravagant Teddy et plusieurs de ses aînés vous le montreront) : il joua les Protée.
 
Poète en quatre genres, fort différents avec la Gloire de l'Epée, œuvre de la noble école hérédienne, Culs de Lampe, « bouquet de ciselures martelées par un chef ouvrier désireux de se prouver à lui-même sa maîtrise en tous les styles (4) », L’Illusoire Aventure, influencée à la fois par Baudelaire et par Mallarmé, et Aquarelles d'Ames (Ed. de « la Maison d'Art », 1901) où la sensibilité exaspérée des précédents recueils montre plus de profondeur intime, moins de goût pour l'allégorie et le décor et où il se soucie plus « de revêtir l'idée avec netteté et de traduire son caractère que de collaborer à un tissu harmonieux de nuances égales (5) », romancier néo-naturaliste avec les Magloire, grande étude terrienne, toute parfumée de la bonne odeur des pommes normandes, « fresque de mœurs rustiques se rattachant à tous les grands peintres de la vie rurale, à Zola par l'intensité de la vision ; à Guy de Maupassant, par la fidélité de l'observation ; à l'Huysmans d'En rade, par la particularité artistique de l'expression (6)» et avec Une garce (Fasquelle, 1900), il revient immédiatement à l'écriture artiste et compose un roman symboliste : Les trois fleurons de la couronne (Fasquelle, 1900), puis des romans humoristiques, où, constate Pierre Véber, il obtient « un comique particulier par une observation minutieuse des petits gestes et des petites pensées », puis des pages de critique d'art telles que Le Peintre J. L. Rame (chez Gentil) ; puis des contes et des nouvelles à l'Echo de Paris, au Journal, au Matin, etc. ; puis des essais de feuilletons de tous ordres annonciateurs de ses grands succès du Petit Journal et du Petit Parisien ; puis d'aimables et gaies reconstitutions historiques : Jolie, d'abord publié par l'Echo de Paris et la Crinoline enchantée, offerte en inédit aux lecteurs du Figaro ; puis d'alertes critiques littéraires au Nouveau Précurseur d'Anvers ; puis des romans policiers et de grands ouvrages populaires en France et à l'étranger : Le scandale de la rue Boissière ; Un Crime a été commis ; l'Homme sans figure ; Z, le tueur à la corde ; Le Petit Mécano, Le Clown rouge ; Les Deux Milliardaires, etc.. Et je n'ai cité ni la Tragique Aventure du Mime Properce, ni La Vie malheureuse de l'heureux Stevenson, ni les Chiens de Faïence, ni les Tributaires, ni Joies conjugales, ni Clara Bill, danseuse, ni le Jeu de Flèches, ni même M. Duplessis, veuf, son premier feuilleton : « le cœur m'en bat encore à quinze ans de distance !... », m'écrivait-il en 1915.
 
Tout cela fut édité par Fasquelle ou Pierre Laffitte, publié en inédit par le Temps, le Journal, le Figaro, le Petit Journal, le Matin ou le Petit Parisien, reproduit en province, en Angleterre, en Belgique, en Italie, aux Etats-Unis, au Canada, puis en Serbie, en Roumanie, en Espagne, en Suède, voire en Autriche et en Allemagne même !...
 
Les écrivains les plus féconds restent confondus devant une production aussi rapide, aussi parfaite — et d'une, variété sans seconde.
  
Quant à Albert Boissière, il semble que son talent se complète et grandisse sans arrêt d'un volume à l'autre.

Jamais il n'a mieux jonglé avec les difficultés effrayantes qu'il semble accumuler à plaisir, que dans L’Extravagant Teddy de la Croix-Rouge anglaise ; jamais il n'a échafaudé une intrigue plus saisissante, plus serrée, plus étrange (J.-H. Rosny aîné seul, grâce à son admirable génie, a pu le dépasser dans l'Enigme de Givreuse), jamais il n'a plus dédaigné les effets, le style et le morceau d'anthologie ; jamais non plus il n'a écrit une langue plus directe, plus sobre, plus correcte (en dépit d'un rien, très voulu, de raideur anglaise), plus complètement exempte de bavures.

Pourtant, la littérature semble n'être plus pour lui — revenu de tant de choses, de tant de lieux et de tant de gens ! — qu'un passe-temps assez dénué d'agrément.

La guerre l'a surpris dans les Pyrénées qui lui ont rendu la santé, qu'il ne quitte plus et où il stupéfie les foules. Ne faisant qu'un avec son auto, il file à toute vitesse « pour les virages à la corde et grimpe toutes les côtes en prise directe ». Il se lance comme un projectile « sur les routes ondulées qui, de Biarritz à Luchon, se déroulent dans les sites les plus variés, tour à tour plaisants et tragiques ... » Il n'ébouriffe plus les pensionnaires du Soleil d'Or, il ne fait plus coffrer les magistrats de Bernay pendant les belles nuits silencieuses où son rire annulait le frisselis de la Charentonne, mais du Pic du Midi d'Ossau au Pic du Midi de Bigorre, il se conduit comme un wiking foulant un rivage inconnu. Dans ses ruées affolantes, il a écrasé sans remords des chiens, des oies, des canards et des cochons considérables, mais les contraventions pour excès de vitesse n'ont pu mettre fin à ses exploits de Tarbes à Pau, de Saint-Christau à Bagnères, ou de Biarritz à Luchon, — que Jean Lorrain éberlua naguère d'autre façon.
 
Excès de vigueur, amour héréditaire du changement, de l'aventure et du danger, procédé de travail, moyen de surexciter l'imagination (lente chez nous tant qu'elle n'a pas un point d'appui,) fuite ou dédain des réalités toujours décevantes, ou culture physique intensive ?... Que nous importe !...
 
Depuis qu'Henri Mazel saluait ce « Normand de pure Normandie » à ses débuts, signalait sa « carrure semi-trapue », sa « forte moustache arquant le milieu du visage » et proclamait qu'il rappelait Flaubert, Albert Boissière bon vivant très vivant, a créé, comme en se jouant, une œuvre solide, neuve, bien à lui, encore plus vivante que lui.
C'est à merveille. Tout le reste n'est rien.

Georges NORMANDY.

(1) 1 vol. sous couverture ill. (Ed. Pierre Laffitte, 90, av. des Champs-Elysés, Paris), 3 fr. 50.
(2) Je passe sous silence deux minces plaquettes : La Gloire de l'Epée et Culs de Lampe.
(3) 1er mars 1899, p. 146 et suiv.
(4 Henri MAZEL, passim.
(5)(6) Gustave Kahn.



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Colombine sauvée
ballet-pantomime en un acte et quatre tableaux
par
Jean Lorrain

Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°6 - Septembre 1917.

TROISIÈME TABLEAU

Un cimetière de village, très gai, très ensoleillé, bordé, au fond, vers la droite, par le chevet de l'église dont les contreforts viennent mourir dans l'herbe. Le fond de la scène est occupé par le mur du cimetière, - dont une partie, écroulée, laisse voir la campagne et d'immenses champs de blé, - mur fuyant à perte de vue, sur le ciel bleu. A gauche, entre deux piliers rongés de mousse, la grille du cimetière. Sur une des tombes, déjà envahie par les herbes et occupant le milieu de là scène, on peut lire : « Ci-gît PIERROT. »

Au lever du rideau la scène est vide. Une femme en haillons, encapuchonnée d'une mante et qui semble se traîner avec peine, paraît dans la brèche du cimetière. Elle passe et disparaît.

Une minute après, elle reparaît à la grille, entre et se dirige en chancelant parmi les tombes : c'est COLOMBINE. Elle se laisse tomber, assise, les mains jointes, sur l'une d'elles ; elle songe, puis, avec un geste de désespoir, elle se lève et va rôdant par le cimetière comme si elle cherchait à lire une inscription.

Elle arrive devant celle de PIERROT, recule comme épouvantée, puis demeure stupide, les mains jointes sous sa mante et la tête baissée.

Le gardien du cimetière, depuis un moment, vaque à travers les tombes, un arrosoir à la main, et    passe auprès d'elle sans la voir. COLOMBINE l'entend, tressaille et allant vers lui, lui demande qui est enterré là. Le jardinier lui explique par signes que c'est un fou qui aimait une dévergondée, une jeune fille perdue, qui a quitté le pays et qui, pour elle, a reçu un coup d'épée là (au coeur), et il s'en va en haussant les épaules.

COLOMBINE s'accroupit, atterrée, sur la tombe de PIERROT ; elle demeure là, quelques moments, immobile, muette, affaissée dans ses haillons. Est-elle donc si changée que le vieux fossoyeur ne l'ait pas reconnue ?

Musique joyeuse. Ce sont les filles et les gars du village qui reviennent de la moisson et passent le long du mur du cimetière en chantant et en dansant presque. Les uns portant des gerbes, les autres couronnées de coquelicots, de nielles, de bluets, ils apparaissent d'abord en buste dans la brèche, puis tout entiers derrière la grille.

COLOMBINE les entend, se soulève et se dirigeant vers le mur du fond, s'appuie contre la brèche. Elle les regarde tristement passer.

Les chants s'éteignent au loin. La campagne demeure vide.

COLOMBINE reste immobile à la même place. Aucun de ceux-là non plus ne l'a reconnue !

Pendant qu'elle songe, les yeux perdus dans la campagne, CASSANDRE et sa femme sortent lentement de l'église. Ils sont vieux, cassés, tous les deux en grand deuil ; ils avancent péniblement. Bras dessus, bras dessous, s'appuyant chacun sur une canne, ils traversent lentement le cimetière.

COLOMBINE, la bouche grande ouverte et les mains jointes, les regarde stupidement passer entre les tombes. Arrivée devant celle de PIERROT, Mme CASSANDRE s'arrête et se baisse pour cueillir une fleur ; dans ce mouvement, son livre de messe lui échappe et c'est CASSANDRE qui le lui ramasse. Il la gronde cependant en brandissant sa canne. Mme CASSANDRE porte alors son mouchoir à ses yeux, et le bonhomme s'excuse et la console ; lui-même écrase avec son doigt une grosse larme qu'il a dans l'oeil.

COLOMBINE, qui a suivi toute cette scène avec un regard d'angoisse, fait un crochet à travers les tombes et les suivant presque pas à pas, les dépasse enfin et vient, en rabattant sa mante sur sa tête, se poster devant eux, à la porte du cimetière, dans l'attitude d'une mendiante.

Arrivé devant elle, CASSANDRE, d'un geste machinal, retire quelque monnaie de son gousset et lui fait l'aumône. Puis il passe. COLOMBINE reste seule.

Eux non plus ne l'ont pas reconnue !

COLOMBINE porte la main à son front avec un grand geste de désespoir, et, trébuchant à travers les tombes et les hautes herbes, vient s'abattre à plat ventre sur la tombe de PIERROT. On voit son dos haleter, secoué par les sanglots.

A ce moment, les deux Arlequins du premier tableau apparaissent sur la crête du mur, tous deux masqués de noir, leur guitare en sautoir et dans l'attitude de leur première apparition : l'un, assis, les jambes pendantes dans l'intérieur du cimetière, l'autre, à mi-corps sur une échelle, ils grattent, sur leur guitare, le motif de leur aubade... mais devenu singulièrement strident et moqueur.

A cette musique, COLOMBINE relève lentement la tête, comme folle, puis, se retournant, elle aperçoit les Arlequins. Elle se lève toute droite. Leur faisant face, le dos tourné au public, elle les regarde avec épouvante. Les Arlequins ôtent leurs masques et sous leurs bicornes ricanent deux têtes grimaçantes. Ils disparaissent derrière le mur, avec de grands éclats de rire.

COLOMBINE, elle, est tombée à la renverse en poussant un grand cri.

RIDEAU
(A suivre.)

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L’ÉCOLE DE FÉCAMP (1)

René Crevel
 
Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°6 - Septembre 1917. Ce descendant de potiers, d'architectes et de dessinateurs sur étoffes, est un décorateur-né. Il a vingt-six ans et son tempérament est déjà aussi fermement esquissé que la plupart de ses œuvres. Amené, par les exigences de la vie pratique, à créer des compositions suivant avec assiduité toutes les variations de la mode parisienne, il fait preuve d'une fécondité, d'une facilité, d'une souplesse, d'une variété exceptionnelles tout en conservant son originalité propre. Cela n'est pas facile ; toutefois, sa quasi spécialisation dans la recherche des galbes mobiliers et des motifs d'impressions sur tissus lui fait de temps en temps exagérer, jusqu'à la raideur, la vigueur de sa facture et l'intensité de son coloris jusqu'à cette brutalité éclatante dont raffolent à présent nos élégantes.

Exagération d'une qualité fort rare chez un vrai jeune et défaut passager que de longs tête-à-tête avec la Nature cauchoise tempéreront à souhait dès que René Crevel pourra travailler librement, — j'entends sans souci de la « matérielle ».

Son amusant logis de la rue de l'Université contient des études devant lesquelles j'ai pu me porter garant de l'avenir  de ce curieux artiste en tant que décorateur. J'espère bien le voir signer un jour prochain — lui qui n'a pu signer tant de compositions exploitées et vantées « en exclusivité (2) » par le Printemps, les Galeries Lafayettes ou Pygmalion ! — j'espère, dis-je, le voir signer un jour prochain, de belles affiches, des décors de théâtre et des meubles disputés. Nous lui devrons des papiers peints à rendre jaloux les vieux artisans de Rixheim, des images coloriées à désespérer Guy Arnoux, des ameublements à affoler Iribe et André Groult, des illustrations à « épater » Carlègle et Delaw, des toiles peintes à éclipser les toiles de Jouy d'antan, des reliures à stupéfier Marius Michel et André Mare et des « intérieurs » à damner Poiret en personne...

Normandie, revue régionale illustrée mensuelle, n°6 - Septembre 1917. Mais lui devrons-nous de bonnes peintures ? Oui, certes, s'il ne traite pas la nature avec une indépendance excessive ; s'il interprète (aussi hardiment qu'il voudra car, même lorsqu'il s'amuse à suivre les rares cubistes doués de talent, il n'abandonne pas toute mesure) des paysages réels ; s'il étudie souvent sans but commercial — « J'apprends, confessait Harpignies plus qu'octogénaire » ; — s'il ne se laisse pas accaparer tout entier par les séductions dorées mais fragiles de la Mode capricieuse, tyrannique et stérilisante.

En résumé, René Crevel m'apparaît non seulement comme un décorateur capable d'arriver, au sens vulgaire du mot, mais encore comme un artiste nanti de tous les dons nécessaires à la création des œuvres complètes et des renommées solides.

Georges NORMANDY.

(1)Voir Normandie n°2 (André-Paul LEROUX) et n°4 (Henri-E. BUREL).
(2) Il y a là une grave question de propriété artistique que je me propose d'élucider bientôt avec le concours de mon confrère Cadot, administrateur du Petit Messager des Arts, et avec celui de ses collaborateurs.



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Ton Portrait

Lorsque j'ai trop souffert, lorsque je me désole,
Je prends ton cher portrait pour lui parler tout bas.
Je sais bien, pauvre fou, qu'il ne répondra pas,
Mais ils parlent tes yeux ! et cela me console.

Pour mieux te regarder, du monde je m'isole :
Que ton sourire est doux, qu'ils sont doux tes appas !
Et de les contempler je ne suis jamais las,
O ma dernière amie, ô mon unique idole !

Pourtant je dois garder, tu me l'as dit souvent,
Mes plaintes pour moi seul : ma douleur t'importune
Ou te fait rire... Autant en emporte le vent !

Te voir, offrande en main, — dédaigner mes amours,
T'adorer sans espoir : telle est mon infortune...
Et ton portrait me raille en souriant toujours !

Vincent-Louis MARTIN

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Crépuscule

Souvenir des marais de Carentan.

Le désert des joncs durs jusqu'aux coteaux lointains
Creuse mollement ses ondulations vertes.
Le marais est à sec, le bleu du ciel s'éteint,
Un brouillard monte épais des crevasses ouvertes...

C'est l'heure où naît le soir, où la fine dentelle
Des taillis élancés qui suivent l'horizon
Déchire le soleil, qui saigne et qui chancelle ;
L'heure où l'oiseau regagne sa frêle maison...

Rien ne respire plus... L'ombre approche sans rides
Le vent s'appesantit sur le brouillard ouaté...
C'est l'heure où les cieux clairs sont complètement vides
Et le marais s'endort dans son immensité...

Marcel FAUCHOIS.

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L'Attente

Je m'accoude à ma vitre et reste sans bouger.
C'est le printemps. J'attends ma Muse, une hirondelle.
Trop épris pour oser me croire oublié d'elle.
Je tressaille et souris au son le plus léger.

Et, comme un pauvre amant que le soir fait songer,
Je soupire. Ce que je veux de l'infidèle,
Oh ! ce n'est pas un bruit de pas, mais un bruit d'aile ;
Aussi le monde est-il à ma peine étranger !

Pourtant, l'amant déçu, las de veiller sans trêve,
S'endort et voit deux yeux s'étoiler dans son rêve.
Du plus fervent amour le sommeil est vainqueur !

Mais moi, j'attends, ô Muse. Et quand, une par une
Chaque seconde bat au rythme de mon cœur,
J'ai l'air de chercher l'heure au cadran de la lune.

Paul VAUTIER.

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Mauvais Passage (1)

Le sang des guerriers coule et se mêle aux fontaines :
La terre se détrempe en de rouges limons ;
Du creux de la vallée à la cime des monts,
La jeunesse agonise au choc des vieilles haines.

L'atmosphère trahit ; les mers sont inhumaines,
Et le ciel sert de lice aux tournois de démons.
Auprès de ces horreurs, qui serrent nos poumons,
Les neuf fléaux d'Egypte ont l'air d'infimes peines.

Nous paraissons descendre au fin fond de l'enfer,
Car sous nos pieds tremblants un abîme est ouvert
D'où monte, vénéneuse, une vapeur de soufre.

Et pour franchir le temps jusques à l'autre bord,
Nous allons sur la planche ondulante du sort,
Visé par le vertige aux aguets sur le gouffre.

Jean MIRVAL (Georges LEBAS).

(1) Ces poèmes font partie d'un recueil, intitulé Eclats de Vers, qui paraîtra après la guerre.


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M. LIARD
 
 
Un Normand des plus éminents, M. Liard, vice-recteur de l'Académie de Paris, vient de mourir à l'âge de 71 ans.

Originaire de Falaise, élève de l'Ecole Normale supérieure, agrégé de philosophie et docteur ès lettres, il avait professé la philosophie à la Faculté de Bordeaux, en 1875, puis était devenu recteur à la Faculté de Caen. En 1884, il avait été appelé à remplir au ministère de l'Instruction publique les fonctions de directeur de l'enseignement supérieur et puis avait été nommé vice-recteur de l'Académie de Paris en 1902, en remplacement de M. Gréard.
 
Membre de l'Institut, grand'croix de la Légion d'honneur, M. Liard a écrit de nombreux ouvrages : les Logiciens anglais contemporains, la Science positive et la Métaphysique, la Morale et l'Enseignement, l’Enseignement supérieur en France, Universités et Facultés, etc.
 
Très souffrant depuis quelque temps, il avait demandé sa mise à la retraite et devait être remplacé à la rentrée d'octobre, comme vice-recteur de l'Académie de Paris, par M. Lucien Poincaré.
  
Le Conseil des Ministres a décidé qu'en raison des services rendus à l'Université et au pays, par M. Liard, ses obsèques auraient lieu aux frais de l'Etat.


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La Réforme de l'Éducation nationale et le Régionalisme scolaire
 
Un ingénieur, M. Georges Hersent, dans un livre qui est appelé à faire sensation dans les milieux universitaires, trace pour l'après-guerre un plan de réforme de l'éducation nationale:
   
« La France de demain, dit-il, réclame impérieusement que chacun soit préparé à une vie mieux en rapport avec ses facultés personnelles et surtout avec sa destinée normale. Elle exige que l'éducation ne soit plus un plan purement idéal et uniforme, dont la poursuite ne mène à rien, tout en voulant mener à tout : mais qu'elle soit organisée en vue de faire des gens heureux dans leur situation, entraînés à la production intensive dont dépendra l'essor du pays. »
 
Et en homme d'action, M. Hersent ne s'est pas borné aux généralités ; tout de suite il a tracé un plan et fixé un programme de l'éducation moderne telle qu'il la juge nécessaire pour l'après-guerre, en passant par la culture physique, la formation du caractère, l'instruction, l'enseignement professionnel : élémentaire, moyen et supérieur, pour former des contremaîtres, chefs de services, chefs de grandes entreprises, etc.
  
Au point de vue régionaliste, ce programme dit:
 
L'enseignement primaire doit être adapté aux divers milieux économiques : REGIONALISME SCOLAIRE.
  
Dans les campagnes les deux dernières années seraient remplacées par des cours périodiques ou saisonniers.

Ce plan qui sera approuvé par tous les Français clairvoyants, réclame, en somme, un peu moins d'idéal et un peu plus de réalités, et il me paraît cadrer avec l'état d'esprit de ceux de nos poilus qui ont fréquenté les tranchées. Un officier, en effet, m'écrivait dernièrement :

« C'est que, voyez-vous, après 26 mois de tranchées, on doit savoir, pour peu qu'on ait observé et réfléchi, ce qu'il faudra à notre France de demain : du Rêve, certes, et qui songerait à le nier, puisque c'est proprement le génie français, mais de l'action, de l'action immédiate. »

Je souhaite vivement que nos compatriotes, réfléchissant à ces paroles, n'attendent pas l'après-guerre pour les mettre en pratique, car ce n'est que de l'énergie et de la coordination des efforts de tous que l'on peut attendre le développement de la prospérité régionale et nationale.

A. M.


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Les Régionalistes à la guerre.

Le capitaine Emile Lesueur vient d'être nommé chevalier de la Légion d'honneur à la suite de la citation que voici:
  
« Officier d'une haute valeur morale et d'un dévouement absolu. Bien que reconnu inapte à l'infanterie, a fait toute la campagne comme commandant de compagnie dans un régiment actif, jusqu'au 23 juin 1916, date à laquelle il a été blessé à Verdun. A demandé à être affecté à un état-major sur le front, dans lequel il vient d'être à nouveau très grièvement blessé, le 11 juillet 1917, au cours d'une reconnaissance sous un violent bombardement. Déjà cité à l'ordre. »
 
Le capitaine Emile Lesueur, (fils du chef de bataillon Benoni Lesueur, membre de l'Académie d'Arras, auteur d'une remarquable histoire d'Etrun, fait prisonnier à Maubeuge et mort en captivité à Torgau) est l'avocat bien connu, le poète fort estimé de Mais survint l'Amour... (Sansot éditeur) et le fondateur des Rosati d'Artois, cette florissante société régionaliste qui organisa les fameuses fêtes d'Arras, Saint-Pol et Cambrai (1912-1913-1914) en l'honneur de Paul Adam, Sébastien, Charles Leconte et Auguste Dorchain. Normandie offre ses félicitations à ce régionaliste de marque et à cet héroïque soldat.


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Le Retour à la Terre
 
Le retour à la terre, qui a été traité à différentes reprises dans ses articles, par notre collaborateur Henri Blin, est aussi l'objet des préoccupations de la Société des Agriculteurs de France. Elle pense qu'il faut retenir les cultivateurs à la terre, et en former de nouveaux.
 
Le meilleur moyen d'y parvenir, croit-elle, est de placer les enfants, au moment où ils sortent de l'école primaire, dans un orphelinat agricole ou dans une ferme-école.

Leur préparation durant trois années, pendant lesquelles ils ne rapportent rien, la Société des Agriculteurs de France vient de décider la création, par voie de souscription, de bourses et de demi-bourses, d'une valeur de 500 francs par an.


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Notre collaborateur Paul Vautier, en ce moment au front, nous avait annoncé un article : Les Croix du champ de bataille de la Marne, qui ne nous est pas encore parvenu au moment de mettre sous presse. Nous le publierons dans notre prochain numéro.


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Nouvelles Commerciales et Industrielles

— Les actionnaires des Mines de Larchamp, dont le siège est à Flers (Orne), réunis en assemblée générale, ont voté l'augmentation du capital à 5 millions de francs, par l'émission de 4.000 actions de 500 francs. Cette augmentation est destinée à la reprise de l'exploitation et au remboursement d'avances.
 
— Le Conseil d'administration de la Société Française des Mines de fer (Calvados), a également décidé la reprise de l'exploitation ; pendant le premier semestre de 1917, il a été vendu 12.000 tonnes de minerai, alors que pendant toute l'année 1916, il n'en était sorti que 1.000 tonnes.
  
La Compagnie Française des mines Powell-Duffryn, siège social, 24, quai Gaston-Boulet, à Rouen, va augmenter son capital de 5 millions à 7.500.000 francs par la création de 5.000 nouvelles actions. La priorité de souscription est réservée aux anciens actionnaires.
 
Les Etablissements Tricoche, fonderie de suif, à Rouen, viennent d'être achetés par la Société  d'alimentation  d'Aubervilliers.


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NOS PORTS

LE HAVRE
  
La Chambre de commerce du Havre est autorisée, par décret du 6 août, à emprunter 1.017.434 francs pour faire face aux améliorations suivantes du port : Construction d'un appontement à l'extrémité est du grand quai.
Amélioration   du bassin-dock. Etablissement d'une voie charretière sur la partie est de l'écluse de Vetillart. Acquisition des terrains.

CAEN

La Chambre de Commerce a adressé au ministère des Travaux publics une demande d'emprunt de deux millions destinés aux premiers travaux d'élargissement et d'approfondissement du canal de Caen à la mer. De grands travaux vont en effet être entrepris pour rendre le port accessible aux navires de 4.000 tonnes. Le devis s'élève à 20 millions de travaux. Le canal qui a actuellement un tirant d'eau de 6 m 12, en aura 7 mètres et une largeur de 21 mètres au plafond au lieu de 10 m. qu'il a actuellement.
              
CHERBOURG

La nouvelle jetée du Homet est maintenant en pleine exploitation ; elle offre aux navires six ports d'accostage de 125 mètres de long chacun. Des voies ferrées la desservent, on y compte 11 grues à vapeur à benne automatique de 3 tonnes de puissance à 14 mètres de portée.

Le déchargement simultané de 3 à 4 navires est actuellement exécuté dans de bonnes conditions. (Le nombre de grues prévues pour l'ensemble des postes est de 18 ; quand ces grues auront été livrées, 6 navires pourront être déchargés simultanément dans de bonnes conditions.)

L'établissement maritime de Homet est en principe réservé aux navires portant des marchandises pondéreuses en vrac (combustibles minéraux), accessoirement aux navires porteurs d'aciers ou métaux lourds ; la disposition des lieux ne permet que les déchargements directs de bateaux en wagons découverts. Mais un stockage situé à 2 kil. 500 environ de la jetée, et desservi par wagons de brouettage, peut recevoir les marchandises pondéreuses en provenance des navires et en attente.
  
Deux remorqueurs, l'un de 1.200 chevaux, l'autre de 500, sont affectés aux manœuvres d'accostage et de départ du navire ; ces opérations s'exécuteront donc dans des conditions de sécurité aussi complètes que possible. L'ensemble des manutentions et des transports à exécuter dans l'Etablissement du Homet c'est-à-dire depuis la jetée jusqu'à Equeserdreville) sera assuré par une entreprise unique, composée de MM. Jules Cavroy, Y. et G. Hersent, et à la Société commerciale d'affrètements et de commission.
 
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Les Régions Economiques. — Le projet de division de la France en régions économiques ayant été soumis pour avis à la Chambre de commerce de Caen par le ministère du commerce et de l'industrie, l'assemblée a décidé de demander que la Basse-Normandie ne soit pas englobée dans la 2e région, dont le siège a été primitivement fixé à Rouen, et qu'elle forme, en égard à l'importance du port de Caen, auquel le plus grand avenir est réservé, ainsi qu'aux richesses minières et au développement industriel de la région, une division autonome comprenant les départements du Calvados, de l'Orne et de la Manche, dont le siège serait Caen.
  
Mines de houille du Plessis. — Par décret du 1er août 1917, est autorisée la cession de la concession de mines de Houille du Plessis, consentie au nom de l'Etat à la Société Civile de Recherches de Basse-Normandie, sans que cette autorisation implique aucune approbation des conditions financières de la cession ou préjuge de la valeur de la mine.
 
Mines de fer de Barbery (Calvados). — Par décret en date du 28 juillet est rejetée la demande de la société des mines de fer de Barbery en extension de la concession des mines de fer du même nom, sur le territoire des communes de Barbery, Saint-Germain-le-Vasson ; Fontaine-le-Pin   et Grainville-Langannerie.
 
Nouvelle Société à Rouen pour la fabrication de tissus. — Une société en nom collectif a été constituée au capital de 800.000 francs et pour une durée de 10 années, avec siège, à Rouen, 34-36, rue Saint-André, sous la raison sociale : André Laîné, Bignolais et Cie. Cette société a pour objet la fabrication de tissus.

  — La Société anonyme Union Normande, quai du Havre, 21, à Rouen, vient d'augmenter son capital de 1.700.000 francs à 2.f25.000 fr. suivant acte du 22 juin 1917, déposé à l'étude de Me Gaston Gence, notaire à Rouen.
 
— Une Société en commandite simple, Van Linden et Cie, vient de se former à Rouen, 5, rue Moiteuse, avec pour objet le Commerce d'approvisionnement de navires à Rouen, et tout commerce accessoire. Capital, 50.000 francs. Durée, 5 ans.


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Le Palmarès Normand

DUVAL, JOSEPH-MARIE, marin, de Fécamp :
  
« Lors du torpillage du « Mont-Viso », s'est fait remarquer par son énergie et son dévouement dans les opérations de sauvetage de ce bâtiment. » M. Duval est actuellement second maître de manœuvre à bord du chalutier Normandie.

DESBAINS, pharmacien auxiliaire :
 
« Pharmacien auxiliaire, très dévoué et courageux, acceptant gaiement les missions périlleuses. S'est particulièrement distingué lors des attaques du 16 au 23 avril 1917 en assurant la liaison avec un P. S. régimentaire et en dirigeant les évacuations dans une région violemment bombardée. » M. Debains est pharmacien rue du Général-Faidherbe, au Havre.
 
PREVOST FRANÇOIS-ARMAND, sergent au 74e d'infanterie :
  
« Sous-officier de grande valeur. Au front depuis le début de la campagne. S'est distingué en maintes circonstances par son courage et son sang-froid, et notamment le 5 avril 1916, en se portant dans un élan superbe à l'assaut des tranchées ennemies, a été très grièvement blessé au cours de cette action. » M. Prévost, dont c'est la troisième citation, était directeur d'assurances à Rouen, 43, rue de la République.
  
LABRO, HIPPOLYTE-FERNAND, lieutenant au 23e régiment d'artillerie coloniale, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur :

« Officier d'une bravoure et d'un dévouement remarquables. Déjà blessé au début de la campagne, l'a été de nouveau très grièvement le 16 avril 1917, en accomplissant une mission périlleuse. Déjà cité à l'ordre. » Pour prendre rang du 27 avril 1917). La présente nomination comporte l'attribution de la croix de guerre avec palme. » Ancien élève de l'Ecole communale de Maromme, de l'Ecole supérieure de Rouen et des Beaux-Arts de Rouen, M. Labro est le gendre de M. Bennelli, chimiste, aux Etablissements de Thaon, à Notre-Dame-de Dondeville.
 
DUVAL, RAYMOND, sergent au 329e d'infanterie :
  
« Sous-officier d'une très grande bravoure et d'un sang-froid exemplaires, volontaire pour toutes les missions périlleuses, a été blessé en se portant, à la tête de sa demi-section, à l'assaut d'une tranchée ennemie fortement organisée et armée de mitrailleuses. » M. Duval était un des plus brillants équipiers de l'équipe foot-ball association du Havre-Sports.

AVENEL, EUGÈNE, de la compagnie de mitrailleuses du 329e d'infanterie :

« Bon soldat mitrailleur, a fait preuve de beaucoup de courage et de sang-froid en servant sa pièce sous les feux les plus violents d'artillerie et de mitrailleuses. » M. Avenel est le propriétaire du café Thiers, au Havre.
 
ULLERN, CARL, capitaine, directeur d'une école de grenadiers d'armée :
  
« Après s'être fait remarquer dans la troupe par son courage et son activité, commande depuis plus d'un an une école de grenadiers d'armée : à ce titre, a organisé plusieurs opérations difficiles. Le 24 avril, a pris la direction d'un combat acharné contre un adversaire très supérieur en nombre et après quatre heures d'efforts a conquis de haute lutte un point d'appui important. » M. Ullern est de Honfleur.




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Le Gérant : MIOLLAIS.
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IMPRIMERIE HERPIN, Alençon. Vve A. LAVERDURE, Successeur.




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