BRÉBISSON, Alphonse de : De la théorie de M. Paramelle pour la découverte des sources.- Lisieux : Impr. Durand et Cie, Grande-Rue, 1836.- 12 p. ; 21 cm.
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EXTRAIT DU NUMÉRO SEPT DU RECUEIL DE LA SOCIÉTÉ. ~*~
DÉCOUVERTE DE SOURCES. La sécheresse dont notre pays a éprouvé les effets depuis quelques années, a engagé la Société à se mettre en relation avec M. l'abbé Paramelle que signalaient à son attention les services qu'il a rendus dans d'autres parties de la France, en y découvrant des sources. Pour réponse aux communications qui, en conséquence, lui ont été adressées, M. Paramelle a écrit au secrétaire de la Société les deux lettres qu'on va lire ci-après, suivies d'un mémoire de M. de Brébisson, qui fait connaître la théorie dont les découvertes opérées par M. Paramelle sont une application. La Société fait mettre ces différentes pièces sous les yeux de MM. les Membres et correspondans, et MM. les Maires de l'arrondissement de Falaise et du canton de Saint-Pierre-sur-Dive, pour qu'ils puissent, s'ils jugent convenable de réclamer pour eux-mêmes les services de M. Paramelle, envoyer à cet effet leurs noms au secrétariat de la Société, rue d'Argentan, n° 25, à Falaise, et transmettre la même indication à ceux des propriétaires de leurs différentes localités, qui pourraient être dans le cas de vouloir en profiter. _____
St-Céré, le 3 décembre 1835 (reçu le 11). MONSIEUR, Les personnes qui me sollicitent à venir leur indiquer des sources m'expriment souvent le désir de connaître les résultats de ma théorie, les conditions auxquelles j'opère et la forme que doivent avoir les demandes qu'on m'adresse : cette lettre a pour objet de les satisfaire. Les procès-verbaux qui ont été adressés par MM. les Maires et qui sont déposés à la Préfecture du Lot, ainsi que le certificat de M. le Préfet dont je suis porteur, constatent que sur 75 puits, ou fontaines, qui ont été creusés d'après ma théorie, 69 ont réussi à mettre au jour des sources salubres et abondantes. Leur profondeur moyenne est de 19 pieds, et les frais faits pour les découvrir se montent, terme moyen, à environ 68 francs. Parmi ces découvertes, il en est 12 qui ont coûté moins de 20 fr. chacune. Diverses lettres m'ont annoncé 82 autres réussites, mais MM. les Maires ne les ont pas encore constatées par des procès-verbaux, et il en existe toujours un certain nombre dont personne ne m'a donné avis. Ne pouvant, de l'aveu de tout le monde, faire des courses si pénibles et si dispendieuses sans aucune espèce de rétribution, j'ai fixé les honoraires d'après les distances, leur conservant toujours ces caractères de modicité et d'éventualité qui leur ont mérité l'approbation générale. Ainsi, on me compte pour chaque source que j'indique, savoir : Dans le département du Lot : 10 fr. Je m'oblige par écrit envers chaque particulier à lui rendre ces honoraires si, au lieu et à la profondeur déclarés, il ne se trouve pas une source plus que suffisante pour tous les besoins de la maison, ou des maisons à pourvoir d'eau ; néanmoins, ceux qui ne creusent pas dans un an à partir du jour de l'indication, perdent le droit de redemander la somme. Les honoraires sont remboursés, lorsqu'il y a lieu, par un correspondant que j'établis dans chaque arrondissement où je fais des indications. Je n'accepte rien, lorsqu'après mon opération je trouve que la source n'est pas dans le fond de celui qui l'a demandée, ni lorsqu'elle est trop éloignée de sa maison, ou trop profonde ; par exemple, si elle était à 300 mètres de distance, ou à 16 de profondeur. Les pauvres sont partout servis gratuitement. Dans l'impossibilité de satisfaire à toutes les demandes que m'ont adressées 34 départemens, je tâche de rendre le plus de services dans le moins de temps possible : en conséquence, je commence toujours par explorer le département qui se trouve avoir formé le plus grand nombre de demandes ; je ne passe, d'ordinaire, qu'une seule fois en chaque endroit et ne m'occupe point à chercher des sources pour arroser les prés. Toute lettre qui contient des demandes pour plusieurs doit faire connaître en détail, 1° le nom de chaque particulier qui veut que je lui indique une source ; 2° sa qualité, ou profession ; 3° sa commune ; 4° son canton : autrement dit, on doit ME DONNER L'ADRESSE ENTIÈRE DE CHAQUE DEMANDEUR. Celui qui veut une source pour un domaine placé hors de sa commune, doit ajouter à son adresse le nom de ce domaine et celui de la commune dans laquelle il est situé. Ces désignations me sont si indispensables, que toutes les demandes qui ne les présentent pas, sont comme non-avenues. L'itinéraire que je me trace toujours d'après la carte du département à parcourir et les demandes que j'en ai reçues, m'empêche, souvent de satisfaire à celles qui ne me sont faites que durant les tournées ; le plus sûr est donc d'envoyer toutes les demandes à mon domicile, sous l'adresse qui suit : A M. l'Abbé Paramelle, à St.-Céré, département du Lot. Les lettres qui arrivent non-affranchies ne sont pas reçues. Ainsi, MONSIEUR, puisque l'on a jugé à propos de m'appeler dans votre contrée, si vous y connaissez d'autres propriétaires qui puissent désirer des sources, je vous serai bien obligé de leur communiquer la présente lettre et de vous concerter avec ceux qui voudront être inscrits, pour m'envoyer les demandes avant le 7 du mois prochain. Après la réception de votre lettre, je ne tarderai que le moins possible à passer chez les particuliers qui s'y trouveront dénommés ; et afin que, lors de mon arrivée, ils ne se trouvent pas absens, j'aurai soin de les prévenir du jour où je pourrai me rendre dans chaque localité. J'ai l'honneur d'être, avec les sentimens les plus distingués. MONSIEUR,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur, L'ABBÉ PARAMELLE, _____
St.-Céré, le 12 janvier 1836 (reçu le 18). MONSIEUR, La lettre que vous avez bien voulu m'écrire le 3 du courant pour me faire connaître les 7 propriétaires de votre contrée qui désirent que je vienne leur indiquer des sources, m'est arrivée. Lorsqu'il me sera possible de les satisfaire, j'aurai soin de les prévenir du jour où je pourrai me rendre chez chacun d'eux. Si, d'ici à ce temps, on se déterminait à former de nouvelles demandes, il serait important qu'on me les envoyât sans retard, ayant toujours soin de me donner l'adresse exacte de chaque demandeur, et se souvenant que les lettres non-affranchies ne sont pas reçues. J'ai l'honneur d'être, avec les sentimens les plus distingués, MONSIEUR,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur, L'ABBÉ PARAMELLE _____
DE LA THÉORIE DE M. L'ABBÉ PARAMELLE POUR LA DÉCOUVERTE DES SOURCES PAR M. DE BRÉBISSON. A la simple annonce des prodiges opérés par M. l'abbé Paramelle, on est tenté de croire qu'il est question de la fameuse baguette divinatoire, dont l'usage est encore assez répandu dans notre pays, et à laquelle, nous sommes honteux de l'avouer, on accorde une confiance aveugle, quà défaut du raisonnement, d'innombrables déceptions auraient dû détruire depuis long-tems. Certaine étymologie du mot sorcier prononcé encore sourcier dans plusieurs contrées, revient à la pensée avant de rechercher avec attention les causes de faits vraiment extraordinaires, tels que les découvertes de sources. Il n'y a cependant rien de surnaturel dans la science de M. Paramelle, et même avant l'explication de sa théorie, dont il ne fait point mystère, on devait en être assuré par les suffrages reconnaissans du département qu'habite cet ecclésiastique (1), et par les nombreuses attestations que se sont empressées de lui donner les personnes qui ont été témoins de ses merveilleuses découvertes. Les principes qui dirigent M. Paramelle dans ses expériences, sont le résultat d'études géologiques, aidées d'un examen approfondi de la configuration du sol et de la nature des terrains dans les localités qu'il explore. Un article publié dans le Journal de Loir-et-Cher, dont le rédacteur avait entre les mains un Mémoire manuscrit de M. Paramelle, nous a mis à même de nous rendre compte de ces principes. Nous allons en citer les passages les plus propres à faire connaître les bases de cet important système. Qu'il nous soit permis aussi de reproduire auparavant quelques lignes tirées d'une notice très-intéressante, publiée récemment par un célèbre chimiste de Rouen, M. Girardin, et qui nous semblent renfermer des opinions parfaitement justes. « Nous ne venons pas nous poser ici comme les champions de M. l'abbé Paramelle, dont nous n'avons pu étudier les procédés ; mais convaincus que la science géologique peut fournir à des esprits observateurs des données précieuses sur le gisement des eaux dans le sein de la terre, et qu'il est possible, par suite d'observations nombreuses, d'arriver à la découverte de quelques principes jusqu'ici ignorés, et que la physique générale ne désavouerait pas, nous nous trouvons disposés à combattre l'incrédulité, qui naît souvent de l'ignorance, et nous nous plaisons à croire que l'abbé Paramelle obtient effectivement les merveilleux succès, signalés par les journaux, en procédant d'après une théorie qu'il applique d'après l'inspection géologique des lieux sur lesquels il est appelé. Ce qui contribue encore à nous affermir dans cette opinion, c'est le désintéressement dont il fait preuve, puisqu'il se contente, pour tout honoraire, du remboursement des frais qu'occasionnent ses opérations, les indications non suivies de succès, ne coûtant rien et les autres étant payées à raison de 15 à 45 francs, par chaque source indiquée, suivant les départemens. » Nous désirons donc vivement voir M. Paramelle opérer dans notre pays, pour lequel sa découverte aurait tant d'importance. Plusieurs préfets, entr'autres, celui d'Eure-et-Loir, et celui de la Seine-Inférieure, M. Bourdon, maire d'Yvetot, se sont mis en relation avec M. Paramelle, qui dans un intérêt de bien public, se rend d'abord dans les localités où les demandes sont les plus nombreuses. Nous savons que déjà beaucoup de propriétaires du département ont souscrit pour les expériences de M. l'abbé Paramelle ; la Société centrale d'agriculture s'est empressée de prendre une action de 50 francs, dans l'intention d'engager les cultivateurs à imiter son exemple. » » Nous n'entrerons pas dans tous les détails des succès obtenus par ce savant, nous rappellerons seulement que sur soixante-quinze creusemens opérés d'après ses indications, soixante-neuf ont procuré des sources salubres et abondantes, (Voir les divers Rapports des Sociétés d'agriculture du département du Lot, etc.) » Nous lisons dans le Journal de Loir-et-Cher, (3 av. 1834) : « M. Paramelle, s'appuyant de la théorie connue de la formation des sources par les eaux du ciel, qui, après avoir détrempé les terres qui les retiennent quelque temps, s'infiltrent lentement et descendent vers les vallées où elles trouvent des issues, et vont former les rivières, pense que le cours des eaux souterraines suit les mêmes lois que celui des eaux qui circulent à ciel ouvert. Cette proposition est la base de tout son système. » Ainsi, procédant constamment par analogie, il pose d'abord en principe, que les eaux après avoir pénétré la superficie des terres, forment des veines, puis des rigoles, cherchent les pentes des terrains, et descendent dans les vallons en suivant des conduits souterrains dont les pentes sont régulières. Ces courans en reçoivent d'autres et serpentent dans l'obscurité, de la même manière que les ruisseaux découverts, jusqu'à ce qu'ils se montrent sur le bord des rivières dans lesquelles ils se jettent. » Or, quelque plane que paraisse la surface d'un pays, il n'est pas d'étendue de terrain, si petite qu'elle soit, dont la déclivité ne soit sensible, et les grandes plaines si étendues qu'elles soient, n'en sont pas moins entrecoupées de collines et de vallons. Là, comme ailleurs, la pluie qui tombe sur les hauteurs, descend et se réunit au fond des vallons, qui tous ont une pente assez marquée pour qu'on puisse reconnaître la marche que doivent suivre les eaux depuis les points les plus élevés des plateaux, jusqu'au bord des rivières. C'est par l'observation de ces bassins qui se communiquent les uns aux autres, et qui offrent la plus grande similitude avec les vallées dans lesquelles coulent les ruisseaux qui alimentent les rivières, que M. Paramelle arrive à la découverte des sources. » Nous croyons que ces citations suffisent pour faire concevoir les principes sur lesquels reposent la théorie de M. Paramelle, et pour faire disparaître toute idée de moyens surnaturels, ce qui ne rend que plus admirable le résultat des observations de son auteur. Nous mettons d'autant plus d'intérêt à en démontrer l'importance aux habitans de notre arrondissement, que nulle contrée ne nous semble plus favorable à l'application du système ingénieux de M. Paramelle. C'est dans la partie que nous appelons la Plaine, qu'il doit avoir le plus de succès. Là, ses bienfaits seront surtout vivement appréciés, car le manque d'eau s'y est fait sentir plus que jamais depuis deux ou trois ans. Pour que l'on puisse bien envisager les applications locales de la science de M. Paramelle, nous allons jeter un coup-d'oeil rapide sur la constitution géologique de nos environs, ne considérant que les masses générales, et ayant plus égard à la densité des terrains qu'à la nature de leurs formations ou à leur ordre de superposition. Pour plus de détails sur ce sujet, on pourra consulter un petit travail que nous avons donné dans le 2e numéro des Mémoires de la Société d'agriculture de Falaise. (2) Les terrains de l'arrondissement de Falaise appartiennent à deux classes principales. Le Bocage (pays-de-bas), qui s'étend du sud à l'ouest, présente les terrains intermédiaires ; et la Plaine, ou campagne, qui occupe le nord et une partie de l'est repose sur les terrains secondaires. Les premiers composés de schistes, de marbres ou de grès, de nature le plus souvent imperméable, offrent un sol assez tourmenté, parcouru par de nombreuses vallées presque toutes pourvues de quelques sources, et par conséquent, de ruisseaux superficiels plus ou moins considérables. Dans la Plaine, au contraire, formée généralement de dépôts calcaires propres aux terrains secondaires, les sources sont très-rares et les vallées, d'ailleurs, peu profondes, ne sont presque jamais arrosées par un ruisseau qui y prenne naissance. Cette distinction est tellement marquée, que l'on peut reconnaître, sur une carte topographique un peu étendue et où se trouve indiquée la configuration du sol, la nature calcaire d'un terrain par l'absence de ruisseaux dans la plupart des vallées. Cependant ces courans, superficiels dans le Bocage, existent aussi dans la plaine, mais ils sont recouverts par les couches calcaires perméables des terrains secondaires, qui, ne pouvant leur fournir de conduits impénétrables, ne permettent pas aux eaux de venir couler à la surface du sol. Si l'on étudie la manière dont se dirigent les courans dans les terrains intermédiaires, la place qu'ils occupent par rapport aux côteaux, aux bassins, la disposition qui leur est ordinaire lorsqu'ils viennent à se joindre à une rivière, on obtiendra des inductions propres à déterminer les points où l'on pourra creuser, dans les terrains secondaires, des puits avec le plus de chances possibles de rencontrer des courans souterrains, d'autant plus abondans qu'ils doivent éprouver moins d'évaporation dans leur marche. Nous ne pensons pas qu'on doive regarder toutes ces eaux souterraines comme formées par une infiltration des pluies tombées dans un rayon souvent peu étendu, comme on pourrait le croire d'après l'opinion de M. Paramelle ; mais en admettant des points de départ plus éloignés, on ne peut douter que les eaux sortant des roches intermédiaires, ne se trouvent là où ces terrains sont recouverts par les formations secondaires, qui par suite de leur perméabilité, laissent les courans les traverser selon les lois naturelles de l'inclinaison. Dans ces cas, il faut bien observer si la configuration superficielle d'une localité est une conséquence exacte de la forme des terrains inférieurs. On doit comprendre maintenant pourquoi nous disions qu'aucune contrée ne pouvait être plus propre que la nôtre à démontrer la juste application des observations de M. Paramelle. Les études chirurgicales tirent un grand avantage de l'examen de corps dépouillés présentant à découvert les systèmes veineux et artériels. C'est ainsi qu'on apprend à reconnaître les points où l'on peut sur le vivant, malgré les tissus extérieurs, rencontrer sûrement la veine qu'il faut ouvrir. L'observation exacte et détaillée des eaux de nos terrains intermédiaires, rendra le même service à quiconque voudra les rechercher sous l'enveloppe calcaire qui les recouvre dans les terrains secondaires. Nous devons rappeler qu'il ne s'agit point ici de fontaines jaillissantes telles qu'on en obtient au moyen des forages connus sous le nom de puits artésiens. Nous avons dit ailleurs que nous croyons que la constitution géologique de notre arrondissement, laissait peu d'espoir de rencontrer jamais de vastes réservoirs d'eaux souterraines d'où peuvent s'élever ces sources précieuses. Dans nos terrains calcaires, les eaux ne sont pas toujours à une aussi grande profondeur qu'on pourrait le croire, parce que leurs couches inférieures sont le plus souvent formées par des lits épais d'argiles bigarrées très-imperméables, recouvertes de galets roulés. C'est sur cette argile ou glaise que se trouvent le plus grand nombre de nos courans souterrains qui parcourent avec facilité les couches de galets ou de graviers superposés. Toutes les localités de nos environs, du côté de la plaine, où se montrent les sources les plus fréquentes, sont celles où le point de jonction des galets aux terrains inférieurs est à découvert ; à Vaton, à Eraines, à Amblainville, à la Hoguette, à Caudet, à Couvrigny, etc. La petite rivière de Périères présente un fait fort curieux au milieu de la plaine qui est au nord des monts d'Eraines. Ce ruisseau, qui prend naissance à un bout de la commune, disparaît dans les terres à l'autre extrémité. Cela s'explique aisément, en remarquant qu'au milieu des terrains calcaires qui composent cette plaine, se trouve une petite vallée dont les grès du terrain intermédiaire forment le fond. Au point de jonction des deux terrains, dans la partie la plus élevée de ce vallon, naît le ruisseau qui, coulant vers l'autre extrémité, est arrêté par des couches calcaires, qui, étant perméables, le laissent pénétrer et suivre la surface impénétrable des roches inférieures. Si, dans ce point, il eût rencontré des couches imperméables, la vallée serait devenue un lac d'où serait sorti un nouveau ruisseau superficiel qui aurait été se jeter, à Pont, dans la Dive. Il n'y a que dans un cas de dénudation du terrain inférieur, comme celui que nous venons de citer, que l'on doit chercher un courant à la naissance d'un vallon, autrement, ce n'est qu'à une certaine distance, au-dessous des points de réunion de quelques vallons secondaires, que l'on peut espérer d'en rencontrer. Il résulte des observations répétées de M. l'abbé Paramelle, que dans une vallée bordée par des pentes égales, on est sûr de trouver les eaux au milieu de la vallée ; si elles sont inégales, le courant passera près du côteau le plus rapide. L'examen de l'inclinaison d'un terrain sur lequel coulera un ruisseau au moment de sa sortie, pourra indiquer à quelle hauteur doivent se trouver les différens points de son cours souterrain, en remontant vers le lieu présumé de son départ. Persuadés que rien ne prouve mieux la vérité d'un tel système que des applications locales, nous en exposerons une dernière qui pourra être facilement démontrée à tous nos concitoyens. Que l'on se représente une plaine formée de terrains calcaires, entourée par des collines appartenant à des formations intermédiaires de nature imperméable, qui, vers la partie la plus basse du bassin présentent une déchirure. N'est-il pas naturel de penser que si l'on doit rencontrer des eaux cachées dans ce bassin, ce doit être dans cette partie inférieure, et qu'un cours souterrain doit probablement se former à l'entrée du vallon qui interrompt les collines qui bordent la plaine de ce côté ? C'est là précisément la disposition de la fontaine de Crécy, de cette source abondante qui alimente toutes nos fontaines de la ville, et qui est ouverte au bas d'une plaine calcaire entourée par les roches schisteuses et quartzeuses de Saint-Pierre-du-Bû et des Roquettes, à la naissance du petit vallon qui se dirige vers la Cour-Bonnet. Nous terminons cette notice, peut-être trop étendue, puisque malgré tous les développemens que nous essaierions de présenter, nous ne pourrions mettre à portée d'acquérir une science que nous ne possédons pas nous-même. Rien ne peut remplacer l'habitude d'observation qui a donné à M. l'abbé Paramelle une si grande justesse de coup-d'oeil, qu'il lui suffit d'une simple inspection du terrain pour indiquer les points où il faut creuser, et la profondeur à laquelle doit se trouver l'eau. Notre but était de montrer la confiance que doivent inspirer les procédés de M. Paramelle, et nous désirons que les intéressés puissent par leurs souscriptions le déterminer à venir visiter notre pays, et à l'enrichir par ses découvertes dont deux années de sécheresse font sentir si vivement tout le prix. Puissent aussi nos Sociétés d'Agriculture, imiter l'exemple de celle de la Seine-Inférieure. Notes : |