[Mazarinade]
Les Maltotiers ou les pescheurs en eau trouble en vers burlesques,
langue normande : Les pesqueux en yau trouble.- A Paris :
[sn], 1649.- 8 p. ; 20,5 cm.
Saisie du texte et relecture : C. Boulan pour la
collection
électronique de la Médiathèque
André
Malraux de Lisieux (18.VIII.2005)
Seconde lecture par : O. Bogros
Adresse : Médiathèque André Malraux,
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Texte
établi sur l'exemplaire de la
médiathèque (Bm Lx : norm brc 27) .
Les Maltotiers
ou
Les Pescheurs en
eau trouble
En vers burlesques, langue normande.
Les Pesqueux en yau trouble
A
Paris
MDCXLIX
~*~
~*~
L E S M A L
T O T I E R
S O U L E S
Pecheurs en eau trouble.
En vers Burlesques, langue Normande.
Les
Pesqueux en yau trouble.
Pierrot, Jaquet, Thibaut, Clement
Allons bouter la velle o vent ;
La Barque est toute preparée,
J’allons zaver bonne marée,
Cha vite apporte no filets,
No tire avant crampons & rets,
Je ferons une bonne queste,
En su temps chy de la tempeste,
Chest où se prend dessous leziaux,
Marsoüins, Melans, Marqueriaux,
Qui n’ayment rien que la tourmente
Et si trompez de nostre atente,
Je vayons l’air, troublé & yeupais.
Je pequeron du haren frais,
Que sallerons pour le Caresme :
Mais que t’as loq la fache blesme ;
Qu’astu, dis lay vitte Jaquet,
O dieble fet le foutiquet,
Qu’as-tu ? dis lay vite & t’avise :
Quand je fezon queuque entreprise,
Tu as tousjours à controler,
En de lieu de no consoler,
Et tousjours queuque chose à dire,
Dans ta diantre de tirelire,
Te vla loque tout hariplay,
Viens-tu qui loq, es-tu troublay,
Ou si tu fais du quatemite :
Pierot, le haut temps ne m’epite,
Car j’ay tousjours le pied marin,
Dans notte barque, mais, soutin,
J’endeue que dans nos miseres,
Je souffron pu que des forceres,
Pendant qu’un nombre de tigneux,
Sans saver l’an de l’amaneux,
Ny su mer aver fait leu course,
Pu que nou font enfler leur bourse :
Helas ! m’en bon Pierrot, tu sçais,
Qu’ayant souvent l’onglée o dais,
Les pieds frais, o nez la roupie,
Je deteste presque ma vie
D’en vair qui pesquent tant de bien,
Et si ces faineans, ne font rien,
Y ne pesquent rien que pistoles
Dans le reflus des Monopoles,
Sans engendrer du cal en main
Pendant que je maurons de faim :
Et chen qui pû m’en mal redouble,
Chest qui pesquent tous en yau trouble :
Combien à t’on veu de Gouspins,
De Ban-croutiers, & haplopins,
Qui n’avest vaillant une maille,
Faire les gens de haute taille,
Le mantel taint comme un houmart,
Le groüin gratté comme lard,
Trainer o coté la rapiere,
Par une contenance fiére,
Faire la morgue & le galand.
Contre le plus brave marchand,
Paler en publique, assemblee,
Cependant que l’yau est troublée,
Et pesquer ainchin que les grand,
A toutes mains, à tous venans,
Combien prend-on de couvertures
Pour pesquer dessous les usures,
Attrapant du povre affligé,
Chen qu’on leu zavet engagé :
Combien a t’on veu de pupilles,
Voire de meilleure familles
Mourir à male mort de faim,
N’avoir pas un morceau de pain,
Parce qu’orfelins en bas aage,
Les plus proches du parentage,
Ont si bien leur vaillant tatté,
Que presque rien il n’est resté,
Combien en voit-on aux Offices,
Qui par chicanes & blandices,
Attrapent des povres Clians,
Tout ce qu’ils ont de bien vaillans,
Et pesquent le bien d’une ligne,
Sans filets, sans rets & sans ligne,
Combien de pesqueurs ont pesqué,
De moyens qui l’ont acroqué,
Pendant qu’on ne feset la hongne,
Ainchin que no fait pour la rogne,
Ces gens pesquent asseurement.
Cependant qu’il avest bon vent,
Leur barque asteure chi est chargée
Daver Pesqué en yau troublée :
Combien de filles & de garchons,
Pratiquent ossi ces lichons,
Pour parvenir au Mariage,
Telle a baillé sen puchelage,
Pour attraper un Galurel,
A ly bien terquer sen musel
Qui n’avet pas vaillant un double,
Chest-là bien pesquer en yau trouble,
Combien veyt-on de ces Cadets,
Attraper sans fil & sans rets,
Maintes filles avec ses pistoles,
Les tirant par leur cabrioles.
Combien de jeunes Favoris,
Au desceu des povres maris,
Ont ils de Finance attrapée,
Voyant une maison troublée,
Chest y là où su fin pesqueur,
Pesque les biens, femme & honneur,
Mais sus pesqueurs en rendront conte
Et à leur dam & à leur honte,
Encor qu’ils ne le croyent pas,
Ne songeant qu’à leurs doux ébas :
Or cha, chest trop paler & dire,
Veyon si j’auron dequey frire,
Allon pesquer le vent est bon,
Et bouton orse le timon :
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F I N.
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