LA QUÉRIÈRE,
Eustache de
(1783-1870) : Petit traité de prosodie normande, lu
à la séance publique de la
société libre d'émulation de Rouen, le
9 juin 1826.- Rouen : F. Baudry, 1826.- 15 p. ; 21
cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (18.VIII.2005) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : norm 1498) . Petit traité de prosodie normande
lu à la séance publique de la Société libre d'Émulation de Rouen, le 9 juin 1826 par
M. de La Quérière
~*~MESSIEURS,
L'antiquité nous apprend qu'une marchande d'herbes d'Athènes reconnut à son accent que Théophraste était étranger ; ce qui est arrivé au philosophe grec est bien souvent notre propre aventure. Il n'est personne qui ne reconnaisse un Normand dès qu'il a ouvert la bouche. Il partage ce privilège avec les Picards, les Gascons, les Auvergnats, les Bretons, les Provencaux, etc. Il serait difficile de décider lequel de ces accents, qui se subdivisent chacun en une multitude de variétés (1), est le meilleur ou le pire ; cependant, sans sortir de notre province, le Bas-Normand, qui, on ne sait pourquoi, la mise en si haute réputation, doit peut-être céder le pas à l'habitant de la capitale de l'antique Neustrie. Sur cette grave question, nous nous en rapporterons à des juges plus désintéressés que nous ne pouvons l'être dans une pareille matière. Laissant en paix Vire, Domfront, voire même Caen, Baïeux, Lisieux et toute la rive gauche de la Seine, nous nous occuperons de la rive droite, c'est-à-dire du département de la Seine-Inférieure, et nos remarques porteront particulièrement sur la Ville de Rouen et l'ancien pays de Caux. Ces remarques, nous les présenterons avec la réserve, avec le doute, même avec la crainte que doit faire éprouver l'abord d'une route qui n'a pas encore été frayée. Nous savons que quand on veut s'avancer sans guide dans un pays inconnu et bordé d'écueils, le pas en est glissant, et que l'on risque souvent de tomber dans le précipice. A dieu ne plaise que nous prétendions nous ériger en censeur et en pédagogue, encore moins que nous voulions nous faire passer pour beau parleur ; loin, bien loin de nous une pareille idée qui s'accommoderait si mal avec notre caractère et avec nos principes : nous confessons en toute humilité notre insuffisance, et nous avouons qu'un tel rôle ne nous siérait guère, à nous, enfant de cette grande cité de Rouen, ville fameuse par le commerce et l'industrie de ses nombreux habitants, dont les discours, par un léger malheur, quoique graves et pleins de sens, sonnent mal à l'oreille des autres Français. Hé ! ne portons-nous pas aussi en nous cette tache originelle, cette empreinte indélébile ? Membre de la même famille, soumis aux mêmes lois, aux mêmes us, nous ne séparerons point notre cause de celle de nos concitoyens, de nos frères ; nous resterons à nos dieux et à nos pénates. Ce petit préambule était nécessaire pour rassurer les esprits inquiets. A présent j'entre en matière. Le traînement des mots et des phrases sur lesquels se module une sorte de mélopée particulière aux habitants, surtout dans les finales ; la transformation de la diphtongue oy en oï ; une prédilection marquée pour l'é fermé ; la prononciation de la finale ot et des pluriels de certains mots, sont les principaux traits caractéristiques de l'accent presque général des habitants du département, notamment de la partie connue sous le nom de pays de Caux (2) ; à quoi il faut ajouter, pour la ville de Rouen et sa banlieue, ce grasseyement insupportable qui ôte aux plus jolies voix leur timbre argentin, qui voile leurs accents les plus mélodieux, pour ne faire entendre que des sons gutturaux dont l'articulation pénible affecte désagréablement l'oreille. Ce vice de prononciation existe dans toute sa force parmi le peuple des quartiers Martainville et Saint-Vivien (3), et il est extrêment rare que les personnes nées et élevées à Rouen, qui habitent ordinairement cette ville, celles qui ont reçu le plus d'éducation, qui fréquentent la meilleure compagnie, en soient tout-à-fait exemptes et puissent même jamais s'en débarrasser complètement. Vaugelas conserva toute sa vie l'accent de sa nourrice. Les habitudes de l'enfance sont indéracinables. Le plus ou moins d'intensité de ce défaut annonce, presque toujours, ou l'homme sorti des derniers rangs avec une éducation commune, ou l'homme bien né et qui a reçu une éducation distinguée. La prononciation gutturale n'existe pas aussi fortement dans quelques quartiers éloignés de son foyer principal que nous venons de faire connaître : tels sont les faubourgs d'Eauplet, de Cauchoise, de Saint-Sever ; mais on la retrouve sans altération, dans sa pureté native, çà et là dans quelques lieux voisins de la ville, principalement parmi les ouvriers des fabriques, à Déville, à Maromme, à Darnétal ; tandis que des villages comme celui de Sotteville, à une demi-lieue de Rouen, y participent faiblement. Depuis trente ans, les actives communications du commerce, une éducation généralement plus soignée chez les hommes et chez les femmes, ont apportée et apporteront encore des améliorations notables dans le langage des Rouennais, qui était naguère regardé par les étrangers, et avec raison, comme très-incorrect et fort trivial. Le temps aussi polira nos anciennes moeurs ; il adoucira ce qui nous reste de la rudesse et de la brusquerie de nos pères ; alors naîtra parmi nous cette qualité si aimable et si peu connue, que les anciens nommaient urbanité. Nos femmes, dont l'instruction, l'esprit et la grâce ne le cèdent à aucunes de France, baisseront d'un ton leur diapason criard, et leur conversation y gagnera un charme de plus (4). L'aménité de nos paroles, la correction de notre langage, ajouteront à toutes les supériorités que nous possédons sans partage, et nous ferons également rechercher des étrangers et des nationaux. Grétry, dans ses Essais sur la musique, eut occasion de noter les inflexions de la déclamation parlée : j'aurais aussi besoin de recourir à ce moyen pour faire comprendre la manière dont les sons que nous émettons sont modulés à notre insçu dans les mouvements libres et spontanés de l'ame, la joie, la peine, la surprise, etc., ainsi que pour apprécier les nuances délicates et fugitives de ce chromatique d'une harmonie singulière qui accompagne nos mots et nos phrases, et qu'il n'est pas possible de recueillir autrement. En attendant, je vais faire connaître ma pensée le plus intelligiblement qu'il me sera possible.
REMARQUES SUR LA PRONONCIATION DES VOYELLES.
Sur l'A.
L'a est une inflexion de voix sur laquelle nous appuyons fortement et long-temps, surtout les Cauchois. Nous disons agréāble, aimāble, tāble, imāge, pāge, sāge, bāgue, vāgue, bāchelier, pācha, pāpe, spectācle, Saint-Pātrice, pātron, pāvé, grātter. Il faut toutefois excepter de cette règle les mots suivants, dont nous prononçons tous l'a d'une façon fort brève, à la manière des Picards (5) : Flămme, enflămmer, pătissier, bătiment, dégăt, răpe, răper, făble, mirăcle, blăme, blămer, réclămer (6). En revanche, nous appuyons outre mesure sur pas, négation, quand nous disons je ne veux pās cela. Il en est de même de ar dans jārdin, jārdinier, regārd, regārder,mārdi ; et de as dans brās, là-bās, tu voudrās, jāsmin, pāsser, cāsser, ramāsser. Nous disons une māsse, un avāntage, et cependant nous revenons à la prononciation française dans massue et avantageux : nouvelle preuve qu'il existe partout des anomalies. La diphtongue aille se prononce avecl'â très-long dans cāille, tāille, tāilleur, et en substituant un ï tréma aux ll mouillées.
Sur l'O.
Même remarque à faire sur la voyelle o. Nous allongeons quand il faut abréger, et nous passons vite quand il faut s'arrêter. Par exemple, nous disons, avec l'ô long, Baïōnne, Barcelōnne, Limōges, Octōbre, vōgue, frōtter, frōttement ; quelques uns disent vōte, vōter, vōleur, vōler ; et, par une espèce de compensation, nous prononçons glŏbe pour glōbe, rŏti pour rōti, Pentecŏte pour Pentecōte, les Vŏsges pour les Vōsges.
Sur l'E, sur l'I et sur l'U.
Point d'observation, si ce n'est que par le propre que nous avons d'allonger et de traîner, nous faisons comme des espèces de tenues ou points d'orgues sur ces lettres, soit qu'elles se montrent dans le corps des mots, soit qu'elles se trouvent à la fin : Tâche-ez de bien li-ire, de bien écri-ire. Il a bien lu-u ; ce sera un géni-ie. Il faut man-ger pour vi-ivre. Tiens.... comme il mu-use.
Sur les diphtongues ai, ais, aisse, ait.
La diphtongue ai se prononce é fermé chez nous, comme dans j'ai un livre. Aide, aider, se disent éde, éder ; nous disons je vés, pour je vais ; méson, mésonnette, pour maison, maisonnette ; plésanter, plésanterie, plésant, au lieu de plaisanter, plaisanterie, plaisant. Graisse, graisser, engraisser, satisfait, un fait, j'ai fait, se prononcent sèchement gresse, gresser, satisfèt, un fèt, j'ai fèt. Il faut excepter vrai, vraie, frais, fraîche, fraise, fraisier, et quelques autres dont la prosodie est irréprochable.
Sur les diphtongues au, eau, eu, as, os.
Ces diphtongues ont une prononciation analogue à la finale ot dont il va être parlé. Dans le mot cauchois, par exemple, on entend le même son que dans le mot coche. Il en est de même des mots auberge, chauffer, se chauffer, fossé, mauvais, vaudeville, eau-de-vie. Cependant nous disons eau-forte, eau claire, bonne eau, etc., en suivant la prononciation française. Peu, grasse, terre grasse, femme grasse, grosse femme, s'articulent lestement et fort vîte ; mais femme grōsse, pour femme enceinte, avec l'ô long, est une exception unique.
Sur les diphtongues eu, oeu.
Dans couleuvre, la diphtongue eu, au lieu du son ouvert du mot heure, par exemple, a chez nous le son fermé du pronom personnel eux : couleūvre. Même remarque sur les mots oeuvre, chef-d'oeuvre, manoeuvre, que nous disons oeūvre, chef-d'oeūvre, manoeūvre.
Sur la diphtongue oi.
La dipthongue oi, qui doit être prononcée en ouvrant la bouche largement, est prononcée par le peuple de Rouen, et encore par de fort honnêtes gens, en rapprochant les dents et en tirant du gosier le son oére fermé : Foére, poére, victoére, comptoér, soér, voér.
Sur la diphtongue oy.
L'y précédé d'un o est toujours transformé en ï. Usage général en Normandie. Aloyau, citoyen, croyable, royaume, moyen, noyau, tuyau, je croyais, je voyais, etc., se prononcent aloïau, citoïen, croïable, roïaume, etc.
Sur la finale ai.
La finale ai se prononce é fermé. Règle générale. Balai, balayer, délai, délayer, essai, essayer, mois de Mai, pays de Brai, Cambrai, Douai, Gournai, les noms propres Mornai, Dambrai, Defontenai, se disent comme si l'on écrivait : balé, délé, Mé. voyez plus haut la remarque sur la diphtongue ai.
Sur la finale ot.
Nous devrions prononcer ot ouvert comme aut, et nous le prononçons au contraire fermé comme l'o de la première syllabe de sot-te. Règle générale dans l'accent cauchois. Abricot, charriot, Criquetot, fagot, fricot, gigot, matelot, mot, pot, sabot, tricot, Yvetot. La finale o a le même son : numéro. Les pluriels de ces mots reprennent le son ordinaire.
Sur le pluriel des mots terminés en al, en eul, en oc,
en ol.
Règle générale. Dans l'idiôme rouennais, le pluriel des mots terminés en al, en eul, en oc et en ol, est toujours extrêmement long :
Bal, bāls.
Tilleul, tilleūls, le même son que dans eux, pronom personnel. Seul, seūls. Fauteuil, fauteūils. Bloc, blōcs; Choc, chōcs. Espagnol, espagnōls, au féminin espagnŏles, bref. Entresol, entresōls. Vol, vōls.
Sur les articles les, des et les pronoms mes, tes, ses, ces.
Les, des, se prononcent lés, dés ; mes se prononce més, etc. Exemples : lés hommes, dés maisons ; més tableaux, tés livres, sés meubles, cés nuages.
Sur l'L mouillée.
L'l mouillée est à Rouen et dans le département une lettre absolument inconnue. On y substitue toujours l'y ou l'ï, et même quelquefois l'l simple, cette dernière lettre seulement dans un très-petit nombre de mots. Cette ignorance, je dirais presque cette horreur de l mouillée est telle, que quelques-uns suppriment mêm l ordinaire double ou simple, précédée ou suivie d'un i, et qu'il faut prononcer de nécessité absolue, comme dans les mots argile, argileux, bilieux, bailliage, fourmillière, fusilier, groseillier, pilier, marguillier, millier, Montivilliers, serpillière, qu'ils prononcent argi-e, argi-eux, bi-ieux, ba-iage, pi-ier, mi-ier, etc. Il y en a même qui vont jusqu'à dire un sou-ier pour un soulier (7). Il est vrai que ces derniers rentrent dans la classe de ceux qui à Paris disent un iard, pour un liard ; vous êtes ben bon, pour vous êtes bien bon ; mais, par un phénomène bien étrange, ces gens simples et illétrés qui tronquent et défigurent ainsi les mots par ignorance, se trouvent quelquefois rapprochés des hommes que leur éducation et leur position sociale nous offrent comme des modèles de beau langage. En effet, n'avons nous pas vu de nos jours, dans les salons de la capitale, de jeunes élégants s'exprimer ainsi : Mon cer ami, c'est inc-oyable, Pa-is est la plus ville du monde. Le célèbre acteur Molé disait ma-ame pour madame : ma-ame Evrard. On s'efforce de parler autrement que les autres, et l'on gâte la langue. J'ajouterai à cette digression que si le français admet dans le langage familier, dans la conversation ordinaire, certaines négligences de prononciation qui disparaissent dans le discours soutenu, nous étendons en général dans notre province ces licences au-delà des bornes. Un trait distinctif de l'accent normand, mais qui a perdu de sa force et qui n'existe presque plus dans toute son étendue que dans quelques familles chez lesquelles cet antique héritage de leurs pères s'est religieusement conservé, c'est la séparation du t ou d final d'un mot, pour le joindre à la première lettre consonne du mot suivant. Exemples : Il étai-t-là, pour arriver à ce bu-t-là, quan-t-le froid est vif, quan-t-les hommes, quan-t-même, ce fai-t-là est vrai, le Mon-t-Riboudet. Un autre défaut qui existait autrefois chez les Normands et qui a aussi perdu de son importance, c'est la liaison vicieuse, dans certains cas, de l'n final d'un mot avec le mot suivant. on leur reprochait de dire du vi-n-admirable, mon cousi-n-est venu. L'abbé d'Olivet cite à ce sujet une anecdote que voici : « Segrais écrivit à Huet, évêque d'Avranches, au nom de l'académie de Caen, pour inviter l'académie française à décider s'il fallait dire bo-n-à monter, bo-n-à descendre, ou ne point faire tinter la consonne finale de bon : sur quoi l'académie française répondit que, puisqu'on pouvait introduire un adverbe entre bon et la particule à, comme si, par exemple, on voulait dire bon rarement à monter, bon cependant, bon quelquefois à descendre de là il s'ensuivait que bon doit être prononcé sans liaison avec la particule à. Mézerai, en qualité de normand, fut seul d'un avis contraire ; mais comme secrétaire de la compagnie, il fut contraint de rédiger la décision, à laquelle il ajouta en riant : Et sera ainsi prononcé, nonobstant clameur de haro. » (8) Cependant, si l'on ne dit plus guère du vi-n-admirable, mon cousi-n-est venu, nous entendons encore souvent prononcer de cette manière, de la mai-n-à la main, de loi-n-en loin, par des personnes appartenant à la Normandie, que leur instruction et le rang qu'elles occupent placent au-dessus de la classe ordinaire. Me voici arrivé au terme de cette dissertation, et je suis loin de penser que la matière soit épuisée ; mais je n'ai pas voulu, MESSIEURS, appesantir plus long-temps votre attention sur des détails qui, je le crains, vous ont paru arides autant que fastidieux. J'abandonne la suite de mon travail à des personnes plus habiles, dont le tact fin, l'oreille exercée et délicate, saisiront, sans rien laisser échapper, jusqu'aux moindres nuances de notre langage ; et je ne doute pas qu'en leur qualité de Normands, quelques-uns de mes honorables confrères ne puissent tirer de leur propre fonds les matériaux d'un volumineux supplément. La route une fois ouverte, pourquoi de savants philologues ne s'y lanceraient-ils pas de tous les côtés de la France ? Serait-il impossible qu'ils atteignissent un but que je n'aperçois qu'à peine ? Leurs doctes recherches peuvent devenir l'objet des méditations d'une haute philosophie. Les traînantes et lourdes syllabes du Normand sont-elles tout-à-fait sans rapport avec la tournure de son esprit, et ne suffiraient-elles pas pour indiquer le véritable pays de sapience ? L'esprit gascon ne se trouvera-t-il pas également dans le langage leste et sautillant de l'habitant des bords de la Garonne, et la conversation vive et enjouée du Provençal ne rappellera-t-elle pas l'ami de la gaie science et le gentil troubadour ? Notes : (1) On peut remarquer dans chaque canton, dans chaque ville ou bourg, une façon particulière de parler ; mais ces différences se confondent dans l'accent commun à toute la province. (2) Il faut distraire du département, par une ligne partant un peu au-dessus de Dieppe et passant par Neuchâtel et Gournai, environ la cinquième partie de son territoire, laquelle, par son langage, appartient plus à la Picardie qu'à la Normandie. (3) Dans cette partie de la ville, le bas peuple, qu'on appelle les purins, a en outre une sorte de patois qui lui est propre. La Muse normande, et le Coup-d'oeil purin sont des monuments de ce jargon qui s'affaiblit de jour en jour. (4) Verbum dulce multiplicat amicos et mitigat inimicos. (Ecclesiastiq., c.6, v.5.) (5) Dans le langage du peuple, les pénultièmes able, age et ation, sont constamment longues : abominātion, conversātion, occupātion, réputātion. (6) On peut ajouter encore accablement, accabler, câble, diable, fâcheux, fâcher, gagner, sable, sabler, théâtre, etc., dont l'a chez nous est souvent bref et douteux. (7) Dans le Perche, l'l est presque une lettre rayée de l'alphabet ; le peuple dit : une ieue, deux ieues, pour une lieue, deux lieues ; le mi-ieu pour le milieu ; un ion, pour un lion. (8) De quelque poids que puisse être l'autorité de l'Académie, on peut trouver singuliers les motifs de cette solution, et penser que l'usage et l'euphonie surtout doivent servir de règle en pareil cas. |