VEUCLIN, Victor-Ernest (1846-1914) : Un portrait de Jean Hennuyer,
évêque de Lisieux : 1561-1578.- [S.l.
: s.n.,] 1888.- 4 p. ; in 8°.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (02.VIII.2005) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la BnF, disponible en ligne et en mode image sur le site Gallica. Un
Portrait de Jean Hennuyer Evêque de Lisieux (1561-1578) par
V.-E. VEUCLIN,
Correspondant du Ministère de l'Instruction publique (Comité des Beaux-Arts.) ~*~On sait que cet
éminent prélat marqua les 17 années de
son épiscopat à Lisieux par de nombreux actes de
philantropie notamment en établissant un Collège
en cette ville, le 4 janvier 1571 ; on sait surtout que, l'année
suivante, lors des massacres de la Saint-Barthélemy, il prit
sous sa protection les protestants de son diocèse et contribua
pour une large part à éviter à notre pays les
scènes de sauvagerie qui ensanglantèrent cette date
néfaste (1).
Mais ce que beaucoup peut-être ignorent c'est qu'à la suite du grand acte de charité accompli, en août 1572, par ce bon évêque, un peintre lexovien fut chargé de reproduire son image vénérée, au bas de laquelle on mit une inscription commémorative en langue latine. Ce que guère ne savent, c'est que ce portrait fut placé dans un lieu apparent de l'église cathédrale de Lisieux où il se trouvait encore en 1792, et que ce furent les patriotes d'alors qui sauvèrent cette peinture historique. En effet, le 12 septembre 1792, la Société des Amis de la Liberté et de l'Egalité rédige et présente la requête suivante aux administratreurs du conseil général du district, maire, officiers municipaux et notables réunis : « Messieurs, Jean Hennuyer honora son siècle par un trait rare d'humanité. La fatale journée de la St Barthélemi fut pour lui un jour de gloire, puisqu'il détourna les citoyens de cette ville de tremper leurs mains dans le sang de leurs frères. La mémoire de cet homme si grand et si humain, de ce 1er ami de la Liberté,doit être à jamais conservée. Son image est un dépôt sacré que des hommes libres méritent seuls de posséder ; et s'il doit être retiré du lieu qu'il occupe, ce ne peut-être que pour être placé au milieu d'eux. Nous venons en conséquence, Messieurs, vous demander, au nom des amis de la Liberté et de l'Egalité, que l'image de cet homme vertueux leur soit accordé pour être placé dans le lieu de leurs séances en face du bureau, et que l'inscription étant au pied soit traduite en langue française pour devenir intelligible à tous les citoyens. La fraternité avec laquelle vous nous accueillée est sûr garand de la réussite de notre intéressante pétition.... » Le registre de la municipalité donne la réponse en ces termes : « Le 12 septembre 1792. Les conseils généraux du directoire du district et de la commune réunis... MM. Langueneur, Bellière et Orey, députés de la Société desAmis de la Liberté et de l'Egalité, ayant demandé à conserver l'image de Jean Ennuyer étant dans la ci-devant cathédrale et à ce qu'il fût transféré dans la salle de ses séances, les conseils généraux considérant, le supléant du procureur-sindic et le substitut du procureur de la commune entendus, que la demande est un trait trop honorable pour retarder d'un instant de la prendre en considération, autorisent le directoire du district de faire sans délai transférer l'image de Jean Ennuyer, ci-devant Evesque de cette ville, dans le lieu des séances des Amis de la Liberté et de l'Egalité de cette ville : en outre, de faire transcrire l'inscription au bas dudit tableau en langue française afin de mettre les citoyens à portée d'en prendre connaissance ; pourquoi mention honorable sera faite sur le registre de lad/ pétition. » Ce portrait de Jean Hennuyer était, pensons-nous, peint sur bois ou sur cuivre ; échappa-t-il aux iconoclastes de 93 ? - existe-t-il encore ? Nous avons l'honneur de soumettre ces intéressantes questions à nos érudits et zèlés collègues de la Société historique de Lisieux, lesquels ont déjà opéré le sauvetage de tant de matériaux précieux de notre histoire provinciale dont nous sommes le plus humble mais non le moins fervent adepte. E. VEUCLIN.
Bernay, le 24 novembre 1888.
Note : (1) Cet admirable trait a fait l'objet : 1° d'une rarissime brochure anonyme attribuée à Voltaire, mais dont l'auteur serait, paraît-il, le dramaturge Mercier, qui devint membre de la Convention nationale ; cette brochure, que nous avons possédée, est intitulée : JEAN HENNUYER, évêque de Lisieux, drame en trois actes : A Londres, 1778 ; in-8° de 101 pages ; - 2° d'un beau tableau moderne, dû au pinceau de M. Gosse, tableau exposé en 1835 et offert par le Gouvernement au Musée de Lisieux [consulter la notice dans la base Joconde]. |