VEUCLIN, Ernest-Victor
(1846-1914) : Répression du
braconnage en 1715.- Bernay : impr. E.
Veuclin, [s.d.].- 4 p. ; 21 cm.
Numérisation du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (14.II.2013) [Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros] obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm brC 121). Répression du
braconnage en 1715
par
E.-V. VEUCLIN, ~*~L'an
de grâce mil sept cents quinze, le vingt-deuxième jour d'aoust à
Caudebec, devant nous Jean-François Hatté, escuyer sieur d'Amfreville,
conseiller du roy, maistre particullier en la maistrise de Caudebec et
de Routot, sur la requeste présentée par messire Charles des Hommets,
escuyer, seigneur de Martainville, Expositive qu'encor bien qu'il aye
déjà administré plusieurs tesmoins pour justiffier que certaines gens
sans aveu ny profession, contre lesquels il nous a présenté sa requeste
en forme de plainte, se sont donnez la licence de porter journellement
armes à feu comme fusils et autres, disvagant tant dans la paroisse de
Martainville qu'ailleurs en heures indues, lesquels auroient fait un
dégas entier de tout le gibier tant par fillets tendus, collets,
ailliers, engins et autres de cette nature, que par les affûts fréquens
par eux faits, en sorte que non seullement la ditte paroisse et les
dépendances dudit sieur des Hommets dan: les paroisses voisines
seraient totalement depeuplez de gibier ; mais aussy auroient depeuplé
la rivière de truites et autres espèces de poisson, et mesme ce qui est
de plus criminel, ruiné entièrement le colombier du dit sieur
desHommets par une très grande quantité de pigeons qu'ils auroient tuez
ou à coups de fusil, par des égrards au amorces qu'ils auroient faite
dans leurs masures, par atrapes et autres inventions dans le temps des
neiges ; il avoit néanmoins apris qu'il y avoit plusieurs person:nes
tant de la ditte paroisse que les voisines, qui ayent connoissance des
délits cy-dessus, sont inthimidez et nosent déposer par la crainte
qu'on leur a donnée, en sorte que ledit sieur des Hommets n'a pu
parvenir à la connoisce desdits délits, à ce qu'il nous plust
lauthoriser de faire publier censures esclésiastiques affin d'avoir
révélation des faits cy-dessous ainsi qu'il ensuit : de certains
quidans sans mettier ny profession qui journellement disvaguent avec
armes à feu, et qui depuis plus de dix ans ont tiré soit publiquement,
soit à la dérobée dans la campagne ou dans leurs masures, sous prétexte
de tuer des moingneaux, ou sous prétexte de garder leurs grains, ou
sous prétexte qu'ils estoient du service de la coste. De certains
quidans qui ont disposé certains arbres de six à sept pieds de haut
près le grand chemin de Honfleur à Bernay et façonné dans les branches
repliez un affust de telle estendue qu'un homme y est caché sans y
estre aperceu. De certains quidans qui de très grand matin et très tard
ont esté avec armes à feu en embuscade à affust au coin des Bois
Boquetaux, cachez par des pommiers au pied diceux. De certains quidans
qui ont passé plusieurs nuits dans ledit arbre, mesme porté une botte
de paille pour y estre avec plus de commodité, et le tout avec armes à
feu. De certains quidans qui auroient tiré des coups de fusil du dit
arbre tantost la nuit, tantost le matin à heure indue, et intimidé les
passants qui auroient senty les coups de fusil porter près d'eux. De
certains quidans qui auroient aresté les passants en criant qui vive ou
qui va là entants dans ledit arbre, qui auroient présenté ledit fusil
et ce le soir, ou de très grand matin à la pointe du jour. De certains
quidans qui par leurs coups fréquents par eux tirez auroient osté la
réputation audit chemin, en sorte qui les marchands et passants voulant
les esviter se seroient engagez dans d'autres pleins de précipices,
dont quelques-uns les dits passants auroient esté estropiez si serompu
les bras. De certains quidans qui auroient tendu des lacours, alliers,
lignettes et autres engins et fillets, auroient esté pris lièvres,
perdrix, pigeons, lapins et autres sortes de gibier. De certains
quidans qui auroient fait des égrards, soit dans la campagne, soit dans
leur masures en temps de neige pour y amorcer le gibier et pigeon, et
en avoir pris quantité soit par des hapeaux, sablières de pressoir
disposez à cet effet, ou les auroient tuez à coups de fusil. De
certains quidans qui auroient mangé chez leur père et leur famille soit
pigeons et le gibier et autrefois en avoir envoyé dans les marchez
circonvoisins comme Beuzeville, le Ponteaudemer et autres. De certains
quidans qui auroient pesché des truittes soit au feu, soit à la main
soit en détournant la ditte rivière et courant d'icelle, en épuisant
les fossez. De certains quidans qui les ont esté vendre ou manger dans
les cabarets de la ditte paroisse, ou aux dits marchez circonvoisins.
De certains quidans auxquels ayant esté fait reproche des délits cy
dessus et par eux faits auroient répondu qu'ils ne se soucioient ny de
monsieur ny de madame, ny du sieur curé de la ditte paroisse De
certains quidans qui auroient dit du sieur plaintif à locasion de la
présente information, ou certains autres procez, je lui garde une
sallade pour la fin dont il ne se garde pas. De certains quidans qui
parlant souvent dudit sieur avec et injures, à locasion du présent
proceds, et menaçant esgalement et solicitant ceux qui pouvoient estre
tesmoins pour les empescher de déposer, et les ont fait intimider par
gens interposez, le menaçant soit dans sa personne, soit dans celles de
ses domestiques ou de ses fermiers. De certains quidans auxquels
auroient esté dit par leurs pères à locasion de certains discours faits
par eux : Escoute, tais toi, coquin, ta B... de langue te fera pendre.
De certains quidans desquels le père auroit dit : je voudrois qu'ils
fussent en terre dans certaines cosses de peur qu'il ne soit perdu,
générallemert parlant de tous ceux et celles qui ont veu, ouy et
entendu tout ce que dessus.
La dite requeste présentée à Routot le quatorze de ce mois, signée dudit sieur des Hommets, et de maistre Graspard Cabuc advocat son conseil, souscritte de notre ordonnance, estre comuiuniquee au procureur du roy du mesme jour, ensuitte de laquelle sont les concliusions du procureur du roy de ce jourd'huy. Veu, laquelle requeste nous avons suivant les conclusions du procureur du roy, ledit sieur des Hommets permis et authorisé obtenir censures esclésiastiques, nominem designando, pour avoir révélation des faits contenus et mentionnez en laditte requeste circonstances et dépendances, savoir .... [le reste est la reproduction à peu près textuelle de la requête précitée). - Signé : CAUCHOIS. Ce document parchemin de 6 feuillets a été publié in-extinso dans l'Avenir de Bernay, en 1874 ; il appartenait à M. Veuclin.
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