VEUCLIN, Ernest-Victor
(1846-1914) : Les Rosières de la
marquise de Pompadour et de la ville de Dreux 1751-1752.- Dreux
: J.-B. Achard, 1904.- 15 p.; 22 cm.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (18.III.2016) [Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros] obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm brC 29). LES ROSIÈRES
DE LA MARQUISE DE POMPADOUR ET DE LA VILLE DE DREUX 1751-1752 (1) PAR V.-E. VEUCLIN ~*~La naissance du duc de Bourgogne (2), petit-fils de Louis XV, arrivée à
Versailles, dans la nuit du 12 au 13 septembre 1751, motiva une
heureuse modification dans le programme banal et presque toujours
invariable des réjouissances publiques qui marquaient les grands
événements nationaux.
Voici, en effet, ce qu'on lit dans les Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (3), à l'occasion de cette naissance royale : « Du jeudi 16 septembre 1751, Versailles. — «.... Le Roi déclara il y a deux jours sa volonté au sujet des fêtes de la Ville (de Paris). Il dit que ces fêtes étant fort chères et peu utiles, il étoit plus à propos d'employer cet argent à rendre douze cents personnes heureuses ou au moins en état de le devenir ; qu'il falloit marier six cents filles. On leur donnera à peu près 100 écus à chacune. Cent écus sera la règle commune, mais on donnera aux unes plus, aux autres moins, suivant le cas où elles se trouveront. Lorsqu'il s'agira de faire apprendre un métier un peu plus cher à un jeune homme qui y aura de la disposition, on lui donnera à l'occasion du mariage plus de 100 écus ; à d'autres il ne sera pas nécessaire de donner autant. On estime environ 180.000 livres cette dépense que fera la Ville. On voudroit faire ces mariages tous en un même jour, au moins tous ceux de chaque paroisse »
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* * La ville de Dreux fut une des premières qui répondirent au vœu du Roi, ainsi que le constate ce document : « Aujourd'hui, vingt-huit septembre mil sept-cent-cinquante-un, en l'assemblée tenue en la chambre du conseil de l'Hostel-de-Ville de Dreux, par nous maire, echevins de lad. ville, Le Sr Cheddé, procureur sindic a représenté qu'il a eu communication d'une lettre écrite par Monseigr l'Intendant, à monsieur le subdélegué de cette ville, par laquelle il luy donne avis que l'intention du Roy seroit que toutes les villes du Royaume se conformassent à l'exemple de celle de Paris, où il a été arrêté de marier des pauvres filles, à l'occasion de la naissance de Monseigr le duc de Bourgogne au lieu de faire des dépenses extraordinaires pour des réjouissances publiques, et d'engager les officiers municipaux de cette ville à délibérer sur cette proposition, et sur ce que la ville est en état de faire à ce sujet. Sur quoi la Compagnye ayant délibéré, a arresté qu'il seroit pris une somme de mil livres sur les deniers d'octroy et patrimoniaux de cette ville, pour marier quatre pauvres filles de la dite ville, dont deux seront prises dans la paroisse de St-Pierre et deux dans la paroisse de St-Jean ; à chacune desquelles il sera donné une dotte de deux cens livres ce qui fera la somme de huit cens livres, et la somme de deux cens livres restant sera employée à leur donner quelques habillements pour le jour de leurs noces, et sera la présente délibération envoyée à Monseigneur l'Intendant pour estre par luy agréée avant de passer à l'exécution d'icelle. Fait les jour et an que dessus. » (5 signatures.) (4) Ensuite, répondant à la lettre du duc de Gesvres, du 15 septembre, annonçant le passage de Louis XV en la ville de Dreux, le lundi 4 octobre, la Compagnie précitée arrête qu'il sera fait des illuminations « par toute la ville, lundy prochain..., jour que le Roy doit passer par cette ville, pour donner à Sa Majesté des marques des joyes de tous les habitans, pour un événement aussy intéressant pour l'État (5), et qu'à l'égard du Te Deum et du feu de la ville, deux de Messieurs de ville se retireroient vers le Doyen et procr du chapitre pour délibérer avec eux du jour que l'on chantera le Te Deum ». Suit le programme des réjouissances officielles qui doivent avoir lieu : La veille et le jour (3 et 4 octobre), son des cloches, batterie des tambours, feu de joie et « may » en la place accoutumée devant l'hôtel-de-ville ; lampions ; 50 hommes de la milice bourgeoise sous les armes ; les 40 pairs de la ville réunis en corps ; Te Deum à l'église collégiale de Saint-Étienne ; feu de joie ; 3 décharges générale d'armes sur la place. Depuis plusieurs années, Louis XV passait assez fréquemment à Dreux en allant au château de Crécy qu'il avait acheté à sa trop célèbre favorite, la marquise de Pompadour (6) ; le voyage du Roi, du 4 octobre (7), comme les précédents, n'aurait donc été l'objet d'aucune manifestation sans la circonstance de la naissance du duc de Bourgogne, laquelle permit à la fameuse châtelaine de Crécy d'être la première peut-être à répondre à l'ordre formulé par le royal débauché à l'égard des mariages de filles du peuple. Voici, en effet, ce que le duc de Luynes écrivait à la date du 26 octobre 1751 : « Ce même jour (7 octobre), on apprit la mort de M. Lenormant, frère de M. de Tournehem... Comme il est beau-père de Mme de Pompadour, cette nouvelle a empêché que l'on ne tirât un feu d'artifice à Crécy, pour lequel tout étoit prêt. Il n'y a eu aucune fête à Crécy, seulement quelques filles que l'on a mariées (8) L'ordre que le Roi a donné pour employer à marier six cents filles dans Paris, comme je l'ai dit, l'argent que la ville destinoit à des fêtes, a servi d'exemple pour faire cette même bonne œuvre en plusieurs endroits différents ».
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* * Ce ne fut pas à Crécy, comme on pourrait le croire d'après la note ci-dessus, que quatorze ou seize mariages furent célébrés le même jour par les soins et la générosité de la célèbre favorite, mais bien dans les paroisses dont elle était la « dame ». « Haute et puissante dame Jeanne-Anthoinette Poisson, marquise de Pompadour, baronne de Bret, la Rivière et Saint Cyr de la Roche » était aussi, on le sait, « dame de Crécy-Couvé, Tréon, Aulnay, Garancières, le Boulay-des-deux-Églises, Saint-Rémy-sur-Avre, Boissy-en-Drouais, Majainville, Saulnières, etc., etc. Ce furent donc dans chacune des paroisses lui appartenant féodalement que la marquise de Pompadour fit marier une ou plusieurs filles à chacune desquelles elle donna 300 livres en argent et 200 livres pour les habits de la mariée. De ces quatorze mariages, nous n'avons trouvé mention que des suivants : CRÉCY. — (5 octobre). Jacques Maillard avec Marie Labiche. — (7 octobre). Mathurin Mytron avec Marie-Catherine Morée (9). BOISSY-EN-DROUAIS. — (5 octobre). Toussaint Hublot avec Noëlle-Catherine Toutain, tous les deux de Boissy ; « la dite Toutain du nombre des quatorze filles dotées par Madame la marquise de Pompadour, dame de cette paroisse, en réjouissance de la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (10), » GARANCIÈRES-EN-DROUAIS. — (5 octobre). Claude Dumont avec Charlotte Petit. SAINT-RÉMY-SUR-AVRE. — (6 octobre). Jean Delanoe avec Barbe Caillé ; — Rémy Boucher avec Marie-Louise Lechalard. AUNAY-SOUS-COUVÉ. — (6 octobre). Nicolas Bard avec Jeanne Crosnier ; « mariage fait par les charités de Madame la marquise de Pompadour à. l'occasion de la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (11) ». TRÉON. — Le registre paroissial ne contient pas de mention de mariage. LE BOULAY-DES-DEUX-ÉGLISES. — (7 octobre). Pierre Favet avec Marguerite Biseau, fille de Pierre Biseau, maître d'école de la paroisse ; — Antoine Rivet avec Louise Haute-terre.
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* * Le 6 novembre 1751, dans ses curieux mémoires, le duc de Luynes écrivait, étant à Fontainebleau, que le mardi 9 avait été désigné pour célébrer à Paris les 600 mariages dont il est question plus haut (12). Malgré son patriotisme et sa bonne volonté, la ville de Dreux ne fut pas en mesure de s'associer à la grandiose manifestation parisienne du 9 novembre ; mais la marquise de Pompadour y pourvut, ainsi que cela résulte de la note suivante, consignée sur le registre paroissial de Saint-Pierre à la date du mardi 9 novembre 1751 : « Pierre Michel, tisserand (13), et Marie-Marguerite Leblanc furent mariez, le 9 novembre 1751, dotez et habillez par Mme la marquise de Pompadour, dame du château de Crécy, en réjouissance de la naissance de Mgr le duc de Bourgogne : pour lequel mariage on a payé un louis d'or de 24 livres au curé et une médaille d'argent(14), pesant environ 4 livres (15), avec cette inscription : NAISSANCE DE Mgr LE DUC DE BOURGOGNE, 1751, et le buste de Louis XV, son ayeul, âgé de 42 ans. La dite dame avait déjà doté et habillé plusieurs garçons et filles dans toutes les paroisses de Crécy, pendant le voyage du Roy au dit château, à la fin du mois de septembre (16) ».
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* * Ce ne fut qu'assez tardivement que la ville de Dreux put se mettre au niveau des cités qui avaient spontanément suivi l'exemple de la ville de Paris. Le mariage du 9 novembre, dont il vient d'être parlé, avait peut-être semblé à certains membres du corps de ville remplir les vues du Roi, ce qui eût soulagé d'autant le maigre budget communal. Quoi qu'il en soit, on se décida enfin à marier, aux frais de la ville, quatre filles du lieu, ainsi que le constate le document suivant : « Aujourd'huy, sept janvier mil sept cent cinquante deux, en l'assemblée tenue en la Chambre du Conseil de l'Hostel-de-Ville de Dreux, par Nous Jean Jullienne, seigneur de St-Cyr-la-Rosière et autres lieux, conseiller du Roy, lieutenant général civil et criminel au bailliage et siège royal de Dreux et maire de lad. ville, Pierre Cagnyé, lieutenant de maire, Pierre Bureau, et Jacques Auvry eschevins, le sr Guillaume Cheddé, procureur-syndic, a dit et remontré qu'en vertu de notre ordonnance du 28 septembre dernier, et la lettre d'autorisation de Mr l'Intendant de la Généralité de Paris du 8 octobre ensuivant, Il aurait trouvé dans l'étendüe des deux paroisses de cette ville quatre pauvres filles sans bien pour estre mariées avec chacune une dotte qui sera fournye par la ville de la somme de deux cens cinquante livres dont il en sera employé celle de cinquante livres pour les habits nuptiaux de chacune desd. quatre filles, et le surplus de la somme de deux cens livres, mises entre leurs mains la veille de leur mariage, lesquelles quatre dont deux sont de la paroisse St-Pierre et deux de celle de St-Jean, avec les quatre garçons qui doivent les épouser nous ont été par luy presentez, dans les noms ensuivent… Desquels garçons et filles il nous a dit estre bien informé et qu'on l'avoit assuré estre de bonne conduite, qu'il requeroit, attendu que la somme de deux cens cinquante livres est trop modique, qu'il leur fût donné à chacune celle de trois cens livres, dont il sera passé contract devant nottaire de cette ville en sa présence pour assurer aud filles à marier, cette dotte, que s'ils étoient par nous agréez, il fût incessamment procédé à la célébration de leurs mariages, d'en fixer le jour et de quelle façon la cérémonie se feroit, Qu'il estimoit que tous ces quatre mariages fussent faits le mesme jour et en l'église de la paroisse St-Pierre à l'effet de quoy les futurs époux se rendront le matin du jour indiqué pour les mariages, dix heures du matin, en habits nuptiaux, en l'Hostel-deVille, avec le père et la mère seulement de chacun desd. futurs époux ou deux de leurs plus proches parens, s'ils étoient sans pere ou mère, Que les dits futurs époux seront conduits par les officiers de la dite ville, Que les tambours et autres instrumens (17) seront à la teste aveu deux sergens de ville en casaques et hallebardes, et les deux autres sergens de ville seront à costé pour faire place, Que pour rendre la cérémonie plus brillante, il seroit à propos de convoquer les quarante Pairs pour assister ausd. mariages ; qu'au retour de l'église, qu'après la célébration desd. mariages tous lesd. époux seroient ramennez de l'église à a maison de ville, dans le mesme ordre qu'ils y auroient esté conduits, après quoy il seroit servy un grand dîner pour tout le monde des d. noces, Qu'il seroit encore à propos, tant par rapport aux noces qu'au temps de divertissement dans lequel nous sommes (18) d'avoir des instruments afin de donner du plaisir aux mariez, à ceux des noces et à plusieurs personnes de la ville qui viendroient y participer ; qu'il n'y auroit point de souper, et qu'en place il seroit préparé une grande collation et des raffraîchissements pour le monde qu'il y auroit. Pour touttes lesquelles choses executer et faire executer, il luy seroit donné par nous une ordonnance de la somme de deux mil livres à prendre sur le receveur de l'octroy de cette ville dont il nous rendroit compte. Sur quoy faisant droit, nous acceptons et agréons les quatre filles et les quatre garçons qui nous ont été presentez par le d. sr procureur-sindic. En conséquence nous disons qu'ils seront incessamment mariez et pour y parvenir led. sr procureur-sindic faira touttes les démarches necessaires pour faire commencer la publication de leurs bancs (sic) dimanche prochain neuf du present mois et les faire continuer les dimanches seize et vingt-trois suivant pour estre lesd. mariages faits et celebrez le mardy 25 dud. Present mois. La cloche de la ville sera sonnée au vol durant une heure pendant la messe, le premier dimanche que les bancs seront publiez. La veille desd. mariages lad. cloche sera pareillement sonnée depuis sept heures du soir jusqu'à huit ; on faira semblable sonnerie le jour du mariage pendant deux heures depuis onze heures jusqu'à une heure après midy... (Les autres demandes du procureur-syndic sont accordées ; puis il est dit que la « Chambre de ville, où se feront les dites noces, sera éclairée avec de la bougie… ») (4 signatures) (19). Le mardi 25 du même mois de janvier, conformément au cérémonial précité, sont conduits solennellement en l'église Saint-Pierre les quatre couples suivants : 1° Jacques Fayet, bourrelier, fils majeur de défunt Jacques Fayet, aussi bourrelier et de Marguerite Boulay ; — et MARIE-FRANÇOISE DALEON, fille mineure de défunt Antoine Daleon, cordier, et de Marie Levesque, tous deux de cette paroisse ; 2° Hubert Duclos, milicien (20), fils majeur de Ferdinand Marie Duclos, journalier, et de feue Marie Spod, de la paroisse de Saint-Pierre ; — et LOUISE MOINET, fille mineure de Pierre Moinet, voiturier, et de Marie Loignon, de la paroisse de Saint-Jean de cette ville ; 3° Noël Chemin, matelassier, fils majeur de défunt Louis Chemin, « drappier », et de Marie Lecomte, originaire de la paroisse de Marville-Moutiers-Brûlé et habitant la paroisse de Saint-Pierre depuis plusieurs années ; — et MARIE MILCENT , fille mineure de Denis Milcent, scieur de long, et d'Anne Hébert, de la paroisse de Saint-Jean de cette ville ; 4° Jean Duchesne, « chartier », fils mineur de défunt Jacques Duchesne, journalier, et de défunte Suzanne Luzurier, originaire de Fontaine-Laribourg, et demeurant en la paroisse de Saint-Pierre de Dreux depuis deux ans ; — et MARIE DESCOMBLE, fille mineure de défunt Charles Descomble, vigneron, et de Catherine Godeau (21) de la paroisse Saint-Pierre. Le curé de Saint-Pierre, M. Pierre Bonnet, procède lui-même à la célébration simultanée de ces quatre mariages, en présence des cinq principaux notables du corps de ville : Messieurs Jean Jullienne, conseiller du Roi, lieutenant général civil et criminel au bailliage et siège royal de Dreux, et maire de cette ville, seigneur de Saint-Cyr-la-Rosière et autres lieux ; Pierre Cagnyé, ancien procureur du Roi en l'élection de Dreux, lieutenant de maire de la même ville ; Pierre Bureau et Jacques Auvry, échevins en titre ; et Guillaume Cheddé, procureur-syndic électif de la dite ville. Est-il besoin d'ajouter qu'une foule considérable remplissait la vaste église et nous croyons que pendant la pieuse cérémonie de la quadruple bénédiction nuptiale, l'orgue fit entendre une harmonie de circonstance. Seul, le bon curé de Saint-Pierre eut le bon esprit de conserver, pour la postérité, le souvenir de cet événement sans précédent et, sur le registre paroissial, à la suite des noms des témoins notables précités, il ajouta : « qui ont dotté et habillé les époux en réjouissance de la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne ». Quant au registre de l'hôtel-de-ville, il est absolument muet sur les incidents de cette mémorable journée, sans précédents, et qui fut un jour de gloire pour la démocratie druidique.
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* * Là ne devaient pas s'arrêter les mariages des Rosières du Drouais . La marquise de Pompadour jugea bon, en la même année 1752 (22), de renouveler ce qui avait eu tant de succès l'année précédente dans ses terres ; aussi, lorsque Louis XV revint à Crécy, où il séjourna du 9 au 14 septembre, il y eut encore de grandes fêtes et réjouissances à l'occasion de la convalescence du Dauphin, lesquelles se terminèrent par huit nouveaux mariages de Rosières, dont le duc de Luynes fait une courte mention dans ses intéressants mémoires en indiquant simplement que les repas devaient se faire sous des tentes (23). Le curé de Saint-Pierre de Dreux, qui avait été probablement invité à ces fêtes, consigna sur son registre paroissial cette note plus explicite : « Le samedi 9 septembre 1752, voyage du Roy au château de Crécy, et le 12, feu d'artifice sur l'eau en réjouissance de la convalescence de Mgr le Dauphin, et le 13, Te Deum dans l'Église de Couvé, et 8 mariages dotez par Mme la marquise de Pompadour. » Comme les quatorze de 1751, ces huit mariages eurent lieu évidemment en leurs paroisses respectives et non en l'église de Crécy-Couvé. Du reste, le registre de cette dernière localité, à la date du 12 septembre, ne porte que le mariage de Christophe Laurent avec Jeanne Dupré, sans aucune annotation concernant la dotation ; les autres registres paroissiaux que nous avons consultés ne sont pas plus affirmatifs ; voici-les mariages qu'ils constatent durant le séjour du Roi à Crécy : 1° Crécy-Couvé. — (11 septembre), mariage de... avec Vavasseur(24) ; (12 septembre), Christophe Laurent, avec Suzanne Dupré, fille mineure. 2° Aulnay. — (12 septembre), Jacques Maillot, avec Marguerite Houislin, orpheline. 3° Tréon. — (11 septembre), Pierre Prévost, avec Hélène Bonneville. 4° Garancières. — (12 septembre), François Lelièvre, fils de feu Jacques Lelièvre, « tabelion de ce lieu », avec Louise Lefèvre, fille d'un laboureur. 5° Saulnières. — (12 septembre), Étienne Lanoe, avec Marguerite Chaubot. 6° Boullay-des-deux-Églises. — (12 septembre), Mathurin Dablin, garçon domestique, avec Louise Fournier, fille mineure. 7° Saint-Rémy-sur-Avre. — (12 septembre) (25), Pierre Pollet, avec Marie-Louise Levistre. 8° Boissy-en-Drouais (26). Ajoutons, pour terminer, que s'il y eut encore quelques réjouissances au château de Crécy, dues à la présence de Louis XV, durant les années suivantes (27) elles ne tardèrent pas à décliner et à prendre fin en 1755 pour raison, d'économie (28). Enfin, en 1757, la marquise de Pompadour vendit toutes ses terres du Drouais au duc de Penthièvre, de pieuse et glorieuse mémoire, qui ne les conserva que peu de temps. Ce ne fut qu'un demi-siècle plus tard que la ville de Dreux revit dans ses murs des mariages officiels de Rosières. Ce sera la seconde partie de cette modeste étude historique.
E. VEUCLIN.
(1) Mémoire admis au Congrès des Sociétés savantes, à
Nancy, en 1901, et couronné par « Les Rosati », de Paris, en 1901.NOTES :
(2) Frère ainé de Louis XVI, le duc de Bourgogne mourut, dans sa 10° année, le 22 mars 1761. (3) 1863, in 8° tome, XI, p. 229-230. (4) Arch. de la mairie de Dreux : registre des délibér. F" 497-498. (5) La naissance du duc de Bourgogne. (6) En 1745, Jeanne-Antoinette Poisson, née en 1'721, était devenue la favorite du Roi qui la fit marquise de Pompadour et acheta pour elle plusieurs terres, notamment les suivantes : Crécy, en 1746, pour 650.000 livres ; Aunay, 140.000 l. ; Majainville, 25.000 l. ; Tréon, 40.000 l. ; Saint-Remy, 24.000 I. Le château de Crécy, étant presque totalement détruit, fut reconstruit en 1747, avec les matériaux de l'aqueduc abandonné de Maintenon, par « messire Jean de Lassurance, architecte et controlleur des bâtiments du Roi, résidant à Marly D. — A partir de mai 1746, la marquise de Pompadour vint assez fréquemment à Grey qui fut sa résidence favorite, et où elle fit même bâtir un hôpital. Le premier voyage de Louis XV à Crécy, signalé dans les mémoires du duc de Luynes, eut lieu le 29 août 1746 ; le second en avril 1747 A partir de cette date, voici les dates conservées par le noble chroniqueur précité : 15 mai et 9 septembre 1748 ; 31 mai, 4 juin, 10 septembre, 2 décembre 1749 ; 19 septembre 1750 ; 4 et 12 juin 1751. (7) Le registre de la municipalité de Dreux ne contient aucune relation du passage du Roi ni des réjouissances projetées. Faut-il en conclure qu'il n'y eut rien de fait ? Nous croyons plutôt à un oubli du greffier de l'hôtel-de-ville. (8) « On m'a dit quatorze ou seize mariages ». (Note du duc de Luynes). (9) Louis XV, ainsi que les seigneurs et dames de sa suite, assistèrent très probablement à ces deux mariages ; mais aucun de ces témoins de marque, pas même la marquise ne signèrent sur le registre paroissial. (10) Registre paroissial d'état civil. (11) Cette mention figure à l'acte de baptême (26 juillet 1752) du premier-né de ces deux époux (Registre paroissial d'état civil). (12) Mémoires, t. XI, p. 275 et 353. — Voir : Albert Babeau, Les six cents mariages célébrés aux frais de la ville de Paris en 1751 ; Paris, 1900, in-8. de 6 pages. — Parmi les nombreuses publications du temps, citons : les Couplets chantés par les nouveaux mariés de la paroisse de Saint-Laurent, aux noces faites par la ville à l'occasion de la naissance de monseigneur le duc de Bourgogne. — Exhortation pour les mariages de la ville célébrés en l'église de S. Benoît le... 9 novembre 1751, (S. l. n. d.) in-4°. — Célébration des mariages de la ville dans l'église de St Merry, à Paris, faite le... 9 novembre 1751...; et exhortations à ce sujet par M. Artaud,… (Paris, imp. de Houssant, s. d. in-4°). Il y eut 45 mariages en cette paroisse. La ville de Paris donna à diner à ces 600 noces à raison de 6 personnes par chaque mariage; un grand repas aux notables fut aussi offert à l'Hôtel-de-ville où assistait M. le duc de Gesvres, comme gouverneur. De leur côté, les fermiers généraux firent, à leurs dépens, 86 mariages. — Voir : Paul Tellot, Un contrat de mariage à Soissons, en 1751, en actions de grâces de ta naissance du duc de Bourgogne. Vannes, 1900, in-12 de 28 p. (13) Ailleurs, il est qualifié de garçon tailleur, originaire d'Evriez, diocèse de Nantes, et demeurant à Dreux depuis un an et demi. (14) A Paris, la ville donna à chaque fille 100 écus et un habit, une médaille et un anneau, puis un habit au marié et paya les droits de l'église. (15) C'était sa valeur en argent et non son poids. (16) La mémoire du bon curé de Dreux avait été infidèle : Louis XV séjourna à Crécy du 4 au 8 octobre et non à la fin de septembre. (17) La ville n'avait que des violoneux. (18) On était en pleine fête des Rois. (19) Registre des délib., fo° 504 et suiv. (20) Dans les grenadiers royaux du bataillon de Mantes, dont était capitaine le sieur Le Clerc, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis. (21) Peut-être une petite-nièce de l'illustre évêque de Grasse et de Vence, Mgr Antoine Godeau (1615-1672), originaire de Dreux, où une rue a conservé le nom de ce distingué et savant prélat. Cette très ancienne et honorable famille est encore représentée à Dreux et dans les environs (22) Le 29 mars 1752, M. et Mme de Luynes étaient venus visiter Anet, Crécy et Navarre dont ils firent une charmante description. (23) Mémoires, t. XII, p.141. (24) Les noms sont rongés sur le registre du greffe civil et manquent totalement à la mairie de Crécy. (25) Le 12 eut également lieu, à St-Pierre de Dreux, le mariage de Charles Leroy, garçon boulanger, fils mineur, avec Barbe-Marguerite Gouël, fille majeure d'un bourrelier ; j'ignore si c'était une rosière de Mme de Pompadour. Majainville manque. (26) Les registres manquent à la mairie et au greffe. (27) « En 1753, écrivait le curé de Nogent-le-Roi, feu d'artifice à Crécy aux dépens de Mme la marquise de Pompadour, où le Roy était présent. Nous, curé de cette paroisse, et MM. les vicaires étions aussi présents. (Registre paroissial d'état civil.) (28) « En 1755, — écrivait aussi le curé de Saulnières, le roy Louis XV a commencé de ne plus venir à Crécy, vu les grandes dépenses que lui a fait connoitre le seigneur de Séchelles, son controlleur général, occasionnées par ces voyages. » |