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M. Chatelet : Notice sur l'ancien collège de Lisieux (1862) CHATELET, M.: Notice sur l'ancien collège de Lisieux.- Lisieux : Impr. de J.-J. Pigeon, 1862.- 35 p. ; 17,5 cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (20.VII.1995)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Bibliothèque municipale, B.P. 7216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.66.50.- Minitel : 02.31.48.66.55. - Fax : 02.31.48.66.56
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Texte établi sur l'exemplaire de la bibliothèque municipale de Lisieux (BmLx : br norm 68).
 
Notice sur l'ancien collège de Lisieux
par
M. Chatelet
 

Meminisse juvat

Ma vie active se rattache presque entièrement au collège de Lisieux : je l'ai fréquenté comme élève et comme professeur, ou habité comme maître d'étude et comme principal, depuis les premières années de mon adolescence jusqu'au commencement de ma vieillesse ; il a donc été tout naturel que j'aie recherché avec soin et recueilli avec empressement les renseignements authentiques qu'ont pu me fournir sur cette maison les archives de la ville, des notes manuscrites ou imprimées, et les traditions des hommes du dernier siècle avec lesquels j'ai eu des relations. En livrant aujourd'hui ces documents à la publicité, j'obéis cependant à autre chose qu'à un sentiment personnel : j'ai pensé qu'une notice sur le collège de Lisieux faisait essentiellement partie de l'histoire de notre cité, et qu'elle pouvait être lue par d'autres même que par ceux qui, en qualité de maîtres ou d'élèves, appartiennent ou ont appartenu à cet établissement.

En effet, en rapportant des faits relatifs à un seul collège, à une localité unique, j'aurai l'occasion d'indiquer l'origine et de suivre rapidement le progrès des études au moyen-âge, de rappeler des moeurs et des usages qui, bien que peu éloignés de nous, ont passé sans laisser presque aucune trace, et de faire remarquer les changements qui se sont opérés dans les objets et le mode de l'enseignement. La jeunesse surtout pourra retirer un certain profit de la lecture de ces quelques pages : il lui sera facile de comparer le présent avec le passé, et de se former une idée plus exacte de temps vantés avec exagération ou critiqués sans mesure par ceux qui les jugent sans s'être donné la peine de chercher à les connaître.

La lumière que le génie de Charlemagne avait fait briller sur les contrées soumises à son sceptre, n'eut, on le sait, qu'un éclat passager. Les incursions normandes et les divisions intestines, favorisées ou même provoquées par la faiblesse de ses successeurs, ramenèrent bientôt les ténèbres dont les invasions barbares avaient couvert le monde romain. Mais les croisades, entre autres résultats importants pour la civilisation, eurent pour effet de ranimer le goût des lettres que les Grecs du Bas-Empire, tout dégénérés qu'ils étaient, n'avaient pas cessé de cultiver. Les peuples de l'Occident, mis en rapport avec eux par les expéditions qu'ils firent en Asie, sentirent de ce côté leur infériorité, et ils ne tardèrent pas à vouloir égaler, dans les travaux de l'esprit, des hommes qui étaient si fort au-dessous d'eux par la vigueur du corps et la valeur guerrière. Alors parurent ces chantres de la chevalerie, dont les poèmes commencèrent à former la langue française ; alors s'improvisèrent, pour ainsi dire, ces écoles où des hommes d'un vaste savoir, mais rares et isolés, attiraient de nombreux et avides auditeurs ; puis enfin l'enseignement plus complet et plus régulier des universités (1) qui se constituèrent dans toute l'Europe, à l'exemple de celle de Paris, la plus ancienne et la plus illustre de toutes (2).

On sent que, quels que fussent le talent des maîtres et le zèle de la jeunesse, l'éloignement et la dépense devaient nécessairement restreindre le nombre des auditeurs de ces savantes écoles. Le haut clergé vint aplanir en partie cet obstacle. Ce fut pour lui un honneur qu'on ne saurait méconnaître sans injustice, que, seul alors en possession de l'instruction et des lumières, il n'épargna rien pour les propager. Les évêques s'empressèrent d'employer une part de leurs riches revenus à fonder auprès des universités les plus voisines de leurs sièges ou les plus renommées, non seulement des bourses, mais encore des maisons qui prirent le nom de collèges, où ils envoyaient un nombre déterminé de leurs diocésains, qui y recevaient gratuitement l'instruction, le logement et la nourriture.

Les évêques de Lisieux, entre autres, se signalèrent par cette noble libéralité. En l'an 1335, Guy d'Harcourt (3) fonda le collège de Lisieux, à Paris ; deux de ses successeurs, Jean de Dormans (4) et particulièrement Guillaume d'Estouteville (5) ajoutèrent des revenus considérables à la première dotation faite en faveur de cette maison, qui eut pour principal le bon Rollin et qui compta Jacques Delille au nombre ses élèves. Un prélat italien, Branda de Castiglione (6), que Henri V d'Angleterre avait pourvu de l'évêché de Lisieux, appela la jeunesse normande dans un collège qu'il avait créé près de la célèbre université de Pavie. Pierre Cauchon (7), qui devint évêque de Lisieux après avoir été forcé de quitter le siège de Beauvais, gratifia ses diocésains de plusieurs bourses au collège du Bois, à Caen, dont il fut un des fondateurs. Heureux si cette louable générosité eût pu effacer la tache imprimée à son nom par la sentence inique qu'il avait prononcée contre la libératrice de la France !

L'instruction répandue par les universités et propagée par l'invention de l'imprimerie, et aussi le goût des lettres apporté par les Grecs dispersés après la prise de Constantinople, donnèrent lieu à ce mouvement extraordinaire des esprits, à ce travail intellectuel qui signala la fin du quinzième siècle, cette brillante époque appelée la Renaissance. Le progrès incessant des lumières, le besoin d'érudition qu'avaient fait naître les discussions théologiques soulevées à l'occasion de la Réforme, rendirent insuffisantes les universités qui s'étaient multipliées à la vérité, mais dont on ne comptait encore que quatorze pour toute la France (8). Il fallait satisfaire à ce qui était devenu une nécessité ; et au milieu même des dissensions qui agitaient le pays, une ordonnance royale, rendue en 1561 sur la requête des Etats d'Orléans et provoquée par les assemblées de Blois et de Poissy, autorisa, dans les villes épiscopales, les officiers municipaux à se faire délivrer la première prébende (9) qui viendrait à vaquer, "pour en affecter le revenu, dit l'ordonnance, à l'entretenement d'un précepteur qui sera tenu, moyennant ce, instruire les jeunes gens de la ville gratuitement et sans salaire". L'ordonnance ajoute que le précepteur sera élu par l'archevêque du lieu, sur l'avis du chapitre, du maire et des conseillers municipaux.

C'est à cette sage et libérale mesure, dans laquelle il est aisé de reconnaître l'esprit du chancelier de Lhospital (10), que, comme plusieurs autres villes de France, Lisieux fut redevable de son collège ; mais il lui fallut d'abord soutenir une lutte longue et difficile. La prébende de la Chapelle-Hareng (11) étant devenue vacante en 1567, les conseillers municipaux la réclamèrent en vertu de l'ordonnance précitée (12) ; mais J. Le Hennuyer, alors évêque de Lisieux, en avait déjà disposé en faveur d'un chanoine ; il prétendit que la demande en avait été faite tardivement, et il offrit la prébende du Pré (13), qui était de moindre valeur. De là procès devant le lieutenant du bailli d'Evreux, au siège d'Orbec, et sentence du 5 janvier 1569, qui condamnait l'évêque à délivrer aux habitants de Lisieux la prébende de la Chapelle-Hareng, ou une autre d'un revenu égal, et, en attendant l'exécution, à leur payer 250 livres par an et les arrérages. Le prélat refusa de se soumettre, et ce ne fut que deux ans plus tard, le 4 janvier 1571, qu'une transaction conclue entre l'évêque et le conseil de la ville mit fin à ces longts débats. Le conseil acceptait la prébende du Pré, à laquelle l'évêque s'obligeait d'ajouter 80 livres de rente, jusqu'à ce qu'il eût délivré la prébende de la Chapelle-Hareng. Par le même acte, l'évêque fut requis de pourvoir de précepteurs la jeunesse de Lisieux.

Cette convention ne tarda pas à recevoir son exécution. Et d'abord on s'occupa d'un local : le 4 mai les conseillers de la ville achetèrent, pour en faire un collège, une maison sise rue du Bouteiller (14), nommée le manoir de Coquainvillers, qui appartenait au sieur Jacques de Bouquetot, seigneur de Coquainvillers, et à sa mère. La vente eut lieu moyennant 1,500 livres. L'évêque contribua dans l'acquisition pour 500 livres, somme à laquelle se montaient les arrérages de la prébende préceptorale.

Le 30 du même mois de mai, l'évêque nomma pour principal du nouveau collège, sur l'avis du chapitre et du conseil de la ville, Laurent Dumesnil, curé de Vimoutiers, qui donna sa démission au bout de quelques mois. Il fut remplacé par Jacques Aubert, doyen de Montreuil, au mois de mars 1572 (15).

C'est là la date exacte de la création du collège de Lisieux. Nous n'avons point de renseignements précis sur la première période de son existence. Pendant quatre-vingts ans, il ne fit guère que végéter : vers le milieu du XVIIe siècle, on n'y comptait plus que quarante élèves, et le nombre des classes qui d'abord avait été de cinq, se trouvait réduit à trois.

A cette époque, Léonor 1er de Matignon occupait le siège de Lisieux. Il résolut, pour relever le collège de l'état de décadence où il était tombé, de le confier à des mains plus habiles. Il s'adressa à deux ecclésiastiques, Jean Eudes et Thomas Manchon, qui venaient de fonder la congréation de Jésus et de Marie pour la direction des séminaires. Ils se rendirent à Lisieux pour traiter avec l'évêque, et les principales conditions arrêtées furent celles-ci : que la jeunesse de la ville serait instruite gratuitement (16) ; qu'il serait établi quatre classes de lettres ; que la congrégation nommerait et enverrait des professeurs au collège, et qu'elle se chargerait de l'entretien des bâtiments.

La première dotation était insuffisante pour cette organisation nouvelle ; la ville entra dans les vues de son évêque et ajouta 200 livres de rente à la prébende préceptorale, que le chapitre avait rachetée moyennant une rente de 500 livres. Il fallut lever aussi une difficulté d'un autre genre : le principal de collège, Pierre Langlois, prêtre, qui exerçait ses fonctions depuis 36 ans, ne pouvait être dépouillé violemment du titre dont il était régulièrement pourvu ; pour obtenir sa démission, on lui assura, sa vie durant, la jouissance de la prébende préceptorale. Afin de dédommager les Eudistes de cette perte temporaire, la ville s'obligea à leur payer 200 fr. par an jusqu'au décès de P. Langlois ; et les Eudistes, pour répondre à ce nouveau sacrifice, consentirent à créer une chaire de philosophie.

En appelant les Eudistes à Lisieux, l'évêque n'avait pas pour but unique la restauration du collège ; il réalisait en même temps un projet non moins utile. Il est à remarquer que jusqu'à l'époque dont nous parlons, il n'y avait point eu, malgré les prescriptions du concile de Trente, de maisons spéciales pour élever la jeunesse qui se destinait au sacerdoce. Léonor de Matignon voulut avoir un séminaire dans sa ville épiscopale. Les P.P. Jean Eudes et Manchon en avaient récemment fondé deux qui jouissaient déjà d'une grande réputation, l'un à Caen, l'autre à Coutances ; l'évêque les chargea de la direction de celui qu'il voulait créer, aussi bien que de celle du collège. Il établit le nouveau séminaire dans les bâtiments contigus au collège, où les élèves ecclésiastiques allaient recevoir l'instruction. Les deux maisons avaient une administration distincte ; mais elles étaient soumises à des maîtres appartenant à la même congrégation.

Aussitôt que la réunion du séminaire et du collège fut accomplie, on vit s'accroître rapidement, des deux côtés, le nombre des élèves, les études se fortifièrent, et le collège prit dès-lors une véritable importance, qui ne fit qu'augmenter par la suite. Les libéralités de plusieurs évêques en faveur des deux établissements contribuèrent à ce succès. Léonor II de Matignon, neveu et successeur de Léonor 1er, fit reconstruire en 1699 les bâtiments du grand séminaire (17). M. de Condorcet, notre avant-dernier évêque, fit don au collège de 1,200 livres de rente, qui s'ajoutèrent à ses autres revenus.

A l'aide de ces nouvelles ressources, les Eudistes donnèrent plus d'étendue à leur enseignement. Le nombre des classes fut porté à sept. Les études du collège commençaient à la sixième, qui était réunie à la cinquième sous un seul maître ; les classes supérieures avaient chacune un régent. Le chef, qui portait le titre de préfet, avait la direction des études et du pensionnat, et il pouvait en même temps occuper une chaire.

Dire ce qu'étaient les études à Lisieux, parler de certains usages, ce sera faire connaître, à quelques particularités près, ce qui se passait dans les anciens collèges. Par suite des traditions du moyen-âge, le latin était la langue savante, au moyen de laquelle on devenait apte à tout apprendre. Le latin était donc, dès le début et jusqu'à la rhétorique, l'objet à peu près exclusif de l'enseignement. On faisait aussi du grec ; mais il fut presque généralement abandonné vers le milieu du XVIIIe siècle. Les mathématiques ne faisaient point partie du programme des classes ; elles n'étaient cultivées que par les hommes qui s'y consacraient par amour de la science. Malgré les justes plaintes que Rollin avait fait entendre, on n'apprenait de géographie et d'histoire que ce que les auteurs expliqués en pouvaient enseigner, c'est-à-dire quelque chose de la Grèce et de Rome, mais rien de la France ou des autres Etats fondés depuis la chute de l'empire romain. Il en était des langues vivantes comme des mathématiques ; et, ce qui était moins pardonnable, le français n'était point jugé digne d'un enseignement spécial. La jeunesse n'avait point de grammaire française à son usage : pour se former à la connaissance de la langue maternelle, elle avait, il est vrai, les ouvrages de quelques grands écrivains ; mais ils étaient trop rarement lus, et peu étudiés au point de vue du style. On aurait pu, ce semble, tirer un parti plus fécond de l'habitude de traduire de vive voix et par écrit les auteurs anciens ; mais la traduction n'était point alors l'art de faire passer d'un idiôme dans un autre, avec la justesse de l'expression, la force des pensées et la vérité des images ; on n'y tendait qu'à un but, montrer qu'on avait l'intelligence du texte, dont on ne donnait souvent qu'un pâle équivalent. Ainsi, des thèmes latins, des versions latines, des vers latins, des versions grecques, lorsque le grec était enseigné, et la traduction orale des auteurs, telles étaient les matières sur lesquelles roulait invariablement le travail dans les collèges, depuis la cinquième jusqu'à la fin de la seconde. En rhétorique, on y ajoutait l'amplification française, et le thème latin était remplacé par l'amplification latine. Les préceptes de la rhétorique, toujours dictés par le professeur, étaient rédigés en latin. Ce fut une innovation considérable que l'usage, introduit dans les derniers temps, d'alterner cet enseignement de manière qu'il fût fait une année en latin et la suivante en français ; et ceux des élèves qui appartenaient à l'année latine se trouvaient favorisés, comme devant être mieux préparés à la classe de philosophie, où l'on ne parlait que latin. On familiarisait d'ailleurs les étudiants à l'usage de cette langue le plus tôt qu'il était possible : les règles de la grammaire et de la prosodie étaient souvent apprises en latin ; dès la quatrième, c'était en latin que les professeurs donnaient les ordres réglementaires aux élèves, et que ceux-ci demandaient des permissions. En un mot, la langue latine était à la fois le moyen et le principal but des études qui se faisaient dans les collèges.

La classe de philosophie comprenait deux années : la première était consacrée à la philosophie proprement dite, divisée en logique, métaphysique et morale. L'enseignement en était presque partout uniforme ; c'étaient les mêmes questions qui étaient traitées dans tous les cours, posées dans le même ordre et résolues de la même manière. Les leçons, quoique rédigées dans chaque collège par le professeur, étaient, pour ainsi dire, calquées les unes sur les autres. C'était la philosophe scolastique. Les cahiers étaient dictés et textuellement appris par coeur. L'exercice important de la classe était l'argumentation, toujours en latin, rigoureusement en forme, et souvent vive de la part des élèves intelligents. On faisait gravement des objections qui n'étaient pas toujours sérieuses, et l'on y répondait de même ; l'agresseur usait de toute sorte d'armes, sans en excepter le sophisme ; il pressait son adversaire, cherchait à l'étreindre dans les liens du syllogisme, et c'était remporte une véritable victoire que de le réduire au silence, lors même que sciemment on soutenaît une erreur.

La seconde année, qui n'était pas obligatoire, s'appelait la classe de physique. On y enseignait un peu de mathématiques et les lois générales de la physique ; mais on s'occupait plus particulièremeent de physique expérimentale. Le mobilier scientifique était fort incomplet et les professeurs étaient rarement des hommes spéciaux ; il est aisé d'en conclure qu'il ne s'agissait que de démonstrations simples et faciles des phénomènes les plus capables d'exciter la curiosité. Lorsque l'on connut en Europe les découvertes de Franklin sur l'électricité atmosphérique, les élèves du collège de Lisieux ne furent pas les derniers à répéter l'expérience du cerf-volant au moyen duquel le célèbre Américain avait trouvé le merveilleux secret de soutirer le fluide électrique d'un nuage. A cette occasion, nos jeunes physiciens s'étaient fait, à leur insu, une réputation redoutable dans les campagnes. Si un jour de promenade, en été, un orage venait à éclater sur les champs le long desquels avaient passé nos écoliers, comme il ne manquait pas de gens disposés à croire à la fois à leur pouvoir et à leur malice, il y en avait qui n'hésitaient pas à mettre sur leur compte le bouleversement qui s'était opéré dans l'atmosphère.

Ce programme de l'instruction d'alors paraîtra sans doute bien étroit en comparaison des connaissances exigées maintenant au terme des études ; et l'on est tout naturellement porté à se demander si les innovations introduites dans l'enseignement sont un progrès ou non. Formé en partie d'après les traditions de l'ancien régime, et longtemps chargé de mettre ou de faire mettre à exécution les réglements nouveaux, j'exprimerai librement ici ce que m'a appris mon expérience. Je conviens que cette culture de l'intelligence, à peu-près bornée à l'étude d'une langue morte, avait l'inconvénient de laisser un jeune homme dans l'ignorance de beaucoup de choses auxquelles il n'est pas permis de nos jours de rester étranger. Mais quand on réfléchit que les collèges n'ont point pour mission de nous donner des hommes complets, et qu'ils font assez quand ils nous rendent nos enfants propres à s'instruire, je ne sais si je m'abuse, mais il me semble que l'ancien système avait un grand avantage, celui de ne pas disséminer les forces de l'esprit : l'habitude de concentrer les efforts de l'intelligence sur un petit nombre d'objets, qu'il était par conséquent possible d'approfondir, disposait la jeunesse à aborder vigoureusement les matières spéciales enseignées dans les universités. Aussi, quoiqu'il n'y eût point de diplôme à présenter pour suivre les cours des facultés, les jeunes gens qui les fréquentaient en sortaient ordinairement licenciés ou docteurs en théologie, en droit ou en médecine, et ces grades étaient aussi légitimement conquis qu'ils peuvent l'être aujourd'hui. On n'avait point alors ces compilations de toute espèce destinées à faciliter le travail : il fallait remonter aux sources, c'est-à-dire, étudier la doctrine des maîtres dans les textes mêmes, savants, mais immenses volumes ; et de ce long et consciencieux labeur on retirait des trésors d'érudition à-peu-près inconnus de nos jours. A la vérité les sciences étaient moins généralement cultivées ; mais on ne pourrait pas dire que les études des collèges en arrêtassent le développement : la preuve, c'est que les plus grands et les plus étonnants progrès qu'elles aient faits, datent de la fin du dernier siècle et du commencement de celui-ci. Quant aux hommes qui, en quittant les bancs, ne s'étaient point livrés aux hautes études, il leur restait, alors même qu'ils n'avaient été que des écoliers médiocres, un souvenir de leurs auteurs classiques, qu'ils se plaisaient à citer souvent. S'il est vrai que ces citations n'étaient pas toujours exemptes de pédantisme, il faut reconnaître aussi que, faites avec sobriété et discernement, elles semblaient donner aux opinions un certain poids, et à la conversation un vernis de savoir que l'on regrette de ne plus rencontrer aujourd'hui que fort rarement.

Est-ce à dire que pour cela que tout changement dans l'enseignement est blâmable et doit être interdit ? Loin de moi cette pensée ! L'éducation est, si l'on peut parler ainsi, le moule dans lequel l'enfance se façonne pour l'humanité, et l'homme doit être formé pour son époque. Que, depuis soixante ans, il ait été jugé nécessaire d'ajouter de nouvelles connaissances au plan d'études, ce n'a été que la conséquence rigoureuse des modifications profondes survenues dans les idées et dans les habitudes de la vie à la suite de nos révolutions politiques et sociales. Mais comme dans l'ordre politique il y a des théories funestes et de condamnables excès, il y a aussi en éducation des systèmes faux et des innovations regrettables ; et parmi celles-ci je n'hésite pas à placer au premier rang la bifurcation des classes, qui, à partir de la troisième, fait abandonner à une partie des élèves la saine et forte littérature, sans proft pour les sciences, et même, au dire des meilleurs juges, à leur détriment.

L'impatience du présent, un besoin impérieux d'arriver, tel est l'esprit de notre temps. Sous l'ancien régime, le peu de chances qu'il y avait de sortir de la condition dans laquelle on était né, avait pour effet de comprimer les désirs et de tempérer les imaginations, non seulement chez les hommes faits, mais même dans la jeunesse. Aussi les goûts et les habitudes des étudiants différaient sensiblement de ce que nous voyons aujourd'hui. L'enfance d'alors laissait patiemment arriver l'adolescence et l'âge mûr ; en attendant, elle se donnait tout entière à ses études, elle y attachait toute l'importance due à une occupation sérieuse. On se faisait un honneur d'une version, d'une pièce de vers bien faite ; il y avait de la honte, et souvent pour plus d'un jour, à présenter un thème défiguré par des barbarismes ou de gros solécismes. Les compositions, qui avaient lieu tous les quinze jours, étaient les grands évènements de la vie du collège : on s'y préparait avec soin, on comptait avec bonheur les places gagnées. En un mot, la pensée de l'écolier se renfermait dans l'enceinte du collège ; on ne s'y inquiétait ni du dehors ni de l'avenir.

Si telle était la disposition des esprits chez les élèves, celle des maîtres ne pouvait que tendre à la fortifier. Ceux-ci ne voyaient rien au-dessus de la profession de l'enseignement. Pénétrés de ce sentiment, qu'ils poussaient quelquefois jusqu'à une vanité tant soit peu ridicule, ils employaient toute sorte de moyens pour relever aux yeux de la jeunesse l'importance du succès dans les études. Quoique Rollin (18) eût fortement blâmé les châtiments corporels, à Lisieux, non plus que dans la plupart des collèges, on n'en avait point aboli l'usage ; et ils étaient appliqués non seulement contre les graves écarts de conduite, mais quelquefois aussi contre la paresse et la négligence dans le travail. Pour inspirer une horreur plus salutaire des infractions aux règles de la grammaire, des solécismes dans les devoirs de composition étaient comptés pour trois fautes, et les barbarismes pour neuf. En revanche, les deux premiers de chaque classe jouissaient d'un privilège spécial : ils étaient assis chacun sur un siège particulier à droite et à gauche du professeur. Cette distinction de places était encore rehaussée par la pompe des titres : ils étaient appelés Empereurs ; le premier était primus Imperator, le second, alter Imperator. Vers la fin de l'année scolaire, on faisait subir un examen général à la suite duquel les élèves de chaque classe étaient divisés en plusieurs catégories. On était placé, selon le degré de force, inter insignes, inter optimos, inter bonos ou inter mediocres (19) ; c'était sous ces diverses qualifications latines que le préfet des études proclamait les noms de ceux qui étaient admis à monter dans la classe supérieure. Quant à ceux qui restaient au-dessous, inter nullos (20), ils étaient obligés de doubler la classe à laquelle ils appartenaient.

Les trois derniers jours qui précédaient l'ouverture des vacances étaient consacrés à des exercices publics nommés soutiens. On désignait pour y figurer les élèves les plus forts de chaque classe, et ils s'y préparaient par un travail extraordinaire. Ils avaient à répondre sur toutes les matières vue dans l'année, et dont le programme imprimé était remis aux personnes invitées. L'assistance était toujours nombreuse ; elle était composée de quelques laïques instruits et, en majeure partie, d'ecclésiastiques, conduits là par leurs souvenirs de collège et par l'intérêt qu'ils portaient aux jeunes générations d'étudiants. Les exercices de philosophie, plus solennels que ceux des autres classes, et auxquels appartenait plus particulièrement le nom de soutiens, consistaient à soutenir les thèses, c'est-à-dire à défendre les principales propositions enseignées dans le cours et dictées dans les cahiers. Ces thèses, dédiées à Dieu très-bon et très-grand,(21) étaient imprimées en placards et distribuées d'avance aux personnages les plus considérables de la ville. Les questions, les réponses, les objections, les preuves, tout s'énonçait en latin et sous la forme la plus rigoureuse de l'argumentation scolastique. Interrogateurs et répondants débutaient, sans jamais y manquer, par des formules de politesse qui ne sont que médiocrement chargées dans la scène de réception du Malade imaginaire (22). Malgré des manières si courtoises, il n'était pas sans exemple qu'un argumentateur subtil prît un malin plaisir à embarrasser les élèves pour forcer le maître à prendre leur place, et à défendre lui-même les opinions qu'il avait professées. Si celui-ci, poussé dans ses derniers retranchements, était réduit à l'impuissance de répondre, l'agresseur victorieux avait le droit de déchirer les thèses.

La distribution des prix, ordinairement présidée par l'évêque, était, à l'imitation de ce qui se faisait chez les Jésuites, précédée d'une comédie ou d'une tragédie jouée par les écoliers (23). Peu d'années avant la révolution les pièces de théâtre furent remplacées par des plaidoyers sur des sujets tantôt sérieux, tantôt plaisants, débités par les élèves de rhétorique.

Les prix étaient décernés d'après le résultat d'une seule composition, la dernière de l'année dans chaque faculté. On en accordait aussi à l'élève qui avait été jugé digne de passer, pendant l'année, dans une classe supérieure, et à celui qui avait obtenu au moins trois accessits. La proclamation des prix se faisait en latin (24).

Les processions étaient en usage dans les universités. Au collège de Lisieux on en faisait à deux époques de l'année. Pendant les jours du carnaval, les écoliers, divisés par classes, se rendaient, drapeaux en tête, du collège à quelqu'une des églises ou chapelles de la ville où ils faisaient une station. Le 10 juin, ils prenaient part à la cérémonie assez extraordinaire qui avait lieu tous les ans à Lisieux. Ce jour, veille de la fête de Saint-Ursin, second patron de la cathédrale, et le lendemain, deux chanoines, élus Comtes par leurs confrères, jouissaient des droits dont l'évêque était momentanément privé ; ils touchaient les revenus de la ville, avec le privilège de nommer aux bénéfices et de rendre la justice. Le premier jour, ils allaient avec une nombreuse escorte, tous à cheval et portant de gros bouquets de fleurs à la main, précédés d'hommes armés de toutes pièces comme les guerriers du moyen-âge, prendre possession des portes de la ville dont on leur présentait les clefs. Au retour de la porte de Caen, le cortège se dirigeait par la rue du Bouteiller pour se rendre à la porte de la Chaussée ; lorsqu'il était arrivé devant le collège, le préfet des études, à la tête des régents et des élèves réunis, recevait les Comtes dans la cour, et ceux-ci accordaient un congé qui variait de deux à huit jours, et quelquefois plus. Des cris de Vivant ou Moriantur Comites accueillaient la proclamation du congé, selon sa durée, et, au sortir du collège, les élèves prenaient place dans le cortège et accompagnaient les Comtes jusqu'à la fin de la cérémonie (25).

Depuis leur établissement à Lisieux, les Eudistes s'étaient exactement soumis aux conditions qu'ils avaient acceptées dès l'origine. Mais en 1782, ils jugèrent à propos de faire, de leur autorité privée, un réglement nouveau. Leurs revenus étant devenus insuffisants pour faire face à toutes leurs charges, ils imposèrent une rétribution annuelle de 3 francs aux externes de la ville, de 6 francs à ceux de la campagne, et de 10 francs à tous les élèves de philosophie indistinctement. Subissant, sans doute à leur insu, l'influence de quelques-unes des idées dont ils devaient être bientôt les victimes, ils portèrent l'esprit d'examen sur les droits et les actes de ceux dont ils relevaient : ils prétendirent que le congé de la Saint-Ursin ne pouvait pas dépasser la durée de l'autorité des Comtes ; qu'ils n'étaient pas tenus à réunir les élèves au collège et à attendre les Comtes, si le 10 juin se trouvait un jour de congé ; enfin qu'il leur appartenait, et à eux seuls, de prononcer l'exclusion d'un élève. L'atteinte portée à la gratuité et cette espèce de révolte contre des droits établis et exercés depuis la fondation du collège, soulevèrent à la fois l'Evêque, le chapitre et le conseil de la ville. Le réglement des Eudistes fut déféré au parlement de Rouen. L'affaire donna lieu à de longs débats qui se terminèrent par une transaction signée de toutes les parties, le 25 mai 1785. Les Eudistes furent autorisés à percevoir une rétribution annuelle de 3, 6 ou 10 francs, comme ils l'avaient établie, mais à la charge d'entretenir les bâtiments de grosses et menues réparations ; le préfet des études s'obligea à réunir les régents et les élèves la veille de la Saint-Ursin, à deux heures et demie, dans la cour du collège pour y recevoir les Comtes, quel que fût d'ailleurs le jour de la semaine ; il fut déclaré que les Comtes auraient le droit d'accorder le congé qu'ils jugeraient à propos, pourvu qu'il n'excédât pas trois jours ; le consentement de l'Evêque fut reconnu nécessaire pour le renvoi d'un élève ; enfin à l'Evêque seul fut attribué le pouvoir de faire ou de modifier le réglement du collège.

Il semble qu'il était dans la destinée du collège de Lisieux que les troubles politiques et les luttes judiciaires dussent signaler sa fin comme son origine. Peu d'années après cette transaction, la révolution renversait la noblesse et tous les ordres religieux. En 1792, les Eudistes furent forcés d'abandonner cet établissement qu'ils avaient dirigé avec succès durant cent quarante ans.

Après leur départ, le district et la municipalité essayèrent de soutenir le collège de Lisieux, et se concertèrent pour l'administrer ; l'enseignement fut confié à des professeurs laïques. Mais la gravité des évènements amena une décadence rapide, et bientôt une ruine complète. Le collège fut fermé en octobre 1793.

Il n'est pas rare qu'à l'odieux se joigne l'absurde et le ridicule. Après l'expulsion des Eudistes, un maçon qui passait par la rue du Bouteiller, fut scandalisé de voir encore l'inscription qui avait été gravée au-dessus de la porte du collège. Armé d'un ciseau et d'un maillet, il se mit en devoir de faire disparaître une à une les lettres du mot Collegium. Un passant qui le voit à l'oeuvre, lui demande ce qu'il fait là. "J'efface les inscriptions féodales", répond-il. "Mais, reprend l'autre, ce que tu effaces ne veut dire que Collège". Aussitôt le maçon patriote descend de son échelle, et laisse ce mot latin à moitié mutilé, monument d'ignorance et de fanatisme qui a subsisté près de soixante ans (26).

Alors commença une triste et trop longue période pendant laquelle la jeunesse fut privée d'études régulières. En vain la Convention Nationale, par décret du 2 février 1795, institua les écoles centrales (27) : conçues sur un plan trop vaste, et dans une pensée de condamnation systématique du passé, elles eurent beaucoup de peine à s'établir, quoique modifiées dès l'année suivante sous le Directoire, et ramenées à des proportions plus raisonnables. Presque partout, les familles furent obligées de recourir à des maîtres particuliers, débris du corps enseignant, et qui n'en avaient pas toujours été l'élite. Quand le premier Consul eut, par son bras puissant, rendu le calme à la France, son premier soin fut de rétablir la société sur ses véritables bases, et, repoussant les conceptions de ceux qu'il appelait des idéologues, de faire revivre sous d'autres noms celles des institutions anciennes qui étaient compatibles avec le nouvel ordre de choses. On remplaça la plupart des écoles centrales par des lycées ; on créa pour les villes de moindre importance des écoles dites secondaires, où l'on enseignait le français, le latin, les éléments des mathématiques, de l'histoire et de la géographie. C'était le rétablissement des collèges, dont plus tard ces écoles reprirent le nom.

La ville de Lisieux eut une école secondaire ; elle fut installée en 1804 dans les bâtiments qui avaient appartenu à la Communauté de la Providence (28). La direction en fut confiée à M. Daubichon, originaire de Moyaux, qui, avant la révolution, avait professé dans une maison d'Oratoriens.

Le nouveau collège de Lisieux était fondé ; mais il était incomplet sous le rapport du nombre des professeurs et de celui des classes. Vers 1806, un jeune ecclésiastique, appartenant à une des plus honorables familles de la ville, entreprit de réparer, autant qu'il était en lui, les pertes que le clergé avait faites pendant la persécution et les années de l'exil. Malgré le rétablissement du culte et le rappel des prêtres à la suite du concordat, le diocèse de Bayeux n'avait point encore de petit-séminaire ; M. l'abbé Dépallières conçut le projet d'y suppléer en réunissant autour de lui des jeunes gens pour les préparer à l'état ecclésiastique. Seul et avec ses ressources personnelles qui étaient fort modiques, il réussit, à force de zèle et de dévouement, peut-être au-delà de ses propres espérances. Ce noyau de séminaire, qui se recruta de sujets remarquables par leur intelligence et leur amour du travail, grossissait de jour en jour. Mais ce succès même menaçait de compromettre l'oeuvre de M. Dépallières : le nombre toujours croissant de ses élèves et leurs différents degrés d'instruction l'auraient bientôt mis dans l'impossibilité de suffire à sa tâche. Une circonstance favorable vint lever cette difficulté. Au commencement de 1811, M. Daubichon, déjà avancé en âge, annonca l'intention de résigner ses fonctions. M. Dépallières, qui venait d'obtenir du Gouvernement la reconnaissance légale du petit-séminaire qu'il avait créé, vit alors la possibilité et conçut la pensée de renouer la chaîne brisée par la Révolution, je veux dire de réunir dans des classes communes les élèves du collège et ceux du séminaire. L'administration municipale entra complètement dans ses vues, et elle lui prêta son concours, en le présentant pour être le successeur de M. Daubichon, et en accordant aux aspirants à l'état ecclésiastique une remise considérable sur la rétribution due à la ville. Le collège, comptant alors de nombreux élèves, fut établi de plein exercice (29), avec un professeur pour chaque classe. On abandonna le local de la Providence pour celui de l'ancien petit séminaire (30), plus convenable par l'étendue du terrain, par l'importance des bâtiments et par la salubrité de la situation. M. Dépallières fut ainsi le véritable restaurateur du collège de Lisieux, qui dès-lors se fit remarquer par ses fortes études, et devint un des établissements communaux les plus importants du département.

Le collège de Lisieux a, depuis près de soixante ans, fourni un grand nombre d'hommes distingués aux carrières les plus diverses : au clergé, à la magistrature, à l'armée, au barreau, à l'administration, à l'enseignement, au commerce, à l'industrie et aux arts. Il me serait facile d'en donner une longue liste ; mais l'infidélité de ma mémoire me ferait commettre des omissions, qui pourraient être regardées comme des injustices. Je me vois donc condamné à m'arrêter à quelques noms, qu'il me serait d'autant moins permis d'oublier, qu'ils appartiennent à notre ville ou à l'arrondissement. Je citerai M. le général Lemyre de Vilers ; Mgr de Marguerye, évêque d'Autun ; Mgr Lefebvre, évêque de Cochinchine ; et parmi ceux qui ne sont plus, M. l'abbé Boudard, professeur de théologie au grand-séminaire de Bayeux ; l'architecte Piel, enlevé si jeune aux arts et à l'église ; M. Leroy-Beaulieu, qui fut maire de Lisieux, préfet et député au Corps législatif ; et Mgr Vesque, né à Honfleur, mort évêque de Roseau, dans les Antilles anglaises.

Le titre de cette notice indique suffisamment que je ne me suis point proposé d'écrire l'histoire contemporaine de notre collège ; cependant je ne serais pas excusable si je ne rappelais comme un de ses plus beaux jours de fête, la distribution des prix de l'année 1836, dont M. Guizot, alors député de notre arrondissement, avait bien voulu accepter la présidence. Je croirais aussi manquer à la justice en passant sous silence la part que nos administrations successives ont prise à la prospérité de l'établissement : elles y ont en effet contribué par des sacrifices considérables. En 1828, sous M. de Bellemare, on éleva des constructions au nord de la chapelle ; sous M. Leroy-Beaulieu, de 1832 à 1842, de nouvelles chaires furent créées, et les dépendances du collège accrues par l'acquisition d'un terrain contigu, situé au midi. En 1846 (31), le conseil municipal vota l'agrandissement du collège, et augmenta notablement la subvention annuelle, pour élever à un chiffre plus équitable les traitements des professeurs. En 1848 (32), on exécuta une partie des travaux votés, et en 1861, sous M. Fauque, maire actuel, ces travaux ont été complétés sur un plan plus vaste que celui qui avait été primitivement adopté. Ainsi, notre collège se trouve aujourd'hui dans des conditions capables de satisfaire, sous tous les rapports, aux besoins de sa destination.

Je terminerai par la liste des principaux du nouveau collège, avec l'année de leur entrée en fonctions.

M. Daubichon, de 1804 à 1811.
M. l'abbé Dépallières, de 1811 à 1820.
M. l'abbé Le Boucher, de 1820 à 1822.
M. l'abbé Suriray, de 1822 à 1830.
M. Duriez, de 1830 à 1835.
M. l'abbé Paulmier, de 1835 à 1860.
M. Roger, principal actuel, nommé en septembre 1860.

 
CHATELET,
Ancien principal du Collège de Lisieux.

Lisieux, 1er Février 1861.

 
Notes :

(1) Les universités portaient ce nom parce qu'on y enseignait l'universalité des connaissances humaines. Elles se composaient de quatre facultés, la Théologie, les Arts, comprenant les lettres et les sciences, le Droit et la Médecine. Il y avait cependant des universités qui n'avaient pas toutes les facultés.

(2) L'université de Paris fut fondée en 1204 par Philippe-Auguste. Des historiens font remonter au onzième siècle la création de celle de Bologne, en Italie.

(3) Guy d'Harcourt, évêque de Lisieux de 1303 à 1336, avait légué 1000 livres parisis pour l'enseignement et la nourriture de vingt-quatre écoliers pauvres, et 100 livres pour leur logement.

(4) Jean de Dormans, cardinal et chancelier de France sous Charles V, fut évêque de Lisieux de 1358 à 1360 ; il fonda le collège de Dormans, rue Saint-Jean-de-Beauvais.

(5) Guillaume d'Estouteville, évêque de Lisieux de 1382 à 1414, fit construire un collège qu'il dota de trente-six bourses ; la fondation de Guy d'Harcourt y fut réunie, et la maison prit alors le nom de collège de Lisieux. Ce collège, d'abord situé rue aux Prêtres, et ensuite rue Saint-Etienne-des-Grés, fut transféré en 1764 dans le local du collège de Dormans, mais en conservant son nom de collège de Lisieux. Il était, parmi les collèges de Paris, un des onze de plein exercice. Les bâtiments subsistent encore ainsi que la chapelle ; depuis la révolution ils servaient de caserne de cavalerie ; mais ils vont être démolis.

(6) Le cardinal Branda de Castiglione (en français de Châtillon), diplomate distingué, fut appelé auprès de Henri V d'Angleterre qui, pour se l'attacher, lui conféra plusieurs bénéfices et lui donna l'évêché de Lisieux en 1420. Peu soucieux des devoirs de l'épiscopat, il ne s'occupait que de recevoir les revenus attachés à son siège. Sur les plaintes du chapitre, il donna sa démission en 1424, mais à condition qu'il serait remplacé par son neveu Zanon de Castiglione.

(7) Pierre Cauchon s'était dévoué au parti du roi d'Angleterre, Henri VI. Il fut un des juges les plus acharnés de Jeanne d'Arc. Obligé de fuir de Beauvais quand les Français se rendirent maîtres de cette ville, il fut nommé par Henri VI à l'évêché de Lisieux en 1432 et mourut en 1442. Ce fut lui qui fit bâtir la chapelle de la Sainte-Vierge à la cathédrale. Quelques-uns ont pensé que ce fut en expiation de la part qu'il avait prise à la condamnation de Jeanne d'Arc. Cette opinion est dénuée non seulement de preuve, mais même de vraisemblance. Pierre Cauchon resta constamment attaché au roi Henri VI, qui l'avait nommé son chancelier, et il fut chargé de soutenir les intérêts de l'Angleterre au congrès de Calais l'année qui précéda sa mort. (Les renseignements donnés ici sur les dotations faites par nos évêques sont empruntés en partie à l'ouvrage de M. A. Bordeaux, intitulé : Recherches historiques sur J. Le Hennuyer).

(8) Voici les noms de ces quatorze universités avec l'année de leur fondation : Paris, 1204 ; - Toulouse, 1279 ; - Montpellier, 1284 ; - Orléans, 1305 ; - Grenoble, 1339, transférée à Valence en 1454 ; - Angers, 1564 ; - Orange,1365 ; - Dole, 1422, transférée à Besançon en 1676 ; - Poitiers, 1451 ; - Caen, 1436 ; - Nantes, 1460 ; - Bourges, 1465 ; - Bordeaux, 1472 ; - Reims, 1548. Celles qui furent établies postérieurement à l'époque dont nous parlons sont celles de Douai, en 1572 ; de Pau, en 1722, et de Nancy, en 1769.

(9) On donnait le nom de prébendes à des biens ecclésiastiques dont les chanoines touchaient les revenus.

(10) Ordonnance d'Orléans du 31 Janvier 1561, publiée par les soins du chancelier de Lhospital, qui prescrit entre autres choses que, dans les villes épiscopales, une prébende sera destinée à un précepteur d'école gratuite, nommé par l'évêque, le chapitre et les magistrats municipaux. (H. Martin, Histoire de France, t. X, p. 71).

(11) Dans la paroisse du même nom, près de Thiberville, département de l'Eure.

(12) Du 15 juin 1568... "A esté délibérey qu'il sera faict poursuite par devers Mgr l'evesque et comte dud. Lisieux pour une prébende ou le revenu d'icelle pour l'entretenement de précepteurs suyvant l'ordonnance et lettres patentes à ceste fin obtenues par lesd. habitans. Et ont été pryez et nommez pour en parler aud. sr evêque les quatre conseillers, et pour en faire la poursuite tant contre led. sr evesque que par devers les srs du chappitre dud. Lisieux pour bailler led. revenu, et à ceste fin consentir égualité être faicte du revenuu des prébendes suyvant l'arrêt de la court, protestans lesd. habitans, en cas de reffus ou délay, de se pourvoir par devers lad. court ou aultrement, ainsy qu'ils treuveront bon, et de tous despens, dommages et inthéretz." Du 15 juillet 1568... "A esté délibérey que les présents (conseillers) se transporteront aujourd'huy par devers Mgr l'evesque et comte de Lisieux pour entendre au certain sa volonté pour le faict d'un collège, pour en référer à la prochaine assemblée." (Extraits des registres de l'Hôtel-de-Ville).

(13) La prébende du Pré était dans la paroisse d'Ouillie-le-Vicomte.

(14) Jusqu'en 1850, cette maison était restée à peu près dans le même état où elle était quand elle fut vendue à la ville. Elle avait sur la rue un rez-de-chaussée et un étage de sept fenêtres de face ; dans la cour, qui était assez petite et irrégulière, étaient d'autres bâtiments. La partie de dessus la rue a été démolie et a fait place à une grande construction en briques dépendant de la maison de la Providence.

(15) La plupart des renseignements relatifs à l'établissement du collège m'ont été communiqués par M. Dingremont, ancien secrétaire de la mairie de Lisieux.

(16) Les jeunes gens de la ville avaient seuls droits à l'instruction gratuite. Les Eudistes tenaient un pensionnat à leur compte. La minute de l'acte d'institution accordé aux Eudistes par Léonor 1er de Matignon est en la possession de M. Henri Fauque.

(17) Le grand séminaire, dont la construction est due à Léonor II de Matignon, est actuellement la maison de la Providence. Les élèves du séminaire se rendaient aux classes du collège par une porte intérieure de communication qui subsiste encore.

(18) Traité des Etudes.

(19) Parmi les excellents, les très-biens, les bons, les médiocres.

(20) Parmi les nuls.

(21) Les placards portaient en tête les initiales D.O.M. qui signifient Deo optimo, maximo.

(22) Voici une des formules de début employées par les répondants : "Quum priùs jusserit sapientissimus hujusce gymnasii moderator, si benignè audierit celeberrima hic adstantium corona, adjuvareque voluerit proeses, respondere conabor vire philosophicarum (ou, si l'interrogateur était ecclésiastique, viro tùm theologicarum, tùm philosophicarum) rerum peritissimo, qui contrà me sic argumentatur... Le répondant répétait alors littéralement l'argument de l'interrogateur, par exemple le suivant : Bonum et malum in hoc mundo simùl existunt ; alqui sub ente unico summè perfecto bonum et malum simùl existere nequeunt ; ergò Deus non est unicus. Puis le répondant reprenait chaque proposition en ces termes : Sic argumentaris, Domine ; Bonum et malum in hoc mundo simùl existunt ; concedo majorem ; alqui sub ente unico summè perfecto bonum et malum simùl existere nequeunt ; nego minorem. Et alors le répondant établissait la contradictoire de la proposition qu'il avait niée.

(23) Ces pièces étaient pour la plupart tirées du répertoire des Jésuites ; quelquefois il y en avait qui étaient composées tout exprès pour l'établissement. En 1778, les élèves du collège de Lisieux jouèrent une pastorale qui avait pour titre : La France heureuse, et qui était l'oeuvre de M. Légat, professeur de rhétorique.

(24) Il y avait pour cette proclamation des formules invariables qui se répétaient à chaque prix ; par exemple le premier prix de version s'annonçait en ces termes : "Primum orationis latinae in gallicam versae praemium meritus et consecutus est N... ; coronandus accedat" Pour un prix d'accessits on disait : "Pro frequenti ad laureas accessu, coronandus accedat N..."

(25) Très-peu de temps avant la révolution, à l'occasion d'un congé qui leur semblait trop court, les écoliers se mutinèrent et se portèrent, pendant la procession de la Saint-Ursin, à de tels excès, que plusieurs des plus compromis furent arrêtés, et retenus quelques heures en prison.

(26) La porte n'a été démolie qu'en 1850, lors de la reconstruction faite par les Dames de la Providence.

(27) Il devait y en avoir une dans chaque chef-lieu de département. On prétendait y donner un enseignement encyclopédique. Il y avait des cours de mathématiques, de physique et de chimie expérimentales, d'histoire naturelle, d'agriculture et de commerce, de logique, d'économie politique et de législation, d'histoire, d'hygiène, d'arts et métiers, de grammaire générale, de belles-lettres, de langues anciennes, de langues vivantes, des arts du dessin, etc.

(28) La communauté de la Providence s'établit à Lisieux en 1699, au bas de la Grande-Couture. Les bâtiments de la façade ont été remplacés par la halle aux toiles.

(29) On appelle établissements de plein exercice ceux où l'on professe toutes les classes, et où l'on prépare au baccalauréat ès-lettres, comme dans les lycées. De 1812 à 1815, le collège de Lisieux fut le seul collège communal du département qui eût une chaire de Philosophie.

(30) La dénomination de petit séminaire n'avait pas la signification qu'on lui donne aujourd'hui. Le petit séminaire de Lisieux était un établissement fondé en 1704, dans la rue de la Chaussée, par Léonor II de Matignon, pour y nourrir, loger et instruire douze boursiers de théologie, nommés au concours.

(31) Sous M. Formeville. La subvention de la ville qui, avant 1830, n'atteignait pas le chiffre de 4,000 fr., fut portée à plus de 13,000 fr. au budget de 1847.

(32) Sous M. Godefroy.


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