AVIS DE L'ÉDITEUR.
Rousseau, dès sa première jeunesse, eut pour la musique un goût qu'il conserva toute sa vie. Voulant connaître à fond cet art, en vaincre les difficultés, en rendre à ceux qui désireraient de le cultiver, l'étude facile et prompte, il s'en occupa d'abord presque exclusivement; et le résultat de son application et de ses recherches fut la proposition de substituer de nouveaux signes aux anciens. De la théorie il passa à la pratique, et composa le Devin du village. Le succès prodigieux et mérité de cette pastorale qu'on revoit encore avec plaisir, éveilla l'envie, et bientôt on contesta le talent de Jean-Jacques, et l'on prétendit que s'il était l'auteur des paroles, il ne l'était pas de la musique.
M. Musset-Pathay, dans son Histoire de la Vie et des Ouvrages de J.-J. Rousseau, a rendu compte des chicanes qu'on lui fit à ce sujet, et des circonstances dans lesquelles il composa ses divers ouvrages sur la musique.
Nous avons cru devoir classer dans l'ordre où ils furent composés, les Fragments d'Iphis et la Découverte du Nouveau Monde, qui n'ont jamais été représentés; les Muses galantes, qui parurent trois fois; le Devin du village, qui continue à jouir de la faveur des amateurs, à cause de la musique, et Pygmalion qu'on revoit encore quelquefois sur la scène.
Rameau, le baron d'Holbach, Grimm, et la société des dîneurs du baron ont inutilement tenté de faire croire que Rousseau avait pillé la musique du Devin du village; on n'a vu dans l'acharnement de ses détracteurs, qu'un sentiment de jalousie envers un homme dont la supériorité littéraire était universellement reconnue.
Il est étonnant que Jean-Jacques, seul, sans appui, ait triomphé de tant d'obstacles, et cela sans répondre un mot. Il croyait toujours que justice se ferait, mais non de son vivant, et justice s'est faite...