DU
BOIS, Louis (1773-1855) : Glossaire du patois normand,
augmenté des deux tiers, et publié par M. Julien Travers.- Caen :
Typographie A. Hardel, 1856.- XL-440 p. ; 22 cm. Reconnaissance de caractères et corrections : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (03.V.2007) Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire disponible en mode image sur le site Google-Recherche de livres de la société Google, corrigé et augmenté des pages en déficit à partir de l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm 515). Glossaire
du patois normand par Louis Du Bois ~*~DDABÉE : averse, forte pluie. Du verbe dauber. DACER (v. a.) : donner de gré ou de force. De daces, sommes levées comme contributions ; restituer. L. DADA : cheval. Terme enfantin. DAILOT et DAILLOT (LL mouillées) : doigtier, espèce de calotte dont on enveloppe un doigt malade. DAIT : doigt. Id. dans le patois du Jura. DALE (s. f.) : vallée. Roman. DALLE : table de pierre creusée, ou construction en briques et ciment, pour laver la vaisselle. Roquefort dit que « en Normandie la dalle est un évier, un égout, trou par où les eaux s'écoulent ». Cet égout est ce que l'on appelle le dallot, le trou de la dalle. DALLÉE : flaque d'eau, eau répandue ; puis, comme disent MM. Du Méril, « urine d'un animal, assez abondante pour remplir une dalle ». DALLER : pisser à terre. A. DALLOT : petit conduit pour diriger au-dehors les eaux de la dalle. DANS. On emploie souvent à contre-sens cette préposition. Ainsi l'on dit : mettre ses bas dans ses jambes, ses souliers dans ses pieds, ses gants dans ses mains, etc. ; au lieu de : mettre ses jambes dans ses bas, ses pieds dans ses souliers, ses mains dans ses gants. A. DANS : sur. Grimper dans un arbre : grimper sur un arbre. DANSE : volée de coups. Donner une danse. On dit aussi faire danser la malaisée. DANSPAROU (locut. adv. ). Arr. de Valognes. On ne l'emploie que dans la phrase : Tout laisser dansparou, qui signifie : laisser un ouvrage dans l'état où il se trouve, sans rien achever. MM. Du Méril. DARD : petit poisson blanc, un peu plus gros que le goujon. DARDÈNE (s. f.) : pièce de 2 liards (deux centimes et demi) en cuivre jaune. B. DARNE (s. f.) : pièce, tranche, morceau. Du celtique-breton, darn. DARRE ou DARE (s. f.) : bedaine. D'où est venu daron, ventru. DARSELET : petit dard. Sorte de petit poisson d'eau douce. DARRER (SE) : se heurter. DASÉE (s. f. ) : tas, monceau. B. DATE (s. m.) : urine humaine. Roman. L. DÉBACLER : ouvrir, en parlant d'une clôture. Voyez RACLER. A. . DÉBAGAGER : débarrasser. Débagagez la table : débarrassez-la des objets qui l'encombrent. Dans le patois Lorrain, débagager signifie déménager. DÉBAGOULER (v. n.) : crier, bavarder. S.-I. DÉBALTAFRISER : voyez DÉBISLOQUER. (Manche). DÉBARBELOTTER : débarbouiller. Le Drapier dit dans l'Avocat pathelin, p. 71 : . Par le corps bieu ! il barbelote Ses mots, tant qu'on n'y entend rien. Qui barns quiert, baras li vient. DÉBAUT : désespoir. Il s'est pendu de débaut, de désespoir. Du substantif débauche. DÉBERNÊQUER : débarrasser, dépêtrer. Voyez DÉPATOUILLER. B. DÉBERRIONNER (SE) : se débarrasser. A. DÉBESAILLÉ : débraillé, en désordre. DÉBET : dégel (Manche). DÉBÉTER (v. n.) : dégeler. DÉBÉTILLER : débarrasser, dépêtrer ; « tirer, disent MM. Du Méril, d'une position qui rendait bête ». DÉBIAIS : biais. DÉBINE (s. f.) : détérioration, ruine. Argot récent. DÉBINER : décrier, avilir, détériorer. Vire. Tomber en débine ; s'en aller. St.-Lo. DÉBISLOQUER : disloquer, démonter, défaire. DÉBLAI (s. m.) : déconvenue. DÉBOULER :- partir , décamper. Usité dans le patois Walon. L. DEBOUT (DE) : debout. L. DÉBRAGUÉ : mari séparé civilement, qui au figuré a remis sa brague (sa culotte) à sa femme. Du côté de la brague est la toute-puissance. DÉBRAGUER (v. n.) : se développer, sortir de son enveloppe. Arr. de Bayeux. Brag signifie, en breton : qui germe, qui fait saillie. Ce mot ne se dit que d'un écusson qui commence à pousser. MM. Du Méril. DÉBRAIGER : débarrasser, dépouiller. De braie. On dit déberger dans le département de la Mayenne. DÉBRAILLÉ : qui a ses vêtements en désordre. De braie. Le Dictionnaire de l'Académie n'emploie le verbe se débrailler que comme signifiant « se découvrir la gorge, l'estomac avec quelque indécence. » DÉBRENÊQUER : en désordre. De bren. S.-I. DÉBREULER : débricoler. Voyez BREULE. DÉBRIDER (v. n.) : manger avidement. Du celtique-breton dibri. Voyez BRIFFONNIER. DÉBUCHE : fausse couche. DÉCABOCHER : marcher lourdement, de manière à arracher les caboches (têtes de clous) de ses chaussures. DÉCADUIRE (SE) : tomber en ruines. Du verbe latin cadere, tomber. DÉCADUIT, ITE : délabré. L. DÉCALENGER : calomnier. Voyez CALENGER. B. DÉCALOPPER : découvrir de sa couverture ou enveloppe. Décalopper une noix, un bouton qui s'use. DÉCANILLER. Voyez DÉQUENILLER. DÉCAPITER (SE) : se dépiter au point d'en perdre la tête (caput). L. DÉCARÊMER (SE) : manger de la viande pour se refaire des privations du carême. DÉCASSER (SE) : se dépêtrer. DÉCESSER : cesser. Se trouve dans le patois Lorrain et dans le patois Troyen. L. DÉCHAFRE : gourmand. Voyez SAFRE. DÉCHAIRER : retirer à quelqu'un le siège sur lequel il est assis. De chaire. L. DÉCHAOLER : trainer cà et là, calomnier. Cherbourg. DÉCHARBOUILLIR : débarbouiller. DÉCHARGEAGE (s. m.) : action de décharger une voiture ou une bête de somme. Patois Lorrain. DÉCHAUBERTÉ : désenrhumé. Voyez CHAUBERT. A. DÉCHIBOLER. Voyez CHIBOLER. DÉCHILER : tomber du ciel. B. DÉCHIPLÉ : couvert de haillons, déguenillé L. DÉCHIPLE-PENDU : mauvais sujet déguenillé, qui déshabillerait les pendus pour se vêtir. Peut-être disciple de pendu ; car, en Roman, déciple signifie disciple. DÉCLAINCHE (s. f. ) : diarrhée. DÉCLAINCHER : lever la clinche. Voyez CLANCHE. DÉCOCTION : maladie imprévue. L. DÉCOMMANDER : contremander. L. DÉCONNAITRE (SE) : être présomptueux, affecter un mérite qu'on n'a pas. L. DÉCORSE (s. f.) : diarrhée. DÉCORSER : donner la diarrhée. En parlant des bestiaux, dire qu'ils sont décorsés, c'est souvent exprimer l'idée qu'ils ont le ventre vide ; qu'ils n'ont plus le corps rempli. DÉCRAPITER (v. a.) : déchirer, égratigner. Au figuré, calomnier. A. DÉCROUER : tomber de haut, dégringoler. DÉCULER (v. n.) : quitter enfin son siège. L. DEDANS : mettre quelqu'un dedans, le tromper. Id., patois Lorrain. DÉDIRE (SE) : se détériorer ; ne pas conserver la bonne apparence qu'on avait donnée. DÉDRAGEONNER (v. a.) : détacher les drageons, les rejets de l'artichaut ou d'une autre plante. L. DÉDUIT : espiègle. Voyez INVECTIF. Manche. DÉFAÇON. Voyez FAÇON. DÉFAIRE : délayer. Défaire de la farine dans du lait pour faire de la bouillie. L. DÉFENSABLE (en parlant des bois et des arbres) : qui, par sa force de résistance, est en état de se défendre contre les attaques des bestiaux. DÉFELER : jeter son fiel, décharger sa colère. DÉFERMER : déchoir. A. DÉFICELER : délier, ôter la ficelle. Patois Lorrain. DÉFINER : finir. DÉFLUXION : fluxion. Du verbe defluere, donné par Nicot. DÉFRANER : diminuer, dépérir. DÉFRIPER (v. a.) : rendre uni un linge ou un vêtement fripé. DÉFUBLER ; DÉSAFUBLER : enlever un vêtement dont on était affublé. DÉGAIEUX : difficile, dégoûté. Voyez GAIEUX. DÉGALONNER : mettre à mal. Que le diable te dégalonne ! DÉGANNER : contrefaire quelqu'un dans sa parole ou dans ses gestes. De regeminare, ou plutôt de regannire. On dit, en patois Bourguignon, rejanner. DÉGELÉE : volée. Dégelée de coups de bâton. DÉGESTÉ : qui gesticule, étourdi. DÉGOINER (SE) : se contrarier, se disputer. A. DÉGOIS : caquet. Roman. DÉGOSILLER : vomir, rendre gorge, rejeter par le gosier. DÉGOTTÉ : spirituel, avisé, rusé. B. DÉGOTTER (v. a.) : supplanter. Patois Lorrain. Ce verbe signifie aussi en Normandie désappointer. DÉGOTTER (SE) : se dégourdir, perdre de sa gaucherie et de sa timidité. DÉGOUGINER : déniaiser. En Roman, desgougener, ôter les chevilles ou goujons de fer d'une porte. DÉGOULINER : couler goutte à goutte. MM. Du Méril. DÉGOUT : point où l'eau tombe goutte à goutte. Du latin gutta. En Roman, dégoust signifie le suc de la viande qui rôtit On lit les vers suivants dans un mystère, ou tragédie de madame Sainte-Barbe (c'est le bourreau qui s'adresse à son valet, en parlant des seins de cette martyre) : Fais les rostir, toi Godifer ; Trempe ton pain dans le dégoust. DÉGRABOLISER : médire de quelqu'un. B. DÉGRAMIR (SE) : souffrir à l'aspect d'une chose qu'on désire et dont on est privé. L. DÉGRAVINER (v. a.) : dégraper l'enduit d'un mur. Voyez RAVINE. DÉGRÊLER (SE) : se disposer à chanter ; chanter, en parlant des oiseaux. Au figuré, en parlant des personnes, chanter avec prétention. DÉGRÊLER ou DÉGRÊLIR (SE) : s'égayer, se divertir. A. DÉGRIOLER ou DÉGRILLOLER : glisser sur une surface polie comme la glace. Voyez GRILLER. DÉGROUER : dégeler. Voyez GROUE. A. DÉGROULER: dégringoler. Du verbe crouler. DEHAIT : affliction. Du roman deshet ; du celtique-breton dihet. DEHAUMER : décoiffer, battre. De heaume, casque. DEILLOT : doigtier. Voyez DAILOT. DÉJETER (v. a. ) : jeter, repousser çà et là. DÉJUQUER : descendre du juchoir. Voyez JUC. DÉLABRE ( s. m.) : mauvais sujet, qui aime à mettre les choses en délabrement. B. DÉLAITER : enlever du beurre frais, par plusieurs lotions successives, le babeurre dont il recèle encore une partie. Ce babeurre s'appelle lait de beurre, parce qu'en effet il a la couleur du lait. DELANDOUX : éteignoir. DÉLÉCHER (SE) : se lécher les lèvres avec délectation, quand on a mangé ou bu quelque chose qui flatte le goût. DÉLIER : délayer. DÉLIGENCE : diligence. DELLAGE (s. m.) : réunion de plusieurs delles. DELLE (s. f.) : portion de terre labourable. De l'anglais deal, partie. DÉLOUSER (SE) : se plaindre avec amertume. Du verbe dolere. S. -I. DÉLURÉ : luron, madré. Id. en patois Lorrain. DÉLURER : déniaiser. L. DÉMAIN (A). Être à démain, c'est être mal placé pour l'exercice de la main. A main et à démain : de tous côtés , à tort et à travers. Voyez AMAIN. DÉMANICLAQUER : disloquer. L. DÉMARCHER (SE) : marcher avec affectation de belles manières. De démarche. DÉMARRER (v. a.) : faire quitter un lieu. Démarrer les bestiaux d'un herbage, c'est les en faire sortir. Il se prend aussi dans le sens neutre, et signifie partir. DEMAUNE : demi-aune. L. DÉMENCE : ruine. Ce pont est tombé en démence. DÉMENÉ on DÉMENET : travaux du ménage. DÉMENEURES (s. f.) : promenoir de petit enfant auquel on veut apprendre à marcher. DÉMEN : démenti. S.-I. DÉMENTER (SE) : s'occuper de, se mêler de. En Roman, se démenter signifiait se tourmenter. Roman. DEMEURÉ : paralysé. Demeuré d'un bras, etc. L. DÉMION (s. m.) : moitié de la chopine. Roman. Du mot français demi. DEMOISELLE (s. f.) : petite mesure d'eau-de-vie. A peu près le seizième d'un litre. L. DEMOISELLE (s. f.) : le grèbe huppé. B. DEMOISILLON (s. m. ) : jeune fille de peu de conséquence, qui affecte les manières d'une demoiselle. DÉMON : éteignoir d'église pour les cierges. DÉMUCHER : mettre au jour ce qui était muché, caché. En roman, démusser : cacher, couvrir. Voyez MUCHER. DÉPARTEMENT : départ. On disait autrefois dans le même sens départie, comme dans ces vers de Henri IV : Cruelle départie ! Malheureux jour ! Que ne suis-je sans vie, Ou sans amour ! DÉPERSUADER : dissuader. DÉPÉTRAILLER : découvrir sa poitrine avec indécence. Roman. De pectus. DÉPÉTRASSER. Même sens que le verbe dépétrailler. On dit à Rennes, être dépétraillé ; se dépétrasser y signifie tomber de son long. DÉPÉTRONNER un arbre : extirper les rejetons qui ont poussé à son pied. A. DÉPIAUTRER : enlever la peau, écorcher. DÉPICHER : mettre en pièces. DÉPIT : mépris. Du verbe latin despicere. DÉPITER : défier. Je t'en dépite : je te défie. DÉPITEUX, EUSE : méprisant, dédaigneux. Basselin dit p. 54 : La. belle alors me respond, despiteuse. DÉPOTÉYER. Mém sens que dépoter. DÉPOTÉYEUR : celui dont le commerce consiste à dépoter ou dépotéyer. DEPUIS (DU) : depuis. S.-I. DÉQUENILLER : sortir en hâte, partir au plus vite, comme les chiens qui quittent le chenil. En Roman, décaniller : décamper. Dans le patois Lorrain, dégueniller. DÉRACLÉE. Voyez DÉRATELÉE. DÉRACLER : développer. Même sens que dérangler. DÉRAIN ; DERIN ; DRIN : le dernier. DÉRANGLER : détailler, développer. S.-I. DÉRAT ; DÉRAIL : portions de graisse qui tiennent aux boyaux, et qu'on râcle pour les employer. DÉRATELÉE : grande quantité rassemblée comme avec un râteau. Se prend en mauvaise part. DÉRÊNER (v. n. ) : ne cesser de parier, raconter. Ce verbe, dans la Coutume de Normandie, signifie se défendre en justice. DÉRÊTILLER : agiter les membres en mourant, s'étendre convulsivement. L. DÉREUNGER (v. n.) : ruminer. DÉRI : en dérive. Du latin rivus, ruisseau. A. DÉRIS (s. m.) : ce que laissent en se retirant les eaux débordées. DERLINGUER : faire du bruit , comme la sonnette derlin, derlin. On dit, en patois Berruyer, derliner, qui vient aussi de l'onomatopée. DÉROMPRE : cesser, discontinuer. DÉROUTER (SE) : se déranger, en parlant soit du temps qui devient mauvais, soit de personnes dont la conduite se déprave. De route, déroute. DERRAIN. Voyez DÉRAIN. S.-I. DERRAINEMENT : dernièrement. S.-I. DERRUNER : déranger. C'est l'opposé d'ARRUNER. Voyez ce mot. DÉRUSIONNÉ : fin, espiègle, rusé (Vire). DERTRE : dartre. L. DÉSERTER : essarter. Du celtique eyssart, lieu inculte En Roman, asserter. DÉSHABILLÉ : sorte de robe de femme. DÉSOREILLER : enlever l'oreille, essoriller. DESPUIS ; DÉCEPUIS : depuis. On dit aussi du depuis. En Roman, dendespey : depuis le temps. DESSAISINE (s. f.) : grand nombre, troupe. D'essaim. DESSAISONNER : changer l'assolement d'un champ ; faire hors de saison. DESSAIVER : désaltérer, étancher la soif. A. DESSERGER : décharger. DESSEULER : isoler, rester seul. Patois Rouchi. DESSOIVER. Voyez DESSAIVER. A. DESSOULER : cesser d'être ivre, ou saoul. En patois Walon, d'sôlé. DESSOUR : sous, dessous. A. DESSUR : dessus. DÉTAMER : perdre son étamure par l'usage ou accidentellement. Ce vase est détamé; il faut le faire rétamer. Ce vase a perdu son étamure ; il faut lui en faire appliquer une nouvelle. Id. patois Lorrain. DÉTÉ ; DÉTEUL : fruits tombés avant terme, et qui, peu loin de leur maturité, sont recueillis pour le pressoir. Voyez QUIS. MM. Du Méril écrivent detteuses (sans doute en sous-entendant pommes). DÉTEINDRE (v. a.) : éteindre. En Roman, desteindre. DÉTEUNER (SE) : sortir de sa maison pour prendre l'air. Voyez TEUNE. A. DÉTEURD (s. m.) : entorse. Déteurd de reins, effort dans les reins. A. DÉTEURDRE : détordre, tordre. A. DÉTIÉDIR : tiédir. L. DÉTOURBER : déranger, troubler dans le travail. En Roman, destourber : troubler, empêcher. Dans le Roman de Rou, Wace dit : Por çon se doit li rois pener Del dur Willaume destorber Qu'il ne puisse plus haut monter, Ne en Angleterre passer. DÉTOURBIER (s. m.) : empêchement. On trouve dans Nicot, destourber et destourbier. DÉTRAT (s. m.) : sentier. Des substantifs latins stratum et tractus. A. DÊTRE (A) : à droite. Du vieux mot français dextre ; en latin, dextra. DÉTRUIRE (SE) : se suicider. L. DEUL : peine. Faire deul : attrister, faire peine. En Roman, doeul. En celtique-breton, dol. Du latin dolor. DEUMET. Voyez DUMET. DEVALLÉE : pente, descente. Roman. Du celtique-breton deval. Du latin vallis, vallée. DEVALLER : descendre d'un point élevé vers une vallée. En Roman, adevaler. Devaller, en patois Walon. Avaller, en patois du Jura. Regnier (sat. XI) employait le verbe devaller : Ils contrefont le guet et de voix magistrale : « Ouvrez de par le roi ! » Au diable un qui dévalle ! DEVANTEAU ; DEVANTIAU ; DEVANTET . tablier ; - parce que ce vêtement se place devant la personne. Devantie, devanté, en patois du Jura. En patois Walon, devaintri. DEVANTÉE ; DEVANTELÉE (s. f.) : plein un tablier, ou devanteau. DEVANTELIÈRE (s. f.) : sorte de jupon ample et long, que les femmes portent à cheval pour ne pas recevoir d'éclaboussures. De DEVANTEAU. B. DEVANTIÈRE. Voyez DEVANTELIÈRE. L. DÉVARUBLE ; DÉVORABLE : qui déchire., use et détruit ses vêtements. De varou. Voyez DEVOURER et VAROU. DÉVÊLER (v. a. ) : seconder une vache qui vêle. L. DEVIGNON : dessein, projet. DEVINADE (s. f.) : énigme. En langue romane, devignaille, adevinaille, advinal. En patois Walon, advinat. Du latin divinatio. DEVINAILLE (s. f.). Voyez DEVINADE. DEVISE (s. f.) : borne de champ. Roman. Du latin divisio. B. DEVOURER : dévorer, mettre en pièces. M. DIA : mot dont on se sert pour faire tourner à gauche les chevaux ou les boeufs de trait. Roman. En patois du Jura, guia. Du grec διχ, de côté. DIABLE : poisson de mer, d'un aspect, hideux, lequel porte en Normandie divers noms, tels que lièvre-de-mer, mollet, et seigneur. B. DIABLE : le Cyclopierus lumpus. B. DIAIBLE ou DIÈBLE : diable. S.-I. DICHENAVANT : désormais, dorénavant. DIDASSER ou DIDACER : redire, rabâcher. De dicere. DIEULEVERD. Voyez BADOCHET. Orne. DIFFAMER : gâter, salir. A. DIGARD : petit poisson de mer , appartenant au genre Gastérostées. DIGOURE (s. f.) : instrument pointu, épée ; mot pris en mauvaise part. En Roman, digoire. Voyez DIGUER. DIGUE ; VIEILLE DIGUE : vieille femme désagréable. DIGUER : se servir du diguet, piquer, aiguillonner. En Roman et en Français, donner de l'éperon. DIGUET : morceau de bois pointu, pour aiguillonner. L. DINANT (DÉJEUNER) ou DÉJEUNER DINATOIRE : déjeuner de précaution qui tient lieu de dîner. Id. en patois Lorrain. DINDANDERIE (s. f.) : dinanderie. DINDEAU ou DINDOT : dindonneau. DIOLEVERD ou DIOLEVÈRE. Voyez BADOCHET. DIRE : jouer. Faire dire une flûte ou autre instrument de musique. Roman. DISPUTER (v. a) : gronder vivement. M. DO : avec. Voyez O. DOBICHE (s. f.) : vieille femme désagréable. DOBICHER (SE) : s'habiller de haillons. DOCHE (s. f.) : patience ( Rumex patientia). De l'anglais dock. DODEIGNE (s. f.) : tête qui branle. DODINER (de la tête) : branler la tête légèrement et fréquemment. On trouve dans Rabelais (l. I, ch. 8) : « Luimesme se bersoit en dodelinant de la teste. » Le Duchat fait venir dodeliner de l'italien dondolare, ou de notre mot dodo, parce que, dit-il , « on remue le berceau des enfants, afin qu'ils fassent dodo ». Dans plus d'un canton normand, dodiner signifie dorloter. Id. dans le patois Walon. DODO : lit, terme enfantin. Faire dodo : dormir. Du latin dormire. DODO : lambin , paresseux, qui a l'air de faire dodo, de dormir. En Roman, dodin. DOGUE (s. f.). Voyez DOCHE. DOGUER. Voyez TOQUER. Roman. DOLE-LA-BOISE : flatteur. DONA ; DONAS : homme sans esprit, imbécile. DONAISON (s. f.) : donation. En Roman, donazon. DONDON (s. f.) : grosse fille. Du qualificatif roman dondé : gros et gras. DONS : poupée. Au figuré, fille de mauvaise vie. Du latin domina ; de l'italien donna, femme. DONNEUR D'ANTIENNES : homme qui manque souvent à sa parole. DONRAI (JE) : je donnerai. Tu donras, il donrait. Et je vous donray , par ma foy ! DORÉE (de beurre, de confitures, de miel, etc.) : tartine ou morceau de pain doré (métaphoriquement) de beurre, de confitures, etc. En Roman, dorée : tarte, pâtisserie. L. DORER : étendre sur une tartine de pain, soit des confitures, soit du miel, soit du beurre. Ces deux dernières substances sont de couleur d'or. L. DOUCIEUX : doucereux , fade. DOUDOUX : dragées, bonbons. Redoublement de l'adjectif doux. M. DOUELLE (s. f.) : douve de tonneau ; petite douve. Contraction de douvelle, par syncope. De dolium. DOUET : ruisseau , lavoir, lieu où on lave le linge; conduit, aquéduc. Du latin ductus, ou du celtique-breton douvez et douez : fossé rempli d'eau. DOUILLANT : douloureux, très-sensible à la douleur. De dolens. B. DOUI : doué ou douet, lavoir. M. DOUILLARD : doucereux , fade. DOUILLETER : dorloter. DOUILLON : Voyez BOURDIN. Roman. DOULIANCHE (s. f.) : plainte amère, doléance. S. -I. DOURDÉE (s. f.) : volée de coups. DOURDER : frapper rudement quelqu'un. DOUTANCE (s. f.) : doute. DOUVE (s. f.) : étang, fossé plein d'eau autour d'une habitation. Roman. DRAGLER : godailler. S.-I. DRAGONNER : transporter de colère. S.-I. DRAINER : parler lentement. Du verbe traîner. B. DRAIT, E : droit, e. Dret : c'est cela. - Tout fin drait c'est tout-à-fait cela. Patois du Jura. De directus. DROIT (AU) : vis-à-vis, en comparaison de. S.-I, DRA MER : battre. De ramus, branche, verge, ou du breton dramen, poignée de ce que l'on coupe avec la faucille. DRANGÉE : dragée, bonbon. DRAS : vétement Wace dit (Etablissement de la Conception) : Dras de dolor et de plor prist. DRENOEUD ; DRENOU : double ou triple nœud. Ce cordon est noué à drenou. Dans quelques cantons de la Manche, un noeud à drenou est un noeud mal fait, et qui se dénoue parfois de lui-même. Voyez NOU. DRÉS : dès. Roman. DRETTEMENT : directement. S.-I. DRIÈRE : derrière ; le derrière. DRIGAN : petite toupie. B. DROGUER : faire droguer quelqu'un ; le faire attendre ennuyeusement ; croquer le marmot. Id. Patois Lorrain. DROIT EN GOUT : d'un goût net et sans mélange, en parlant des boissons dont la saveur est irréprochable. L. DROUE (s. f.L) : espèce d'avoine. A. DRUGER : s'amuser bruyamment ; cabrioler ; courir çà et là. Du vieux français druges ; avoir les druges : faire des mouvements désordonnés. DRUGIR. Voyez DRUGER. D'S : des. D's asperges; d's hommes : des asperges, des hommes. C'est une syncope. Patois Lorrain. DUMER : perdre son poil ; muer. DUMET ou DEUMET : duvet. Du latin dumatum. Roman. DURCEUR (dans le corps) : obstruction. DURER : endurer l'ennui, patienter. De la basse latinité, durare. Il faut durer : il faut patienter. |