LEMAÎTRE,
Charles Ernest (1854-1928) : La Veuve inconsolable (1917).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (18.V.2006) Relecture : Anne Guézou. Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Norm 299) des Joyeux Bocains : contes drolatiques en patois bas-normand par Ch. Lemaître, le Chansonnier du Bocage avec préface d'Arthur Marye et illustrations de Levavasseur et R. Thurin. publié à Caen chez Bonnaventure et Jouan en 1917. La Veuve inconsolable
par Charles Lemaître ~ * ~
A Mademoiselle Joséphine Godet.
Y’a d’ mauvais gas por lé fumelles, Terjous à lé faire enragi ; Por mé, j’ai bi d’ l’estim’ por elles Et je n’ trach’ qu’à lé soulagi. Cha n’ m’empêch’ pas, dans mé p’tits contes, D’ leux mettr’ sû l’ dos d’ qué d’amusant, Mais je n’ dis rin por leux fair’ honte Ni leux causer d’ désagréments. O s’raient p’t’êt’ bi un brin gestières, Et quand y leux vient quiqu’ malheur, O font d’s ébrais d’ tout’s lé manières, Qu’ no crai qu’o vont mouéri d’ douleur. No me r’proch’ bi souvent man joyeux caractère ; Agneu, por vo changi, c’est dans la chambr’ mortuaire A maître Ugên’ Corbé, qu’était mort du matin, Que j’ m’en vas vo conduir’ censément par la main. Sa veuv’, la paur’ maîtress’ Julie, Est assis’ là, bi’n affligie, R’gardant, d’un air navré, sé chins gentils éfants, De qui que l’ plus âgi n’a co pas sé dix ans. Et quand o pens’ qu’i’s n’ont plus d’ père O vers’ dé larmes bi’n amères. Y’avait co preux du lit un grand solid’ garçon, Qui r’gardait l’ paur’ défunt d’un air de compassion ; C’était l’ bon gas Victor Patience, Qui faisait l’ métier d’ jardinier, Et qu’avait bi tout’ la confiance Dans l’ gardin du défunt fermier. Ayant bi poliment ach’vé sa p’tit’ visite, Y saluit la maîtresse et partit au plus vite. Julie r’marquait, tout en pleurant, Du jardinier la bell’ prestance, Et o savait qu’en travaillant, Il avait eun’ gentille aisance. A pein’ Victor Patienc’ parti, Qu’eune autr’ visite l’y’arrivit ; C’était la vieull’ Gusteine, Eun’ de sé bouenn’s vaiseines, Qu’était confite en dévotion Por tout’s lé chos’s de la r’ligion. Et qui l’i dit qu’ fallait supporter, dans la vie, Tout’s lé tristes épreuv’s que l’ bon Dieu nos env’ye. Mais Julie, au lieu d’ cha, gémissait co pu fort Et qu’o voulait mouéri, pus que s’n homme était mort. « - Qui qu’ c’est que j’ deviendrai d’avec ma pouchinée ? Ah ! qu’o dit, ma paur’ fille, j’ sus désespérée. » « - J’ sais bi, qu’ dit la Gustein’, que votr’ malheur est grand, Mais faut s’ faire eun’ raison quand nos a chinq éfants. Por supporter votre existence, Ma paur’ Julie, faut prendr’ patience. » Es grand’s douleurs faut pas trop s’ fier : O crut-a pas, la malheureuse, Qu’ c’était d’ Patience l’ jardinier Qu’ l’i causait la bouenn’ conseilleuse. « - Hélas ! qu’o dit comm’ cha, entre deux gros sanglots, Cairy’ous qu’i voudrait d’ mé, d’avec mé chins pétiots ? » TABLE DES MATIÈRES
Préface - Tibi Georgette ! - La
Confession à
Véronique - Leçon de politesse - L' clou
à Locadie
- Faut que j' tabate ! - Le Temple de l'Amour - Fais li vée
! -
Le Pain bénit - Le Goulu attrapé - Les Oies
perdues - L'
Divertisseux - Le Bénitier gelé -
Arthémise la mal
servie - Confiance céleste - Le Beurre malpropre -
L'abbé
Trupot - La Veuve inconsolable - Le Haut-du-Temps - Le Bras tendu et la
goule ouverte - Lé Chendres - L' Voleux d' pain -
Fanchon
Cliquet - La Catoueilleuse - Le Chapelet - La Migraine.
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