AVERTISSEMENT.
"LES occupations actuelles de M. Berthelin n'ayant pu lui permettre de veiller absolument par lui-même à cette nouvelle édition, on s'est fait un devoir de ne pas s'écarter de son plan. Il étoit trop bien conçu, trop bien exécuté, & le Public l'avoit trop accueilli pour y rien changer. On espere de son équité qu'il ne recevra pas moins favorablement celle-ci. On a eu soin de rectifier, d'ajouter même plusieurs expressions Latines, & de faire une augmentation considérable de mots, sans cependant augmenter le nombre de feuilles. Nous avons cru devoir laisser M. Berthelin s'expliquer lui-même sur la forme qu'il a donnée à ce Dictionnaire. C'est dans l'Avertissement de l'édition de 1751, qu'il rend compte des changements qu'il a faits & des raisons de son travail. Nous ne pouvons mieux faire que de l'entendre parler lui-même, & nous le transcrivons ici."
Pour rendre ce Dictionnaire plus ample & plus correct, j'ai tâché de seconder les vues des Libraires associés en m'appliquant à l'augmenter, & à lui donner la perfection que doit avoir un Ouvrage plusieurs fois réimprimé. J'y ai donc fait toutes les Additions nécessaires, & y ai renfermé avec précision & en abregé ce qui est contenu dans les Dictionnaires les plus étendus. Il a fallu que le Volume contînt un plus grand nombre de feuilles, & que le format fût plus grand; cependant il est encore portatif. Mais je ne me suis pas borné à grossir le Volume, je me suis principalement appliqué à rendre ce Dictionnaire utile à tous égards; jusqu'à présent les seules rimes avoient été rangées pas ordre alphabétique, & l'on n'avoit point encore pris la peine de placer dans le même ordre tous les mots qui se rencontrent sous chaque rime. Ce n'est pas que l'on n'ait compris l'avantage qui devoit résulter de ce travail, mais l'exécution en a paru si pénible & si longue, que l'on n'a pas eu le courage de l'entreprendre. Cependant lorsque sous une seule rime, il y avoit six, huit, ou quelquefois dix colonnes de mots mis sans aucun ordre, comment pouvoit-on trouver celui sur lequel on avoit quelque doute, soit au sujet de la signification, soit pour en sçavoir le genre, soit pour s'assurer de l'usage? J'ai remédié à cet inconvénient par un double ordre alphabétique.
Si j'avois regardé ce travail comme suffisant, j'aurois seulement acquis la réputation d'avoir beaucoup de patience. Afin donc qu'on remarquât dans l'Ouvrage une extrême exactitude, j'ai examiné toutes les expressions Latines qui répondent aux mots François. Il n'y avoit ni justesse, ni choix. La plupart des mots Latins étoient ou forgés, ou du plus bas siécle; j'ai tâché de n'en mettre que de bons. Enfin, j'ai purgé ce Dictionnaire d'un très-grand nombre d'erreurs qui déplaisoient aux Lecteurs éclairés.
On a substitué un Traité de la Versification Françoise & des différens Ouvrages en vers, à l'Abregé trop succint de Richelet, dont on a néanmoins conservé quelque chose.
Quand à l'impression & à la beauté du caractère & du papier, on avouera sans doute qu'il n'a jamais paru une si parfaite édition de ce Dictionnaire.
On doit d'abord chercher les mots dans ce Livre par la derniere ou par les deux dernieres syllabes; c'est pourquoi je les ai tous rangés alphabétiquement, (ceux qui finissent par une rime masculine, selon la derniere syllabe; & les autres, selon les deux dernieres,) par exemple, Amour, qui est une rime masculine, se trouvera à our lettre O; & Fable, qui est une rime féminine, se trouvera à able lettre A, & ainsi des autres.
De plus dans chaque page j'ai fais mettre des réglets où j'ai marqué le genre des noms: l'm veut dire un masculin, l'f un feminin; adv. un adverbe, l'v un verbe; a signifie un adjectif commun, dont la terminaison est la même au masculin & au féminin, & adj. un adjectif terminé d'une autre sorte à son masculin qu'à son féminin. Je ne parle point des autres abréviations, étant facile à tout le monde de les suppléer.
Ce qu'il y a encore à dire touchant l'ordre que j'ai tenu, est que je ne me suis pas contenté de ne mettre que les infinitifs des verbes, j'ai marqué leurs personnes & leurs autres temps aux endroits où ils riment avec les noms; à la fin des noms en ice & isse, comme Suplice, Suisse, j'ai mis choisisse, craignisse, épice, glisse, punisse, &c.
Les mots qui se prononcent de même, quoiqu'ils s'écrivent diversement, se trouvent d'ordinaire au même lieu pour la commodité du rimeur; on rencontre cer avec sser; avancer & fiancer, avec hausser & pousser.
On a mis une étoile au devant des termes bas & surannés; mais on a rejetté ceux qui le sont trop, & dont on ne se sert presque plus dans notre Langue.
Les noms propres des Fables & des Hommes renommés ne sont pas non plus oubliés.