XXXIII - Que le siège des passions n'est pas dans le coeur.
Pour l'opinion de ceux qui pensent que l'âme reçoit ses passions dans le coeur, elle n'est aucunement considérable, car elle n'est fondée que sur ce que les passions y font sentir quelque altération; et il est aisé à remarquer que cette altération n'est sentie, comme dans le coeur, que par l'entremise d'un petit nerf qui descend du cerveau vers lui, ainsi que la douleur est sentie comme dans le pied par l'entremise des nerfs du pied, et les astres sont aperçus comme dans le ciel par l'entremise de leur lumière et des nerfs optiques: en sorte qu'il n'est pas plus nécessaire que notre âme exerce immédiatement ses fonctions dans le coeur pour y sentir les passions, qu'il est nécessaire qu'elle soit dans le ciel pour y voir les astres.