BAUDELAIRE, Charles (1821 - 1867)
"Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."
Baudelaire, Les Fleurs du Mal, L'Albatros, p. 10, éd. Pléiade."Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
O Beauté?"
Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Hymne à la Beauté, p. 23, éd. Pléiade."Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi."
Baudelaire, Les Fleurs du Mal, L'Horloge, p. 77 éd. Pléiade"Amer savoir, celui qu'on tire du voyage!
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image:
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui!"
Baudelaire, Les Fleurs du Mal, CXXVI, Le Voyage, p. 126, éd. Pléiade."Multitude, solitude."
Baudelaire, Le Spleen de Paris, XII, Les Foules, p. 243, éd. Pléiade."Il est un pays superbe (...) Pays singulier, supérieur aux autres, comme l'Art l'est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue."
Baudelaire, Le Spleen de Paris, XVIII, L'Invitation au Voyage, pp. 253 - 254, éd. Pléiade." ... tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, - de poésie, jamais."
Baudelaire, Conseils aux Jeunes Littérateurs, p. 483, éd. Pléiade."La Poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'Elle-même; elle ne peut pas en avoir d'autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aurait été écrit pour le plaisir d'écrire un poème."
Baudelaire, Théophile Gauthier, p. 685, éd. Pléiade."La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de déchéance, s'assimiler à la science ou la morale; elle n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même."
Baudelaire, Théophile Gauthier, p. 685, éd. Pléiade."Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l'aspiration humaine vers une Beauté supérieure, et la manifestation de ce principe est dans un enthousiasme, un enlèvement de l'âme; enthousiasme tout à fait indépendant de la passion, qui est l'ivresse du coeur, et de la vérité, qui est la pâture de la raison."
Baudelaire, Théophile Gauthier, p. 686, éd. Pléiade."Mais comme il n'y a pas de circonférence parfaite, l'idéal absolu est une bêtise. Le goût exclusif du simple conduit l'artiste nigaud à l'imitation du même type. Les poètes, les artistes et toute la race humaine seraient bien malheureux si l'idéal, cette absurdité, cette impossibilité, était trouvé. Qu'est-ce que chacun ferait désormais de son pauvre moi, - de sa ligne brisée?"
Baudelaire, Salon de 1846, p. 913 éd. Pléiade."Le beau est toujours bizarre."
Baudelaire, Exposition universelle de 1855, p. 956 éd. Pléiade."Car il est évident que les rhétoriques et les prosodies ne sont pas des tyrannies inventées arbitrairement, mais une collection de règles réclamées par l'organisation même de l'être spirituel; et jamais les prosodies et les rhétoriques n'ont empêché l'originalité de se produire distinctement. Le contraire, à savoir qu'elles ont aidé l'éclosion de l'originalité, serait infiniment plus vrai."
Baudelaire, L'Oeuvre et la Vie d'Eugène Delacroix, p. 1122, éd. Pléiade."J'ai trouvé la définition du Beau, - de mon Beau. C'est quelque chose d'ardent et de triste, quelque chose d'un peu vague, laissant carrière à la conjecture."
Baudelaire, Journaux intimes, Fusées, X, p. 1255 éd. Pléiade"Dieu est un scandale, - un scandale qui rapporte."
Baudelaire, Journaux intimes, Fusées, XI, Auto-idolâtrie, p. 1258 éd. Pléiade"Quoi de plus absurde que le Progrès, puisque l'homme, comme cela est prouvé par le fait journalier, est toujours semblable et égal à l'homme, c'est-à-dire toujours à l'état sauvage."
Baudelaire, Journaux intimes, Fusées, XIV, p. 1260 éd. Pléiade."Il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir, puisque, tout bien vérifié, travailler est moins ennuyeux que s'amuser."
Baudelaire, Mon Coeur mis à nu, XI, p. 1277 éd. Pléiade."Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat, l'homme qui chante, l'homme qui bénit, l'homme qui sacrifie et se sacrifie. Le reste est fait pour le fouet. Défions-nous du peuple, du bon sens, du coeur, de l'inspiration, et de l'évidence."
Baudelaire, Mon Coeur mis à nu, p. 1287, éd. Pléiade.Voir aussi Baudelaire