ROUSSEAU, Jean-Jacques (1712 - 1778)
"De quoi s'agit-il donc précisément dans ce Discours? De marquer dans le progrès des choses le moment où, le droit succédant à la violence, la nature fut soumise à la loi; d'expliquer par quel enchaînement de prodiges le fort put se résoudre à servir le faible, et le peuple à acheter un repos en idée, au prix d'une félicité réelle."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), p. 132 Pléiade."la Nature ne ment jamais."
Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, p. 133, éd. Pléiade 1964
(Cf Montaigne: "Nature est un doux guide, mais non pas plus doux que prudent et juste." Montaigne, Essais, III, 13, p. 1094, éd. Pléiade 1962)"... en le considérant, en un mot, tel qu'il a dû sortir des mains de la nature, je vois un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres, mais, à tout prendre, organisé le plus avantageusement de tous."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), I, p. 135 Pléiade."... la plupart de nos maux sont notre propre ouvrage ..."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), I, p. 138 Pléiade."Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire: Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables: Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), II, p. 164 Pléiade."(...) mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), II, p. 171 Pléiade.
Voir Bergson"... le peuple, qui paye toutes les fautes des chefs, devrait avoir le droit de renoncer à la dépendance."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), II, p. 186 Pléiade."c'est ainsi que les chefs devenus héréditaires s'accoutumèrent à regarder leur magistrature comme un bien de famille, à se regarder eux-mêmes comme les propriétaires de l'Etat dont ils n'étaient d'abord que les officiers, à appeler leurs concitoyens leurs esclaves, à les compter comme du bétail au nombre des choses qui leur appartenaient et à s'appeler eux-mêmes égaux aux dieux et rois des rois."
Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, p. 187, éd. Pléiade 1964
(Cf Pascal: "Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste." Pascal, Pensées, p. 1161, éd. Pléiade 1962 (no 298 Brunschvicg)"L'émeute qui finit par étrangler ou détrôner un sultan est un acte aussi juridique que ceux par lesquels il disposait la veille des vies et des biens de ses sujets."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), II, p. 190 Pléiade."... l'inégalité étant presque nulle dans l'État de Nature, tire sa force et son accroissement du développement de nos facultés et des progrès de l'esprit humain, et devient enfin stable et légitime par l'établissement de la propriété et des lois."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), p. 193, éd. Pléiade."... il est manifestement contre la loi de nature, de quelque manière qu'on la définisse, qu'un enfant commande à un vieillard, qu'un imbécile conduise un homme sage et qu'une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire."
Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), p. 194, éd. Pléiade."Pour dire si un livre est bon ou mauvais, qu'importe de savoir comment on l'a fait?"
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), Seconde Préface, p. 11, éd. Pléiade"O douces illusions! ô chimères, dernières ressources des malheureux!"
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), II, 24, p. 289, éd. Pléiade."... la vie s'écoule en un instant; elle n'est rien par elle même, son prix dépend de son emploi."
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), III, 22, p. 390, éd. Pléiade"Il faut premièrement faire ce qu'on doit, et puis prier quand on le peut."
Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761), VI, VIII, p. 695 éd. Pléiade."L'haleine de l'homme est mortelle à ses semblables: cela n'est pas moins vrai au propre qu'au figuré."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), I, p. 277, éd. Pléiade."Oserai-je exposer ici la plus grande, la plus utile règle de toute l'éducation? Ce n'est pas de gagner du temps, c'est d'en perdre."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), II, p. 323, éd. Pléiade."Les choses, les choses! Je ne répéterai jamais assez que nous donnons trop de pouvoir aux mots: avec notre éducation babillarde nous ne faisons que des babillards."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), III, p. 447, éd. Pléiade."Je hais les livres; ils n'apprennent qu'à parler de ce qu'on ne sait pas."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), III, p. 454, éd. Pléiade."Travailler est donc un devoir indispensable à l'homme social. Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), III, p. 470, éd. Pléiade."Le riche n'a pas l'estomac plus grand que le pauvre et ne digère pas mieux que lui."
Jean-Jacques Rousseau, Emile, III, p. 468 éd. Pléiade."Otez nos funestes progrès, ôtez nos erreurs et nos vices, ôtez l'ouvrage de l'homme, et tout est bien."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), IV, p. 588, éd. Pléiade"Le premier de tous les soins est celui de soi-même: cependant combien de fois la voix intérieure nous dit qu'en faisant notre bien aux dépens d'autrui nous faisons mal!"
Rousseau, Emile (1762), IV, Profession de Foi du Vicaire savoyard, p. 594 éd. Pléiade."Je ne croirai jamais avoir bien entendu les raisons des Juifs qu'ils n'aient un Etat libre, des écoles, des universités où ils puissent parler et disputer sans risque."
Rousseau, Emile ou de l'Education (1762), IV, p. 621, éd. Pléiade"On n'est curieux qu'à proportion qu'on est instruit."
Rousseau, Emile (1762), V, p. 773 éd. Pléiade"Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir."
Rousseau, Du Contrat social (1762), I, 3, Du droit du plus fort, p. 354 éd. Pléiade."Comment un homme ou un peuple peut-il s'emparer d'un territoire immense et en priver tout le genre humain autrement que par une usurpation punissable, puisqu'elle ôte au reste des hommes le séjour et les aliments que la nature leur donne en commun?"
Rousseau, Du Contrat social (1762), I, 9, Du domaine réel."... c'est qu'au lieu de détruire l'égalité naturelle, le pacte fondamental substitue au contraire une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalité physique entre les hommes, et que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit."
Rousseau, Du Contrat social (1762), I, 9, Du domaine réel, p. 367 éd. Pléiade."Tel peuple est disciplinable en naissant, tel autre ne l'est pas au bout de dix siècles. Les Russes ne seront jamais vraiment policés, parce qu'ils l'ont été trop tôt. Pierre avait le génie imitatif; il n'avait pas le vrai génie, celui qui crée et fait tout de rien. Quelques-unes des choses qu'il fit étaient bien, la plupart étaient déplacées. Il a vu que son peuple était barbare, il n'a point vu qu'il n'était pas mûr pour la police; il l'a voulu civiliser quand il ne fallait que l'aguerrir. Il a d'abord voulu faire des Allemands, des Anglais, quand il fallait commencer par faire des Russes; il a empêché ses sujets de jamais devenir ce qu'ils pourraient être, en leur persuadant qu'ils étaient ce qu'ils ne sont pas."
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social ou Principes du Droit politique, livre II, ch. VIII, Du Peuple, p. 386 éd. Pléiade."L'argent qu'on possède est l'instrument de la liberté; celui qu'on pourchasse est celui de la servitude."
Rousseau, Les Confessions, I (1782), p. 38 éd. Pléiade."(...) je me suis vu précipité dans un chaos incompréhensible où je n'aperçois rien du tout; et plus je pense à ma situation présente et moins je puis comprendre où je suis."
Rousseau, Les Rêveries du Promeneur solitaire (1782), p. 4, éd. Garnier.Voir aussi Rousseau