HEISENBERG, Werner (1901 - 1976)
"Essayer de discuter les idées de physique moderne dans un langage qui ne soit pas exagérément technique, étudier leurs conséquences philosophiques, les comparer avec certaines des traditions anciennes est une tâche que l'on peut considérer comme importante."
Werner Heisenberg (Prix Nobel de Physique 1933), Physique et Philosophie, éd. A. Michel, p.11."Poser la question juste, c'est fréquemment avoir fait plus de la moitié du chemin vers la solution d'un problème."
Werner Heisenberg, Physique et Philosophie, p. 20, éd. Albin Michel."... ce que nous observons, ce n'est pas la Nature en soi, mais la Nature exposée à notre méthode d'investigation."
Werner Heisenberg, Physique et Philosophie (1958), p. 55, éd. A. Michel"Il est une caractéristique de la science qui la rend plus appropriée que toute autre chose à créer le premier lien solide entre traditions culturelles différentes: c'est le fait que la décision ultime sur la valeur d'un travail scientifique donné, sur ce qui est exact ou faux dans un travail, ne dépend d'aucune autorité humaine. Il faut parfois bien des années avant que l'on connaisse la solution d'un problème, avant de pouvoir distinguer entre la vérité et l'erreur, mais en définitive les questions se décideront et les décisions seront prises non par un quelconque groupe scientifique, mais par la Nature. C'est pourquoi les idées scientifiques se répandent parmi ceux qui se passionnent pour elles.
Alors que les idées politiques peuvent prendre une grande influence sur les masses populaires simplement parce qu'elles correspondent ou semblent correspondre aux intérêts primordiaux du peuple, les idées scientifiques ne se répandent que parce qu'elles sont justes. Il existe des critères objectifs et décisifs nous assurant qu'une affirmation scientifique est exacte d'une manière qui diffère entièrement de la propagation des idées politiques."
Werner Heisenberg (Prix Nobel de Physique 1933), Physique et Philosophie, éd. A. Michel, pp. 258 - 259."Une des caractéristiques les plus importantes de l'évolution et de l'analyse de la physique moderne, c'est le fait que les concepts du langage normal, avec leurs définitions vagues, semblent plus stables au cours de l'expansion de la connaissance que les termes précis du langage scientifique, lesquels sont une idéalisation portant seulement sur un groupe limité de phénomènes. Ce n'est pas surprenant, puisque les concepts du langage normal sont fournis par le contact direct avec le réel; ils représentent la réalité. Il est vrai qu'ils ne sont pas bien définis et qu'ils peuvent donc subir des changements au cours des siècles, exactement comme la réalité elle-même, mais ils ne perdent jamais le contact direct avec le réel. D'autre part, les concepts scientifiques sont une idéalisation: ils sont tirés de l'expérience obtenue grâce à des instruments scientifiques perfectionnés et ne sont définis avec précision que par le truchement d'axiomes et de définitions; ce n'est que par ces définitions précises qu'il est possible de rattacher ces concepts à un formalisme mathématique et de déduire mathématiquement l'infinie variété des phénomènes possibles dans ce domaine. Mais avec ce processus d'idéalisation et de définitions précises, on perd le contact direct avec la réalité: les concepts correspondent encore de façon très directe à la réalité dans la partie de la Nature qui est l'objet de la recherche, mais cette correspondance peut avoir été perdue dans d'autres domaines qui contiennent d'autres groupes de phénomènes."
Werner Heisenberg (Prix Nobel de Physique 1933), Physique et Philosophie, éd. A. Michel, pp. 267 - 268."Nous savons que toute compréhension doit, pour finir, être basée sur le langage normal, car ce n'est que là que nous pouvons être sûrs de toucher du doigt la réalité et nous devons donc nous montrer sceptiques envers tout scepticisme vis-à-vis de ce langage normal et de ses concepts essentiels; nous pouvons par conséquent utiliser ces concepts comme ils l'ont toujours été. C'est de cette manière que la physique moderne a peut-être ouvert la porte à un point de vue plus large sur les rapports entre l'esprit humain et la réalité."
Werner Heisenberg (Prix Nobel de Physique 1933), Physique et Philosophie, éd. A. Michel, p.270.