MONTESQUIEU, Charles de Secondat baron de la Brède et de (1689 - 1755)
"Il me semble que les choses ne sont en elles-mêmes ni pures ni impures: je ne puis concevoir aucune qualité inhérente au sujet qui puisse les rendre telles."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); XVII, p. 156 éd. Pléiade."Je voudrais bannir les pompes funèbres: il faut pleurer les hommes à leur naissance, et non pas à leur mort."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); XL, p. 188 éd. Pléiade."Ceux qui aiment à s'instruire ne sont jamais oisifs."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); XLVIII, p. 197 éd. Pléiade."Pour qu'un homme vive délicieusement, il faut que cent autres travaillent sans relâche."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); CVI, p. 288 éd. Pléiade."L'effet ordinaire des colonies est d'affaiblir les pays d'où on les tire, sans peupler ceux où on les envoie."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); CXXI, p. 310 éd. Pléiade."Les hommes sont bien malheureux! Ils flottent sans cesse entre de fausses espérances et des craintes ridicules, et, au lieu de s'appuyer sur la raison, ils se font des monstres qui les intimident, ou des fantômes qui les séduisent."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); CXLIII, p. 353 éd. Pléiade."... un savant ne saurait guère éviter le reproche d'irréligion ou d'hérésie."
Montesquieu, Lettres persanes (1721); CXLV, p. 359 éd. Pléiade."La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d'esprit qui provient de l'opinion que chacun a de sa sûreté; et pour qu'on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu'un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen."
Montesquieu, L'Esprit des Lois (1748), XI, VI, De la Constitution d'Angleterre, p. 397, éd. Pléiade."Il faut même que les juges soient de la condition de l'accusé, ou ses pairs, pour qu'il ne puisse pas se mettre dans l'esprit qu'il soit tombé entre les mains de gens portés à lui faire violence."
Montesquieu, L'Esprit des Lois (1748), XI, VI, De la Constitution d'Angleterre, p. 399, éd. Pléiade"Un homme faisait tous les jours à Dieu cette prière: "Seigneur, je n'entends rien dans les disputes que l'on fait sans cesse à votre sujet. Je voudrais vous servir selon votre volonté, mais chaque homme que je consulte veut que je vous serve à la sienne. Lorsque je veux vous faire ma prière, je ne sais en quelle langue je dois vous parler. Je ne sais pas non plus en quelle posture je dois me mettre: l'un dit que je dois vous prier debout; l'autre veut que je sois assis, l'autre exige que mon corps porte sur mes genoux. Ce n'est pas tout: il y en a qui prétendent que je dois me laver tous les matins avec de l'eau froide; d'autres soutiennent que vous me regarderez avec horreur si je ne me fais pas couper un petit morceau de chair. Il m'arriva l'autre jour de manger un lapin dans un caravansérail. Trois hommes qui étaient auprès de là me firent trembler: ils me soutinrent tous trois que je vous avais grièvement offensé; l'un, parce que cet animal était immonde; l'autre, parce qu'il était étouffé; l'autre enfin, parce qu'il n'était pas poisson. Un Brahmane qui passait par là, et que je pris pour juge, me dit: "Ils ont tort: car apparemment vous n'avez pas tué vous-même cet animal. - Si fait, lui dis-je. - Ah! vous avez commis une action abominable, et que Dieu ne vous pardonnera jamais, me dit-il d'une voix sévère. Que savez-vous si l'âme de votre père n'était pas passée dans cette bête?" Toutes ces choses, Seigneur, me jettent dans un embarras inconcevable: je ne puis remuer la tête que je ne sois menacé de vous offenser; cependant je voudrais vous plaire et employer à cela la vie que je tiens de vous. Je ne sais si je me trompe mais je crois que le meilleur moyen pour y parvenir est de vivre en bon citoyen dans la société où vous m'avez fait naître, et en bon père dans la famille que vous m'avez donnée."
Montesquieu, Lettres persanes, Lettre XLVI, pp. 194 - 195 éd. Pléiade
Voir aussi: Montesquieu