DE GAULLE, Charles (1890 - 1970)
"Notre temps est dur pour l'autorité. Les moeurs la battent en brèche, les lois tendent à l'affaiblir. Au foyer comme à l'atelier, dans l'État ou dans la rue, c'est l'impatience ou la critique qu'elle suscite plutôt que la confiance et la subordination. Heurtée d'en bas chaque fois qu'elle se montre, elle se prend à douter d'elle-même, tâtonne, s'exerce à contretemps, ou bien au minimum avec réticences, précautions, excuses, ou bien à l'excès par bourrades, rudesses et formalisme.
Cette décadence suit le déclin de l'ordre moral, social, politique qui, depuis des siècles, est en usage dans nos vieilles nations. Par conviction et par calcul, on a longtemps attribué au pouvoir une origine, à l'élite des droits qui justifiaient les hiérarchies. L'édifice de ces conventions s'écroule à force de lézardes. Dans leurs croyances vacillantes, leurs traditions exsangues, leur loyalisme épuisé, les contemporains ne trouvent plus le goût de l'antique déférence, ni le respect des règles d'autrefois.
Nos dieux sont décrépits et la misère en tombe.
Une pareille crise, pour générale qu'elle paraisse, ne saurait durer qu'un temps. Les hommes ne se passent point, au fond, d'être dirigés, non plus que de manger, boire et dormir. Ces animaux politiques ont besoin d'organisation, c'est-à-dire d'ordre et de chefs."
Charles de Gaulle (1890-1970), Le Fil de l'Epée (1932),"Du Prestige", éd. 10/18."Mais les armes ont cette vertu d'ennoblir jusqu'aux moins purs."
Charles de Gaulle (1890 - 1970), La France et son Armée, Origines, I.