(04.04), UN DIAMANT (1856) par Alphonse Karr (1808-1890) : "Pour l'homme qui entre dans la vie avec une âme et des sens neufs, il est des pièges dans lesquels il est beau de tomber, des erreurs qu'il est louable d'embrasser, des illusions, des chimères qu'il est noble de chérir. Il y a telle folie, telle sottise qui proviennent d'un luxe de sève qu'il faut avoir dans la jeunesse, sous peine de passer justement pour un homme sec et d'une pauvre organisation..." (karr03.htm)
(04.04), TAMARA (1810) par Stanislas de Boufflers (1738-1815) : "La fille de Therma Rajah (le bon roi) était en méditation sur le sommet de Richi-Sombo, le mont des contemplations. Indra, qui regarde à la fois toutes les choses, et chaque chose, observait la pieuse Monghir au pied de l'arbre saint, planté par Ardjown sur le sommet du mont ; pour servir aux saints personnages exténués par le jeûne, et pour ombrager le lac de Tamara, qui n'est formé que des pleurs des pénitens. Ses eaux, bien que plus transparentes que l'air serein, ne représentent point les traits de ceux qui viennent s'y regarder ; mais, par un prodige de celui qui peut tout, ce sont les âmes qui s'y peignent elles-mêmes sous des formes expressives et avec les symboles de leurs vertus ou de leur vices. Honneur et gloire à Brama, le père et l'ami des âmes..." (tamara.htm)
(03.04), LES WILLIS (1856) par Alphonse Karr (1808-1890) : " A la fin d'une journée d'automne, devant la maison du garde général Wilhem Gulf, des filles et des garçons valsaient joyeusement ; des jeunes gens jouaient, l'un du violon, l'autre du cor. La forêt devenait encore plus silencieuse ; un vent léger, qui faisait de temps en temps frissonner le feuillage, avait cessé d'agiter les arbres ; le soleil ne laissait plus à l'horizon qu'un reflet de pourpre, qui éclairait encore obliquement la clairière dans laquelle on dansait, et colorait d'une vive teinte rose les visages des danseurs..." (karr02.htm)
(03.04), LE LISEUR D'AFFICHES, CROQUIS GENEVOIS (1868) par John Petit-Senn (1792-1870) : " Pour lire un journal, il faut le tenir à la main, en tourner les pages, c'est incommode : pour l'avoir à soi, il faut payer un abonnement, être d'un cercle ou entrer dans un café, c'est coûteux : les caractères d'impression en sont parfois imperceptibles pour les myopes, c'est désagréable : les maximes en déplaisent souvent c'est irritant : il n'en est pas de même des affiches, genre de publicité inoffensif..." (jpsenn01.htm)
(02.04), BONNES GENS DE NORMANDIE par Charles Lemaître (1854-1928) : " Comment, vo v'la à pied, la maîtress' Valérie, | Vos allez vendr' vos oeufs, montez donc d'avec mei ; | J'allons causer d' vot' vieau qu'est bon por la bouch'rie, | I dait r'êt' déjà gras, vo l'i donnez tant d' lait ; Allons montez bi vit' je n' somm's pas en avance, | Mais à caus' du paquet, j' vas r'culer un brin l' banc. | - J'veux bi moussieu Cornet, merci d' vot' complaisance..." (bonngens.htm)
(02.04), PLEINE LUNE par Armand Silvestre (1837-1901) : "Je vous dis que c'est du phosphore. Le phosphore seul est lumineux la nuit. Sacrédié, je sais cela, je suppose, puisque j'ai eu un oncle pharmacien. C'est même charmant, ce liquide qui ne s'éclaire que dans l'ombre; un camarade se marie : vous vous glissez dans la chambre nuptiale et, avec cette encre d'un nouveau genre, vous écrivez sur la porte intérieure et de façon qu'il le puisse lire de son lit : " Tu seras cocu ! " Et ça se réalise toujours..." (silves03.htm)
(01.04), PERVENCHE par Maurice Bouchor (1855-1929) : "Guillaume au nez tors, qui vers 1350 était seigneur de Freneuse-les-Navets, beau village normand, avait six pieds quatre pouces de taille, le teint haut en couleurs, des yeux verts un regard perçant comme vrille, le nez écrasé sur la gauche, la bouche bien endentée, mais fendue obliquement, et de larges oreilles aussi peu ouvragées que les grosses feuilles d'un artichaut..." (pervench.htm)
(01.04), UN MARI par Camille de Sainte-Croix (1859-1915) : "C'est au parc Monceau, un soir d'été, dans l'enchantement des feuillées percées de lumière électrique. Elle attend quelqu'un qui ne vient pas. Plantureau passe. Lui, n'attend personne. Il la remarque jolie, élégante, assise seule, sous un arbre. Il s'arrête, parle. Elle s'ennuie. Elle répond. Plantureau prend une chaise, s'assied devant elle. Ils causent. Les voilà tout à fait amis. A onze heures, elle se lève. Plantureau ne sait vraiment à qui il a affaire..." (unmari.htm)
(01.04), LETTRE OUVERTE A M. HENRI CHERON par Maurice Kahn : "La première fois que j'eus le plaisir de vous rencontrer, ce n'était pas chez un pâtissier en face du Conservatoire, - c'était dans une cantine militaire, à Lisieux, au 119e de ligne. Étudiant en philosophie, je faisais mon année. Vous étiez maire de Lisieux et faisiez vos treize jours..." (biribi.htm)
(12.03), LE PRIEURE DES 2 AMANTS par Jacques Normand (1848-1931) : "Noir de peau, gris de poil, rude de corps et de coeur chasseur infatigable, ne croyant ni à Dieu ni au démon, le sire de Malaunay était l'effroi du pays normand. Hors ses chevaux et ses chiens, il n'aimait qu'une chose au monde : sa fille, la belle Geneviève ; mais encore l'aimait-il d'une tendresse égoïste et férocement jalouse. A la pensée qu'un autre homme pourrait, un jour, lui être préféré, il palissait de rage et, dans ses gantelets de fer, ses poings noueux se serraient..." (2amants.htm)
(12.03), FAIT-DIVERS ARABE (1884) par Armand Silvestre (1837-1901) : "Le cadi Zutapapa était justement renommé parmi les magistrats du désert. Il vendait la justice, comme tous ses confrères, mais la vendait à juste poids. Il n’y avait pas d’exemple que le plaideur qui l’avait le mieux payé eût été le plus maltraité par lui, comme ce la se voit malheureusement quelquefois avec des juges que des considérations de politique et d’amitié distraient de la dignité de leur négoce. Ses prix étaient marqués en chiffres connus et tout se passait chez lui sans surprises, sans basses intrigues et le plus loyalement du monde..." (silves02.htm)
(11.03), LE TEMPS DU SERVAGE par d'Eugène Melchior de Vogüé (1848-1910) : "L'AUTOMNE dernier, nous chassions dans le gouvernement de Riazan. Toute la matinée, nous avions poursuivi les canards sauvages sur un grand étang ; c'était visiblement un ancien lac artificiel, creusé là pour embellir quelque parc seigneurial ; mais l'effort de la main de l'homme avait disparu depuis longtemps, sous le travail facile de la nature. Restée maîtresse de ce lieu, elle en avait changé le dessin primitif à sa fantaisie, effaçant les lignes droites sous un fouillis de roseaux, de saules et de trembles. A la queue du marais, une éclaircie entre ces arbres permettait d'apercevoir à quelque distance, dans un pli de terrain, un vaste corps d'habitation ; il était en partie masqué par les restes d'une enceinte crénelée. Cette apparition féodale m'intrigua vivement... " (vogue1.htm)
(10.03), AVENTURES ADMINISTRATIVES D'UNE IDEE HEUREUSE RECUEILLIES ET PUBLIEES PAR LE FUTUR AUTEUR DE L'HISTOIRE DE LA SUCCESSION DU MARQUIS DE CARABAS DANS LE FIEF DE COCQUATRIX (1834) par Honoré de Balzac (1799-1850) : "APRÈS minuit, dans un salon de Paris, au moment où les rangs de preneurs de thé s'étaient éclaircis, où les gens qui viennent se faire voir avaient disparu, se rencontrèrent quelques personnes dont les esprits se mirent à l'unisson et vibrèrent doucement. Il s'ensuivit une de ces conversations fortes, pleines de choses, tout à la fois railleuses et polies, comme parfois il s'en écoute encore dans cette ville, aussi réellement profonde qu'elle semble folle..." (aventure.htm)
(09.03), LA MARJOLAINE (1897) par Jean Lorrain (1855-1906) : "Ce conte là, c’est une vieille chanson de mon enfance, dont j’ai tant bien que mal essayé de rétablir le rythme et les rimes ; je crois entendre encore les voix traînardes des servantes qui la chantaient, non plus chez ma grand’mère, mais chez mes parents ; ah ! il y a longtemps de cela, dans la petite ville de la côte où j’ai passé mes toutes premières années. On la chantait à la veillée de Noël, en attendant la messe de minuit, et c’est dans la cuisine de la maison paternelle qu’elle émerveilla pour la première fois mon imagination de gosse amoureux de légendes, toujours échappé du salon pour venir me blottir entre les jupes des filles de service et les entendre poétiser, dans de vagues refrains populaires, leurs espérances et leurs terreurs..." (lorin01.htm)
(07/08.03), L'ECHO DU BONHEUR (1884) par Armand Silvestre (1837-1901) : "Et, comme il me regardait d’un air fort satisfait de soi-même, en humant voluptueusement son ample vermouth : - Mon ami Roubichou, lui dis-je, votre conte est tout simplement un des plus cochonnets que j’ai jamais ouïs, même à Toulouse, et en me disant que vous me l’offriez pour en égayer mes lecteurs ordinaires, vous êtes tout simplement accouché d’une impertinence. N’avez-vous donc pas remarqué, je vous prie, que nous sommes devenus gens sérieux et préoccupés de grave langage ? Moi-même, qui ne suis pas cependant un docteur, c’est tout au plus si j’ose, de temps en temps, glisser une gauloiserie entre une histoire héroïque de mon maître Banville, quelque récit ensoleillé de mon ami Paul Arène et une page de belle prose de notre sage Nestor, voir même quelque nouvelle audacieusement philosophique de Maufrigneuse..." (silves01.htm)
(06.03), COURAGE DE FEMME (1890) par Jacques Normand (1848-1931) : "Commencée depuis plus de deux heures, la partie de lawn-tennis allait finir. Tant pis vraiment, car le spectacle était joli de ces quatre jeunes femmes, sveltes et souples, vêtues de flanelle blanche, qui couraient, sautaient de droite et de gauche à la poursuite de la balle folle, rasant d'un vol horizontal la bande rouge du filet..." (courage.htm)
(05.03), LA FILLE GARÇON (1883) par Catulle Mendès (1841-1909) : "Elle fumait la pipe. Comme nous logions à Paris, dans la même maison, - Antoinette était la fille du propriétaire, - nous étions très vite devenus de très intimes camarades, elle, seize ans, moi, quatorze. Tous les soirs, après le dîner, pendant que nos deux familles, chacune dans son appartement, s’attardaient autour du dessert, nous avions des rendez-vous..." (mendes06.htm)
(05.03), LA TUEUSE D'ÉCHO (1883) par Catulle Mendès (1841-1909) : "C'était dans le sous-sol d'une de ces sales brasseries où la police tolère que l'on boive encore après que tous les cafés et tous les débits de vin sont fermés. A des tables de bois, sous la poussière jaune du gaz, s'accoudaient les lassitudes saoules des rôdeuses nocturnes..." (mendes05.htm)
(04.03), D'UNE DAME D'AVIGNON LAQUELLE PAR SON MARI QUI ÉTAIT SOURD FUT TENUE POUR INNOCENTE ENCORE QUE COUPABLE ET PLUS TARD POUR COUPABLE ENCORE QU'INNOCENTE (1893) par Catulle Mendès (1841-1909) : "Vers ce temps-là, dans la ville d'Avignon (on ne saurait choisir de lieu plus propice où faire se dérouler les aventures d'un plaisant conte d'amour, vu que, en cette cité plus qu'en aucune autre, les femmes sont enclines à faire leurs maris cocus et les maris obstinés à ne point l'être, ce qui engendre de fort nombreux et forts divertissants débats), beaucoup de personnes s'étonnaient que la demoiselle Étiennette de Val-les-Lys, jeune comme les plus fraîches fleurs et jolie autant qu'on le peut être, se fût donnée en mariage au vieux sire de Roc-Huant, bossu, bancal, obèse, partout fluant en lourde graisse..." (mendes04.htm)
(03.03), D'UNE DAME QUI FUT ÉTROITEMENT CLOSE PAR LA JALOUSIE DE SON ÉPOUX PUIS PAR CELLE DE SON AMANT SE VIT MIEUX CLOSE ENCORE MAIS SI ELLE FUT MARRIE DE LA PREMIÈRE CLÔTURE ELLE EUT BIEN À SE LOUER DE LA SECONDE (1893) par Catulle Mendès (1841-1909) : "Je pense qu'aucune joie - non, pas même la mienne, le soir, ô ma petite mie, où pour la première fois tu troussas si utilement ta jupe afin d'épargner à mes doigts, occupés en ton corsage, un soin qui les eût détournés d'une caresse dont tu soupirais sans t'en plaindre ! - je pense, dis-je, que jamais aucune joie ne fut comparable à celle dont fit montre le jeune vicomte Apollon de Bois-Gaillard lorsque la nouvelle lui fut donnée que le sire de Puysaurin venait de partir pour la Palestine, le heaume en tête et la croix entre les deux mamelles ; car c'était le temps où les barons de la chrétienté française allaient volontiers en Terre Sainte gagner la gale et le paradis..." (mendes03.htm)
(02.03), CALINETTE (1890) par Jacques Normand (1848-1931) : "Dix à douze ans, pâle, chétive, avec des yeux vifs, - une fleur étiolée de Paris, - elle aidait sa grand-mère à vendre de menus articles de fumeur gare Saint-Lazare, dans la salle des premières, à côté de la boutique, des journaux. Je l'avais souvent remarquée, l'été dernier ; plus d'une fois même, avant le départ du train, j'avais fait un bout de causette avec les deux femmes. J'avais appris qu'elles étaient pauvres, très pauvres ; que l'enfant orpheline de bonne heure, avait été élevée par la vieille, qui l'adorait. Je savais aussi qu'on l'appelait Câlinette, - un nom doux comme elle, fait de grâces et de caresses. L'autre jour, étant de villégiature, je passai par la salle d'attente. J'aperçus la grand'maman seule, tout de noir vêtue..." (calinete.htm)
(01.03), L'HISTOIRE DE LA BELLE HÉLAINE DE CONSTANTINOPLE, MÈRE DE SAINT MARTIN DE TOURS EN TOURAINE ET DE SAINT-BRICE : "La reine Elisabeth étant accouchée d'une fille, on l'a baptisa et elle fut nommée Hélaine. Quand elle eut quinze ans, sa mère mourut, et son père étant resté veuf pendant quelque temps, eut la volonté de se marier : mais ne trouvant pas de parti égal en beauté à sa défunte femme, que sa fille, il résolut de l'épouser. Un jour il fut la trouver dans sa chambre et lui déclara sa passion. Hélaine bien surprise d'une telle affaire, lui représenta qu'il trouverait bien une autre femme, sans songer à vouloir ternir son propre sang, lui déclarant qu'elle mourrait plutôt que de commettre un si grand crime..."(helaine.htm)
(12.02), LE DOME DES INVALIDES (1832) par Honoré de Balzac (1799-1850) : "Ce fut par une belle journée du mois de juin, entre quatre et cinq heures, que je quittai la cellule de la rue du Bac où mon honorable et studieux ami, le baron de Werther, m'avait donné le déjeuner le plus délicat dont il puisse être fait mention dans les chastes et sobres annales de mon estomac ; car l'estomac a sa littérature, sa mémoire, son éducation, son éloquence ; l'estomac est un homme dans l'homme ; et jamais je n'éprouvai si curieusement l'influence exercée par cet organe sur mon économie mentale..." (ledome.htm)
(12.02), L'EXILEE (1832) par François Coppée (1842-1908) : "Enfant blonde aux doux yeux, ô rose de Norvége,| Qu'un jour j'ai rencontrée aux bords du bleu Léman,| Cygne pur émigré de ton climat de neige !..." (exilee.htm)
(11.02), LE ROI DES ECREHOU (1884) par Charles de Frémine (1841-1906) : "Je les guettais depuis longtemps - mettant leur déchirure d'écueils, à moitié route, entre la plage de Carteret et l'île normande de Jersey. Tantôt haussés sur la mer, tantôt au ras des vagues noirs ou bleus, rapprochés ou lointains, au jeu du temps et des marées, ils me tentaient depuis mon enfance, depuis ces jours d'été où je grimpais, pour mieux les voir, sur le mur du jardin de la mère Vigot, tout fleuri de criste-marines..." (fremin01.htm)
(10.02), LE MESSAGE (1832) par Honoré de Balzac (1799-1850) : "J'ai toujours eu le désir de raconter une histoire simple et vraie, au récit de laquelle un jeune homme et sa maîtresse fussent saisis de frayeur et se réfugiassent au coeur l'un de l'autre, comme deux enfants qui se serrent en rencontrant un serpent sur le bord d'un bois. Au risque de diminuer l'intérêt de ma narration ou de passer pour un fat, je commence par vous annoncer le but de mon récit..." (message.htm)
(09.02), LE PORTRAIT DU LOUVRE par Eugène Melchior de Vogüé (1848-1910) : "La chose remonte à une époque assez récente. Il était depuis quelques années conservateur adjoint au Musée du Louvre, à la section de peinture ancienne. La protection d'un parent éloigné lui avait fait obtenir cette place. Comme il s'y montrait exact, effacé, ne cherchant pas à se grandir, on l'épargnait dans les remaniements du personnel. Il vivait seul et de peu. On ne lui connaissait ni proches ni amis. Il sortait d'une assez chétive maison de la Savoie, de petits gentilshommes d'origine toscane, dans la montagne de Maurienne..." (devogue.htm)
(07-08.02), TROIS LETTRES PARISIENNES DE LA CLOCHE (1872) par Emile Zola (1840-1902) : "Il se produit parfois d’étranges détraquements dans une cervelle. La fêlure n’est point brusque ; elle s’étend peu à peu, compromet le crâne entier ; ainsi voilà M. Dumas fils qui, d’écrivain, est passé moraliste, et qui de moraliste passe aujourd’hui prophète. L’illuminisme est au bout de sa voie. Il mourra dans les extases de Swedenborg..." (zola05.htm)
(06.02), ORIGINE DU POMMIER (1868) lettre d'Alexandre Dumas père (1802-1870) à Jules Oudin, Directeur de la Société d'horticulture du centre de la Normandie : " Cher monsieur Jules, | Je vais répondre d'abord sur ce que je sais certainement, moins bien que vous, sur la pomme, le pommier, le poirier, l'origine du cidre et son invasion en Europe. | Devons-nous mettre la pomme avant le pommier, ou le pommier avant la pomme ? Le pommier est-il poussé d'un pépin jeté dans l'espace et venant d'une pomme par conséquent, ou la pomme a-t-elle poussé d'abord sur un pommier créé en même temps que la création ? | C'est la question de la poule et de l'oeuf ; la poule vient-elle de l'oeuf, ou l'oeuf vient-il de la poule ?.. "(dumaspom.htm).
(05.02), A PROPOS DE VICTOR HUGO quatre articles de Jules Tellier (1863-1889) : "Donc, la Patrie, reconnaissante aux grands hommes, a élevé en leur honneur un monument d’un style contestable, et les a enfermés dans ses caveaux. Il y dorment, rangés au fond des cryptes froides. On les visite en s’éclairant d’une chandelle. O l’ingénieuse idée, d’enfouir le plus bas ceux qui ont le plus haut plané, et de dérober au jour ceux qui devraient être exposés sans cesse aux yeux des hommes ! Mais, puisque enfin on les a mis là, il est bon de les y aller voir de temps en temps, par piété, et pour distraire leur solitude. Et puis, il y a parmi eux quelqu’un de très grand qu’on oublie un peu, et dont j’aime à me souvenir…"(hugo01.htm).
(04.02), PREFACES DIVERSES A DES LIVRES OUBLIES (1870-1896) par Emile Zola (1840-1902) : "M. Adolphe Belot vient de publier un livre : Mademoiselle Giraud, ma femme, qui a réussi à forcer l’attention du public, par ces jours d’émotion politique. Ce roman s’est vendu à trente mille exemplaires, paraît-il. Depuis plus d’un an, c’est le seul volume qui ait arraché une foule de lecteurs à ce flot montant de journaux qui menacent de tuer la librairie. Un pareil phénomène est bon à étudier. Je viens de lire l’œuvre de M. Belot et je connais maintenant les causes de son succès. La foule a cru trouver la pâture à ses curiosités malsaines. Ce qu’elle cherche dans les indiscrétions d’alcôves de certaines feuilles, elle l’a arraché dans le livre grave et vengeur du romancier. Et, pendant qu’elle dévorait ces pages si saines et si fortes qu’elle tentait vainement de salir par ses appétits de scandale, elle allait déclarer tout haut que cette œuvre était une honte, feignant de ne pouvoir même en prononcer le titre devant les femmes, accusant presque l’auteur d’avoir spéculé sur les goûts honteux de l’époque..." (zola04.htm).
(03.02), GEORGE ET NONOTTE (1883) par Catulle Mendès (1841-1909) : "Prendra ! Prendra pas ! dit Nonotte avec un gros rire fait exprès, qui lui secoua la gorge dans son corsage de soie noire, éraflée, pisseuse, sous les jambes d’un maillot de carnaval qu’elle s’était noué autour du cou en guise de cache-nez. Depuis un moment, à croppetons sur le carrelage dérougi, elle essayait de faire flamber, en promenant dessus des allumettes vite éteintes, un seul morceau de planche, arraché de quelque armoire, où il y avait des clous tordus... " (mendes02.htm).
(02.02), LE MANGEUR DE RÊVE (1883) par Catulle Mendès (1841-1909) : "Une exception ? Non pas. Ils sont nombreux déjà, et seront bientôt innombrables si l’histoire que je vais raconter, – que je dois raconter, – ne galvanise pas, par l’épouvante et l’horreur, le ressort de leur vie énervée, ne fait pas se redresser leur volonté gisante..." (mendes01.htm).
(01.02), LA MARCHANDE DE JOURNAUX conte parisien (1880) par François Coppée (1842-1908) : "– Demandez les journaux du soir, … la Liberté,.. La France,.. | A cet appel sans cesse répété | Par la vieille marchande à la voix âpre et claire, | Je faisais halte au coin du faubourg populaire | Dont les vitres flambaient dans le soleil couchant, | Et prenais un journal pour le lire en marchant. | Ce n’est pas que je sois ardent en politique ; | Les révolutions rendent un peu sceptique ; | Mais, par vieille habitude et besoin machinal, | Je parcours volontiers tous les soirs, un journal, | Pour savoir si l’on va changer ou non de maître, | Comme avant de sortir on voit le baromètre..." (coppee01.htm).
(12.01), LA FILLE DU SERPENT par Jean Bertot : "- Et depuis quand, dites-moi, les serpents ont-ils des filles? - Mais ils en ont toujours eu, chère madame, ou du moins, ils ont toujours eu le droit d'en avoir. D'ailleurs, soyez sans crainte, les serpents n'auront bientôt plus ni filles ni garçons, car il n'y aura plus de serpents. La race disparaît. - Je vous comprends de moins de moins. - Cela se voit. Vous me comprendrez mieux dans un instant..." (bertot01.htm).
(11.01), LA BAGUE DU CAPITAINE par Anatole Le Braz (1859-1926) : "Il y a quelque cinquante ans, un navire étranger fit naufrage sur la côte de Buguélès, en Penvénan. On recueillit une dizaine de cadavres. Comme on ignorait s'ils étaient chrétiens, on les enterra dans le sable, à l'endroit où on les avait trouvés. Parmi eux, était le corps d'un grand et beau jeune homme, plus richement vêtu que ses compagnons, et que, pour cette raison, l'on jugea être le capitaine. A l'annulaire de la main gauche, il portait une grosse bague en or sur laquelle étaient gravées des lettres d'une écriture inconnue..." (lebraz01.htm).
(10.01), NOS ENFANTS par Anatole France (1844-1924) : "Fanchon s'en est allée de bon matin, comme le petit Chaperon rouge, chez sa mère-grand, qui demeure tout au bout du village. Mais Fanchon n'a pas, comme le petit Chaperon rouge, cueilli des noisettes dans le bois. Elle est allée tout droit son chemin et elle n'a pas rencontré le loup..." (noenfans.htm) et FILLES ET GARÇONS : "Germaine est malade. On ne sait pas comment cela est venu. Le bras qui sème la fièvre est invisible comme la main, pleine de sable, du vieillard qui vient, chaque soir, verser le sommeil dans les yeux des enfants. Mais Germaine n'est pas restée longtemps malade et elle n'a pas beaucoup souffert, et voici qu'elle est convalescente. La convalescence est plus douce encore que la santé qu'elle précède. C'est ainsi que l'espérance et le désir sont meilleurs, bien souvent, que tout ce qu'on désire et que tout ce qu'on espère..." (fillgars.htm).
(09.01), LE SABRE ENCHANTE DE VA-DE-BON-COEUR par Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871) : "J'étais de garde, cette nuit là ; il pleuvait à verse, et, à demi couché dans le fauteuil à bascule que le gouvernement accorde à l'officier de service, je sommeillais à moitié, entendant vaguement causer les hommes du poste par la porte entr'ouverte qui communiquait avec le corps de garde. De grands éclats de rire achevèrent de me réveiller ; le tambour racontait l'histoire du sergent Va-de-bon-Coeur. Pour lors, disait le tambour, voilà Va-de-bon-Coeur en plein licenciement. L'armée de la Loire était dissoute, et l'on renvoyait chacun dans ses foilliers respectifs..." (vadebonc.htm).
(07-08.01), UNE MESSE EN 1793 par Honoré de Balzac (1799-1850) : "Le 22 janvier 1793, vers huit heures du soir, une vieille dame descendait, à Paris, la montée qui finit devant l'église Saint Laurent, dans le faubourg Saint-Martin. Il avait tant neigé pendant toute la journée, que les pas s'entendaient à peine. Les rues étaient désertes. La crainte assez naturelle qu'inspirait le silence s'augmentait de toute la terreur qui faisait alors gémir la France ; aussi la vieille dame n'avait-elle encore rencontré personne ; sa vue, d'ailleurs affaiblie depuis longtemps, ne lui permettait pas d'apercevoir dans le lointain, à la lueur des lanternes, quelques passants clair-semés comme des ombres dans l'immense voie de ce faubourg. Elle allait courageusement seule à travers cette solitude, comme si son âge était un talisman qui dût la préserver de tout malheur..." (unemesse.htm)
(07-08.01), LE CALICE DE MME DE TRIGONEC, LES DELICES DE L'ESPRIT-SAINT ET LA BASSINOIRE et LE NECESSAIRE ET LE SUPERFLU (1881) par Marc de Montifaud (1849-1912) (lecalice.htm, delices.htm, necesser.htm)
(07-08.01), LE MUET, AVEUGLE, SOURD ET MANCHOT et LE MAUVAIS EXEMPLE deux parades de Thomas-Simon Gueullette (1683-1766) (lemuet.htm, movexemp.htm)
(06.01), MADEMOISELLE DE ROAN par Pitre-Chevalier (1812-1863) : "Vers la fin du mois de février 1805, j'étais au bal chez des royalistes de Nantes, ralliés à la gloire de l'empire. L'amphitryon lui-même tenait par sa famille à l'aristocratie bretonne, et plusieurs anciens chefs de chouans, revenus de leurs héroïques illusions, s'étaient donné rendez-vous chez lui avec leurs femmes et leurs filles. L'assemblée n'était pas moins brillante que nombreuse, et le reflet de la prospérité générale animait les fronts les plus sévères. Dans ce temps-là, on fraternisait encore en France, sous le prestige heureux des victoires nationales, et les partis les plus extrêmes se donnaient volontiers la main pour danser, comme on disait alors, à l'ombre des lauriers..." (mlleroan.htm)
(06.01), LE SPHINX par Jules Lacroix (1809-1887) : "Cette jeune fille est un ange ! pensait Jules Darel en baisant une lettre qu'il tenait et relisait depuis une heure ; quel style ! quel mélange d'amour et d'innocence !... comme sa belle âme reluit à chaque ligne !... Non, il est impossible que je ne sois pas heureux avec une si charmante créature ! Puis il portait encore à ses lèvres la feuille toute mouillée de baisers, et la serrait contre son coeur..." (lesphinx.htm)
(05.01), COMBAT DE NAVARIN par Eugène Sue (1804-1857) : "Par une jolie brise de sud-est, les escadres alliées croisaient devant la baie de Navarin. Tantôt on découvrait des maisons blanches, des palmiers, des terrasses ; tantôt les hauts rochers de l'île Sphactérie dérobaient à tous les yeux l'entrée du bassin où la flotte turco-égyptienne était alors mouillée ; car on voyait par instant ses mille mâts se dresser au-dessus des montagnes avec leurs pavillons rouges et leurs signaux de toutes couleurs. Les Anglais occupaient la droite de la ligne, les Français le centre, les Russes la gauche..." (navarin.htm)
(04.01), QUI EST-ELLE ? par Louise Colet (1808-1876) : "Je n'aime pas les jours de bal, les grands salons où l'on s'entasse, où la danse devient une lutte, où les fraîches toilettes se froissent, se déchirent et se fanent en un moment ; où les femmes se décolorent ou se colorent si vivement qu'on dirait que quelque fièvre subite a porté tout leur sang à leurs joues. Là, l'esprit et la beauté sont impossibles ; c'est un sauve-qui-peut général dans une athmosphère étouffante..." (quiestel.htm).
(03.01), LEANDRE, FIACRE parade de Thomas-Simon Gueullette (1683-1766) : "LEANDRE. : QUOI ! charmante z'Isabelle, j'apprens que vous allez t'épouser Monsieur Cassandre. Où est la foi que vous m'avez promise ? Où est l'amour, où est le bien que vous me portiez ? | ISABELLE. : Taisez-vous donc, mon cher Liandre, si vous ne voulez t'empêcher mon établissement ; car enfin je vous aime plus que lui, mais il a plus de moyen que vous. | LEANDRE. : Mamselle, tout cela z'est bel et bon, mais enfin il vaut mieux faire plaisir d'un pied à une honnête personne, que d'un doigt à un sot et à un vieux comme il est. | ISABELLE. : Mais vraiment, mon cher Liandre, je sens bien ce qu'en vaut l'aune. Aussi ce n'est point la badinerie qui me fait prendre le parti, c'est l'envie d'avoir de quoi, je compte bien toujours vous voir..." (leandre.htm).
(02.01), HISTOIRE D'UN SABRE DE PAIN D'EPICE (1843) par Marco de Saint-Hilaire (1796-1887) : "Au mois de juillet 1813, l'Autriche s'étant décidément déclarée contre nous, les négociations du congrès de Prague furent brusquement rompues, et l'armistice de Dresde dénoncé le 10 août suivant. La bataille de Dresde, livrée les 27 et 28 du même mois, ne fut que la conséquence de ces deux événements. Cette bataille est certainement une de celles où le génie de Napoléon brilla du plus vif éclat (nous la raconterons un jour) ; elle devait avoir les immenses résultats qu'il s'en était promis ; mais la fortune, qui commençait à nous abandonner, en décida autrement..." (sabrpain.htm).
(01.01), LE COCHER DU MARECHAL C... (1843) par Frédéric Soulié (1800-1847) : "Voici une histoire qui m'a été racontée comme je vais vous la dire, et elle est arrivée comme elle m'a été racontée. Ce n'est point une invention destinée à vous montrer comment une faute suffit à perdre souvent la vie d'un homme ; c'est un fait réel au récit duquel nous ne donnerons pas ses véritables noms, parce qu'ils révéleraient les secrets d'une famille qui tient un rang illustre dans un des principaux états de l'Allemagne..." (lecocher.htm).
(12.00), LES DEUX AMIS DE BOURBONNE (1770) par Denis Diderot (1713-1784) : IL y avait ici deux hommes, qu'on pourrait appeler les Oreste et Pylade de Bourbonne. L'un se nommait Olivier, et l'autre Félix ; ils étaient nés le même jour, dans la même maison, et des deux soeurs. Ils avaient été nourris du même lait ; car l'une des mères étant morte en couche, l'autre se chargea des deux enfants. Ils avaient été élevés ensemble ; ils étaient toujours séparés des autres : ils s'aimaient comme on existe, comme on vit, sans s'en douter ; ils le sentaient à tout moment, et ils ne se l'étaient peut-être jamais dit. Olivier avait une fois sauvé la vie à Félix, qui se piquait d'être grand nageur, et qui avait failli de se noyer ; ils ne s'en souvenaient ni l'un ni l'autre. Cent fois Félix avait tiré Olivier des aventures fâcheuses où son caractère impétueux l'avait engagé, et jamais celui-ci n'avait songé à l'en remercier : ils s'en retournaient ensemble à la maison, sans se parler, ou en parlant d'autre chose... (didero01.htm).
(11.00), LA DEMANDE (1890) par Jules Renard (1864-1910) : Dans la grande cour de la Gouille, Mme Repin lançait à sa volaille des poignées de grains. Ils s'envolaient régulièrement de la corbeille, suivant le rythme du geste, et s'éparpillaient en grésillant sur le sol dur. La fine musique d'un trousseau de clefs entrechoquées montait de l'une des poches du tablier. En faisant des lèvres : « Cht ! cht ! » et même à grands coups de pieds, Mme Repin écartait les dindes voraces. Leurs crêtes bleuissaient de colère, et leurs demi-roues rayonnaient aussitôt avec une sorte de détonation et brusque développement d'un éventail qui s'ouvre entre les doigts d'une dame nerveuse... (lademand.htm).
(10.00),CHANTS REVOLUTIONNAIRES (1887) par Eugène Pottier (1816-1887) : "Décharné, de haillons vêtu, | Fou de fièvre, au coin d'un impasse,| Jean Misère s'est abattu. | «Douleur, dit-il, n'es-tu pas lasse ?» | Ah ! mais... | Ça ne finira donc jamais ?... | Pas un astre et pas un ami ! | La place est déserte et perdue.| S'il faisait sec, j'aurais dormi, | Il pleut de la neige fondue. | Ah ! mais...| Ça ne finira donc jamais ?... | Est-ce la fin, mon vieux pavé ? | Tu vois : ni gîte, ni pitance, | Ah ! la poche au fiel a crevé ;| Je voudrais vomir l'existence.| Ah ! mais...| Ça ne finira donc jamais ?..." (epottier.htm).
(09.00), LE PLAT D'ORONGES et ROSINE, deux Contes de la forêt (1888) d'André Theuriet (1833-1907) : "Après avoir chassé toute l'après-midi avec Jacobus dans les brandes de Sainte-Julitte, en Poitou, nous rentrions à Étableaux. Comme j'étais revenu bredouille, je trouvai des oronges dans la châtaigneraie du Châtellier et j'en remplis mon carnier vide. «Es-tu sûr, au moins, de tes champignons ? me demanda soupçonneux Jacobus. - Parfaitement. - C'est qu'il court dans ce pays-ci, à propos d'oronges, une histoire tragique qui me rend singulièrement méfiant à l'endroit de ces cryptogames. Tu as connu Mme de Savigné ?..." (oronges.htm ; rosine.htm).
(07-08.00), LE RIFLARD MYSTERIEUX par Aurélien Scholl (1833-1902) : "Pour ne pas croire aux histoires merveilleuses, on n'en éprouve pas moins un certain attrait à en écouter parfois le récit. Il est des esprits sérieux qui prennent plaisir à jouer une féerie.Un ingénieur civil que quelques amis attendaient à dîner, dans un cabinet d'un restaurant de la rue Royale, arriva un soir très en retard. Sa figure exprimait une satisfaction qui ne lui était pas ordinaire.- Je vous prie de m'excuser, dit-il en entrant. Vous avez bien fait de vous mettre à table et je vais essayer de vous rattraper. Tout à l'heure, vous saurez pourquoi je vous ai fait attendre..." (riflard.htm).
(06.00), LE RÉQUISITIONNAIRE (1831) par Honoré de Balzac (1799-1850) : "Par un soir du mois de novembre 1793, les principaux personnages de Carentan se trouvaient dans le salon de madame de Dey, chez laquelle l'assemblée se tenait tous les jours. Quelques circonstances qui n'eussent point attiré l'attention d'une grande ville, mais qui devaient fortement en préoccuper une petite, prêtaient à ce rendez-vous habituel un intérêt inaccoutumé. La surveille, madame de Dey avait fermé sa porte à sa société, qu'elle s'était encore dispensée de recevoir la veille, en prétextant d'une indisposition. En temps ordinaire, ces deux événements eussent fait à Carentan le même effet que produit à Paris un relâche à tous les théâtres. Ces jours-là, l'existence est en quelque sorte incomplète. Mais, en 1793, la conduite de madame de Dey pouvait avoir les plus funestes résultats. La moindre démarche hasardée devenait alors presque toujours pour les nobles une question de vie ou de mort. Pour bien comprendre la curiosité vive et les étroites finesses qui animèrent pendant cette soirée les physionomies normandes de tous ces personnages, mais surtout pour partager les perplexités secrètes de madame de Dey, il est nécessaire d'expliquer le rôle qu'elle jouait à Carentan. La position critique dans laquelle elle se trouvait en ce moment ayant été sans doute celle de bien des gens pendant la Révolution, les sympathies de plus d'un lecteur achèveront de colorer ce récit..." (requisit.htm).
(05.00), LA VEILLÉE DE L'HUISSIER (1885) par Edmond Picard (1836-1924) : "Bastien Michiels, huissier, il y a quelque vingt ans, à la Cour d'appel de Bruxelles, y domicilié, patenté et immatriculé, souffrait d'une gastrite chronique. A cause d'elle il se réveillait la bouche pâteuse et navré d'une tristesse plombante. A cause d'elle il mouvait péniblement ses jambes allourdies quand, vers dix heures, il se rendait au Palais, alors rue de Ruysbroeck, dans l'ancien couvent des Jésuites, affublé, pour passer à l'état de monument public, d'un péristyle grec copié sur celui de Ste-Marie-la-Ronde à Rome. A cause d'elle il s'endormait pendant l'audience à la petite table sur laquelle il griffonnait ses exploits. Et, par male chance, il ronflait : il avait (date néfaste !) ponctué une plaidoirie d'un long raclement d'archet sur la quatrième corde d'une contre-basse. A ce bruit étrange, un vieux conseiller, se penchant vers son voisin, avait dit : «Heureusement que ça ne sent pas !» et l'avocat interrompu s'était écrié, goguenard et emphatique : «Voilà l'effet de mon éloquence !» Michiels sursauta au milieu des éclats de rire..." (veillee.htm).
(04.00), LA GRÈVE DES FORGERONS (1869) par François Coppée (1842-1908) : "Mon histoire, messieurs les juges, sera brève. | Voilà . Les forgerons s'étaient tous mis en grève. | C'était leur droit. L'hiver était très dur ; enfin, | Cette fois, le faubourg était las d'avoir faim. | Le samedi, le soir du payement de semaine, | On me prend doucement par le bras, on m'emmène | Au cabaret ; et, là, les plus vieux compagnons | - J'ai déjà refusé de vous livrer leurs noms - | Me disent : " Père Jean, nous manquons de courage ; | Qu'on augmente la paye, ou sinon plus d'ouvrage ! | On nous exploite, et c'est notre unique moyen. | Donc, nous vous choisissons, comme étant le doyen, | Pour aller prévenir le patron, sans colère, | Que, s'il n'augmente pas notre pauvre salaire, | Dès demain, tous les jours sont autant de lundis. | Père Jean, êtes-vous notre homme? " Moi je dis : | " Je veux bien, puisque c'est utile aux camarades. " | Mon président, je n'ai pas fait de barricades ;..." (forgeron.htm).
(03.00), LA PERLE NOIRE (1868) par Victorien Sardou (1831-1908) : "QUAND il pleut à Amsterdam, il pleut bien, et quand le tonnerre s'en mêle, il tonne bien ; - c'est la réflexion que faisait, un soir d'été, à la nuit, mon ami Balthazar Van der Lys, en courant le long de l'Amstel pour regagner son logis avant l'orage. Malheureusement le vent du Zuyderzée courait plus vite que lui. Une épouvantable rafale s'abattit tout à coup sur le quai, secouant les volets, brisant les enseignes, tordant les girouettes ; et une certaine quantité de pots de fleurs, de tuiles, d'espions et de serviettes détachés des toits ou des fenêtres, s'en allèrent pêle-mêle dans le canal, suivis du chapeau de Balthazar, qui eut toutes les peines du monde à ne pas suivre son chapeau. - Après quoi le tonnerre éclata ; après quoi les nuages crevèrent ; - après quoi Balthazar fut mouillé jusqu'aux os et se mit à courir de plus belle..." (perlnoir.htm).
(02.00), LA COMTESSE DE TENDE (1664) par Madame de La Fayette (1634-1693) : "Mademoiselle de Strozzi, fille du maréchal, et proche parente de Catherine de Médicis, épousa, la première année de la régence de cette reine, le comte de Tende, de la maison de Savoie, riche, bien fait, le seigneur de la cour qui vivoit avec le plus d'éclat, et plus propre à se faire estimer qu'à plaire. Sa femme néanmoins l'aima d'abord avec passion ; elle étoit fort jeune ; il ne la regarda que comme un enfant, et il fût bientôt amoureux d'une autre. La comtesse de Tende, vive, et de race italienne, devint jalouse ; elle ne se donnoit point de repos ; elle n'en laissoit point à son mari ; il évita sa présence, et ne vécut plus avec elle comme l'on vit avec sa femme..." (comtesse.htm).
(01.00), LE JEUNE ENCHANTEUR (1846), traduction-adaptation d'un texte original de George Croly (1780-1860) par Charles Baudelaire (1821-1867) et LA FANFARLO (1847) : "Samuel Cramer, qui signa autrefois du nom de Manuela de Monteverde quelques folies romantiques, - dans le bon temps du Romantisme, - est le produit contradictoire d'un blême Allemand et d'une brune Chilienne. Ajoutez à cette double origine une éducation française et une civilisation littéraire, vous serez moins surpris, - sinon satisfait et édifié, - des complications bizarres de ce caractère. Samuel a le front pur et noble, les yeux brillants comme des gouttes de café, le nez taquin et railleur, les lèvres impudentes et sensuelles, le menton carré et despote, la chevelure prétentieusement raphaélesque. - C'est à la fois un grand fainéant, un ambitieux triste, et un illustre malheureux ; car il n'a guère eu dans sa vie que des moitiés d'idées..." (lejeune.htm ; fanfarlo.htm).
(12.99), UNE FEMME EST UN DIABLE et LE CIEL ET L'ENFER, deux tragi-comédies extraites du Théâtre de Clara Gazul (1825) de Prosper Mérimée (1803-1870) : "Mesdames et messieurs. L'auteur de la comédie que vous allez juger a pris la liberté de sortir de la route battue. Il a mis en scène, pour la première fois, certains personnages que nos nourrices et nos bonnes nous apprennent à révérer. Bien des gens pourront être scandalisés de cette audace, qu'ils appelleront sacrilège ; mais traduire sur le théâtre les ministres cruels d'un Dieu de clémence, ce n'est pas attaquer notre sainte religion. Les fautes de ses interprètes ne peuvent pas plus altérer son éclat, qu'une goutte d'encre le cristal du Guadalquivir. Les Espagnols émancipés ont appris à distinguer la vraie dévotion de l'hypocrisie. C'est eux que l'auteur prend pour juges, sûr qu'ils ne verront qu'une plaisenterie là où le bon Torquemada aurait vu la matière d'un auto-da-fé, avec force san-benitos..." (femdiabl.htm ; cielenfr.htm)
(11.99), LES CHEVALIERS : roman héroïque (1779) de Benjamin Constant (1767-1830) : "Je chante les chevaliers et les dames qui illustrerent la cour du vertueux Pepin. on y voyoit le brave Palidore, le vaillant Oristal, le courtois cilinx, le Brave Rommador le terrible Odoric, Almont et mille autres chevaliers l'honneur de leur race et de leur siecle. Tout etoit tranquille quand Pepin las de voir languir la valeur de ses chevaliers fit inviter toutes les nations qui habitent la terre, a un tournois qu'il avoit resolu de donner..." (chevalie.htm)
(10.99), LES CONFESSIONS DE SYLVIUS : la bohème amoureuse (1857) de Champfleury (1821-1889) : "Tony, toi qui connais le coeur féminin pour en avoir souvent disséqué, réponds-moi vitement sur les matières que je soumets à ton jugement de carabin. Voici ce qui arrive. Théodore est venu me chercher à midi. Il veut que je descende la montagne avec lui, sa maîtresse et une autre grisette. - Tu verrais Clémence, m'a-t-il dit, c'est une brave personne. Son amant l'a quittée. Elle désire te connaître ; allons, ne te fais pas prier.Je ne sais pourquoi Clémence m'attire, je l'ai à peine entr'aperçue chez Théodore ; elle n'a rien d'agréable, ni beauté, ni taille, mais elle rit et m'a paru un peu plus spirituelle que le commun des grisettes. - Nous partons. - J'ai mis ce jour-là mon habit de velours neuf, mon pantalon de velours, un costume qui effraye les bourgeoises de L***..." (confes01.htm)
(09.99), LA PIPE CASSEE, poème épi-tragi-poissardi-héroïcomique (1758) de Jean-Joseph Vadé (1719-1757) : "Je me suis beaucoup amusé en composant ce petit Ouvrage, puisé dans la Nature ; mes amis l'ont plusieurs fois entendu avec plaisir. Nombre de gens de distinction, de goût, et de Lettres, s'en sont extrêmement divertis ; et sur les assurances qu'ils m'ont données que le Public s'en amuseroit aussi, je me hasarde de le lui donner. Il faut pour l'agrément du débit avoir l'attention de parler d'un ton enroué lorsque l'on contrefait la voix des Acteurs ; celle des Actrices doit être imitée par une inflexion poissarde et traînante à la fin de chaque phrase. L'un et l'autre sont indiqués par les marques suivantes ou guillemets (")..." (pipcasse.htm)
(08.99), UNE PASSION DANS LE DESERT (1830) d'Honoré de Balzac (1799-1850) : "Ce spectacle est effrayant ! s'écria-t-elle en sortant de la ménagerie de M. Martin. Elle venait de contempler ce hardi spéculateur travaillant avec son hyène, pour parler en style d'affiche. - Par quels moyens, dit-elle en continuant, peut-il avoir apprivoisé ses animaux au point d'être assez certain de leur affection pour ... ? - Ce fait, qui vous semble un problème, répondis-je en l'interrompant, est cependant une chose naturelle. - Oh ! s'écria-t-elle en laissant errer sur ses lèvres un sourire d'incrédulité. - Vous croyez donc les bêtes entièrement dépourvues de passions ? lui demandai-je ; apprenez que nous pouvons leur donner tous les vices dus à notre état de civilisation..." (passion.htm)
(07.99), [texte retiré].
(06.99), [texte retiré].
(05.99), MON COEUR MIS A NU, JOURNAL INTIME (1887) de Charles Baudelaire (1821-1867) : "De la vaporisation et de la centralisation du Moi. Tout est là. D'une certaine jouissance sensuelle dans la société des extravagants. (Je pense commencer Mon coeur mis à nu n'importe où, n'importe comment, et le continuer au jour le jour, suivant l'inspiration du jour et de la circonstance, pourvu que l'inspiration soit vive)..." (coeuranu.htm)
(04.99), LE DEJEUNER DE LA RAPEE OU DISCOURS DES HALLES ET DES PORTS (1748) de M. de Lécluse (1711-1792) : "Le dernier jour de Carnaval, | A trois heures je fus au Bal, | En équipage de Poissarde, | Là, contrefaisant la Mignarde, | Dans une Loge à l'Opéra, | Un Abbé de moi s'approcha : | Parbleu, dit-il, Dame Françoise, | Votre Corset de Siamoise, | Sur mon honneur est fait au tour : | Ce petit chef-d'oeuvre du jour, | Renferme une gorge bien dure..." (dejeune.htm)
(03.99), IL VICCOLO DI MADAMA LUCREZIA (1873) de Prosper Mérimée (1803-1870) : "J'avais vingt-trois ans quand je partis pour Rome. Mon père me donna une douzaine de lettres de recommandation, dont une seule, qui n'avait pas moins de quatre pages, était cachetée. Il y avait sur l'adresse : «A la marquise Aldobrandi».- Tu m'écriras, me dit mon père, si la marquise est encore belle. Or, depuis mon enfance, je voyais dans son cabinet, suspendu à la cheminée, le portrait en miniature d'une fort jolie femme, la tête poudrée et couronnée de lierre, avec une peau de tigre sur l'épaule. Sur le fond, on lisait : Roma 18... Le costume me paraissant singulier, il m'était arrivé bien des fois de demander quelle était cette dame. On me répondait : - C'est une bacchante..." (ilvicolo.htm)
(02.99), LE MASQUE PROPHETE ET AUTRES ECRITS DE JEUNESSE de Napoléon Bonaparte (1769-1821) : "L'AN 160 de l'hégire, Mikadi régnait à Bagdad ; ce prince, grand, généreux, éclairé, magnanime, voyait prospérer l'empire arabe dans le sein de la paix. Craint et respecté de ses voisins, il s'occupait à faire fleurir les sciences et en accélérait les progrès, lorsque la tranquillité fut troublée par Hakem, qui, du fond du Korassan, commençait à se faire des sectateurs dans toutes les parties de l'empire. Hakem, d'une haute stature, d'une éloquence mâle et emportée, se disait l'envoyé de Dieu ; il prêchait une morale pure qui plaisait à la multitude ; l'égalité des rangs, des fortunes, était le texte ordinaire de ses sermons. Le peuple se rangeait sous ses enseignes. Hakem eut une armée..." (bonapart.htm)
(01.99), [texte retiré].
(12.98), [texte retiré].
(11.98), LA CONFIANCE DES COCUS de Thomas-Simon Gueullette (1683-1766) : "PARDIENNE, je suis tombé cheux un bon maître, ou plutôt cheux une bonne maîtresse ; car Mamselle z'Isabelle porte les culottes : il est vrai qu'elle n'en use pas pour une paire, mais que m'importe à moi ? Monsieur Cassandre, son bon homme de mari, z'est plus que content. Elle est généreuse, elle m'a donné avant hier une vieille écritoire, l'autre jour un vieux chauffe-pied pour mettre mes sabots, hier un peigne, et aujourd'hui six paires de ses vieux souliers, du pain d'épice, un sifflet de bouys, une cuillere de bois, et plus de trente chansons nouvelles du Pont-Neuf, et j'ai toujours ma soupe toute pleine de choux. Pardienne tout cela z'est bien joli, et pourquoi faire ?..." (cocus.htm)
(10.98), LE CENTAURE (1840) de Maurice de Guérin (1810-1839) : "J'ai reçu la naissance dans les antres de ces montagnes. Comme le fleuve de cette vallée dont les gouttes primitives coulent de quelque roche qui pleure dans une grotte profonde, le premier instant de ma vie tomba dans les ténèbres d'un séjour reculé et sans troubler son silence. Quand nos mères approchent de leur délivrance, elles s'écartent vers les cavernes, et dans le fond des plus sauvages, au plus épais de l'ombre, elles enfantent, sans élever une plainte, des fruits silencieux comme elles-mêmes..." (centaure.htm) mais aussi La Bacchante et Glaucus.
(09.98), LE PARNASSICULET CONTEMPORAIN (1872) : "L'éditeur du Parnassiculet contemporain, afin d'empêcher les curieux de trébucher et se casser le nez dans le corridor du Charentonneau où il les voit se précipiter avec un si louable empressement, croit de son devoir de placer à l'entrée un lampion qui en éclaire un peu les ténèbres, et d'expliquer par quelques lignes très-nettes les quelques pages, sans cela inintelligibles, qu'il publie aujourd'hui à ses risques et périls..." (parnacic.htm)
(08.98), UNE CHINOISE (1894) d'Aurélien Scholl (1833-1902) : "Ce n'était pas une Chinoise, mais une Annamite, - une pauvre Annamite de dix-sept ans, bien jaune et bien mince, échouée dans cette abominable maison après de navrantes aventures. À treize ans, servante dans une buvette à matelots de la rue Catinat, à Saïgon, elle avait consenti à suivre en Europe un mécanicien des Messageries Maritimes qui, las d'elle en rentrant à Marseille, l'expédiait bientôt sur Toulon où elle se plaçait dans une gargote de la rue du Canon. Là, elle faisait rencontre d'un bellâtre de la maistrance qui, après l'avoir gardée un an, entre deux campagnes, l'abandonnait avec un bébé de deux mois. Quelques semaines après le départ du père, l'enfant mourut..." (chinoise.htm).
(07.98), PRIX DE VERTU FONDES PAR M. DE MONTYON : discours prononcé par M. Nodier, directeur de l'Académie française, dans la séance du 11 Août 1836, sur les prix de vertu... : "Pour répandre les bons exemples, faire connaître les actions vertueuses et encourager à les imiter, l'Académie charge son secrétaire perpétuel de réunir les traits de vertu, de dévouement et d'humanité, qui ont donné lieu aux récompenses ci-dessus énoncées, et d'en faire un livret en tête duquel sera placé le discours que M. le Directeur actuel de l'Académie aura prononcé dans la séance publique du 11 Août 1836 ; le tout sera imprimé et tiré à huit mille exemplaires, dont un nombre considérable sera envoyé à MM. les préfets, avec invitation de les faire distribuer à MM. les sous-préfets et maires des communes de leur département..." (privertu.htm).
(06.98), LA DIVETTE, suivie de PETITE CORA (1896) de Jules Claretie (1840-1913) : "- Et moi aussi, j'ai chanté la chansonnette, Mademoiselle Marion Gervais, dit le général C... La chanteuse encore toute joyeuse du grand succès qu'elle venait de remporter dans ce salon mondain, fière des applaudissements de deux ambassadeurs que lui avait présentés la princesse, regarda le général en riant. «Comment, vous, général ? - Moi, Mademoiselle !» Ils étaient seuls dans le petit salon où la divette, avant de quitter l'hôtel de Louverchal, se reposait, ôtant ses gants, très longs, respirant un peu et voulant être seule, loin de la badauderie des compliments courants..." (divette.htm ; ptitcora.htm).
(05.98), BERTHE MORISOT (Madame Eugène Manet) : Exposition de son oeuvre du 5 mars au 21 mars 1896 chez Durand-Ruel, rue Laffitte et rue Le Peletier / avec portrait photogravé d'après Edouard Manet, préface par Stéphane Mallarmé.- Paris, [1896] : "Tant de clairs tableaux irisés, ici, exacts, primesautiers, eux peuvent attendre avec le sourire futur, consentiront que comme titre au livret qui les classe, un Nom, avant de se résoudre en leur qualité, pour lui-même prononcé ou le charme extraordinaire avec lequel il fut porté, évoque une figure de race, dans la vie et de personnelle élégance extrêmes. Paris la connut peu, si sienne, par lignée et invention dans la grâce, sauf à des rencontres comme celle-ci, fastes, les expositions ordinairement de Monet et Renoir, quelque part où serait un Degas, devant Puvis de Chavannes ou Whistler, plusieurs les hôtes du haut salon, le soir ; en la matinée, atelier très discret, dont les lambris Empire encastrèrent des toiles d'Edouard Manet..." (catalog.htm ; morisot.htm).
(04.98), L'HABIT VERT (1849) d'Emile Augier (1820-1889) et Alfred de Musset (1810-1857) : "Le théâtre représente une mansarde. - Porte au fond donnant sur un corridor. - Fenêtre à gauche. - Porte à droite. - Un devant de cheminée dans un coin à droite. - Un chevalet de peintre à droite. - Une petite table de noyer à gauche, devant la fenêtre. - Trois chaises de paille. - Au fond, à gauche, une armoire de noyer..." (habivert.htm).
(03.98), LETTRE A LA JEUNESSE (1897) : "- Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui courez en bandes par les rues, manifestant au nom de vos colères et de vos enthousiasmes, éprouvant l'impérieux besoin de jeter publiquement le cri de vos consciences indignées ?..." et LETTRE A LA FRANCE (1898) : "Dans les affreux jours de trouble moral que nous traversons, au moment où la conscience publique paraît s'obscurcir, c'est à toi que je m'adresse, France, à la nation, à la patrie !..." deux brochures d'Emile Zola (1840-1902) qui précèdent la publication du célèbre J'accuse. (letjeuns.htm ; letfranc.htm).
(02.98), DE LA MODE (1858) de Théophile Gautier (1811-1872) : "Pourquoi l'art du vêtement est-il abandonné tout entier au caprice des tailleurs et des couturières, dans une civilisation où l'habit est d'une grande importance, puisque, par suite des idées morales et du climat, le nu n'y paraît jamais? Le vêtement, à l'époque moderne, est devenu pour l'homme une sorte de peau dont il ne se sépare sous aucun prétexte et qui lui adhère comme le pelage à un animal, à ce point que la forme réelle du corps est de nos jours tout à fait tombée en oubli..." (delamode.htm).
(01.98), [texte retiré].
(12.97), LE JUGEMENT DE PARIS et LA RUE SAINTE-AMENDEE (1881) de Marc de Montifaud (1849-1912) : "On venait de verser la dernière tasse de thé chez la baronne de Froideville, et quelques intimes tardaient encore à partir. De ce nombre se trouvait Mme Claire de Juilly, qui piquait des points à sa tapisserie orange, lorsque la porte du salon s'étant doucement entrebâillée, le valet de chambre jeta le nom du comte Raymond de Sivrac, retenu à l'étranger depuis plus de deux ans... (jugtpari.htm, rustamen.htm).
(11.97), [texte retiré]
(10.97), REGRETS SUR MA VIEILLE ROBE DE CHAMBRE OU AVIS A CEUX QUI ONT PLUS DE GOUT QUE DE FORTUNE de Denis Diderot (1713-1784) : "Pourquoi ne l'avoir pas gardée ? Elle était faite à moi ; j'étais fait à elle. Elle moulait tous les plis de mon corps sans le gêner ; j'étais pittoresque et beau. L'autre, raide, empesée, me mannequine. Il n'y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prêtât..." (diderot.htm).
(09.97), H.B. de Prosper Mérimée (1803-1870) : "Il y a un passage de l'Odyssée qui me revient souvent en mémoire. Le spectre d'Elpénor apparaît à Ulysse, et lui demande les honneurs funèbres..." (hb.htm) et NOTICE SUR MONSIEUR BEYLE PAR LUI-MÊME de Stendhal (1783-1842) : "Il pleut à verse. Je me souviens que Jules Janin me disait : - Ah ! quel bel article nous ferions sur vous si vous étiez mort ! Afin d'échapper aux phrases, j'ai la fantaisie de faire moi-même cet article..." (beyle.htm).
(08.97), [texte retiré].
(07.97), MAUDITE MAISON (1868) d'Emile Gaboriau (1832-1873) : "MÉDISANCE ou calomnie, voilà des années qu'on dit pis que pendre des propriétaires. Il est temps d'essayer de les réhabiliter s'il se peut. En somme, de quoi les accuse-t-on ? D'augmenter sans cesse et sans raison leurs loyers. Eh bien ! il en est un qui ne les augmente pas..." (modimeso.htm).
(06.97), L'OEIL SANS PAUPIERE (1832) de Philarète Chasles (1798-1873) : "Hallowe'en, Hallowe'en ! criaient-ils tous, c'est ce soir la nuit sainte, la belle nuit des skelpies et des fairies ! Carrick ! et toi, Colean, venez-vous ? Tous les paysans de Carrick-Border sont là, nos Megs et nos Jeannies y viendront aussi. Nous apporterons du bon whisky dans des brocs d'étain, de l'ale fumeuse, le parritch savoureux..." (oeilsans.htm).
(05.97), LA BIEVRE (éd. de 1914) de Joris-Karl Huysmans (1848-1907) : "La Bièvre représente aujourd'hui le plus parfait symbole de la misère féminine exploitée par une grande ville. Née dans l'étang de Saint-Quentin, près de Trappes, elle court, fluette, dans la vallée qui porte son nom, et, mythologiquement, on se la figure, incarnée en une fillette à peine pubère, en une naïade toute petite, jouant encore à la poupée, sous les saules..." (bievre.htm).
(04.97), QU'EST-CE QU'UNE NATION ? (1882) d' Ernest Renan, (1823-1892) : "Je me propose d'analyser avec vous une idée, claire en apparence, mais qui prête aux plus dangereux malentendus... on confond la race avec la nation, et l'on attribue à des groupes ethnographiques ou plutôt linguistiques une souveraineté analogue à celle des peuples réellement existants..." (nation01.htm).
(03.97), LE DIAMANT DE L'HERBE (1859) de Xavier Forneret (1809-1884) : "Selon, je crois, des dires, le ver luisant annonce par son apparition plus ou moins lumineuse, plus ou moins renouvelée, plus ou moins près de certain endroit, plus ou moins multipliée, car, toujours selon les dires, il se meut sous l'influence de ce qui doit advenir, le ver luisant présage ou une tempête sur mer, ou une révolution sur terre : alors il est sombre, se rallume et s'éteint..." (diamant.htm)
(02.97), OURIKA (1823) de Claire de Duras (1778-1828) : "J'étais arrivé depuis peu de mois de Montpellier, et je suivais à Paris la profession de la médecine, lorsque je fus appelé un matin au faubourg Saint-Jacques, pour voir dans un couvent une jeune religieuse malade. L'empereur Napoléon avait permis depuis peu le rétablissement de quelques-uns de ces couvents : celui où je me rendais était destiné à l'éducation de la jeunesse, et appartenait à l'ordre des Ursulines..." (ourika01.htm).
(01.97), LE MINISTERE PUBLIC (1832) de Charles Rabou, (1803-1871) : "Pierre Leroux était un pauvre charretier des environs de Beaugency. Aprèsavoir passé sa journée à conduire à travers les champs les trois chevaux qui formaient l'attelage ordinaire de sa charrette, quand venait le soir, il rentrait à la ferme où il servait, soupait sans grandes paroles avec les autres valets, allumait une lanterne, puis allait se coucher dans une manière de soupente pratiquée en un coin de l'écurie..." (minister.htm).
(12.96), [texte retiré].
(11.96), [texte retiré].